Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre IL - Deuxième Etoile   Triangle Vieille-Chapelle Ferrassières Atlantique   

Le triangle Vieille-Chapelle - Sommet en Atlantique - Ferrassières

L'évidence du point commun aux trois diagonales de ce triangle se révèle par l'existence de la paroisse d'O (Mortrée) et de son château sur Vieille- Chapelle - Sommet en Atlantique. François d'O, " mignon " (dont l'étymologie renvoie au mendiant, amusant pour un grand financier) du roi Henri III fait écho à la vallée de l'Omignon (!) à Tertry sur la diagonale Vieille- Chapelle - Ferrassières.

Encore O avec saint Jean-Baptiste dont la fête la plus représentative, on l'a vu, est celle du Loup vert de Jumièges au cours de laquelle est entonnée la ronde de la Saint-Jean : " Voici la Saint Jean / L'heureuse journée / Que nos amoureux / Vont à l'assemblaye / Marchons, joli cœur / La Lune est levée / Que nos amoureux / Vont à l'assemblaye / Le mien y sera / J'en suis assurée/ Marchons, joli cœur / La Lune est levée / Le mien y sera / J'en suis assurée/ Il m'a apporté / Ceinture dorée / Marchons joli cœur / La lune est levée / Il m'a apporté / Ceinture dorée / Je voudrais ma foi / Qu'elle fut brûlée / Marchons, joli cœur / La lune est levée / Je voudrais ma foi / Qu'elle fut brûlée / Et moi dans mon lit / Avec lui couchée / Marchons joli cœur / La lune est levée / Et moi dans mon lit / Avec lui couchée / De l'attendre ici / Je suis ennuyée / Marchons joli cœur / La lune est levée... ". Ronde connue jusqu'au Canada.

En Vendée, elle se chantait à trois temps avec un si bémol à la clef. Le refrain est le même. Les paroles diffèrent quelque peu. " Voici la Saint Jean / La belle journée / Où les amoureux / Vont à l'assemblée/ Le mien n'y s'ra pas / J'en suis assurée / Il est dans les champs / Là-bas à la mée / La figure au vent / Chev'lure dépeignée / L'mien est à Paris / Chercher ma livrée / Que t'apport'ra-t-il / Mignonn' tant aimée / Il doit m'apporter / Une ceinture dorée / Un anneau d'argent / Et sa foi jurée."[1]

Le diable du bénitier de l'église Sainte-Madeleine de Rennes-le-Château en porte une aussi.

Comme l'écrit Jean-Jacques Rousseau, " O. Cette lettre capitale forme en cercle, est dans nos Musiques anciennes, le signe de ce qu'on appelloit Tems parfait ; c'est-à- dire, de la Mesure triple ou à trois Tems, à la différence du Tems imparfait ou de la Mesure double, qu'on marquoit par un C simple, ou un O tronqué à droite ou à gauche ".

L'équilibre symbolisé par la balance indique le retour à l'unité, c'est-à-dire à la " non- manifestation " : c'est nommer la putréfaction ou nigredo symbolisée par un O comme l'alun alchimique. Signe commun au Sel gemme et au Sel Alkali, étudiés dans la diagonale Vieille- Chapelle - Sommet en Atlantique.

O symbolise en latin les os, ossements et donc aussi la mort.

Pour les chimistes modernes, l'alun est un sulfate double de potassium et d'aluminium hydraté, nommé habituellement alun de potasse ou alun de roche, qui correspond à la kalinite. Son nom d'alun de roche provient de la ville de Roche ou Rocca qui est Edesse, une ancienne ville de la Mésopotamie, dont on attribuait la fondation à Nemrod. On l'appelait aussi Callirhoé, elle était la capitale de l'Osroène. Située à l'est de l'Euphrate, près d'Alep, Edesse joua an rôle important pendant les croisades. On la nomme aujourd'hui Orfa ou Ourfa, et elle fait partie de la Turquie d'Asie. Edesse était le siège d'un pèlerinage fameux dans la terre sainte, et les premiers chrétiens venaient en foule apporter leurs vœux et leurs hommages à Notre-Dame d'Edesse.

Les auteurs ecclésiastiques ont parlé de plusieurs portraits acheiropoiètes de la Vierge, dont l'un des premiers celui de Notre-Dame d'Edesse. Nicéphore nous apprend qu'un roi de Perse, voisin du roi Abgar, enchanté du portrait du Christ, envoya à Jérusalem un peintre pour faire l'image du Sauveur et de sa mère. Le portrait de la Vierge fut porté d'Edesse à Constantinople. Notre-Dame d'Edesse serait celle qui est à Rome dans l'église de Saint-Alexis au mont Aventin. Elle a fait beaucoup de miracles et est fêtée le 2 juin.

Saint Alexis était le fils unique d'un des plus illustres sénateurs de Rome nommé Euphémien, et reçut une éducation soignée. Le jour même de ses noces, voulant se consacrer uniquement à Dieu, il s'enfuit en s'embarquant sur un vaisseau qui se dirigeait vers Laodicée, et gagna la ville d'Edesse, où il resta 17 ans. Ayant distribuant son avoir aux indigents, il se fit mendiant. Il passait la plus grande partie de son temps à prier sous le portail du sanctuaire de Notre-Dame d'Edesse, devant une image de la Vierge. On lui refusa l'entrée de l'église à cause des haillons dont il était couvert. L'image dit alors au sacristain de faire entrer le pèlerin qui était à la porte, parce que c'était un saint, et qu'elle eut ensuite avec lui un entretien assez long. La nouvelle de cette révélation se répandit aussitôt dans la ville. Fuyant la renommée, il quitta Edesse pour se rendre à Tarse, mais une tempête poussa l'embarcation sur les rivages d'Italie. L'Esprit-Saint lui inspira l'idée de retourner à Rome, sa ville natale, et de mendier une petite place dans la maison paternelle. Saint Alexis vécut là, inconnu même de ses parents, pauvre et méprisé. Tous les jours, il voyait couler les larmes du vieux patricien, il entendait les soupirs d'une mère inconsolable et entrevoyait sa noble fiancée, mais il garda son secret pendant 17 autres années. Ce temps écoulé, Dieu ordonna à Son serviteur d'écrire son nom et de rédiger l'histoire de sa vie. Alexis comprit qu'il allait mourir bientôt, et obéit promptement. Au moment où le pape Innocent Ier célébrait la messe dans la basilique Saint-Pierre de Rome, en présence de l'empereur Honorius, tout le peuple entendit une voix mystérieuse qui partait du sanctuaire : " Cherchez l'homme de Dieu, dit la voix, il priera pour Rome, et le Seigneur lui sera propice. Du reste, il doit mourir vendredi prochain. " 5 jours durant, tous les habitants de la ville s'épuisèrent en vaines recherches. Le vendredi suivant, dans la même basilique, la même voix se fit de nouveau entendre : " Le Saint est dans la maison du sénateur Euphémien. " On y trouva le pauvre pèlerin, qui venait de mourir. Alexis est fêté un 17 juillet.[2] Encore un 17.

La répétition du 17 est intrigante et possiblement alchimique en pensant à la Théorie de la Balance de Djabir (ou Geber en latin), alchimiste arabe du VIIIème siècle. D'autant que la pierre est une panacée, un alexipharmacon (antidote en grec). Alexis est un pharmakos, comme on a pu le voir dans le chapitre Masque de (trans)fer(t), homme méprisé et rejeté avec un rôle social bien particulier. Alexis vient d'un mot grec qui veut dire protéger, comme le contrepoison, mais en latin allex veut aussi dire pourriture d'homme.

Une Callirhoé, aussi nom de la ville d'Edesse, s'unit à Chrysaor. " Rappelons que Chrysaor naît, dans le même temps que Pégase, au moment où Persée décapite la Gorgone et nous avons déterminé que cette séparation voilait une allégorie qui se rapporte à la préparation du premier Mercure, allié à une forme primitive de Soufre blanc. L'union de Callirhoé et de Chrysaor ne pouvait conduire qu'au " vinaigre très aigre " des Philosophes, symbolisé par Echidna et Géryon. " [3]

Il est question de Gorgone au regard pétrifiant. Relevons les paroles éclairantes de la mère d'Alexis, Aglaé (éblouissante en grec), lorsque le corps de son fils est découvert dans sa maison : " Quel malheur pour moi !mon fils, la lumière de mes yeux, qu'as-tu fait là ? [ …]Tu voyais ton père et ta malheureuse mère en larmes, et tu ne te faisais pas connaître à nous ! […] Qui donnera à mes yeux une fontaine de larmes pour pleurer nuit et jour celui qui est la douleur de mon âme ? […]Me voici veuve, et je n'ai plus personne à regarder et sur lequel j'aie à lever les yeux. Mon miroir est brisé, l'objet de mon espoir a péri. Aujourd'hui commence pour moi une douleur qui n'aura point de fin ".

Chrysaor, au nom d'or, annonce la pierre finale, dont le rôle est joué par Alexis mort : " Tout le monde courrait au devant du saint. Y avait-il un infirme ? Il touchait ce très saint corps, et aussitôt il était guéri ; les aveugles recouvraient la vue, les possédés du démon étaient délivrés ; tous ceux qui étaient souffrants de n'importe quelle infirmité recevaient guérison ".

 


[1] http://jumieges.free.fr/loup.htm

[2] http://viechretienne.catholique.org/saints/2752-saint-alexis

[3] http://hdelboy.club.fr/atalanta_xxxv.html