Partie VI - Le carrĂ© SATOR   Chapitre XLIV - Perceval   SAUTRAN vs SFUTRAN   
SAUTRAN SFUTRAN CARRE SATOR PATER NOSTER JUPITER

Rions un peu

Le carré SATOR de Pompéi et le SAUTRAN en question

On a voulu voir en SAUTRAN un SAUTRANUS ou SATURANUS qui, accompagné de VALE, serait un "Salut à Sautranus". Ou bien un SATURNUS, faisant partie de la triade mithraïque Saturnus-Aion, Sol invictus, et Mithra (Walter O. Moeller, The Mithraic origin and meanings of the rotas-sator square, 1973).

Si l'on regarde bien la graphie du mot en dessous de ANO et du carré SATOR, on s'aperçoit, selon les anciens alphabets connus italiques, que l'on doit lire SFUTRAN ou SFUT RAN et non SAUTRAN (fr.wikipedia.org - Carré magique - SAUTRAN).

En l'état, il faut se tourner vers le sanskrit pour y trouver un sens. Sanskrit déjà utilisé dans les Mystères d'Eleusis avec l'expression KHONX OM PAX (Le petit frère des pieuvres).

En sanskrit nous trouvons SPHUtis, gonflement, PHUtkaras (pour SPHUT-), bouffi d'orgueil, orgueilleux (qui fait sphut); et comme terme de mĂ©pris nous trouvons un (S)PHUT, fi ! que nous employons encore tous les jours sans nous douter que nous disons un mot sanskrit ou plutĂ´t une onomatopĂ©e universellement rĂ©pandue dans les langues indo-europĂ©ennes.

Le lecteur a-t-il jamais remarquĂ© dans une basse-cour le dindon, le plus orgueilleux, sinon le plus bĂŞte des animaux ? A-t-on l'air de l'admirer, il fait la roue, il se gonfle d'orgueil, et, arrivĂ© au paroxysme de sa sotte bouffissure, il pousse un sphut des plus caractĂ©risĂ©s. Une forme secondaire intensitive SPHUdh, a donnĂ© au latin FUtilis, plein de vent, futile (cf. inanus et vanus), d'oĂą FUTilitas, vanitĂ©, inanitĂ©, futilitĂ©; Et (par affaiblissement en SPHidh) FIDES OU FIDIS (d'oĂą FIDicen), le gonflĂ©, le boyau, d'oĂą corde et instrument de musique Ă  cordes (AmĂ©dĂ©e Caix de Saint-Aymour, La langue latine Ă©tudiĂ©e dans l'unitĂ© indoeuropĂ©enne).

Les terminaisons secondaires du sanskrit apparaissent dans les temps de l'aoriste, de l'optatif et de l'imparfait (T. Burrow, The Sanskrit language).

Parmi les schèmes normaux de ces terminaisons on compte RAN, 3ème personne du pluriel (qui correspond à nous en français).

En sanskrit, l'aoriste dénote un procès accompli en plus de sa valeur de constatation d'un fait (fr.wikipedia.org - Aoriste).

Si SPHUT- admet comme terminaison aoriste moyen "ran", ce qui en l'état de mes connaissances en sanscrit reste incertain, alors le mot SAUTRAN en dessous du latin ANO signifierait " Nous avons enflé " (de l'anus). Ce qui change d'un hypothétique SAUTRAN hébreu.

En outre, le mot « SAUTRAN » inscrit sous le SATOR à Pompéi n'est pas le salut d'un certain Sautran(us): devant la lettre N, qui symbolise le serpent dans l'épigraphie judéo-chrétienne, SAUTRA transcrit un impératif de la racine hébraïque str « cacher », dont l'infinitif absolu est SATOR (cat.inist.fr - Nicolas Vinel, SAUTRAN). Mais, par rapport à l'hébreu, il semble qu'il y ait quelques voyelles de trop.

La publication de M. Vinel sur le carré SATOR et l'interprétation de SAUTRAN date de Juin 2006. Nous rappelons ce qui avait été publié en Mars 2006 sur nonagones.info, dans le chapitre Le carré SATOR et l'alchimie, et déposé à la SACD en avril 2005.

On trouvera d'autres considĂ©rations sur le carrĂ© SATOR et les carrĂ©s magiques au sujet du jeu de Tarot dans Par ce signe tu le vaincras : sephiroth, tarot et arbre de vie.

Au Moyen Ă‚ge, le carrĂ© SATOR Ă©tait associĂ© au carrĂ© magique de 5 suivant :

23

6

18

2

15

10

18

1

14

22

17

5

13

21

9

4

12

25

8

16

11

24

7

20

3

On associe le carré SATOR au carré naturel des 25 premiers nombres rangés dans l’ordre,

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

Puis on le classe suivant le carrĂ© magique mĂ©diĂ©val :

T

A

R

A

T

O

E

S

E

O

P

R

N

R

P

O

E

S

E

O

T

A

R

A

T

 

On peut répéter plusieurs fois l’opération en associant le carré obtenu au carré naturel, si bien que l'on retombe sur le carré SATOR.

Pour complaire à M. Vinel, il est possible de jouer longtemps à ces permutations. En partant du carré ROTAS,

R

O

T

A

S

O

P

E

R

A

T

E

N

E

T

A

R

E

P

O

S

A

T

O

R

et sur le carrĂ© magique suivant :

3

24

7

6

25

22

12

17

10

4

21

11

13

15

5

18

16

9

14

8

1

2

19

20

23

on obtient Ă  la première permutation :

T

O

P

O

R

A

E

R

A

A

S

T

N

T

S

E

A

R

E

E

R

O

P

O

T

Roland Topor (1938 - 1997) aurait apprécié, s'il ne connaissait pas déjà cette curiosité du carré SATOR.

A la cinquième permutation on a :

S

A

R

O

T

E

T

A

O

O

E

P

N

P

E

O

A

A

T

R

T

R

R

S

S

 

Approximativement, la famille Sarraute trouvera cela rigolo.

Ce SFUTRAN et non SAUTRAN du carrĂ© SATOR ferait Ă  PompĂ©i partie des nombreux graffiti obscènes existant. Un graffiti des latrines de la maison du Centenaire conserve le souvenir d’une mĂ©saventure arrivĂ©e Ă  une esclave, sans doute d’origine juive comme l’indique son nom : Marthae hoc trichilinium / est nam in trichilinio / cacat : C’est ça la salle Ă  manger de Martha puisqu’elle fait caca dans la salle Ă  manger. Encore que poser sa crotte soit une question de vie ou de mort et plus important que de savoir qui va ĂŞtre rĂ©Ă©lu. On a pu dĂ©chiffrer plus de 120 de ces graffiti obscènes dont le prĂ©tendu SAUTRAN.

Chie opto tibi vt refricent se ficvs tvae / vt peivs vstvlentvr qvam vstvlatae svnt : Chius, je souhaite que tes hĂ©morroĂŻdes se mettent Ă  te dĂ©manger / et qu’elles soient Ă©chauffĂ©es plus fort encore qu’elles n’ont Ă©tĂ© Ă©chauffĂ©es.

Il n'est pas jusqu'aux habituĂ©s des lupanars et autres lieux de ce genre qui ne nous aient pas laissĂ© quelque Ă©chantillon de leur savoir-faire. Les dessins ou les phrases graveleux restent cantonnĂ©s dans des endroits peu passants ou clos, oĂą, Ă  l’abri des regards, les auteurs s’en donnent Ă  cĹ“ur joie : Priape biphallique et des graffitis reprĂ©sentant les «spĂ©cialitĂ©s» des gagneuses ; pĂ©nis habillĂ©s, enjolivĂ©s, tordus, ailĂ©s, tout seul ou en procession. La femme, objet sexuel en gĂ©nĂ©ral, pouvait aller au bordel, «fututa sum hic bene» : Ici j'ai Ă©tĂ© bien baisĂ©e (Dans la haute sociĂ©tĂ© comme dans les classes modestes, bien des femmes connaissaient la lecture et l’écriture et s’exprimaient par elles).

Ou dans un autre genre : Abomino pauperos. Quisquis quid gratis rogat, fatuus est. Aes det et accipiat rem : J'ai horreur des pauvres. Quiconque demande quelque chose de gratuit est un fou. Qu'il donne un as et reçoive sa marchandise.

Est-ce très diffĂ©rent d'une ville comme Berlin ou Hambourg aujourd'hui ? renchĂ©rit Jean-Pierre Brun, directeur du centre Jean-BĂ©rard (CNRS) Ă  Naples. C'Ă©tait une sociĂ©tĂ© esclavagiste, les patrons mettaient leurs esclaves sur le trottoir pour qu'ils rapportent de l'argent. On n'est pas dans la civilisation judĂ©o-chrĂ©tienne, avec tous ses tabous. C'Ă©tait une sociĂ©tĂ© très permissive pour les riches, très contraignante pour les pauvres ([prehen]de servam cvm voles vti licet : Fais-toi ta petite esclave, quand tu veux, comme ça t’arrange) (Alain Canu, CACATOR CAVE MALVM : Les latrines de PompĂ©i - www.noctes-gallicanae.fr, Sylvie Briet, Les deux phallus de Priape, 2006).

Ce carré se trouve sur le mur de la salle de bain de la maison de Paquius Proculus, ce même citoyen qui, suivant une autre inscription publiée par Garrucci avait été nommé à l'unanimité duumvir chargé de rendre la justice. Ce Proculus était un boulanger (Ernest Breton, Pompeia). SAUTRAN et ANO ajoutent au jeu de mot que peut constituer le nom de Pro-culus.

Passons sur cette bluette...

Patanjali "introduit dans la pensée indienne un concept d'essence de parole qui n'est ni le son matériel, ni l'esprit, mais une tierce entité spécifique de la parole. Il la désigne par le mot sphota dont le sens a une double valeur " manifesté " et " manifestant ". Le sphota est ce qui est manifesté dans l'esprit par le son par l'intermédiaire de l'ouïe, et ce qui manifeste le sens dans l'esprit"[1]. Sphota dérive de SPHUT.

Dans Brahman, principe suprĂŞme de l'hindouisme, une polarisation fondamentale s'effectue : PURUSHA (Conscience pure, non diffĂ©renciĂ©e, non individualisĂ©e, dĂ©tachĂ©e de tout support manifestĂ©, immuable et Ă©ternel) et PRAKRITI (Nature primordiale, racine de toutes les manifestations). De ces deux principes, toute la manifestation dĂ©coule par un dĂ©ploiement progressif. Purusha n'est pas producteur ni production mais c'est son influence qui met en branle Prakriti et fait Ă©mettre les mondes. La manifestation jaillit de la proximitĂ© du Purusha et Prakriti. Prakriti possède trois gunas ou qualitĂ©s constitutives: sattva, la conformitĂ© Ă  l'essence pure de l'ĂŞtre ; rajas, l'impulsion expansive; tamas, la tendance descendante. Ces trois gunas sont en parfait Ă©quilibre dans l'indiffĂ©renciation primordiale de Prakriti ; toute manifestation reprĂ©sente une rupture de cet Ă©quilibre et tout ĂŞtre participe des trois gunas Ă  des degrĂ©s divers (syldefline.chez.com - Samkhya, livres-mystiques.com).

On ne rit plus

Carré SATOR, croix, decumanus, cardo et mundus

La croix n’est pas un instrument nouveau pour les Romains.

Le Robert historique de la langue française donne comme dĂ©finition : « Du latin crux, crucis, dĂ©signant plusieurs sortes d'instruments de supplice : le pal, la potence, la croix. L'usage de cette dernière apparaĂ®t Ă  l'Ă©poque des guerres puniques (264-141 av. J.-C.). Le supplice de la croix Ă©tait rĂ©servĂ© aux esclaves, puis Ă  ceux, malfaiteurs et voleurs, qui n'avaient pas le titre de citoyens romains. Dès Plaute (254-184 av. J.-C.), crux est courant en latin et entre dans des locutions proverbiales ; il prend le sens de "torture morale" et, par mĂ©tonymie, dĂ©signe le tourmenteur. » (fr.wikipedia.org - Croix (symbole)).

Les TENET du carré SATOR forme une croix. Ce n'est pas un signe de christianisme puisque le symbole de la croix était connu des Romains bien avant l'an 0. Comme supplice, mais aussi aussi comme tracé structurant des villes.

Les règles qu'observaient les Romains dans la castramĂ©tation, la manière dont Ă©tait Ă©tablie l'assiette de leurs camps, rappelle les règles qui Ă©taient suivies dans la construction des villes et nous reporte au templum sacramentel. Les Étrusques avaient Ă©tĂ© dans cet art les maĂ®tres des Romains. Le gnomon (groma) servait Ă  tracer le cardo et le decumanus. Le premier donnait la direction de la via principalis, le decumanus celle de la voie transversale. Le camp avait l'est en face et le nord Ă  gauche, comme le templum augural. La porte prĂ©torienne ou porte principale Ă©tait tournĂ©e Ă  l'orient ; la porte dĂ©cumane, par laquelle on emmenait, les criminels, Ă  l'occident; c'Ă©tait aussi celle par laquelle on emportait gĂ©nĂ©ralement les morts, parce que, dans la discipline Ă©trusque, le couchant, comme la partie la plus sombre du ciel, Ă©tait assignĂ© pour sĂ©jour aux mânes (Georg Friedrich Creuzer, J. D. Guigniaut, Religions de l'antiquitĂ© considĂ©rĂ©es principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques, Volumes 2 Ă  3, 1849).

Fort heureusement, la découverte de la véritable groma chez le fabricant et marchand d'outils et ustensiles, Verus (via dell'Abbondanza, Regio I, Insula 6, n° 3), nous éclaire complètement sur l'aspect véritable et la manipulation de cet objet.

Le principe étant celui des visées orthogonales, le dispositif de fonction de l'instrument est matérialisé par une croix à 4 branches perpendiculaires de dimensions égales, constituant l'équerre de directions; à chacune des branches est suspendu un fil à plomb; ces quatre fils sont les perpendicula formant deux à deux des plans de visées. Afin d'éviter l'obstacle du pied, l'équerre est fixée par un pivot sur un bras de recherche, venant coiffer le pied de l'instrument. Pour que l'équerre puisse pivoter aisément, on a donné aux branches une longueur supérieure à celle du bras de recherche.

Le pied, enfin, est muni d'une pointe autorisant la mise en station sur un terrain meuble, tandis que, sur un sol rocheux, selon toute vraisemblance, l'opĂ©rateur devait disposer d'un lĂ©ger chevalet ou d'un tripode permettant de laisser l'instrument debout sans avoir Ă  le maintenir en permanence22. La mise en station se faisait en trois temps : tout d'abord le mensor plantait le pied de l'instrument, puis en faisant pivoter le bras de recherche amenait l'axe de l'Ă©querre Ă  l'aplomb de la station, Ă  dĂ©finir ou existante, et enfin positionnait l'Ă©querre, en fonction de l'axe principal ou de la direction Ă  suivre (Jean-Pierre Adam, Groma et Chorobate).

La groma était précisément l'étoile critiquée par Héron, aux quatre branches ou cornes de laquelle pendaient quatre fils portant chacun un poids. L'arpenteur embrassait de l'œil deux des fils opposés, c'est-à- dire dirigeait par ces fils un rayon visuel; et c'est ainsi qu'il dictait les rigores et les meta sur le terrain; puis il plaçait les interversurœ et les tetrantes en visant dans le plan des deux autres fils. Les glossaires anciens entendent par groma la dioptre qui sert à mesurer. Les arpenteurs romains nomment, sans les distinguer, la groma et le ferramentam; mais il semble que, dans un sens plus précis, le ferramentum était le support de l'appareil, que l'on plantait sur le sol, et sur lequel était tenue en équilibre (perpensa) la groma avec ses fils pendants et servant pour les mires; toutefois, le ferramentum était pris souvent pour l'appareil tout entier (Antoine Isaac Silvestre de Sacy (baron), Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques, Volume 19,Partie 2, 1858).

Ce ferramentum en fer fait bien du carrĂ© de 5 associĂ© au carrĂ© SATOR un carrĂ© de Mars (mĂ©tal correspondant : le fer).

D'après Hérodote, les Grecs à leur tour avaient reçu la groma des Babyloniens.

Varron fait venir le nom de la ville de Rome (Roma) de celui de cet instrument (groma) (Klio: Beiträge zur alten Geschichte, Volume 35, 1963, Klaus Peter Dencker, Optische Poesie: Von Den Prahistorischen Schriftzeichen Bis Zu Den Digitalen Experimenten Der Gegenwart, 2010).

A RE PO (Perceval et carrĂ© Sator) : la campagne par-dessus tout ou Mars et Quirinus

Le statut des Quirites est aussi ambigu que celui de Quirinus. Ils sont aussi bien soldats que citoyens. Et lui-même, qui préside à la zone domi à l’intérieur du pomerium, dispose pour la défendre d'une panoplie complète (Crawford n. 268), dont la pièce essentielle est la lance. Comme Mars, il a ses saliens. Quand on fait de Quirinus, d'une seule pièce, un dieu soit de la guerre soit de la paix, on est aussi unilatéral dans un cas que dans l'autre. Ses attributs guerriers, en particulier la lance, interdisent de voir en lui un dieu entièrement pacifique, voué à la seule prospérité. Inversement, il n'est pas un dieu de la guerre de plein exercice, qui se déchaîne sur les champs de bataille, c'est un Mars tranquillus (Serv. Aen. 1, 292) qui prépare la guerre plus qu'il ne la fait. Une option brutale est hors de propos. Il n'y a pas à répartir guerre et paix entre Mars et Quirinus, encore moins à dédoubler au profit du second la fonction guerrière.

La théologie comme le plus ancien droit distingue, elle aussi, la ville et l’ager Romanus, elle confie l'une à Quirinus et l'autre à Mars. Sur ce dernier point, fréquemment illustré, nul doute. On a moins pris garde que la tradition des érudits latins savait avec précision que, face à Mars actif sur l’ager, Quirinus est custos urbi. Mars est le protecteur de l’ager et des cultures. Les temples de ces deux divinités sont respectivement soit en ville soit à l'extérieur.

Quirinus est le dieu de la paix armée. Quirinus a la garde de la ville, à ce titre il la protège contre le péril militaire. Ce dieu de la paix armée, quand besoin est, fait éclater les guerres, il est bellorum potens (Macrob. s. 1, 9, 16): 140 il faut entendre par là qu'il dispose de la guerre, elle est en son pouvoir.

A aucun instant Mars n'intervient dans la procĂ©dure minutieuse qui, d'Ă©tape en Ă©tape, aboutit Ă  l'ouverture rituelle des hostilitĂ©s. C'est seulement ensuite qu'il se dĂ©chaĂ®ne sur le champ de bataille. Il n'est venu Ă  l'esprit d'aucun romain de dire que la lance dont use le fĂ©tial Ă  la frontière ennemie, avait Ă©tĂ© prise parmi les hastae Martis de la regia. Cette lance est celle du dieu bellorum potens, qui garde la guerre en rĂ©serve. C'est lui Quirinus qui, conjointement avec Jupiter, est invoquĂ© par le fĂ©tial quand est mise en marche la procĂ©dure de dĂ©claration de guerre: Liv. 1, 32, 10 bellum ita iudicit: "Audi, Jupiter et tu, lane Quirine…. » ; Janus ne lui est associĂ© qu'accessoirement comme iudex pacis bellique, quand on passe de l'une Ă  l'autre.

La triade Jupiter Mars Quirinus ne se laisse pas interpréter en termes de guerre et de paix, qui peuvent être aussi présentes dans l’urbs que sur l’ager. Cette structure divine ne trouve sa pleine signification que dans la topographie. Jupiter est souverain sur l'ensemble du territoire, alors que la ville est le ressort de l'un et la campagne le domaine de l'autre de ses auxiliaires. Cette triade s'organise de part et d'autre du pomerium. Il y a peu de chances qu'elle soit antérieure à la fondation de Rome (André Magdelain, De la royauté et du droit de Romulus à Sabinus, 1995).

La campagne sans la ville peut exister, la ville sans la campagne non. C’est pourquoi l’expression « A RE PO » a toute sa validité. Il en va de même pour l’homme. La planète peut se passer de l’humanité, l’inverse absolument pas.

Le carré magique de 5, associé au carré SATOR, est un carré de Mars, rappelons-le.

Pater Noster

M. Troplong dit que « SĂ©nèque parle de Dieu » avec le langage d'un chrĂ©tien ; car il l'appelle "notre Père" (Pater Noster) comme dans l'Oraison dominicale... ». De Maistre avait fait aussi ce rapprochement, et il est parfaitement exact : car SĂ©nèque dit en parlant de Dieu, Ă  l'endroit citĂ©; Quidquid nobis bono futurum erat Deus et parens noster in proximo posuit (Ep. 110) : « Dieu, qui est aussi notre Père, a placĂ© près de nous tout ce qui peut nous ĂŞtre utile. »

Mais M. Troplong reconnaĂ®t lui-mĂŞme que CicĂ©ron en avait dit autant. Non seulement il faut nommer CicĂ©ron, mais aussi Platon, que CicĂ©ron traduit : Muni quidem quasi parentem hujus universitatis invenire difficile, et quumjam inveneris, indicare in vulgus nefas (de Universo) : et ClĂ©anthe le stoĂŻcien, dans le IIIème siècle avant JĂ©sus-Christ, que SĂ©nèque traduit, disant Ă  Dieu : Duc me, parens celsique dominator poli, quocumque placuit (Ep. 107); « Père , qui dominez au haut du ciel, conduisez-moi partout oĂą vous voudrez » et pour ainsi dire tous les philosophes, tous les poètes et avec eux tout le monde. Car Zeus pater, Jupiter, pater hominum, pater noster, parens noster, est un mot vraiment catholique, dans le sens Ă©tymologique d'universel. SĂ©nèque n'avait pas besoin d'entendre l'Oraison dominicale pour le connaĂ®tre (MĂ©moires de l'AcadĂ©mie impĂ©riale des sciences inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 1859).

Junon Ă©tait la patronne de la ville de PrĂ©neste. « Cette Junon enfant qui n'occupe pas seulement aux cĂ´tĂ©s de Jupiter la place qui lui revient dans le panthĂ©on romain classique, qui n'est pas seulement la parèdre conjugale du dieu qu'elle est dans le couple capitolin de Rome, mais qui, fille de la mĂŞme mère ou allaitĂ©e par la mĂŞme nourrice, est dĂ©jĂ  sa sĹ“ur-Ă©pouse, n'est assurĂ©ment ni latine ni italique, mais ne peut ĂŞtre que le produit de l'hellĂ©nisation. Et non pas mĂŞme d'une hellĂ©nisation Ă  l'Ă©tat d'Ă©bauche, mais d'une hellĂ©nisation avancĂ©e qui, de l'HĂ©ra grecque, lui a fait recueillir tout le mythe et toute la personnalitĂ©, jusqu'Ă  l'hiĂ©rogamie, c'est-Ă -dire, en fait, jusqu'Ă  l'inceste divin avec Jupiter qui, pourtant, Ă©tait si propre Ă  heurter la sensibilitĂ© romaine archaĂŻque. Compte tenu du particularisme prĂ©nestin et du mythe local, qui la lie Ă  Fortuna Primigenia, Ă  l'exclusion de tout autre père ou mère divins, elle est dĂ©jĂ  ce que, dans la seconde moitiĂ© du IIIe siècle, elle sera Ă  Rome dans l'OdyssĂ©e de Livius Andronicus, la semblable de Jupiter, pater noster, Saturni filie, nĂ©e du mĂŞme sang que lui : sancta puer Saturni. » (Jacqueline Champeaux, Fortuna: recherches sur le culte de la Fortune Ă  Rome et dans le monde romain des origines Ă  la mort de CĂ©sar, Volume 1, 1982).

Jupiter était bien un PATER NOSTER dès le IIIème siècle avant Jésus-Christ, bien avant lui.

Pour Ovide, Auguste est vraiment aussi Pater noster qui es in terra. Il ne s'oppose pas Ă  Jupiter, le Père qui est aux Cieux, il le complète, il est son parèdre terrestre ; il est, en quelque manière, la moitiĂ© d'un ĂŞtre double, dont il convient que la volontĂ© soit faite sur la terre (Jean Hubaux, Les grands mythes de Rome, Volume 14 de Mythes et religions, 1945).

Lucius Livius Andronicus (vers 285 - 204 av. J.-C.) est l'un des premiers poètes latins. Il révéla à Rome trois genres littéraires, l'épopée, la tragédie et l'ode, était grec. Il fut fait prisonnier à la bataille de Tarente, ville prise par les Romains en 272 avant J.-C, et emmené à Rome par M. Livius Salinator.

Les Romains sont sortis des guerres samnites maĂ®tres de l’Italie centrale et sont en contact direct avec les citĂ©s grecques qui bordent les cĂ´tes sud de la pĂ©ninsule et qui contrĂ´lent une partie du commerce mĂ©diterranĂ©en (Les Bergers ts ts !).

En 275 av. J.-C., Manius Curius Dentatus bat enfin Pyrrhus à bataille de Maleventum que les Romains renomment Bénévent, nom favorable à la colonie qu’ils y implantent. A la suite de cette défaite, Pyrrhus quitte l'Italie et retourne en Epire, laissant une garnison à Tarente (fr.wikipedia.org - Guerre de Pyrrhus en Italie).

Livius Andronicus, attribue le nom de Camenae aux Muses. Les Camenae, non Camoenae, étaient des divinités romaines dont le nom est relié à carmen (oracle ou prophétie), on trouve les formes Casmenae, Carmenae, et Carmentis. Les Camenae étaient des nymphes prophétiques, introduites d’Arcadie en Italie selon une légende. Deux de ces Camenae étaient Antevorta and Postvorta. La troisième était Carmenta ou Carmentia, une nymphe dans le temple était au pied du capitole, et des autels près de la Porta Carmentalis. Les traditions qui lui assignent une origine grecque, disnet que son nom original était Nicostrate et qu’elle fut surnommé Carmentis en raison de ses dons prophétiques. Elle était la mère d’Evandre, arcadien, par Hermès. Hygin relate, qu’elle changea les 15 lettres de l’alphabet grec qu’Evandre avait introduit en Italie, en alphabet latin. La quatrième Camena est la célèbre Egérie l’inspiratrice du roi Numa Pompilius, second roi de Rome, après Romulus (Will Smith, Dictionary of Greek and Roman biography and mythology, 1861).

Ainsi savons-nous que la fibule d'or, découverte à Préneste et portant la première inscription latine connue, date des environs de l'an 600 avant J.-C. L'emprunt de l'alphabet latin est donc antérieur à cette date, peut-être selon Bloch entre -700 et -650 (Henri-Jean Martin, Le livre et la civilisation écrite: des origines au 16e siècle, 1968).

Le A et le O ajoutĂ©s au PATER NOSTER s’expliquent avec la symbolique des voyelles planĂ©taires : a dĂ©signe la Lune et o (omĂ©ga) Saturne. Jupiter est fils de Saturne comme le dit Livius Andronicus, Janus est aussi un Lunus, parèdre masculin de Luna, la Lune et forme un couple Janus (Dianus)/Diana (Point particulier : Neuillay-les-Bois).

N du centre du carré SATOR et Mundus

N, dans les manuscrits et sur les monuments latins, est le signe abrĂ©viatif des mots: Natus, nepos, niger, nobilis, nomine, novum, nullum, numerator, numĂ©ro, numine, numini, nummus, et des noms propres, Neptunus, Nonius et Numerius. Dans les manuscrits latins, cette lettre signifiait encore Nomen, Nom, ou Nominetur, Qu'on le nomme. SurmontĂ© d'une ligne horizontale, N, dans les inscriptions, signifie, Natione, nautĹ“, nostrĹ“, nostri et aussi numĂ©ro et numerus. Dans les fastes et les calendriers romains, N signifiait Nonas ou Nonis ; N signifiait encore, Nefastus dies, et marquait, dans le calendrier, les jours nĂ©fastes : N P, Nefastus prima parte diei, indiquait qu'on ne pouvait rendre la justice pendant la première partie du jour. N signifiait encore Non. N signifie. Neutre, soit en parlant de l'espèce des verbes, soit pour indiquer le genre des substantifs grecs et latins. N marque le Nord, ou signifie, Qui est au nord. Il dĂ©signe aussi Numen : puissance divine (Louis BarrĂ©, Narcisse Landois, ComplĂ©ment du Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, 1847, François Raymond (Lexicographe), SupplĂ©ment au Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, 6me Ă©dition publiĂ©e en 1835).

Rappelons deux antiques traditions concernant la fondation de Rome. L'une parle d'un cercle tracé avec une charrue et ayant en son centre une fosse que les Romains appelaient Mundus. On ignore aujourd'hui encore à quel endroit se situait ce mundus dépôt.

La "fosse de fondation" est Ă©voquĂ©e par Plutarque (Romulus, 11, 2), dans les termes suivants : lorsque Romulus entreprit la fondation de la ville, Ă©crit-il, "une fosse (bothros) fut creusĂ©e dans les environs de l'actuel Comitium, en forme de cercle, et l'on y dĂ©posa les prĂ©mices de tout ce que la coutume retient comme de bon augure et de tout ce qui est nĂ©cessaire de par sa nature mĂŞme. Pour terminer, on jeta sur cela une poignĂ©e de la terre que chacun avait amenĂ©e de son pays d'origine, et l'on mĂ©langea le tout. On appelle cette fosse (ton bothron) du nom mĂŞme qu'on donne au ciel : mundus. Et de lĂ , tout comme du centre d'un cercle on trace une circonfĂ©rence, ils dĂ©terminèrent le tracĂ© de la ville. " (traduction personnelle). Les perspectives de Plutarque semblent toutefois un peu diffĂ©rentes. Alors que la tradition place gĂ©nĂ©ralement la fondation de Rome sur le Palatin, Plutarque parle du Comitium. Par ailleurs, l'auteur grec donne Ă  cette "fosse de fondation" le nom de mundus, un terme qui caractĂ©rise Ă  Rome, non loin du Comitium prĂ©cisĂ©ment, un puits qu'on n'ouvrait que trois jours par an (mundus patet), qui n'avait rien Ă  voir avec la fondation de la Ville et qui Ă©tait censĂ© communiquer avec le monde souterrain. Plutarque aurait-il confondu ? Ou y aurait-il deux sortes de mundus Ă  Rome ? On ne le sait pas. Quoi qu'il en soit, le problème de la "fosse de fondation", celui du mundus, et celui de la Roma Quadrata (qui y est mĂŞlĂ© et dont il n'est pas question ici chez Ovide) sont extrĂŞmement complexes, et les modernes sont loin d'avoir dĂ©gagĂ© une solution claire et acceptable par tous les chercheurs.

Voici ce que rapporte Varron (De la langue latine, 5, 143) : "Dans le Latium, bien des fondateurs de citĂ© suivaient le rite Ă©trusque : autrement dit, avec un attelage de bovins, un taureau et une vache, celle-ci sur la ligne intĂ©rieure, ils traçaient Ă  la charrue un sillon d'enceinte (la religion leur enjoignait de le faire un jour d'auspices favorables) afin de se fortifier par fossĂ© et muraille. Le trou d'oĂą ils avaient enlevĂ© la terre, ils l'appelaient fossa (fossĂ©), et la terre rejetĂ©e Ă  l'intĂ©rieur, ils l'appelaient murus (muraille) [etc.]" (trad. J. Collart). Plutarque (Romulus, 11, 4) prĂ©cisera : "c'est cette ligne [tracĂ©e par la charrue] qui marque le contour des murailles [...] LĂ  oĂą on veut intercaler une porte, on retire le soc, on soulève la charrue et on laisse un intervalle" (trad. R. Flacelière) (Ovide, Fastes IV - Avril).

Un autre symbole qui remonte très haut car il est d'un âge bien antĂ©rieur Ă  la citĂ© — et qui, Ă  vrai dire, ne se perpĂ©tue Ă  l'Ă©poque historique que dans une tradition religieuse oĂą il s'est spĂ©cialisĂ© et sans doute appauvri — c'est l’omphalos, renflement de terre ou pierre conique qui est plus ou moins objet de culte. Les valeurs mythiques en restent encore assez accusĂ©es. Il appartient au numen de la Terre elle-mĂŞme ; il est aussi un centre de la terre, celui oĂą, Ă  Delphes, lieu de l’omphalos le plus cĂ©lèbre, se sont rencontrĂ©s les deux aigles qui venaient des deux extrĂ©mitĂ©s du monde (mais la mĂŞme donnĂ©e apparaĂ®t, plus qu'implicite, au mont LycĂ©e d'Arcadie, théâtre de rites secrets et hautement archaĂŻques qui passent pour ĂŞtre entachĂ©s de cannibalisme). D'autre part, en liaison avec les puissances chthoniennes, l’omphalos, qui Ă©voque une image du tombeau — et qui est donnĂ© lui- mĂŞme pour un tombeau — ne laisse pas de faire songer au mundus latin, Ă  la fois rĂ©sumĂ© du cosmos et rĂ©servoir et rĂ©servoir d'âmes. Il est en rapport aussi avec une activitĂ© mantique dont nous savons qu'elle fut exercĂ©e jadis Ă  des fins de droit : ThĂ©mis, variante delphique de GĂŞ dĂ©tentrice d'oracle, est particulièrement associĂ©e Ă  l'omphalos « aux jugements sĂ»rs » et par ailleurs, c'est le nom de cette « justice » primitive qui nous apparaĂ®t administrĂ©e par des « rois » du type roi-magicien (Louis Gernet, Anthropologie de la Grèce antique, 1968).

Le mundus romain, celui du Forum, le mundus Cereris, Ă©tait appelĂ© aussi umbilicus urbis depuis l'Ă©poque d'Auguste : nombril de la citĂ©. Le N au centre du carrĂ© SATOR peut signifier Numen, puissance divine au centre de pensĂ©e religieuse romaine.

La letter N est la 13ème de l’alphabet latin classique. Et le carré magique de 5 associé au moyen âge au carré SATOR a pour centre le nombre 13.

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3

(Graal et alchimie).

Rome quadrata et carré (SATOR)

Lorsque les Romains fondaient une ville, ils adoptaient en gĂ©nĂ©ral un plan orthogonal de rues se croisant Ă  angle droit, Ă  l'intĂ©rieur d'un espace plus ou moins quadrangulaire : ils auraient empruntĂ© cette pratique aux Étrusques qui passaient pour des maĂ®tres en la matière. Mais depuis l'AntiquitĂ©, on a abondamment soulignĂ© que si ce modèle urbanistique Ă©tait gĂ©nĂ©ralement respectĂ© par la plupart des colonies fondĂ©es par Rome, Rome elle-mĂŞme, qui Ă©tait pourtant censĂ©e servir de modèle en tout point Ă  ses colonies, prĂ©sentait au contraire un plan de rues assez dĂ©sordonnĂ© Ă  l'intĂ©rieur d'un vaste espace qui ne ressemblait en rien Ă  un quadrilatère. Certes, une tradition plus conforme au modèle hippodamĂ©en Ă©voquait l'existence d'une Roma Quadrata fondĂ©e par Romulus sur le Palatin, mais mĂŞme en admettant avec Andrea Carandini l'historicitĂ© de cette citĂ© romulĂ©enne, il ne pourrait s'agir que d'une citĂ© antĂ©rieure au synĹ“cisme qui regroupa les habitats protohistoriques prĂ©sents sur les diffĂ©rentes collines et qui donna vĂ©ritablement naissance Ă  la Ville et Ă  ses institutions.

Denys d'Halicarnasse, dans ses AntiquitĂ©s Romaines, I, 88,2 note : " Quand Romulus estima que tout ce que la raison considère comme agrĂ©able aux dieux avait Ă©tĂ© accompli, il appela tout le monde Ă  l'endroit dĂ©signĂ© et dessina un quadrilatère sur la colline en traçant, avec un bĹ“uf mâle et une vache attelĂ©s Ă  une mĂŞme charrue, un sillon continu destinĂ© Ă  recevoir le rempart. Depuis lors, les Romains ont conservĂ© cette coutume de tracer un sillon autour de leurs terres quand ils fondent des citĂ©s "; Plutarque, Romulus, 9,4 : " Romulus, qui avait fondĂ© ce qu'on appelle la Roma Quadrata, c'est-Ă -dire carrĂ©e, voulait y placer la ville... ".

Pour F. Castagnoli, la tradition sur la Roma Quadrata romuléenne est une construction pseudo-historique datant du IVe ou du IIIe siècle av. J.-C. et qui était destinée à servir de modèle aux fondations coloniales construites sur des plans orthogonaux de type hippodaméen.

Le texte de Plutarque sur la fondation du mundus par Romulus Ă  proximitĂ© du futur Comitium est souvent rapprochĂ© d'un passage des Fastes d'Ovide (Fastes, IV, 819- 826), dans lequel le poète Ă©voque le creusement d'une fosse, apparemment situĂ©e sur le Palatin, et dans laquelle on a jetĂ© " des fruits du sol, ainsi que de la terre qu'on est allĂ© chercher dans le voisinage "; Ovide ne parle pas explicitement de mundus, mais selon certains, le poète y ferait une allusion Ă©tymologique en parlant de cette fosse (inde movetur opus : d'après Festus en effet (p. 126 L.), le mundus s'appellerait ainsi quod terra movetur) ; quoi qu'il en soit, d'après Ovide, une fois la fosse comblĂ©e, on aurait Ă©levĂ© un autel par-dessus, avant que Romulus ne commence Ă  tracer autour de cet endroit le sillon primordial qui aurait permis de dessiner les murailles et qui aurait donc constituĂ© le pomerium primitif. Le parcours de celui-ci est d'ailleurs prĂ©cisĂ©ment dĂ©crit par Tacite (Annales, XII, 24) qui lui donne une forme Ă  peu près quadrangulaire : il aurait fait le tour du Palatin (cf. aussi Aulu- Gelle, Nuits Attiques, XIII, 14,2) et serait Ă  l'origine de la première Rome, appelĂ©e Roma Quadrata. Ă€ partir du tĂ©moignage de Festus qui appelle " Roma Quadrata (...) l'endroit oĂą ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s les objets qu'on a l'habitude d'utiliser au moment de la fondation d'une ville pour obtenir un prĂ©sage favorable ", on identifie parfois l'autel Ă©voquĂ© par Ovide avec un monument Ă©galement appelĂ© Roma Quadrata, qui existait Ă  l'Ă©poque impĂ©riale devant le temple d'Apollon (Festus, p. 310 L.), qui est encore mentionnĂ© dans le compte rendu des Jeux sĂ©culaires de 204 (C.I.L., VI, 32327), et qui semble indiquĂ© sur le plan de la ville d'Ă©poque sĂ©vĂ©rienne (la forma Urbis). D'après ces sources littĂ©raires et Ă©pigraphiques, la Roma Quadrata renverrait donc Ă  deux choses distinctes : d'une part, la ville fondĂ©e par Romulus sur le Palatin, d'autre part, un monument (carrĂ© ?) qui se trouvait devant le sanctuaire d'Apollon sur le Palatin. Autrement dit, on se trouverait face Ă  deux traditions sur le mundus : l'une qui en ferait un monument carrĂ© situĂ© sur le Palatin et qui serait le centre symbolique d'une ville quadrangulaire; l'autre qui le situait sur le Forum, Ă  proximitĂ© du Comitium, et qui le prĂ©sentait sous la forme d'une fosse circulaire, centre symbolique d'une ville elle-mĂŞme circulaire (Michel Humm, Le mundus et le Comitium : reprĂ©sentations symboliques de l’espace de la citĂ©).

Le carré SATOR serait ainsi un symbole de cette Roma Quadrata contreversée.

La lance

La lance est prĂ©sente Ă  Rochemaure par l’intermĂ©diaire d’AdhĂ©mar de Monteil, lĂ©gat du pape pour la première croisade. La prĂ©tendue lance de Longin a le mĂŞme rĂ´le, dans la dĂ©fense de la ville d'Antioche, que la lance de Quirinus, chargĂ© de la celle de Rome. A Rochemaure oĂą est prĂ©sent le carrĂ© SATOR (Par ce signe tu le vaincras : graal, hannap, lance).

Carré SATOR et Bergers d’Arcadie

Les relations entre les Bergers d’Arcadie de Poussin et le carré SATOR se confirment car les Bergers d’Arcadie sont en rapport avec le 18 septembre, jour de naissance, selon Varron, de Romulus, fondateur de la ville de Rome (Carré Sator et Bergers d'Arcadie de Poussin, Les Bergers des Abruzzes).

Mithra

Mithra est une divinité d’Asie Mineure dont les premières traces, un sceau et un traité de paix entre Mitanniens et Hittites, remontent vers 1450 avant J.C. Sous l’appellation culte de Chrestos il est introduit à Rome en 67 avant J.C. Son emblème est le bonnet phrygien qui coiffe ses représentations sur les bas-reliefs des mithréums.

Le 15 mars 44 avant notre ère, après l’assassinat de CĂ©sar, les conjurĂ©s dĂ©filent dans Rome brandissant une pique coiffĂ©e du dit bonnet. Ils acclament CicĂ©ron dont la lettre Ă  son ami Rufus en 54 avant J.C. rĂ©vèle qu’il est adepte du culte de Chrestos c’est-Ă -dire de Mithra, bien avant que JĂ©sus ne soit nĂ© !

Le Chrestos de l’empereur Claude n’a rien de commun avec JĂ©sus-Christ. Le Nouveau Testament, lui-mĂŞme, est clair Ă  ce sujet. Quand, vers 61, Paul atteint Rome sous NĂ©ron, il rencontre les responsables de la communautĂ© juive. Ceux-ci dĂ©clarent avoir entendu parler de la secte de l’espĂ©rance d’IsraĂ«l, mais tout ignorer de la bonne nouvelle, traduction du grec Ă©vangile. Si les adeptes du Chrestos de Claude ne sont ni juifs ni chrĂ©tiens. Qui sont-ils ? Question brĂ»lante !

Les chrestianos de Claude sont les Justes qui honorent Mithra, le Dieu Invincible. Ceci explique la mesure les chassant de Rome. Claude n’est pas un militaire et les craint. A son époque, c’est dans l’armée que se recrutent la majorité des chrestianos (www.agoravox.fr - Mithra).

Il semble qu'un seul d'entre eux, Ă  travers l'explication mithriaque qu'il donne, ait soupçonnĂ© la rĂ©alitĂ© : il s'agit de M. Omodeo, qui voit dans le semeur (Sator) Mithra, le DĂ©miurge, et dans les roues (rotas) qu'il tient (tenet) celles du char solaire (arepo) dont la course est en train d'Ĺ“uvrer le monde (opera) (Études traditionnelles, NumĂ©ros 321 Ă  328, 1955).

Walter O. Moeller a produit des considérations numérologiques sur le carré SATOR dont il donne une origine mithraïque. Dans une publication de 1973, il applique une croix celtique sur le carré, ce que Pierre Plantard, dans Les Templiers sont parmi nous (1962) de Gérard de Sède, avait déjà fait.

Moeller dit avoir vu le nombre de la bête dans le mot SAUTRAN (e), ainsi que dans celui de Mithra. Mais sa numérologie est peu rigoureuse. MITHRAS, en lettres grecques, ou lettres latines, vaut 666 (Walter O. Moeller, The Mithraic origin and meanings of the rotas-sator square, Volume 38 de Études préliminaires aux religions orientales dans l'Empire romain, 1973, Walter O. Moeller, Marks, Names and Numbers, Hommages à Maarten J. Vermaseren, Partie 2, 1978).

Tout cela nous éloigne fortement du SAUTRAN faussement aperçu en dessous du carré SATOR de Pompéi, qui n’est peut-être qu’un rajout ultérieur. Mais SAUTRAN, en fait SFUTRAN, est écrit avec le même style de lettre que le carré, alors que ANO au-dessus l'est avec un style plus moderne. Avec la christianisation puis la judéisation du carré SATOR, on assiste à la grande récup'. Récupération et travestissement des symboles qui n'ont pu être détruits.

ANO, Ă©crit au-dessus de SAUTRAN a une autre signification que l'ablatif de "anus".

Transcrit en lettres grecques, alpha nu et omega, il pourrait signifier le commencement, le milieu et la fin.

Ano, a river of Italy, the earlier name of which was Anien, whence comes the genitive Anienit, which is joined in inflection with the later nominative Anio (Charles Anthon, A classical dictionary containing an account of the principal proper names mentioned in ancient authors, 1869).

La Bataille de l'Anio est un engagement opposant une armée des villes de Véies et Fidènes soutenues par les Falisques à l'armée de la République romaine au début du Ve siècle av. J.-C.

Fidènes a abandonnĂ© la RĂ©publique au profit de VĂ©ies ; Lars Tolumnius, roi de VĂ©ies, avait mis Ă  mort quatre dĂ©putĂ©s romains (Cloelius Tullus, Gaius Fulcinius, Spurius Antius et Lucius Roscius) venus en tant qu'ambassadeurs Ă  Fidènes afin de demander les motifs du mĂ©contentement et dĂ©clencha par ce fait la Seconde Guerre de VĂ©ies.

Le Véiens et les Fidenates traversent la rivière Anio, et pénètrent en territoire romain. Le consul romain Sergius L. Fidenas les affronte et les oblige à se retirer. Le dictateur repousse alors les ennemis de Rome au- delà de l'Anio, qui s'installent près de Fidènes, où ils sont rejoints par une armée falisque.

Le dictateur romain Mamercus Æmilius avait disposé ses troupes au confluent du Tibre et de l'Anio. Le tribun militaire Aulus Cornelius Cossus, du corps de la cavalerie, s'élança et tua Lars Tolumnius lors d'un duel, mettant en fuite la cavalerie ennemie qui était la seule à mettre en difficultés les Romains. Le dictateur, en vertu d'un sénatus-consulte, rentra à Rome en triomphe, tandis que Cornelius porta les dépouilles du roi, qu'il consacra au temple de Jupiter Férétrien. C'est la première fois depuis Romulus qu'on y déposait les " dépouilles opimes " (fr.wikipedia.org - Bataille de l'Anio).

La bataille aurait eu lieu en 437 avant J.-C. ou en 428. Or cette année 428, si nous nous plaçons avant le 21 avril, anniversaire de la fondation de Rome, et si on utilise le calendrier julien proleptique, rétropolant le calendrier julien aux dates antérieures à son introduction officielle en 45 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Calendrier julien proleptique), est la 325ème année de l'ère romaine. 325, valeur du carré magique de 5 comme on le voit dans (Par ce signe tu le vaincras 3).

SFUTRAN pourrait dans un contexte Ă©trusque ĂŞtre une transcription du nom de la famille SUTHRINA ou SUTRINAS.

Suthrina = Sutrinius, is also an Etruscan family name. La Suthrina = Lars Sutrinius, is found on a Perugian inscription. Sutrinas also occurs as a proper name of men on a Perugian urn. Tenas (whence probably Tenthas), which occurs on an Etruscan stone, is doubtless equivalent to Umbrian TENITVS = L. teneto, imperative third person sing, from tenere (Richard Stephen Charnock, Anthropologia, in which are included the proceedings of the London anthropological society).

We find "Sutrinas" and "Suthrina" in Etruscan inscriptions (Vermigl. Iscriz. Perug.I.pp. 174,256), which Vermiglioli thinks refer to this town, though evidently proper names. Orioli also (Ann. Inst. 1833, p. 51) and Lanzi (II. p. 482) think there is some relation between the name of this town, and "Suthi," which so often occurs in Etruscan inscriptions; and likely enough. "Sautri" also is met with.

The passage in Livy (XXVI. 34), "in Veiente, aut Sutrino, Nepesinove agro, " can only refer to the contiguity of the lands (George Dennis, The cities and cemeteries of Etruria, Volume 1, 1848).

"Sautri" est proche de SAUTRAN. Ainsi mĂŞme dans le cas SAUTRAN, ce serait un nom Ă©trusque.

Les autres dates des carrés magiques

Toujours en utilisant le calendrier julien proleptique, l'an 45 AUC (ab Urbe condita) du carré de Saturne, correspond à 709 avant J.-C., date de la création des prêtres saliens par le roi Numa Pompilius (S. D. V. de Chevigny, Pierre Massuet, Henri Philippe de Limiers, La Science Des Personnes De Cour, D'Epée Et De Robe, Volume 2, 1752), porteur des célèbres boucliers dits "anciles" (La malédiction des Anciles).

L'année 136 AUC du carré de Jupiter marque la mort du roi de Rome Ancus Marcius qui interdit les cultes étrangers. Cette mesure sera reconduite en 325 AUC.

En 666 AUC (88 avant J.C.) du carré du Soleil, le parti du plébéien Marius soutenu par Publius Sulpicius Rufus, patricien ayant renoncé à son statut pour devenir plébéien, est battu par le patricien Sylla. Celui-ci étant parti en Orient pour combattre, Marius revient au pouvoir en -86, et mourut la même année le 13 janvier.

L'année 1225 AUC du carré de Vénus (472 après J.-C.) voit la mort d'Olybrius, de Ricimer et d'Anthémius. Anthémius fut non seulement le dernier empereur païen, mais aussi celui qui, parmi les souverains polythéistes postérieurs à Constantin, a régné le plus longtemps. Les Lupercales, fêtes païennes réactivées sous Anthémius et où l'on sacrifiait publiquement à Pan, étaient toujours célébrées à Rome en 494 (Benjamin Gras, La Destruction du Paganisme Dans L'Empire Romain: De Constantin a Charlemagne, 2011).

L'an 2080 AUC du carré de Mercure de 8 correspond à 1327 après J.-C. C'est en cette année que Umberto Eco situe l'action de son célèbre roman Le Nom de la rose, dans une abbaye bénédictine entre Provence et Ligurie, alors que la chrétienté est divisée entre l'autorité du pape Jean XXII et celle de l'Empereur du Saint-Empire Louis IV de Bavière.

Eco fait Ă©crire Ă  Adso : A mesure qu'on s'en approchait davantage, on comprenait que la forme quadrangulaire produisait, Ă  chacun de ses angles, une tour heptagonale, dont cinq cĂ´tĂ©s s'avançaient vers l'extĂ©rieur - quatre donc des huit cĂ´tĂ©s de l'octogone majeur produisant quatre heptagones mineurs, qui vus de l'extĂ©rieur apparaissaient comme des pentagones. Et il n'est personne qui ne voie l'admirable concordance de tant de nombres saints, chacun rĂ©vĂ©lant un très subtil sens spirituel. Huit le nombre de la perfection de tout tĂ©tragone, quatre le nombre des Ă©vangiles, cinq le nombre des parties du monde, sept le nombre de dons de l'Esprit Saint. Par sa masse imposante, et par sa forme, l'Edifice m'apparut comme plus tard il me serait donnĂ© de voir dans le sud de la pĂ©ninsule italienne Castel Urbino ou Castel del Monte (...) (Umberto Eco, le nom de la rose, France Loisir, pp. 29-30).

Castel del Monte - www.trulliland.com

La fraction de l'ordre franciscain qui prĂ´ne une pauvretĂ© radicale se dit profondĂ©ment scandalisĂ©e par la richesse des dignitaires ecclĂ©siastiques ; certains de ces « Spirituels » professèrent le joachimisme qui annonçait l'irruption d'une ère nouvelle. CondamnĂ©s par la papautĂ©, persĂ©cutĂ©s Ă  l'intĂ©rieur de leur famille religieuse, ils pouvaient penser qu'ils Ă©taient seuls Ă  ĂŞtre marginalisĂ©s ; or, en 1323, nombreux sont ceux qui contestent le poids de la fiscalitĂ© papale, l'accusant de servir Ă  financer les fastes de la cour avignonaise. Dans les faits, Jean XXII refusait le luxe des cours princières mĂŞme s'il n'Ă©tait pas austère. Ils eurent la surprise de voir la majoritĂ© de leurs confrères, ministre gĂ©nĂ©ral en tĂŞte, Michel de CĂ©sène, les rejoindre dans l'opposition au pape qui venait de condamner une opinion partagĂ©e par la plupart des Franciscains : la pauvretĂ© personnelle du Christ. En promulguant ce texte Jean XXII se fait des adversaires dans toute la chrĂ©tientĂ© et nombre de thĂ©ologiens de talent, tel Guillaume d'Occam, les rallient. Louis de Bavière en joue et accueille les Franciscains en rupture de ban auxquels se joint Marsile de Padoue dont l'Ĺ“uvre maĂ®tresse, le Defensor pacis, subordonne le pouvoir spirituel au temporel. ConseillĂ© par cet Ă©tat-major, Louis se rend Ă  Rome, dĂ©cidĂ© Ă  se faire couronner. Il descend en Italie avec son armĂ©e, et met fin Ă  une sĂ©rie de succès militaires du LĂ©gat Bertrand du Pouget. Ce dernier, après avoir ralliĂ© l'Émilie et la Romagne, a rĂ©ussi Ă  occuper Modène, Parme et Reggio en Ă©tĂ© 1326. En fĂ©vrier 1327, il a Ă©galement soumis Bologne susceptible d'ĂŞtre une capitale pontificale plus stable que Rome. Mais l'empereur excommuniĂ©, attendu en Italie comme celui qui pourra s'opposer au lĂ©gat du pape, se rend rapidement impopulaire par de nombreux impairs. Le 31 mai 1327, Ă  Milan, il reçoit la couronne des rois lombards des mains d'un Ă©vĂŞque excommuniĂ©, car l'archevĂŞque s'est absentĂ© pour ne pas officier. Il fait arrĂŞter GalĂ©as Ier Visconti qui manifeste trop d'esprit d'indĂ©pendance, et se croyant tout autorisĂ© nomme trois Ă©vĂŞques. Sa popularitĂ© s'effondre mĂŞme chez les Gibelins les plus convaincus : pour rentrer dans Pise il doit assiĂ©ger la ville pendant un mois. Rome lui ouvre ses portes plus pour se venger du transfert de la papautĂ© en Avignon que par attrait pour l'empereur. Le lĂ©gat Giovanni Orsini ayant ordonnĂ© Ă  tout le clergĂ© de quitter la ville, c'est Sciarra Colonna, un membre puissant de la noblesse romaine qui, en tant que reprĂ©sentant le peuple romain, couronne l'empereur, le 17 janvier 1328. En recourant Ă  des laĂŻcs pour sacraliser une fonction qui est en partie religieuse, Louis de Bavière perd tout son crĂ©dit. Le pape saisit cette occasion pour dĂ©clarer la dĂ©chĂ©ance de l'empereur le 3 avril 1328. Seule l'incapacitĂ© des Ă©lecteurs Ă  s'entendre empĂŞche l'Ă©lection d'un nouvel empereur (fr.wikipedia.org - AnnĂ©e 1327, fr.wikipedia.org - Louis IV du Saint-Empire).

Enfin l'an 3321 AUC du carré de la Lune désigne l'année 2568. A plus tard.

Calendrier musulman

Année 45 de l’Hégire

L'Afrique fut entamée par les Arabes fous le Khalifat d'Othman, qui envoya Abdalla Ben Suad, fon frère de Mère, en Egypte, pour la gouverner à la place d'Amru Ben As qui l'avait conquise. Abdalla prit Carthage fur les Grecs, l'an 26 de l'Hégire, et Moavie Ben Khodaige la conquit entièrement l'an 45 de la même Hégire, où fut fondée la ville de Kairouan (Bibliothèque orientale, 1777).

Au mois de Shaabân de la troisième annĂ©e de l’HĂ©gire, Mahomet Ă©pousa Hassa fille d’Omar, qui Ă©tait veuve de Hobeish fils de Khodâfa, le Sahamite. Elle eut pour sa dot quatre-cens Drachmes, & vĂ©cut avec son nouvel Ă©poux huit ans : elle mourut au mois de Shaabân de l'an 45 de l'HĂ©gire, sous le Califat de Moawie, âgĂ©e de soixante ans. C'Ă©tait une personne de belle taille, & les Historiens MahomĂ©tans l'ont fort louĂ©e pour son abstinence singulière. Ce suc entre ses mains qu'Abu Becr premier Calife, ou Successeur de Mahomet, dĂ©posa l'Exemplaire de l'Alcoran qu'il avait complĂ©tĂ©, en y ajoutant un grand nombre de passages , conservĂ©s par les Sectateurs de Mahomet, et recueillis non seulement des feuilles de palmier & des peaux sur lesquelles ils avoient Ă©tĂ© Ă©crits, que l'on gardait entre deux ais, mais aussi de la bouche de ceux qui les avoient appris par cĹ“ur. Othmân, troisième Calife, fie tirer un grand nombre de Copies de cet Exemplaire, & les fit distribuer par toutes les Provinces de l'Empire, faisant en mĂŞme tems supprimer tous les autres Exemplaires, qui n'Ă©taient pas conformes Ă  celui de Hassa (Guillaume-Thomas-François Raynal, Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'Ă  prĂ©sent, Volume 15, 1760).

Année 136 de l’Hégire

Al Mansour (Abou-djafar Abd'Allah), c'est-à-dire le Victorieux, second calife de la maison des Abassides, succéda à son frère Aboul Abbas al- Saffah, l'an 136 de l'hégire (753 de J. C), alors qu’il se trouvait en Arabie où il avait conduit la caravane des pèlerins de la Mecque, et s'affermit sur le trône par le meurtre des Ommeyades. Il eut beaucoup de guerres à soutenir et lutta avec énergie contre la secte des Rawandian qui exerçait son culte dans la résidence même du calife. Après avoir fondé Bagdad en 145, Al-Mansour y attira des savants de tous les pays, et y fit fleurir les lettres et les sciences. Il fonde aussi la ville de Mansourah, où eut lieu la bataille du 8 février 1250 pendant laquelle Louis IX fut fait prisonnier. Al Mansour mourut en 774, âgé de 63 ans (Auguste Wahlen (1785-1850), Nouveau dictionnaire de la conversation, 1843).

Année 325 de l’Hégire

Après la mort de Mahomet, l'Arabie fut sous la domination des khalifes, ses successeurs, pendant environ trois siècles ; mais en l'annĂ©e 325 de l'hĂ©gire, une grande partie de ce pays tomba entre les mains des Karmatiens, nouvelle secte qui avait commis de grands dĂ©sordres Ă  la Mecque, et avait obligĂ© les khalifes de payer un tribut pour que les pèlerinages que l'on faisait chaque annĂ©e Ă  cette ville, ne fussent pas interrompus.

Depuis l'an 278, les Karmatiens, sous divers chefs, causèrent des troubles continuels, tant aux khalifes qu'à leurs sujets mahométans, pendant plusieurs années, commettant de grands désordres et de grands outrages, en Chaldée, en Arabie, en Syrie et en Mésopotamie; et ils établirent enfin une principauté considérable, qui était dans toute sa splendeur sous le règne d'Abou Dhâher, fameux par la prise de la Mecque et par les indignités qu'il commit contre le temple; mais cette principauté déclina, et s'est réduite à rien bientôt après la mort d'Abou Dhâher.

Leur origine n'est pas bien connue ; mais la tradition vulgaire est, qu'un pauvre garçon, appelĂ© Karmata, vint du KhoĂ»zistan dans les villages voisins de KĂ»fa, et feignit lĂ  une grande saintetĂ© de vie et une grande austĂ©ritĂ©, disant que Dieu lui avait ordonnĂ© de prier cinquante fois par jour, prĂ©tendant d'engager le peuple Ă  obĂ©ir Ă  un certain Imam de la famille ne Mahomet. U continua cette manière de vivre jusqu'Ă  ce qu'il se fĂ»t fait un fort grand parti. 11 choisit, entre ses sectateurs, douze personnes qui devaient ĂŞtre comme les apĂ´tres, gouverner le reste et propager sa doctrine. Mais le gouverneur de la province trouvant que les peuples nĂ©gligeaient leurs travaux, et particulièrement la culture des terres pour faire ces cinquante gouverneur, ayant oui, elle eut pitiĂ© du prisonnier, prit de nuit la clef de la prison de dessous la tĂŞte de son maĂ®tre pendant qu'il dormait; et après avoir fait Ă©vader le prisonnier, elle remit la clef oĂą elle l'avait prise. Le lendemain matin, le gouverneur trouva l'oiseau hors de sa cage ; et cet Ă©vĂ©nement Ă©tant devenu public, excita une grande admiration, ses adhĂ©rents publiant que Dieu l'avait enlevĂ© au ciel. Après quoi il se montra dans une autre province, et dĂ©clara Ă  une grande multitude de gens qui Ă©taient autour de lui, que personne ne pouvait lui nuire ; nonobstant cela, ayant manquĂ© de courage, il se retira en Syrie, et l'on n'en a plus entendu parler. Sa secte cependant se maintint et s'accrut, prĂ©tendant que leur maĂ®tre avait tait voir qu'il Ă©tait un vrai prophète, et qu'il leur avait laissĂ© une nouvelle loi, par laquelle il avait changĂ© les cĂ©rĂ©monies et la forme des prières des Musulmans, et introduit une nouvelle espèce de jeĂ»ne; et qu'il leur avait aussi permis de boire du vin, et les avait dispensĂ©s de plusieurs choses commandĂ©es dans le Korân. Ils avaient aussi tournĂ© en allĂ©gorie les prĂ©ceptes de ce livre, enseignant que la prière Ă©tait le symbole de l'obĂ©issance Ă  leur Imam, et que le jeĂ»ne Ă©tait le symbole du silence et du secret qu'ils devaient garder sur leurs dogmes avec les Ă©trangers. Ils croyaient aussi que le mot de fornication dĂ©signait le crime d'infidĂ©litĂ©, et que ceux qui rĂ©vĂ©laient les mystères, de leur religion, ou n'obĂ©issaient pas aveuglĂ©ment Ă  leurs chefs, s'en rendaient coupables. On leur attribue un livre, qui contenait, entre autres choses, ces paroles: Au nom de Dieu très-misĂ©ricordieux. Al Farajd Ebn Othman, de la ville de Nasrâna, dit que Christ lui Ă©tait apparu sous une forme humaine, et lui avait dit: Tues l'Invitation, tu es la DĂ©monstration, tu es le Chameau, tu es la BĂŞte, tu es Jean le fils de Zacharie, tu es le Saint-Esprit.

Quand les Karmatiens profanèrent le temple de la Mecque, ils emportèrent cette pierre, et les habitants de la Mecque ne purent jamais obtenir d'eux, par prière ni par argent, qu'elle leur fĂ»t rendue, quoiqu'ils eu offrissent jusqu'Ă  cinq mille pièces d'or : cependant après l'avoir gardĂ©e vingt deux ans, les Karmatiens la renvoyèrent de leur propre mouvement, voyant bien qu'elle n'attirait pas chez eux les pèlerins qui Ă©taient accoutumes d'aller Ă  la Mecque; et pour se moquer de ces dĂ©vots, ils leur firent dire que ce n'Ă©tait pas la vĂ©ritable pierre; mais on reconnut que ce l'Ă©tait, et quelle n'Ă©tait pas contrefaite, par la qualitĂ© qui lui est propre de nager sur l'eau (Guillaume Pauthier, Les livres sacrĂ©s de l'Orient, 1840).

AnnĂ©e 666 de l’HĂ©gire : prise d’Antioche par Baybars

Al-Malik az-Zâhir Rukn ad-Dîn Baybars al-Bunduqdari1, plus connu en français sous le nom de Baybars, Baïbars ou encore Bibars (né vers 1223 au nord de la mer noire - décédé le 1er juillet 1277 à Damas, Syrie) est un sultan mamelouk bahrite d'Égypte de 1260 à 1277. Il est parfois surnommé « l'arbalétrier ».

Son objectif principal, durant la suite de son règne, est la destruction des États croisés, ou du moins ce qu'il en reste, et pour cela il obtient la neutralité de l'empire byzantin, du sultanat seldjoukide de Roum. Il lance une offensive en 1261 et s'empare de Césarée le 27 février 1261. Puis Baybars s'empare successivement de la forteresse des Templiers de Safed (25 juillet 1266), de Jaffa (7 mars 1268), d'Antioche (18 mai 1268) et enfin de « l'imprenable » krak des Chevaliers le 8 février 1271. Les Croisés obtiennent l'alliance des Mongols, ce qui contraint Baybars à signer une trêve de dix ans. Il en profite pour s'emparer de Masyaf, la forteresse du nord de la Syrie, aux mains de la secte des assassins (1272), ainsi que de Césarée de Cappadoce, enlevée aux Seldjoukides. Véritable artisan du relèvement musulman au Moyen-Orient face à la menace mongole et aux restes de la présence des croisés, il est devenu le héros d'un roman de chevalerie, très populaire dans le monde arabe, le Sirat el-Malik el Zahir.

Baybars fait le pèlerinage de la Mecque en 667. Il meurt, peut-être empoisonné, à Damas en 1277, mais échoue dans sa tentative pour rendre le sultanat héréditaire dans sa famille (fr.wikipedia.org - Baybars).

AnnĂ©e 1225 de l’HĂ©gire : lutte de Mehmet-Ali contre les Wahabites

Les Wahabites avaient eu, comme toutes les sectes qui commencent, des hommes remarquables à leur tête, Abd-el-Azis et Saoud, petit-fils et arrière-petit-fils de leur fondateur, Abd-el-Wahab. Confinés à l'extrémité orientale de la Péninsule, sur les bords du golfe Persique, ils s'étaient étendus insensiblement, sous la direction de ces deux chefs, dans toute l'Arabie, depuis l'Yémen jusqu'aux portes de Bagdad et de Damas. Le territoire sacré du Hedjaz avait même fini par tomber en leur pouvoir. Partout, par suite de leur doctrine, ils s'étaient acharnés sur les édifices mortuaires ou autres élevés en l'honneur des saints les plus révérés. Le tombeau du prophète lui-même à Médine n'avait pas été respecté. Pendant plusieurs années le pèlerinage fut interrompu. Ce coup retentit dans le monde mahométan depuis Maroc jusqu'au fond de l'Inde. Le vulgaire, qui les traitait d'hérétiques sans connaître leur doctrine, poussa un cri d'indignation général, et les plus zélés parlèrent de faire une croisade générale contre eux, comme autrefois les chrétiens en avaient fait pour délivrer la Palestine. Ces événements, que nous venons de rapporter en peu de mots, s'étaient passés dans un court intervalle de dix-huit années, de 1793 à 1810. Parmi tous les pachas il n'y en avait qu'un seul, celui de l'Egypte, qui, par sa puissance, ses talents et la position géographique de son gouvernement, pût rétablir dans l'Arabie l'autorité du sultan entièrement méconnue par les Wahabites. Mehemet-Aly posait les fondements de cette puissance qu'il a su développer au point où nous la voyons aujourd'hui. Le massacre des mamelouks exécutés depuis peu par ses ordres au Caire, l'avait laissé seul maître de l'Egypte. En 1810, il reçut de la Porte l'ordre ou plutôt l'invitation de délivrer l'Arabie des Wahabites invitation à laquelle il se conforma avec d'aillant plus de bonne volonté (pie le succès devait le placer au dessus de tons les autres pachas de l'empire et lui frayer la voie à une indépendance complète. Après de longs préparatifs les troupes dont il pouvait disposer se mirent en marche tant par terre que par mer sous les ordres de son troisième fils, Tousoun- Pacha, et arrivèrent devant Yambo, le port de Médine. La guerre fut poussée mollement et entremêlée' de revers et de succès. Cependant en 1813 Tousoun- Pacha avait fini par se rendre maître d'une partie du Hedjaz. Dans les commencements de l'année suivante, Mehemet-Aly passa en personne sur les lieux, tant pour activer les opérations que pour ne pas laisser à son fils l'honneur de la conquête. Vers le milieu de 1814, l'armée turque occupait Yambo, Djidda, la Mecque, Médine et Taïf, petite ville à quelques lieues et à l'est de la Mecque. Tout le reste du pays était comme auparavant au pouvoir des Wahabites (Journal général de l'Instruction publique, 1834).


[1] Pierre-Sylvain Filliozat, « Le sanskrit Â», PUF, p. 55