Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et la Ligne gnostique   Quatre de chiffre   
CROIX HURIEL QUATRE DE CHIFFRE

En introduction de ce "Quatre de chiffre", penchons nous sur ce qu'en dit René Guénon :

Parmi les anciennes marques corporatives, il en est une qui a un caractère particulièrement énigmatique : c’est celle à laquelle on donne le nom de « quatre de chiffre », parce qu’elle a en effet la forme du chiffre 4, auquel s’ajoutent souvent des lignes supplémentaires, horizontales ou verticales, et qui se combine généralement, soit avec divers autres symboles, soit avec des lettres ou des monogrammes, pour former un ensemble complexe dans lequel il occupe toujours la partie supérieure. Ce signe était commun à un grand nombre de corporations, sinon même à toutes, et nous ne savons pourquoi un écrivain occultiste, qui par surcroît en attribue fort gratuitement l’origine aux Cathares, a prétendu récemment qu’il appartenait en propre à une « société secrète » d’imprimeurs et de libraires ; il est exact qu’il se trouve dans beaucoup de marques d’imprimeurs, mais il n’est pas moins fréquent chez les tailleurs de pierres, les peintres de vitraux, les tapissiers, pour ne citer que quelques exemples qui suffisent à montrer que cette opinion est insoutenable. On a même remarqué que des particuliers ou des familles avaient fait figurer ce même signe sur leurs maisons, sur leurs pierres tombales ou dans leurs armoiries ; mais ici, dans certains cas, rien ne prouve qu’il ne doive pas être attribué à un tailleur de pierres plutôt qu’au propriétaire lui-même, et, dans les autres, il s’agit certainement de personnages qui étaient unis par quelques liens, parfois héréditaires, à certaines corporations. Quoi qu’il en soit, il n’est pas douteux que le signe dont il s’agit a un caractère corporatif et est en relation directe avec les initiations du métier ; et même, à en juger par l’emploi qui en est fait, il y a tout lieu de penser que ce fut essentiellement une marque de maîtrise.

Quant à la signification du « quatre de chiffre », qui est évidemment ce qui offre pour nous le plus d’intérêt, les auteurs qui en ont parlé sont loin d’être d’accord entre eux, d’autant plus qu’ils semblent généralement ignorer qu’un symbole peut fort bien être réellement susceptible de plusieurs interprétations différentes, mais qui ne s’excluent nullement. Il n’y a là rien dont on doive s’étonner, quoi qu’en puissent penser ceux qui s’en tiennent à un point de vue profane, car non seulement la multiplicité des sens est, d’une façon générale, inhérente au symbolisme lui-même, mais de plus, dans ce cas comme dans bien d’autres, il peut y avoir eu superposition et même fusion de plusieurs symboles, en un seul. M. W. Deonna, ayant été jadis amené à citer le « quatre de chiffre » parmi d’autres symboles figurant sur des armes anciennes, et parlant à cette occasion, assez sommairement d’ailleurs, de l’origine et de la signification de cette marque, a mentionné l’opinion d’après laquelle elle représente ce qu’il appelle assez bizarrement « la valeur mystique du chiffre 4 » ; sans rejeter entièrement cette interprétation, il en préfère cependant une autre, et il suppose « qu’il s’agit d’un signe astrologique », celui de Jupiter. Celui-ci présente en effet, dans son aspect général, une ressemblance avec le chiffre 4 ; il est certain aussi que l’usage de ce signe peut avoir quelque rapport avec l’idée de « maîtrise » ; mais, malgré cela, nous pensons, contrairement à l’avis de M. Deonna, que ce n’est là qu’une association secondaire qui, si légitime qu’elle soit, ne fait pourtant que s’adjoindre à la signification première et principale du symbole. Nous trouvons d’ailleurs un autre cas de la même association du symbolisme de Jupiter à celui du quaternaire dans la quatrième lame du Tarot.

Il ne nous paraît pas douteux, en effet, qu’il s’agit avant tout d’un symbole quaternaire, non pas tant à cause de sa ressemblance avec le chiffre 4, qui pourrait en somme n’être qu’« adventice » en quelque sorte, que pour une autre raison plus décisive : ce chiffre 4, dans toutes les marques où il figure, a une forme qui est exactement celle d’une croix dont l’extrémité supérieure de la branche verticale et une des extrémités de la branche horizontale sont jointes par une ligne oblique ; or, il n’est pas contestable que la croix, sans préjudice de toutes ses autres significations, est essentiellement un symbole du quaternaire. La croix représente le quaternaire sous son aspect « dynamique » tandis que le carré le représente sous son aspect « statique ». Ce qui confirme encore cette interprétation, c’est qu’il y a des cas où le « quatre de chiffre », dans son association avec d’autres symboles, tient manifestement une place qui est occupée par la croix dans d’autres figurations plus habituelles, identiques à celles-là à l’exception de cette seule différence ; il en est notamment ainsi quand le « quatre de chiffre » se rencontre dans la figure du « globe du Monde », ou encore quand il surmonte un cœur, ainsi qu’il arrive surtout fréquemment dans des marques d’imprimeurs.

Ce n’est pas tout, et il y a encore autre chose qui n’est peut-être pas moins important, bien que M. Deonna se soit refusé à l’admettre : dans l’article auquel nous nous sommes référé plus haut, après avoir signalé qu’on a voulu « dériver cette marque du monogramme constantinien, déjà librement interprété et défiguré sur les documents mérovingiens et carolingiens », il dit que « cette hypothèse apparaît tout à fait arbitraire » et qu’« aucune analogie ne l’impose ». Nous sommes fort loin d’être de cet avis ; il est d’ailleurs curieux de constater que, parmi les exemples reproduits par M. Deonna lui-même, il en est deux qui figurent le chrisme complet, dans lequel le P est remplacé purement et simplement par le « quatre de chiffre » ; cela n’aurait-il pas dû tout au moins l’inciter à plus de prudence ? Il faut aussi remarquer qu’on rencontre indifféremment deux orientations opposées du « quatre de chiffre » ; or, quand il est tourné vers la droite au lieu de l’être vers la gauche suivant la position normale du chiffre 4, il présente avec le P une similitude particulièrement frappante. Nous avons déjà expliqué qu’on distingue le chrisme simple et le chrisme dit « constantinien » : le premier est composé de six rayons opposés deux à deux à partir d’un centre, c’est-à-dire de trois diamètres, l’un vertical et les deux autres obliques, et, en tant que « Chrisme », il est regardé comme formé par l’union des deux lettres grecques I et X ; le second, qui est considéré de même comme réunissant les deux lettres X et P, en est immédiatement dérivé par l’adjonction, à la partie supérieure du diamètre vertical, d’une boucle destinée à transformer l’I en P, mais qui a aussi d’autres significations, et qui se présente du reste sous plusieurs formes diverses1, ce qui rend encore moins étonnant son remplacement par le « quatre de chiffre », qui n’est en somme qu’une variante de plus. À propos du Chrisme « constantinien », nous signalerons que la réunion des lettres initiales des quatre mots de l’inscription In hoc signo vinces qui l’accompagne donne I H S V, c’est-à-dire le nom de Jésus. Tout cela s’éclaire d’ailleurs dès qu’on remarque que la ligne verticale, dans le chrisme aussi bien que dans le « quatre de chiffre », est en réalité une figure de l’« Axe du Monde » ; à son sommet, la boucle du P est, comme l’« œil » de l’aiguille, un symbole de la « porte étroite » ; et, pour ce qui est du « quatre de chiffre », il suffit de se rappeler son rapport avec la croix et le caractère également « axial » de celle-ci, et de considérer en outre que l’adjonction de la ligne oblique qui complète la figure en joignant les extrémités de deux des bras de la croix, et en fermant ainsi un des angles de celle-ci, combine ingénieusement à la signification quaternaire, qui n’existe pas dans le cas du chrisme, le même symbolisme de la « porte étroite » ; et l’on reconnaîtra qu’il y a là quelque chose de parfaitement approprié pour une marque de maîtrise (René Guénon, Le « quatre de chiffre » - Symboles de la Science sacrée, 1962 - www.index-rene-guenon.org).

Si le 4 est le numéro de la lame de Tarot l'Empereur, c'est le pendu qui dessine avec ses jambes le "quatre de chiffre". L'Empereur du Tarot est associé à la date du 6 janvier, jour de l'Epiphanie (22 v'la le Tarot : Kabbalisation du Tarot : IV - Empereur . XV - Diable).

Martinez de Pasqually, en ses signatures ésotériques, use de ce qu'il appelle « nos caractères ordinaires ». Parmi ces paradigmes énigmatiques, figure ce qu'on nomme « le quatre de chiffre » (Les Maîtres secrets de Martinez de Pasqually - http://www.ledifice.net/7551-1.html).

L'origine du Quatre de Chiffre remonte aux Compagnons Tailleurs de Pierre. Nous avons peu de documents sur les organisations initiatiques de bâtisseurs au Moyen-Age, et sur leur géométrie « secrète » (dans le sens de sa dimension confidentielle, mais aussi ésotérique). Les premiers écrits sur ce sujet datent de la Renaissance. Philibert De l’Orme y fait allusion dans le Livre II de son Traité d’Architecture paru en 1567, où l’on voit bien qu’il essaye de rassembler des éléments anciens de tradition orale. Il l’exprime dans son préambule : « Prologue en forme d’adversativement, ou il est traité de la première figure de Géométrie, qui sont deux lignes s’entrecroisant & faisant angles droits en forme du caractère de la croix, qui est le commencement pour faire toutes œuvres quelles qu’elles soient, & sans lequel caractère on ne sçauroit rien faire. » (Bayazid, Le Chiffre Quatre, 2007 - www.bldt.net - Baladins de la Tradition).

Le "Quatre de chiffre" est le nom d'un piège à rats, constitué par une planche sous laquelle on place trois petits morceaux de bois assemblés en fotrme de 4, un ensemble déséquilibré qui tombe aéu moindre choc, ce piège élémentaire, fort employé au XVe siècle, est surtout considéré comme un signe protecteur (Jean-Pierre Bayard, L'esprit du compagnonnage. Histoire, tradition, éthique et valeurs morales, actualité, Dangles, 1994, p. 91).

Bref, une sorte de tapette à rat.

Piège ? L'âme piégée dans le corps ?

Den Sachverhalt der Zerstörung eines Schriftstückes durch die Ratten oder andere Nagetiere führt schliesslich auch François Rabelais in seinem Gargantua vor, als er ein fiktives - Schriftstück präsentiert, welches an einigen Stellen von den Ratten bis zur Unkenntlichkeit angefressen wurde. Rabelais gibt vor, diesen Text als den abschliessenden Traktat einer in einem „monument antique“ gefundenen Genealogie entdeckt zu haben, und druckt ihn ab „par révérence de l'antiquaille“ (Rabelais, édition Jacques Boulenger et Lucien Schéler, 1955: 10). Doch der alte Text ist nur ein Fragment, denn „Les ratz et blattes, ou (affin que je ne mente) aultres malignes bestes, avoient brousté commencement“ (Rabelais 1955: 10).

Es hat hiernach den Anschein, als habe die unter dem Namen „quatre de chiffre“ gebräuchliche Rattenfalle zur Etablierung und Stabilisierung der Vorstellung geführt, mit dem Zahlzeichen 4 könne man Schaden abwehren. Es ist jedoch nicht bestimmen, ob die Rattenfalle nach dem Konstruktionsprinzip der 4 aufgebaut wurde, weil die 4 bereits als apotropäisches Symbol galt, oder ob die Vorstellung von der apotropäischen Funktion der Ziffer 4 erst von dem Bauplan der Rattenfalle abstrahiert wurde. Die Erklärung der Funktion der Ziffer 4 aus dem zum Apotropäikum gewordenen Konstrukt der Falle ist nur eine der Facetten des gesamten Vorganges. Es kommt spätestens seit dem ausgehenden 15. Jahrhundert die Übernahme von orientalischen Praktiken der Schadensabwehr hinzu. Hier ist in erster Linie an Buchstabenkombinationen zu denken, die immer auf die Vierzahl als heilige Zahl rekurrieren: „Agla“, „Tetragrammaton“ und andere Begriffe spielen hier eine hervorragende Rolle. Die Abbreviatur agla [Ata Gibbor Leolam Adonaï : du bist immer ma¨chtig, o Herr] hatte als Anruf Gottes apotropäische Funktion, und in dieser Funktion wurde sie auch als der Name von Handwerkerbrüderschaften, den Agla-Gilden (Bayard 1994: 90), übernommen. Hier bauen sich weitere Abbreviaturen auf. So wird die arabische Ziffer 4 an die Stelle des Schriftzuges Agla gesetzt. Es kann somit ein komplexes System von apotropäischen, aus dem jüdisch-christlichen Glauben hergeleiteten Vorstellungen als äußere Bedingung für die Entwicklung der symbolischen Vierzahl zum Zeichen auf den Produkten vieler Gewerke angenommen werden (vgl. Hansmann und Kriss-Rettenberg 1977, Amulet und Talisman, Esscheinungform und Geschichte, 194 ff) (Reinhard Krüger, Funktion und Geschichte der Markenzeichen, Zeichennormung für Handwerk und Industrie, Semiotics, Volume 13, Partie 4, 2004 - books.google.com).

Du deuil que mena Gargantua de la mort de sa femme Badebec :

Mus in pice deprehensus. Proverbe. Voyez les Adages d'Érasme, Chil. 2, Cent. 3, n° 68. Ci-dessous encore, liv. III, chap. XXXVI : Vous me semblez a une souris empeigee, tant plus elle s'éforce soi despestrer de la poix, tant plus elle s'en embrenne. impicata fait de pix, qui signifie de la poix. Ces mots, au reste, ne sont point dans l'édition de Dolet; et l'abbé Guyet qui croyoit qu'il falloit lire ici empeguée, ne travaillent point sur celle-là. (L.) — Empoissée ou prise dans la poix. Un interprète explique empeigée par prise au piège, et cite le glossaire de la langue romane, qui porte en effet empegé, empegié, pris aux lacs, tombé dans le piège, poissé, impicatus (La vie de Gargantua et de Pantagruel, Volume 3 de Œuvres de Rabelais, annoté par Charles Esmangart, Éloi Johanneau, 1823 - books.google.com).

Le mot "piège" vient du latin pedica, liens pour les pieds (Dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1969).

Motifs de copézias à Lonzée (Gembloux)

Dans la région de la Hesbaye namuroise (Belgique), il n'est pas rare d'observer de petits motifs collés sur ces éléments précis de l'intérieur que sont la cheminée et son manteau. La porte et son linteau, c'est-à-dire les points privilégiés de pénétration, réels ou mythiques, dans la maison (la cheminée n'étant rien d'autre à cet égard que l'héritière de l'antique orifice qui trouait le toit des cabanes préhistoriques et qui à l'origine constituait avec la porte les seules ouvertures du bâtiment (saint Nicolas et le père Noël descendent toujours par la cheminée !). Ces motifs sont typiques de la région. Leur genèse dans le temps est mal établie.

Ce sont des morceaux longs d'une quinzaine de cm de « rats de cave », fines mèches enrobées de cire qu'on enroule au pied de bougeoirs particuliers du même nom. Appelés communément «copézias» ou «compèzias». ils sont aussi désignés comme « coupons », allusion à leur étymologie la plus vraisemblable qui renvoie à l'action de trancher ou couper les rats de cave. Leurs dessins fondés souvent sur la croix ou la spirale, parfois quadruple, véhiculent des symbolismes archaïques. Bénis par le curé du village à la Chandeleur (fête des chandelles), le 2 février, en l'honneur de la Sainte Vierge, ils protègent en principe des accidents et de la foudre (incendie), Mais ils visent également à se prémunir contre les esprits malins et contre les mauvais sorts jetés par les sorcières ou « macrâles » dont la coutume a longuement entretenu le souvenir apeuré au fond des campagnes. A ce titre, ce ne sont que des variantes, durables, des moyens généralement mis en œuvre pour interdire aux esprits maléfiques de franchir l'huis (Michel Anselme, Hesbaye namuroise, 1983 - books.google.com).

Cette fonction de "couper les rats" associée à la protection contre la foudre fait penser à la fable intitulé Batrachomyomachie : Le combat des grenouilles et des rats.

C'est le premier livre attribué à Homère imprimé à la Renaissance : un croisement entre la Chanson de Roland et Rabelais, rétréci aux dimensions de la fable d'Esope.

Fabricius (Biblioth. Graecae lib. II, c. II, par. I) suppose que c'est au combat des rats et des grenouilles décrit dans notre poème, que faisait allusion Alexandre-le-Grand, alors que recevant la nouvelle du combat entre les troupes d'Antipater et celles d'Agis qui fut tué, roi de Sparte, devant Megalopolis en Arcadie, il dit, selon Plutarque : « Il semble, mes amis, que, pendant que nous avons ici défait Darius, il s'est passé en Arcadie une querelle de souris.» (La Batrachomyomachie, annoté par Jules Berger de Xivrey, Giacomo Leopardi, 1837 - books.google.com, La Batrachomyomachie d'Homère, traduit par Yann Migoubert, 1998 - books.google.com).

Ainsi parla Jupiter. Mars lui répondit aussitôt: Ô fils de Saturne, la puissance de Pallas ni celle de Mars ne pourront empêcher la perte des grenouilles. Allons tous à leur secours; ou bien lance cette arme puissante, dont tu fis périr et la race sauvage des Géans , et les Titans qui surpassaient tous les êtres par leur force ; cette arme qui attacha Encélade au rocher de l'Etna. Il dit, et le fils de Saturne lança sa foudre enflammée. D'abord le tonnerre gronda; le vaste Olympe fut ébranlé, et la foudre, arme terrible de Jupiter, s'échappa en tournoyant de la main du roi des dieux. Les rats et les grenouillles furent saisis d'épouvante; cependant l'armée des rats ne cessa pas de combattre, elle s'acharna davantage à détruire la race des grenouilles guerrières. Enfin Jupiter, du haut de l'Olympe, eut pitié d'elles, et leur envoya promptement des défenseurs au dos armé d'enclumes, aux pinces recourbées, à la démarche oblique et tortueuse ; leur gueule est armée de ciseaux, leur corps couvert d'écailles et d'une nature osseuse, leurs épaules sont larges et brillantes, leurs jambes tortues, leurs pinces fortes, leurs yeux placés dans la poitrine; ils ont deux têtes, huit pieds, point de mains, et s'appellent Écrevisses. Aussitôt avec leurs dents ils coupent les queues des rats, leurs pieds, leurs mains, et courbent leurs lances. La terreur s'empare des malheureux rats; il ne peuvent résister à de tels ennemis, et prennent la fuite. Mais déjà le soleil descendait au couchant, et cette guerre finit avec le jour. (La batrachomyomachie ou le combat des rats & des grenouilles, Ladvocat, 1823 - books.google.com).

Gargantua/Jupiter - Pantagruel/Bacchus

Badebec (basse de bec) ou de voix basse, les femmes n'ayant pas droit au chapitre, meurt à la naissance de Pantagruel comme Semélé à celle de Dionysos. Le Gargantua, modèle de la pierre ou du bétyle, né de Grandgousier, le Saturne qui avalait ses enfants, est un Jupiter.

Cet isomorphisme solaire, mâle, céleste, qui gravite autour des bétyles et des sommets, c’est celui que découvre Dontenville la tradition celtique où les montages et les rochers sont consacrés à l’Apollon celte, au dieu Belen. Les hauts lieux Ballan, Balan, Ballon et qui contractent en Balaon ont été primitivement Baladunum, c’est-à-dire Butte de Belen. Toute la toponymie Française vient en renfort de cette thèse : tous les monts Beillard, Billard, Bayard, toutes les Bellegarde de France. Mais le nom du dieu solaire va s’associer encore plus étroitement au nom même de la pierre et du mont. Le nom du géant divin et solaire du folklore français, Gargan ou Gargantua, ne dérive pas en effet de l’image racine garg qui signfierait gosier, mais d’une racine plus primitive, pré-indo-européenne selon Dauzat, kar ou kal, gar ou gal, signifiant pierre et que Dontenville décèle jusque dans le nom de la Gorgone pétrifiante ou celui du substitut chrétien de Gargantua, Saint Gorgon. En Breton, le rocher s’appelle encore karrek et la racine réapparaît aussi bien dans la géographie physique de l’Angleterre avec les monts Cormelin et Cormolin que dans le Karmali Dagh de Bithynie, le fameux Djebel Carmel, le mont Kalkani mycénien, et enfin dans nos multiples lieux-dits élevés : Cormeille, Charmeil, Corbel, Corbeil, Corbaille, Caramel au-dessus de Menthon et Charamel du plateau de Thorens, tous hauts lieux de culte solaire signalés par des pierres ou rochers que le folklore dit être gravois, excréments, ou dépattements du bon géant Gargantua. Mais ce qui intéresse surtout notre propos, c’est al double polarité que Dontenville détecte dans l’isomorphisme que révèle la toponymie des hauts lieux Celtiques. Le christianisme a en effet rebaptisé les hauts lieux en les vouant à Saint Michel Archange, et l’inflexion cor de la racine celtique est ambivalente et renvoie soit au bétyle, soit à l’oiseau corbeau. Saint Michel, vainqueur du démon aquatique des périls de la mer, grand pourfendeur de dragons, est le successeur ailé du géant Gargantua. On le retrouve aussi bien sur la célèbre presqu’île française, qu’en Tarentaise, sur différents sommets savoyards ou encore sur le fameux Monte Gargano des Pouilles, dénommé aussi Monte San Angelo. A travers un Kalkas grec, l’archange chrétien ne serait rien d’autre que l’Apollon pré-grec et pré-celtique.

En corrélation avec son hypothèse de la quadripartition temporelle, Dontenville échafaude une explication fort judicieuse des trinités et tétranités manifestes dans le folklore celtique : la nuit est Orcus, le clair soleil est Apllon-Belen, quant à la trosième personne c'est Gargantua le Fils, « face occidentale du Père », Gargant-Gargantua assimilé au soleil couchant (Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'imaginaire: introduction à l'archétypologie générale, 1984 - books.google.com).

Rhéa fit avaler un bétyle à Saturne qui l'avait au fond du gosier à la place de Jupiter. Grandgousier est le père de Gargantua comme Saturne est le père de Jupiter.

Jean Markale évoque le breton classique gargam, "cuisse courbe" pour Gargantua.

Avec Rabelais, disciple de l’ivresse sacrée de Dionysos et de Bacchus, l’art français du vin se fait chantre de la gaieté, célébration du partage, du plaisir et de la convivialité des « illustres buveurs ». Voilà pourquoi jaillit toujours d’un vin le rire énorme et spirituel de Pantagruel (Michel Hansen, Emeric Sauty de Chalon, L'art français du vin, 2006 - books.google.com).

Au moys de juin, au jour des festes Vestales, celluy propre on quel Brutus conquesta Hespaigne, et subjugua les Hespaignols, on quel aussi Crassus l’avaricieux feut vaincu et defaict par les Parthes, Pantagruel prenant congié du bon Gargantua, son pere, icelluy bien priant, comme en l'eglise primitive estoyt louable coustume entre les saincts christians, pour le prospere naviguaige de son fils et toute sa compaignie, monta sus mer au port de Thalasse, accompaigné de Panurge, frere Jean des Entomeures, Epistemon, Gymnaste, Eusthenes, Bhizotome, Carpalim, et aultres siens serviteurs et domesticques anciens, ensemble de Xenomanes le grand voyageur et traverseur des voyes perilleuses, lequel certains jours par avant estoyt arrivé au mandement de Panurge. Icelluy, pour certaines et bonnes causes, avoyt a Gargantua laissé et signé en sa grande et universelle hydrographie, la route qu'ilz tiendroyent, visitants l'oracle de la dive bouteille Bacbuc.

C'est sans doute d'après cette note de Le Duchat que M. D. L. remarque que Rabelais a dit le sept fautivement dans ses Annotations. - En effet, dans les remarques du livre IV, attribuées mal-à-propos à Rabelais, et dans l'Alphabet de l'auteur, en lit, au mot VESTALES : Festes en l'honneur de la deesse Vesta en Rome. C’est le septiesme jour de juin. - Ces fêtes vestales, ou les fêtes de Vesta, qui étoient én même temps celles des boulangers, des meuniers, et des ânes, se célébroient en'effet le 9 juin. Ce jour—là on couronnoit les ânes de guirlandes de fleurs; ou les promenait dans les villes, avec (les pains en guise de collier; et les meules qui servoient écraser le bled, étoient aussi couronnées de fleurs. Comme c'est ce jour—là que Pantagruel prit congié du bon Gargantua son père, et que c’est le 31 mars 1547 que François Ier mourut et fit ses adieux à son fils Henri; qu'il fut inhumé le 22 avril; et que Henri II fut sacré et couronné à Reims, le 22 juillet suivant, il n'y a pas (le doute que Rabelais, qui n'osait préciser aucune époque, ou au moins en marquer clairement aucune, n'ait choisi celle des fêtes vestales qui tient le milieu entre l'époque de la mort de François Ier et celle du couronnement de son fils, pour indiquer ce couronnement, et qu'il ne l'ait préférée malignement, parce que les calendriers romains marquent ce jour-là le couronnement des ânes; et cela, non seulement pour faire une allusion manifeste au couronnement de Henri Il et de Catherine de Médicis, mais à celui de Diane de Poitiers, qui fut pour ainsi dire couronnée, ainsi qu'avec son royal amant, à la duchesse d'Étampes, qui fut exilée et renvoyée à son mari. Peut-on douter maintenant que l'embarquement de Pantagruel sur une grande et maistresse nauf, ne soit le couronnement et l'avènement de Henri II au gouvernement du vaisseau de l'état ? (Charles Esmangart, Éloi Johanneau, Œuvres de Rabelais, Volume 5, 1823 - books.google.com).

Le 9, arrivent les Vestalies. On porte au temple de Vesta les mets les plus délicats; les dames Romaines s'y rendent dans leurs plus beaux atours; elles vont de là au Capitole, où l'on a élevé un autel à Jupiter Pistor, c'est-à-dire, protecteur des grains (Alexandre Étienne G. Théis, Voyage de Polycléte, ou Lettres romaines, 1825 - books.google.com).

Pistor est un surnom de Jupiter. Pendant que les gaulois assiégeoient le capitole, Jupiter, dit on, avertit les assiégés de faire du pain de tout le bled, qui leur restoit, & de le jetter dans le camp ennemi pour faire croire qu'ils ne seroient pas de longtems réduits à manquer de vivres : ceci réussit si bien que les ennemis levèrent le siège. Les romains en actions de grâces, érigèrent une statue à Jupiter dans le capitole, sous le nom de pistor (Pistor signifie boulanger, meunier, celui qui écrase le bled sous la meule, du verbe pistare écraser) (Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières: antiquitée, mythologie, diplomatique des chartes, chronologie, Volume 4, Panckoucke, 1792 - books.google.com).

Selon un motif du conte de « Jean le Fort » et donc par contamination, Gargantua, mettant la famine dans le pays, on le fit trébucher dans un puits, et on lui lança des meules de moulins sur la tête pour l'écraser (Henri Dontenville, Histoire et géographie mythiques de la France, 1973 - books.google.com).

Les Grecs et les Romains eurent pour toutes ces sottises le respect le plus religieux, tant qu'ils ne furent point éclairés par la culture des sciences; mais ils s'en désabusèrent peu à peu. Caton, consulté sur ce que pronostiquaient des bottines mangées par des rats, répondit qu'il n'y avait rien de surprenant à cela; mais que c'eût été un prodige inouï, si les bottines avaient mangé les rats. Cicéron ne fut pas plus crédule; la miomantie n'est pas mieux traitée dans ses livres (Histoire romaine de Tite Live, Volume 6, traduit par A. A. J. Liez, Nicolas Auguste Dubois, Pierre Victor Verger, 1835 - books.google.com).

La myomancie divination pratiquée au moyen des rats et des souris. Les anciens tiraient des présages malheureux, ou de leur cri, ou de leur voracité. Elien raconte que le cri aigu d'une souris suffit à Fabius Maximus pour se démettre de la dictature; et, selon Varron, Cassius Flaminius, sur un pareil présage, quitta la charge de général de cavalerie. Plularque rapporte qu'on augura mal de la dernière campagne de M. Marcellus, parce que des rats avaient rongé l'or du temple de Jupiter. Un Romain vint un jour fort effrayé consulter Caton, parce qu'un rat avait rongé un de ses souliers. Caton lui répondit que c'eût été un prodige bien plus étrange et un présage bien autrement important, si son soulier eût rongé le rat (Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde, Volume 3 Migne, éditeur, 1837 - books.google.com).

On rappelle que le mot muscle en grec comme en latin vient du nom de la souris (mus en latin).

Dionysos, en complément, est loin d'être le dieu, abusivement simplifié, de l'enthousiasme et du désir amoureux. Fils de Zeus a de Sémélé, il est le dieu né deux fois. En effet, Zeus, dont la splendeur foudroya la simple mortelle, dut retirer le dieu encore à naître du corps maternel consumé, pour le placer dans sa cuisse. Cette double naissance et cette double gestation symbolisent, en fait, l'initiation : naissance, mort et renaissance. La cuisse de Zeus ajoute alors symboliquement aux pouvoirs initiatiques de Dionysos la force exceptionnelle présente dans le muscle du père des dieux. Ainsi, Dionysos est dieu de la vie jaillie de cette union foudroyante entre le dieu et la terre (une mortelle). Les mythes en font donc un dieu de la végétation, de la vigne, des fruits, du renouveau saisonnier et, bien évidemment, de la fécondité animale et humaine. A bien regarder les aspects sociaux de son culte, il apparaît ainsi comme dieu de l'affranchissement, de la suppression des interdits (il a retiré des Enfers sa mère Sémélé pour l'introduire au séjour des Immortels), le dieu des défoulements et de l'exubérance. Le mythe de Dionysos témoigne ainsi du violent effort des hommes pour rompre la barrière qui les sépare des dieux. Les débordements sensuels et la libération de l'irrationnel sont des voies d'accès vers le surhumain, le dépassement d'une condition étriquée vers un épanouissement de nos aspects divins. Dionysos est donc le symbole de la spiritualisation. Il est dieu de la ferveur a de l'union mystique. Il est le dieu du devenir, le dieu de l'Etemel Retour (simplifié dans la symbolique de la double naissance et des renouveaux saisonniers), sans cesser d'être le dieu de l'ivresse multiple. Il symbolise en profondeur l'énergie vitale tendant à émerger de toute limite, il est le flot qui jaillit et tente de monter au plus haut. Par là même, Dionysos actualise la multiplicité, la diversité des sensations et des situations, potentialisant, même mouvement, l'identité de l'âme humaine (génératrice de ces pulsions sans en être une elle-même). Il est ainsi du côté de la perception immédiate, de la connaissance, alors qu'Apollon est plutôt du côté du savoir raisonné. L'un serait un modèle cognitif, l'autre, un modèle normatif. Loin d'en faire un couple aux caractéristiques duelles (maintien — exubérance, rationnel - irrationnel, harmonie - désordre, ...), cette opposition révèle l'aspect complémentaire et nécessaire des deux approches symbolisées par ces dieux (Patrick Trousson, Le recours de la science au mythe: Pour une nouvelle rationalité, 1995 - books.google.com).

Le livre V de Pantagruel fait une large place à Bacchus, qui s'en alla aux Indes, comme Pantagruel aux Îles.

« Le secund dict: Ma femme engroissera, mais non « de moy. Cor Dieu ie le croy. Ce sera d'ung beau petit « enfanlelet que elle sera grosse. Aultrement, vouldriez « vous que ma femme dedans ses flânez me pourtast ? me « conceut? me enfantast? et que on dist, Panurge est « ung secund Bacchus. Il est deux foysnay. Il est renay, « comme feut Hippolytus, etc., sa femme était grosse de « luy. Erreur; ne m'en parlez jamais. » (Pantagruel. LIV. III. Ch. XVIII) (L. Platt, Dictionnaire critique et raisonné du langage vicieux, ou réputé vicieux, par un ancien professeur, 1835 - books.google.com).

On peut se demander pourquoi Rabelais a adapté ce terme grec comme Panurge et non pas comme Panourge, comme on pouvait s'y attendre. Peut-être pour que son nom soit complètement compris dans celui de son maître ? Car le mot Panurge est entièrement inscrit dans Pantagruel, mot qui peut se décomposer en panurge + tal, peut-être alt comme l'indiquent Rigolot (1977 : 103-104), Croquette (1980 : 13) et Defaux (1997 : 311). Pour Manhaval (2007 : 360-361) c'est bien tal, dans son double sens de «pareil» (latin talis) et de «jeune pousse, tige secondaire d'une plante ». Dans ce cas Panurge serait « un double de Pantagruel, un germe intérieur qui attendait son heure pour s'épanouir ». Les deux interprétations ne sont pas très éloignées. Panurge serait «l'autre face de Pantagruel, alter ego » (Rigolot, 1977 : 104) : «Panurge est l'alter ego, à la fois le même et l'autre de Pantagruel. Pour sa part, Pantagruel est un Panurge altéré, un Panurge transformé, changé, converti» (Defaux, 1997 : 311) (Alicia Yllera, Panurge, évolution d'un personnage protéen, Communication et écritures : autour de la linguistique et de la littérature françaises, 2012 - books.google.com).

Gargantua, les rats et la foudre

Et puis, en recherchant l'origine des vocables, n'arrive-t-il pas, presque inévitablement, qu'après de nombreuses déductions, on se trouve arrêté par un mot plus ou moins primitif, dont on ne peut découvrir la racine ? Les étymologies ressemblent en ceci aux fanfreluches antidotées, qui furent trouvées en un monument antique, avec la généalogie de Gargantua, et dont les rats et blattes ou autres malignes bestes avoyent brousté le commencement (Rabelais, Gargantua, Livre I, chap. I) (Mémoires de l'Académie nationale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, Série IV, Tome II, 1852 - books.google.com).

Dans un pastiche de Rabelais écrit par Balzac, Gargantua s'en prend à la gente ratière :

Il charge un "Muzaraigne" de veiller sur ces biens. Celui-ci s'acquitte d'abord au mieux de cette tâche, mais il est séduit par une souris, et peu à peu toutes les souris et les rats du voisinage vont dévorer le bien de Gargantua. A la fin ce dernier intervient : il écrase une partie de « ceste vermine rigolleuze », et le Muzaraigne « feust miz à mort, mais en sa qualitez de gentilhomme il eust la teste trenchée » (Bulletin, Volume 5,Numéros 1 à 9, Association des amis de Rabelais et de la Devinière, 1992 - books.google.com).

On peut encore rapprocher de la légende de Gargantua le mythe des Cyclopes, personnification de la foudre et des feux volcaniques qui furent de même transformés par la légende hellénique en une race de géants auxquels l'imagination populaire fit remonter l'origine des antiques constructions, et, comme au moyen âge, dit M. Alfred Maury, elle attribuait aux géants, aux génies, au diable, les restes de constructions celtiques dont l'aspect rappelle celui des constructions pélagiques (Paul Sébillot, Gargantua dans les traditions populaires, 1883 - books.google.com).

Abracadabra et Quatre de chiffre

Le second Tome de l'Antiquité expliquée, contient un grand nombre d'Abraxas tirez de ces pierres gravées des Basilidiens, où ils mêloient le culte du vrai dieu, avec celui des Egyptiens, & quelque fois aussi des Grecs & des Romains. Ils donnoient à des femmes & a des gens simples, ces pierres gravées, comme des préservatifs & des remedes contre differentes maladies.

II. Abraxas de Jupiter : La premiere est toute mystérieuse. On voit d'abord Iupiter assis sur une chaise. Il tient de la main droite élevée , un instrument qui ressemble à un quatre de chiffre. Sur sa tête est une autre figure. C'est un globe qui a au milieu deux bandes croisées d'une autre large bande, à chaque extrémité on voit une grande aile; c'est ce qu'on remarque souvent dans les monumens Egyptiens ; ce globe est environné d'une figure irréguliere; au bout d'une des ailes est représenté le soleil dans un croissant de lune. Les deux bandes paralleles qui coupent le globe pourroient marquer la Zone torride, & les ailes la vitesse du soleil. Sur le bas vis-à vis des jambes de Jupiter est un cancer signe du Zodiaque, qui marque peut-être que la pierre a été gravée quand le soleil étoit à ce signe. L'image de dessous est encore plus extraordinaire. C'est un roi mort & emmailloté depuis la tête,comme on en voit plusieurs entre les figures Egyptiennes. Ces bandes en se croisant font des figures rhomboïques, comme d'anciens carreaux de vitre. Il est étendu sur une piece de bois ; ce qui passe au-delà de la tête de ce Roi est herissé de pointes, qui ne sont peut-être pas mises là sans mystere. Ce Roi mort dont la tête est ornée d'une couronne radiale, est soûtenu sur une planche portée par un lion. C'est Osiris comme on l'a prouvé ci-devant. L'image est fort differente des autres que nous avons décrites ci-devant, lorsque nous parlions d'Isis & d'Osiris, quoiqu'elle represente sans doute la même histoire. Dans les autres ce qui soûtient Osiris n'est pas un lion vivant comme ici; mais c'est un banc accommodé à la maniere d'un lion, & qui a la tête, la queuë, & les jambes d'un lion. La couronne d'Osiris mort ne se voit qu'ici. La sculpture & les figures n'ont rien de ce goût Egyptien qui se trouve dans les autres images, comme le verront d'abord ceux qui auront quelque usage de ces monumens de l'Antiquité. Quoique l'on voie ici des marques évidentes de la superstition Egyptienne : ce n'est pas assûrement un Egyptien qui a gravé cette pierre. Plusieurs Basilidiens qui n'étoient pas Egyptiens, mettoient pourtant sur leurs pierres des figures Egyptiennes. Nous avons parlé ci-devant assez au long des autres images qui représentent Osiris mort. Il y a encore une chose a remarquer ici, c'est que dans la table isiaque, où l'on voit dans la bordure d'en bas, Osiris étendu, il y a au-dessus de lui un globe avec des ailes étendues, telles que nous les voions ici au-dessus de la tête de Jupiter. ViS-à-vis du lion est un caractere qui n'a point de semblable parmi les hieroglyphes que j'ai vûs jusqu'à present. Dans ces amuletes tout signifioit quelque chose (Bernard de Montfaucon, Adamoli, Supplément au livre de l'Antiquité expliquée et représentée en figures, 1724 - books.google.com).

Abraxas où Jupiter tient dans une main un objet en forme de quatre de chiffre (foudre ?), in Supplément... de Montfaucon

Au XVIe siècle, Ambroise Paré, XXV, 31 cité dans Littré note : "c'est un plaisir que d'entendre telle manière de faire la médecine, mais entre autres ceste-cy est gentille, qui est de mettre ce beau mot abracadabra en une certaine figure qu'escrit Sérenus pour garir de la fiebvre). Formule magique, passant pour guérir les maladies, attestée au début du IIIe siècle dans un poème didactique latin : Serenus Sammonicus, Liber medicin., 935 ds TLL s.v., 128, 14 : inscribis cartae quod dicitur abracadabra. Selon l'hypothèse traditionnelle, emprunté au grec où le c issu de la confusion entre sigma et xi a été pris pour K, mot problement forgé par les gnostiques basilidiens à partir du grec abraxas. Selon une hypothèse récente (E. Katz, Abrakadabra und Abraxas dans Zeitschrift für die Geschichte der Juden, I, 1964, 179-187) abrakadabra est un mot magique d'origine hébraïque attesté dans tradition latine et grecque et qui, lu en boustrophédon, conformément à l'hébr. : arba- dak - arba, signifie littéralement « Que le quatre anéantisse le quatre » (hébr. arba « quatre »; hébr. dak, impératif du verbe DDK « casser, anéantir ») c.-à-d. « Dieu (quatre étant un cryptogramme représentant le Tout-Puissant) maîtrise (en cassant, anéantissant) les quatre éléments »; la symbolique des nombres de cette formule, disposée en triangle, et son explication conformément aux coutumes de la gnose révèle sa vertu de protection contre les maladies (www.cnrtl.fr - Abracadabra).

Proprement abrasadabra, car en grec il s'écrit ABPACADABPA. On fait venir ce mot de l'hébreu ab, père, ruah, esprit, et dabar, parole. D'après cette étymologie, il désignerait la Trinité, Grotefend (Ersch's und Gruber's Encyclopédie, I) le regarde comme composé du mot persan abrasas, dénomination mystique de la divinité, et de l'hébreu dabar, parole, parole divine (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française: et supplément, Volume 1, 1863 - books.google.com).

D'autres prétendent que le mot Abrasax est formé des lettres initiales des mots hébreux, Ab, Ben, Ruach Hakodesch (Père, Fils et Saint-Esprit), et des initiales des mots grecs, sôtêria apo xulou (le salut vient du bois de la croix ). Le mot Abrasax n'est ni égyptien, ni grec, ni hébreu, mais persan, et désigne selon saint Jérôme, Mithras, qui, chez les Perses, est le dieu du soleil (Dictionnaire de la conversation et de la lecture: A - Ame, Volume 1, Belin-Mandar, 1832 - books.google.com).

On peut avoir Abraxas, abracax, abrasax. Abrasax vaut 365 en numération grecque : a 1, b 2, r 100, a 1, s 200, a 1, x (ksi) 60.

Père/ESprit/Parole renvoie au doublement des syllabes de Palaja : papa-lala-jaja (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Les 7 boules de cristal).

Plusieurs étymologies d'origines orientales ou moyen-orientales sont attestées. Elle peut venir d'une transformation de l'araméen "adhadda kedhabhra" qui veut dire "que la chose soit détruite", ou "évra kedebra" qui veut dire "je créerai d'après mes paroles". Elle pourrait provenir de l'hébreu « Ha brakha dabra », qui signifie « la bénédiction a parlé », ou « Abreg ad Habra », « envoie ta foudre jusqu'à la mort » (fr.wikipedia.org - Abracadabra).

Symbole astrologique de la planète Jupiter

Les Romains, dit-on, n'admettaient d'abord qu'une seule foudre, celle de Jupiter. Ils en distinguèrent ensuite deux : la foudre diurne (dium fulgur), émanée de Jupiter, et la foudre nocturne, lancée par le dieu (Jupiter) Summanus. Telle fut peut-être la plus ancienne doctrine étrusque. Mais les orages diurnes étant plus fréquents et la personnalité de Jupiter dominant celle de son homologue Summanus, les devins portèrent à trois le nombre des foudres lancées par Jupiter, de sorte que le total des manubiœ, diurnes et nocturnes fut de quatre (Auguste Bouché-Leclercq, Histoire de la divination dans l'antiquité: divination hellénique et divination italique, 1882 - www.archive.org).

LE foudre dans le langage du blason est un faisceau de flammes à quatre dards vivrés (en zigzag) et passés en sautoir. C'est le symbole le plus clair de l'action du Tout-Puissant dans sa quadruple puissance soutenue par le char de feu des Quatre Vivants. Notons à ce propos qu'en astrologie, le signe de Jupiter, dont le foudre est l'attribut, reproduit le chiffre quatre en zigzag (Gérard de Sorval, Le Langage secret du blason, 1981 - books.google.com).

En Europe, le culte de l'archange saint Michel (comme celui de saint Georges), s'est superposé à des croyances antérieures enracinées, liées notamment au personnage de Gargantua. Saint Michel serait apparu en 492 au Mont-Gargan en Italie, puis en 709 au Mont-Saint-Michel, dénommé antérieurement mont de Guargant (Intermédiaire des chercheurs & curieux, 1986 - books.google.com).

La foudre est une arme entre les mains de l'archange Michel qui frappe tel une flèche, les jeunes diables. Quant au tonnerre, c'est le bruit de son tir. Selon une autre croyance, Michel est appelé «détenteur de la flèche de Péroun», ce qui le relie directement au dieu païen de l'orage: Le tonnerre provient de la poursuite des diables par l'archange Michel. Ils essayent bien d'échapper à l'archange en se réfugiant dans les maisons, les églises et les êtres vivants. Mais dès que Michel les voit, il lance contre eux une flèche (appelée flèche de Péroun) et détruit tout, le diable y compris, par le feu. Cette flèche est aussi appelée «flèche du tonnerre», par exemple dans les paroles magiques: Que l'archange Michel envoie contre le méchant la flèche du tonnerre. Parfois, Michel «dirige» le tonnerre avec un autre archange, Gabriel: Le tonnerre est une arme terrible dans le ciel pour terrasser les démons qui blasphèment contre Dieu. Il est dirigé par les archanges Michel et Gabriel. Un autre exemple: : On remarque qu'avant le coup de tonnerre et l'éclair, une croix se forme. Cela signifie que l'archange Michel bénit avec la croix et que l'archange Gabriel tire sur le diable. Dans d'autres cas, Michel est identifié au prophète Élie dans la fonction de lanceur de foudre : Le tonnerre et la foudre sont créés par Dieu pour l'anéantissement des diables. Le tonnerre et la foudre sont dirigés par l'archange Michel et saint Élie; ce sont eux qui anéantissent le diable (Nadezhda Stangé-Zhirovova, Une autre Russie, 1998).

On peut rapprocher le russe mych (souris) et Mikhael, l'anglais mice de Michael qui donne Mickey Mouse (ainsi appelé en 1929 après avoir porté le nom de Mortimer en 1928).

Racine Much : prendre, dérober, blesser, tuer. MUCH-A, qui prend, qui dérobe, latin Mus, ancien allemand Mus, allemand Maus, en angl. Mouse ; grec Mus ; persan Much ; nom d'un oiseau de l'ordre des passereaux, auquel les peuples germaniques reconnaissent quelque analogie avec une souris (Louis Delatre, La langue française dans ses rapports avec le Sanscrit et avec les autres langues indo-européennes, Tome 1, 1854 - books.google.com).

Le piège à souris du quatre de chiffre, tel est pris qui croyait prendre (much).

Le Signe des Quatre

Une cohabitation remontant aux origines de l’humanité et toujours placée sous le signe de l’adversité. Ennemis redoutés pour leur voracité et les maladies qu’ils véhiculent, leur capacité à proliférer, une prédilection pour les endroits sombres et humides, toutes caractéristiques propres à les rendre détestables, les rats incarnent tout naturellement les maux de l’humanité. A l’époque où vit Holmes, la promiscuité avec les rongeurs est permanente, en ville (Londres était une ville sale envahie par la vermine), à la campagne, sur les bateaux… Le détective se trouve confronté aux rats en plusieurs occasions, dont la plus mémorable (pourtant non décrite dans le Canon), est celle où, comme nous l’avons vu précédemment, il en découd avec le rat géant de Sumatra. Dans leur bestiaire philosophique, Ruaud et Mauméjean rapprochent l’histoire de ce monstre d’une publication de Freud «L’homme aux rats ». Celle-ci décrit une névrose induisant un sentiment de culpabilité permanent, doublé d’une intelligence qui ne s’assume pas. Les auteurs en viennent à l’interprétation selon laquelle le rat serait pour Holmes « le pendant négatif de l’abeille. Un animal à la forte structure sociale, sans cesse au travail, mais évoluant dans les ténèbres là où l’abeille vole en pleine lumière. La face sombre de la raison […] » Ruaud et Mauméjean rappellent enfin le fait qu’il existait dans l’Antiquité, une forme de voyance, la myomancie, qui se basait sur les cris et la voracité des rats et souris (Camille Clerc-Pithon, Des rats et des hommes..., Présence, rôle et signification des animaux dans une oeuvre d’Arthur Conan Doyle : les aventures de Sherlock Holmes, 2006 - www2.vetagro-sup.fr).

Il n'y a pas de symbole attaché au "Signe des quatre" qui n'est que l'expression textuelle : "et sur la poitrine du mort était fixé un morceau de papier avec ces mots griffonnés : le Signe des Quatre. Nous n’avons jamais appris ce que signifiait cette expression, ni qui en était l’auteur."

On retiendra de la confession de Jonathan Small, privé de sa part du trésor d'Agra (Inde), ces quelques passages qui confirme la présence des abeilles et rongeurs dans l'oeuvre de Conan Doyle :

Sécurité toute relative d’ailleurs ! Le pays entier s’agitait comme un essaim d’abeilles. [...] Je découvris la lanterne, jetant sur eux un filet de lumière. Le premier était un sikh gigantesque dont la barbe noire descendait presque jusqu’à la taille. Ailleurs que dans les cirques, je n’ai jamais vu d’hommes aussi grand. Son compagnon était petit, rond et gras, porteur d’un grand turban jaune sur la tête, et à la main il portait un paquet enveloppé d’un châle. Il tremblait de peur ; ses mains frémissaient comme s’il avait la fièvre et sa tête n’arrêtait pas de tourner de tous côtés ses petits yeux vifs aux aguets, à la manière d’une souris s’aventurant hors de son trou. J’eus froid dans le dos à la pensée de tuer cet innocent, mais la pensée du trésor me redonna un coeur de marbre. Lorsqu’il s’aperçut que j’étais européen, il poussa une petite exclamation de joie et se mit à courir vers moi (Arthur Conan Doyle, Le Signe des Quatre, 1890 - elg0002.free.fr).

Agra

Chiragre (prononcez kiragre) goutte qui attaque les mains de cheir (main) et agra (capture, prise). On le dit aussi du malade (J. B. Morin, Dictionnaire étymologiques des mots françois dérivés du grec et usités, 1803 - archive.org).

Myagrum, s. m. plante; en grec muagros, de mus, rat, et agra, chasse, parce qu’on attribue à cette plante la propriété de chasser les rats (J-B. Morin, Ansse de Villoison, Dictionnaire étymologique des mots françois dérivés du grec, 1809 - books.google.com).

Agra veut donc dire capture en grec, et le colosse sikh du Signe des Quatre a des allures de Gargantua.

C'est le nom d'un lieu de l'Attique, où Diane chassa pour la première fois. Il étoit près de la source de Illissus. Pausanias dit qu'il y avoit en ce lieu un temple dédié à Diane agroteras ou champêtre, & que sa statue y portoit un arc. Dans quelques manuscrits de Strabon, on lit Agrias (Edme Mentelle, Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières: géographie ancienne, Volume 1, Panckoucke, 1787 - books.google.com).

Depuis au moins la LXXe olympiade, c'est-à-dire le commencement du Ve siècle avant notre ère, Dionysos commença à être associé à Déméter en qualité de divinité de la production, en sorte que plusieurs fêtes de cette déesse, et notamment les Anthestéries, prirent un caractère qui les rapprocha des Dionysies. Dans les Anthestéries qui se célébraient au mois des fleurs, Anthestérion, on fêtait plus spécialement Perséphoné ou Cora et son retour sur la terre. C'étaient deux ordres de mystères. Les Anthestéries étaient désignées sous le nom de petits mystères ou encore de mystères d'Agra ou d'Agraœ, à cause du faubourg d'Athènes de ce nom, situé au delà de l'Ilissus et où se trouvait un temple destiné à la célébration de la fête (Alfred Maury, Histoire des Religions de la Grèce antique: depuis leur origine jusqu'a leur complète constitution. Les institutions religieuses de la Grèce, Volume 2, 1857 - books.google.com).

Cependant, c'est surtout dans les petits mystères qui se célébraient à la fin de l'hiver dans le bourg d'Agra voisin d'Athènes et qui préparaient aux grands mystères où se déroulaient réellement les rites initiatiques, que Dionysos tenait une place capitale, la première sans doute. Sa personnalité, sa vitalité mystique, ont apporté un élément nouveau aux mystères et on peut encore souscrire à l'idée de Girard qui pensait qu'« en se rapprochant de Cérès et de Proserpine, Bacchus introduit dans leur culte un degré de passion plus violent; ce qui revient à dire qu'il développe par un coté l'esprit des Mystères, dont un des effets est de soulager par l'émotion même. Il fait plus, il entre lui-même profondément dans la pensée fondamentale des Mystères, en opérant un rapprochement plus intime entre l'homme et la divinité, dont l'action sur l'humanité devient par lui plus énergique. C'est le sens de toutes les légendes sur Dionysos infernal, celles précisément qui mettent surtout le dieu en rapport avec les deux, déesses. Déjà le mythe thébain, le plus populaire, fait descendre Bacchus aux Enfers pour y chercher sa mère Sémélé et l'élever jusqu'à la gloire de la vie céleste. Bacchus n'est ici que d'un degré au-dessus d'Hercule; c'est un héros, à l'origine un homme : il porte donc la nature humaine, les souffrances et les passions des hommes dans le monde mystérieux où se décide leur destinée; il remplit, comme tous les héros, mais avec un pouvoir supérieur, puisqu'il peut remonter au ciel avec sa conquête, le rôle de médiateur entre les mortels et les puissances infernales. On saisit facilement l'analogie qui existe entre cette légende et la religion d'Éleusis, où il apparaît, sous le nom d'Iacchus, comme conduisant au sanctuaire la procession des initiés. Car c'est en qualité de médiateur qu'il semble avoir été chargé de cette fonction dans un développement de sa divinité postérieur à l'hymne homérique à Déméter, où il n'en est pas encore question. Il vient donc représenter plus distinctement dans le drame mystique l'humanité; mais ici il ne représente de l'humanité que l'élément le plus pur, le principe vivant qui ne peut périr, l'âme immortelle, avec les espérances et les droits qui sont attachés à son essence. Iacchus devient par là une sorte de génie des Mystères, car la pensée propre des Mystères, c'est l'union bienheureuse de l'humanité épurée avec les principes éternels de la vie. Enfin les mythes hardis de Dionysos-Zagreus, reprenant les idées élémentaires qui sont contenues dans la conception même du dieu, les développeront jusqu'à l'infini et le placeront à côté ou même au-dessus des Grandes déesses. C'est un dieu mâle de la végétation qui s'unit au principe femelle personnifié dans Cora; c'est un autre Hadès, qui règne souverainement sur les Enfers; c'est le fils de Cora et d'Hadès, ou bien encore de Cora et de Zeus, qui répand dans toute la nature la source invisible de la vie puisée dans les ténèbres infernales, et devient ainsi comme l'énergie productrice de Zeus lui-même. Tels sont donc les caractères particuliers de Bacchus en rapport avec les déesses de la production et des Mystères : il mêle à leur passion et à leur triomphe l'enthousiasme inhérent à sa propre passion et à son propre triomphe, et il donne sa plénitude et son énergie à la pensée des Mystères au sujet de la destinée humaine et du gouvernement du monde. (Guy Rachet, Le pèlerinage de Grèce, 1996 - books.google.com, Jules Girard, Le sentiment religieux en Grèce d'Homère à Eschyle étudié dans son développement moral et dans son caractère dramatique, 1869 - books.google.com).

Les enfants apprivoisent les souris. Horace (Satires, II, 3, 247-254) nous parle de cet animal attelé à de petits chariots. Sur une œnochoé des Anthestéries, exposée au Musée d'archéologie méditerranéenne de Marseille, on voit un enfant chasser une souris attirée par du raisin. Au cours de la fête des Anthestéries, des gâteaux et des friandises étaient distribués. Ces dernières étaient souvent enveloppées dans un linge à l'abri de la poussière. Parmi celles-ci, le raisin était une des douceurs les plus appréciées de la fête. Séché à l'automne et conservé jusqu'au printemps, il attire à juste titre une souris. L'enfant ne veut pas se laisser voler sa friandise, comme le représente la scène du vase n° 63 (Odile Cavalier, Agnès Durand, Michel Manson, Micheline Rouvier-Jeanlin, Jouets et jeux de l’enfance, Jouer dans l'antiquité: Musée d'archéologie méditerranéenne, 1992 - books.google.com).

Dans les récentes épidémies de peste en Chine et dans l'inde ou a noté que les souris ont une part très importante dans la diffusion de la maladie. Ce fait a été signalé pour la première fois à l'attention des Européens en 1881 par les missionnaires français du Yunnan et par Rocher, consul de France a Mong-tzé, mais il semble qu'il est connu depuis longtemps et redouté par les indigènes des régions de l'Hymalaya où la peste est endémique comme de ceux de l'île de Formose (Ogata), et Hankin l'a trouvé indiqué dans les mémoires d'Ichangir-Schangir, empereur des Indes, relativement à la peste d'Agra en 1618. (Dr Loriga, La prophylaxie de la peste, La Lancette française: Gazette des hopitaux ciuils et militaires, Volume 72, 1899 - books.google.com).

Les rats, la peste et la foudre

Un nom assez tardif sanskrit du rat est vajrasasana, littéralement "dent-foudre".

L'Apollon de l'Iliade lance des flèches sur les bêtes puis sur les hommes. C'est un dieu tour à tour meurtrier et médecin, un dieu dont l'arc est l'arme préférée, dont les flèches procurent les morts subites, les épidémies, les épizooties. Il existe un Apollon Loimios qui est le dieu des épidémies (sens du mot grec loimos).

Il est caractéristique que l'Apollon « de la peste », dans l'Iliade, est en même temps un Apollon au rat, tandis que les médecins Rudra et Asklèpios sont des dieux-taupes ou des dieux à la taupe. Nous avons simplement affaire à un second type de classification des rats. La taupe est un rat aveugle, un rat infirme, donc, suivant la logique propre à la magie, rendu incapable d'exercer son pouvoir maléfique (et il semble que dans le monde gréco-romain ait existé, précisément, un rite magique qui consistait à éventrer ou aveugler des rats, in vivo ou en effigie, pour les rendre inoffensifs. La taupe, d'autre part, vit normalement sous la terre : et les génies chtoniens, les esprits des morts par exemple (du moins tant qu'ils ne remontent pas au jour) sont généralement tenus pour bienfaisants. Les exemples ne manquent pas de personnages mythologiques odieux qui, une fois morts, et enterrés, deviennent une sauvegarde pour le sol qui les cache. Il est saisissant de constater qu'Oedipe, le mauvais génie (alastôr) de sa race, et qui fut cause d'une épidémie (comme le rat) une fois devenu aveugle (comme la taupe) frappé de la foudre (par Zeus, dans l'OEdipe à Colone de Sophocle - dans le bois des Euménides -, comme Asklèpios) et englouti par la terre (dans l'OEdipe à Colone de Sophocle, comme la taupe encore) devint un démon favorable, un protecteur du sol qui l'avait recueilli (Roger Goossens, Asklèpios, Apollon Smintheus et Rudra: études sur le dieu à la taupe et le dieu au rat dans la Grèce et dans l'Inde, 1949 - books.google.com).

Le Quatre de chiffre la Croix d'Huriel

La ligne gnostique sur laquelle repose le Sceau de Palaja forme avec la Croix d'Huriel un Quatre de chiffre. Ce signe marque le piège auquel fut pris, par exemple, Jacques d'Armagnac par le roi Louis XI. Jacques d'Armagnac, vicomte du Carladez (auquel Rouziers apparternait), fut jugé à Noyon où son procès avait été déplacé (Une poussée de mérovinginite : Jacques d’Armagnac et les Cacapétiens).

Saint Michel et la Croix d'Huriel

Saint Michel est présent à Bruis, Belcaire, Saint Michel de Fronsac. Il "chapeaute" la Croix d'Huriel en quelque sorte.

L'église paroissiale de Bruis était sous le vocable de l'Assomption de Notre-Dame du Palais; elle était située à côté de la tour seigneuriale, sur la hauteur qui domine le village, et fut démolie pendant les guerres de religion. Les habitants, en 1664, obtinrent l'autorisation de construire dans la plaine une nouvelle église qui fut placée sous le vocable de saint Michel.

C'est sous le vocable de Saint Michel qu'on désigne le cimetière de Belcaire (archives communales état civil année 1676). L'église Saint Côme et saint Damien de Belcaire, qui a le même vocable que celle de Trassoulas, possède une chapelle au nom de cet archange (www.belcaire-pyrenees.com).

Sur le montant vertical de la Croix d'Huriel, Douai, Meaux, Noyon, Montargis, gratifiées d'édifices consacrés à saint Michel.

On relève une statue remarquable de l'archange au musée de Montargis qui provient de l'abbaye de Ferrières, sur la Croix d'Huriel aussi.

A Douai, où une porte Saint Michel se trouvait à côté de celle de Lille, la chapelle de l'Hôtel de Ville était appelée aussi Chapelle Saint Michel (H. Pilate-Prévost, Notice historique sur l'hôtel-de-ville et le beffroi de Douai, 1838 - books.google.com).

Dans la cathédrale de Noyon, "une importante chapelle placée sous le vocable de saint Michel. L'autel de l'archange est en règle générale, aux Xe et XIe siècles, situé dans les parties hautes du massif occidental, et occupe encore cette place à Saint-Denis en 1140, alors qu'à Noyon, dans la seconde moitié du xne, il est transporté dans les parties hautes du choeur" (Charles Seymour, La Cathédrale Norte-dame de Noyon Au XIIème Siecle, 1975 - books.google.com).

La cathédrale de Meaux avait une chapelle Saint Michel sur le pourtour du choeur qui fut détruite en 1731, pour rendre le bas-côté du midi entièrement semblable à celui du nord Au midi, la chapelle, primitivement dédiée à saint Nicolas, prit le nom de saint Michel lorsqu'on supprima celle qui était dédiée à cet archange. Elle a été décorée par le chanoine Jean Bordel. Le chanoine Antoine Laurent, l'un des insignes bienfaiteurs de la cathédrale, mort en 1729, repose au pied de l'autel. La partie supérieure du portail méridional offre le même aspect que celui du nord : quatre fenêtres ogivales répondant à la galerie intérieure; grande verrière et fausse rose dans le pignon. Au-dessus de ce pignon, il existait encore, en 1731, une statue de saint Michel, qui est remplacée depuis longtemps déjà par une statue de la sainte Vierge (Auguste Allou, Notice historique et descriptive sur la cathédrale de Meaux, 1871 - books.google.com).

Belcaire

Dans les régions de Camurac et de Belcaire il était d'une opinion courante, au XVIIe siècle, que pour libérer l'homme du serpent avalé, il fallait le suspendre par les pieds après lui avoir fait avaler une drachme (quatre grammes) de jalpa en poudre. Et le serpent s'enfuyait par la bouche du pauvre malheureux. Dans le pays du Razés l'esprit venimeux ne sortait des entrailles de celui qui l'avait avalé que s'il respirait, au moyen d'un entonnoir renversé, la fumée de vieux souliers disposés sur des charbons ardents (Jean-Pierre Piniès, Croyances populaires des pays d'Oc, 1984 - books.google.com).

Cette fumée de vieux souliers fait penser à celle du poisson grillé sur des charbons ardents sensé chasser le démon Asmodée, selon les instructions de l'ange Raphaël (Bonnardel, Cours d'instructions familières, Volume 7, 1824 - books.google.com), associé à La Cassaigne sur le même montant de la Croix d'Huriel que Belcaire.

Tobie chasse le démon avec la fumée du cœur & du foye du poisson qu'il avoit pris sur le bord du Tigre (David Martin, Histoire du Vieux et du Nouveau Testament enrichie de plus de quatre cens figures en Taille douce, Tome I, 1700 - books.google.com).

"Soulier" viendrait selon Baïf (Re Vestiaria) de "solea" la sandale ou la sole, mais plus savamment du bas latin "subtelaris", chaussure pour la plante des pieds, du bas latin "subtel" creux sous le pied (Dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1969). Mais il a du y avoir une attraction de "solea".

La sole était nommée semelle des dieux, par allusion au mot solea (Dictionnaire des sciences médicales, Panckoucke, 1819 - books.google.com).

Le poisson de Tobie n'était pas une sole mais selon certains auteurs l'équille ou le silure glanis. La sole entre dans un régime pour soins ophtalmologiques préconisés par Maître Jean Ypermans (1295-1351), père de la chirurgie flamande (J. Carolus, La chirurgie de maître Jean Ypermans, 1854 - books.google.com).

Trassoulas, hameau de Belcaire, a pour étymologie populaire "trois soleils".

On voit trois soleils se battre, dit-on aux gens que l'on veut mystifier; mais pour les voir il faut monter sur une grande hauteur; c'est le vainqueur du combat qui éclairera la terre pendant toute l'année (Georges Dottin, Glossaire des parlers du Bas-Maine, département de la Mayenne, 1899 - books.google.com).

C'est une croyance encore répandue dans beaucoup de villages que le soleil danse le jour de Pâques. Mais cette gracieuse tradition populaire n'est que de la poésie, comme les trois soleils qui se lèvent sur l'horizon le matin de la Trinité (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Dictionnaire infernal, 1863 - books.google.com).

Quelquefois on voit plusieurs soleils en même-tems que le véritable, non pas au-dessus & au-dessous de lui, mais dans un alignement oblique. Cela ne se voit jamais au milieu, ni même au tiers, ni aux trois quarts du jour, non plus que la nuit, mais seulement au lever ou au coucher du soleil. Nos Peres ont souvent vu trois soleils ensemble, comme sous le Consulat de Spurius Posthumius & de Quintus Mutius ; sous celui de Quintus Martius & de Marcus Porcius ; pareillement sous celui de Marcus Antonius & de Publius Dolabella ; & encore sous celui de Marcus Antonius & de Lucius Plancus. Notre âge même a vu ce phenomene sous le Consulat de l'Empereur Claudius, de divine mémoire, dans l'année où il eut pour Collegue Cornelius Orfitus. Je ne vois pas que jusqu'a cet âge on ait jamais fait mention de plus de trois soleils vus en même tems.

L'année suivant le meurtre de Jules césar, Julius Obséquens notait que sous le consulat de Marcus lemidus & de Munatius Plancus, on vit trois soleils vers la trosième heure du jour ensuite les trois n'en firnt qu'un (Histoire Naturelle De Pline, 1771 - books.google.com).

Bruis / Fronsac

Le rapport entre Bruis et sa région et Fronsac ne tient, en l'état, qu'à la personne de Jacques d'Albon, maréchal de Saint André, mort à dreux le 19 décembre 1562. Il serait en relation avec la famille d'Albon, en possession du Viennois, et devenus Dauphins de cette seigneurie. Bruis se trouve en effet dans le Dauphiné. Jacques d'Albon sera récompensé du marquisat de Fronsac.

En 1549, la vicomté de Fronsac avait été achetée avec toutes ses dépendances par un cousin du roi de France, Jacques d'Albon, premier gentilhomme de la chambre du roi, maréchal de France (depuis 1547) et de Saint André (St-André-d'Apchon, dans la Loire), chevalier de l'Ordre de Saint-Michel et de la Jarretière, gouverneur et lieutenant général en Lyonnais, Bourbonnais, Auvergne, Forez, Beaujolais et Dombes.

C'est donc, nous le supposons, probablement à la demande de son cousin Jacques d'Albon que Henri II avait ajouté cette clause: « ...avons, de nostre mouvement, grace specialle, pleine puissance et authorité royalle, uny et incorporé, unissons et incorporons ladicte terre, seigneurie et chastelanie de Cuzaguets, ses apartenances et depandances quelconques, audict conté de Fronsac, et iceluy, ensemble lesdictes baronnies, terres et seigneuries, et depandans et adjaceans, decoré, creé, erigé et eslepvé, decorons, creons, erigeons et eslepvons, par ces presentes, en dignité, tiltre, nom et preeminence de marquizat, pour estre, doresnavant d'ici, nommé et appellé le marquizat de Fronsac... » (Pascal Reigniez, Cubzac et le château des Quatre fils Aymon: ethno-histoire d'un habitat en basse vallée de la Dordogne, 2009 - books.google.com).

La seigneurie majeure de Bruis appartenait à l'abbé de l'Ile-Barbe. Au-dessous de lui la famille de Mévouillon possédait une part de cette terre; le 2 juin 1242, Raymond de Mévouillon prêta hommage à l'abbé de l'Ile-Barbe ; en 1413, Pierre de Mévouillon-la-Chaup était encore coseigneur de Bruis.

La châtellenie de Cornillon s'étendait sur tout le bassin de la rivière de l'Oulle et comprenait beaucoup de paroisses actuellement dans le département de la Drôme telles que la Charce, Pommérol, Cornillac, la Motte-Chalancon etc. En 1303, Raymond de Mévouillon s'empare violemment de Bruis, en chasse le prieur et vend cette terre au Dauphin. Le comte de Provence le fait punir lorsqu'il apprend la vérité. Le 26 décembre, il s'opposa à l'acquisition que le Dauphin en avait faite de Raymond de Mévouillon; il fit plus, et le 5 novembre 1305 il acquit lui-même les droits de la famille de Mévouillon pour le prix de 5,000 livres provençales, et, le 26 mars 1306, la juridiction du monastère de Ile-Barbe sur ces terres, moyennant une rente de 1,333 livres. En 1345, le prêtre Humbert se saisit, les armes à la main, du prieuré dont était titulaire Jean de Beaumont; le Dauphin intervient et le fait restituer à son légitime possesseur. Le 6 février 1414, le Dauphin prend le prieur de Bruis sous sa protection, moyennant la redevance d'une obole d'or. Jusqu'à la fin du XVe siècle ces seigneuries restèrent sous le domaine direct du comte de Provence et elles ne furent annexées au Dauphiné que lorsque la Provence fut elle-même annexée à la France. En 1463, Louis XI voulut supprimer cette enclave provençale, entourée de toutes parts par des terres delphinales, et il proposa au roi René de l'échanger contre la ville de Gap et son territoire. L'opposition du parlement de Grenoble, le 12 août 1465, empêcha seule la réalisation de ce projet. A peine réunie au Dauphiné cette châtellenie fut supprimée; quelques-unes de ses paroisses furent annexées au vibailliage du Buis, d'autres à celui de Gap (hautes-alpes1789.fr - Bruis).

Les comtes d’Albon puis dauphins de Viennois, seigneurs du Dauphiné, furent les premiers à porter le titre de dauphins du Viennois. Ce surnom vient du fait que de nombreux comtes de Viennois ont porté comme second prénom Dauphin, équivalent assez peu courant au masculin du prénom féminin Delphine (ou Dauphine), et ce depuis Guigues IV Dauphin, comte d'Albon et du Viennois de 1133 à 1142 (fr.wikipedia.org - Liste des comtes d'Albon puis dauphins de Viennois).

En ce qui concerne les dauphins de Viennois, Delphinus est un prénom emprunté au martyrologe par Guigue IV et adopté par lui comme second nom. Ce surnom est gardé par Guigue V, son successeur. Il n'est pas repris par Albéric Taillefer, second fils du duc Raimond V de Toulouse, et Hugues III, duc de Bourgogne, les deux maris de Beatrix (1161-1228), fille de Guigue V. Mais cette dernière le donne à son fils André, pour rappeler sa descendance des anciens comtes d'Albon. Les Dauphins de la seconde race successeurs d'André, Guigue VI et Jean Ier, portent le plus souvent le nom Delphinus au génitif, ce qui implique qu'ils le considéraient comme un nom patronymique ; mais déjà, sous Guigue VI, les chancelleries étrangères au Dauphine le prennent pour un titre de dignité. C'est sous Humbert Ier (1282-1307), chef de la troisième race de la Tour-du-Pin, que Delphinus devient définitivement un titre, en même temps qu'apparaissent pour la première fois les mots Dalfina ou Delfína pour désigner l'épouse du Dauphin, et Dalphinatus ou Delphinatus pour désigner ses états. Toutefois Delphinus reste un nom patronymique pour tous les membres de la famille delphinale autres que le prince régnant (Auguste Prudhomme, De l'origine et du sens des mots Dauphin et Dauphiné et de leur rapport avec l'emblème du dauphin en Dauphiné, en Auvergne et en Forez.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1893, tome 54 - www.persee.fr).

Humbert II, dépensier, vend en 1349 le Dauphiné au roi de France pour payer ses dettes. Celui-ci en fait l’apanage du fils aîné du roi de France, qui prend le titre de dauphin de France.

Paradin et quelques auteurs des XVIe et XVIIe siècles avaient tenté de rattacher l'ancienne et illustre maison d'Albon, en Lyonnais, à celle des comtes d'Albon, dauphins de la première race ; mais malgré toutes les probabilités, la conformité de nom, la proximité entre le Viennois et le Lyonnais où ne se trouvait aucun autre fief d'Albon, et certains autres indices donnés par un acte de 1298, passé par Humbert, dauphin, avec des membres de cette famille, le point de jonction qu'ils avaient voulu préciser ne pouvait s'accorder avec la filiation delphinale connue. La récente publication du Cartulaire do Bonnevauco par le savant chanoine Ulysse Chevalier, est venue enfin donner à cette importante question un jour tout nouveau et nous révéler, en effet, une branche collatérale des comtes d'Albon et de Graisivaudan, dauphins de la première race, vivant à Albon, mais dont la séparation au lieu d'être assignée au XIIIe siècle devait être reportée à la première moitié du XIIe (Louis de La Roque, Le Bulletin héraldique de France ou, Revue historique de la noblesse, Volumes 9 à 10, 1890 - books.google.com).

Bruis

Comme à Rochemaure, sur la même transversale de la Croix d'Huriel, Bruis avait sa Notre Dame des Anges :

Près de la paroisse Sainte-Marie, était, sur la paroisse de Bruis, Notre-Dame des Anges; pèlerinage qui est aussi fréquenté que célèbre par les grâces qu'on y obtenait, et dont l'église peut contenir trois cents personnes. Au dix-huitième siècle, on y autorisait les cérémonies funèbres de la sépulture; on y offrait le saint sacrifice aux fêtes de la Vierge; les fidèles s'y rendaient avec empressement, même de très-loin, tantôt en procession, tantôt isolés; et des béquilles, des armes ou autres ex-voto appendus aux murs, attestaient les faveurs qu'on y avait obtenues. Aujourd'hui, cette église est tombée de vétusté, et une foire a succédé au concours religieux du 15 août; la statue qu'on y vénérait est passée à l'église paroissiale de Bruis, en attendant la reconstruction vivement désirée de Notre-Dame des Anges (André Jean Marie Hamon, Notre-Dame de France, ou, Histoire du culte de la Sainte Vierge en France, Volume 7, 1866 - books.google.com).

Gabriel est le premier ange de Marie, bien sûr.

Pour compléter l'article sur la Croix d'Huriel et la Bête du Gévaudan, il existait des légendes de loups-garous à Bruis :

L'épicentre de la zone où le loup-garou, d'après les données de notre corpus, possède ces caractéristiques, se situe autour de Vienne et de la Tour-du-Pin, où les attestations sont très nombreuses et riches ; des points d'enquête plus diffus, dans le nord de la Drôme, le Valentinois, le Diois et jusqu'à Bruis (Hautes-Alpes), dessinent une auréole rhodanienne beaucoup plus large. Enfin, les loups-garous du Maconnais, qui offrent des similitudes frappantes avec les nôtres, suggèrent un grand axe nord-sud sur près de deux cents kilomètres ! Aucune désignation simple n'étant exacte (pas plus « loup-garou des plaines » que « loup-garou rhodanien ») qu'il soit convenu que nous parlerons ici, nous situant à partir de notre corpus, de « loup-garou bas-dauphinois », même si l'aire exacte dépasse largement le Bas-Dauphiné (Christian Abry, Alice Joisten et Charles Joisten, Les loups-garous en Savoie et Dauphiné, Êtres fantastiques dans les Alpes, Le Monde alpin et rhodanien, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1992 - books.google.com).

Piège ou trébuchet

Le Quatre de chiffre en tant que piège est un trébuchet. C'est le nom du forgeron du lac de Cotoatre qui seul peut ressouder l'épée de Perceval, ce qu'il fera dans les continuations du Conte du graal.

On sait que le forgeron, généralement boiteux ou estropié, est une figure mythico-légendaire fort ancienne, «image archétypale du 'Maître du Feu'», qui se rencontre dans un grand nombre de cultures plus ou moins archaïques et qui a survécu dans le folklore de bien des pays européens. Le forgeron contrôle le feu, le plus mystérieux des éléments ; il est par conséquent un dieu ou, pour le moins, d'origine divine ; ses attributs sont le marteau, les tenailles et l'enclume ; il est lié à la terre sacrée. Démiurge, il organise le monde créé (en Afrique par exemple, mais les dieux de l'Europe du Nord, eux aussi, ont commencé par être des forgerons). Ailleurs, il est l'architecte et l'artisan des dieux, celui qui forge leurs outils, leurs armes et leurs parures, ou qui construit leurs demeures : il est aussi le brasseur de la boisson des dieux. Le forgeron divin Tvastr [qui travaille aussi le bois, il est charpentier] crée la foudre pour Indra, Héphaistos fait de même pour Zeus, les nains forgent le marteau de Thor qui symbolise le tonnerre ; ainsi le forgeron est relié non seulement au feu, mais aussi aux eaux fécondantes de la pluie.

Il paraît acquis de nos jours que les romans arthuriens médiévaux contiennent toute une gamme de thèmes et de motifs légendaires et folkloriques qui ont été transmis par voie orale et qui trouvent leur origine dans les mythologies indo-européennes, et peut-être pré-indo-européennes. Cela semble particulièrement vrai lorsqu'on a affaire à un forgeron, c'est-à-dire à un personnage qui était de tout temps entouré de croyances nombreuses et variées et à qui s'est rattachée une constellation de significations. Notre forgeron appartient sans aucun doute à la lignée de ces êtres- qui-savent, vivant dans les profondeurs de la terre, de la montagne ou des eaux.

Philippe Walter établit des rapports entre certains personnages de Chrétien de Troyes et «l'ogre ursin», «le géant-ogre-forgeron» qu'il considère comme un des avatars de l'Homme sauvage. Ce rapprochement vaudrait entre autres pour le nain « forgeron »(?) et « boiteux »(?) de la Charrette «ursine» et, en particulier, pour le héros solaire Gauvain, «produit tardif d'un dédoublement de la figure archétypale de l'ours forgeron».

Si les forgerons nains vivent normalement sous terre, à l'intérieur des montagnes ou dans des tombes préhistoriques, les grands forgerons mythiques sont tous étroitement liés à l'eau, source de toute vie. Héphaistos, après avoir été précipité de l'Olympe, passa neuf années au fond de la mer à forger des bijoux précieux pour les déesses marines; d'autres traditions situent sa forge dans l'archipel grec, surtout à Lemnos, ou aux îles Lipari où nous retrouvons plus tard son pendant romain, Vulcain.

En ce qui concerne ce nom, on rencontre souvent de nos jours l'orthographe Triboët. Cette variante provient du ms. T (B.N. 12576, éd. W. Roach), c'est-à-dire du seul manuscrit qui pour ce mot donne une forme assez aberrante. En réalité, dix sur onze manuscrits qui contiennent le nom du forgeron, écrivent -buc(h)- la seconde syllabe, tandis que la première est notée soit tre-, soit ira-, soit tri-. Étant donné que, du point de vue phonétique, la variabilité de la voyelle prétonique est un phénomène normal ici, et compte tenu de la destinée incertaine des noms dans les manuscrits, il est permis d'admettre que le nom doit être Trebuchet, autrement dit, que nous avons affaire à un substantif dérivé du verbe afr. Tre(s)-buchier, formé à son tour sur le nom afr. buc, «tronc». En vérifiant dans les dictionnaires usuels, j'ai constaté qu'en ancien français ce verbe présente aussi bien le sens transitif ancien : «renverser», «faire tomber», que le sens intransitif qu'il a conservé jusqu'à présent : «perdre l'équilibre en marchant». Selon toutes les apparences, le nom Trebuchet signifie donc : «qui trébuche continuellement», c'est-à- dire «bancal», «boiteux».

Comment expliquer la claudication du forgeron mythique ? Considérons d'abord ce problème sous l'angle du symbolisme du pied, qui nous met en contact avec la terre, c'est-à-dire avec la fécondité, la génération, mais aussi avec les esprits. Le pied difforme, blessé ou vulnérable (Œdipe, Achille, Bellérophon), le pied (gauche) déchaussé (Jason, Persée, Didon) ou, par contre, chaussé d'une manière spéciale (de chaussures de bronze, par exemple), caractérise les «êtres de passage», ceux qui, comme l'expose Raymond Christinger, participent à la fois du monde des morts, c'est-à-dire des esprits, et de celui des vivants, ou qui franchissent plus ou moins régulièrement la frontière entre les deux, comme les dieux, les magiciens et certains héros. Puis, nombre de divinités chthoniennes qui présentent une anomalie aux pieds ou qui ont le bas du corps en forme de serpent ou de poisson possèdent le pouvoir de donner la vie, d'« accoucher» dans tous les sens du mot. De même, les dieux du tonnerre, toujours liés au feu et à la forge, sont normalement boiteux ou unijambistes. Leur outil principal, la foudre, est symbolisé par la hache (originellement en pierre) qui libère les pluies fertilisantes, ou par le marteau, emblème de la justice et de la vengeance, mais qui représente également les forces créatrices : le marteau aux coups mortels de Thor était employé dans les cérémonies de mariage, parce qu'il assurait la fécondité. Il pourrait en être de même du mystérieux objet, double hache ou double marteau, au moyen duquel, sur certains vases grecs, Héphaistos semble heurter la tête de Zeus afin de l'aider à enfanter Athéna. Marie Delcourt établit un parallèle entre ce type de naissance miraculeuse où le "pelekus" du dieu forgeron est utilisé pour ainsi dire comme instrument obstétrical, et les rituels d'initiation pendant lesquels le novice «traverse une épreuve [...], puis renaît et a pour père le maître qui l'a instruit» (Elisabeth J. Bik, Le forgeron lacustre, «an inconsistent legend»?. In: Cahiers de civilisation médiévale. 35e année (n°137), Janvier-mars 1992 - www.persee.fr).

A l'instar du forgeron-charpentier indien Tvashtr, comme le Lug celte, Héphaïstos est un dieu artisan.

Le forgeron mythique peut vivre sous la terre comme les rats. Certains Quatre de chiffre prolonge leur axe vers le centre d'un globe, centre de la terre.

Dans quelques cantons de Bretagne l’on croit que l’intérieur de la terre renferme un peuple de Cornandons ou nains (mailiceux quui veillent sur la roche), et des rats énormes, dans les trous desquels un homme à cheval pourrait entrer : l’on en aperçoit souvent l’ouverture, et si l’on pouvait pénétrer jusqu’au fond, on trouverait de grandes richesses. Les ossemens gigantesques que l’on rencontre sont ceux de ces rats; comme ils multiplient continuellement, ils finiront par ronger le centre de la terre ; un jour la surface s’ouvrira et les hommes seront engloutis (Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes, Chants armoricains, ou Souvenirs de Basse-Bretagne, 1831 - books.google.com).

Hérodote (l. 2 c. 141) avoit appris des Prêtres Egyptiens quelque chose de la guerre de Sennacherib contre l'Egypte, & de sa défaite prodigieuse; mais on lui avoit déguisé la vérité de ces faits. Voici comme il les raconte. Séthon roi d'Egypte, & Prêtre de Vulcain [pour les Grecs en fait Ptah ou Râ], ayant été attaqué par Sennacherib roi des Arabes & des Assyriens, se vit abandonné de ses propres soldats. Dans cette fâcheuse conjoncture, ne sçachant quel parti prendre, il s'adresse à son Dieu, & lui demande instamment un prompt secours. Après fa prière, il s'endormit, & Vulcain lui apparut, disant, qu'il ne craignît rien, & que s'il marchoit à la rencontre de Sennacherib, il lui envoyeroit du secours. Séthon se mit donc en marche avec le peu de gens qui voulurent bien le suivre, & s'avança jusqu'à Péluse. La même nuit une troupe de rats champêtres vinrent fondre dans le camp des Assyriens, & rongea & leurs arcs & leurs carquois, & les courroies de leurs boucliers ; en sorte que le lendemain ayant trouvé leurs armes hors d'état de servir, ils furent obligés de prendre la fuite. On voyoit dans le temple de Vulcain, la statue en pierre de ce roi Séthon, tenant en main un rat, avec cette inscription : Que ceux qui me regardent, apprennent à être pieux. Isaie, (XXIX,5) & l'Auteur du Pseaume Lxxv. marquent d'une manière fort précise, que ce fut la tempête, la foudre, les tonnerres, qui firent ce terrible ravage dans l'armée Assyrienne (La Sainte Bible En Latin Et En François: Avec Des Notes Litterales, Critiques Et Historiques, Des Prefaces Et Des Dissertations d'Augustin Calmet, Volume 4, 1749 - books.google.com).

Scandaliser signifie faire tomber, être pour quelqu'un occasion de chute. Le scandale est, sur un plan pratique, le piège qui se trouve placé sur le chemin de l'ennemi pour le faire tomber. Il existe plusieurs manières de «faire tomber» quelqu'un dans le domaine moral et religieux: la tentation qu'exercent Satan ou les hommes, l'épreuve où Dieu met son peuple ou son enfant sont des «scandales». Dans tous les cas, l'enjeu est celui de la foi en Dieu. Le Christ est scandale pour l'homme (Pascale Hummel, Trébuchets: étude sur les notions de pierre de touche et de pierre de scandale, 2004 - books.google.com).

Trebuchet, dans la traduction des Otia imperii (« Loisirs de l'Empire », fin XIIe siècle) de Gervais de Tilbury, gouverneur du royaume d'Arles, est le lieu d'où les gens de Nazareth veulent précipiter Jésus, scandalisés de son prêche à la synagogue (Luc 4,29). L'épisode est relaté sans la tentative de meurtre dans Mathieu (13,57), Marc (6,3) (Dominique Gerner, La traduction des Otia Imperiala de Gervais de Tilbury par Jean de Vignay dans le Ms. Rothschild 3085 de la BN de Paris, 1996, p. 236) (La Sainte Bible traduite en francois, Jean-Francois Broncart, 1701 - books.google.com).

Scandale vient du grec skandalon, calque de l'hébreu mikshol, obstacle, piège (Dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1969).

La Grande Ourse et le Quatre de chiffre

La situation de la Grande Ourse dans laquelle se trouve le Sceau de Palaja la met en rapport avec le Quatre de chiffre formé par la Croix d'Huriel et la ligne gnostique. Que peut-on en dire pour le moment ?

Hèphaistos habite en effet la grande Ourse, et, comme le dit Homère, c'est la seule constellation qui soit dispensée de se purifier par la mort dans l'Océan. Elle tourne sur elle-même, et c'est ce qui lui a fait donner le nom de Kubister, qui fait la culbute. Cette particularité de la grande Ourse est écrite hiéro-glyphiquement par le cou, déros, posé sur le cube (kybès-déros). L'ensemble de ces hiéroglyphes donne les deux vers suivants, dont la grandeur philosophique est parfaitement à la hauteur de la merveilleuse beauté de ce monument (Grasset d'Orcet, Les cabires et la Vénus mutilée, Revue britannique, février 1880 - books.google.com).

Cela étant dit au sujet du cippe de Pérouse :

Le plus important de tous ces monuments, dits étrusques, est la stèle découverte récemment à Pérouse. Comme les autres, elle ne contient pas de noms propres; quand il s'en trouve, ils sont écrits à part, en latin, avec le nom de la gens du défunt. Tout ce qu'on peut conjecturer de l'épigraphe de Pérouse, c'est qu'elle devait décorer le tombeau d'une femme. En voici la traduction : Celle qui fait bien dormir, Dana ( la mort), sourde et avare, m'embrasse au sein de la décomposition, elle me baise de sa langue glaciale, elle me purge de mes souillures par le dégoût. Baïs me frappe du manche de sa cognée. Léda crible mes impuretés. Caryate a brisé me barque contre le rivage. La servante voleuse est de retour, elle vit de sa conjonction avec Rhéa (l'humidité). Près du rivage gît, de nouveau perdue (2), la jeune servante; elle est battue par Rhéa de son balai incorruptible. Au sein de Rhéa, Ské (la nuit) m'embrasse, il m'embrasse, et dans notre entretien il étouffe ma voix. Arpha (Orphée et l'Amour) (3), l'amoureux de la servante, est entré. On entend le son de sa flûte. Il a appelé la jeune servante pour s'enfuif de nouveau. Il chante, elle expie ses souillures dans l'ombre impure, elle arrose la terre. Un vaisseau s'est approché sur la mer si avare, Galénétaphé (le calme du tombeau) l'a arrêté. Pallas a vaincu ce misérable. La chaloupe va à terre. La jeune servante a accouché, dans la crèche, la compagne sans fibres (l'ombre) du jour incertain qui doit triompher du sommeil (Léthé). La sirène a repoussé la jeune servante dans le Léthé, Pelles la châtie de sa lance. La jeune servante perdue a recouvré le sentiment, elle a faim, elle se dresse sur son séant pleine de vigueur. Elle désire la vierge lumineuse qui purifie (Agné) ; ravivée, la jeune servante désire des pommes, sur une terre nouvelle des Indes s'élance Maris, le nouveau jour. La jeune servante veut partir sur un autre char avec Athéné et Thesan (le domestique voleur). L'amoureux du tombeau, le serpent Aollo (replié sur lui-même) le lui défend. Thesan vole le char de Rhéa, Thesan est de retour, il vole à Rhéa l'outre enfermant l'esprit incorruptible. Le Pervers a fait vacarme, il arrête le vaisseau de son souffle pour que la jeune perclue reste sur l'impur rivage. Le cygne (le rajeunissement dans la terre) combat de nouveau pour l'agneau captif. Le texte original de ce petit roman chthonien est combiné de façon à former une série de jeux de mots susceptibles d'interprétations différentes, suivant le degré d'initiation du traducteur.

Petit roman... prétexte à passer un message ou vraiment n'importe quoi ?

Le cippo perugino (cippe de Pérouse) est une stèle en travertin découverte à Colle San Marco en 1822, contenant, gravés sur deux faces latérales, quarante-six lignes et une centaine de mots étrusques, relatant un acte juridique. Il s'agit du plus grand texte connu de langue étrusque relatif à un contrat passé entre deux familles (Velthina de Perugia et Afuna de Chiusi) à propos des limites des domaines respectifs, avec les désignations des parties, des lois invoquées et du dignitaire les faisant appliquer (fr.wikipedia.org - Cippo perugino).