Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaume 93 : Orion, la folie et le Sot Pêcheur   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUME 93 FOU ORION SIRENES VIERGES FOLLES

Orion, de la Bible à l'Iliade

Le mot hébreu "kesil" (fou, insensé, différent du baar, homme brutal) se rencontre dans le psaume 48,11 93,8 ainsi que dans Job 38,31 et Amos 5,8 pour désigner la constellation d'Orion (Transactions, Volumes 16 à 25, University of Glasgow. Oriental Society, 1955 - books.google.fr).

Dans les psaumes 13, 52 et 91, le fou (insipiens de la Vulgate) est traduit du mot hébreu "naval" (nabhal, nabal : scélérat) (Journal of Jewish Art, Volume 11, Universitah ha-'ivrit Bi-Yerushalayim (Jerusalén), Center for the Jewish Art, 1985 - books.google.fr).

On sait que l'idolâtrie chez les Sémites a commencé par le culte des astres. On voit par la manière dont Job s'exprime, que c'était la seule espèce d'idolâtrie connue de son temps dans les pays où il demeurait ; car il est à présumer que s'il y en avoit eû d'autre, il en auroit également parlé. Le livre de Job doit donc avoir été composé avant le tems où s'est introduit le culte des Idoles, ou tout au moins avant que cet usage eût percé dans l'ldumée. Cependant l'adoration des Idoles remonte à une très-haute antiquité, puisque dès le tems de Jacob elle avoit déja lieu dans la Mésopotamie et vraisemblablement en bien d’autres pays (De l'Origine des loix, des arts et des sciences; et de leurs progrès chez les anciens peuples, 1758 - books.google.fr).

Une hypothèse a été formulée au sujet du Sot Pêcheur où intervient Orion jumelé à Tobie, ce qui indiquerait un lien entre La Vraie Langue Celtique et le "cryptogramme" du Sot Pêcheur (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 1).

Toutes ces connaissances primitives se sont, plus tard, affaiblies chez eux en raison de leur révolte graduelle contre l'ordre enseignant, celui des Druides ; et lorsque, par suite de cette révolte, l'unité de gouvernement et de direction n'a plus existé parmi les tribus, la domination de la république romaine a pu s'établir par les armes au milieu de cette fière nation, et la dégrader, en multipliant dans son culte religieux déjà altéré, les erreurs idolâtriques du peuple conquérant. Les idées paï ennes, fruit du commerce avec les étrangers, avaient presque anéanti les anciens enseignements druidiques, et avaient entraîné le peuple à un respect idolâtrique à l'égard des ménirs et des dolmens, dont il ne comprenait plus le sens élevé, et c'est là ce qui a obligé les premiers missionnaires chrétiens à renverser toutes ces pierres levées, et à graver profondément sur ces grandes roches des croix, signe de la rédemption des hommes par un Dieu Sauveur. (VLC, p. 248)

Le verset de Job 38,31 dit littéralement que Dieu a fait Has, et Késil, et Kimah, et les Chambres Secrètes du Midi. Que veut dire ce texte ? Dieu a fait toutes les étoiles et toutes les constellations. Pourquoi citer les étoiles ou les constellations que ces noms représentent ? Qu'ont-elles de plus que les autres ? Quand on examine un peu attentivement cette question, on est charmé de voir que ce texte signifie précisément que Dieu a fait tous les astres dont le ciel est couronné, et que c'est pour exprimer l'admiration pour toute la fabrique du ciel que Job nomme, non pas au hasard, mais par des raisons profondes, Has, et Késil, et Kimah, et les Constellations soupçonnées sous l'horizon du Midi, innommées par conséquent. « Les anciens poètes, dit dom Calmet, ne connaissaient que quatre Constellations. Homère (Iliade, chant VI) dit que Vulcain représenta sur le bouclier d'Achille tous les astres dont le ciel est couronné. Puis il nomme les mêmes constellations dont Job parle ici. Virgile (Enéide, liv. III) s'exprime à peu près de même. » Dom Calmet veut dire que les anciens poètes comprenaient toutes les Constellations sous quatre dénominations, quand ils voulaient exprimer la totalité de la voûte céleste ; car assurément les anciens, qui contemplaient continuellement le ciel, avaient des mots pour désigner les groupes d'étoiles, puisque ce sont eux qui ont inventé les constellations. Le passage de Virgile indiqué ne laisse, à mon avis, aucun doute sur la vérité de l'assertion de dom Calmet. On me permettra de le citer: « La Nuit, menée par les Heures, n'atteignait pas encore le milieu de sa carrière, quand le diligent Palinure se lève, explore les vents, prête l'oreille à tous les souffles de l'air. Il observe les astres glissant sous un ciel silencieux, l'Ourse, les deux Trions, les Hyades pluvieuses, Orion resplendissant au loin dans son armure d'or. Après qu'il a vu les deux partout fermes et sereins, il donne du haut de la poupe le signal retentissant de l'airain ; nous levons le camp, nous cherchons encore une route sur les eaux, et déployons aux vents les ailes de nos vaisseaux. »

Divisant ainsi le ciel en quatre parties, qui répondaient aux quatre points cardinaux, le Nord et le Midi, l'Orient et l'Occident, il était naturel aux anciens de n'employer, pour désigner ces quatre grandes divisions, aucune des Constellations partielles qui les composent, mais certaines étoiles ayant une signification particulière (Pierre Leroux, Job: drame en cinq actes, 1866 - books.google.fr).

L'Iliade considérée sous un point de vue général se divise en trois grandes parties :

Le Prologue, dans lequel le poëte nous fait connaître le sujet de son ouvrage : Achille et Agamemnon se querellent; Achille s'irrite, se retire dans ses tentes et s'abstient de combattre - L'espace chronologique contenu dans ce prologue est de 20 jours ; l'action ou le poème proprement dit : Nous y apprenons les conséquences de la colère d'Achille, c'està-dire le courage des Troyens ranimé, les perplexités des Grecs, la mort de Patrocle et enfin celle d'Hector. L'action comprend quatre batailles. Le reste du poème est, pour ainsi dire, l'Epilogue : Dès l'aurore du jour suivant, ou ramasse du bois, et on prépare le bûcher qui, pendant toute la journée et la nuit suivante, brûle pour consumer le corps de Patrocle. Le lendemain matin, le bûcher est éteint et les os de Patrole sont ramassés. Achille célèbre des jeux en l'honneur de l'ami qu'il a perdu : après les jeux, l'armée se disperse et se repose. Priam vient pendant la nuit chez Achille, reçoit le corps de son fils, qui, ramené à Troie, est pleuré et enseveli. L'épilogue contient l'espace de 25 jours (Revue de l'Instruction Publique en Belgique, 1869 - books.google.fr).

C'est du lever héliaque de Procyon, le « Chien qui se lève avant l'autre (Sirius) » - ce qui lui vaut son nom - que date l'embaumement de Patrocle (Iliade, 19, vers 38-39) comme le montre le calendrier des événements. Patrocle est métaphoriquement Procyon, puisque, en se substituant à Achille dans sa dêuôtiô, il s'est levé avant le Chien d'Orion qu'est métaphoriquement Achille dans la scène 4, pour pourchasser les Troyens; de plus, P (at) rok (l) o(i) et Prok (u) o(n) allitèrent de telle sorte que le premier fournit une quasi-anagramme du second. [...] Dans ce calendrier, 25 jours (5*5) séparent le sacrifice de 25 êtres sur le bûcher de Patrocle de la reprise des combats / Mort d'Achille (Françoise Bader, L'astronomie de l'Iliade et la météorologie des funérailles de Patrocle, La météorologie dans l'antiquité: entre science et croyance : actes du colloque international interdisciplinaire de Toulouse, 2-3-4 mai 2002, 2003 - books.google.fr).

L'isopséhie de Patrocle est 871, celle d'Achille 1276 comme le rappelle Florimond Raemond :

Les anciens, par le rapport de ces nombres, auoient accoustumé de rechercher quel des deux combatans en vn duel deuoit demeurer victorieux, prenantles lettres de l'vn & de l'autre nom. Emportant celuy-là la victoire, dont le nom surpassoit en nombre celuy de son ennemy. [...] Et Achille passe jusques à 1276 surmontant Hector [1225] de 61 [en fait 51] (Florimond de Raemond, L'anti-Christ et l'anti-papesse, 1607 - books.google.fr).

Les Livres Hébreux de l'Ancien Testament parlent de quelques Constellations qui ne peuvent différer de celles dont nous venons de parler, & qui étoient connues de tous les voisins desHébreux. Cependant on n'est rien moins que d'accord sur la manière dont on doit rendre les noms par lesquels ils les défignent. On devrait, ce semble, être tiré d'embarras par la version grecque des LXX. qui étant Hébreux & établis à Alexandrie, ne devoient pas se tromper dans la comparaison des noms grecs & hébreux portés par les mêmes Constellations. Cependant ils augmentent eux-mêmes cet embarras, parce qu'ils rendent souvent le même nom par des mots qui n'ont aucun rapport entr'eux. Job parle de deux Constellations, qu'il appelle Kimeh & Kesil ; elles se retrouvent dans le même ordre dans Amos, & elles sont répétées dans Job, mais conjointement avec deux autres Constellations Osh & Êdrei Theman. Ces quatre Constellations y paroissent dans cet ordre, Osh, Kesil, Kimeh & Êdrei Theman. Les LXX ont rendu Kimeh & Kejil du premier passage, par les Pléiades & Orion. Ils les ont renfermés en un seul mot dans Amos : au lieu de dire avec l'Hébreu, celui qui a fait les Pléiades & Orion, ils ont dit, celui qui a fait Tout, & ils ont traduit ainsi les quatre noms du dernier passage, les Pléiades, Hesperus (ou le soir) Arcturus & les Appartemens du midi. On n'a aucune raison pour croire qu'ils se sont trompés, lorsqu'ils ont rendu dans le premier passage Kimeh par Pléiades, & Kesil par Orion. Et dès-lors, toute autre traduction devient hazardée. Si dans le second passage, ils ont rendu ces deux noms par le mot Tout, c'est qu'ils ont cru mieux entrer dans le sens de l'Auteur, & qu'il avoit nommé ces deux Constellations, dont l'une brille au printems & l'autre en hyver, comme l'abrégé de toutes les Constellations enfemble. Job s'exprime d'ailleurs sur ces deux Constellations d'une manière qui démontre que l'une désignoit l'agréable saison du Printems, & l'autre la saison facheuse de l'Hyver. Pourrez-vous, fait-il dire par la Divinité, pourrez-vous lier les délices de Kimeh ? comme s'il eût dit, pouvez-vous empêcher le retour du Printems, arrêter la Nature dans les productions agréables & délicieuses dont elle couvre la terre dans cette saiso. Le nom même de Kimeh est parfaitement analogue avec ces idées : il fignifie réjouir, se plaire; & il tient au mot Kam qui défigne la chaleur & la fécondation.

En parlant de Kesil, Dieu demande au contraire à Job, pourrez-vous délier les cordes de Kesil; c'est-à-dire, ouvrir le sein de la Terre qui s'engourdit lorsque Kesil paroît ; c'est donc l'hyver, stérile & fâcheux, que désigne cette Constellation : & son nom y répond fort bien, fignifiant en Arabe, être froid, oisif, engourdi.

Dans le dernier passage, les LXX ont changé amplement l'ordre dans lequel les Constellations sont énoncées dans le Texte Hébreu. C'est Kimeh, la troisième nommée, qu'ils rendent parles Pléiades : Kesil, ou la seconde, qu'ils rendent par Hesperus, ou le Soir. La première, ou Osh, devient chez eux la troisiéme sous le nom d'Arcturus, qui est une des Constellations du Nord. Hesperus ou le Soir est donc synonyme d'Orion dans les LXX. Il n'est pas difficile d'en rendre raison : Orion est la plus brillante des Constellations qui paroissent au Couchant, & même le soir en hyver, dans cette saison que nous venons de voir être défignée par Kesil ou Orion.

Il est très-apparent d'ailleurs que par ces quatre Constellations, Job a voulu désigner les quatre points Cardinaux du Monde, l'Orient, l'Occident, le Septentrion & le Midi. Dans ce tems-là, les Pléyades désignoient l'Orient, & Orion l'Occident. Arcturus étoit très-propre à caractériser le Septentrion; aussi la Vulgate rend le mot Osh par celui d'Ourse, au lieu d'Arcturus, qui étoit régardé comme le gardien de l'Ourse. La Vulgate paroît avoir mieux rencontré ; car Job parle d'Osh comme d'un Animal. Est-ce vous, dit Dieu à Job, qui fait paître Osh avec ses petits ? C'est ainsi que Virgile parlant du Pôle, dit, Polus dum sidera pasces, tandis que le Pôle fait paître les Constellations. Abin-ezra dans son Commentaire sur Job, Schindler & le Chevalier Leich dans leurs Diétionnaires Hébreux, rendent également ce mot par Ourse.

Les appartemens du Midi désignent manifestement le quatrième côté du Monde, le Midi. Il faut entendre par-là très-certainement les Signes du Midi, sur-tout le Capricorne, où le Soleil se trouve au solstice d'hyver, dans ce moment où il est le plus méridional. On fait d'ailleurs que les XII Signes ont toujours été appellés les Maisons ou les appartemens du Soleil.

Job parle aussi du Zodiaque sous le nom des Mazzaroth. Etes-vous capable, lui demande Dieu, de faire paroître les Mazzaroth en leur tems ? Ce mot désigne un assemblage de Constellations qui paroissent successivement, & qui ne peuvent être que les XII. Signes du Zodiaque. Aussi, tous les Interprêtes en conviennent. Ils ont encore pour eux l'origine de ce mot, dont la racine est Azar qui signifie ceindre, environner ; & Azor, une ceinture, une zone (Antoine Court de Gebelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, considéré dans l'histoire civile, religieuse et allégorique du calendrier ou almanach, Boudet, 1776 - books.google.fr).

Les Atlantides sont mentionnés comme peuple à la page 90 (et Atlas à la 91). Mais ce sont aussi les Pléiades.

Les Atlantides figurent dans la Mythologie avec Orion, sous le nom des sept filles d'Hespérie et d'Atlas, à la poursuite desquelles s'attachoit Orion, qui effectivement monte sur l'horizon après elles, et qui semble les poursuivre toujours dans les cieux. Théon, en parlant des Pléiades, ou des filles de Pleione et d'Atlas, dit qu'elles avoient été obligé de fuir les poursuites d'Orion, fils de Neptune, qui pendant cinq ans s'attacha à leurs pas et à ceux de leur mère et vouloit les violer. Jupiter touché de leur sort les métamorphosa en pleïades et les plaça aux cieux sous le nom d'Atlantides. Il fixe pareillement leur lever du matin en mai ; le soleil étant, dit-il, dans le taureau (Charles-François Dupuis citoyen François, Origine de tous les cultes, ou Religion universelle, Tome premie, 1795 - books.google.fr).

Charles-François Dupuis, membre de l'institut, né le 26 octobre 1742, à Trie-Château entre Gisors et Chaumont, de parents pauvres, dut à la protection du duc de la Rochefoucault, une bourse au collège d'Harcourt et fit dans ses études les progrès les plus rapides. A 24 ans il fut nommé professeur de rhétorique à Paris, au collège de Lisieux. Un discours pour la distribution des prix de l'université, en 1775, et l'oraison funèbre de l'impératrice-Marie-Thérèse, commencèrent sa réputation. Dans ses loisirs il revint aux mathématiques qu'il avait cultivées avec succès et suivit plusieurs années le cours d'astronomie de Lalande, avec lequel il se lia intimement. En 1778, il exécuta un télégraphe d'après l'idée qu'en avait donnée Amontons, et s'en servit pour correspondre de Belleville, avec Fortin, son ami, qui habitait le village de Bagneux : Chappe a perfectionné plus tard cette invention. En 1787 il fut nommé professeur d'éloquence latine au collège de France, et l'année suivante membre de l'académie des inscriptions. Les orages de la révolution l'obligèrent de se retirer à Evreux. Député de Seine-et-Oise à la Convention, il s'y fit remarquer par sa modération. Dans le procès de Louis XVI, il vota la détention, comme mesure de sûreté générale. Il passa au conseil des Cinq-cents (1790), puis au Corps législatif, et mourut à Is-sur-Til (Haute-Marne), le 29 septembre 1809 (François-Xavier Feller, Biographie universelle ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom, Tome 3, 1848 - books.google.fr).

«Alors pour la première fois, les fleuves sentirent les troncs creusés des aunes ; alors le navigateur dénombra et dénomma les étoiles : Pléiades, Hyades et Arctos, la brillante fille de Lycaon» : Tunc alnos primum fluuii sensere cauatas ; nauita tum stellis numeros et nomina fecit, Pleiadas, Hyadas claramque Lycaonis Arcton (Géorgiques I). En un vers, Virgile fait écho au tout premier catalogue de constellations, celui qu'Homère inscrit, grâce à l'habileté d'Héphaïstos, sur le bouclier d'Achille : «Il y figure la terre, le ciel et la mer, le soleil infatigable et la lune en son plein, ainsi que tous les astres dont le ciel se couronne, les Pléiades, les Hyades, la Force d'Orion, l'Ourse - à laquelle on donne le nom de Chariot - qui tourne sur place, observant Orion et qui, seule, ne se baigne jamais dans les eaux d'Océan». D'emblée, nous reconnaissons le ciel d'Homère le ciel de Virgile parce qu'il est toujours le nôtre : si nos contemporains ont un peu oublié les aventures qui ont conduit Callisto ou Orion au firmament, il n'est personne qui ne connaisse la ronde inlassable de la Grande Ourse autour du pôle, le bond par lequel Orion s'élance depuis l'hémisphère austral, les Hyades qui marquent de façon si caractéristique le mufle du Taureau ou la nuée des Pléiades ; la carte du ciel que nous dressons est la même que celle des astronomes grecs les mêmes étoiles dessinent les mêmes constellations au-dessus de nos têtes, à deux réserves près : la distorsion que les figures subissent insensiblement en raison du mouvement de précession et, surtout, le manque de familiarité avec le des hommes du XXe siècle, habitants des grandes villes (Josèphe-Henriette Abry, Les catalogues d'étoiles : de l'astronomie descriptive à la république céleste, Actes du XXVIIIème Congrès international, Saint-Etienne, 19-21 mai 1995, 1995 - books.google.fr).

Sirènes

On reconnaissait généralement trois sirènes, dont les noms, les plus répandus dans la Grèce et sur les mers italiques, étaient Leucosie, Ligée ou mieux Ligye et Parthénope, mots grecs, suaves comme leur voix, qui signifient la Blanche, l'Harmonieuse, Voix ou OEil de Vierge. Leur appellation collective de Sirènes serait dérivée, selon la plupart des étymologistes, des substantifs "seira" (chaîne), ou "serenè" (petit oiseau). Les Sirènes se retiraient dans trois îlots hérissés d'écueils, entre la côte d'Italie et l'ile de Caprée, rocher que l'infâme Tibère, s'enivrant tour à tour de sang, de vin, de débauche et de volupté, sembla plus tard choisir exprès pour attirer ses victimes. D'autres fixaient le séjour de ces nymphes sous des rochers inaccessibles, près du cap Pélore, dans les parages de la Sicile (Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné des notions générale les plus indispensable à tous, Volume 16, 1858 - books.google.fr).

Parthenopè a donné son nom à la ville de Naples. C'est dans la baie de Naples que se trouvent Herculanum et Pompéi où a été trouvé un carré SATOR. La Virgo Scylla sur un rocher près de Pélore faisait face à Charybde.

Les Sirènes (Parthénopé, Leucosia, Ligéa) sont filles d'Achéloos, lui-même fils d'Océan et de Téthys, et de la muse Calliope (Lycophron, Cassandre, traduit par Pascale Hummel, 2006 - books.google.fr).

L'épithète "pelorios" (gigantesque) appliquée déjà dans l'Odyssée (XI, 572) à Orion a pu faciliter le rapprochement avec Pélore (Georges Vallet, Rhegion et Zancle, 1958 - books.google.fr).

Le poète Hésiode dit que, pour arrêter le débordement de la mer, Orion forma par des digues le cap Pélore, sur lequel il éleva le temple de Neptune, qui est fort vénéré par les habitants; qu'après avoir achevé ce travail, il se rendit en Eubée où il établit sa demeure (Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, Volume 1, 1865 - books.google.fr).

Pélore, le troisième grand promontoire de Sicile, qui, suivant Valere Maxime, reçut son nom du pilote d'Annibal. Servius croit que les Sirènes ont habité le cap Pélore. Le phare de Messine est sur le sommet de ce promontoire, qui porte maintenant le nom de Capo de la Torre di Faro (Ovide, Les Métamorphoses d'Ovide: traduction nouvelle avec le texte Latin, suivie d'une analyse de l'explication des fables, de notes géographiques, historiques, et critiques, Volume 4, 1808 - books.google.fr).

Amilcar, père du célèbre Annibal, avait donné en Sicile contre les Romains des preuves incontestables d'habileté militaire. Poursuivant avec une ardeur opiniâtre la prospérité et l'extension de l'empire Carthaginois – to aim (ém), diriger – weal (ouil), prospérité, – to care (kère), se mettre en peine de, – il soumit le littoral de l'Afrique jusqu'au Grand Océan, et en passant en Espagne, il s'empara de la côte occidentale de ce pays. Il avait, sur ses instances réitérées, amené avec lui le jeune Annibal, pour l'initier à la direction d'une armée et à la science guerrière. (VLC, p. 93)

Le Pelore, domaine des sirènes, conduit encore au Sot Pêcheur avec son peigne d'or, instrument d'une sirène appelée Ligée, reprise par John Milton qui écrivit aussi The Paradise Lost.

C'est dans son Comus, espèce de pastorale mythologique, que Milton fait intervenir une Sirène. Comus est un perfide magicien qui se présente sous la forme d'un berger à une jeune lady égarée, et la conduit dans son palais magique. Les frères d'Alice, la captive de Comus, font à leur tour la rencontre d'un bon génie également déguisé en berger, qui leur révèle le danger de leur sœur et les conduit au palais de Comus. Lady Alice a résisté aux instances et aux tendres discours du magicien. D'invisibles nœuds la retiennent cependant sur un fauteuil de marbre. Surviennent les frères, guidés par le bon génie, qui se précipitent, l'épée à la main, dans la salle et chassent le magicien; mais c'est là une faute grave, car il eût fallu, pour délivrer Alice, s'emparer de la baguette qui pouvait seule rompre les liens de la captive de Comus. Le bon génie prend alors la parole, et c'est à une Sirène, si les frères d'Alice l'en croient, qu'il faut demander du secours.

Le bon génie va essayer de toucher la sirène Sabrina par la vertu d'une conjuration poétique : « Belle Sabrina, chaste déesse, écoute-nous ; sous l'onde fraîche et limpide où tu mêles aux tresses de tes cheveux parfumés des guirlandes de lys, écoute nous au nom de l'honneur virginal, déesse de l'onde d'argent, écoute-nous et protége-nous. Écoute-nous et montre-loi au nom du grand Océan, par le trident de Neptune ébranlant la terre, par la démarche d'Amphitrite, par le front ridé du vieux Nérée et les attributs du magicien de Carpathie ; par la conque de Triton et le charme du vieux devin Glaucus; par les jolies mains de Leucothoé et par son fils qui règne sur les plages ; par les pieds gracieux de Thétis et les chants des douces Sirènes; par la tombe de la tendre Parthénope et le peigne d'or dont la belle Ligée se sert, assise sur un rocher de diamant, pour démêler sa douce chevelure ; par toutes les nymphes au fin sourire que la nuit voit danser sur les eaux, parais, relève ta tête vermeille, quitte ton lit incrusté de corail, mets un frein à tes flots impétueux et réponds-nous. »

Sabrina se rend à l'appel du bon génie et vient délivrer lady Alice. Quelque court que soit son rôle, cette Sirène de Milton est, on le voit, une digne sœur de celles d'Homère. La mythologique invocation que lui adresse le bon génie est, au dire d'un juge compétent, un des plus mélodieux morceaux de la langue anglaise.

Sabrina, vierge pure, fut jadis la fille de Locrine, qui avait hérité du trône de son père Brutus. Princesse innocente, elle fuyait la persécution injuste de sa marâtre, la furieuse Guendolen , lorsque, arrêtée par le fleuve, elle confia à ses ondes la garde de sa vertu. Les nymphes fluviales, qui jouaient dans son lit, la soutinrent de leurs bras ornés de perles, et la transportèrent au palais du vieux Nérée. Touché de son malheur, Nérée releva sa tête mourante, et dit à ses filles de la plonger dans un bain de nectar et d'asphodèles. Une vie nouvelle, une vie d'immortalité pénétra par tous ses pores et dans tous ses sens, avec les gouttes de l'ambroisie. Elle devint une déesse, la déesse de la Severn.

Après Milton, nous avons nommé Gœthe. Entre les deux poètes, il s'est écoulé plus d'un siècle, et la science allemande a renouvelé, en quelque sorte, l'étude de l'antiquité. Gœthe a chanté les Sirènes, non pas seulement en poëte, mais en érudit. On sent que l'auteur du Second Faust a lu la Symbolique de Creuzer. Ses Sirènes sont bien ces divinités ailées qui marient la majesté funèbre d'Égypte à la grâce souriante de la Grèce ; aussi Méphistophélès, le vieux diable du moyen âge, est-il quelque peu dépaysé en si noble compagnie. Il erre, en compagnie du Sphinx, dans les champs de Pharsale, théâtre d'une nuit classique de Walpürgis, digne pendant de celle du Brocken. C'est alors que les mélodieux concerts des Sirènes viennent frapper son oreille (Georges Kastner, Les Sirènes: essai sur les principaux mythes relatifs a l'incantation, les enchanteurs, la musique magique, le chant du cygne etc., 1858 - books.google.fr).

Boudet parle bien de la Sicile page 93, même si cela concerne le père d'Annibal, Amilcar.

Les oreilles ont leur importance sachant qu'Ulysse se les boucha pour éviter la séduction des sirènes et qu'un "graphe en forme de spirale ou d'oreille, caractéristique du « grand G stellaire » regroupe, de Bételgeuse à Aldébaran les plus superbes étoiles visibles dans le ciel d'hiver, dont le début est précisément logé dans la constellation d'Orion. On connaît les significations multiples de la spirale, mais aussi de l'oreille, de l'oreille tranchée par un compagnon du Christ au jardin des oliviers, à celle dont l'alchimie fait un des symboles du principe mercuriel. Quant à Orion proprement dit il est peu de figures stellaires dont la symbolique soit plus ancienne, plus riche et plus connue que celle du géant aveuglé par Oinopion, puis occis par le scorpion d'Artémis. La silhouette immense et convulsée du chasseur mort cloué au firmament par les trois étoiles étincelantes de son baudrier (connues aussi comme « les rois mages ») hante les mythes fondateurs et les religions comme elle inspire les peintres et les poètes. Mort d'Osiris ou châtiment de Nemrod, mort du Christ lui-même ou Saint Jacques cheminant sur la voie lactée, paysages habités de Poussin, lutte immobile du Jacob de Delacroix arcbouté contre l'Ange, brasse coulée des « nageurs morts » d'Apollinaire en route vers «d'autres nébuleuses»..." (Rennes le Château : Quelques questions posées par un « mythe agglutinant », Frédéric Pineau, Gérard Lacoste, Julien Feydy, Emile Poulat, Jean-Pierre Laurant, débat, Esotérisme et socialisme, Volume 9 de Politica Hermetica, 1995 - books.google.fr).

Ps 93,9 : Lui qui planta l'oreille n'entendrait pas ? S'il a façonné l'oeil, il ne verrait pas ?

On retrouve ainsi autour du carthaginois Annibal, Orion (le promontoire sicilien du Pélore portant le nom du pilote d'Annibal), le peigne dorée de la sirène Ligée (chez Milton) - qui se trouvait aux alentours du Pélore - l'embouchure du Rhône - en question dans le passage d'Annibal de l'Espagne vers l'Italie, Rochemaure - et son carré SATOR de 25 cases - près duquel Annibal traversa le Rhône.

Annibal a pu rencontré le site de Rochemaure, au bord du Rhône.

Revenons maintenant à Polybe que nous avons laissé traçant la route qu’Annibal a dû suivre, en remontant la rive droite du Rhône jusqu’à quatre et cinq journées de marche au-dessus des bouches de ce fleuve. Les bouches d’une rivière, pour un marin. sont les points où ses eaux se mêlent à celles de la mer : pour un piéton, c’est le point de bifurcation; pour une armée, c'est l’espace, a proximité de cette bifurcation, où elle peut être contenue ou campée. C'est donc dans la plaine entre Bellegarde et le Rhône que nous supposerons raisonnablement qu'Annibal s'est reposé après avoir franchi (en faisant un contour beaucoup plus grand qu'on ne le fait aujourd’hui), l’espace, alors couvert par les eaux de la mer, que parcourt maintenant la route de Perpignan à Narbonne. [...] La marche des Carthaginois a dû se faire comme une course au clocher; ils n’avaient ni charriots ni voitures : les chevaux, les mulets et les éléphants portaient les vivres et les équipages. Nous ajouterons cependant à ce chiffre 1/10, pour les déviations et les accidents de terrain, ce qui ferait environ 50 lieues, soit 246 kilom. : c'est donc 30 kilom. par jour qu'Annibal aurait fait faire a sa troupe, soit 6 lieues communes de France de 5 kilom., pendant les huit jours de marche depuis les bouches du Rhône. La moitié de cette distance serait un peu au—dessus de Rochemaure et de Montélimart, et a cinq lieues environ de la Drôme: il est probable que ce général ayant fait marcher Hammon avec une forte avant-garde a deux cents stades en avant (soit dix lieues), où il a passé le fleuve, a été aidé et facilité par ce dernier qui est venu à sa rencontre sur la rive gauche, soit pour passer le Rhône, soit pour traverser la Drôme (Victor Roussillon, Annibal et le Rhône, Revue du Lyonnaise, 1860 - books.google.fr).

La Nef des Fous

Dans le Quart Livre, on peut relever comme un crescendo dans la mention des cruautés contre les hérétiques. Il s'agit tout d'abord au chapitre XVIII de la rencontre de neuf bateaux chargés de moines de tous ordres qui vont au Concile de Chésil (le concile du feu), c'est-à-dire au Concile de Trente : « neuf Orques chargées de moines, Jacobins, Jésuites,... et aultres sainctz religieux les quelz alloient au concile de Chesil, pour grabeler les articles de la foy contre les nouveaulx haereticques » (Mireille Huchon, Sur la grande nef des fols du monde, Marginalité et littérature: hommage à Christine Martineau-Génieys, 2001 - books.google.fr).

Chesil : le nom dit tempête, par l'hébreu cesil, astre des tempêtes; plutôt que folie, par l'hébreu kessil, fou : encore les deux ne vont-ils pas mal ensemble. On retiendra enfin cette façon que choisissent les cagots, pour s'opposer à l'enquête. Parmi les autres ennemis, il en est qui (à tort ou à raison) combattent franchement, prennent les armes: telles les Andouilles. Il est des puissances qui, sans s'armer, articulent ou laissent du moins entendre claires menaces contre les hérétiques ou ceux qu'on nomme de ce nom : Quaresmeprenant, par exemple. Au contraire, les religieux des orques passent sans rien dire. dans la sûreté du silence : et par leur seule présence déchaîne la tempête. C'est insister sur l'hypocrisie, sur l'art manœuvres occultes, discrètes et détournées. Et sur tout ce qu'a d'énorme et de redoutable cette caste impérieuse. Le spectre passe, on ne dirait même pas qu'il effleure d'un regard son ennemi : et comme sans aucune liaison apparente, les dangers s'abattent. La foudre semble tomber d'ailleurs. Cette rencontre, opposons-la à celle de la nef lanternoise, celle qui fut, au début du voyage, l'occasion de l'affaire Dindenault. L'accueil avait alors été de franche gaité, d'amitié et de joie. Devant les orques religieuses, en revanche, on garde ses distances : haine des uns, éloignement des autres. Mais le thème ainsi évoqué est plus général. Des navigateurs. en principe, ne trouvent jamais sans plaisir quelque navire pour les croiser. Ce thème romanesque et, si l'on veut, sentimental, ne peut pas ne pas retenir l'attention de Rabelais. Car il lui permettra de mettre en scène une idée chère, celle de la communication et de la sympathie humaine. Le goût de se fréquenter, entre hommes, et de conserver, et d'échanger. est le fondement de l'harmonie du monde, telle qu'elle apparaît par exemple dans l'épisode des Dettes. [...]

Trois sortes de gens se promènent, s'agitent ou voyagent sur la grande mer du monde. (L'image générale est ici tout à fait dans le genre de celle de la Nef des fous.) Ceux qui cherchent le vrai, et l'harmonie entre les hommes : c'est l'escadre même de Pantagruel, dont est évidemment parente la Chélidoine de Gargantua, presque assimilable à la Thalamège. Ensuite, ceux qui ne pensent qu'à leur intérêt, au bénéfice de leurs négoces : et c'est la nef des voaygeurs ; Ce ne sont que des marchands, des gens de calcul : non pas tous malhonnêtes, mais tous menés par la seule rage de s'enrichir, c'est ce qu'indique à cette place le terme de marchand. Enfin, les tracassiers, qui ne pensent qu'à nuire et sévir : et c'est la flotte des religieux. On comprend aisément que l'attitude pantagruéliste soit si différente lors des trois rencontres : pleine affection lorsque l'on trouve la Chélidoine; gaité en principe (mais ensuite incident et drame) quand on croise la nef marchande ; réserve en somme (et le malheur suit tout de même) quand on rencontre les orques des cagots (Verdun L. Saulnier, Rabelais, Volume 1, 1982 - books.google.fr).

Le miroir, attribut, avec le peigne, de la sirène, l'est aussi de la femme mondaine et vaniteuse que la beauté séductrice assimile à la sirène.

Un second objet, un peigne, accompagne parfois le miroir. C'est le cas dans une figuration de Oiseuse, allégorie du Roman de la Rose et de nombreuses figurations de la sirène séductrice. En plus de ses significations morales concernant des conduites actuelles, la figuration du miroir peut s'enrichir de vérités dépassant les apparences et annonçant le futur. Il présente à la mondaine le masque noir de son éternité malheureuse. Il met le jeune homme devant une réalité essentielle de la condition humaine : quelle que soit la vigueur qu'il ressent dans sa jeunesse, il finira par mourir. Dans ce dernier exemple, emprunté à un livre de prières, il n'y a aucune connotation péjorative concernant le comportement du jeune homme. L'image est seulement un avertissement éducatif. [...]

Le miroir ajoute à la beauté contemplée, les satisfactions qu'elle procure et les tentations qu'elle engendre. Dans La Nef des fous, Superbia, l'orgueil, est figurée par une femme qui se contemple dans un miroir. Mais l'agent principal de la scène est le diable. Dissimulé derrière un rideau d'arbres, il agite cette marionnette comme un appât tentateur. Le texte dit : « Détourne ta face de la femme corrompue... à cause du désir d'une femme, beaucoup ont péri... » Il fait allusion ensuite aux feux de la concupiscence qui dévore les êtres, bientôt pris dans le piège que leur tend l'orgueil de la beauté. L'image du gril sur les flammes, disposé juste à côté de la femme, est la transposition visuelle de la pensée. Le diable désigne d'ailleurs le sort funeste qu'il destine à ses proies. Une autre page de La Nef des fous est consacrée à une forme différente de l'orgueil : la suffisance vaniteuse de celui qui n'accepte comme règles de sagesse et de conduite que celles qu'il se donne à lui-même. Les métaphores des vers écrits sous l'image, non reproduits ici, sont traduites presque littéralement dans la gravure : le sot fait cuire les aliments grossiers à sa façon ; seuls ses mets lui plaisent, ceux que sa folie lui inspirent ; il se contemple dans le miroir de la vanité stérile (François Garnier, Le langage de l'image au Moyen Âge: Grammaire des gestes, Volume 2, 1989 - books.google.fr).

Carré SATOR : grille à 25 cases

Casaubon note que les rois mages furent aussi appelés Astor, Sator et Paratoras. Les rois mages sont le nom des trois étoiles composant le baudrier d'Orion Dans la chapelle de Saint-Eusthate à Göreme (Cappadoce, Turquie) que le cycle de l'Enfance décore même exclusivement, douze scènes en deux registres, les trois bergers s'appellent Sator, Arepo, Teneton (Guillaume Durand, Rational ou Manuel des divins offices de Guillaume Durand ou Raisons mystiques et historiques de la liturgie catholique, présenté par Barthélemy, 1854 - books.google.fr, Charles-François Dupuis, Origine de tous les cultes ou Religion universelle, 1794 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie et les Rois Mages).

Selon Jean Meslier, "Christus sator omnium / Rex atque Factor temporum" est tiré d'un hymne de Carême (Jean Meslier, Le testament, Tome 2, édition de Meijer, 1864 - books.google.fr).

Rudolf Charles d’Ablaing van Gissenburg, dit Rudolf Charles Meijer, et le milieu matérialiste-libre penseur hollandais publient une première édition complète en trois volumes in 8º de 350 pages chacun en 1864. Ce texte, au titre original de Mémoires des pensées et sentiments de Jean Meslier, est considéré comme le texte fondateur de l'athéisme et de l'anticléricalisme militant en France (fr.wikipedia.org - Jean Meslier).

J'extrais ce qui suit de la correspondance amicale du professeur Lepsius (février 1850) : « Le nom égyptien de Sirius est Sothis; il se trouve ainsi désigné comme un astre femelle. De là vient le grec "è Sôthis" identique avec la déesse Sote (plus souvent Sit dans la langue hiéroglyphique), et avec Isis-Sothis, dans le temple de Ramsès le Grand, à Thèbes (Lepsius, Chronol. der AEgypter, t. I, p. 119 et 136). La signification de la racine se retrouve dans la langue copte qui offre une nombreuse famille de mots de même origine, dont les divers membres présentent à la vérité beaucoup de divergences, mais que l'on peut réunir cependant et coordonner comme il suit. Par une triple dérivation du sens primitif de projeter, projicere (sagittam, telum), on trouve: 1° ensemencer, seminare; puis, extendere, étendre, bander, tendre une corde; enfin, ce qui est plus important ici, rayonner la lumière et briller, comme les étoiles et le feu. On peut faire rentrer, dans la même série d'idées, les noms des divinités: Satis (qui lance des traits), Sothis (qui rayonne) et Seth (qui brûle). On peut déduire encore des hiéroglyphes: sit ou seti, la flèche et aussi le rayon; seta, filer; setu, semences répandues [sator vient du verbe latin sero : semer]. Sothis désigne principalement l'astre radieux qui règle les saisons et les périodes de temps. Le petit triangle, toujours peint en jaune, qui est un signe symbolique de Sothis, prend une signification remarquable, lorsqu'il se trouve reproduit plusieurs fois dans un certain ordre (sur trois lignes émergeant du bas du disque solaire); c'est alors la représentation du soleil rayonnant. Seth est le dieu du feu, le destructeur. Il contraste avec Satis, déesse femelle, symbole du Nil fécondant, qui imprègne d'une chaude humidité les semences. Satis est la déesse des Cataractes, parce que c'est à l'époque de l'apparition de Sothis dans le ciel, vers le solstice d'été, que les eaux du Nil commencent à l'enfler. Vettius Valens nomme l'étoile même Seth au lieu de Sothis; toujours est-il qu'il est impossible d'identifier, comme le fait Ideler (Handbuch der Chronol., t. I, p. 126), Thoth avec Seth ou Sothis; il n'y a aucune analogie entre ces noms, ni pour le fond, ni pour la forme (Lepsius, t. I, p. 136).

Après ces origines égyptiennes, voici les étymologies tirées du grec, du zend et du sanscrit. « Seir, le Soleil, dit le professeur Franz, est un radical fort ancien qui ne diffère que par la prononciation de Ther, Theros, la chaleur, l'été, dans lesquels une altération a eu lieu, comme dans le passage de teiros à teros ou Teras. Pour démontrer la justesse du rapport qui vient d'être indiqué entre les radicaux seir et ther, theros, nous pouvons citer non-seulement l'épithète de thereitatos dans Aratus, v. 149 (Ideler, Sternnamen, p. 241), mais encore l'emploi de dérivations postérieures du radical seir, à savoir les formes seiros, seirios, seirinos, chaud, brûlant. Il est en effet bien significatif que seirina imatia soit aussi usité que thrina imatia, légers habillements d'été. Mais la forme seirios devait devenir prédominante; elle a formé l'adjectif appliqué à tous les astres auxquels on attribuait de l'influence sur la chaleur estivale. C'est ainsi que le poëte Archiloque nomme le Soleil seirios aster, et qu'Ibycus désigne les astres par la désignation générale de seiria, les brillants. Il est impossible, par exemple, de douter qu'il s'agisse du Soleil dans ce vers d'Archiloque : pollous men autou seirios katananei oxus ellampôn. D'après Hésychius et Suidas, le terme Seirios désigne à la fois le Soleil et Sirius. Il n'en est plus de même, suivant Tzetzès et Proclus, d'un passage d'Hésiode (Opera et Dies, v. 417) où le Soleil se trouve désigné, mais non l'étoile du Chien; je partage entièrement, sur ce point, l'opinion du récent éditeur de Théon de Smyrne, M. H. Martin. De l'adjectif seirios, qui s'est établi comme une sorte d'epitheton perpetuum pour l'étoile du Chien, vient le verbe seirian que l'on peut traduire par scintiller. Aratus, v. 331, dit de Sirius: oxea seiriaei, il scintille vivement. Le mot Seirèn, Sirène, a une étymologie tout à fait différente; et vous avez eu parfaitement raison de penser qu'il n'a pas d'autre analogie qu'une ressemblance de son fortuite avec le nom de l'étoile du Chien. L'erreur est du côté de ceux qui veulent, d'après Théon de Smyrne (Liber de Astronomia, 1850, p. 202), faire dériver Seirèn de seiriazein; ce dernier mot ne serait du reste qu'une forme invraisemblable du verbe seirian. Tandis que seirios exprime la chaleur et la lumière en mouvement, le mot Seirèn est dérivé d'une racine qui se rapporte aux sons continus, au murmure produit parcertains phénomènes naturels. Je crois en effet que Seirèn se rattache à erein (Platon, Cratyl. 398 D. to gar eirein legein esti) dont l'aspiration, forte d'abord, aurait été remplacée par le sifflement du S. » (Extrait des lettres du prof. Franz, janvier 1850.)

« Le grec Seir, le Soleil, se déduit aisément, d'après Bopp, du mot sanscrit svar qui, à la vérité, ne désigne pas le Soleil, mais bien le ciel, en raison de son éclat. La désignation ordinaire du Soleil, en sanscrit, est sûrya, forme contractée de l'inusité svârya. Le radical svar signifie, en général, briller, éclairer. Le nom zend du Soleil est hvare, avec un h à la place de l's. Quant aux formes grecques ther, theros et thermo, elles viennent du sanscrit gharma (nom. gharmas), chaleur.»

Le savant éditeur du Rigveda, Max Müller, fait remarquer que « le nom astronomique de l'étoile du Chien, chez les Hindous, est Lubdhaka, le chasseur. Or, le voisinage d'Orion donne à penser que, pour les peuples ariens, ces deux constellations devaient avoir originairement une relation mutuelle. » Au reste, Müller fait dériver « Seirios du mot sira des Védas (d'où l'adjectif sairya) et de la racine sri, aller,marcher; de la sorte, le Soleil et Sirius auraient été nommés primitivement étoiles errantes. » (Cf. aussi Pott, Elymologische Forschungen, 1833, p. 130.) (Alexandre von Humboldt, Cosmos: essai d'une description physique du monde, Tome 3, 1852 - books.google.fr).

Entre Epiphanie et Carême : la fête des fous et le carnaval

Mais si nous consultons la suite des fêtes inscrites au calendrier, nous voyons qu'immédiatement après Noël commence le Cycle des Douze Jours, marqué notamment par la Fête des Fous, qui préfigure au changement d'année les fêtes liées au carême d'avant Pâques et qui marque la fin du carême de la Saint Martin ou Avent (Jean Jacquot, Arts du spectacle et histoire des idées, 1984 - books.google.fr).

Déformant les corps, la danse distord les âmes et incline au péché. Elle ne doit donc pas contaminer les fêtes autorisées. Comme elle, les masques sont doublement condamnables : ils travestissent le corps de l'homme, partant blasphèment son Créateur; ils autorisent les licences les plus dangereuses sous le couvert de l'anonymat. Pour cela, ils sont condamnés, à preuve les constitutions synodales du diocèse d'Annecy, qui visent surtout les villes : « Nous exhortons enfin MM. les archiprêtres. curés et vicaires, de s'appliquer de leur mieux, surtout dans les bourgs et les villes, à déraciner l'abus des mascarades qui ne sont qu'un débris honteux du paganisme. Pour y réussir, ils s'élèveront contre dans leurs prônes et instructions, surtout depuis l'Épiphanie jusqu'au Carême; ils en feront sentir le ridicule et les dangers, en montrant au peuple que ce désordre est injurieux à Dieu dont il défigure les images, qu'il déshonore les membres de Jésus-Christ, en leur prêtant des personnages burlesques et déplacés; et qu'il favorise le libertinage en facilitant ce qui donne atteinte à la pudeur » (cité d'après R. Devos et C. Joisten, Mœurs et Coutumes de la Savoie du Nord au XVe siècle) (Roger Chartier, Emmanuel Le Roy Ladurie, Bernard Quilliet, La ville des temps modernes: de la Renaissance aux Révolutions, 1998 - books.google.fr).

On voit affleurer le sourire dans l'art, dans la sculpture : les fameux anges au sourire, le thème des vierges sages et des vierges folles, où les vierges sages sourient et les vierges folles ricanent. [...] Si nous le comparons avec un autre thème, qui en est très proche, qui en est d'une certaine façon l'expression, c'est le combat de Carnaval et Carême. Ce combat, c'est le combat du rire et de l'anti-rire (Jacques Le Goff, Rire au Moyen Age, 1989 - ccrh.revues.org).

A la Cité de Carcassonne se déroulait le « Jugement des vierges folles » qui, tous les ans, sanctionnait par une chanson satirique l'inconduite des femmes ou des filles du lieu. Deux jours avant le Mardi gras, la jeunesse, suivie d'une bonne partie de la population, se rendait devant la maison de la «vierge folle». Et là, tandis, que l'on brandissait devant sa fenêtre, le mannequin, fixé au bout d'une perche, qui était censé la représenter, on élevait bien haut, comme à Rouffiac, une paire de cornes de boeuf, attachées par des rubans, à un long bâton. Alors, au milieu des rires, des cris, des mugissements des conques, avait lieu la parodie de mise en accusation. On rendait le jugement et le châtiment de la coupable ne se faisait plus longtemps attendre : on chantait enfin la chanson vengeresse. Cette comédie se reproduisait à la même heure et au même lieu, le jour du mardi-gras, et, dans l'après-midi du jour suivant, au lieu-dit «Charlemagne » au sud-ouest de la Cité (sur l'emplacement de l'actuel lycée agricole). Enfin. le dimanche suivant, jour de quadragésime, après les vêpres, avait lieu, sur le « pré haut » de la Cité, l'incinération de sa majesté Carnaval : Carnaval es vengut per fa canta le coucut. S'es arrestat a ciutat Per vese ço que s'es passat. Adiu, paure (bis) adiu, paure carnabal ! Tu t'en vas e ieu demori. adiu ! Paure carnaval ! (Etienne Sabarthès, Jugement des Vierges folles, Folklore, N° 23, 1941 - garae.fr, Folklore, Volumes 39 à 41, Groupe audois d'études folkloriques (Carcassonne, France), 1986 - books.google.fr).

Carnabal et carnaval contiennent le mot hébreu "nabal"/"naval" qui désignent le fou.

Bernard de Clairvaux parle des vierges folles lors d'un sermon sur le carême, et Bossuet dans le temps du Carême.

Dans le seul Sermon de 1660 sur l'Honneur du monde, cette forme dramatique parait jusqu'à trois fois, et la scène des vierges folles demandant en vain d'être admises au festin et exclues par le redoutable nescio vos de l'Epoux est plus frappante pour notre esprit moderne dans les trente lignes de l'orateur sacré que dans les centaines de vers consacrés à la même parabole par les vieux auteurs dramatiques du moyen âge (Bossuet et la Bilbe, de René de La Broise, L'Université catholique (Lyon), 1892 - books.google.fr).

D'une note autographe placée en tête du manuscrit, il résulte que le sermon sur l‘Honneur du monde a été prêché aux Minimes, le sixième dimanche de Carême, c’est-à-dire le 21 mars 1660 (Choix de sermons de la jeunesse de Bossuet, présenté par Eugène Gandar, 1867 - books.google.fr).

Nous entrons aujourd'hui, mes bien-aimés, dans le saint temps du carême, dans le temps destiné aux combats du chrétien, car les observances du carême ne sont pas faites pour nous seulement, elles le sont pour tous ceux qui nous sont unis par les liens de la foi. [...] Les vierges folles disaient aux vierges sages : « Donnez-nous de votre huile (Matt. XXV, 8), » pourquoi cela? Parce qu'elles n'en avaient point dans leurs lampes; mais ce n'est pas le fait de vierges prudentes de donner ainsi de l'huile aux autres. Elles ne voudraient pas en recevoir, comment en donneraient-elles ? (Bernard de Clairvaux, Premier sermon pour le premier jour de carême - www.abbaye-saint-benoit.ch).

Le drame semi-liturgique Le Sponsus ou «drame de l'époux» est une adaptation scénique de la parabole évangélique des cinq vierges sages et des cinq vierges folles [5x5=25], d'après Matthieu 25 [5x5]. A une noce sont invitées plusieurs personnes, e.a. les dix vierges. Les cinq folles s’endorment et laissent brûler l’huile de leurs lampes: elle ne pourront pas venir à la fête. Au moyen âge elles symbolisent les pécheurs et la noce représente le paradis. Au premier vers de la pièce on voit que l’époux était considéré comme le Christ : Adest Sponsus qui est Christus, vigilate virgines. Les vierges folles se plaignent dans un refrain en langue vulgaire : Dolentas, chaitivas, trop i avem dormit ! (Hélas, pauvres de nous, nous avons trop dormi) (Paul Verhuyck, Littérature française du Moyen Âge, deuxième année : textes dramatiques, lyriques, allégoriques, 2006 - www.kisling.nl).

Claude Nicaise, antiquaire, né à Dijon en 1623, compléta ses études à l'université de Paris, et embrassa l'état ecclésiastique. Son penchant pour l'étude des monuments antiques lui fit accompagner un de ses amis qui se rendait à Rome pour les affaires de la maison de Longueville. C'était au commencement du pontificat d'Alexandre VII. Nicaise fut témoin de la réception qui fut faite à la fameuse reine de Suède, Christine. Il était à Rome en 1665, lors de la mort du Poussin, avec lequel il était lié. Il composa et fit graver sur sa tombe une inscription latine, qui offre un témoignage d'enthousiasme pour le génie de l'artiste, plutôt qu'un hommage rendu à son caractère (voy. PoUssIN). L'abbé Nicaise, ayant quitté Rome, visita Naples, et revint en France par Venise. Une correspondance active s'établit entre lui et les savants et artistes qu'il avait recherchés en Italie. Le désir de renouer ces relations sur les lieux lui fit entreprendre un second voyage. L'abbé de Rancé, qu'il avait quitté à Florence pour visiter le littoral de Gênes, lui écrivit sur la mort d'Arnauld une lettre qui fit beaucoup de bruit parmi les disciples de Port-Royal, et provoqua des réponses assez vives. Nicaise demeura étranger à ces controverses. Assez riche de son patrimoine, il ne posséda d'autre bénéfice qu'un canonicat de la Ste-Chapelle de Dijon, dont il se démit pour se livrer plus librement à ses goûts. Retiré à sa maison de campagne de Villey, près d'Is-sur-Tille, il s'occupa uniquement de son commerce épistolaire et de l'augmentation de sa bibliothèque. Les douleurs de la pierre tourmentèrent sa vieillesse sans altérer sa sérénité. Il mourut à Villey le 20 octobre 1701.

Il publie Dissertation sur les Syrènes, ou Discours sur leur forme et figure, Paris, 1691, in-4°. Nicaise soutient, après Huet, que les sirènes étaient primitivement des oiseaux, et qu'elles ne devinrent des divinités marines avec le corps terminé en poisson, qu'après s'être précipitées dans les flots, de regret d'avoir été vaincues par les muses dans un combat de chant. L'ouvrage est terminé par quelques détails sur l'assemblée qui se réunissait chez M. de Thou, et sur d'autres sociétés semblables qui se formèrent successivement à Paris (Biographie universelle, Tome 30, 1859 - books.google.fr).

Charles François Dupuis est aussi mort à Is sur Tille, en 1809.

A Dijon, un prédicateur du nom de Saint-Honoré fait accourir les foules et les incite à brûler les mauvais livres au pied d'une croix. La Monnoye assiste à cet autodafé. Il ramasse une feuille à demi brûlée d'un certain Joseph. Rapportant cet événement, il conclut : « Ce livre avait été jugé digne du feu parce que son auteur était convaincu de jansénisme. C'est dans une ville capitale, dans une ville de parlement que ces événements sont arrivés ; ajoutez encore : dans un siècle aussi éclairé que le nôtre... » Le propos ne serait pas désavoué par Voltaire... Belle ironie maintenant à propos de cette question, qui vaut bien celle du sexe des anges : les sirènes sont-elles des mammifères, des poissons ou des oiseaux ? Il s'agit en fait de savoir quel animal on a le droit de consommer en période de jeûne. « Ces messieurs qui huèrent M. Huet, pour avoir dit que les Sirènes étaient des oiseaux, mériteraient d'être hués eux-mêmes, d'avoir ignoré une chose si triviale en mythologie. A propos de quoi, vous ne feriez pas trop mal, ce me semble, d'agiter dans votre dissertation un point de controverse fort curieux, savoir s'il serait permis de manger une sirène en carême. L'Eglise véritablement permet alors l'usage des macreuses et cela, dit-on, parce que le sang en est froid. Mais les sirènes, ayant été anciennement des filles de joie, ont apparemment le sang chaud ; ce qui donne lieu de douter qu'on pût manger de ces animaux un jour maigre, en sûreté de conscience. Ayant autant de relations à Rome que vous y en avez, j'espère, Monsieur, si vous venez à proposer la question au Pape futur, que vous nous obtiendrez aisément la permission de manger des sirènes toute l'année » Enfin, cette profession de foi épicurienne : Amis, ne songeons qu'à bien passer la vie (Annales de L'Académie de Mâcon, 2003 - books.google.fr).

Bernard de La Monnoye, né le 15 juin 1641 à Dijon et mort le 15 octobre 1728 est un poète, philologue et critique français, connu principalement pour ses Noel Borguignon (fr.wikipedia.org - Bernard de La Monnoye).

La carte du ciel

En extrapolant la carte du ciel, de la Grande Ourse associée au plan de l'église Saint Sulpice, on trouve la constellation d'Orion située près de Pau et d'une commune qui s'appelle Orion vers l'ouest du centre de la Croix des Prophètes, du côté de Rennes le Château (La Croix d’Huriel : La Croix d’Huriel et l’alchimie : Carte du ciel, Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse).

Gaston Phébus était dans sa soixantième année lorsque, par une journée très chaude, revenant de courir l'ours dans les bois de Sauveterre, sur le chemin d'Orthez à Pampelune, il entra à l'hôpital d'Orion pour y dîner avec sa suite. Dans la salle appareillée à cet effet et toute tapissée de verdure, deux écuyers lui « donnèrent à laver », présentant, l'un le bassin d'argent et l'autre la serviette. Quand il sentit soudain l'eau froide découler sur ses mains qu'il avait longues et belles, une pâleur affreuse se répandit sur son visage et le cœur lui manqua. Il ne put prononcer que ces mots : « Seigneur, vrai Dieu, miséricorde ! » On le porta dans les transes de l'agonie, sur un lit de feuillage où il ne tarda pas à rendre le dernier soupir (Le livre des oraisons de Gaston Phébus, traduit par Jean Vorle Monniot, Editions de La Sirène, 1920 - books.google.fr).

En 1381, Jean de Berry rencontra Gaston Fébus (1331-1390), qui était accompagné d'une escorte de 2 000 hommes, à Notre-Dame de Marceille le 8 août, à Mazères, le 9 septembre. On fit la paix. À quelles conditions ? Nul ne le sait. Mais le nouveau lieutenant du roi en Languedoc ne pouvait pas se montrer difficile, encombré qu'il était de son beau-frère le comte d'Armagnac qui faisait échouer tous les efforts qu'il déployait pour le réconcilier avec le comte de Foix. Par ailleurs, il lui fallait bien passer par les bons offices de Gaston Fébus pour se faire accepter par les villes du Languedoc (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Les communes de l’Aude, Saint Suplice et VLC : Côté Sud).

Partant de là, l'Eridan se trouve à cheval sur les Pyrénées comme le Chemin de Saint Jacques.

Eschyle, qui avait localisé en Crau le combat d'Héraclès, «situait l'Eridan en Ibérie et lui donnait, nous dit Pline, le nom de Rhône » (N. H., XXXVII, 11, 3). La même confusion apparaît chez Denys, qui sous le nom d'Eridan, place les sources du Rhône dans les Pyrénées (v. 288-289), et chez Hérodote qui, confondant en un même fleuve mythique tous les cours d'eau de l'Occident, localise les sources de l'Ister, en Celtique, auprès de la ville légendaire de Pyrène (II, 33), et l'embouchure de l'Eridan, ainsi nommé, dit-il, par les Grecs, d'après une fiction poétique, dans les régions boréales de l'Europe, d'où proviennent l'ambre et l'étain (III, 115). Pline s'étonnait de la confusion d'Eschyle. Mais la localisation du Rhône-Eridan en Ibérie, incompréhensible à son époque, nous reporte à un état géographique du Midi de la Gaule antérieur à l'invasion des Celtes. Les Ibères, en effet, s'étendaient au temps d'Eschyle, jusqu'au Rhône et confinaient aux Ligures, «tandis qu'aujourd'hui, écrit Strabon, on place la limite de l'Ibérie aux Pyrénées ». Pline lui-même ne suivait-il pas la tradition ancienne, en appelant l'une des trois bouches du Rhône, celle de l'Ouest, l'os Hispaniense, l'embouchure ibérique (N . H ., III, 5) ? (Fernand Benoit, La légende d'Héraclès et la colonisation grecque dans le delta du Rhône. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé,n°8, décembre 1949 - www.persee.fr).

Si bien que l'Eridan serait une sorte de pléonasme, une simple tautologie, signifiant : «le fleuve d'eau qui s'écoule». En conclusion, l'« Eyre » présuppose, à mon sens, un ibéro-celtique : eren-os, erin-os, ou éirn-os, désignant tout bonnement une eau courante, sans doute parent de formes inconnues du substrat méditerranéen des langues helléniques. Ces formes, évidemment hypothétiques puisqu'elles ne sont pas attestées dans les documents, nous ont néanmoins permis de « cerner » la réalité de très près. On peut les reconstituer, avec aisance et quelque vraisemblance, après ce que nous avons dit de toponymes similaires, tels le breton erien, l'Yères française, l'Eresma espagnole, l'Erineos sicilien, ou l'Eridan italien, qui tous semblent bien refléter une commune origine (Maurice Prat, L'Eyre, Bulletin de la Société de Borda, Volumes 88 à 89, 1964 - books.google.fr).

Pierre de folie

Le fou occupe une vraie place dans la société médiévale. Compassion ou rejet, tels sont les deux sentiments opposés qu'il provoque. Pour beaucoup, en particulier l'Église, la folie est la manifestation du diable (incarnation des faiblesses et du vice). La guérison ne peut passer que par la foi ou l'exorcisme (conjuration du démon qui s'est emparé d'une âme malade). En cas d'échec, l'ultime traitement est le bûcher. Pour d'autres, la maladie mentale est à considérer comme une maladie organique dans laquelle le cerveau est désigné comme principal responsable. Galien (130 - 200) parle déjà d'une ouverture du crâne qui pourrait permettre d'extraire cliniquement «la méchante pierre du haut mal ». L'imagination laisse croire qu'un esprit dérangé a dans sa tête quelque chose en trop: un corps étranger. Pourquoi pas un insecte, un taon, une guêpe, une araignée qui, s'immisçant par les narines, pénètre le cerveau et se transforme en pierre ? Il y aurait donc une pierre quelque part dans la tête, raison de tous les maux (délire, manie, hystérie, mélancolie), qu'il faudrait ensuite extraire. [...] Mais de telles opérations ont-elles réellement été effectuées ? Il semble difficile de se prononcer définitivement. Si les textes médicaux sont plutôt muets sur le sujet, l'iconographie, elle, est plus riche, comme en atteste par exemple le tableau de Jérôme Bosch, fin XVe siècle intitulé La Lithotomie ou La Cure de la folie où l'opérateur est censé retirer le caillou que le patient demande d'extraire promptement. Rhazès, médecin perse du IXe siècle, dont l'esprit scientifique émet déjà des doutes sur la théorie de Galien, dénonce que « certains guérisseurs prétendent guérir le haut mal et font une ouverture en forme de croix surla partie arrière du crâne et font croire à l'extraction d'une chose qu'ils tenaient dans leur main précédemment... » (Marc Magro, Sous l'oeil d'Hippocrate, 2014 - books.google.fr).

Inlassablement, Jérôme Bosch, Bruegel, Van Hemessen, Téniers figurent des opérations de la « pierre de tête », de la « pierre de folie », qu'on tente, avec une obstination vaine, d'arracher du cerveau humain en proie à ses démences (Géralde Nakam, Montaigne: La manière et la matière, 2006 - books.google.fr).

David Téniers dit Le Jeune, Opération chirurgicale - Musée du Prado, Madrid, Espagne

La cruche de Téniers, en bas à gauche, qui semble cependant être en terre, porte un couvercle rouge, comme le béret du malade tombé à terre.

Caspar van Baerle (ou Baarle, latinisé en Barlæus ou Barleus) (né à Anvers le 12 février 1584 - mort à Amsterdam le 14 janvier 1648) est un géographe, théologien, poète et historien néerlandais. Il a particulièrement contribué aux connaissances géographiques des pays d'outre-mer, dont le Brésil (fr.wikipedia.org - Gaspard van Baerle).

Quelle avait été sa joie quand il avait rencontré la douce Anne Marie ! À cette époque, il avait déjà quitté depuis longtemps l'université de Leyde dont il avait été l'un des distingués professeurs de philosophie, avant la purge qui avait poussé deux cents pasteurs à fuir et conduit à l'assassinat du conseiller Jan van Oldenbarnevelt. Caspar avait reçu un tel choc de tout cela qu'il en perdit presque la raison. Beaucoup de gens disaient que ces premières traces de sang qui avaient sali notre jeune nation ne s'effaceraient jamais tout à fait. Parce qu'il refusait lui aussi, comme les rémontrants, la doctrine de la double prédestination, Caspar avait été chassé de l'université. «J'ai toujours craint, depuis, ces théologiens redoutables qui conduisent un peuple à la haine et au meurtre par leurs définitions trop strictes. Caspar avait osé affirmer que Dieu aime les hommes sans restriction, sans choisir élus ou réprouvés dès avant leur naissance. Le professeur Caspar Barlaeus dès lors révoqué fut bientôt en proie à des crises de folie dont on commençait à parler partout. Oh, peu de chose, mais tellement étrange : il se persuadait soudain que son corps était entièrement fabriqué et bourré de paille, comme celui d'un épouvantail ou bien formé de beurre comme celui d'un coq de Pâques. Combien de fois a-t-il opiniâtrement refusé, même chez nous, même par grands froids, d'approcher de la cheminée pour s'y chauffer, de peur de prendre feu s'il se sentait de paille ou bien de fondre tout entier s'il se croyait de beurre ! L'étrange fantaisie lui prenait aussi de se croire fait comme une cruche de verre, et alors il ne voulait pas même s'asseoir, craignant de briser ses membres ou de faire éclater son arrière-train. « Certains en riaient. Mais cette mélancolie le tortura toute sa vie, même après que l'affaire des rémontrants fut pardonnée et sa nouvelle nomination à l'École illustre d'Amsterdam prononcée. Et quand il mourut, beaucoup de gens racontèrent qu'une si grande frayeur l'avait soudainement pris de s'enflammer et de périr consumé que pour éteindre le feu qu'il avait imaginé voir prendre à son corps de paille, il s'était jeté dans un puits et s'y était noyé. » (Brigitte Hermann, La demoiselle savante: Histoire d'Anne Marie de Schurman (1607-1678), 2003 - books.google.fr).

Dans l'Oratio de animae humanae admirandis, habita in Illustri Amstelodamensium Gymnasio, cura libros Aristotelis de Anima interpretaretur, Anno 1635, Barlaeus présente les grands thèmes de la psychologie aristotélicienne : origine de l'âme, son immortalité, ses facultés, sens externes et sens internes, imagination et mémoire, intellect et volonté. [...] Traitant des illusions de l'imagination, notamment dans le sommeil, Barlaeus semble anticiper sur le passage de la Première Méditation où Descartes fait allusion à ces fous qui "s'imaginent être des cruches, ou avoir un corps de verre" (Œuvres, éd. Adam & Tannery, IX, 14). Barlaeus dit aussi "Hic se vitreum credit". Pour Ch. Adam, qui rapporte le témoignage de Thomas Bartholin, Descartes a dû s'inspirer du cas d'"un pauvre fou d'Amsterdam" (Œuvres, XIII, 27). Le plus piquant est que ce pauvre fou d'Amsterdam, si nous en croyons M. de la Fontaine-Verwey (dans son article De dichter die dacht dat hij van glas was, paru dans la revue Amstelodamum 1950, p. 60) ne serait autre que Barlaeus lui-même, sujet à des crises de neurasthénie (Paul Dibon, L'enseignement philosophique dans les Universités néerlandaises à l'époque pré-cartésienne: (1575-1650), 1954 - books.google.fr).

Pierre folle

On n'a pas oublié la signification littérale de ménir, dolmen, rouler et cromleck. (VLC, p. 248)

Roulers, signé Edmond Boudet, dans La Vraie Langue Celtique

Les départements de la Manche, de la Lozère, de Saône-et-Loire, de la Creuse, du Puy-de-Dôme, des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Lot, etc., etc., possèdent des roulers. On en trouve en Angleterre, en Espagne, en Grèce, en Norwége, en Chine et même en Amérique. Les Anglais les nomment bocking-stone ou rouler; les Français pierre roulante, pierre roulée, pierre tournante, pierre tremblante, pierre vacillante, pierre branlaire, pierre folle, pierre retournée, pierre transportée, pierre qui danse, pierre qui tourne, pierre qui vire, pierre tournisse. Comme tous les monuments celtiques, les roulers sont bruts (Victor Godard-Faultrier, Monuments gaulois du département de Maine et Loire, 1862 - books.google.fr).