Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaume 36 : le laurier, du bâton de Moïse à celui de Martial   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUME 36 LAURIER MOISE MEOBECQ NEUILLAY LES BOIS INDRE MARTIAL

Le psaume 36 contient le mot "oren" en hébreu traduit par arbre vert, ou laurier chez le protestant Marot (Jean Paquereau, Au jardin des plantes de la Bible: botanique, symboles et usages, 2016 - books.google.fr).

Le verset 36 contient la célèbre image de la disparition du méchant, et Marot rappelle la réputation du malin, décrite dans le verset 35, en ajoutant le verbe fleurir à son texte. Le psaume 37, verset 36: «il n'a fait que passer, et voici, il n'est plus ; je l'ai cherché, impossible de le trouver. » :

J'ay veu l'inique enflé & crainct au monde Qui s'estandant grand & hault verdissoit Comme ung laurier qui en rameaulx abonde (Marot, vv. 103-105) (Catherine Reuben, La traduction des Psaumes de David par Clément Marot: aspects poétiques et théologiques, 2001 - books.google.fr).

Dans l'étude de La Vraie Langue Celtique mise en rapport avec le Livre des Psaumes, au psaume 36 il est fait mention de Laurette, fille de Thierry d'Alsace, comte de Flandre, et épouse du comte de Namur, pour laquelle a été composé après 1163 un commentaire français du Psautier. Laurette d'Alsace est la demi-soeur de Philippe d'Alsace, le commanditaire du Conte du graal de Chrétien de Troyes (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre I - Ps. 36).

Laure vient du nom d'homme latin Laurus qui signifie « laurier », symbole de gloire dans l'antiquité. Il a de nombreux diminutifs, parmi lesquels Laurel, Laurelle, Lauretta, Laurette, Lauria, Laurie, Laury, Loretta, Loria, Lori, Lorie et Lory (fr.wikipedia.org - Laure (prénom)).

La page 36 de La Vraie Langue Celtique

L'abbé Boudet dans La Vraie Langue Celtique à la page 36 dit :

L'année 1491 avant Jésus-Christ avait vu la révélation du nom de Jehova faite à Moïse. (VLC, p. 36)

Le bâton de Moïse est un symbole religieux juif. Dans sa version avec le serpent d'airain il est nommé Nehustan. C'est un grand bâton en bois que portait le prophète Moïse selon les textes sacrés, et qui lui permit de réaliser de nombreux prodiges : il s'en servit pour ouvrir les flots, faire tomber la grêle, transformer l'eau du Nil en sang, transformer la poussière du sol en moustiques ou faire jaillir de l'eau d'un rocher, et le transforma en serpent puis le retransforma en bâton. Selon R.Lévi, c'est l'un des dix objets qui furent créés avant la Création (ou "entre les deux soleils"). Il est le symbole de l’autorité divine, et fut remis à Adam, puis transmis à une lignée de prophètes (fr.wikipedia.org - Bâton de Moïse).

Élie est associé à l'épée, alors que Moïse l'est au bâton, le signe de ses pouvoirs : c'est en effet un bâton qui est transformé en serpent en Ex 4, 25, qui fend la mer Rouge (Ex 14, 16), qui purifie la fontaine de Mara (15,25), fait jaillir l'eau du rocher (17, 5) et remporter la victoire sur Amaleq (17, 9) (Jacques Vigne, La Mystique du silence, 2014 - books.google.fr).

‘asa Musa « bâton de Moïse », laurier-rose (Nerium oleander) ; Sidi Musa, dont un sanctuaire se trouve à Rabat-Salé, est le nom arabe de Moïse, le maître des eaux qui ouvrit les flots pour permettre le passage de son peuple. Dans la confrérie religieuse des Gnawa, le pouvoir mythique de Sidi Musa sur la mer est évoqué au cours des lila (nuits sacrées) par la danse du moqqadem (directeur du culte), un bol d’eau en équilibre sur la tête. Le laurier-rose, qui fleurit le long des oueds, notamment dans le Sud marocain, est une plante magique pouvant détourner le mauvais œil et protéger celui qui la possède de tous les mauvais sorts. Le terme ‘asa Musa implique donc les structures « comparaison à objet » (bâton) et le surnaturel (Moïse). (Renée Claisse, Bruno de Foucault et Annick Delelis-Dusollier, Nommer les plantes et les formations végétales, L’Homme, 153, janvier-mars 2000 - lhomme.revues.org).

Ou bien :

Laurus nobilis L. (laurier-sauce, 'asa musa), usage : les feuilles sont utilisées comme condiment culinaire, comme fortifiant, stomachique, antirhumatismal et contre le refroidissement (Abderrazzak Benchaâbane, Abdelaziz Abbad, Les plantes medicinales commercialisées à Marrakech, 1997 - books.google.fr).

Daphnis, Daphné et Moïse

Dans son Idylle I, Théocrite nous introduit dans un monde de douceur et d'harmonie où le chant de la nature soutient et nourrit celui de la poésie. Le berger Thyrsis propose au chevrier de lui jouer de la syrinx, mais celui-ci refuse, par peur de Pan, irritable à l'heure méridienne. Il lui demande de lui chanter « les souffrances de Daphnis » (v. 19) et, pour le décider, il lui offre une chèvre à traire trois fois et une merveilleuse coupe, en le suppliant de ne pas garder son chant pour « Hadès qui fait tout oublier ». Thyrsis cède et entonne « l'hymne désirable ». La version qu'il présente de la mort du bouvier, ami de Pan et musicien remarquable, se distingue par son originalité et par de surprenantes analogies avec le mythe de Daphné. Par ces parallèles que nous explorerons, Théocrite façonne la figure du demi-dieu inventeur de la poésie bucolique. [...]

Les sources anciennes s'accordent sur le schéma suivant : fils d'Hermès et d'une nymphe, né ou exposé dans un bosquet de lauriers (Elien) qui lui a donné son nom, Daphnis est un bouvier sicilien d'une grande beauté et un musicien naturellement doué. C'est en gardant son troupeau 4 sur l'Etna. D'après Diodore, il chassait en compagnie d'Artémis qu'il charmait par « la mélodie de sa flûte et son chant bucolique ». Au début de sa vie, Daphnis a donc tout pour être heureux : la faveur des dieux, le talent musical, la beauté. Les problèmes commencent lorsqu'il rencontre une nymphe, dont le nom varie selon les auteurs et qu'il en tombe amoureux ; celle-ci partage son sentiment mais l'engage à lui rester fidèle, faute de quoi il perdra la vue. Il tient parole jusqu'au jour où la fille d'un roi, attirée par lui et ne parvenant pas à le faire céder, l'enivre et s'unit à lui. La nymphe, irritée, le frappe alors de cécité. D'après Elien, ce n'est qu'à ce moment-là que Daphnis composa le premier chant bucolique, traitant de « ce qui est arrivé », à ses yeux. Après avoir été aveuglé, il est tombé du haut d'une falaise ou a appelé son père à l'aide. Hermès l'a alors enlevé à l'Olympe, faisant jaillir à sa place une source, près de laquelle les Siciliens offrent des sacrifices annuels en son honneur. [...]

Comme le souligne A. S. Hollis, la métamorphose de la nymphe était déjà connue au troisième siècle avant Jésus-Christ, puisqu'elle « apparaît dans un poème élégiaque de Diodore d'Elée » et qu'il en existait une version syrienne, promulguée par le roi Séleucos Premier Nicator, ce qui indique que la fable était « raisonnablement bien connue à cette époque » et bien vivante dans l'imaginaire populaire, riche source d'inspiration poétique à laquelle Théo- crite ne se prive pas de puiser, comme il le signifie en déléguant ses pouvoirs de poète érudit au berger Thyrsis, passé maître « dans l'art de la Muse bucolique ». [...]

L'identité onomastique constitue le premier indice de ce lien esquissé par Théocrite. En effet, le nom même de Daphnis dérive de Daphné, le laurier, parce que le jeune homme est né dans un bosquet de lauriers ou qu'il y a été exposé par sa mère. Or Théocrite n'a sans doute pas choisi au hasard celui dont il fera le héros fondateur de la poésie bucolique. C'est Daphnis qu'il a privilégié et non Ménalcas, dont la figure et le destin évoquent pourtant fortement ceux de Daphnis, dont Ménalcas passe d'ailleurs pour avoir été l'amant. D'après Cléarque, qui nous raconte son histoire dans ses Erotica, Ménalcas a été aimé par la poétesse lyrique Eriphanis, qui l'a vu alors qu'il chassait. Elle s'est mise elle aussi à pratiquer cette activité et à parcourir les bois, à la recherche de celui qui la dédaignait, provoquant, par ses souffrances, la compassion des hommes et des bêtes ; les bois résonnaient de l'écho de ses appels et elle composait des vers, tout en hantant les forêts et en chantant le « chant pastoral », "nomion", pour Ménalcas. On le voit, les motifs caractéristiques de X Idylle I se retrouvent ici : l'amour non partagé, la quête affolée d'une « fille » amoureuse, l'invention de la poésie bucolique, dont Ménalcas et Daphnis, comme le rappelle R. Hunter, ont été « les premiers inventeurs rivaux ». Théocrite aurait pu aussi faire de Diomos le héros du chant de Thyrsis. En effet, ce berger sicilien légendaire, qu'Epicharme aurait mentionné dans deux de ses œuvres 75, passe pour avoir découvert le premier le chant bucolique qu'Athénée appelle "boukoliasmos". Mais c'est Daphnis, l'émanation du laurier, Daphné, que Théocrite a mis en avant dans une idylle que l'on a pu qualifier de « programmatique » et son choix a été décisif. En effet, comme le remarque justement D. Halperin, « l'association de Daphnis à la poésie bucolique tout comme l'habitude particulière d'attribuer la découverte de la poésie bucolique à Daphnis semblent en fait résulter de l'influence même de Théocrite ». [...]

Les souffrances qu'endurent Daphnis et Daphné constituent en effet une initiation, un passage qui va leur permettre de changer de niveau et, pour Daphnis, comme l'a montré C. Segal, de pénétrer « dans un monde au-delà de ses pouvoirs normaux ». En effet, « initier, c'est d'une certaine façon faire mourir, provoquer la mort ("teleutaô" = mourir) ». Mais, comme le dit F. Majorel, « la mort est considérée comme une sortie, le franchissement d'une porte donnant accès ailleurs. A la sortie succède une entrée. Initier, c'est introduire. L'initié franchit le seuil qui sépare le profane ("osios") du sacré ("ieros") ; il passe d'un univers à un autre et subit de ce fait une transformation » qui s'opère en « trois étapes successives : ignorance (uyvoiu), révélation (epopteia), réalisation (concrétisation de sa connaissance dans l'action) » 129 ; il vit ainsi d'abord un moment de séparation qui l'arrache à ses repères traditionnels, puis une période liminaire d'épreuves souvent pénibles avant de retrouver la société mais avec un statut différent). Tel est bien le sens du schéma narratif des mythes de Daphnis et de Daphné. [...]

Théocrite a choisi de se démarquer de Daphné en donnant volontairement à son héros une grandeur épique et une mort mystérieuse, bien différente de la banale métamorphose en rocher qu'évoque Ovide. Conscient de sa force malgré la puissance du dieu qui le broie, Daphnis n'est pas comme Daphné une victime passive qui subit son sort ; au contraire, il accepte l'épreuve du trépas qui fera de lui véritablement un initié ; en effet, le fil manque aux Moires au moment où, à la fois victime du destin (v. 139-140) et libre de son choix, il marche dans le courant, à la rencontre de ce tourbillon, "dina", qui l'engloutit, "ekluse" mais dans lequel, paradoxalement, il n'est pas englouti : la forme active, que Théocrite a préférée à la tournure passive, suggère cette volonté de retour aux sources de la vie, par la médiation d'une eau purificatrice, « symbole unificateur de ce qui est vivant et vital dans le monde pastoral » 139. A l'image de l'eau baptismale, le courant va étouffer de son tourbillon le feu destructeur de l'amour, "etaketô" (v. 66), et rendre au pâtre sa pureté première, comme le suggère le symbolisme du laurier, qui passe pour assainir l'air et purifier l'eau, donnant ainsi à Daphnis un nouveau statut, qui n'est pas sans évoquer celui de Daphné, elle aussi sauvée par l'intervention du fleuve, son père. La mort de Daphnis marque ainsi sa victoire sur Aphrodite et Eros, comme la mort de Daphné marque sa victoire sur Apollon, au terme d'une douloureuse maturation initiatique, qui a permis à la force du faible de triompher (Christine Kossaifi, Daphnis et Daphné. Mythe et poésie dans l'Idylle I de Théocrite. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°1, 2005 - www.persee.fr).

L'initiation, le passage c'est la Pâque, et le bâton de Moïse, exposé aux eaux du Nil comme Daphnis est exposé dans un bois de lauriers, purifie la fontaine de Mara (Exode 15,25), comme le laurier en a le pouvoir.

Le renom de Pan musicien était ancien dans la littérature, plus ancien que celui de Daphnis; Pan est dieu, Daphnis était mortel; l'idée de subordonner en quelque sorte le second au premier pouvait donc naître dans l'esprit le plus impartial ; c'est encore moins forcément une idée anti-sicilienne que celle de donner Marsyas pour élève à Daphnis - comme l'a fait Alexandre d'Étolie - n'est une idée sicilienne. J'irai plus loin : un détail de la combinaison me parait répugner aux habitudes littéraires d'Anyté. En même temps que l'élève, Daphnis, nous l'avons dit, est l'éromène de Pan ; cette seconde espèce de relations est même la plus explicitement indiquée par les poètes; et, dans les lieux que nomme l'épigramme de Glaucos AP, IX, 341, le dieu, à ce qu'il semble, s'était illustré par son humeur galante plutôt que par ses talents artistiques Or l'idylle arcadienne, autant que nous la connaissons aujourd'hui, est une idylle sans amour 4; Anyté n'a fourni aucune pièce aux livres érotiques de l'Anthologie; Mnasalkas une seule, qui n'a pas de caractère idyllique (AP, XII, 138). (Revue des études anciennes, Volume 2, 1967 - books.google.fr).

On ne sait rien de la poétesse Anyté de Tégée (IVe siècle avant notre ère), sinon que certains de ses poèmes figurèrent au Ier siècle avant notre ère dans le Florilège de Méléagre, qui voyait en elle « l'Homère des femmes ».

La poésie bucolique se confond au départ avec la pastorale. Elle raconte la vie et les amours des bergers. Le créateur légendaire du genre serait Daphnis. Parmi ses successeurs, il convient de citer Théocrite, Bion, Moschus puis Virgile (Catriona Seth, Agnès Steuckardt, André Chénier: "Imitations et préludes poétiques", "Art d'aimer", "Élégies", 2005 - books.google.fr).

Marot n'a cessé durant toute sa carrière, de se nourrir de poésie latine et néo-latine. Aux Anciens, il a emprunté les formes que l'on sait: l'épigramme, l'élégie, l'épître, l'églogue. Les métaphores, les tournures de phrases imitées du latin sont, chez lui, innombrables. L'argument lui-même de certaines pièces suit un modèle antique. On pense à L'Enfer, calqué sur le VIe chant de L'Enéide, et à plusieurs pièces reprenant la trame des Bucoliques. L'imitation des Anciens s'assortit pourtant à cette époque d'un caveat. Comme le dit Guillaume Budé dans le De Transitu, l'Antiquité ne peut être une fin en soi: elle doit être complétée par le christianisme sous peine d'être idolâtre. Chez Marot on a souvent le sentiment que l'Antiquité ne fournit que la forme, alors que l'évangélisme apporte le contenu idéologique du poème. [...] Le monde de l'églogue devient souvent chez Marot essentiellement chrétien: aux bergers de l'Arcadie on substitue des bergers français menacés par les loups de la Sorbonne, Louise de Savoie remplace la défunte Daphnis dans la Ve églogue et la pensée évangélique remplace le pathétique païen. Le modèle latin est toujours l'objet d'une réécriture: il n'est jamais une fin en soi. Autant la pensée classique habite celle de Montaigne, lui fournit des exempla, alimente sa réflexion, autant chez Marot elle est essentiellement modèle formel (Florian Preisig, Clément Marot et les métamorphoses de l'auteur à l'aube de la Renaissance, 2004 - books.google.fr).

Ou le défunt Daphnis ?

La cinquième églogue est marquée par la mort de Daphnis, un berger et poète. Un chant amébée puis une apothéose sont alors donnés par Mopsus et Ménalque (deux poètes) pour célébrer sa mémoire. L'identité de Daphnis reste floue, il peut évoquer le héros bucolique du même nom (Daphnis) mais certaines interprétations font de ce personnage le double de Jules César6, au vu du contexte historique (César est mort en -44) et des allusions implicites dans le texte. Par exemple, lors de la commémoration de la mort de César une comète a été observée, allusion que l'on retrouve, sous-entendue, dans le texte: « Daphnimque tuum tollemus ad astra;/Daphnim ad astra feremus » (vv.51-52) « et nous élèverons ton cher Daphnis jusqu'aux astres; Daphnis! Jusqu'aux astres nous le porterons ». L'épitaphe de Mopsus, qui précède ce passage, évoque également les étoiles ce qui confirmerait l'hypothèse que Daphnis et César ne font qu'un. Cette églogue s'inspire des première et septième idylles de Théocrite (fr.wikipedia.org - Bucoliques).

Année 1491 avant ou après J.-C. ?

L'Allégorie du Vice et de la Vertu ou Allégorie de la Chute de l’humanité ignorante est une composition en deux planches gravées séparément, se plaçant l’une au-dessous de l’autre. Cette allégorie, dont la signification semble assez claire dans son ensemble mais moins évidente dans l’interprétation de chaque figure et de son rôle, a dû être conçue par des humanistes. Les personnages et leurs attributs devaient illustrer un savoir d’initiés. Une copie réduite du xviiie siècle le laisse supposer, par les lettres A à X, distinguant figures et objets, mais il se peut aussi que ce soit une initiative du copiste.

Virtus combusta (partie supérieure) est le titre est donné d’après l’inscription figurant sur la coupe d’une dalle, en bas, à dr. L’Ignorance, sous l’apparence d’une femme obèse, couronnée, assise sur un globe, à dr., tient un gouvernail. Le globe est soutenu par des sphinx à trépied, symbolisant aussi l’ignorance. Le globe instable et le gouvernail évoquent la Fortune. Derrière l’Ignorance, se tiennent l’Ingratitude aux yeux bandés (on y a vu aussi le Destin) et l’Avarice (ou l’Envie), vieille femme aux longues oreilles. Devant ce groupe, dans un creux du dallage, de la monnaie et, sur le sol, deux bourses. À dr., la Vertu qui périt est symbolisée par un feu de branches de laurier, ce qui est confirmé par l’inscription VIRTVS COMBVSTA. Au centre, un homme aux oreilles d’âne (l’Erreur) guide une femme aveugle vers une fosse dans laquelle elle va tomber. À g., un satyre aux ailes de chauve-souris et aux pieds d’oiseau joue de la cornemuse (la Luxure). Derrière ce groupe, un homme à la tête couverte tient un chien en laisse (la Fraude ?).

Virtus combusta

Virtus deserta (partie inférieure) est le titre est donné d’après l’inscription figurant sur la tablette accrochée au tronc de l’arbre, à g. Au centre, une fosse remplie de personnages, entraînés là par les vices représentés au-dessus. Seul Mercure, à dr., dieu des sciences et des arts, peut les en tirer. À g., une femme se métamorphose en arbre : peut-être symbolise-t-elle la Chasteté ; elle évoque en effet Daphné, qui préféra être transformée en laurier plutôt que de subir les assauts d’Apollon. Sur le tronc, l’inscription VIRTVS/DESERTA et, sur une pierre, au bas : VIRTV/TI/·S·A·I·, qui pourrait correspondre à une phrase écrite à deux reprises par Mantegna, dans des lettres adressées au marquis Francesco Gonzaga, en 1489 et 1491 : Virtuti semper adversatur ignorantia (« L’Ignorance s’oppose toujours à la Vertu ») (Gisèle Lambert, Les premières gravures italiennes, Mantoue : Andrea Mantegna et son école, Inventaire des premières gravures italiennes, 1999 - books.openedition.org).

Virtus deserta

Il est probable que les Tarots de Mantegna soient la vision par un artiste de la pensée d'un ou plusieurs humanistes. Ce pourrait être le jeu du "Gouvernement du Monde" inventé par le pape Pie II (Aenas Sylvius Piccolomini, élu en 1458, décédé en 1464) et les cardinaux Nicolas de Cuse (1401-1464) et Jean Bessarion (1403-1472), lorsqu'ils se réunirent pour le long concile de Mantoue en 1459 et 1460 (22 v’la l’Tarot : Chapitre II - Kabbalisation du Tarot : Introduction 4 : Tarot et Gonzague).

L'ignorance est l'un thème de cette page 36 :

Du reste, les Juifs eux-mêmes ignorent de quelle manière Moïse et les prêtres Juifs le prononçaient devant le peuple assemblé pour les cérémonies religieuses. La facilité avec laquelle les pronoms personnels de la langue Anglo-Saxonne expliquent le nom divin de Jehova, nous amène à croire que les Celtes étaient loin d'ignorer et ce nom et sa véritable signification, puisque les relations de la Gaule avec l’Asie étaient incessantes par les émigrations vers l'Occident de nouvelles peuplades celtiques. (VLC, p. 36)

Saint Martial

"noeud" "y" "e" de cette page donne "neuillay" par rébus. Or Neuillay-les-Bois dépendait de l'abbaye de Méobecq (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Les curiosités de La Vraie Langue Celtique).

L'abbé de Méobecq assista à un concile sur l'apostolicité de saint Martial avec Foulc, évêque de Carcassonne, en 1028 ou 1031 (Autour de Rennes le Château : Nonagones et Sceau de Palaja : correspondances).

A l'autre extrémité de l'Aquitaine, aux confins du Berry, on voit encore dans l'église romane de Méobecq (Indre) une peinture qui représente saint Martial. Les moines de Méobecq, en effet, racontaient que saint Martial, dans ses voyages évangéliques, était venu jusque-là. Il subsiste probablement plus d'une œuvre du XIIe siècle, où nous ne savons plus aujourd'hui reconnaître saint Martial (Emile Mâle, L'art religieux du XIIe siècle en France: étude sur les origines de l'iconographie du moyen âge, 1922 - books.google.fr).

Ce programme pictural constitue un hommage aux fondateurs, aux « piliers » de l'église : saint Pierre, d'abord, patron de l'église de Méobecq et fondateur de l'Eglise romaine ; saint Martial, évangélisateur des régions du centre de la France ; saint Benoît, fondateur du monachisme occidental ; saint Cyran et saint Loyau, enfin, respectivement fondateur et premier abbé de Méobecq. La valorisation de ces derniers doit sans doute être mise en relation avec l'élaboration, au XIe siècle, d'une légende sur les origines de l'abbaye : saint Cyran, fils de Sigelaïc, comte de Bourges et proche parent de Dagobert aurait, en 632, construit quelques cabanes à Méobecq et prévu qu'un jour, son modeste oratoire serait appelé à devenir une basilique monumentale. Il aurait également obtenu du pape des reliques de saint Pierre (rasoir, couteau, autel portatif, poils de la barbe, cheveux). Il est difficile de préciser la date de l'élaboration de cette légende, destinée à donner du prestige à l'abbaye et largement évoquée dans la charte-notice de 1048. La présence de saint Martial évoque, en revanche, des événements historiques précis. Il s'agit du débat sur l'apostolicité de saint Martial, qui aboutit à la reconnaissance de celle-ci, lors du concile provincial de Limoges, en 1031. Parmi les ardents défenseurs de la thèse de l'apostolicité figurait Regembaldus, abbé de Méobecq, qui fit état du culte rendu à saint Martial dans un grand nombre d'églises du Berry. La présence, à Méobecq, de l'image de saint Martial à côté de celle de saint Pierre, les yeux tournés vers ce dernier, acquiert donc, dans ce contexte, valeur d'affirmation militante (Hélène Toubert, Peintures murales romanes: Méobecq, Saint-Jacques-des-Guérets, Vendôme, Le Liget, Vicq, Thevet-Saint-Martin, Sainte-Lizaigne, Plaincourault, 1988 - books.google.fr).

Martial est l'apôtre, l'envoyé, comme Martin ou nombre d'évangélisateurs de la Gaule, dans une certaine province qu'il a en charge et avec laquelle il s'identifie pour la conduire à la vie véritable. Il a été aidé au départ par Pierre lui-même qui lui donne ce qui sera son « bâton pastoral », marque de ses liens avec le rôle dévolu à l'Eglise depuis les premiers apôtres. Le voilà ainsi rattaché directement au Christ, consacré comme évêque et berger de son peuple, pour parler comme les Psaumes, et il est doté d'une puissance surnaturelle comparable à celle de Moïse, une puissance qu'il exerce en ressuscitant un de ses compagnons. Le thème de la résurrection, sous tous ses aspects, est essentiel à la trame de la tragédie. Le texte rapporte au sujet de Martial des légendes que l'on trouve dans d'innombrables textes : il est le jeune enfant que le Christ a présenté en modèle à ses disciples, l'adolescent qui avait quelques pains d'orge et quelques poissons lors de la multiplication des pains (Stéphane Capot, Paul d'Hollander, Confréries et confrères en Limousin du moyen âge à nos jours, 2009 - books.google.fr).

Il y avait autrefois dans l'église de Saint-Seurin une relique encore plus renommée dans le pays Bordelais, et qu'on invoquait dans des circonstances graves, avec des cérémonies toutes particulières. C'était un fragment du bâton pastoral de saint Martial, renfermé dans une châsse d'argent, longue d'environ un demi-mètre et ayant la forme d'un bras. Ce reliquaire s'appelait la verge de saint Martial. Lorsqu'on éprouvait une sécheresse extraordinaire dans les environs de Bordeaux, on faisait la procession de la verge de saint Martial pour obtenir de la pluie par l'intercession de ce saint. Sa relique était portée solennellement de l'église de Saint-Seurin à la fontaine de Figueyreau. [...]

On apprend par une Notice sur l'église Saint-Seurin, publiée en 1840, que la verge de saint Martial a disparu depuis la révolution. Ce même ouvrage rapporte l'extrait suivant d'une Vie de saint Martial : «Dans l'extrême sécheresse, le bâton de ce saint est plus puissant que la verge de Moïse. Il fait descendre les eaux célestes pour arroser les campagnes; et dans l'inondation des pluies, il ferme les cieux. Pour ce double miracle il ne faut que porter la verge de saint Martial à Figueyreau.» (Pierre Bernadau, Le viographe bordelais, ou Revue historique des monuments de Bordeaux: tant anciens que modernes, et des rues, places et autres voies publiques de cette ville, 1844 - books.google.fr).

Sur l'usage symbolique du laurier en Limousin on peut citer les feuilles qui ornaient le chapeau des coureurs de la Quintaine à Saint-Léonard et le bouquet attaché à la hampe du drapeau septennal de l'Ostension à Limoges. En langue limousine, lauria, c'est le laurier (Dom Duclou, Dictionnaire manuscrit, 1779, p. 164) ; au pluriel le mot désigne également les rubans portés à la boutonnière à l'occasion d'une noce (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Volumes 91 à 93, 1964 - books.google.fr).

Les ostensions limousines sont une tradition religieuse et populaire, profondément ancrée dans l’histoire du Limousin puisque remontant à la fin du Xe siècle. Elles ont lieu à Limoges et dans plus d'une quinzaine de communes environnantes, principalement dans la Haute-Vienne, mais aussi en Creuse, Charente et dans la Vienne. Elles se déroulent tous les sept ans. [...] La légende fixe l’origine de cette fête religieuse à l’an 994, alors que le Limousin, comme une grande partie de l’Aquitaine, se trouvait aux prises avec le mal des ardents, ou ergotisme, épidémie qui se déclenche à la fin des moissons. [...] Des ambassadeurs sont envoyés dans toute l’Aquitaine pour convier les archevêques de Bordeaux et de Bourges, les évêques de Clermont, du Puy, de Saintes, de Périgueux, d’Angoulême et de Poitiers, à se réunir en concile à Limoges. Le 12 novembre 994, après trois jours de prières et de jeûne, le corps de saint Martial, premier des évêques de Limoges et protecteur de la cité, est levé de son tombeau, placé dans une châsse d’or, et porté en procession depuis la basilique du Sauveur (place de la République actuelle) jusqu’au mont Jovis (montis Gaudii), à l’extérieur des murailles. Cette colline porte ce nom qui signifie Mont de la joie depuis cette époque. Elle est située, aujourd'hui, en pleine ville de Limoges (cf. quartier Montjovis). La procession est conduite par tous les prélats, les moines de l'abbaye de Saint-Martial, et Guillaume IV duc d’Aquitaine, suivis de nombreux pèlerins. Le 4 décembre, alors que le corps de saint Martial est ramené jusqu’à son tombeau, l’épidémie a cessé de sévir. Les chroniques de l’époque font état de plus de sept mille guérisons (fr.wikipedia.org - Ostensions limousines).

Le laurier est le symbole d'Apollon. Selon Ovide, Daphné nymphe de la mythologie grecque, qui fut le premier amour d'Apollon, le fuyait et allait, après une longue poursuite, être attrapée, quand, au dernier moment, son père, le dieu fleuve Pénée, la métamorphosa en laurier. Dès lors, Apollon en fit son arbre et le consacra aux triomphes, aux chants et aux poèmes.

La pythie de Delphes mâchait des feuilles de laurier préalablement à ses divinations.

Chez les Grecs et les Romains anciens, l'usage était établi de couronner de laurier les poètes et les vainqueurs.

Les proportions infimes de caféine d'un café, de cocaïne d'une feuille sèche de coca, de nicotine du tabac mâché ou chiqué ont été acceptées dans diverses cultures humaines, souvent très anciennes : il est parfois difficile de préciser si c'est malgré ou en raison de leurs diverses actions psychotropes, psychoactives, stimulantes, dopantes, toniques, vomitives, calmantes, dormitives, et analgésiques.

En plus de cette huile essentielle, les feuilles du Laurier-sauce contiennent également des alcaloïdes aporphiniques, comme la cryptodorine ou l'actinodaphnine qui sont responsables d'une activité cytotoxique (in vitro), des lactones sesquiterpéniques, ainsi que 18 flavonoïdes dont certains dérivés du kaempférol.

Un alcaloïde dénomme de manière générique diverses molécules à bases azotées, le plus souvent hétérocycliques, très majoritairement d'origine végétale. En conséquence, les alcaloïdes peuvent se présenter sous forme de molécules organiques hétérocycliques azotées basiques. Associés à l'essor de l'industrie pharmaceutique, ils ont permis d'ouvrir le domaine des « médicaments chimiques » à partir de la fin du XIXe siècle.

L'ergoline est un composé chimique hétérocyclique dont la structure est la base de nombreux alcaloïdes, notamment de psychotropes comme le LSD. Les composés à base d'ergoline ont été isolés à partir de l'ergot du seigle, un champignon ascomycète qui parasite les ovaires des céréales et cause une maladie appelée ergotisme (fr.wikipedia.org - Laurus nobilis, fr.wikipedia.org - Alcaloïde, fr.wikipedia.org - Ergoline, Cohérence grand nonagone : Deuxième Etoile : Calendrier).

La page 191

L'abbé Boudet à la page 191 (36+155) parle des silex préhistoriques :

Les camps de l'Hastedon et de Furfooz ont également été utilisés par les Romains. Dans toute l'enceinte de ces anciens camps, on a trouvé « des silex taillés et des débris de poterie, toutes choses qui suffiraient pour attester la présence de l'homme primitif (L'homme primitif, par M. Louis Figuier) (VLC, p. 191)

On sait que l'industrie de Solutré se rapproche de celle de Laugerie-Haute et qu'elle a paru devoir se placer entre celle du Moustier et celle de la Madelaine. Dans la classification de l'âge de la pierre, qu'il a récemment publiée dans la Revue d'Anthropologie, M. de Mortillet donne à cette époque intermédiaire le nom de Solutréen et la caractérise ainsi : «Les râcloirs font place aux grattoirs bien déterminés. Le type le plus spécial est la pointe de flèche ou de lance en feuille de laurier, retaillée sur les deux faces. Stations en plein air, abris et grottes». [...] Les silex des cavernes de Namur proviennent des terrains crétacés de la Champagne et sont taillés sur les types du Moustier et de la Madelaine, tandis que ceux de la tranchée de Mesvin et du camp d'Hastedon proviennent du Hainaut et sont taillés sur les types de Saint-Acheul, de Solutré et de l'époque néolithique (Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'homme, Volume 9, 1873 - books.google.fr).

Du laurier à Rennes les Bains

J'ouvre les Mémoires sur l'histoire du Languedoc, par Catel, et j'y trouve: «Après les bains de Balaruc viennent les bains de Règnes (Rennes), au diocèse d'Alet,... l'on voit encore dans l'église du dict lieu cette ancienne inscription romaine, qui a esté autrefois tirée des anciens bastiments qui étaient autour de ladite fontaine : C POMPEIVS QVARTVS I-A-M SVO est précisément l'inscription que l'on voit au musée de la ville, et dont M. Puiggari nous a donné l'histoire dans le Publicateur (1832, n° 40). M. de Montagnas, qui en a fait présent au musée, la tenait de M. Barrot, notaire, àSournia, lequel l'avait tirée du château du Vivier, dont le seigneur l'avait achetée, à Rennes-les-Bains, vers 1760. Sur la face du cippe opposée à l'inscription est gravée une branche de laurier» (Louis de Bonnefoy, Epigraphie roussillonnaise, Bulletin de la Société agricole, scientifique & littéraire des Pyrénées-Orientales, Volume 10, 1856 - books.google.fr).

C. Pompeius / Quartus / l(ibens) a(nimo) M(arti) / Suo. : C. Pompeius Quartus, d'un cœur reconnaissant, au dieu Mars Suus ? (Eric Dellong, Narbonne et le Narbonnais, 2002 - books.google.fr).