Belcaire se trouve à l'intersection de l'axe Nord/Sud de la Croix d'Huriel (catholique), passant par La Cassaigne, et de la Ligne gnostique, passant par Alet, Magalas (la Lène : Lene du Serpent Rouge), Buc (Buxeum du Serpent Rouge) (Autour de Rennes-le-Château : Un alignement inattendu : la ligne gnostique). Belcaire se trouve aussi dans la queue du Dragon céleste projeté sur la terre d'Aude, selon une des cartes anciennes du ciel étoilé. Le couronnement de Marie Madeleine doit se trouver dans les parages.
Belcaire et la queue du... serpent
A défaut de dragon, le légéndaire de la région de Belcaire porte sur le serpent comme à Puivert.
On explique même certaines maladies par la présence d'un serpent à l'intérieur du corps, image hyperbolique des vers qui mangent le corps de l'enfant ou donnent le « tournis » aux bêtes du troupeau : On dit que la personne atteinte d'une hernie aurait avalé un serpent et que ce serpent séjournerait dans l'intestin. On utilise alors divers moyen pour s'en débarrasser : Dans les régions de Camurac et de Belcaire il était d'une opinion courante, au XVIIème siècle, que pour libérer l'homme du serpent avalé, il fallait le suspendre par les pieds après lui avoir fait avaler une drachme (quatre grammes) de jalpa en poudre. Et le serpent s'enfuyait par la bouche du pauvre malheureux (Jean-Pierre Piniès, Croyances populaires des pays d'Oc, 1984 - books.google.com).
Trassoulas ("trois soleils" en patois) renvoie à un combat titanesque et céleste. Des phénomènes célestes non expliqués étaient aperçus autrefois. Le temps des prodiges semble atteindre le faîte ou se clore au XVIème siècle. Les prodiges de Julius Obsequens (Lyon, 1555; illustrations de Bernard Salomon), montrent le porc à double tête; deux soleils. Un dragon, trois soleils, des falots ardents. En 1500, la ville de Lucerne fut menacée par un dragon de feu , horrible à voir, qui n'avait pas moins de douze pieds de long, et qui volait de l'Est au Midi ; en 1514, tout le duché de Wurtemberg eut le spectacle de trois soleils, offrant chacun l'empreinte d'une épée rouge de sang ; au mois de mai 1523 furent vus trois soleils et divers cercles à Zurich ; (Aimé Patri, Pensée vivante d'un autre âge, Monde nouveau, Numéros 96, 1956 - books.google.com, Paul Lacroix, Le Moyen-âge et la Renaissance, 1848 - books.google.com).
Victor Hugo combine dans La fin de satan le chapitre XII de l'Apocalypse, repris par l'abbé Constant, où il est dit du dragon que "sa queue entraîna le tiers des étoiles du ciel et les jeta sur la terre" avec l'idée de la mort du soleil à la fin des temps et des efforts désespérés du dernier homme de Grainville ou de l'antéchrist de Soumet pour ranimer l'astre moribond. Dans l'ombre où les a entraînés Satan, trois soleils agonisent ; un seul survit encore ; l'archange déchu s'élance vers lui, dans un effort farouche, et souffle sur l'étoile (bibliotheq.net - Victor Hugo - La Fin de Satan, Pierre Albouy, La création mythologique chez Victor Hugo, 1985 - books.google.com).
Marie Madeleine catholique et gnostique
La posture catholique de pénitente de Marie Madeleine semble hériter de son identification gnostique avec la Sophia.
L'importance exceptionnelle de Marie Madeleine pour les Gnostiques non-Chrétiens provient de son identification avec la Sophia déchue, la prostituée sacrée, la Putain de Sagesse.
On a épilogué longuement sur la relation entre Jésus et Marie-Madeleine depuis cette découverte. Pas très «canonique», en effet, cette révélation de l'Évangile selon Philippe : «La compagne du sauveur est Marie-Madeleine. Mais le Christ l'aimait plus que tous les disciples, et souvent il l'embrassait sur la bouche. Le reste des disciples s'en offensaient... Ils lui dirent: «Pourquoi l'aimes-tu, elle, plus que nous tous ?» Le sauveur leur répondit en disant : "Pourquoi ne vous aimé-je pas comme elle je l'aime ?... » Pourtant, la condamnation de la sensualité s'exprime sans détour dans l'Évangile des Égyptiens qui déclare : «Marie Salomé demanda au Seigneur : Maître, quand finira le règne de la mort ? et Jésus répondit : lorsque vous autres femmes ne ferez plus d'enfants... lorsque vous aurez déposé le vêtement de honte et d'ignominie, lorsque les deux deviendront un, qu'il n'y aura plus ni homme ni femme, alors finira le règne de la mort.» Ensemble, ces deux personnages auraient constitué un couple non marié sans enfants, car les gardiens Gnostiques des Mystères - qui se nommaient eux-même des telestai, ceux qui sont tendus vers un but - rejetaient la procréation.
L'Évangile selon Thomas est, semble-t-il, le plus connu. Avec Marie-Madeleine et Marie-Salomé, Thomas a bien été, semble-t-il, l'un des très rares initiés du Maître, un gnostique contraint au silence face à la jalousie et à l'incompréhension navrante des disciples tout entiers absorbés dans leur grand rêve du salut d'Israël. Thomas à ses compagnons : «Si je vous disais une des paroles qu'il m'a dîtes, vous prendriez des pierres, vous les jetteriez contre moi; et le feu sortirait des pierres et elles vous brûleraient.» (log. 13) Les premières lignes de l'Évangile selon Thomas sont si abruptes qu'elles nous plongent immédiatement au cœur même de la gnose éternelle : «Voici les paroles secrètes que Jésus le Vivant a dites et qu'a écrites Didyme Judas Thomas». (Didyme : le Jumeau de Jésus) (www.webnietzsche.fr - Nag Hamadi, http://www.liberterre.fr - Marie Madeleine).
la gémellité de Thomas se reflète dans celle de Côme et Damien, patrons de l'église de Belcaire et de celle ce Trassoulas, selon l'abbé Auguste Sabarthès dans son Dictionnaire topographique du département de l'Aude. Côme et Damien sont patrons de l'art médical comme Marie Madeleine dont le pot à onguents en était un symbole.
Marie Madeleine et le Dragon
La Pistis Sophia (La Fidèle sagesse) contient un intéressant passage :
Marie, continuant de parler, dit à Jésus : « Seigneur, quelle est la forme des ténèbres extérieures et combien renferment-elles de lieux de tourments? » Jésus répondit : « Les ténèbres extérieures sont un grand dragon, dont la queue est en dedans de sa gueule , et il est en dehors du monde entier, et il entoure le monde entier. Il enserre un grand nombre de lieux de tourments, et ils comprennent douze divisions, consacrées à des supplices terribles. [...] Et quand le Sauveur eut ainsi parlé, Marie-Madeleine lui répondant, dit : « Seigneur, est-ce que les âmes qui sont conduites dans ces lieux, ont à passer par ces douze portes pour y souffrir chacune les tourments qu'elles méritent? » Et le Sauveur répondant à Marie dit: « Nulle âme n'est conduite vers le dragon par ces portes, si ce n'est les âmes des blasphémateurs et de ceux qui sont plongés dans une doctrine trompeuse, et de ceux qui enseignent la fausseté, et de ceux qui pèchent contre nature, et des hommes souillés de vices et ennemis de Dieu, et de tous les impies, des adultères et des empoisonneurs ; toutes les âmes de ces pécheurs, s'ils n'ont pas fait pénitence en ce monde, et s'ils ont persisté dans leur péché, lorsque le temps qui leur a été assigné sur la terre sera accompli, seront conduites par la porte de la queue du dragon dans la division des ténèbres extérieures, et lorsqu'elles auront été conduites dans les ténèbres extérieures par la porte de sa queue, il replacera sa queue dans sa bouche, afin de fermer la porte. C'est de cette manière que les âmes sont conduites dans les ténèbres extérieures. Et les douze noms du dragon des ténèbres extérieures sont des noms inscrits sur les portes des diverses divisions, et ces noms sont différents, mais ils alternent entre eux, afin que qui a dit un nom, dise les douze. C'est ce que je vous dirai dans l'émanation de l'univers. Et telles sont les ténèbres extérieures qui sont les mêmes que celles du dragon. » (J.-P. Migne, Dictionnaire des apocryphes, 1856 - books.google.com).
A Jaén en Andalousie, Marie Madeleine rencontre aussi un monstre reptilien.
Curieusement, la femme croise le chemin dans tous ces corps explosés... Concernant le récit du lézard de la Madeleine, deux villes semblent vouloir se jumeler par association du lézard, vouivre ou dragon à l'intérieur d'une grotte avec le nom de Marie Madeleine : Jaén et Rennes-le-Château, Rennes-Les-Bains, dont la toponymie d'origine celte - Aer Red, ville riveraine du fleuve Atax, l'Aude, qui a évolué vers Rhedae, Rennes - rappelle le serpent coureur, la vouivre des anciens qui n'hésite pas, comme le lézard de la Madeleine, à s'entourer d'eau (Claude Fintz, Les imaginaires du corps en mutation: Du corps enchanté au corps en chantier, 2008 - books.google.com).
En espagnol Jaén se prononce [xa'en] presque Raen... Rennes...
Le conte du lézard à Jaén dit qu'un de ces reptiles logeait en face de l'église de la Madeleine dans la ville et que personnes n'osait sortir le soir. Un condamné à mort se proposa d'en débarrasser ses concitoyens moyennant sa grâce. Il trompa le lézard en lui faisant prendre un sac de poudre à canon pour des miches de pains tout fumant. Si bien que l'animal explosa (J. Eslava Galán, La Leyenda del Lagarto de la Malena y los mitos del dragón).
Pistis Sophia et psaume 68 (Vulgate)
Le livre de la Fidèle Sagesse (Pistis Sophia) imite, dans sa contexture, la forme dramatique. Le Christ, après sa résurrection, passe douze années à converser avec ses disciples et à les instruire dans les mystères d'une science supérieure dont ses enseignements, pendant sa vie terrestre, n'avaient été qu'une imparfaite révélation. Les disciples et les saintes femmes paraissent tour a tour en scène, et proposent des questions à Jésus, qui les résout suivant les données gnostiques, de manière è leur donner un cours complet de celle doctrine. Ces questions embrassent la cosmogonie, la théorie des émanations, la nature et la hiérarchie des esprits et des'génies, la discussion de l'origine du mal physique et moral. L'ouvrage se termine par le récit d'une cérémonie où figurent Jésus et ses disciples, et qui reproduit probablement l'une de celles du culte gnostique
Après que Jésus a prononcé la première repentance de la Sophia, Marie Madeleine intervient pour réciter le psume 68 (69 hébreu) d'où on extrait le "Retire-moi de la boue".
33. Now it happened, as Jesus said these words to his disciples, he said to them : "This is the song of praise which the Pistis Sophia spoke in the first repentance, as she repented for her sin. And she spoke of all the things which had happened to her. Now at this time, he who has ears to hear, let him hear*." Maria came forward again and said : "My Lord, there are ears to my man of light and I hear in my light-power, and thy Spirit, , which is with me, has made me sober. Hear now, that I may speak concerning the repentance which the Pistis Sophia said, as she spoke of her sin, and all the things which had happened to her. Thy light-power once prophesied about it through David, the prophet, in the 68th Psalm (Vulgate) :
1. Save me, O God, for the waters have come in to my soul.
2. I have sunk or been immersed by the mire of the abyss, and there was no power. I came to the depths of the sea; a storm wind overwhelmed me.
3. I have suffered as I cried out. My throat has gone. My eyes have failed as I waited upon God.
"mire" désigne la boue en anglais. On a vu que La Cassaigne était associé à la station VII de Saint Sulpice et au psaume 68 ("Retire-moi de la boue") (Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse).
La Gnose et Trassoulas
La légende préciserait que Louis XVII, évadé du Temple, se serait caché à Trassoulas (signifiant trois soleils en patois), village de l'Aude, à côté de Belcaire, chez un nommé Simon, dit le Breton. Là , il y aurait grandi. Cette légende du Breton a été transmise par l'intermédiaire de l'abbé Toustou, originaire, comme de nombreux Toustou, du Hameau de Trassoulas. L'abbé Toustou, aujourd'hui disparu, aurait étayé son histoire de nombreux documents trouvés ça et là dans les archives, de diverses manières et dans les presbytères. Il ne lui aurait manqué qu'une date pour prouver sa présence dans le de Trassoulas, sous le pseudonyme du Breton, de Louis XVII. Les notes prises par l'abbé, décédé dans un hôpital de Limoux, n'ont jamais pu être retrouvées. Le "Breton", qui exerçait le métier de cordonnier, aurait fondé lui- même le hameau de Trassoulas, en même temps que le nom de Toustou, lequel aujourd'hui est très répandu. Il aurait eu sept garçons, dont le mérite le plus grand aurait été de perpétuer la légende. Un coffret et un fauteuil portaient, paraît-il, le sceau de la famille royale ; ces meubles sont, bien entendu, introuvables aujourd'hui. Cette légende ressemble à bien d'autres, et à chaque fois qu'un journal se fait le rapporteur d'un récit, l'on trouve encore des gens pour acquiescer. Sources La Dépêche du Midi et la correspondance de M. Jean Médus, demeurant à Carcassonne (Maurice Étienne, Jacques Hamann, Louis XVII et les 101 prétendants, 1999 - books.google.com).
La secte des sauveurs de Louis XVII appartient, sous ce rapport, à l'histoire de la magie. En 1839, les sauveurs de Louis XVII qui avaient rempli les almanachs de prophéties pour l'an 1840, comptant bien que, si tout le monde attendait une révolution, cette révolution ne tarderait pas à s'accomplir, les sauveurs de Louis XVII qui n'avaient plus leur prophète Martin résolurent d'en avoir un autre ; quelques-uns de leurs agents les plus zélés étaient en Normandie, pays dont le faux Louis XVII avait la prétention d'être le duc ; ils jetèrent les yeux sur un ouvrier dévot, d'un caractère exalté et d'une tête faible, et voici le tour dont ils s'avisèrent : ils supposèrent une lettre adressée au prince, c'est-à -dire au prétendu Louis XVII, remplirent cette lettre des promesses emphatiques du règne futur, jointes à des expressions mystiques capables de faire impression sur une tête faible et firent tomber cette lettre dans les mains de l'ouvrier qui se nommait Eugène Vintras (Eliphas Levi, Histoire de la Magie, 1859).
Proche des milieux naundorfistes, Vintras est à l’origine, on le sait, de l’Œuvre de la Miséricorde, à la suite de l’apparition, à Tilly-sur-Seulle, où il gérait une cartonnerie, puis à Paris, d’un mystérieux vieillard en qui il vit la figure de saint Joseph. Dès lors, Vintras s’emploiera à annoncer le règne du Saint-Esprit et s’activera à la régénération de l’Eglise catholique romaine. L’apparition d’hosties sanglantes à partir de 1841, à Tilly-sur-Seulle, vient conforter l’œuvre, tandis que l’Eglise catholique s’inquiète de voir des membres de son clergé rejoindre les rangs de la secte. Inculpé d’escroquerie, Vintras passera six ans en prison, avant d’être libéré, en 1848, puis exilé à Londres. Dorénavant pontife d’amour et réincarnation du prophète Élie, Vintras, se voue à ses disciples, groupés en «carmels éliaques». Rentré en France en 1862, il mourra à Lyon, en 1875 (Maurice Garçon, Vintras, Hérésiarque et prophète, Editions Jérôme Millon, 2007).
L’abbé Boullan échouera à succéder à Vintras. Mais Joris-Karl Huysmans l’immortalisera en 1891 dans Là -Bas. A son tour, en 1913, Maurice Barrès s’intéressera à la secte dans La Colline inspirée.
Le jeune martiniste lyonnais Joanny Bricaud (1881-1934) a hérité de la lignée éliaque (il publiera d’ailleurs en 1927 L'Abbé Boullan, sa vie, sa doctrine et ses pratiques magiques) dont il fondra aussitôt le dépôt dans l’Eglise gnostique catholique, en 1907 (sergecaillet.blogspot.fr - Vintras).
On l'annonça comme la fusion de trois églises "gnostiques" existantes en France : l'Eglise Gnostique de Doinel, l'Eglise Carmélite de Vintras et l'Eglise Johannite de Fabré-Palaprat. En février 1908, le synode épiscopal de l'Eglise Catholique Gnostique se réunit et élit Bricaud comme Patriarche sous le nom de Jean II (www.morgane.org).
Pierre-Michel-Eugène Vintras, ou Eugène Vintras ou Michel Vintras, ou Pierre-Michel Vintras (1807-1875), ouvrier cartonnier de Tilly-sur-Seulles, se prétendait la réincarnation du prophète Élie. Selon ses dires, il fut visité par la grâce au début de l'année 1839. Il est surtout connu pour avoir obtenu lors de cérémonies de mystérieuses hosties sanglantes, dont certaines ont été transmises à l'occultiste Joanny Bricaud. Maurice Barrès, dans son roman La Colline inspirée, décrit longuement l'influence que Vintras, dépeint comme un mystificateur, exerça notamment sur les trois frères Baillard, ecclésiastiques non fictifs, responsables du sanctuaire lorrain de Notre-Dame de Sion (fr.wikipedia.org - Eugène Vintras).