Partie I - Généralités   Chapitre II - Points particuliers   Le Sarnieu   

Les études sur les civilisations archaïques ont démontré que la spirale pouvait être interprétée comme le symbole du labyrinthe. Ses représentations les plus anciennes remontent au IIIème millénaire et proviennent de Mésopotamie. On les retrouve sur des tablettes d'argile à but divinatoire et elles tendraient à reproduire une configuration précise du labyrinthe, celle qu'on a appelée " à paquet de viscères " ou à méandres, ou à ce que l'on peut assimiler aux circonvolutions du cerveau. Le labyrinthe apparaît donc comme le symbole de l' " intérieur ".

Mino Bergamo note, dans L'anatomie de l'âme, l'impressionnante fréquence de " l'intériorité " au XVIIème siècle, le foisonnement de ce terme sous toutes ses formes, pour, par, le biais de l'analyse de certains passages du Père Surin, isoler la série d'équivalences suivante : interne = vaste = non limité = ouvert (si ce n'est infini). Tel est l'espace intérieur. C'est cette intériorité là, qui, après les développements extraordinaires de François de Sales, arrive à la fin de son histoire. La logique se tenait : l'espace intérieur était l'habitacle de la divinité. […] Signalons, d'ailleurs, deux grandes expériences de ce jeu intérieur/extérieur en ce même XVIIème siècle : Michel Foucault raconte le " grand renfermement " avec la création de l'Hôpital général ; et toute la France entend parler de ces spectaculaires épidémies de possessions démoniaques où l'interne féminin envahi par les démons se tord sous les phrases des exorcistes qui essayent de les faire sortir.

L'affaire des possédées de Loudun illustre le propos. Après l'exécution de Grandier, le 18 août 1634, jour de la Sainte-Hélène (Petit calendrier), les phénomènes diaboliques continuent néanmoins, nécessitant les secours de plusieurs autres exorcistes : le père Jean- Baptiste Gault, le père Lactance et, enfin, le père Surin. Ce n'est qu'après s'être rendues sur le tombeau de saint François de Sales, en compagnie de la prieure du couvent - elle-même envoûtée -, Jeanne des Anges, que les ursulines de Loudun retrouveront leur sérénité.

Jeanne des Anges eut une sorte de vision, ou plutôt, d'hallucination mystique, où il lui est dit: " en mon intérieur une parole me dit, il me semble que ce fut Dieu, ...", " qu'Isacaaron partirait au pied de la Vierge de Saumur, et Béhémot au tombeau de Saint François de Sales à Annecy", la Rome des Alpes. Le dernier démon qui l'habitait, Béhémot, se devait de partir à Annecy, au tombeau de Saint François de Salles, afin d'obéir à la voix entendue. Mais là se produit une dimension comique. Puisque tout le monde refuse à Jeanne et à Surin pareil voyage, et il semble bien qu'un des motifs avancé soit son coût. Tout le monde, l'évêque de Poitiers, les supérieurs de Surin, voire même les représentants de la cour. Cette voix, après tout, est peut-être celle du Diable ?.. Le comique est que tous ont crû en la possession, à ses manifestations les plus spectaculaires, les plus choquantes, voire les plus invraisemblables, et que là, sur une petite question d'argent, (mais est-ce seulement cela ?), tout à coup, ils deviennent incrédules, sur ce détail !... Surin, devant ce refus, décide d'attaquer Béhémot sur place, à Loudun même. Il redouble d'efforts, Jeanne aussi. La discipline se multiplie. Rien n'y fait. Béhémot résiste. Alors survient le rappel de Surin à Bordeaux. Est-ce son insuccès, sa pratique non conformiste, sa propre obsession par les démons, mais qui fait partie de sa méthode elle-même, puisqu'elle est de sympathie, au sens originaire... Mais pour Jeanne ce départ est catastrophique. Surin est remplacé par le père Ressès qui reprend les grands exorcismes. Jeanne en tombe malade, d'abord de façon bénigne, puis les grands exorcismes se poursuivant, de façon gravissime... Pleurésie diagnostique le Dr Fanton, médecin des Ursulines, bien que protestant, car meilleur médecin local, ce qui sera pour les divers auteurs un gage d'objectivité. Son état est désespéré. On lui donne l'extrême onction. Mais au moment où la mort va venir, précisément, elle s'abandonne à la volonté divine, et elle en a une vision. Son bon Ange et Saint Joseph lui apparaissent. Saint Joseph lui touche de sa main le côté droit de la poitrine où siège sa douleur. Aussitôt Jeanne est guérie, et peut se relever. Le médecin revenu sur les lieus pour constater le décès ne peut que déclarer une guérison miraculeuse. Et la chemise de Jeanne bien que lavée gardera les traces et l'odeur divine de l'attouchement de Saint Joseph et produira nombre de guérisons miraculeuses. A la suite de cette guérison, Jeanne exige le retour de Surin. On ne peut rien refuser à une miraculée... Sauf, malgré tout, son voyage à Annecy ! Alors encore une fois, une voix se manifeste en Jeanne. Cette voix, là encore, lui dicte une sorte de compromis: " Béhémot sortira d'elle, si elle fait le voeu", avec le père Surin, " d'aller ensemble à Annecy". Laubardemont, le représentant de Richelieu, et l'évêque de Poitiers donnent leur accord pour la réalisation d'un tel projet... Et Surin, à Loudun, en Octobre 1637, chasse Béhémot de Jeanne. En signe de sa soumission, ce démon inscrit alors les noms de Jésus et de François de Salles sur la main de Jeanne... des stigmates tracés sur sa main gauche lors de la sortie de son corps du dernier de ses démons ; il fera marque de quatre noms : Jésus, Marie, saint Joseph, saint François de Sales. Elle gardera ces stigmates sur sa main quasiment toute sa vie.... Inscrits dans l'ordre hiérarchique: Jésus en premier, le plus en haut, François en dernier... Ces stigmates se renouvellent, car clairs et vermeils au départ, ils s'effacent et se desquament progressivement.. Ceci sur un cycle d'environ une quinzaine de jours.. Résumons, pour finir, ce que fut la vie de Jeanne à partir de ce départ de Béhémot. Elle se rendit, comme promis, à Annecy. Surin parti de Bordeaux l'y rejoindra. Quant à elle, son voyage se transformera en tournée triomphale. A Paris, elle sera accueillie par la Reine émerveillée, le Roi, Richelieu lui-même qui lui demandera la guérison, hélas en vain... Le peuple se bousculera pour voir ses stigmates, dans la capitale, sur son trajet, à Lyon où elle sera reçue par l'archevêque subjugué.. Elle reviendra à Loudun, et y restera jusqu'à la fin des ses jours, élue sans cesse prieure, sauf une fois, ayant successivement Saint Jure pour directeur de conscience, et puis lorsque celui-ci meurt, Surin qui "ressuscite", c'est à dire sort de sa longue "dépression", et qui reprend avec elle, par correspondance, cet échange mystique qui fut le leur. Elle garde ses stigmates jusque trois ans avant sa mort, survenue à l'âge de 60 ans, soit trente ans après les événements, dans son lit, tranquillement. Surin lui mourra trois mois après, dans les mêmes conditions... (www.ecolpsy-co.com - Colloques Jeanne Anges, Pascale Macary, La possession hystérique de Jeanne des Anges).

Selon Michel Foucault dans L'Archéologie du savoir, François de Sales - canonisé le 19 avril 1665 (Petit calendrier) - aurait crée par différents glissements les conditions épistémologiques nécessaires pour former une interprétation en termes psychologiques du phénomène de l'Union mystique, une réécriture psychologique du discours mystique, tellement efficace qu'elle aurait rendu incompréhensible la perspective ontologique.

Fénélon est le grand initiateur de ce passage d'une perspective ontologique à un registre purement psychologique, dans un oubli radical de la transcendance de l'Etre. Pour Fénélon, l'Union appelée essentielle ou substantielle par les mystiques ne serait rien d'autre qu'une union amoureuse, une union qui se réalise dans ou à travers l'amour, quand celui-ci est réellement pur. On pourrait parler, là, d'un effondrement de la notion de transcendance.

Un pas de côté dans le domaine des arts. Il n'est pas possible, dans le cadre de l'étude de cette rupture des champs discursifs, de n'avoir pas à l'esprit la statue du Bernin représentant la Transverbération de Thérèse d'Avila, et le commentaire de J. Lacan dans le séminaire " Encore ". " Vous n'avez qu'à aller regarder dans une certaine Eglise à Rome la statue du Bernin pour comprendre tout de suite, enfin, quoi, qu'elle jouit, cela ne fait aucun doute ! Et de quoi jouit-elle ? Il est clair que le témoignage essentiel de la mystique, c'est peut-être de dire ça, qu'ils l'éprouvent mais qu'ils n'en savent rien ". Cette statue est datée. Elle est produite, par un homme, au XVIIème siècle. Et effectivement, elle traduit d'une manière éloquente ce glissement vers une lecture en termes psychologiques, donc en terme d'Union amoureuse, de ce qui auparavant existait dans le registre d'une conceptualisation ontologique, et donc fondamentalement autre. Les représentations des stigmatisés des siècles précédents (la transverbération est l'une des formes de la stigmatisation) les figurent le plus souvent figés, comme pétrifiés, comme absents à eux-mêmes. (www.ecolpsy-co.com - Colloques Trinitaire Cecile Imbert).

Pour en revenir au labyrinthe, ce symbole appartient au vocabulaire de François de Sales. De François de Sales à Malebranche, il est constamment fait mention d'un fond " imperceptible " de notre être, d'états intérieurs insaisissables tant ils sont cachés à la conscience. Pour François de Sales, c'est leur multiplicité et leurs métamorphoses, ce que Montaigne nommait " volubilité ", qui les rend invisibles : " Nous perdons souvent de vue et de connaissance notre propre cœur et l'infinie diversité des mouvements par lesquels il se tourne de tant de façons et avec une si grande promptitude qu'on ne peut discerner ses erres. " Impossible introspection ! Nous nous échappons à nous-mêmes par notre mobilité, notre regard réflexif est aveugle, il y faudrait l'oeil divin : " Dieu seul est celui qui, par son infinie science, voit, sonde, et pénètre tous les tours et contours de notre esprit ". L'homme porte en lui un " labyrinthe ", c'est encore un terme salésien ; ou un fond de ténèbres, c'est un terme malebranchiste. (Jean Rousset, Narcisse romancier).

François de Sales, arrivé à Genève, rendit visite à Théodore de Bèze en 1596. Après les premières honnêtetés respectives, Bèze ayant consenti, à la conférence : " Monsieur, lui demanda François de Sales, peut-on se sauver dans l'Église romaine ". " Monsieur, vous ne prenez pas garde que, par cette créance, vous tombez en des labyrinthes, dont vous aurez peine à sortir ; car nier la nécessité des bonnes œuvres au salut, n'est autre chose que renverser toutes les lois naturelles, humaines et divines, qui menacent les réfractaires et les mécréants de très cruels supplices, et promettent des lauriers immortels à ceux qui les observent. Il est certain que la charité qui n'opère point les bonnes œuvres conformes à la foi dont elle fait profession, est morte, " étant impossible qu'elle soit sans agir dans une âme qui a cette sainte habitude." (www.clerus.org).

Le vieux Théodore de Bèze répondit au jeune François de Sales venu l'adjurer de rentrer au bercail: "Si je ne suis dans les voies du Salut, que Dieu m'y mette ".

Dans la lettre 818, datée de la veille de saint Jean, 23 juin 1621, où le saint envisage les remèdes à la calomnie : " n'en venir jamais à des procès; attendre la protection de Dieu. Jamais une femme qui a le vrai fondement de l'honneur, ne peut le perdre. Nul ne croit ces infâmes diffamateurs, ni ces chansonneurs ; on les tient pour des méchants. Le meilleur moyen de réparer les ruines qu'ils font, c'est de mépriser leurs langues qui en sont les instruments, et de leur répondre par une sainte modestie et compassion. Mais surtout, certes, il n'y a point d'apparence que ce pauvre diffamateur se soumettant à réparer, autant qu'en lui est, l'injure au jugement des parents, on aille prendre cet autre biais de plaidoiries, c'est-à-dire des labyrinthes et abîmes de conscience et des moyens. " (www.clerus.org).

La cathédrale Saint-François-de-Sales à Chambéry (or cercle) possède même un labyrinthe dans la nef centrale (daté de vers 1860-1870, relevé par le Père V. Amblard en 1989). (www.mudge.screaming.net - Chambery).

8 novembre, fête des Quatre Couronnés (Petit calendrier)

La veille du 8 novembre 1534, " se déroule à Annecy, devant un tribunal présidé par le Révérend Lambert, religieux dominicain du couvent d'Annecy et inquisiteur pour le duché de Savoie, le procès de Rolette, femme d'Amédée Curtet, dit Garni. Soumise au terrible supplice de l'estrapade, elle reconnaît être une hiryge (c'est-à-dire une sorcière savoyarde) depuis six ans. En fait, depuis qu'elle a rencontré le Diable, en personne. Ainsi, elle raconte que, suite à la perte d'un bœuf qui lui avait " causé un grand chagrin " lui était apparu, dans le jardin attenant à sa maison " un taureau noir qui lui dit que si elle voulait se donner à lui, il lui procurerait un autre bœuf ". Effrayée par cette apparition, elle s'était signée, ce qui avait provoqué la disparition immédiate du curieux visiteur. Quelques jours plus tard, " un homme très grand qui lui dit être le démon " s'était présenté chez elle afin de lui renouveler la même proposition. Il précisait qu'en se donnant à lui, elle s'engageait, en outre, " à renoncer à Dieu, à la Vierge Marie, au baptême et à toute la cour céleste ". Elle avait alors accepté le " marché ". Pour cette raison, elle fut brûlée " probablement le lendemain. (Jean-Philippe Buord, Jean-Jacques Gabut, Les mystères de la Haute-Savoie).

L'histoire compliquée du culte des Quatre couronnés est synthétisée par Jean Guyon comme suit :

1. A Rome, au début du IVème siècle, et peut-être dès le pontificat de Miltiade (312-314), dans un cubiculum d'une nécropole souterraine de la via Labicana, on célèbre la mémoire de quatre martyrs pannoniens, Sempronianus, Claudius, Nicostratus et Castor […] attestée par la Depositio martyrum et par une notice très lacunaire du Martyrologe hiéronymien. On notera que cette reconstruction reste recevable quelle que soit la localisation que l'on propose pour le lieu du culte indiqué par ce dernier texte, in comitatum: - soit la Cour impériale où auraient été honorés les brandea des martyrs, reliques impériales; - soit Sirmium qui fut résidence et capitale impériale au IVème siècle, et put accueillir le culte des martyrs, à cause de sa proximité avec le lieu de leur passion. Dans ces deux cas en effet, leur présence dans la Depositio martyrum implique qu'à côté de ce lieu de culte, quel qu'il soit, il en existait un autre à Rome, que rien n'interdit de placer via Labicana, où, selon une autre hypothèse, le noyau primitif de la nécropole aurait également pu recevoir l'appellation in comitatum à cause de sa situation sur un fundus impérial, à proximité d'une villa impériale, et dans le voisinage immédiat du mausolée construit pour recevoir l'Empereur après sa mort.

2. Plus d'un siècle plus tard, le souvenir d'une origine pannonienne des martyrs s'est perdu, et les romains les considèrent comme des saints romains, dont les corps pourtant ne sont pas conservés à Rome. Autour des années 430-450, l'auteur du roman hagiographique connu sous le nom de Passio Sebastiani utilise leurs noms, en les groupant deux par deux, et en établissant entre eux des liens de parenté arbitraires.

3. Entre temps, la nécropole où était célébré le culte des martyrs avait formé avec d'autres galeries funéraires, à l'origine indépendantes, mais que leur développement organique avait réunies, la grande catacombe des saints Pierre-et-Marcellin, sur la via Labicana, ad Helenam : c'est dans une région de ce cimetière qu'un pèlerin du Vème siècle trace un graffito, Sce Cle[mens], en l'honneur du martyr attesté par la Depositio martyrum à la même date que les quatre saints pannoniens.

4. La commémoration des quatre saints, que l'on avait pris l'habitude de désigner sous le nom plus bref de Quatre Couronnés, est transférée dans une église du Coelius qui devient, en 595 au plus tard, le titre des Quatre-Couronnés. L'histoire de ce transfert se reconstitue à travers les témoignages du Martyrologe hiéronymien (manuscrit de Berne), des sacramentaires du VIème siècle et du synode romain de 595. Il put avoir lieu soit autour des années 400, en liaison avec le développement du culte urbain des martyrs, soit, plus probablement, dans la première moitié du VIème siècle, à cause des guerres qui rendaient peu sûrs les environs de Rome : le siège de 537, pourrait avoir été l'occasion du déplacement en ville des deux cultes les plus importants de la catacombe ad duas lauros, celui des saints Pierre et Marcellin et celui des Quatre Couronnés.

5. Vers la fin du VIème siècle, des réfugiés pannoniens venus de Sirmium ou, peut-être, de Sopianae, introduisent à Rome la Passio, et peut-être les reliques, de cinq martyrs qu'ils avaient coutume d'honorer, Sempronianus, Claudius, Nicostratus, Castor et Simplicius, personnage subalterne de la Passio, qui avait peut-être été introduit trop tardivement dans le récit pour que l'église de Rome le connût dès l'origine ou qu'elle avait alors négligé à cause de sa moindre importance.

6. A cause de Simplicius, comme à cause de l'origine géographique des nouveaux venus, une identification avec les quatre autres saints désormais " romanisés " était difficile. Aussi bien les romains se refusèrent-ils à la faire, et un hagiographe anonyme élabora un habile compromis qu'il inséra à la suite du texte de la Passio de Pannonie: - Son développement défend la thèse romaine: il donne aux martyrs romains une histoire calquée sur celle des saints pannoniens, et surtout, ce qu'ils n'avaient jamais eu jusqu'alors, une sépulture à Rome, sur la via Labicana et prétend que les quatre martyrs romains, restés anonymes, sont honorés sous les noms de quatre des saints de la Passio pannonienne.

7. Le compromis, trop subtil, ne dura qu'un temps: seul le sacramentaire gélasien du VIIème siècle le retient. Dès le milieu du VIIème siècle, sur la via Labicana, les Quatre Couronnés sont identifiés avec les cinq martyrs pannoniens, comme le montre l'Itinéraire De locis, et l'on peut penser que cette identification fut peut-être facilitée par un possible dépôt des reliques des pannoniens dans la catacombe. De la via Labicana, l'identification s'étend au VIIIème siècle au culte du Cœlius, comme le montrent les sacramentaires en usage à cette époque.

8. Au milieu du IXème siècle, les recherches entreprises par Léon IV l'amènent à une redécouverte de corps saints, presque certainement dans le cimetière de la via Labicana, et c'est vraisemblablement sur le témoignage de la Passio, qui retrouvait ainsi quelque crédit deux siècles et demi après sa rédaction, qu'il distingue dans les reliques qu'il avait retrouvées celles des Quatre Couronnés de celles des cinq martyrs pannoniens.

9. Cette distinction fut ensuite contestée par certains éditeurs du Liber Pontificalis, comme par les restaurateurs de l'église titulaire du Cœlius au XIème siècle. (Jean Guyon, Les Quatre Couronnés et l'histoire de leur culte des origines au milieu du IXème).

Sur la via Labicana, dans la première décennie du règne de Constantin au jugement des fouilleurs, sur le territoire d'un vaste fundus appartenant à l'Empereur et où se trouvait aussi une villa impériale commence la construction d'une grande basilique flanquée d'un mausolée sans doute destiné à recevoir le corps de l'Empereur. Une catacombe à proximité immédiate de ces fondations impériales existe, c'est la catacombe ad duas lauros, ou des saints Pierre-et- Marcellin, où se trouve précisément le graffito en l'honneur de saint Clemens. Les funérailles de l'Impératrice Hélène furent célébrées avec la plus grande pompe. On fit faire, pour renfermer son corps, un mausolée de briques, en forme de tour ronde dans l'intérieur duquel on plaça son tombeau qui est une urne de porphyre, qui, selon la tradition, avait été préparée pour son fils et qui porte deux lions en relief sur le couvercle et des hommes à pied et à cheval sculptés autour de l'urne. L'urne fut transportée dans le cloître de Saint-Jean de Latran en 1627, sous le pontificat d'Urbain VIII. De nos jours, le chapitre de cette église patriarcale en a fait présent au Pape Pie VI, qui l'a placé dans le cabinet du Vatican. Les cendres de la Sainte Impératrice sont aujourd'hui renfermées dans une grande baignoire antique de porphyre, sous un autel de l'église Ara Coeli, couvert d'un baldaquin rond et isolé, soutenu par des colonnes également de porphyre. Le mausolée de sainte Hélène était sur la voie Labicane, dite présentement le chemin de Palestrine, et l'on en voit encore plus de la moitié , environ à un mille de Rome. Dans cette région des environs de Rome, le souvenir de l'Empereur Constantin s'effaçait devant celui de l'impératrice Hélène dont la mémoire est partout présente dans cette banlieue de Rome : le mausolée de l'Impératrice est inclus dans le circuit des visites pieuses que les pèlerins font dans la catacombe de la via Labicana au VIIème siècle, comme on le voit par le témoignage des Itinéraires. Il y aurait également eu en ce lieu un diocèse appelé Subaugusta en l'honneur de l'Impératrice défunte.

Une autre connexion se fait entre le Castor des Quatre Couronnés et sainte Hélène, par Castor, fils de Tyndare et Léda, un des Dioscures, frère de Clytemnestre et demi- frère de Pollux et d'Hélène, enfants de Zeus et Léda.

Une nouvelle s'établit entre le cercle templier du Sarnieu et celui d'Homblières.

La vallée de Samoëns, parcourue par le torrent du Giffre, se situe dans l'ancienne province du Faucigny. Ses habitants sont des Faucignerans et pour Samoëns plus précisément, des Septimontains.

Les maçons et tailleurs de pierre de Samoëns sont entrés dans l'histoire officielle, celle qui s'écrit à partir de documents, grâce à l'acte dressé par Maître Gaspard Comut, notaire, le dimanche 28 décembre 1659 après la messe, portant création de la Confrérie des Maîtres- Maçons placée sous la protection des Saints Martyrs les Quatre Couronnés. Un des objectifs de cette confrérie était de célébrer une messe en la Collégiale, " et comme le jour de la feste des Saints Martyrs se célèbre le huitième de novembre, ils ne se peuvent tous rencontrer audit lieu de Samoën pour estre en ce temps occupés de part et d'autre en divers lieux à travailler à leur métier Ils auroyent jugé à propos de transférer la solennité de leur veste au jour des Innocents. "

Ces maçons ont réalisé des ponts (à Alby, à Marignier, à Cluses, à Bonneville, à Etrembières), des quais {à Saint-Jean-de-Luz, à Rochefort, à Brest), des fortifications !à Besançon, à Grenoble, à Briançon), des hôtels de ville [à Samoëns, à Bonneville, à HomblièresAnnecy), le Sénat de Savoie à Chambéry, des hospices et des hôpitaux (à Annecy, à Bassens) des portions de villes (à Ferney-Voltaire, à Carouges, à Cluses, à Sallanches], beaucoup d'églises... (la nef de la cathédrale de Moutiers, Notre-Dame de Liesse à Annecy), des canaux avec leurs écluses et des routes. En ce qui concerne les canaux, des réalisations spectaculaires sont dues, pendant le Consulat et l'Empire, aux entrepreneurs Claude-François Déplace de Samoëns et Claude-François Perret de Vallon : le canal de Givors, le canal du Centre, le canal du Rhône au Rhin, et surtout le canal de Saint-Quentin qui comporte un tunnel long de 5 677 m. Il fut inauguré le 28 avril 1810 par Napoléon en personne. (Jean-Claude Gallochat - Canal de Saint-Quentin).

Kegnes et Frahans de Mannedigne, " Maçons et tailleurs de pierre de Samoëns " en mourmé : Frahans - Kegnes, Frahans - Maçons. Cranca de sous mellies bèlanchant à Jheineva en Céba, per trahi la grema, maca fe cauche, frognetâ la bouscola... (Nombre de ses garçons vont à Genève en Suisse, pour tailler la pierre, faire le mortier, scier la charpente). Le mourmé, argot de métier des maçons et tailleurs de pierre faucignerans semble être né vers la seconde moitié du XVIIème siècle. En 1900, dans la Revue Savoisienne, Théophile Buffet, marbrier à la carrière de Villeneuve en Suisse, descendant de maçons de Samoëns, publiait un " Vocabulaire mourmé-français " qui est pratiquement le seul témoignage qui nous reste de cette langue. (www.blogdepierre.com - Samoens).