Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Les Prophètes et Rennes le Château   Le Fauteuil du diable, Layram ou Aram   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES CROIX HURIEL RENNES LE CHATEAU FAUTEUIL DU DIABLE LAYRAM ARAM

Le Fauteuil du diable est aligné avec Layram (ou Aram) et le centre du Cercle des Prophètes, Les Patiacés (ou Patiassés).

Le Fauteuil du diable

Le fauteuil du diable suppose un démon assis.

nonagones.info a fait un parallèle entre La Vraie Langue Celtique de l'abbé Henri Boudet et le Zodiaque de la Vie de Palingène. Jacques Albin Simon Collin de Plancy attribué à Palingène que « Le monarque des enfers est d'une taille prodigieuse, assis sur un trône immense ». En effet :

Mais regardez au milieu des airs, me dit Timalphes ; voyez Sarcothée, qui est le premier Roi & le plus méchant de tous ; les autres Rois le craignent & l'adorent ; il commande à tout l'Empire des Démons; c'est de lui, d'où , comme d'un centre, procèdent tous les maux, comme les rayons à soleil émanent de son globe. Je le vis ; il étoit cruel, horrible ; il étoit assis sur un Trône superbe & tenoit un Sceptre criminel : il avoit sept cornes, & sept crétes de sang. Ces 7 cornes portoient chacune une tour ; le feu sortoit par les yeux, les oreilles & les narines ; & sa bouche jettoit des flâmes & de la fumée. Combien n'avoit-il pas de compagnons ! Quelles innombrables Phalanges, qui lançoient des traits & faisoient d'affreux bourdonnements ! En un mot, ce tyran fit incessamment de vains efforts pour briser le Ciel, comme s'il vouloir chasser les Dieux des Célestes lambris. Mon conducteur me dit: celui-ci a autrefois été la plus belle de toutes les créatures, & celle que Jupiter aimoit le mieux; mais la malheureuse condition de son esprit, & l'orgueil, proche parent de la prospérité, ont fait sa ruine ; parce qu'il a voulu s'égaler à Dieu, & s'est voulu asseoir sur son Trône ; il a mérité d'être rélégué du Ciel, & l'Archange Michel a eu ordre de lui fixer de certaines bornes dans les nuées. Il lui paste souvent des ressouvenirs de ses anciens honneurs; il déclare la guerre aux Dieux ; trompé d'une vainc espérance il essaye de s'emparer du Ciel. C'est delà que procèdent les bruits des tonnerres, des foudres, des feux & des éclairs, qui partent du milieu d'une noire nuée & semblent partager le bandeau de la nuit (Marcello Palingenio Stellato, Le zodiaque de la vie humaine, traduit par J. B. C. de la Monnerie, 1733 - books.google.fr, Histoire d’âme : La Vraie Langue Celtique et le Zodiaque de la Vie de Palingène).

Il y a une citation de Jérémie dans le Zodiaque de la Vie : Ce monde caverne de bandits: Jérémie, 7, 11 repris par Mt., 21, 13; Mc, 11, 17; Lc, 19, 46.

Pourquoi moi, si j'étais appelé par le maître de l'urne des destinées, m'accrocherai-je mordicus à la vie, malgré son avis ? ou bien partirai-je avec chagrin comme beaucoup? car ce n'est pas juste; au contraire de bon cœur je quitterai ce monde affreux et rempli d'innombrables tromperies et ruses, impuretés et pillages où il n'y a nulle loyauté, où il n'y a nulle pitié, nulle justice, paix et tranquillité, où régnent des crimes de tous les genres, où le frère tend des pièges au frère, où le fils souhaite la mort du père, la femme celle du mari, et l'époux celle de l'épouse; il n'y a personne, ou presque, partout qui ne vole (pourvu qu'il le puisse) et ne pille, qui ne soit trompeur, qui ne parle d'une bouche fausse, si bien qu'on peut à bon droit appeler le monde une caverne de brigands. Vois, des Rois sous un prétexte honorable, et aussi des Pontifes dépouillent les peuples; vois, ils pillent à qui mieux mieux les citoyens, déchirant les entrailles des mères. Pourquoi parlerais-je de tant de stupres ? tout est rempli de luxure, on se prostitue partout, en secret on perce des éphèbes. Qui ne se débauche pas ? des prêtres, des porte-cuculles rusés qui devraient être chastes, publiquement avec des maîtresses ou en secret avec de jeunes garçons, des femmes mariées et des vierges sont en rut nuit et jour. Il y en a qui prennent leur plaisir dans le sexe de leurs sœurs. Beaucoup même pénètrent des animaux. Les campagnes et les forêts sont mal famées, toute ville est un lupanar (Livre VI : Vierge) (Marcello Palingenio Stellato, Le zodiaque de la vie (Zodiacus vitae), traduit par Jacques Chomarat, 1996 - books.google.fr).

Les hommes ont besoin d'adorer et d'obéir; s'ils n'adorent pas Dieu, s'ils ne lui obéissent point à lui, le souverain bien, ils portent leuradoration au diable qui souffle le mal. De là l'ardeur de celui-ci à nous éloigner de Dieu et de son Christ, parce qu'alors nous allons à lui. Voilà où tendent les trois erreurs capitales de notre temps, le panthéisme, le matérialisme, le rationalisme. Si tout est Dieu, il n'y a plus d'incarnation; même conclusion, si tout est matière ou s'il faut exclure tout mystère qui dépasse les limites de la raison. Nous retournons ainsi au fatalisme et à la servitude des temps antérieurs au Christ : et renverser son trône, c'est relever celui de Satan. Renverser le trône du Christ, c'est relever celui de Satan (Cesar Cantu, Les hérétiques d'Italie, Discours II, 1870 - books.google.fr).

Ce trône du Christ, ce sont les espèces sacramentelles. Dès que les tabernacles seront vides, les démons se réinstalleront sur les autels. Déchristianiser pour resataniser, c'est le programme de la haute maçonnerie luciférienne des triangles, ignoré de la vulgaire maçonnerie des loges. Or, l'obstacle, ce n'est pas la Bible lue par les protestants sans être comprise ; c'est Jésus-Christ personnellement présent, c'est l'Eucharistie. Dans ses antres, la secte se repaît de la profanation des hosties, s'imaginant, dans sa stupidité, à travers les espèces, atteindre Jésus-Christ lui-même. Au dehors, elle fait l'Eucharistie prisonnière en empêchant les processions du Saint-Sacrement; elle poursuit de ses aboiements furieux les catholiques qui communient. Le reste, elle le tolère en maugréant; mais pas de confession, pas de communion ! Elle sait qu'un catholique qui ne communie plus est un traître à Jésus-Christ. Si elle lutte désespérément contre l'observation du dimanche, ce n'est pas parce que ce jour-là est le jour du repos, c'est parce que c'est le jour de l'autel, de la table sainte, du tabernacle, le jour de l'Eucharistie. Nous sommes au fort de la bataille. Qu'en adviendra t-il ? Qui l'emportera de l'armée du Christ ou de l'armée de Satan ? L'issue n'est pas douteuse et c'est là notre grande joie au milieu des épreuves qui nous assaillent et des ruines qui s'amoncellent autour de nous (R. P. Delaporte, missionnaire de Notre-Dame du Sacré-Cœur, L'Eucharistie et la vie nationale de la France, Congrès eucharistique de 1894: tenu à Reims du 25 au 29 juillet, 1895 - books.google.fr).

Dans la tradition hébraïque, le shofar — un cor le plus souvent et de préférence fait d'une corne de bélier — et la trompette métallique jouent un rôle important. [...] L'importance de la corne de bélier peut s'expliquer par le sacrifice d'Abraham, à qui Dieu ordonna de remplacer son fils Isaac par un bélier, sa forme courbée évoquant la soumission de l'être humain face à Dieu. [...] Le son du shofar peut être un appel à Dieu mais il peut également représenter Sa voix ; it transmet les messages des prophètes ; il annoncera l'arrivée du Messie et se fera entendre au Jour du Jugement. Le shofar était censé avoir le pouvoir de chasser Satan et une coutume juive bien connue au Moyen Age montre que Satan cherchait effectivement à nuire à l'emploi du cor : pour l'empêcher de frapper le shofar de mutisme ou de troubler le sonneur, celui-ci devait, pendant la sonnerie, poser un pied sur un tabouret ou une chaise (Asdis R. Magnusdottir, La voix du cor: la relique de Roncevaux et l'origine d'un motif dans la littérature du Moyen Age (XII-XIVème siécles), 1998 - books.google.fr).

La Montagne des Cornes à Rennes les Bains se trouve sur la limte Bélier/Poissons.

Entre les groupes d'hommes absolument vertueux ou, au contraire, totalement iniques, se situe l'écrasante majorité des gens moyens qui peuvent sauver leur vie durant les dix jours de pénitence séparantle nouvel an (Rosh ha-Shana) du jour des propitiations (Kippour). La sonnerie du shofar (corne de bélier) joue un rôle important : le Berger fidèle explique que le retentissement de cette sonnerie plonge les accusateurs d'Israël dans la consternation et accroît leur confusion. [...] Le rituel du nouvel ansert d'avant goût au jour des propitiations au terme duquel se décide l'avenir de tous les mortels. Le Zohar (III, 57b) recommande de méditer surla mort des justes afin d'obtenir, par ce biais, la rémission despéchés. Et deciter la péricope lue ce jour là à la synagogue – en l'occurrence Lévitique 16;1 – qui relate la disparition tragique des deux fils du Pontife Aaron. En se lamentant sur la mort de ces Justes l'orant pleure aussi la destruction du Temple de Jérusalem. Cette idée d'une sincère contrition rejoint celle exposée par l'auteur des Tikkunim (Tikkun n°6, 22a) qui critique les prières intéressées de ceux qui «aboient comme des chiens réclamant leur subsistance, la rémission de leurs péchés et leur inscription dans le livre des vivants.» (Maurice-Ruben Hayoun, La philosophie juive, 2004 - books.google.fr).

Layram

La plaque funéraire d'Elisabeth Raynaud subsisterait. On peut y lire : "Ici Repose Elisabeth Raynaud décédée à la métairie de Layram le 15 mai 1857 à l'âge de 18 ans de profundis".

Les Quatre N ou les Quatre Reines

Sur cette plaque on compte quatre N inversés. Dans "Raynaud" peut on reconnaître "reine" encore.

Dans son Songe du vieil Pèlerin adressant au blanc Faucon à bec & pieds dorés, comme un grand nombre de ses devanciers, Mézières choisit l'allégorie qui lui semblait s'adapter le mieux à ses intentions didactiques tout en répondant fort bien à son dessein de peindre un monde irréel, où le merveilleux côtoyerait l'actualité et où la figure du roi se trouverait sublimée, tel un Moïse revêtu d'une majesté sacrée, digne, en vertu de sa grandeur morale, de renouveler le pacte entre Dieu et le peuple. Ainsi le « jeune cerf volant sacré et couronné des blanches fleurs doréez et roi de France » ayant subi un noviciat long et ardu sous la présidence de la Reine Vérité et de ses Dames (Sagesse, Justice, Paix et Miséricorde), trônées sur le « petit parquet du mont Sinaï » et venues du Paradis Terrestre pour l'endoctriner, apprit l'art de conduire la nef de l'Etat à bon port. Sous la fiction d'un songe, l'auteur pourrait donc consacrer ses efforts à ses projets de réforme , en même temps qu'il ferait entrevoir la vision d'un nouvel âge d'or, qui, sous l'impulsion que lui aurait donné la France, s'étendrait sur la surface entière du globe, pour unir tous les peuples, dans un commun effort de paix. [...]

Dans le livre III, pour initier le roi aux mystères de son office, la Reine Vérité demande aux chambrières de l'entourer d'une haie de lumière, pour le rendre invisible aux yeux des assistants du consistoire. A l'intérieur de ce cercle, les quatre Reines forment un carré ou petit parquet (le sommet du Mont Sinaï). Chacune des Reines tend son miroir au prince afin qu'il puisse y voir ses défauts. De son franc arbitre, le roi accepte les deux chambrières, « Humilité en toute prospérité et Patience en toute adversité » et se confesse aux Dames. Son frère, « le faucon blanc », admis dans ce petit parquet, se confesse à son tour. Comme Moïse, le roi avait laissé son peuple au fond de la vallée pour entendre la parole de Dieu, sur la Haute Montagne, en présence de la Reine Vérité. La Reine inscrit les commandements de Dieu sur les tables du cœur du roi : Entendement ou charité de Dieu, et Mémoire, amour du prochain. Liées ensemble, les tables symbolisent le souverain commandement de la loi : l'amour de Dieu et du prochain. (Matt., XXII, 34-46) (Dora M. Bell, L'idéal éthique de la royauté en France au moyen âge: d'après quelques moralistes de ce temps, 1962 - books.google.fr).

Après avoir proposé de mettre sur « les tables du cœur du roi » la description d'un chariot allégorique, portant le « sang de l'Aignelet », traîné par les attributs des quatre Évangélistes et escorté par Force, Tempérance, Diligence et Persévérance, la reine Vérité montre au jeune souverain l'échiquier moral qui doit lui apprendre à bien régner. Ce jeu comprend soixante-quatre points, placés dans quatre quartiers. Les points du premier concernent « le gouvernement de la personne royale » (on s'y préoccupe même de conseiller des lectures au prince ; outre les Écritures, on lui recommande : Nicole Oresme, Gilles de Rome, la Consolation de philosophie de Boèce, les Antiquités judaïques, la Cité de Dieu, les poésies d'Eustache Deschamps). Le second quartier touche les rapports du roi avec l'Église, le troisième le gouvernement du roi et de ses officiers, le quatrième le bien de la chrétienté et de la France (le dernier de ses points étant consacré à l'organisation d'un passage d'outre mer). Enfin, quand Vérité a fait chevalier le jeune roi, Sapience rappelle à celui-ci que « la vraie gloire ne lui viendra qu'à la fin du voyage, dans la cité céleste ». (Suzanne Solente, Dora M. BELL. Etude sur le « Songe du vieil Pèlerin » de Philippe de Mézières (1327-1405), d'après le manuscrit français Bibl. nat. 22542. E. Droz, 1955, In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1956, tome 114 - www.persee.fr).

La Reine explique la valeur des huits besants de l'Evangile. Le premier, renferme la miséricorde et la vérité ; le deuxième, la justice et la paix. Des six besants qui restent, cinq représentent les cinq sens et le sixième est accordé au roi pour augmenter sa gloire et sa mémoire, à condition qu'il se soit montré « bon marchand », pendant son règne et qu'il ait appris à prêter les huits besants de l'Evangile à usure. Avant de commencer son instruction, la Reine rappelle la légende — qui se trouve dans le traité De ludo scacchorum de Jacques de Cessolles — qui avait attribué l'invention de l'échec au philosophe Xerxès afin de détourner Enilmerodach, roi de Babylone, fils de Nabuchodonosor, de sa tyrannie. La croix dessinée sur l'échiquier contrôlait le jeu. Les quatre bras de la croix, représentaient les quatre vents de l'esprit. Le premier bras était attribué au premier point de l'échiquier, c'est à dire à Vérité ; le deuxième bras, le vent d'Occident, symbolisait la mort et appartenait à Justice. (Fol. 237-c.) Le troisième bras représentait le vent de midi appelé « austral », symbole de la grande flamme et de l'amour du Saint Esprit et qui, par conséquent appartenait à Miséricorde ; le dernier bras indiquait le vent du Nord et appartenait à la Paix. Celui qui apprendra à déchiffrer le mystère de la croix et des quatre vents « deviendra grant maistre et licencié de la science spéculative et spirituelle de nostre nouvel eschequier ». (Fol. 237-d.) L'échiquier se divise en quatre quartiers. Selon leur sens mystique, les quinze points de chaque quartier représentent les quinze psaumes graduels, les quinze degrés du Temple de la Présentation de la Vierge, les quinze degrés de vertus qui mèneront le roi au Temple Céleste. Chacun des carrés de l'échiquier contient huit points qui symbolisent les Béatitudes. (Fol. 238-a.) Quant à son symbolisme politique, les quinze points du premier quartier touchent le gouvernement de la personne royale avec ses dépendances ; ceux du deuxième quartier s'appliquent au gouvernement du roi et de ses officiers et ceux du quatrième et dernier quartier renferment des enseignements moraux concernant la chose publique et le bien commun de toute la Chrétienté et particulièrement le bien du royaume de France (Fol. 238-d.) (Dora M. Bell, L'idéal éthique de la royauté en France au moyen âge: d'après quelques moralistes de ce temps, 1962 - books.google.fr).

Force, Tempérance, Diligence et Persévérance oublient Prudence et Justice.

Peut-on associer Paix et Prudence au nord, Justice reste elle-même à l'ouest, Miséricorde et Tempérance au sud, Vérité (ou sagesse) avec Force à l'est ?

La prudence du Fidéle est tranquille & amie de la paix (Epître de Jacques) (Jean Baptiste Massillon, Sermons. Avent. Mystères, 1769 - books.google.fr).

Philippe de Mézières (vers 1327 – 29 mai 1405), est un homme de guerre et un écrivain français du Moyen Âge, dont l'influence spirituelle marque les esprits de son temps. Puis dans le cadre du rapprochement des Églises orthodoxe et catholique, il travaille à l'implantation de la fête commémorant la Présentation de Marie au Temple en Occident, traduisant l'office grec en latin. 1370 est aussi la première année où est fêtée à Venise la Présentation de Marie au Temple, grâce à l’intervention de Philippe qui tient à la faire instaurer en Occident, comme c’est le cas en Orient. Cette fête est non seulement l’occasion d’honorer une nouvelle fois la mère de Dieu, mais aussi d’implorer son intercession auprès de son fils Jésus-Christ et de commémorer un événement important de l’histoire de la Rédemption. Philippe poursuivra avec succès son action en faveur de cette célébration à Avignon puis Paris. Elle est toujours fêtée par l’Eglise catholique, le 21 novembre. Ces événements montrent l’influence spirituelle qu’a Philippe de Mézières lors de son séjour à Venise, même s’il y reste peu de temps. Chargé de l'éducation du dauphin, il devient le gouverneur du futur Charles VI, mais doit prendre sa retraite à la mort du roi, ainsi que les autres conseillers. Il réside ensuite dans le couvent des Célestins à Paris, continuant à exercer une certaine influence sur la vie publique. Il est notamment proche de Louis d'Orléans. Lorsque Charles VI s'émancipe de la tutelle de ses oncles, en 1380, Mézières devient à nouveau proche de la cour. C'est de cette période que date la majorité de ses écrits. En 1386, il rédige en latin le Songe du vieil pèlerin, long voyage allégorique dans lequel il décrit les coutumes de l'Europe et du Proche Orient et donne de précieux conseils de gouvernement au à son lecteur royal, le jeune Charles VI, lui recommandant la paix avec l'Angleterre et la poursuite des croisades, dans le but de réunir toute la Chrétienté (fr.wikipedia.org - Philippe de Mézières).

L'Ordre des Célestins, fondé en 1264, par Pietro del Morrone, était un ordre religieux monastique de tendance érémitique. D'abord appelés frères du Saint-Esprit les moines furent connus plus tard comme Célestins lorsque leur fondateur fut élu pape (1294) et prit le nom de Célestin V. Son nom apparaît d'une manière ou d'une autre dans l'affaire de Rennes le Château. L'ordre se développa en Italie et en France. Il fut supprimé en 1778. Les Célestins furent introduits en France par Philippe le Bel en 1300. Celui-ci tenait à exalter la mémoire de Célestin V au détriment de son successeur, le pape Boniface VIII avec lequel il est en conflit ouvert ; les premiers prieurés s'établirent dans les forêts d'Orléans et de Compiègne. Le monastère des Célestins de Paris est érigé en 1352, et s'installe dans l'ancien couvent des Carmes. En 1365, Charles V pose la première pierre de l'église qui est consacrée en 1370 par l'archevêque de Sens, Guillaume II de Melun (fr.wikipedia.org - Ordre des Célestins).

Fagoustre et Famagouste

Fagoustre ressemble à Famagouste, ce qui permet de renouer avec Philippe de Mézières.

Famagouste est une ville portuaire située sur la côte est de Chypre. À proximité, se trouvent les ruines de l'ancienne ville de Salamine de Chypre, détruite autour de 647. Fondée vers 300 av. J.-C. sur le site antique d'Arsinoe, Famagouste est restée un petit village de pêcheurs pendant une longue période. Plus tard, en raison de l'évacuation progressive de Salamis, elle s'est développée en petit port, qui avec les siècles a pris de l'importance jusqu'à devenir un des ports de commerce les plus importants de la Méditerranée. Sous le règne des Lusignan elle servit à partir de 1372 de point d'appui aux Gênois, puis échut en 1489 aux Vénitiens.

Son nom dériverait du terme grec "ammochôstos", qui signifie caché dans le sable. La "Tour d'Othello", citadelle de Famagouste, tient son, nom de la pièce de William Shakespeare qui y situe son intrigue.

Othello, plus récent (inventé en 1971), présente donc quelques variantes avec le jeu de Reversi (inventé vers 1880). Il se joue sur un tablier unicolore de 64 cases, 8 sur 8, appelé othellier (fr.wikipedia.org - Othello (jeu)).

Dès l'âge de vingt ans, après la croisade du dauphin Humbert II, qui lui fournit l'occasion de visiter Jérusalem et lui vaut les éperons d'or, Philippe de Mézières connaît sa vocation; ou, plus justement, une idée a pris définitivement possession de son âme et toute sa vie sera vouée à la réalisation de cette idée. C'est la création d'une milice chrétienne, nommée par lui Chevalerie de la Passion, qui fera reprendre à l'Islam, dans une éclatante déroute, le chemin qui l'a conduit à planter son étendard jusque sur le saint-sépulcre. L'avènement de Pierre Ier au trône de Chypre place définitivement Philippe de Mézières dans l'élément qui lui convient. Lié avec le jeune prince sous le règne de Hugues IV, il devient son ami autant que son chancelier. Cette situation le met à portée de connaître l'Orient mieux qu'aucun Français de l'époque, et les rapports affectueux qui l'unissent bientôt à Pierre Thomas, « fervent défenseur de la croisade, » lui communiquent, s'il est possible, une nouvelle ardeur. Entre ces deux objets de son admiration passionnée, il croit marcher au succès. Son espoir est au comble lorsque Pierre Ier, venu en France, paraît sur le point d'entraîner le roi Jean dans une grande croisade. Mais Jean II meurt; et c'est un premier coup sensible. Pendant ce temps, Philippe et son ami Pierre Thomas avaient tenté vainement de gagner le concours de l'Italie : le roi de Chypre dut partir seul et prit Alexandrie (1365). Ce fut la dernière grande joie de son chancelier. L'abandon de la place égyptienne, malgré l'avis contraire du roi, l'échec de la croisade d'Ame VI n'avaient pu gravement ébranler les espérances de Mézières, lorsque la nouvelle du meurtre de son maître à Nicosie dans la nuit du 16 au 17 janvier 1369 le surprit au milieu de négociations pour le passage.

De cet événement date une nouvelle vie. Aux yeux de Philippe de Mézières, c'est le dernier représentant de la croisade générale qu'on a couché dans la tombe. Il se retire à la cour de Charles V, puis au couvent des Célestins de Paris. En principe, il n'a confiance désormais que dans l'ordre chevaleresque qu'il veut créer et à la fondation duquel il a rallié la fleur de la noblesse d'Occident; en fait, toute conjoncture qui laisse place à un projet de passage est pour lui la bienvenue, et il s'emploie à la provoquer. S'il n'est plus qu'en de rares circonstances le missionnaire de la délivrance du saint-sépulcre, du moins sa plume ardente et féconde se consacre-t-elle à la défense de cette grande cause. Tout ce qui détourne de l'Orient l'attention de l'Europe est l'objet de ses attaques et de ses incessantes préoccupations, et en première ligne les deux grands fléaux de ce siècle finissant : le grand schisme et la guerre avec l'Angleterre. En ce qui concerne le schisme, son esprit droit ne saurait le ranger à l'attitude des neutres. A défaut d'un concile général, presque impossible à réunir alors, — mais auquel d'avance il adhère, comme son maître Charles V, — Mézières cherche une direction dans l'avis des cardinaux, seuls compétents en l'espèce comme seuls ils sont responsables ; or, ils ont déclaré nulle l'élection d'Urbain VI. Dans son ardeur à poursuivre la paix avec l'Angleterre, outre la bonne volonté des deux rois, il a pour auxiliaires le roi d'Arménie, puis Robert L'Ermite. Bientôt les trêves de vingt-huit ans, suivies du mariage de Richard II avec Isabelle de France, lui rendent des espérances que ne parvient pas à ruiner l'échec désastreux de la croisade de Nicopolis : il n'en attendait rien de bon. Cette catastrophe lui inspire, au début de 1397, l'Epître lamentable, sa dernière œuvre littéraire, après laquelle on n'entend guère plus parler de lui. Il ne mourra pourtant qu'en 1405, à l'âge de soixante-dix-huit ans (Eugène Jarry, N. Jorga, Philippe de Mézières (1327-1405) et la croisade au XIVe siècle., Bibliothèque de l'école des chartes, 1897 - www.persee.fr).

Un lien entre Chypre et Aude est la famille de Montolif, originaire de Montolieu.

Entre les familles qui ont tenu les premières dignitez au royaume de Cypre est celle de Montolif, dont les armes estoient un escu chargé d'un lyon rampant, ayant pour cimier un dragon, comme j'ay remarqué du sceau de Pierre de Montolif, bouteiller de Cypre, attaché à des lettres de 1328. Ainsy il y a lieu de douter de celles que M. Della Chiesa, évesque de Saluces, donne aux Montolivo de Cypre, d'argent à une plante d'olive nourrie sur un mont de sinople. Le Lignage d'outre-mer fait assez souvent mention des seigneurs de ce nom et de leurs alliances, entre lesquels j'ay remarqué ceux qui suivent, dans les autres auteurs et dans les titres. Ces seigneurs semblent s'appeler indifféremment de Montolilou de Montolieu, de Monte Olivarum, de Monte Olivo ou Montolivo, de Monte Oliu. Montolieu est une petite ville de Languedoc (Aude, arrondissement de Carcassonne, canton d'Alzonne), d'où est originaire cette famille, établie depuis le XIIIe siècle à Marseille et dans le bas Languedoc.

Simon de Montolif, chambellan d'Amaury, régent de Chypre, en 1310. Jean de Montolif, fut un des seize brons chosis pour compiler le Livre des Assises du royaume de Jerusalem en 1369 (Charles Du Fresne Du Cange, Les familles d'outre-mer, 1869 - books.google.fr).

Au moyen âge, la maison de Lusignan fournit des rois à Chypre et Jérusalem ainsi que les derniers souverains à l'Arménie médiévale. En 1291, la ville de Saint-Jean-d'Acre, dernier bastion latin en Palestine, tombe aux mains des musulmans. La royauté de Jérusalem ne devient plus qu'un titre qui subsiste longtemps après la disparition du royaume. Les Lusignan à Chypre se le transmettent jusqu'à la fin de la dynastie, avec Jacques III de Chypre, mort en 1474. Le titre passe alors à un de ses cousins, Louis de Savoie, puis à son frère Philippe II Sans Terre, duc de Savoie, tous deux fils d'Anne de Lusignan (fr.wikipedia.org- Liste des rois de Jérusalem).

Layram : aboyant

R. Mandrou a mis en évidence des récits : la permanence des récits de sabbat dans les crises de sorcellerie du XVIIe siècle. Toutefois, ce qui va devenir la scène centrale de la sorcellerie du XVIIe siècle. C'est le théatre de la possession, réglé selon une toute autre logique, comme l'a montré M. de Certeau. Delancre, lui, anticipe ce mouvement, ou plutôt, serait-on fondé à dire, il est le premier à l'effectuer. En effet, il accorde une très grande attention aux "aboyeuses", ces femmes atteintes de crises de possession qui les font aboyer comme les chiens ou atteintes du "mal de layra", terme occitan pour mal d'aboi. Selon ses dires, dans le "premier procès de juridiction" dont il fut chargé, "ce sont quatre sorcières et un sorcier d'Amou, près la ville d'Acqs" qui lui ont appris l'existence de ce mal d'aboi ou mal voyant. Il consacre, dès 1613, une longue description à cette possession qu'il juge assez rare en pays de Labourd : "Quant au mal voyant ou mal de layra, c'est chose monstrueuse de voir parfois à l'église en cette petite paroisse d'Amou plus de quarante personnes, lesquelles toutes à la fois aboyent comme chiens, faisant dans la maison de Dieu un concert et une musique si déplaisante qu'on ne demeurer en prière : ils aboyent comme les chiens font la nuit lorsque la lune est à son plein, laquelle ie ne say comment remplit alors leur cerveau de plus de mauvaises humeurs. Cette musique se renouvelle à l'entrée de chaque sorcière qui a donné parfois ce mal à plusieurs. Si bien que son entrée dans l'Eglise en fait layra, qui est dire aboyer une infinité, lesquelles commencent à crier dès qu'elle entre" (Marie-Claire Latry, De Lancre : un démonologue en Aquitaine, L'Ethnologie à Bordeaux: hommage à Pierre Métais : actes du colloque du 10 mars 1994, 1995 - books.google.fr).

Algus homes so ditz Cenophalis qui no parlo, mas crido layram (Elucidari de las proprietatz de totas res naturals) : Quelques hommes qui ne parlent pas, mais crient en aboyant, sont dits cénophales (têtes vides) (François Raynouard, Lexique roman ou dictionnaire de la langue des troubadours comparée avec les autres langues de l'Europe latine, 1844 - books.google.fr).

L'Elucidari de las proprietatz de totas res naturals (Explication des propriétés de toutes choses naturelles) est une traduction occitane du "De proprietatibus rerum" de Barthélemy l'Anglais (Guy Raynaud de Lage, Les premiers romans français, 1976 - books.google.fr).

Un N romain dont la ligne diagonale est en sens inverse fait partie des caractères remontant à l'association de Richel avec Ruppel et qui se voient dans leur édition de Bartholomaeus Anglicus (à Bâle, années 1470) (Henry Harrisse, Les premiers incunables bâlois et leurs dérivés: Toulouse, Lyon, Vienne-en-Dauphiné, Spire, Eltvil, etc., 1471-1484. Essai de synthèse typographique, 1902 - books.google.fr).

Bernhard Richel est mentionné pour la première fois en 1472, et est mort en 1482 à Bâle. Il était d'Ehenwiler (Lorraine). Il quitta Nuremberg vers 1470 pour s'installer à Bâle. Il fut l'un des plus éminents précurseurs de l'imprimerie en Suisse. Outre le Sachsenspiegel (1474), il imprima surtout des ouvrages de théologie, certains en allemand (Spiegel menschlicher Behaltnis en 1476, Rosenkranzbruderschaft vers 1477), mais aussi des textes juridiques et narratifs (Melusine vers 1474, Reisen vers 1481). Il fut le premier imprimeur bâlois à illustrer ses ouvrages de bois gravés et de lettrines. Après 1482, sa veuve, puis son gendre Nikolaus Kessler reprirent son officine (Dictionnaire historique de la Suisse - www.hls-dhs-dss.ch).

Le Miroir des Saxons (Sassenspegel en bas-saxon, Sassen Speyghel en moyen bas allemand, Sachsenspiegel) est le plus prestigieux et, avec le code royal de Mühlhausen, le plus ancien code de lois médiéval allemand et, par la même occasion, le premier texte littéraire en prose composé en moyen bas allemand. Les livres traitant du droit étaient l'œuvre d'un seul homme, dépourvu de charge officielle. C'est à l'un de ces auteurs, Eike von Repgow, qu'il revint de composer le Miroir des Saxons, l'un des principaux ouvrages juridiques du Moyen Âge, pour ne pas dire le plus important. Il n'est pas jusqu'à la théorie des deux pouvoirs qui ne soit abordée. Eike von Repgow était lui-même partisan de la thèse originelle de l'égalité en prérogative du pape et de l'Empereur, ce qui poussa les papes à contester certains articles du Miroir des Saxons. (fr.wikipedia.org - Miroir des Saxons).

En France avec Philippe le Bel, en Allemagne dans les principes du Sachsenspiegel, en Italie dans les traités de Machiavel, la Bible n'est plus la grande mère de la culture (Bible et noveaux problèmes de chrétienté, Le Moyen Age et la Bible, 1984 - books.google.fr).

On retrouve la Saxe avec le l'ICHTYS sur le livre de la tombe de l'abbé Boudet comparé au poisson de saint Benno évêque de Meissen (Les Prophètes et Rennes le Château : Le Zodiaque du Cercle des Prophètes).

Gaston Phoebus, auteur du Livre de la Chasse, semble avoir connu l'Elucidari qui ne traite pas de l'isard contrairement au premier. L'isard est mentionné dans La Vraie Langue Celtique pages 194-195. Gaston Phoebus rencontra Jean duc de Berry peut-être à Notre Dame de Marceille le 8 août 1381.

Elle avait 18 ans : Eclipse

Jésus enseignait dans les synagogues des Juifs les jours du sabbat. (L'un de ces jours) il s'y trouva une femme possédée d'un esprit (malin) qui la rendait malade depuis 18 ans. Elle était toute courbée, et ne pouvait point du tout regarder en haut. Jésus la voyant l'appela, et lui dit: Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité, et en même temps il lui imposa les mains, et étant aussitôt redressée, elle rendit gloire à Dieu. Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus l'avait guérie un jour de sabbat, dit au peuple : Il y a six jours destinés pour travailler, venez en ces jours-là vous faire guérir, et non pas le jour du sabbat. Le Seigneur lui répondit: Hypocrite, y a-t-il quelqu'un de vous qui ne délie pas son bœuf ou son âne le jour du sabbat, et ne les tire de l'étable pour les mener boire ? Pourquoi donc ne fallait-il pas délivrer de ses liens en un jour de sabbat cette fille d'Abraham, que Satan avait tenue ainsi liée pendant 18 ans ? A ces paroles (de Jésus-Christ), tous ses adversaires demeurèrent confus, et tout le peuple était ravi de lui faire voir tant d'actions glorieuses. (S. Luc. 13.) (Memorial De Lecriture Sainte, 1826 - books.google.fr).

Encore une transgression du sabbat, ce qui renvoie aux parchemins de Saunière (Autour de Rennes le Château : Les parchemins : dans le texte, Autour de Rennes le Château : Stenay et Dagobert II : transgression du possible, et pet sur la terre).

Foeminae respectu majorum vocantur "thugateres" filia : ex. gr. Luc. I,5. conjux Zachariae erat "ek thugaterôn Aarôn" ex filiabus Aaron : sed illa nata fuit multis seculis post Aaronem. Vide & locum Luc. cap. 13, vers. 16, ubi talis foemina etiam "thugater" fila Abrahami appellatur. In eo scriptores Novi T. imitantur Hebraeos, qui tales foeminas, multis seculis post natas, vocant filias (Johannes Leusden, Philologus Hebraeus, 1739 - books.google.fr).

"bat" fille comme dans Betsabée ("septième fille").

Comme la possédée depuis 18 ans, fille d'Abraham, est déliée de Satan, Elisabeth, mère de Jean Baptiste, des filles d'Aaron, est déliée de sa stérilité déjà âgée. "Saint Jean naît, comme Dieu l'avait promis, et en naissant, il délie la langue de son père, afin que selon la parole prophétique de l'ange, cette naissance fût réellement une cause de joie pour plusieurs." (Saint Augustin, 55ème sermon sur la nativité de saint Jean).

"Stériles, demandez des enfants à Dieu. Stériles, frappez donc à la porte du Donateur bienfaisant. Qui donne un enfant au sein stérile, sinon celui qui les refusa ? Celui qui lia la stérilité, le même peut la délier. Sa volonté est une clef, elle ouvre et ferme les ventres" (Sévère d'Antioche (465 - 538, patriarche d'Antioche), Les homélies cathédrales, Patrologia Orientalis, Volume 37, 1975 - books.google.fr).

Un monument, pris dans le recueil d'antiquités publié par le comte de Caylus, représente un faisceau de papyrus, prenant la forme d'une barque, une des formes signifiées par le mot Aleph. Sur ce faisceau sont placés, à droite et regardant le passé, Horus ou le Soleil; la lumière solaire, AUR; le Soleil naissant, le Soleil à son AUR-ORe, sortant du sein des eaux (de l'infini, de l'espace), comme la tige de Lotus sur laquelle il est assis. A gauche et tourné vers l'orient, c'est-à-dire, regardant l'avenir, un cynocéphale debout et ayant les mains élevées. Ce faisceau est terminé du côté du soleil par le signe du Taureau, au passé; et de l'autre côté, où se trouve le cynocéphale, par celui du Bélier, au futur (Pierre Lacour, Fragmens: Essai sur les les hiéroglyphes égyptiens, 1821 - books.google.fr).

Le boeuf et l'âne sont mentionnés dans le récit de la possédée de 18 ans.

L'importance attribuée au boeuf dans le culte de l'Egypte ancienne démontre l'ancienneté certaine de la présence du bétail dans ce pays. Mnevis était un autre taureau adoré à Héliopolis comme soleil vivant, Buchis l'était à Hermonthis, sans oublier le taureau sacré de Kanopos près d'Alexandrie ainsi que la déesse Hathor de laquelle la reine Hatschepsut boit avec volupté le lait (Alfred Hauenstein, Rites et coutumes liés à l'élevage du bétail dans le sud de l'Angola, 1980 - books.google.fr).

L'hémisphère diurne et l'hémisphère nocturne ont pour centre, l'un le soleil, et l'autre le point opposé à cet astre : c'est là que se termine l'ombre de la terre, et c'est ce point qui détermine le lieu de lapleinelune, toujours en opposition avec le soleil, et qui ne souffre éclipse que lorsqu'elle se plonge dans ce cône d'ombre. C'est donc là le lieu du coffre obscur dans lequel entrait Osiris, au moment où le soleil occupait le scorpion : car alors le centre de la nuit et la pointe du cône d'ombre tombaient sur le taureau, ou sur le signe qui fournissait à Osiris ses attributs, taureau dont Apis, image d'Osiris, était la représentation. De là cette cérémonie dans laquelle on promenait un bœuf d'or, couvert d'un crêpe noir, le 17 du mois du scorpion, le jour de la pleine lune où l'on pleurait Osiris mort, et le jour auquel le calendrier égyptien de Ptolémée marque le commencement de l'hiver. On sent bien que, chaque mois le soleil avançant d'un signe en parcourant les signes inférieurs, le coffre obscur ou le cône d'ombre s'avançait aussi progressivement dans les signes supérieurs, tandis qu'à toutes les pleines lunes, Isis ou la lune cherchait à l'atteindre. Mais, enfin lorsque la lune se trouvait pleine au signe de la balance, et que le soleil conséquemment était au bélier, près des limites équinoxiales, alors le cône d'ombre passait dans l'hémisphère inférieur. Depuis cette époque jusqu'à la néoménie suivante qui arrivait au taureau, il s'écoulait quatorze jours, durant lesquels le cône d'ombre quittait l'hémisphère supérieur, et allait se confondre avec les ténèbres qui règnent dans l'hémisphère inférieur du monde. La lune nouvelle rejoignait le taureau et le soleil, et alors arrivait cette belle néoménie où l'on célébrait l'entrée d'Osiris dans la l une. Le taureau céleste devenait le centre du jour, et repassait dans l'hémisphère lumineux, tandis que, six mois auparavant, il était plongé dans les ténèbres de la nuit, à l'extrémité du cône d'ombre qui en forme le centre. On retrouve des traces de cette explication et de la théorie qui en est la base, dans ce passage où Plutarque rapporte l'opinion de ceux qui entendaient par le coffre obscur, dans lequel Typhon enferme Osiris, l'ombre de la terre et le cône prolongé qui éclipse la pleine lune quand elle y entre (Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes: ou, Religion universelle, 1835 - books.google.fr).

D'après un fragment d'un écrit chaldéens: « Des empreintes constatées à droite dans les intestins d'un âne, par exemple, signifiaient : inondation. — Des fissures à gauche de l'intestin de l'âne : discorde. . — Intestins à droite, tordus et bleuâtres : pleurs. — Tordus à gauche : bonheur. — Intestin de couleur noire : éclipse... » Une tablette chaldéenne est consacrée aux présages par les chiens On y étudie les agissements de l'animal selon sa couleur : « Si un chien jaune entre dans un palais : destruction. — S'il est rouge : dévastation. — S'il va se coucher sur le trône :' incendie. — Si un chien blanc entre dans un temple, le temple demeurera; au contraire, il ne sera point stable au cas où la bête serait noire. — L'animal est—il de couleur grise ou jaune? l'édifice sera attaqué. — Est-il rouge? les dieux déserteront la demeure (Fernand Nicolaÿ, Histoire des croyances, superstitions, moeurs, usages et coutumes, 1901 - books.google.fr).

Plutarque (Oeuvres morales, 5) note que l'âne ("hamara" en arabe de "ahmar", "rouge") est consacré au dieu égyptien Seth (ou Typhon en grec) dont les éclipses de soleil et de lune sont les écarts avec les intempéries de saisons portant l'empreinte de son caractère (Dibombari Mbock, Les filles de Sitifaani, 2014 - books.google.fr).

On prête aux Arcadiens le fait d'avoir éventré un âne accusé d'avoir bu la lune dans un seau pendant une éclipse. Les ânes buveurs de lune sont ancrés dans la tradition orale languedocienne. Dans les Cévennes (on donne le sobriquet de pesca-luna aux habitants de Belvezet - Gard) et dans l'Hérault à Lunel (dicton : S'es amusat d'ana pesca la luna dius un panier traucat) (René Volot, L'esprit de l'âne: mythes, symboles, traditions, 2001 - books.google.fr).

Cynocéphales, éclipses

Boudet parle de chiens de chasse en lien avec une source qui se trouve sur la limite Bélier/Taureau du Cercle des Prophètes (pages 298-299) :

Les Gaulois se servaient dans leurs chasses d'excellents chiens courants, indispensables pour suivre et harceler les fauves de leurs forêts. La Coume das houns – hound (haound) chien de chasse, chien courant, – et la fontaine das houns, garants de cette assertion, sont situées au nord de l'Haum moor, fort près des deux roulers du cromleck de Rennes-les-Bains.

Il est intéressant de noter qu'à aucun moment Ptolémée n'utilise la période de 223 lunaisons – improprement appelée Saros par Edmond Halley – pour prévoir une éclipse de Soleil. Une précision s'impose ici concernant cette période prétendument utilisée par les Babyloniens pour la prédiction des éclipses solaires. Halley publia en 1692 dans les Philosophical Transactions un mémoire dans lequel il proposait de corriger un passage de Pline l'Ancien (23-79 ap. J.-C.), où il était question d'une période au terme de laquelle les éclipses se reproduisent dans le même ordre. Certains manuscrits de l'Histoire naturelle circulant à l'époque contenaient des variantes, et dans celui qu'il possédait, Halley a pu lire : « Il est sûr que les éclipses se reproduisent dans le même ordre au bout de 222 mois [Defectus CCXXII mensibus redire in suos orbes], et que le Soleil s'éclipse seulement lorsque la Lune achève ou commence son cours, c'est-à-dire au moment de la conjonction » (Histoire naturelle, II 56). Halley corrigea, à bon droit, 222 en 223 (CCXXIII). Mais en consultant la Souda, encyclopédie byzantine écrite au Xe siècle par un groupe d'érudits (que l'on a longtemps pris pour un savant du nom de Suidas), il trouva mention du mot dans les termes suivants : « Saros, mesure et nombre chez les Chaldéens. Un saros contient 222 mois lunaires qui font 18 ans et six mois. 120 saros correspondent à 2222 (sic pour 2220) années ». Croyant à tort que la Souda dépendait ici de Pline (qui n'emploie pas le terme Saros), Halley en conclut que les Babyloniens entendaient par là une période de 223 lunaisons ramenant les éclipses. Mais la Souda dit expressément que 222 mois = 18,5 ans, soit une année de 12 mois exactement (222/18,5 = 12). Or le calendrier babylonien est lunaire, et la durée des mois variable. La période nommée Saros chez les Babyloniens n'a donc rien à voir avec les éclipses. L'erreur de Halley avait été dénoncée par l'astronome français Guillaume Le Gentil de la Galaisière (1725-1792) dans deux articles très critiques publiés en 1756 : mais ce dernier ne sera pas entendu et depuis, malgré le correctif apporté par nombre d'historiens des sciences, le mot Saros continue de désigner une période de 223 lunaisons, ou 18 ans 11 jours, ou encore 6585 jours, à l'issue de laquelle les éclipses de Soleil et de Lune se reproduisent dans le même ordre (Le Manuel des éclipses, Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides - Observatoire de Paris, 2005 - books.google.fr).

Ce qu'ils signifient en écrivant un cynocéphale. Voulant écrire la lune, ou le (monde) habité, ou l'écriture, ou le prêtre, ou la colère, ou la nage, ils peignent un cynocéphale. a) La lune, parce que cet animal entre dans un certain rapport avec la conjonction du dieu : en effet, lorsque la lune, étant entrée en conjonction avec le soleil, est dépourvue de lumière pendant la fraction d'une heure déterminée, alors le cynocéphale mâle ne voit ni ne mange plus, il est déprimé et s'incline vers le sol comme s'il déplorait l'enlèvement de la lune. Quant à la femelle, non seulement elle ne voit plus et éprouve la même chose que le mâle, mais de plus elle perd du sang par ses parties génitales. C'est pourquoi jusqu'à ce jour on élève des cynocéphales dans les temples afin de connaître par eux le moment de la conjonction du soleil et de la lune. b) Le (monde) habité, parce que, à les en croire, le (monde) habité comprend 72 anciennes régions et que ces (cynocéphales) qui sont nourris dans les temples et y sont l'objet de soins, ne meurent pas en un jour, comme les autres animaux ; mais une partie de ceux-ci meurt chaque jour et est embaumée par les prêtres tandis que le reste du corps garde sa nature (normale). Et ce n'est que lorsque les 72 jours sont accomplis qu'il est entièrement mort. c) L'écriture, parce qu'il existe une espèce de cynocéphales qui sait (écrire) les lettres égyptiennes. Aussi, lorsqu'un cynocéphale est conduit pour la première fois au temple, le prêtre lui présente une tablette, un jonc et de l'encre pour voir s'il appartient à l'espèce qui sait écrire et s'il écrit. Au reste cet animal est mis en relation avec Hermès qui s'occupe de tout ce qui a trait à l'écriture. d) Le prêtre, parce que, de sa nature, le cynocéphale ne mange pas de poisson, ni même du pain fait avec du poisson, tout comme les prêtres. Il naît circoncis et les prêtres pratiquent également la circoncision. e) La colère, parce que cet animal est plus irritable et plus colérique qu'aucun autre. f) La nage, parce que, alors que les autres animaux qui pratiquent la natation ont l'air dégoûtant, lui seul arrive en nageant jusqu'à l'endroit qu'il désire atteindre sans être couvert de crasse. (Traduction française des Hieroglyphica d'Horapollon (prêtre égyptien du Ve siècle), par B. Van de Walle et J. Vergote (1943) - asklepios.chez.com).

On trouve parmi les peuples de l'Ynde (diverses Merveilles de l'Inde dont Jean Wauqelin a donné une version), cité avec les Cynocéphales, le peuple des azrabathéens qui marchent courbés vers la terre (Revue archéologique, Ernest Leroux, 1905 - books.google.fr).

Chez Pline, la conjonction des menstrues avec les éclipses a des effets particuliers :

Quant aux règles mêmes, qui produisent des choses monstrueuses, comme nous l'avons dit en lieu et place (VII, 13), on en tire de sinistres présages. Qu'il nous soit permis d'en rapporter quelques-uns. Si les règles coïncident avec une éclipse de lune ou de soleil, les maux qu'elles causent sont irrémédiables; il en est de même quand elles coïncident avec l'absence de la lune : alors le coit est funeste et mortel pour les mâles (Livre XXVIII, 23) (Histoire naturelle de Pline, Volume 2, traduit par Emile Littré, 1865 - books.google.fr).

L'intime connexion entre le flux menstruel et la possession démoniaque se manifeste dans plusieurs religions du Proche Orient par le rôle que jouent dans les exorcismes la « femme en ménopause » et la « vieille femme ». Chez les Hittites, elles sont appelées SALMUDDAGI (« femme dont le sang s'est arrêté ») et SALSHUGI. En Akkad, paristu et parshumtu. La seconde intervient dans les rituels contre l'éclipse de lune et pour restaurer la vigueur sexuelle. Les calendriers magiques l'associent à la Mort conciliée (Bernard Teyssèdre, La Naissance du Diable: De Babylone aux grottes de la mer Morte, 1985 - books.google.fr).

Les menstruations et leurs petites lessives malaisées renvoient aux rythmes du cosmos et aux puissances de l'au-delà. Leur sens est déjà présent dans les mots, poétiques et forts, qui les désignent : on dit avoir "ses brouilleries", "ses histoires", "ses lunes", "ses fleurs", "ses catamini", "ses ourses"... Le cycle féminin est analogue au cycle lunaire et la période des règles correspond à l'éclipse de lune, à la stérilité, à la mort. La peur et les interdits qui entourent la femme en menstrues sont succités par le pouvoir inquiétant que lui confère cette position entre la vie et la mort; "elles sont toutes un peu sorcières" disent les informateurs. La "blessure" éternelle de la femme apparaît ici comme la marque de ce pouvoir féminin dont sont exclus les hommes et qui la place dans un rapport privilégié avec le monde invisible. La visite au jardin potager, autour d'espèces végétales familières : la tulipe, le crocus, la pensée, l'oignon, la fève et surtout l'extraordinaire choux quintal d'Alsace, rond et dense support de toutes les métaphores, invite à une nouvelle descente dans l'au-delà et à une étude des représentations végétales et du calendrier populaire dans ses trois versions enchevêtrées féminine; le cycle des veillées, des mariages, des naissances, agricole ; le cycle du jardin et des grandes cultures, symbolique; les événements de la vie correspondent aux dates de l'année mythologique (Pascale de Vinck, La terre des femmes et ses magies de Jocelyne Bonnet, Civilisations, Vol. 37, No. 2, Ethnologies d'Europe et d'ailleurs, 1988 - books.google.fr).

Mercure et le 15 mai

L'Étrurie appelait Mercure Turms : les Latins placèrent Mercure au nombre de leurs divinités principales. Rome lui dédia un grand temple, le 15 mai, 79 ans avant Jésus-Christ, l'an de Rome, 675, et le 15 mai devint le jour de la fête solennelle de ce dieu. Ceux qui la célébraient étaient surtout les marchands nouvellement arrivés d’un long voyage, vêtus d’une tunique retroussée, qui, après s'être purifiés dans l'eau lustrale, demandaient pardon de leurs filouteries passées, et de celles qu’ils pourraient commettre par la suite. On lui offrait du miel, du lait et les prémices des figues. Cet usage venait sans doute d'Athènes. On lui sacrifiait des veaux et des coqs ; c'était surtout les langues des victimes qu'il était censé aimer (N. A. Dubois, Nouveau Manuel Complet de Mythologie, 1836 - books.google.fr, Joseph Jacques Odolant-Desnos, Mythologie pittoresque, 1838 - books.google.fr).

Rabelais rappelle cette date en relation avec Mercure dans le Prologue de son Quatrième Livre (xtf.bvh.univ-tours.fr).

Mercure était commis à la surveillance des monnaies et des poids (Dictionnaire de la conversation et de la lecture: Man - Mer, Volume 37, 1837 - books.google.fr).

Les Grecs d'Alexandrie mêlaient les attributs d'Anubis aux images de Mercure; et que du temps où Rome dominait le monde, une figure de Mercure avec le bâton et la tête de chien, était le symbole à la mode pour les cachets (Karl August Bottiger, Sabine, traduit par Clapier, 1813 - books.google.fr).

Lucien de Samosate, écrivain grec du IIe siècle après J.-C., rhéteur et satiriste de Syrie qui écrivait en grec, dans le Dialogue des dieux, rappelle la tradition qui identifie, en Egypte, comme Mercure le dieu à tête de chien, dans un passage sur les extravagance des cultes religieux. Le Cymbalum mundi (1537) pousse encore l'idée, de façon très lucianesque: son personnage de chien, Hylactor, adore évidemment ce dieu-chien. On a le dieu qu'on peut, et Mercure, en apparence le grand absent du quatrième dialogue, s'y infiltre donc à l'occasion de ce vœu qu'Hylactor adresse à Anubis - vœu qui sera entendu, puisqu'Hylactor va rencontrer Pamphagus, aubaine dont Mercure-Anubis, dieu des aubaines, est évidemment le metteur en scène secret. Un réseau d'échos intertextuels plus riche encore se constate à propos du thème du silence et du secret. Chez Lucien, Mercure est - dans un dialogue avec Mars - le porte-parole d'un thème - la nécessité de la discrétion et du silence - développé dans le Cymbalum pour lui-même et dans un tout autre contexte (Olivier Millet, Le Cymbalum mundi et la tradition lucinaique, Le Cymbalum, actes du colloque de Rome (3-6 novembre 2000), 2003 - books.google.fr).

Saint—Augustin, aux dires de Thomas Valois, appelle indistinctement Cynocéphale, l’Hermès ou le Mercure égyptien (Antoine-Joseph Pernety, Les fables égyptiennes et grecques dévoilées & réduites au même principe, 1786 - books.google.fr).

La pratique de partager le jour par heures, est plus ancienne en Egypte qu'en aucun autre endroit du monde; le nom même d'Hora vient d'Horus, qui est le nom que les Egyptiens donnent au Soleil. Victorin cite Cicéron, qui dit que Mercure Trismégiste ayant remarqué que le Cynocéphale urine douze fois par jour, & toujours à une distance égale, & qu'il jette des cris à des heures réglées, partagea le jour en douze parties égales, qu'on nomma heures. Quoique ce récit ait assez l'air de fable, & qu'apparemment ce Cynocéphale soit un animal fabuleux, cependant nous ne trouvons rien de plus ancien chez aucun autre peuple sur cette coutume; & Trismégiste à qui on attribue cette invention, vivoit peu après Moïse, si on en croit Eufebe & Marsham (Augustin Calmet, Dissertations Qui Peuvent Servir De Prolégomenes De L'Écriture Sainte, Volume 1, 1720 - books.google.fr).

Ce qui peut faire lien entre le dieu à tête de chien égyptien assimilé à Mercure/Hermès et le peuple des Cynocéphales c'est que Mégasthène placait ce dernier autant en Inde qu'en Ethiopie. Hérodote les met dans la Libye (Dictionnaire universel François et Latin, Volume 2, Pierre Antoine, 1740 - books.google.fr).

Avant que, beaucoup plus loin, au bout du monde, toute possibilité de vie s'éteigne, ces races sont comme sa dernière manifestation, mais foisonnante, multicolore, polymorphe, « merveilleuse », en un mot. Elles sont parties intégrantes de deux légendes promises à un immense succès, celle du Prêtre-Jean et celle d'Alexandre. Notons d'abord que celles-ci sont complémentaires, comme l'Inde et l'Ethiopie : l'Inde a été visitée par Alexandre, l'Ethiopie est sujette au Prêtre-Jean. Mais on sait que ce partage n'a pas été constant : d'abord à la tête d'un empire situé derrière l'Arménie et la Perse, le Prêtre-Jean se déplace ensuite de l'Inde à l'Ethiopie et n'atteint sans doute ce pays qu'assez tard. Les vicissitudes de sa légende confirment à nouveau les perpétuels échanges que n'ont cessé d'entretenir, dans l'imagination médiévale, ces deux terres semi-mythiques de l'Ethiopie et de l'Inde. [...]

Dans la disproportion et le pullulement, l'Inde et l'Ethiopie se rejoignent et leurs merveilles tendent à se déplacer de l'une à l'autre. A force de se compléter dans la diversité des formes anormales, elles échangent leurs créatures, car la confusion n'a pas vraiment de loi qui la règle et l'ordonne. Déjà Pline les réunissait en écrivant : « Au reste, les Indes, et l'Ethiopie sont toutes farcies de choses miraculeuses » (Histoire naturelle, VII, 2) (Jean Céard, La nature et les prodiges: l'insolite au XVIe siècle, 1996 - books.google.fr).

La « récupération » du Cynocéphale par les auteurs médiévaux s'explique de différentes manières : dans les textes scientifiques, il fait partie d'un patrimoine culturel à transmettre, et sa présence dans les œuvres de saint Augustin et dans celles d'autres ecclésiastiques lui a conféré la caution de l'auctoritas ; dans les récits des combats menés par la chrétienté contre le paganisme de peuples « barbares », le Cynocéphale revêt une valeur symbolique : il témoigne de la perversion des infidèles et surtout de leur alliance avec Satan. Dans les récits de voyages, il fait partie des merveilles que le voyageur se doit d'avoir vu dans de lointains pays. Il ne faut donc pas s'étonner si on le rencontre dans tant de textes ; il relève de la couleur locale et comble ainsi le goût du public qui, dès le XIIe s., manifeste de plus en plus d'intérêt pour l'histoire naturelle et les merveilles. Du reste, on est tenté de croire en son existence : Vincent de Beauvais ne rapporte-t-il pas qu'un Cynocéphale fut présenté au roi Louis le Pieux ? (Claude Lecouteux, Les Cynocéphales. Étude d'une tradition tératologique de l'Antiquité au XIIe s. In: Cahiers de civilisation médiévale. 24e année (n°94), Avril-juin 1981 - www.persee.fr).

Cynocéphale et liens magiques

Thot, le dieu cynocéphale, assimilé à Hermès, était, dans l'Egypte ancienne, le dieu de la magie.

Un sortilège accuse une femme, une sorcière, d'accomplir à Hécate (Séléné) une "diabolè" par des sacrifices et des paroles injurieuses : « Elle a dit que toi, la déesse, tu te plais, dans ta cruauté, à accomplir ces méfaits : tuer un homme et boire son sang, manger sa chair, faire de ses entrailles le bandeau de ta tête, prendre sa peau tout entière et la placer sur ton sexe, te repaître du sang d'un épervier de mer, te nourrir de scarabées ; que Pan a fait jaillir devant tes yeux une semence impie et qu'il est né [de cette union entre Pan et toi] un cynocéphale au moment de tes menstrues ». Il faut donc que Séléné poursuive de châtiments amers cette femme sans respect des lois religieuses dont le magicien lui dénoncera une fois encore les crimes. [...] Au sujet d'une "katadisma" sur une lamelle de plomb contre un ennemi, les charmes ainsi pratiqués contre un homme ou une femme coupable de péchés rituels étaient particulièrement puissants. Dans une "agôgè" où l'aimée est accusée d'avoir saxcrifié les oeufs défendus (ils s'agit sans doute des oeufs de l'ibis), ce qui est une "anomia" toute spéciale, le mage prie Isis de la punir par la faim, la soif, le manque de sommeil, jusqu'à ce que, dévorée d'amour jusqu'en ses entrailles, elle vienne s'accoupler à lui, P. xxxvi, 140-150 (m, 167). Rien ne délivrera l'aimée de ce lien. « Tu es liée, une telle, par les fibres du palmier sacré, afin que tu aimes de tout ton être un tel : rien ne te déliera, ni l'aboiement du chien ("ou kuôn banouzôn), ni le braiement de l'âne ("onos ogkômino = gonflé pour braire), ni le galle (prêtre eunuque de Cybèle) ni le prêtre purificateur, ni le bruit de la cymbale ou de la flûte, et non pas même un phylactère venu du ciel et puissant contre tout; non te voici l'esclave du "pneuma" (André Jean Festugière, L'idéal religieux des Grecs et l'Évangile, 1981 - books.google.fr, Michaël Martin, Sorcières et magiciennes dans le monde gréco-romain, 2004 - books.google.fr).

Les menstrues renvoient à Cassaignes, et les aboiements peuvent alors dans certaines circonstances délie des charmes magiques, comme les braiement d'âne (La Croix des Prophètes à Rennes le Château).

"Visitatio dei" et la Visitation de Marie à Elisabeth

Proclus (412 - 485), dans son interprétatuon de la conclusion du mythe d'Er dans la République de Platon le tonnerre est le symbole (des âmes) qui viendront d'en haut, le tremblement de terre de celles qui viendront d'en bas (Paul-Hubert Poirier, Wolf-Peter Funk, Le tonnerre, intellect parfait (NH VI, 2), 1995 - books.google.fr).

Les tremblemens de terre sont quelquefois des signes de la visite de Dieu, & quelquefois des signes de sa colère. Il y eut un tremblement de terre extraordinaire dans le tems de la Passion du Fils de Dieu : car alors conte la terre trembla, pour faire connoître partout l'Univers la force & la puissance de celui que l'on attachoit à la Croix, & pour donner à entendre que celui qui souffroit étoit Dieu, & non pas simplement un homme (Jean Chrysostome, Homéklie XI sur les Actes des Apôtres, 1703 - books.google.fr).

Un tremblement de terre devait marquer la visite de Dieu lors du jugement (Jg 5,4; Za 14,4-5; Jr 51,29).

Le séisme était considéré comme une calamité « privilégiée » par la culture du Moyen Age : il appartenait à la symbolique apocalyptique, et était interprété comme la « visitatio Dei », le préavis d'une autre réalité. Dans l'Apocalypse de Saint-Jean (Ap. 6, 12 e 16, 17) l'ouverture du sixième sceau est suivie par un séisme ; il précède le « grand silence » avant le Jugement Dernier. Les commentaires de l'Apocalypse diffusés pendant le Moyen Age, tendent à interpréter ce passage comme la représentation symbolique d'une réalité renversée : l'amitié transformée en inimitié, la fidélité en infidélité, la lumière en obscurité. Le point d'arrivée de ce renversement (représenté aussi dans les iconographies des Apocalypses) est le Jugement de Dieu. La préfiguration d'une solution finale est profondément ressentie dans les contes médiévaux des tremblements de terre, et pas seulement pour l'extension des dégâts : on peut la trouver même dans les sources narratives concernant des frappèrent sans gravité des zones limitées. On doit davantage considérer, entre les effets psychologiques de la peur, l'angoisse qui exaspérait la conception finaliste du cadre culturel (E. Guidobini, "3 janvier 1117 : le tremblement de terre du Moyen Âge roman, aspects des sources, Tremblements de terre, histoire et archéologie: IVèmes Rencontres internationales d'archéologie et d'histoire d'Antibes, 2,3,4, novembre 1983, 1984 - books.google.fr).

Comme pour la mort du Christ en croix, le tremblement de terre est souvent accompagné d'une éclipse qui l'annonce.

On peut interpréter la Visitation de Marie à Elisabeth en qui Jean Baptiste tressaille de manière météorique. Jésus éclipse Jean Baptiste ("il faut qu'il croisse et que je diminue"), et le tressaillement comme un tremblement de terre, effet de la "visite de dieu".

"La nature a donné à la mère des mamelles, sources jaillissantes, préparant à l'avance la nourriture pour les petits à naître. La nature a donné à la terre, la plus ancienne et la plus féconde des mères, en guise de mamelles, le cours des fleuves et ruisseaux pour arroser les plantes et pour fournir à tous les animaux un breuvage abondant. (Ainsi) la femme est à l'imitation de la terre que les poètes appellent mère universelle porteuse de fruits dispensatrice de tous biens" (Philon d'Alexandrie, De opificio 133) (Bernard Teyssèdre, La Naissance du diable, 1985 - books.google.fr).

La fonction de Jean-Baptiste a pu contribuer à rendre équivoque l'image de celui que le Christ qualifiait déjà paradoxalement : «Je vous le dis, en vérité, parmi les enfants des femmes, il n'en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste ! Et pourtant le plus petit dans le royaume est plus grand que lui!» (Matt., 11, 11). Mais il faut vraisemblablement reconnaître à l'iconographie une influence aussi décisive. Dans l'art byzantin en particulier, les représentations de saint Jean Prodrome, sous son type ascétique, ont de quoi frapper l'imagination : avec son visage émacié, ses cheveux et sa barbe hirsutes, son regardc farouche, il fait figure d'homme sauvage. [...] Les images de Baptiste offraient assez de suggestions pour qu'on soit tenté de l'associer aux loups-garous [...]. L'orthodoxie et la logique se voient certes bafouées dans cette image d'un saint maléfique, mais la croyance populaire a survécu jusqu'à nous. [...] Les coutumes folkloriques et l'hagiographie populaire constituent une excellente référence pour vérifier dans quelle mesure le christianisme a réussi à s'implanter. Or les croyances concernant les hommes-loups gardent la trace de représentations qui n'ont pu s'intégrer au christianisme qu'en contredisant manifestement l'orthodoxie officielle. Il était logique que les hommes-loups soient maudits par l'Eglise, mais non que Saint Christophe se confonde avec les cynocéphales ou Saint Jean-Baptiste avec les garous. [...] Cette ambiguïté évoque beaucoup plus la pensée grecque archaïque ou la Bible que le Christianisme, et la comparaison mériterait une étude approfondie. Elle amènerait par ailleurs à reconnaître entre l'Ancien Testament, la tragédie grecque et notre folklore (particulièrement dans le Carnaval), le schéma commun du renversement (Martine Châtelain, Elupubrations, La sorcellerie, 1986 - books.google.fr).

Jésus naîtra entre le boeuf et l'âne et meurt pendant une éclipse : "alors furent accomplies les paroles du prophète Isaïe, le bœuf a connu son propriétaire, l'âne la crèche de son maître (Is. 1,3)" (Evangile du Pseudo-Matthieu) (Eliane Burnet, Régis Burnet, Pour décoder un tableau religieux, Nouveau testament, 2006 - books.google.fr).

Il est à remarquer qu'avant les évangiles et avant Isaïe, Homère encadrait les aventures d'Ulysse par un labourage effectué par une charrue attelée d'un boeuf et d'un âne, à l'initiative de Palamède pour confondre la ruse du roi d'Ithaque qui ne voulait pas partir pour Troie, et par une éclipse, hallucinée par le devin Théoclimène au festin de Pénélope, lors de son retour (Les Prophètes et Rennes le Château : L’Echiquier de la Croix des Prophètes).

15 mai : un Jean Baptiste

La fête de Jean Baptiste de La Salle a été fixée au 15 mai avant réforme du calendrier lors de sa canonisation en 1900. C'est anachronique, rien ne dit qu'il était fêté à cette date avant 1857, si c'est bien l'année de réalisation de la plaque d'Elisabeth Raynaud.

Michel Garicoïts a été béatifié le 15 mars 1923 par le pape Pie XI. Il fut canonisé le 6 juillet 1947 par le pape Pie XII, en même temps que son inspiratrice Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages (1773-1838), fondatrice des Filles de la Croix. Sa fête a été fixée au 14 mai, puis repoussée au 15 mai.

En 1831, Michel fut nommé supérieur du séminaire, mais aussitôt son siège fut transféré à Bayonne et il resta seul à Bétharram. Comme, non loin de là, existait un pèlerinage marial, il lui vint à l'idée de fonder une congrégation qui s'occuperait des pèlerins. C'est en 1838 qu'il fonda la congrégation des Prêtres auxiliaires du Sacré-Cœur de Jésus, qui devint en 1841 la société des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus.

Il rencontra plusieurs fois Bernadette Soubirous, avant et après les apparitions de Lourdes en 1858. Bernadette Soubirous venait souvent au sanctuaire de Bétharram pour lui demander conseil (fr.wikipedia.org - Michel Garicoïts).

Bétharram : Beth et Aram.

La tête d'or

Plutarque aussi, parlant de la ville de Peluse, présentement dite Damiete, Strabon, liv. 15, & Ammien-Marcellin, liv. 6, disent que les rois des Macédoniens & des Perses avoient aussi coutume d'enfermer des trésors dans leurs tombeaux. Planudes, en lisant des inscriptions de sépulchres, découvrit ingénieusement un trésor caché dans un monument antique, & cet arabe subtil, qui ayant lû sur le front d'une grande statue, qui étoit au frontispice d'un sépulchre, a découvert ces lignes ; Aux ides de mai, j'aurai la tête d'or, sçut pénétrer dans le sens de ces paroles 5 car bien que l'on eût déjà cassé la tête à cette statue aux, ides de Mai, on fut obligé de la rétablir en son entier, pour ne la pas désigurer, d'autant qu'on n'y avoit trouvé que du marbre; mais lui, plus intelligent, alla fouir au premier jour des ides de mai, au lieu où l'ombre de cette tête donnoit, & y trouva autant d'or que l'ombre se pouvoit étendre sur la terre (François Planque, Bibliothèque choisie de médecine, tirée des ouvrages, périodiques, tant françois qu'étrangers, 1770 - books.google.fr).

Planude, moine grec du 14e siècle, qui recueillit les fables d'Esope, a fait aussi une collection d'épigrammes grecques, sous le nom d'Anthologie, ou bouquet de fleurs; ce Recueil n'offre que des inscriptions pour des statues, des tombeaux, ou des monumens. Il y a cependant quelques pensées très-fines, entre autres celle-ci: Les Muses dictoient, Homère écrivoit (Anne-Marie de Beaufort D'Hautpoul, Cours de littérature ancienne et moderne, Volume 1, 1821 - books.google.fr).

Maxime Planude (vers 1255/1260 à Nicomédie, mort vers 1305/1310), est un grammairien, philologue et théologien byzantin qui vécut sous les règnes de Michel VIII et Andronic II.

Planude, qui connaissait le latin, a été l'un des premiers à Byzance à s'intéresser largement à la littérature dans cette langue et à la traduire en grec. Il a traduit de saint Augustin le De Trinitate et le De duodecim abusionum gradibus ; de Boèce le De consolatione Philosophiæ ; les Disticha Catonis ; de Macrobe le commentaire au Songe de Scipion, contenant le texte de Cicéron ; d'Ovide les Métamorphoses, les Héroïdes et des extraits de la poésie érotique. Il a également traduit en vers une partie au moins des Satires de Juvénal (il en fait mention dans une lettre), mais cette traduction est perdue.

Sous Michel VIII, il soutint la politique impériale d'union des Églises grecque et latine, en composant un traité qui y était favorable et qui est perdu, mais changea de position après l'avènement d'Andronic II, dont il devint un proche. Il composa alors deux traités contre la théologie latine et notamment contre la doctrine du Filioque (les Chapitres sur la procession du Saint-Esprit et le Discours sur la foi). En 1296, il participa à des négociations de réunification avec des représentants de l'Église arménienne. (fr.wikipedia.org - Maxime Planude).

Aram comme Paradis et le trône du Diable ou trône de Satan

Aram a été considéré comme l'étymologie du nom de l'Arménie, définie par certains exégètes comme le siège du Paradis, ou Jardin d'Eden (Les Prophètes et la Croix d’Huriel : Prophètes, Vertus, Fleuves du Paradis et Evangélistes, L’Echiquier de la Croix des Prophètes).

The final section of GLAE (Greek Life of Adam and Eve), consisting of chapters 31-43, is very complex — too complex to be analyzed here in detail. For the purpose of the present study it is sufficient to note that two related but distinct vignettes are combined. One is about Adam's heavenly afterlife, in a Paradise located in heaven. It ends in 37:6, and is followed by another account of the burial of Adam in the earthly Paradise, that emphasizes the promise of an eschatological resurrection (38:1-42:2). The transition between the two is rather clumsy. After a request by Michael concerning Adam," God again descends to earth, where the body of Adam still lies (ch. 38). He next addresses Adam's body about the latter's disobedience to his commandment, but promises him that he will be brought back to his dominion and will sit on the throne of the devil (ch. 39). Then, the angels Michael, Gabriel, and Uriel prepare Adam's body for burial. They simultaneously prepare Abel's body, which still lies unburied since his murder by Cain (ch. 40). Once again God calls to Adam's body, which answers: "Here I am, Lord" (cf. Gen. 3:8). God now promises Adam's own resurrection and that of all people (ch. 41, cf. earlier 10:2; 28:4). Finally, God seals Adam's grave, and all the heavenly beings return to their abode (42:1-2) (Marinus De Jonge, Pseudepigrapha of the Old Testament As Part of Christian Literature: The Case of the Testaments of the Twelve Patriarchs and the Greek Life of Adam and Eve, 2003 - books.google.fr).

Daniel A. Bertrand ( "Le destin 'post mortem' des protoplastes selon la 'Vie grecque d'Adam et Eve'", in La litterature intertestamentaire. Colloque de Strasbourg, 17-19 octobre 1983, Paris 1985) souligne bien le retour du corps d'Adam à la terre : funérailles avec déplacement du créateur sur terre, promesse de résurrection et d'intronisation sur le trône du Diable et le retour de l'esprit à Dieu après un séjour intermédiaire au paradis où il est emmené par Michel dans l'attente du Jugement dernier (Émile Puech, La croyance des esséniens en la vie future: La résurrection des morts et le contexte scripturaire, 1993 - books.google.fr).

La Vie d'Adam et Ève, connue également dans sa version grecque sous le nom d'Apocalypse de Moïse, est un ensemble d'écrits juifs pseudépigraphes. La légende raconte la vie d'Adam et Ève, depuis leur expulsion du jardin d'Éden jusqu'à leur mort. Le mythe reprend l'histoire biblique de la chute de l'homme telle qu'elle est perçue par Ève. Satan s'est révolté après que Dieu lui avait ordonné d'adorer Adam. Puis, se transformant en « ange de lumière », Satan coopère avec le serpent pour tromper Ève, et Adam et Ève sont chassés du paradis. Plus tard, après la mort d'Adam, l'archange Michel prend le corps d'Adam pour l'enterrer dans « le paradis du troisième ciel » et il est promis à Adam et à tous ses descendants qu'ils prendront part à la résurrection des morts (fr.wikipedia.org - Apocalypse de Moïse).

Arménie et Cynocéphale : pentecôte

Sur les fresques de Kokar Kilise en Cappadoce, André est placé en Cynocéphalie. Cet étrange « pays des hommes à têtes de chiens », cité dans les deux églises, semble relever d'une tradition nettement établie au sujet de l'apostolat d'André. Cependant, nous n'avons trouvé qu'un seul texte qui s'y apparente ; il s'agit d'une citation attribuée par Michel le Syrien à son ami Denys Bar Çalibi, évêque de Maras, en Syrie du Nord. Cet évêque disait qu'« André prêcha dans le pays de Beit Kalbin (c'est-à-dire, maison des chiens) et sur tout le littoral ; plus tard, les Kalbes lui coupèrent les membres en morceaux ». La tradition serait donc originaire de Syrie ou Mésopotamie. Il reste à savoir où se situait cette Cynocéphalie. Il faut éliminer les Indes, que nulle tradition n'attribue comme lieu d'évangélisation d'André, et que, dans ces deux églises, on donne à Thomas. Ainsi, toute la littérature antique et médiévale qui décrivait ces fameux cynocéphales de l'Inde était ignorée des peintres de Kokar kilise et Ayvali kilise. Deux régions peuvent être en cause, l'Ethiopie et la Gothie. Il pourrait s'agir de l'Ethiopie ou de la Haute Egypte, car des textes apocryphes parlent d'un voyage d'André « dans le pays des Mermédoniens, race de sorciers et d'anthropophages » où il aurait délivré Matthieu retenu prisonnier. ou d'un voyage au pays des Berbères « où un cynocéphale préservait Barthélémy et André contre toutes les bêtes féroces ». Cette situation en Afrique aurait comme base iconographique les nombreuses représentations égyptiennes d'Anubis, représentations que l'Empire romain avait répandues dans toutes les provinces, sur les stèles votives, par exemple. Les sectes gnostiques en multiplièrent l'image sur leurs intailles et amulettes prophylactiques ; on en a trouvé de nombreux exemples, non pas tant en Egypte, qu'en Syrie et Cilicie. Nous reproduisons ici une bague de bronze inédite dont le chaton en donne une image. Il est assez vraisemblable que saint Christophe souvent représenté en cynocéphale chez les Byzantins est le successeur de ces représentations. La seconde région qui pourrait être la Cynocéphalie, serait la Gothie. En effet, les traditions attribuent généralement à André la Scythie, la Gothie, la Colchide, la Tauride (et c'est seulement par confusion de l'Achaïe de Tauride et celle de Grèce qu'on lui aurait, plus tard, attribué son séjour et sa mort à Patras). D'autre part, il existe une iconographie médiévale du cynocéphale qui se rattache aux jeux et combats décrits comme « jeux goths ». Deux bas-reliefs funéraires byzantins du IXe ou Xe siècles représentent, l'un, le combat d'un guerrier et d'un homme masqué d'une tête de chien, l'autre, un cynocéphale debout de face, tenant le bouclier et brandissant une arme. Des combats de lutteurs affublés d'une tête de chien avec un autre homme masqué ou un guerrier se voient encore sur la mosaïque du dôme de Crémone et sur les murs de Sainte Sophie de Kiev. Les représentations de cynocéphales étaient, sans doute, les illustrations de ces jeux goths, jeux barbares dont s'amusaient les empereurs byzantins. Qu'une tradition se soit créée d'une Cynocéphalie située en Russie méridionale, d'où venaient ces étranges bateleurs, n'est pas impossible. Quoiqu'il en soit, nous avons dans ces deux églises, un nouveau témoignage de l'intérêt que portaient les gens du moyen âge, d'Orient comme d'Occident, à ces créatures qui avaient « le nom d'un animal » mais étaient peut-être « issues de la race d'Adam », comme « les autres monstres du genre humain, cyclopes, géants », etc., et qui, pour cette raison, méritaient de connaître les voies du salut.

On connaît les nombreuses représentations à tête de chien de saint Christophe ; les Arméniens, d'autre part, ont multiplié les Pentecôtes où le cynocéphale figure parmi les peuples à évangéliser. En Occident également, on discutait de nécessité de faire connaître la Sainte Parole à ces races déshéritées (Nicole Thierry, Jean Michel Thierry, Nouvelles églises rupestres de Cappadoce, 1963 - books.google.fr, Nicole Thierry, Le Cénacle apostolique à Kokar Kilise et Ayvali Kilise en Cappadoce : Mission des apôtres, Pentecôte, Jugement dernier. In: Journal des savants. 1963 - www.persee.fr).

Le mal de layra ou mal voyant (aboyant), maladie de l'aboiement, semble, dans les diverses manifestations de la possession diabolique, particulier à la Gascogne. On ne trouve guère d'approchant, au siècle suivant, que les « Aboyeuses » de Josselin, au centre du Morbihan. Il s'agit de femmes prises par une sorte d'hystérie collective lors des fêtes de la Pentecôte, dont le mal est apaisé par l'image de N.-D.-du-Roncier. Les Aboyeuses, qui sont intégrées dans les manifestations du culte, en 1728, ne disparaîtront qu'en 1945 (Richard Fichet, Contribution à l'étude de l'hystérie collective. À propos d'un fait d'ethnopsychiatrie : les Aboyeuses de Josselin, Université de Rennes, 1983) (Jean Forcaud, Serge Brunet, Relation de la mission des Pyrénées (1635-1649): le jésuite Jean Forcaud face à la montagne, 2008 - books.google.fr).

Le phénomène de la glossolalie (parler en langues) apparut lors de la première Pentecôte, qui ne se situe cependant pas dans le Bélier où se trouve Layram et le Fauteuil du diable. L'aboiement semble reconnu ici comme langue.

Adam et les points cardinaux

Le 4 était la vertu personnifiée, le nombre indestructible, l'omni-deus le tout-dieu, la puissance toujours d'aplomb sur ses bases. Saint Augustin (tract. 9, 10, in Joan.) y voyait la domination universelle. Adam formé de quatre lettres désigne suivant lui les quatre points cardinaux des cieux. Cyprien, à la vue d'Adam, A, D,A, M, se représente les quatre étoiles mystérieuses, Anatole, Dysis, Arctos et Mésambrin. Prosper d'Aquitaine veut que ces quatre lettres soient lesquatre fleuves du Paradis, les quatre roues du char divin, les quatre faces, les quatre ailes des animaux. Les plus savans cabalisles hébreux ne voient dans le nom de trois lettres Adamah, que trois mystères affreux, poussière, sang et fiel; autrement destruction, meurtre et souffrance : ce qui révèle l'épouvantable histoire de l'humanité (L'amour et l'érudition ou folies du coeur et de l'esprit: lettres originales de Mme la Comtesse venue de *** à M. Leonide de *** officier de Dragons, 1815 - books.google.fr).

La première, et la plus ancienne , est d'origine gréco-syrienne (?) : nous la trouvons en effet dans les Oracles Sibyllins 3, 24-26, où le nom Adam est composé par l'initiale acrostiche des mots "Anatolè", "Dusis", "Arktos", "Mesèmbria", désignant en grec les quatre points cardinaux (Su-Min Ri, Commentaire de la Caverne Des Trésors: Étude Sur L'histoire Du Texte Et de Ses Sources, 2000 - books.google.fr).

Saint Augustin la connaît lui aussi ; il en tire même argument pour prouver l'universalité d'Adam. « Je me souviens — écrit-il dans un de ses Sermons sur les Psaumes — de vous avoir déjà dit que le nom d'Adam marquait ce mystère ; et que le nom d'Adam marquait ce mystère ; et que les quatre lettres qui le composent en grec sont les premières lettres de chacune des quatre parties de la terre. Ainsi Adam est comme répandu dans tout le monde. » Mais, dans un livre de commentaire théologique attribué à saint Cyprien et intitulé De montibus Sina et Sion, la tradition est déjà altérée. Les quatre noms grecs ne désignent plus les points cardinaux, mais quatre étoiles situées dans les quatre directions du monde. Cette variante est importante. Nous la retrouverons à des étapes régulières, supplantant la véritable interprétation. [...] La version astrale du nom d'Adam est aussi celle qui a connu la plus grande popularité chez les Slaves. D'après un Razumnik serbe du xve siècle, publié par N. Tichonravov, les archanges Michel, Gabriel, Raphaël et Uriel, envoyés par Dieu, s'en vont trouver les étoiles Anatoli, Disis, Ar(k)tos et Mese(m)vria, et rapportent de chacune la lettre initiale ; « Et Dieu dit : lis, Uriel ! Et Uriel lut et dit : Adam ». C'est un bien précieux détail que celui qui attribue à Uriel le rôle d'assembler les initiales des noms des étoiles et de lire le nom qui en résulte (Emil Turdeanu, Apocryphes Slaves Et Roumains De L'Ancien Testament, 1981 - books.google.fr).

And God called four angels: Michael, Gabriel, Raphael, Uriel. And God said to the angels: "Go forth and find a name for man !". Michael went east — and met a star; its name. was Anatole,* and he took from it A and brought it to God. Gabriel went west — and met a star, its name was Deisis, and he took from it D and brought it to God. Raphael went to midnight — and met a star, its name was Arktos, and he took from it A and brought it to God. Uriel went to midday — and met a star, its name was Mesevria, and he took from it M and brought it to God. And God commanded Uriel to pronounce the word — man's name. And Uriel said : ADAM And Adam was the first man on earth (Apocyphe) (Simon Karlinsky, Alfred Appel, The Bitter Air of Exile: Russian Writers in the West, 1922-1972, 1977 - books.google.fr).

Les quatre anges ne trouvent pas les étoiles là où ils sont postés, mais "en avant", ils vont aux étoiles. On remarque en effet que les destinations des anges sont à l'opposé des points cardinaux qui leur sont associés par nonagones.info.

Dans le Livre des secrets d'Henoch, qui emprunte son thème essentiel au Livre d'Hénoch et dont seules les copies slaves ont survécu aux vicissitudes des âges, le nom d'Adam est aussi déjà fait du nom de quatre étoiles.

Le De montibus Sina et Sion, écrit par un « juif connaissant l'hébreu et connaissant mal le latin », mène la polémique contre la Synagogue (le Sinaï) pour l'Eglise (Sion). L'auteur spécule sur les noms des deux collines en utilisant des racines sémitiques : le Sinaï évoque avec sin la tentation. Adam représente la « terre faite chair », puisque, selon une tradition commune des apocryphes vétéro-testamentaires, le premier homme porte dans son nom les quatre points cardinaux (A avec l'Orient, anatolè, D avec l'Occident, dysis; le nord, pour arctos, et le sud, mesembrion). En utilisant les jeux de l'arithmologie, le juif converti calcule que les quatre lettres d'Adam [en grec] valent 46 (1 + 4 + 1 + 40) et que ce chiffre symbolise la construction du temple de Jérusalem, la passion et la résurrection du Christ. Ainsi s'ébauche tout qui établit [...] la date de la passion et celle de la naissance (Giuseppe Ruggieri, Eglise et histoire de l'Eglise en Afrique: actes du colloque de Bologne, 22-25 octobre 1988, 1988 - books.google.fr).

En hébreu, le même mot ADaM, pris dans son entier a une Guématria de 45 : Aleph-Dalèt-Mèm 1 + 4 + 40 = 45 Le nombre 45 s'écrit en hébreu MaH : Mèm-Hé 40 + 5 = 45 Or MaH traduit l'interrogation « Quoi? » Les Kabbalistes en déduisent qu'il est dans la nature d'un homme de poser des questions, que l'homme est tout entier questionnement ! (Jacques Ouaknin, Corps-âme-esprit par un juif, 2004 - books.google.fr).

La ville de Cynocéphales et éclipse

Alexandre de Phères continuait ses tentatives criminelles contre les villes de Thessalie; elles invoquèrent encore une fois l'assistance de Pélopidas. Au moment où il allait se mettre en marche avec l'armée thébaine, une éclipse de soleil vint jeter l'effroi dans l'esprit des soldats ; Pélopidas, inaccessible à la crainte, jaloux d'ailleurs de venger l'injure qu'il avait reçue du tyran, partit, accompagné de trois cents cavaliers seulement. Rejoint par quelques troupes thessaliennes, il attaqua les forces supérieures de l'ennemi près d'un lieu nommé Cynocéphales ; les Thébains furent vainqueurs, mais ilsachetèrent chèrement la victoire par la mort du héros qui les commandait (André Augustin Cassé de Saint-Prosper, Lostalot-Bachoué, Le Monde: histoire de tous les peuples depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, 1858 - books.google.fr).

Pélopidas, d'une famille riche de Thèbes, était l'ami d'Epaminondas, pauvre, héros futur de la bataille de Mantinée en 362, qui lui avait sauvé la vie jeune, et dont il adopta le mode de vie (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Présentation : La Vraie Langue Celtique et les traces de Mantinée - books.google.fr).