Partie XIV - Le Serpent rouge   Le voyage de l’âme   La chauve-souris et Saint-Sulpice   
SERPENT ROUGE CHAUVE SOURIS SAINT SULPICE

La chauve-souris à Paris

Le vesperlilio serotinus, le vespertilio murinus espèces vivantes, sont fossiles dans le gypse de Montmartre (F.L.M. Maupied, Dieu, l'homme et le monde, Tome III, 1851 - archive.org).

En 1839, on notait qu'à Paris, par exemple, "c'est à peine si on trouve quelques chauve-souris dans les combles de l'église Notre-Dame; il n'y en a pas à St.-Sulpice, ni dans la plupart des autres églises, tandis que les combles de l'église St-Gervais en contiennent par milliers" (François Leuret, Pierre Gratiolet, Anatomie comparée du système nerveux considéré dans ses rapports avec l'intelligence, Volume 1, 1839 - books.google.fr).

Mais en 1877 : "Nous avons été à même de faire cette observation pour l'espèce que nous étudions particulièrement, le Vespertilio murinus : Au mois de mai 1877, nous avons pris à Paris, dans les combles de l'église Saint-Sulpice, une douzaine de chauves-souris qui se sont trouvées être toutes des femelles fécondées." (Paul Maisonneuve, Traité de l'ostéologie et de la myologie du Vespertilio murinus, 1878 - books.google.fr).

Henri-Jules de Condé

M. Henri-Jules de Bourbon, chef de la maison de Condé, a été fort sujet aux vapeurs vingt ans avant sa mort. Elles lui attaquoient la tête de manière qu’il ne disoit que les choses les plus extravagantes. Il s’imaginoit fort souvent devenir chauve-souris ; et il avoit fait lambrisser et plaformer à Chantilly un cabinet de grosse toile, où il alloit se retirer quand il avoit cette idée, craignant que s’il restoit dans sa chambre, il ne se donnât des coups de tête contre le plancher et les murailles. Il dépérissoit tous les jours, et on voyoit bien qu’il ne pouvoit pas vivre long-temps a madame la princesse, qui étoit fort sage et fort dévote, lui fit parler par M. de la Chetardie, curé de St. Sulpice, pour le confesser; elle lui en fit parler aussi par mademoiselle de Maulevrier de Langeron, qui étoit sa fille d’honneur, et qui avoit un grand crédit sur l’esprit de M. le prince: mais il ne voulut point en entendre parler; et cependant les discours qu’on lui avoit tenus à ce. sujet firent une grande impression sur lui. [...] Il se fit d’abord mener à la Bastille, où il n’entra point, ensuite au Temple, et de là aux pères de l’Oratoire, où il demanda, le père de la Tour, général de cette cette congrégation. [...] Ils se mirent l'un et l’autre auprès du feu ; leur conversation dura jusqu’à près d’onze heures du soir, qu’il retourna à l’hôtel de Condé, où il trouva tout le monde consterné sur son absence; il se fit servir à souper, la fièvre le prit la même nuit, et ne l’a point quitté jusques à sa mort. Le père de la Tour étoit souvent auprès de lui pendant sa maladie ; il a reçu tous ses sacremens, qui lui furent apportés par le curé de Saint-Sulpice (Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas, Mémoires, Volume 1, 1792 - books.google.fr).

Henri Jules de Bourbon (1643-1709), prince de Condé (1686), premier prince du sang, duc de Châteauroux, duc de Montmorency, duc d'Enghien (1646-1686) et duc de Guise, Pair de France, marquis de Graville, comte de Sancerre (1686-1709), comte de Charolais et seigneur de Chantilly, est né à Paris le 29 juillet 1643, sans doute à l'hôtel de Condé, et mort à Paris le 1er avril 1709. Fils du Grand Condé et de Claire-Clémence de Maillé-Brézé, nièce du cardinal de Richelieu, il fut baptisé à l'église Saint-Sulpice de Paris le 12 décembre 1643, l'hôtel des Condé étant dans le quartier de Saint Germain des Prés. Le cardinal Mazarin fut son parrain. Il fut surnommé « Condé le Fol » et « le singe vert ». Saint-Simon le dépeint ainsi : « Fils dénaturé, cruel père, mari terrible, maître détestable, pernicieux voisin, sans amitié, sans amis, incapable d'en avoir, jaloux, soupçonneux, inquiet sans aucune relâche, plein de manèges et d'artifices à découvrir et à scruter tout, à quoi il était occupé sans cesse.» et « on disait tout bas qu'il y avait des temps où tantôt il se croyait chien, tantôt quelque autre bête, dont il imitait les façons.»

Décédé le 1er avril 1709 à Paris, il dut inhumé dans l'église Saint-Thomas à Vallery (Yonne, canton de Chéroy) et son coeur déposé dans l'église Saint-Louis de la maison professe des Jésuites rue Saint-Antoine à Paris (stephane.thomas.pagesperso-orange.fr - Bourbon Condé, fr.wikipedia.org - Henri-Jules de Bourbon-Condé).

L'oraison funèbre de Henri-Jules de Bourbon, Prince de Condé, fut prononcée par Honoré Gaillard, Jésuite. L'abbé de La Chétardie officia à Saint Sulpice de 1696 à 1714.

Portrait de H. J. de Bourbon, prince de Condé, en pied - Estampes relatives à l'Histoire de France. Tome 82 - gallica.bnf.fr

Mais lorsque Bourdelot commence son éducation, la psychopathie est encore loin (Joseph Lévy-Valensi, La médecine et les médecins français au XVIIe siècle, 1933 - books.google.fr).

Pierre Michon dit l'abbé Bourdelot (1610-1685), médecin et anatomiste français, est le médecin de la famille de Condé à Paris. Partisan de l'antimoine, il fut criblé d'épigramme par Guy Patin. L'académie fondée par Bourdelot à l'Hôtel de Condé vers 1640 continuait de se tenir, avec les encouragements de Monsieur le Prince. Se réunissant deux fois par mois, il est fréquenté par des scientifiques, mais aussi des philosophes et des écrivains. Les cartésiens y étaient nombreux. Après une interruption due aux troubles politiques, le cercle reprend ses activités en 1664 jusqu’en 1684. Il est alors fréquenté par de nombreux scientifiques parisiens comme Joseph Guichard Duverney (1648-1730) (fr.wikipedia.org - Pierre Michon Bourdelot, A. Chérest, Bourdelot, Annuaire Historique du Département de l'Yonne, 1861 - books.google.fr).

Louis II de Bourbon donna licence à son médecin Pierre Bourdelot d'organiser des expériences publiques sur la question du vide dans son hôtel parisien en 1648.

L'hôtel de Condé de Saint-Germain-des-Prés était situé dans un triangle délimité par les rues Neuve-Saint-Lambert (devenue rue de Condé), de Vaugirard et des fossés de Monsieur le Prince. Dès 1662, Louis II de Bourbon avait acquis pour 75 000 livres plusieurs bâtiments et jardins du côté de la rue Neuve-Saint-Lambert. Puis, son fils Henri-Jules adjoignit, dans les années 1700, une dizaine de maisons et une place situées sur les trois rues encadrant l'hôtel, pour un débours total de plus de 108 000 livres (Katia Béguin, Les princes de Condé: rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, 1999 - books.google.fr).

L'endroit Où il étoit situé faisoit anciennement partie du clos Bruneau. Antoine de Corbie y fit bâtir un séjour ou maison de plaisance, que Jérôme de Gondi, duc de Retz et maréchal de France, acheta au mois de juillet 1610. Cet hôtel qu'il avoit agrandi, embelli et rendu l'un des plus magnifiques d'alors, fut vendu et adjugé par décret en 1612 à Henri de Bourbon, prince de Condé, par Marie de Médicis qui voulait le récompenser d'avoir consenti à épouser Charlotte-Marguerite de Montmorency. Dans le siècle dernier la famille de Condé l'ayant abandonné pour occuper le palais Bourbon, il fut démoli, et l'on choisit cet emplacement pour y construire le Théâtre Français, inaugurée en 1782 et qui devait en 1807 changer son nom en celui de théâtre de l'Odéon (fr.wikipedia.org - Hôtel de Condé, Jacques-Maximilien Benjamin Bins de Saint-Victor, Tableau historique et pittoresque de Paris depuis les Gaulois jusqu'à nos jours, 1809 - books.google.fr).

Le succès du Phèdre de Racine fut compromis par une pièce ridicule. Ceci est le plus grand crime littéraire du public français, qui préféra la platitude de Pradon aux merveilles du plus harmonieux de nos poètes. « La curiosité de chercher la cause de la première fortune de la Phèdre de Pradon, dit Louis Racine dans les Mémoires sur la vie de son père, est le seul motif qui la puisse faire lire aujourd'hui. La véritable raison de cette fortune fut le crédit d'une puissante cabale, dont les chefs s'assemblaient à l'hôtel de Bouillon. « Ils s'avisèrent d'une nouvelle ruse qui leur coûta, disait Boileau, quinze mille livres : ils retinrent les premières loges pour les six premières représentations de l'une et de l'autre pièce, et par conséquent ces loges étaient vides ou remplies quand ils voulaient. » Madame Deshoulières eut la honte de prendre parti pour Pradon et de livrer au public un sonnet insultant pour le grand poète. « On ne s'avisa pas de soupçonner madame Deshoulières, dit le même écrivain; on se persuada fort mal à propos que l'auteur était M. le duc de Nevers, parce qu'il faisait des vers et qu'il était du parti de l'hôtel de Bouillon. » On répondit à ce sonnet par une parodie sur les mêmes rimes, et on no respecta dans cette parodie ni le duc de Nevers, ni sa sœur la duchesse de Mazarin , retirée en Angleterre. Quand le3 auteurs de la parodie n'eussent fait que plaisanter M. le duc de Nevers sur sa passion pour rimer, ils auraient eu tort puisqu'ils attaquaient un homme qui n'avait cherché querelle à personne; mais dans leurs plaisanteries ils passaient les bornes d'une querelle littéraire, en quoi ils n'étaient pas excusables. Je ne rapporte ni leur parodie, ni le sonnet : on trouve ces pièces dans les longs commentateurs de Boileau et dans plusieurs recueils. On ne douta point d'abord que cette parodie ne fût l'ouvrage du poète offensé, et que son ami Boileau n'y eût part. Le soupçon était naturel. Le duc irrité annonça une vengeance éclatante. Ils désavouèrent la parodie, dont en effet ils n'étaient point les auteurs ; et M. le duc, Henri Jules, les prit tous deux sous sa protection, en leur offrant l'hôtel de Condé pour retraite. « Si vous êtes innocens, leur dit-il, venez-y , et si vous êtes coupables, venez-y encore. » La querelle fut apaisée quand on sut que quelques jeunes seigneurs très-distingués avaient fait dans un repas la parodie du sonnet. » Phèdre triompha de toutes ces ignobles cabales, et le véritable public finit par reconnaître la beauté de ce chef d'œuvre; mais le coup était porté; Racine , profondément blessé , renonça au théâtre. Jamais la foule ne comprendra tout ce qu'il y a de susceptibilité souvent maladive dans ces âmes exquises et sublimes qui sont la gloire d'une nation. Chaque époque voit se reproduire de ces injustices barbares qui tuent le génie (Amédée Duquesnel, Histoire Des Lettres, 1844 - books.google.fr).

On se rappelle de l'histoire de Phèdre qui cause la mort d'Hippolyte dont elle tombe amoureuse. Celui-ci est ressucité et trouve refuge à Aricie en Italie (plus à l'ouest). Aricia est l'ancien nom de Villepinte (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Bélier).

Egérie était une nymphe des sources. Deux endroits en Italie lui étaient consacrés: - le bosquet de Diane Nemorensis à Aricie, une cité du Latium - une source dans le bois de Camènes, près de la porte Capène à Rome. On raconte que le Roi Numa Pompilius avait des rendez-vous fréquents avec elle et l'aurait consultée pour mettre au point sa législation religieuse. Ces réunions avaient lieu à l'endroit où un bouclier sacré était tombé du ciel (Toute une histoire : La malédiction des anciles - books.google.fr), et Numa avait consacré le bois de Camènes, où vivait Egérie, la nymphe des sources. Après la mort de Nurna, Egérie, inconsolable, s'était réfugiée dans le bois d'Aricie, où elle aurait été changée en une source pour avoir interrompu les rites de Diane par ses lamentations. Son nom est passé dans le langage courant pour caractériser une femme qui conseille ou qui inspire secrètement un homme. Son culte est lié à celui de Diane puisque elle était invoquée par les femmes enceintes (mythologica.fr - Egérie).

Alexandre Verri, dans Les nuits romaines au tombeau des Scipions, au lieu de nous conduire, guidés par l'ombre de Cicéron, par les routes battues d'une narration méthodique, "nous transporte tout-à-coup au milieu de ses personnages, il nous associe à leurs entretiens, nous fait entrer dans leurs passions, et réalise, pour l'esprit enchanté, le plus beau de tous les rêves, celui de se croire le contemporain des grands hommes dont les noms et les gestes occupent si glorieusement l'Histoire depuis Romulus jusqu'aux temps modernes. C'est dans l'enfoncement d'un sépulcre, aux faibles scintillations d'une lumière intermittente, au bruit de mille tombes, qui se rouvrent et se referment avec fracas, au milieu des dépouilles de la mort et d'ossemens blanchis, que l'auteur, par un prodige dont l'heureux emploi fait pardonner l'invraisemblance, évoque, pendant six nuits consécutives, les antiques générations romaines, avec tout ce qu'elles ont produit de conquérans, de guerriers fameux, d orateurs distingués et de personnages célèbres par leurs malheurs, leurs vertus ou leurs crimes. Les trois premières nuits se passent au tombeau même des Scipions, découvert en 1780 dans une vigne située près de Rome, hors la porte Capène. C'est en présence des membres de cette famille que César, Cicéron, Btutus, Pompée, les deux Catons, les Gracques, Octave, Antoine, Marius et Sylla, reproduisent, avec une admirable vérité de caractère, les traits les plus importans de l'histoire de leur patrie.

Dans les divers quartiers que parcourent les Ombres sur les pas de l'auteur devenu leur guide, on voit, on entend tour à tour Romulus conversant avec Numa, Pompée disputant avec les Gracques, Brutus accusant Salluste, Jugurtha réduisant Cicéron au silence en retraçant la corruption du sénat; Vitruve critiquant avec aigreur l'architecture de S. Pierre; Néron cherchant des restes de son colosse autour du Vatican ; César prononçant en homme d'état et en guerrier sur la tactiquemoderne; enfin Rome païenne exprimant son admiration pour cette seconde Rome, dont la puissance morale a franchi les bornes des anciennes conquêtes, et qui, variant avec habileté les formes de sa politique sans en changer l'objet, a fait succéder à sa domination guerrière, l'empire plus doux et non moins glorieux de la religion et des beaux-arts.

Cinquième nuit - Sixième entretien : La grotte de la nymphe Egérie. Digression sur l'immortalité de l'âme. Supplice de Tullia. Appaisées par mes discours, les larves se tenaient autour de moi, dans un calme semblable à celui d'une mer immobile. Ce silence m'indiquait assez leur désir de visiter d'autres lieux. Je descendis donc par la gauche de la voie Appienne , pour me rendre dans la plaine, où, tous les jours encore, les voyageurs viennent admirer cette grotte à jamais célèbre par les entretiens de Numa avec la nymphe Egérie. La sérénité du ciel laissait à découvert cette agréable vallée, et permettait à l'œil de saisir, dans toute son étendue, la ligne circulaire des coteaux qui forment son horizon. Le ruisseau de la nymphe glissait paisiblement sur l'herbe et joignait son petit murmure, au bruit léger des feuilles agitées par le zéphir. Les chiens, sentinelles vigilantes, aboyaient, au moindre bruit, dans les pâturages où l'on entendait par intervalles le mugissement des bœufs et le coassement des grenouilles, mêlés aux cris aigus des grillons, blottis entre les glèbes arides, tandis que les chauve-souris et les autres oiseaux nocturnes, en rasant ta terre, remplissaient l'air du sombre frémissement de leurs ailes. En face de la vallée, du côté de la voie Appienne, se montrent les vastes ruines du cirque de Caracalla, du sein desquelles s'échappait tristement le cri monotone de quelques hiboux. Un silence de plusieurs siècles remplace, sur la voie Appienne, le concours tumultueux des peuples, et, dans le cirque, le roulement des chars, le bruit des roues, le frémissement des coursiers, le sifflement des fouets, les cris des conducteurs, et tout ce fracas immense où se mêlaient les acclamations de cent mille spectateurs. Ce calme antique de la vallée d'Egérie a quelque chose d'ineffable qui pénètre l'âme, et la dispose à un pieux attendrissement. On croit participer encore, dans cette mystérieuse solitude, aux célestes pensées d'un bon roi méditant sur le bouheur de son peuple (Alexandre Verri, Cinquième nuit, sixième entretien, Les nuits romaines au tombeau des Scipions, traduit par L.F. Lestrade, 1817 - books.google.fr).

Zéphyr et chauve-souris

Le Bal des Zéphirs

L'église Saint-Sulpice eut un ou des cimetières. Appelée à devenir, au 18ème siècle, la paroisse la plus étendue et la plus peuplée de la capitale, les lieux et les tailles de ces cimetières évoluèrent au rythme de son développement.

Le cimetière des Aveugles ou petit cimetière. En 1664, soit peu de temps après l'ouverture du cimetière Sainte-Croix, un troisième fut ouvert. Il mesurait environ 33 mètres sur 28 et contenait sept fosses de 4 mètres sur 3 réutilisées tous les sept ans. Des maisons de quatre à cinq étages le dominaient sur trois de ses côtés. Les pylônes de sa porte, oeuvre de l'architecte Maclaurin, en 1772, furent copiées par Godde pour la porte monumentale du Père-Lachaise qu'il réalisa en 1825. Il en reprit les inscriptions : - Sur le pylône de gauche : Fides et pietas erixerunt ; - Sur celui de droite : has ultra metas requiescant beattam spem expectantes. Une tête de mort en pierre sculptée reposait sur les ailes déployées d'une chauve-souris. Après avoir servi cent-vingt ans, ce cimetière fut fermé ; en 1784 puis vendu. Sous la Révolution, le Bal de Zephirs, existant encore en 1825, s'installa sur son emplacement. Pressée d'ouvrir l'établissement, la jeunesse du quartier n'avait pas songé à retirer les insignes de mort ; l'entrée du bal pas plus que les pierres tumulaires sur lesquelles on dansait. Le nom du bal s'affichait en transparent de couleur rose. Le bruit des instruments semblait sortir du fond des tombeaux... (www.tombes-sepultures.com - Cimetières de Saint Sulpice).

La dansomanie qui, après Thermidor (9 thermidor), s'était emparée de Paris, de ces trois cents bals publics ouverts aux quatre points cardinaux de la Grand-Ville et jusque sur l'ancien cimetière de Saint-Sulpice où le bal des Zéphirs a fait florès. Fouché a fermé le bal des Zéphirs et c'est autant de gagné pour « la décence ». Mais la dansomanie continue puisque, le 1er ventôse an XI encore (20 février 1803), la Gazette signale que les bals sont plus nombreux que jamais (Louis Madelin, Histoire du Consulat et de l'Empire: La nation sous l'empereur, Volume 11, 1937 - books.google.fr).

En hiver, les Zéphirs prenaient leurs ébats à l'intérieur de l'église (Paul et Marie-Louise Biver, Abbayes, monastères et couvents de Paris, 1970 - books.google.fr).

Le P. Poiré, supérieur de l'Oratoire de Paris, fut nommé en 1791 curé de Saint-Sulpice à la place de M. de Pancemont, qui avait refusé de prêter le serment de la Constitution civile du clergé. Peu de temps après, l'église fut fermée, et servit de magasin d'approvisionnement. Elle ne rouvrit ses portes que le 11 prairial an IV, et devint, sous l'invocation de la Victoire, l'un des quinze temples accordés au culte théophilanthropique; c'est à ce titre qu'on y organisa un grand banquet, le 5 novembre 1799, en l'honneur des victoires remportées par le général Bonaparte. Peu d'années après, l'église était rendue au culte catholique, et le pape Pie VII y consacrait les évèques nommés à la suite du Concordat de l'an IX (Jean Lebeuf, Cocheris, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, 1867 - books.google.fr).

Le nom fut repris par la suite.

Republican electoral meetings took place regularly in March and April 1869 at the dance hall Salle du Bal des Zephyrs on the rue Montaudran (Ronald Aminzade, Class, Politics, and Early Industrial Capitalism: A Study of Mid-Nineteenth Century, 1981 - books.google.fr).

La brise du zéphyr et le crépuscule

Plus on avance dans l'histoire latine, plus fréquemment aura est un phénomène léger, les emplois ambigus sur ce point disparaissant. Chez les savants, c'est même ce qui l'oppose au ventus. Aura devient véritablement ce que nous appelons la "brise". Chez Virgile, elle agite le panache de Turnus (Livre 12, 370).

Dum tamen aura tepet, « Cependant, tant que Y aura est tiède »... chante Ovide (Les Tristes, 3,10,7). C'est alors qu'aura est liée au Zéphyr. Relisons le passage des Fastes d'Ovide qui célèbre Ganymède, identifié à la constellation du Verseau : a zephyris mollior aura uenit (Fastes, 2,148) : le comparatif souligne l'importance de cette relativité et confère au passage des connotations très positives. Les sonorités s'accordent à cette douceur. Aura s'attache plutôt au vent humide, doux et tempéré, qui favorise les cultures, Zéphyr chez les Grecs, Favonius chez les Latins, le vent humide doux et fécondant du printemps. Ce lien fréquent tend à faire sentir l'air agité comme un juste milieu par son amplitude et sa température entre la tempête hivernale et la canicule de l'été. Le Zéphyr est le plus calme et le plus agréable des vents, dit Aristote. Cette mesure permet la fécondité.

L'étymologie-même de Zéphyr rapproche le nom du vent de Zophos, la « région obscure », assimilée à la région de l'ouest, et le trajet suscite la naissance de l'air humide. Une certaine opacité est aussi probablement dans aura liée à l'humidité. Ces facteurs favorisent le lien aura-Zéphyr. Bien des exemples viennent illustrer ce thème de la fécondité de l'air. En liaison avec le mythe de l'Age d'or, chez Ovide et Virgile, la brise féconde fait germer ce qui pousse. Dans les Géorgiques, l'air fertile allège le travail des hommes - c'est l'âge d'or - : Parturit almus ager, Zephyrique tepentibusque auris laxant arua sinus (Géorgiques 2,330).

Dans l'Iliade, Zéphyr est le père par les Harpyes des coursiers d'Achille, Xanthos et Belios, ainsi que de Phlogéos et Harpagos revenant aux Dioscures. La légende est reprise par Lactance en tant que terme de comparaison : s'il est bien connu que certains animaux conçoivent habituellement sous l'effet du vent et de l'air (uento et aura), dit-il, rien ne s'oppose à ce que Marie ait été fécondée par le souffle de Dieu (spiritus) (Institutions divines 4,12,2) (Armelle Deschard, Recherches sur Aura, 2003 - books.google.fr).

L'évangéliste Mathieu confirme (1,18) : Marie eut "l'enfant dans le ventre par le souffle sacré" (Gilles Lapouge, L'âne et les abeilles, 2014 - books.google.fr).

Réanimant la nature, Zéphyr était un nom bien trouvé pour un cimetière désaffecté.

Zéphyr, associé à l'occident, père de cavales, est à rapprocher de Pégase, lui-même né sur les bords de l'océan occidental.

Voici comment s'exprime Josèphe à ce sujet: "D'accord avec les fils des Grecs, les Esseniens prétendent qu'aux âmes pures seules est réservé un séjour au-dèla de l'Océan, un lieu que n'importunent ni les pluies, ni les neiges, ni les chaleurs excessives, mais que le doux zéphyr, soufflant de l'Océan vient toujours rafraîchir; les âmes impures, au contraire, ils les relèguent dans un abîme ténébreux et agité par les tempêtes, foisonnant d'éternelles souffrances. C'est dans la même pensée, ce me semble, que les Grecs consacrent à leurs vaillants, à ceux qu'ils appellent héros et demi-dieux, les îles des bienheureux, aux âmes des méchants l'Hadès, la région de l'impiété" (Guerre juive II, § I55-I56. Traduction Harmand-Reinach) (M. Delcor, Le Testament d'Abraham, 1973 - books.google.fr).

Zéphyr joue un petit rôle dans le mythe d'Éros et Psyché : c'est lui qui porte la jeune fille du rocher escarpé où elle attend la venue de son mari au palais du dieu de l'amour (Apulée, Métamorphoses IV, 35, 4) (fr.wikipedia.org - Zéphyr).

Zéphyr et Psyché ou le ravissement de l'âme

Rappelons d'abord à grands traits l'histoire contée par Apulée. Psyché est belle, trop belle. Elle n'est pas à la différence de ses sœurs demandée en mariage tant sa beauté la fait considérer comme une déesse, Vénus, qui en sera jalouse ; et les prétendants ne se pressent pas pour demander sa main. Bien évidemment le père de la jolie demoiselle va chercher dans les oracles l'explication de cette situation intolérable : Apollon dit alors qu'il faut la conduire sur une montagne, soigneusement parée pour un hymen funèbre. Psyché, qui conserve tout au long du chemin une constance admirable devant les conséquences funestes de sa fatale beauté, est abandonnée dans une solitude aride et sombre. Suit alors la jolie description de la douce brise du Zephyr qui fait frémir sa robe puis la gonfle et la soulève avant de déposer son précieux fardeau au fond d'une vallée, sur un gazon fleuri La grâce du mouvement rappelle les représentations picturales de la Porte Majeure, et celle de l'Aura Zephyri.

Comme le souligne P. Grimal (Le conte d'Amour et de Psyché, PUF, 1963), la description de l'hypogée de la Porte Majeure « rappelle très curieusement les termes mêmes dont se sert Apulée pour évoquer le vol de Psyché. » Et Psyché, c'est l'âme. « L'intention demeure claire, affirme-t-il : l'histoire d'Amour et Psyché est une « odyssée » de l'âme humaine, elle n'est pas une « nouvelle » qui n'aurait d'autre fin que le plaisir de conter. Tradition issue de la « révélation » orphique théorie platonicienne de l'amour, cheminement et ascension depuis l'incarnation jusqu'à l'apothéose, tout cela est présent dans ce véritable « mythe », dont le support a été demandé à un conte bonne femme ». On perçoit au fond-même de l'image présente dans le « saut de Psyché » la récupération des développements de toute origine qui font d'Aura une manifestation secourable d'un dieu, auxiliaire de l'Amour et « vecteur » des âmes initiées. Métaphore qui fait image presque précise et sous-entend une personnification. L'aventure de Psyché et de Cupidon, dont on sait la fréquence dans l'art figuré, devient métaphore de l'initiation de l'âme sauvée par l'épreuve, sauvée par l'amour (Armelle Deschard, Recherches sur Aura, 2003 - books.google.fr).

Dans toutes les hypothèses, l'ascension au ciel du héros qui devient le Verseau, ainsi représentée au milieu de la voûte de l'abside centrale de l'hypogée, devrait renvoyer à la croyance des parents et amis de T. Statilius Taurus que l'âme de cet ami d'Auguste avait rejoint la constellation du Verseau en raison de services rendus à l'humanité analogues à ceux du héros qui avait mérité originellement de rejoindre le ciel sous la forme visible de cette constellation (Gilles Sauron, Visite à la Porte Majeure, Histoires d'ornement: actes du colloque de l'Académie de France à Rome, Villa Médicis, 27-28 juin 1996, 2001 - books.google.fr, Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Verseau).

Zéphyr, envoyé par l'Amour, soulève Psyché dans les airs puis la dépose doucement dans une prairie, au pied d’un arbre où elle s’endort - Ecole de Fontainebleau - Galerie de Psyché, musée de Condé, Chantilly, verre peint en grisaille rehaussé de jaune d'argent, plomb, 1542-1544 - www.musee-conde.fr

Les cartons servant de modèles aux maîtres verriers sont attribués au peintre flamand Michel Coxcie et reproduisent avec certains ajouts et variations les gravures du Maître au Dé (fils du graveur Marc-Antoine Raimondi selon certains historiens). Appartenant originellement à la galerie de Psyché du château d'Ecouen, cette série de vitraux, commandée par Anne de Montmorency, reprend le fl narratif de la fable en associant à chaque épisode une représentation et un récit versifé en français, d'après les gravures du Maître au Dé.

Le récit d'Apulée constitue en lui-même un labyrinthe pour l'interprétation, puisqu'il s'agit à la fois d'une allégorie, correspondant à un style dramatique noble, où l'histoire de grands personnages renvoie au devenir-divin de l'âme5, et d'un drame amoureux plus commun dont l'intrigue se noue à partir d'amours interdites et cachées, fnalement consacrées par le mariage. La part érotique du récit est cependant occultée par la tradition médiévale qui transmet la fable aux lettrés de la Renaissance.

Le texte d'Apulée se réfère implicitement aux dialogues platoniciens reconnaissant à l'Amour un rôle médiateur entre l'homme et le divin (Le Banquet) et développant la figure mythique de l'âme ailée (Phèdre). Le nom même de « Psyché » renvoie à l'idée de l'âme comme à l'image du papillon. Cette fgure de l'âme-papillon apparaît dans les représentations antiques de psychai, jeunes flles ailées ornant certaines fresques païennes, puis les murs mêmes des catacombes chrétiennes.

Martianus Capella, Fulgence et Boccace christianisent, par leurs exégèses successives, cette histoire d'amour initiatique et païenne. Ainsi, dans le De nuptiis Mercurii et Philologiae (410-429 ap. J.-C.), Martianus Capella fait de Psyché la flle du Soleil et de la Perfection (Entéléchie). Dans sa quête nuptiale, Mercure rencontre Psyché mais il n'arrête pas son choix sur elle. Au siècle suivant, Fulgence donne une lecture morale du destin de Psyché, dans ses Mythologiarum libri6. Celle-ci fgure l'âme, née de Dieu et de la Matière, roi et reine de ce monde, tandis que ses deux soeurs symbolisent la chair et le libre-arbitre. Vénus, figure de la luxure, envoie son fils Eros, pour détruire sa rivale. Ce dernier personnife le désir, en lui-même amoral et ambigu. Son union avec Psyché demeure innocente aussi longtemps que cette dernière respecte l'interdit de la vision nocturne. Le sommeil aveugle symbolise l'état d'innocence, comparable à celui d'Adam avant le péché originel. La transgression rejoue le drame chrétien du péché, la lampe fgurant par sa famme le désir intempérant et la goutte d'huile bouillante, tombée sur l'épaule d'Eros, la souillure du péché. Cette exégèse morale met l'accent sur le drame de la chute et de la rédemption. Nuit, sommeil et cécité fgurent l'état d'innocence que vient troubler l'éveil du péché. En creux, le désir de Psyché, nouvelle Ève, renvoie à la menace d'un rapt charnel, mais cette lecture chrétienne inverse l'érotisme de la scène en symbole de faute originelle. Comme le formule Sonia Cavicchioli, dans son étude consacrée à Eros et Psyché, « l'interprétation morale de Fulgence favorise la survivance de la fable dans la culture médiévale en neutralisant son pouvoir érotique »7 et en transmet l'allégorie à la Renaissance.

Pour Sonia Cavicchioli, le texte d'Apulée aurait été adopté comme thème iconographique dans le milieu forentin du XVe siècle, grâce à la grande difusion des idées de Ficin, dont celle, fondamentale, de la déifcation de l'âme par l'amour et le désir de beauté – thèses développées notamment dans le De Amore (1469) et la Théologie platonicienne (qui connut plusieurs éditions en 1469, 1474, 1482). L'élaboration précoce du concept de voluptas, dans l'épître citée de 1457, rend possible une première convergence des idées du philosophe avec la reprise picturale de la fable. Un second parallèle lie d'autre part la fgure de Psyché à la thèse néoplatonicienne de l'immortalité de l'âme, copula mundi, « centre [dynamique] et point intermédiaire entre les divers degrés de perfection dans lesquels le monde est articulé » (Marina Seretti, Psyché alanguie, promesses et ravissement et menaces de viol dans le sommeil à la Renaissance, Le Verger – bouquet 4, juin 2013)

Zéphyr dans Perceforest ou la Belle Endormie

Roman arthurien en prose de la fin du Moyen Age, le Roman de Perceforest propose l’une des premières versions littéraires de l’histoire de la Belle Endormie. Plusieurs figures surnaturelles interviennent à l’occasion de la naissance de l’héroïne et de son fils dans cet épisode. L’imaginaire de la naissance et de la petite enfance s’inspire du folklore et des croyances populaires, mais il participe aussi d’une logique romanesque issue des romans arthuriens antérieurs (Noémie Chardonnens, D’un imaginaire à l’autre : la belle endormie du Roman de Perceforest et son fils, 2011 - edl.revues.org).

Zéphir, dans Perceforest, est un esprit déchu reconnaissant sa peine juste contrairement à Lucifer.

La Bretagne de Perceforest est hantée par les mauvais esprits, qui sont à la fois des démons, des revenants, voire, comme Zéphir, des anges déchus. En accord avec la théologie et le folklore, ils ne paraissent que la nuit, comme en témoignent pour le luiton, d'une part, l'énoncé au présent de vérité générale (entour de mynuyt que les mauvais esperitz cessent de leurs mauvaises façons) et d'autre part, le renvoi à une opinion de type folklorique dans le discours de Sorence (depuis que la nuyt s'est mellee au jour jusques a la myenuyt, tant, dit l'en, que son pouoir dure l. II, t. I, p. 167). Tantôt cependant les esprits disparaissent à minuit, tantôt c'est à cette heure qu'ils se montrent. Dans le livre III (t. I, p. 10-ss), la tombée de la nuit est décrite, avec son surgissement de chats huants et de chauve-souris ; Gadifer s'endort et vers minuit paraissent les mauvais esprits. L'opinion rapportée par Sorence selon laquelle les esprits comme Zéphir s'évanouissent à minuit contredit le transfert de Troïlus en Ecosse par le luiton (l. III, t. III, p. 94-95), qui se termine lorsque celui-ci s'eslongea (...) car il estoit sur le point du jour (Christine Ferlampin-Acher, La nuit des temps dans Perceforest: de la nuit de Walpurgis à la nuit transfigurée, Revue des langues romanes, Volume 106, 2002 - books.google.fr).

Zéphir, le démon bienfaisant qui connaît l'avenir et qui prépare activement les temps de la grandeur arthurienne, intervient personnellement pour favoriser une issue heureuse aux amours de Troïlus et de Zellandine, comme il le fait pour Estonné et Priande en différant volontairement, le soir de leurs noces, l'heure de leur union afin de tenir compte des influences astrales.

Zellandine, qu'une maladie fera la belle endormie, donnera le jour à Bénuic, ancêtre de Lancelot du Lac (Gilles Roussineau, Perceforest, Volume 3, 1993 - books.google.fr).

Zéphyr est un luiton, nom associé à Neptune, dieu de la mer ou de l'océan. Zéphyr est, rappelons-le, lié par les latins aux régions obscures de l'occident, où se situe Océan.

Saint Sulpice et Coucy

Dans le plan inversé de l'église Saint Sulpice donné par le Setpent rouge projeté sur le département de l'Aude, Fabrezan, "dans" la chapelle de la Vierge, a vu la visite d'un évêque de Metz, Raoul de Coucy, consacrer son église. Quel rapport peut-il y avoir entre Coucy et saint Sulpice ou l'église Saint Sulpice ?

Gui, gouverneur du château de Coucy, né vers le milieu du XIIème siècle, mourut en 1203 pendant la quatrième croisade, au large des côtes de la Grèce. Il était châtelain du château de Coucy, et non seigneur, de 1186 à sa mort. Gui de Ponceaux fut un ami proche, dans le temps et dans l'espace, de Gace Brulé, et serait un trouvère auquel sont attribuées 24 chansons en langue d'oil, composées probablement entre 1188 et 1190 dont une quinzaine sont considérées comme authentiques.

En 1190, Gui, Châtelain de Coucy, partant pour Jérusalem, donne aux religieux d'Ourscamps une partie de sa haie de Nampcet pour être par eux mise en culture, et se réserve le partage des fruits.

Le manuscrit de la fin du XIIIe ou du tout début du XIVe siècle d'un certain Jakèmes, Roumans dou chastelain de Couci et de la dame de Faiel, qui relate les tragiques amours de Renaut (Regnaut), châtelain de Coucy et de la Dame de Fayel, contient six chansons attribuées au Chastelain de Coucy.

Le Roman du châtelain de Coucy et de la dame du Fayel est un roman médiéval français de 8 265 vers, octosyllabes à rimes plates en majorité, écrit en picard à la fin du XIIIe siècle ou au tout début du XIVe (certainement après 1285). Jakèmes (Jakemon Sakesep) cacherait son nom sous un engin dans la conclusion de son poème (« Ai-ge mis mon cuer » au vers 8226).

Le trouvère historique qu’est le Châtelain de Coucy et sa dame sont transformés en un couple d’amants mythiques, dont l’histoire tragique, très vite rapprochée de celle de la châtelaine de Vergy et de son amant, aura une belle postérité jusqu’au XIXe siècle, puisqu'elle devient au XVIIIe siècle par M. Dormont de Belloy la tragédie Gabrielle de Vergy dont Donizetti tire un opéra, Gabriella di Vergy, en 1826.

Selon la légende, Gabrielle de Vergy, dame de Fayel était l'amante de Raoul de Coucy qui, avant de mourir en Terre sainte, chargea son écuyer de porter son cœur à la dame de ses pensées. L'écuyer fut surpris par l'époux au moment où il s'acquittait de sa mission. Pour se venger, le mari prit le cœur et le fit manger à sa femme, qui, instruite trop tard de son malheur, jura de ne plus prendre de nourriture et se laissa mourir de faim (fr.wikipedia.org - Le Châtelain de Coucy, fr.wikipedia.org - Roman du Châtelain de Coucy et de la Dame de Fayel, fr.wikipedia.org - Donizetti, Gabriella di Vergy, Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Arsène Lupin et l’ange Gabriel).

Le village de Coucy et la Grèce, à défaut d'Arcadie

Les heureux résultats obtenus par les vignerons de Madère et la renommée de son vin encouragèrent François Ier à les imiter; à leur exemple, il tira de la Grèce des plants de vigne dont il couvrit cinquante arpents près de Fontainebleau; on bâtit même près de ce vignoble, selon l’ancien usage, un pressoir qui fut nommé pressoir du roi. La culture de plants de vigne venus des îles de la Grèce eut lieu avec succès dans plusieurs autres endroits du royaume, et notamment à Coucy, au Clos du Roi « de sorte, dit Olivier de Serres, que la France pouvoit désormais se fournir à elle- même la malvoisie et les vins grecs, qu’auparavant elle étoit obligée de tirer à grands frais d’outre—mer. » Le vin du Clos du Roi était très prisé de Charles Estienne. Les vins blancs de Coucy étaient si appréciés que selon Paulmier qui écrivait en 1588 "les rois avoient coutume de réserver pour leur bouche" (Le Moyen Age et la Renaissance, direction litteraire de Paul Lacroix, Volume 1, 1848 - books.google.fr).

Si c'est Raoul de Coucy, évêque de Metz, qui consacra l'église de Fabrezan, il devient évêque de Noyon, en 1415, succédant à Pierre V Fresnel qui devient évêque de Lisieux. Conrad II Bayer de Boppard lui succède à Metz. Il participe au concile de Constance. En 1422 il offre un cours de droit en cinq volumes, favorisant la construction d’une bibliothèque du chapitre à Noyon. Il est décédé le 17 mai 1424 et a été enterré dans le cœur de la cathédrale de Noyon.

Noyon nous ramène à la Croix d'Huriel, puisque cette cité se trouve sur le montant vertical de cette croix.

Coucy et Saint Sulpice

Le village de Fayet ancien Fayel

FAYET, autrefois FAYEL, Fayellum. — Village de l'ancien Vermandois, bâti dans une plaine élevée, à 52 k. au N.-O de Laon et 4 à l'O. de St-Quentin, autrefois de l'intendance d'Amiens, des bailliage et élection de St-Quentin, diocèse de Noyon, aujourd'hui du canton de Vermand, arrond. de St-Quentin, diocèse de Soissons. — Patron, St Sulpice, archev. de Bourges.

Ce village est célèbre par le drame dont il fut le théâtre à la fin du 12e siècle. Le seigneur de Fayel, regrettant la perte d'une femme qu'il aimait, aurait fait, pour le repos de son âme, de nombreuses aumônes aux maisons religieuses du pays et se retira lui-même dans un monastère pour y faire pénitence. La majeure partie de ces détails s'accorde bien avec ce que l'on sait de la vie de Rogon II, qui fut seigneur de Fayel de 1148 à 1190. Ce seigneur eut deux femmes. Après la mort de la première, Widèle de Ribemont, arrivée en 1156, il se remaria, paraît-il, à une autre plus jeune que lui, et en 1192 il fonda dans l'église de St-Quentin l'anniversaire de cette dernière, dont le nom est simplement indiqué par la lettre E, qu'il faut peut-être lire G (Melleville, Dictionnaire historique généalogique et géographique du département de l'Aisne, Volume 1, 1857 - books.google.fr).

César de Vendôme, fils de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, serait né au château de Coucy en 1594 (Augustin Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, 1867 - books.google.fr).

La commune de Pierrefonds se trouve sur le montant vertical de la Croix d'Huriel comme Noyon et Meaux.

Le château actuel de Pierrefonds ne date que des premières années du XVème siècle. L'ancien château s'élevait sur le coteau situé au-dessus du prieuré, au point où se voit aujourd'hui une ferme d'une assez grande étendue. Ce premier château avait été construit avec les débris d'une maison royale située au chêne Herbelot, et qui, dans les anciennes chroniques, est nommée Palladium casuum. En l'an 855, le roi Charles le Chauve y passa quelque temps. Cette résidence ayant été détruite, les châtelains du Chêne choisirent un lieu propre à être fortifié, et assirent la nouvelle forteresse audessus du prieuré. Les biens de la maison du Chêne furent partagés entre les seigneurs de Bérogne et de Pierrefonds. Nivelon Ier trouva les choses en cet état lorsqu'il hérita de la seigneurie de Pierrefonds, par suite de la mort de son père. Ce seigneur rebâtit l'église du prieuré (paroisse actuelle du bourg), accrut singulièrement son domaine, et la seigneurie de Pierrefonds fut érigée en pairie. Du temps de Philippe-Auguste, le nombre des pairs, seigneurs de Pierrefonds, dépassait soixante. Cette ancienne maison s'éteignit par la mort d'Agate de Pierrefonds, et les grands biens de cette dame furent divisés en trois parts: les Cherisis eurent la première, les Châtillon la seconde, et les descendants de Jean 1er de Pierrefonds, fils de Nivelon Ier, la troisième. Philippe-Auguste acheta de Nivelon, évêque de Soissons, en 1181, tous les droits seigneuriaux que ce prélat possédait par suite du partage, et il installa, pour régir le domaine, des prévôts qui exerçaient en même temps les fonctions dejuges et de receveurs. En 1215, le roi abandonna aux religieux de SaintSulpice une grande partie des bâtiments du château, et augmenta leurs priviléges. Depuis lors, jusqu'aux dernières années du XIVe siècle, il n'est fait nulle mention du château et du domaine de Pierrefonds dans l'histoire.

En 1390, Louis, duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, se prétendant frustré de ses droits de régent ou de tuteur des affaires du royaume, songea à prendre ses sûretés. Il fit bâtir dans son duché de Valois des places fortes importantes; il acquit le château de Coucy et le rebâtit en partie; fit réparer ceux de Béthisy, de Crespy et de Montépilloy; fit reconstruire celui de la Ferté-Milon, le petit château de Véez, le manoir de la Loge-Lambert, et, laissant les religieux de Saint-Sulpice jouir paisiblement du vieux domaine de Pierrefonds, il choisit une nouvelle assiette plus facile à défendre, entre deux vallons, pour élever le magnifique château que l'on admire aujourd'hui (Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Description du château de Pierrefonds, 1865 - books.google.fr).

L'auteur de cette description, Viollet le Duc, restaura aussi Carcassonne.

La terre de Saint-Souplet, dont la paroisse est au nom de saint Sulpice et dont le nom est une déformation, fut vendue en 1272, par Enguerrand de Coucy, à Marguerite, comtesse de Flandre. Saint Souplet est dans le département du Nord près du Cateau-Cambrésis, à la limite de l'Aisne (Bulletin de la Commission historique du Département du Nord, Volume 7, 1863 - books.google.fr).

Il y a quelques années qu'on regardoit la maison de Coucy comme éteinte en la personne de Marie de Coucy, fille d'Enguerrand, qui, en 1400, après la mort de Henri de Bar son mari, vendit au duc d'Orléans, pour 400 mille livres, Coucy, Folembray , Saint-Aubin, La Fère, Saint-Gobin, le Chatellier, Saint-Lambert, Marle, Acy s Gerny, & tout ce qui lui appartenoit dans le Soissonnois: elle mourut en 1405, & laissa un sils nommé Robert de Bar, qui hérita de ce qu'elle n'avoit pas vendu, & de ce que le duc d'Orléans n'avoit pas encore payé.

Ce n'est que depuis peu de tems qu'un religieux Génovefain, prieur-curé de la petite Cure de acour près de Saint-Quentin, est parvenu à démontrer, à force de recherches, qu'il descend en ligne directe de la maison de Coucy, ainsî que ses neveux & ses nièces. La cour a reconnu leur filiation. Le prieur a obtenu une abbaye, & continue à exercer ses fonctions curiales à Hinacour : un de ses neveux, François-Charles de Coucy, chevalier, seigneur de Poilecourt, Escordal, Quatrechamps, Bercy, &c. vient d'avoir le regiment de Navarre, Jean-Charles, vicaire général de Reims, & abbé de l'abbaye d'Igny, est aumônier de la reine (Jean-Benjamin de Laborde, Mémoires historiques sur Raoul de Coucy, Volumes 1 à 2, 1781 - books.google.fr).

Jean Charles de Coucy, archevêque de Reims

Né le 23 septembre 1746, au château d'Ecordal, canton de Tourterun (Ardennes), il était le troisième des quinze enfants de Nicolas-Charles de Coucy, seigneur de Polecourt, d'Ecordal et aultes lieux, chevalier de Saint-Louis, mort le 7 novembre 1787, et de Marie-Henriette du Bois d'Ecordal de Lauberette. Il appartenait à la branche de Coucy-Polecourt, qui avait pour auteur Raoul de Coucy, IVe du nom, second fils de Raoul III de Coucy, sire de Vervins, lequel eut en apanage la terre de Polecourt, et fut conseiller, panetier et chambellan du roi François Ier.

Jean Charles de Coucy commença ses études chez les Jésuites de Charleville. Déjà il songeait à servir le Seigneur. A 15 ans, Jean-Charles reçut la tonsure, le 17 mai 1761. Il alla ensuite au Séminaire de Saint Sulpice à Paris.

L'archevêque de Rheims, de la Roche-Aymon, avait soutenu l'abbé de Coucy dans ses études, à Saint-Sulpice, et par la suite il lui donna une riche abbaye, et le fit nommer aumônier de la reine. Etant devenu évêque de la Rochelle, le roi lui fit don des revenus réservés. M. de Coucy donna aux pauvres, en 1790 et 1791, plus de 100,000 francs ! (Joseph Briand, Histoire de l'église Santone et Aunisienne depuis son origine jusqu'à nos jours, Volume 3, 1843 - books.google.fr).

Reçu chanoine de l'Eglise métropolitaine de Reims, le 22 février 1773, puis vicaire général de ce diocèse, Jean-Charles de Coucy fut nommé, par brevet du 28 janvier 1776, aumônier de quartier de la reine Marie-Antoinette, et abbé commendataire d Igny le 31 août 1777. L'un des trois évêques de la dernière nomination de Louis XVI, il fut appelé, le 23 octobre 1789, au siège èpiscopal de la Rochelle pour lequel le pape le préconisa dans le consistoire du 14 décembre suivant. Il fut sacré à Paris en même temps que Mgr d'Aviau, archevêque de Vienne, et Mgr Asseline, évêque de Boulogne, le 3 janvier 1790, par Mgr Antoine Dugnani, nonce apostolique à Paris, archevêque de Rhodes, et plus tard cardinal. La cérémonie eut lieu dans la chapelle du séminaire Saint-Sulpice. Ce furent les derniers évêques donnés alors à l'Eglise de France. La constitution civile du clergé ne tarda point a paraître, l'évêque de la Rochelle en signala les dangers à ses diocésains, et sur son refus de prêter le serment qu'elle exigeait, dut se retirer en Espagne, d'où il publia plusieurs protestations contre les menées de l'abbé Robinet, qui s'était emparé d'une partie de son diocèse et de celui de Saintes, sous le titre d'évêque de la Charente-Inférieure.

Après le concordat, il fut un des signataires des réclamations adressées le 6 avril 1803 au pape Pie VII, et protesta contre tous les actes faits à cette époque entre le Souverain Pontife et Bonaparte, premier consul de la République. Rentré en France après la première Restauration, Mgr de Coucy 1er octobre suivant. Mgr de Coucy fut créé comte et pair de France le 31 octobre 1822, mais il ne jouit pas longtemps de cette dignité, car il mourut à Reims le mardi 9 mars 1824. On l'inhuma dans la cathédrale (Honoré Jean P. Fisquet, La France pontificale, Reims, 1864 - books.google.fr).

Le service pour M. de la Roche-Jaquelein a eu lieu dans l'église Saint-Sulpice, le mercredi 17 . L'église étoit tendue de noir, et les frais de la cérémonie ont été faits par MM. les officiers du quatrième corps de l'armée de la Vendée. Un grand nombre de militaires assistoient à la cérémonie. Des pairs, des députés et des personnes de la plus haute distinction s'étoient réunis au frère et aux enfans du mort pour rendre hommages à la mémoire d'un des plus fidèles serviteurs du Roi. [...] A la fin de la cérémonie, M. le curé de Saint Sulpice a fait les absoute. M. de Coucy, évêque de la Rochelle, étoit présent à la cérémonie. On sait que son diocèse renfermoit une partie de la Vendée, et on a vu avec plaisir ce prélat distingué, par sa fidélité au Roi, prendre part à ces honneurs rendus à un guerrier fidèle, et joindre ses prières à celles d'une nombreuse assemblée. La quête faite à ce service a produit 14,000 francs, en comptant les sommes envoyées par le Roi et par les Princes (L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire, A. Le Clère, 1816 - books.google.fr).

A Saint Sulpice, M. de Coucy, archevêque de Reims, sacra le 9 janvier 1820 Gustave Maximilien Juste, cardinal prince de Croï-Solre (1773-1844), évêque de Strasbourg auquel siège, ne fut préconisé pour lui que le 23 août 1819, Louis XVIII l'avait nommé le 8 août 1817 (Honoré Jean P. Fisquet, La France pontificale, Doyens etc., Tome second, 1864 - books.google.fr).