Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   L’Etoile mystérieuse : sephira Malkuth et Tulipe en fleur   
CROIX HURIEL TINTIN HERGE ETOILE MYSTERIEUSE SILESIE TULIPE MALKUTH

L'Étoile mystérieuse est le dixième album de bande dessinée des aventures de Tintin, prépublié en noir et blanc du 20 octobre 1941 au 21 mai 1942 dans les pages du Soir. L'album en couleur est paru en 1942. Après la Libération, l'équipage américain sera remplacé par celui d'un pays imaginaire. Ces modifications auront lieu en 1954 : les concurrents de l'expédition de Tintin ne battront plus pavillon américain mais celui, plus discret, de l'imaginaire État de Sao Rico. Cependant il subsiste, dans les nouvelles éditions, de petits détails qui dévoilent l'origine américaine des concurrents (fr.wikipedia.org - L'Etoile mystérieuse).

L'araignée

Le professeur Calys reconnaît en l'araignée monstrueuse apparaissant dans l'objectif du télescope, page 4, d'abord une aranea fasciata puis une épeire diadème.

L'épeire diadème (Araneus diadematus), très commune en Europe et Amérique du Nord, est parfois appelée Araignée des jardins ou Araignée porte-croix (fr.wikipedia.org - Epeire diadème).

Aranea fasciata (Fabricius, 1775) ou Argiope bruennichi est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae. En français elle est communément appelée Argiope frelon, argiope rayée, argiope fasciée ou épeire fasciée. Cette espèce originaire de la zone méditerranéenne se rencontre en zone paléarctique, de l'Afrique du Nord à la Scandinavie et jusqu'au Japon, et depuis la fin du XXe siècle davantage en Europe. En Belgique, elle a été observée pour la première fois en 1874 par Léon Becker à Hastière et elle semble moins rare dans une partie importante du pays en 2009, y compris dans les régions les plus froides en hiver comme l'Ardenne belge.

L'aire de répartition de l'araignée-frelon couvre une grande partie de l'Europe (Hubert, 1979) mais elle est toutefois plus fréquente dans les régions méridionales. En Belgique, on peut considérer Argiope bruennichi comme une espèce rare (B.Barenbrug, D. Drugmand et K. Hofmans, Nouvelles observations de l'araignée-frelon dans le parc de Viroin-Hermeton, 1986 - archive.wikiwix.com, fr.wikipedia.org - Argiope frelon, Léon Becker, Les Arachnides de Belgique, 1882 - books.google.fr).

Hastière, en namurois "Astire", est à rapprocher du nom en ancien français hastier ou hâtier, grand chenêt sur lequel s'appuient les broches à rôtir. On relèvera la proximité d'Hastière avec "aster", nom latin de l'étoile (Jean Germain, Jules Herbillon, Dictionnaire des noms de famille en Wallonie et à Bruxelles, 2007 - books.google.fr).

Observons en passant quelques circonstances de la vie de Mahomet qui ont été visiblement forgées sur le modèle de l'histoire d'Israël, soit que cette ressemblance soit due à Mahomet lui-même, imitateur et plagiaire de traits anciens, soit qu'on doive les mettre sur le compte de ses historiens. La caverne où il se retire, le choix qu'il fait de ses douze principaux disciples, nous rappellent, l'une la retraite de Moïse et d'Élie, l'autre le choix de douze princes d'Israël fait par Moïse et que Jésus reproduisit dans l'élection de douze apôtres. Mais ce qui atteste particulièrement l'action de la doctrine et de la tradition pharisiennes dans l'histoire et les doctrines de Mahomet, c'est cette araignée qui vient si à propos fermer avec sa toile l'entrée de la grotte où Mahomet s'était réfugié, pour se soustraire aux Koreish qui le poursuivaient, précisément comme les Rabbins nous racontent que David fut caché à la vue de Saul par une araignée, qui vint tendre sa toile à l'entrée de la grotte ; moyen rais tout exprès en œuvre par l'Éternel afin de détromper David sur Tinutilité de l'araignée, comme il le détrompera plus tard, par sa feinte démence à la cour d'Achis, sur l'inutilité de la folie. Et ce parfait encadrement des circonstances, cette harmonie de détails dans la tradition pharisienne, n'est pas une des moindres preuves qui attestent que c'est chez elle qu'on doit chercher le modèle, et que l'anecdote de la vie de Mahomet n'en est que la copie (Elie Benamozegh, Morale juive et morale chrétienne: examen comparatif suivi de quelques réflexions sur les principes de l'islamisme, 1867 - archive.org).

Malkuth

Si l'on se reporte au plan de Saint Sulpice projeté sur le département de l'Aude, alors l'étoile mystérieuse, qui change un peu de place d'une page à l'autre, se trouve proche du village de Gramazie qui a été associé à la sephira Malkuth (La Croix d’Huriel et pierres noires : Saint Sulpice, séphiroth et Aude).

Il y a un fait qui résume toute la différence des deux doctrines ; c'est que tandis que le prince du monde, pour le christianisme, est le génie du mal, ce rôle est donné par les kabbalistes à leur royaume, à leur malchout, appelé aussi le prince du monde. Fait éloquent à double titre ; car si d'un côté il confirme notre jugement dans la présente question, il met presque sous nos yeux les conséquences morales de cette suppression que nous avons signalée dans la région du dogme, je veux dire l'effacement, l'absorption du malchout (monde présent) au sein de la bina (monde à venir). Dans la place vide, le christianisme a intronisé un démon — le prince de ce monde. Nous ne ferons que signaler ce qui rend le christianisme incapable de régir la vie présente, par la condamnation, le dédain, l'avilissement dont il enveloppe tout ce qui en constitue les dons les plus précieux.

Quand Jésus fit entendre du haut de la montagne ces paroles célèbres : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux. Bienheureux les débonnaires, car ils hériteront la terre ; quand il dit ailleurs : Apprenez de moi que je suis dotuc et humble de cœur, etc.; quand ces paroles et autres semblables furent prononcées, était-ce quelque chose de nouveau pour la Palestine, quelque chose dont l'écho ne retentît chaque jour dans ses temples, dans ses académies, dans ses réunions? — Un mot d'abord sur la véritable exégèse des fragments qui précèdent. Nul doute que par pauvres d'esprit, on n'entende ici les humbles, car c'est par une qualification toute semblable qu'on les distingue dans le style des rabbins, celle de nemoké rouah (humbles d'esprit), dont la traduction littérale a enfanté notre « pauvres d'esprit » : trace, entre mille autres, de l'original rabbinico-araméen des Évangiles. Mais c'est sur la promesse qui termine les deux versets que nous tenons à appeler l'attention du lecteur.

Dans l'un, le royaume des cieux est à eux; dans l'autre, ils hériteront la terre. Remarquons d'abord que le second n'est qu'un verset détaché des Psaumes: Vaanavim yireschou aretz. Mais y a-t-il au fond synonymie? Ce « royaume des cieux » du verset 3 et cette « terre » du verset 5, seraient-ils une seule et même chose? Je le crois très-probable, surtout si l'on se rappelle le sens que nous n'avons cessé de donner au « royaume des cieux » de l'Évangile : celui du malchout, de la dernière émanation des kabbalistes, leur royaume des cieux. Or, par deux côtés diflférents elle semble se confondre et s'identifier avec l'objet de la promesse de Jésus: d'abord parce qu'elle aifecte, de préférence à tout autre nom, celui de terre, synonyme du royaume, comme il l'est chez Jésus; ensuite parce que cette terre, précisément comme dans les Évangiles, est promise par les kabbalistes aux humbles, aux débonnaires. Et l'on n'a qu'à jeter les yeux sur le Zohar, — où un verset presque identique des Psaumes : Tzadikim yireschou aretz est interprété de cette même manière, où aretz, terre, est dit expressément symonyme de royaume — pour se convaincre à la fois, et du sens que nous donnons ici au royau- me évangélique, et de la synonymie que nous proposons entre le Royaume du verset 3 et la Terre du verset 5. D'ailleurs, n'est-ce pas la doctrine la plus commune, la plus accréditée chez les kabbalistes? N'est-ce pas la Scheckina qui est appelée anava (humilité) , et qui explique l'humilité caractéristique de Jésus, cette autre incarnation, cet autre makhout. N'est-ce pas d'elle que vient l'inspiration ? N'est-ce pas à cause de leur humilité naturelle que les pauvres sont appelés le temple ou le char de la Schechina, du Royaume ? N'est-ce pas en propres termes que le Zohar d'abord, et ensuite les Ticounim, appellent le Royaume humilité? Voilà, sans doute, des passages d'une haute importance dans la présente question et qui semblent confirmer toutes nos précédentes conjectures (Elie Benamozegh, Morale juive et morale chrétienne: examen comparatif suivi de quelques réflexions sur les principes de l'islamisme, 1867 - books.google.fr).

Faut-il identifier la Sekina avec la dixième Sefira [Malkhuth] des Kabbalistes ? C'est un problème de Kabbale Juive qui a été traité par des spécialistes. Nous donnerons ici les conclusions de G. Scholem et G. Vajda, mais nous citerons aussi le Père Bouyer. Dans la Kabbale et sa Symbolique, M. G. Scholem écrit : "L'auteur des Tikkunim identifie la Sekina, la présence de Dieu que l'on considère comme la dernière émanation des 10 sefiroth, avec la Tora". Il écrit aussi : Il est facile de comprendre comment tous les anciens Kabbalistes sont parvenus à identifier la tora orale avec la nouvelle conception mystique de la Schekina. qui est comprise comme la puissance qui règne sur la communauté des Israélites et qui se manifeste en elle- même". "C'était l'opinion de Louria, que la dernière Sefira de chaque monde, c'est-à-dire la Schekina (Geneviève Javary, Recherches sur l'utilisation du thème de la Sekina dans l'apologétique chrétienne du XVe au XVIIIe siècle, 1978 - books.google.fr).

Toi dont la nuée glorieuse de la Shekinah était au-dessus d'eux, et qui marchais devant eux dans la colonne de nuée pendant le jour et, la nuit, dans la colonne de feu (Neophyti 1, Targum Palestinense ms. de la Biblioteca Vaticana: Números, publié par Alejandro Díez Macho, 1974 - books.google.fr).

Malkhut est parfois identifiée à la Shekinah, où comme lieu de son exil. La Shekinah est dite aussi présence de Dieu en exil.

« So malkhut is called the "descent," meaning the descent of the shekhinah. Malkhut is also called the "lower mother" as against the "higher mother" of Binah » (Harold Bloom, Gershom Scholem, 1987 - books.google.fr).

Ainsi la chute de l'aérolithe peu représenter la "chute" de Shekina/Malkhut.

Dans l'union de Tiferet et de Malkhut, soit Tiferet descend, soit Malkhut monte.

À un niveau plus spirituel il y a la bénédiction, que Cordovéro définit comme une incitation à l'épanchement de l'influx divin. Mais c'est seulement la prière qui conduit à l'union véritable, dans sa configuration féminine — alors que l'étude de Tora provoque l'union du côté masculin. Cordovéro précise : «Celui qui fait de la Tora son métier unit Malkhut à Tiferet en procédant de haut en bas, alors que la prière ne fait l'union que de bas en haut. C'est pourquoi celui qui s'occupe de Tora est dispensé de prier. » Encore plus haut que la Tora est la louange, le hallel qui correspond à l'union des trois premières sefirot qui se situent au-delà de la Rigueur. Le hallel dépasse les capacités de l'individu et correspond au secret de la communauté (Corinna Coulmas, Exil et redemption dans le 'Sefer Guerouchin' ou 'Livre des Bannissements' de Rabbi Moché Cordovero.”, 1492, l'expulsion des juifs d'Espagne, Centre d'études juives de Paris-Sorbonne, 1996 - books.google.fr).

Un texte du Zohar Hadash suggère fortement que le Hallel est lié à Tiferet et à Malkhut : Il l'avait fait monter (Malkhut) par sa prière auprès du Saint, béni soit-Il (Tiferet), par les chants, les cantiques, les louanges et les hymnes de la prière (Historia judaica, Volume 166, Numéros 1 à 4, 2007 - books.google.fr).

Tintin descend, comme Tipheret, mais en parachute pour "s'unir" à l'aérolithe. En effet sa présence fait naître de multiples créatures.

Le «père et la mère» que le «fils» doit «quitter», ce sont les sefirot supérieures Hokhmah et Binah (Sagesse et Intelligence, symbolisées par les lettres Yod et Hé), et ce déplacement vise son union au degré inférieur des sefirot appelé Malkhout (Royauté), qui est la « femme » du verset de la Genèse (et que la lettre Hé du tétragramme symbolise). Ce «fils» est la sefira Tiferet (Beauté), représentée par la lettre Vav, qui dans le même verset est la conjonction de coordination «et», préfixe du verbe «s'attacher». L'union du Fils avec la Femme, dimension avec laquelle il forme «une seule chair», parachève le processus d'unification des lettres du nom divin accompli par l'action du sacrifice. Ce qui est décrit comme un rapprochement des quatre lettres du nom de Dieu, opération du sacrifice qui regroupe en un tout unifié les composantes du monde divin, permet l'irruption de la «Cause des causes», appellation d'origine aristotélicienne de la notion cabalistique du Eyn Sof (Infini) souvent utilisée dans le Tiqouney Zohar (Charles Mopsick, "Ils ne feront qu'une seule chair", Le commentaire entre tradition et innovation: actes du colloque international de l'Institut des traditions textuelles, Paris et Villejuif, 22-25 septembre 1999, 2000 - books.google.fr).

Dans cette étude je me propose de mettre à l'épreuve mon paradigme en étudiant de manière détaillée le statut du féminin dans l'idée de salut du tiqqun ha-shekhinah, "la rectification de la Présence," développée par Moïse Hayim Louzzatto (1707-1747). La dimension messianique de l'œuvre de Louzzatto a fait l'objet de nombreux travaux ainsi en particulier que sa relation complexe à la théologie hérétique du mouvement sabbatien. Le caractère central du motif du tiqqun ha-shekhinah, la rectification de la Présence divine, dans la pensée eschatologique de Louzzatto, a été relevé par les chercheurs. L'une des principales réformes (taqqanot) qui liaient entre eux les membres du cercle secret des illuminés de Louzzatto, la hevrat mevaqshe ha-shem, la "fraternité de ceux qui cherchent le Seigneur," et étaient formulées dans le contrat d'union (shetar ha-hitqashrut) rédigé très probablement en 1731, Il impliquait l'étude de la tradition kabbalistique "pour la "pour la rectification de la sainte Shekhinah et la rectification de tout Israël. De même, dans 'Adir ha- Marom, son long commentaire de 'Idra' Rabba', l'une des sections les plus absconses du Zohar, composé dans les premiers mois de 1731, Louzzatto remarque que "le premier principe de toute chose et le fondement de toute chose est que l'étude ne devrait exister que pour la rectification de la Shekhinah. Dans un autre passage de cette œuvre, Louzzatto s'exprime de façon encore plus générale dans le cadre d'un commentaire de la description des kabbalistes éclairés, les maskilim, ces "moissonneurs du champ" (mehasde haqla'), au début de 'Ida Rabba' (Zohar 3:127b). La fin véritable de toute action humaine, et non pas simplement l'étude de la Torah, est la tâche messianique du tiqqun ha-shekhinah. Plus précisément Louzzatto compare les commandements traditionnels (miswot) aux divers travaux que l'on fait dans un champ. Par la pratique des rites on plante des semences de lumière dans le féminin comme le fait un fermier qui ensemence la terre.

La signification théurgique de l'acte d'ensemencement de la terre est implicite dans la citation que fait Louzzatto du verset "un roi est asservi aux champs", melekh le-sadeh ne'evad (Ecclésiaste 5:8). Le labeur des justes en bas qui travaillent le champ par l'observance des rites stimule le labeur du roi en haut qui travaille le champ, ce qui est symbolique de l'union sexuelle de Tif'eret et de Malkhut. A l'époque de la moisson, cependant, la tâche consiste à tirer la lumière du féminin pour le bien de ceux qui sont en dessous. Par la pratique des rites on plante des semences de lumière dans le féminin comme le fait un fermier qui ensemence la terre (Elliot R. Wolfson, Le Tiqqun ha-Shekhinah: Rédemption et résolution du dimorphisme sexuel dans la Kabbale messianique de Moïse Hayyim Luzzatto, Pardès, Numéro 24, 1998 - books.google.fr).

David et Shekina

Cette Sephirah ayant pour fonction de « venger » l'Alliance, elle chassa de son royaume le roi Saûl qui avait négligé ses commandements et remit ce royaume à David. Voilà pourquoi Malkuth s'appelle usuellement Maison de David. Cette « mesure » ne quitta point David et exerça la vengeance de ce dernier contre ses ennemis, d'où le Psaume XVIII, 38 : « Je poursuivrai mes ennemis, je les atteindrai, je les accablerai de mes coups et ils ne pourront subsister. » David fut fut fidèle à Malkuth et en reçut son royaume comme présent. C'est elle qu'il avait coutume d'implorer : « Je crierai vers Vous, Dieu Tétragramme et je répandrai mes prières vers Adonaï » (Ps. XXVIII, i et XXX, 9). C'est sous sa conduite qu'il défit ses ennemis (Ps. XXXV, 22-23). Son premier désir allait toujours vers Malkuth : « Adonaï, vers Toi se tourne tout mon désir... » (Ps. XXXVIII, 10) et « Car je T'ai attendu. Seigneur et tu m'as répondu, Adonaï » (Ps. XXXVIII, 17). Il en est de même au Psaume XXXIX, 8. Dans les tribulations, c'est toujours en Elle qu'il cherchait refuge, cf. Ps. LXXVII, III et LXXXVI, 3. (Études traditionnelles, Numéros 313 à 320, 1954 - books.google.fr).

L'aérolithe devient un vrai jardin, image de Malkuth.

Sçavoir si le paradis terrestre subsiste encore, personne n'en peut rien établir de certain, parce que depuis qu'Adam en fut chassé, il ne se trouve personne qui y ait été, ou qui nous en puisse donner des nouvelles. Au contraire plusieurs croient qu'il fut submergé, & qu'il périt sous les eaux du déluge, qui inondèrent toute la surface de la terre; & qu'Henoch dans ce tems-là fut transporté dans un lieu de plaisirs & de délices, qui est ce que signifie le mot, Eden, où il est encore avec le Prophète Elie. D'autres soutiennent qu'il n'est point péri sous cette inondation générale, & qu'il subsiste encore, dans un lieu inaccessible à tout le monde. Si cela est, d'où vient que Dieu aprés en avoir chassé Adam, mit à la porte un Chérubin, armé d'une épée flembloïante, pour empêcher que personne n'y entrât, & ne fit ses efforts pour aller manger du fruit de l'arbre de vie. Si le paradis subsistoit, cet Ange y feroit encore en sentinelle, & quelque Voiageur l'auroit rencontré : ce qui ne se lit point (Honoré Simon, Le grand dictionnaire de la Bible, ou Explication littérale et historique de tous les mots propres du Vieux et Nouveau Testament, Tome I, 1768 - books.google.fr).

La taille considérable des créatures

Ce qui va importer maintenant, dans la perspective de la réalisation du Projet divin, est la construction de Malkhout, que l'on peut décrire du point de vue de la créature comme la prise de conscience de la souveraineté du Créateur sur Sa Création. Un processus complexe qui se déroule sur la durée de l'histoire, depuis la pénétration des Hébreux en Canaan jusqu'aux jours de la délivrance finale de tous les exils (David Saada, Le point intérieur: méditations sur les lectures hebdomadaires de la Torah, 2008 - books.google.fr).

Josué avait envoyé des explorateurs avant la conquête de la terre. Ces derniers lui rapportèrent une énorme grappe attachée à un bois. Clément d'Alexandrie applique ce symbole au Christ : La grande grappe, c'est le logos pressé pour nous. Le Christ est donc la grappe attachée au bois de la terre promise. Le repos, c'est-à-dire la terre promise, s'identifie au Christ signifié dans cette grappe. Bien plus, les deux porteurs ne sont pas en situation identique. Celui qui ouvrait la marche ne voyait pas son compagnon, ni la grappe. Celui qui fermait la la marche voyait la grappe et son compagnon. Ainsi en est-il de l'Ancien et du Nouveau Testament. Seul le Nouveau Testament peut contempler le Christ et l'Ancien Testament qui ouvre la marche. Pour Origène Josué devient la figure du Christ par la ressemblance de son nom et aussi par sa fonction d'introducteur dans la terre promise. Origène greffe sur le thème de la terre promise celui de la chute de Jéricho avec l'épisode de Rahab qui reçut les envoyés de Josué et les sauva du roi de Jéricho. La tradition chrétienne avait célébré la foi de Rahab et avait exploité la typologie du cordon d'écarlate (1 Clément 12). Rahab était ainsi élevée au rang de symbole des Gentils rachetés par le sang du Christ (Tertullien, Adv. Judaeos, 10) (Frédéric Manns, Jésus, fils de David: les Évangiles, leur contexte juif et les Pères de l'Église, 1994 - books.google.fr).

Nicolas Poussin, L'Automne (entre 1660 et 1664), Louvres - fr.wikipedia.org - Liste des peintures de Nicolas Poussin

Malkuth et île

Au terme du premier chant du Purgatoire, le Poète et son guide, Virgile, abordent le rivage de "l'isoletta", la petite île ou l'îlot du Purgatoire (v.130 à 132) :

"Puis nous venons au rivage désert qui onc ne vit ses ondes naviguées d'homme sachant l'art de rentrer ensuite.". Comme l'ont souligné les commentateurs, une discrète allusion au voyage d'Ulysse, au début de l'Odyssée, à qui le Poète fait dire au chant XXVI de l'Enfer, v.97 à 99 : rien ne put étouffer en moi l'ardeur de prendre encor connaissance du monde, et des vices humains et des vaillances.[...]

Vices et Vertus, c'est cela même qui structure le voyage au Purgatoire.[...]

Notons que le symbolisme de l'île, renvoie tout à la fois à l'idée d'un "centre ou d'un but spirituel", atteint après navigation périlleuse et un refuge contre les eaux tumultueuses, ou encore "une terre promise". Et à ceci s'ajoute une connotation connotation de "fragilité", soulignée, précisément, par la dimension réduite de "l'isoletta"... Sur celle-ci débarquent les âmes bienheureuses, rescapées du royaume de la Damnation. Transposé en termes d'alchimie spirituelle, l'île symbolise le lieu dans lequel s'opère le Grand Œuvre, dans sa phase "blanche", sur un plan opératif, et, en parallèle, la transmutation spirituelle de l'Adepte.[...]

Le Paradis Terrestre est rattaché par le Poète au Purgatoire, et que nous pouvons associer à la sephirah Malkuth, "le Royaume", lieu "d'Incarnation" pour l'Homme. Par ailleurs, les âmes bienheureuses, dans la Kabbale, sont les Ishim, en correspondance avec Malkuth, au terme du 29e sentier, concluant à l'union étroite du Corps et de l'Esprit (Robert Bonnell, Dante: le grand initié : un message pour les temps futurs, 2002 - books.google.fr).

Il existe donc une mise en relation de Malkuth avec l'île, au moins chez Dante, au Moyen Âge. Mais aussi chez Christian Knorr von Rosenroth, au XVIIème siècle.

La comédie spirituelle des Noces du Christ et de l'âme du Silésien Christian Knorr von Rosenroth, publiée pour la première fois en 1694, est une des œuvres les plus mal connues de la mystique allemande baroque. Nous y trouvons, à l'aube du piétisme, les thèmes directeurs de la théologie mystique germanique au XVIIe siècle, exposés curieusement dans une pièce à grand spectacle.

La pièce se déroule dans un décor grandiose, Majorica, entendons, Majorque, « une île espagnole en Méditerranée », avec palais, colonnades, bois sacrés, ermitage, la mer en arrière-plan. Chacun des cinq actes (que l'auteur appelle Abhandlungen), s'achève par un ballet où l'on voit, successivement, s'affronter la vertu et le malheur (acte I), la ruse et l'hypocrisie (II), la joie de mourir, le suicide et l'immortalité (III), les vertus crucifiant Cupidon (IV), enfin, l'amitié, l'amour et la mort (V). Prose et poésie alternent tout au long de la pièce.

La symbolique à laquelle a recours Christian Knorr von Rosenroth concerne tout d'abord les personnages. Les héros ne sont pas tant les protagonistes d'une comédie que ceux d'un; drame religieux et mystique. L'auteur nous donne la signification du nom arabe de chaque personnage. Le roi de Majorque, Almelic, n'est autre que Dieu le Père, et Mamsuh, son Fils, Jésus : « Le nom de Mamsuh est lui aussi arabe, il signifie en quelque sorte l'oint, et il s'agit du Christ, le Seigneur qui s'est rendu en ce monde » (p. 213). Ginni est Satan, et Dahar le monde, « c'est-à-dire la foule des méchants qui s'assurent la maîtrise de la vertu » (p. 229). Quatre personnages désignent les hommes à la recherche du salut : Fadil, le héros, est la vertu, plus précisément, « la vertu agissante d'une âme élevée, sous la direction de laquelle celle-ci ne cesse de s'efforcer de pratiquer le bien, en suivant avec assiduité un état moyen » (p. 212), entendons, une voie intermédiaire entre l'attitude animale et la véritable « condition du bien suprême en ce monde temporel ». Nasima, que Fadit aime, est l'âme. Au cinquième acte, les juges ouvrent l'habit de Fadil et de Nasima ; ils découvrent sur le cœur une tache de naissance qui révèle qu'ils sont jumeaux, tous deux nés de la princesse Mamlaca. Celle-ci désigne le royaume, « le degré inférieur de la révélation de la divinité, d'où jaillit l'âme, puis la vertu, égales de Dieu, la tache de naissance symbolisant l'intellect inné » (p. 254).

Ce syncrétisme où les éléments chrétiens traditionnels (Dieu, Jésus, le diable, la vertu, l'âme) se mêlent à la psychologie scolastique et même à des emprunts cabbalistiques (Mamlaca rappelle la royauté de Dieu, Malkhuth, le dixième Sephiroth, selon la représentation classique du Zohar), nous le retrouvons dans la symbolique qui a trait au lieu et au temps de l'action. Le théâtre principal est une île, parce que Fadil veut se retirer du monde.

La mer qui sépare le continent de Majorque, et où Nasima, l'âme, fait naufrage, c'est l'Ecriture sainte, ballottée au gré des vents, parcourue par les brigands, entendons, par ses interprètes. L'action se déroule d'autre part à la veille d'un grand événement : le jugement des coupables et la remise du royaume d'Almelic à Mamsuh. Il s'agit bien entendu de la venue du règne du Messie : « II faut que le christianisme commence avant la nuit ; le lendemain est le jour sans nuit, où triomphe et éclate dans l'âme le royaume du Messie » (p. 229). C'est cette date que le diable, Ginni; veut repousser le plus loin possible. C'est sur la base de ces multiples allégories qu'il est possible d'interpréter l'action riche en péripéties, en particulier; les rapports complexes de Fadil, de Nasima, d'Adibe. La psychologie mystique de Christian Knorr von Rosenroth ne considère pas l'âme comme une unité, entraînée tout entière et sans conflit vers la nouvelle naissance. Ce que veut montrer la comédie spirituelle, c'est que l'âme, sur la route qui la conduit à l'union avec Jésus, entre en rivalité avec deux forces particulières : Adibe, la vie sensible, les passions, et Fadil, la vertu. Le premier combat est classique en science mystique : il concerne le dépouillement nécessaire de l'âme avant l'union et la mort progressive des puissances de l'âme. Il faut que l'esprit tout entier soit purifié de toute émotion et que l'homme parvienne à ce que l'auteur nomme le calme et le repos essentiels du contentement total » (p. 216). Un poème de cinq strophes, dès la première scène du premier acte, décrit, la quiétude qui règne après l'orage et la tempête ; cependant, aucune paix extérieure, aucune printemps, aucun retour au foyer ne sont comparables à la tranquillité véritable qui gagne l'âme parvenue au port. Un des premiers devoirs du chrétien est donc de dominer ses passions. Mais, d'autre part, l'auteur tient à séparer une simple philosophie stoïque de la voie du Christ : dans la, première, vertu et passion ne peuvent demeurer côte à côte ; la guerre dans laquelle elles sont engagées vise à l'élimination totale de l'ennemi. Dans la seconde, le soutien surnaturel du Christ élève les passions, au point qu'il devient par la suite impossible de les distinguer de la vertu. Cette modification du schéma boécien au profit de la nouvelle catharsis chrétienne, de la nouvelle ataraxie mystique, nous la retrouvons lors de l'analyse des relations qu'entretiennent Fadil et Nasima. Fadil, l'ermite de Majorque, commet une faute essentielle : il croit que l'on peut de soi-même parvenir à la félicité. Or, la vertu n'est rien sans Jésus, sans le rayonnement constant du bien incarné. Le stoïcisme n'a de sens que revu par le christianisme (Bernard Gorceix, Mystique et théâtre au XVIIe siècle en Allemagne : « La comédie spirituelle des noces du Christ et de l'âme » de Christian Knorr von Rosenroth (1636-1689). In: Revue de l'histoire des religions, tome 178 n°2, 1970 - www.persee.fr).

Le pont d'Avignon

Pendant une éclipse de soleil, la voix Jésus appelle le jeune Bénézet, né à Hermillon, gardien des brebis de sa mère et dont le père n'est pas mentionné, à se rendre à Avignon au bord du Rhône et à y construire un pont. Pour traverser le fleuve, il fait appel à un nocher juif qui lui réclame de l'argent alors que Bénézet souhaite que ce soit pour l'amour de Dieu. A la fois béni (benedictus) et parlant bien (bene dictus), Bénézet accomplira sa mission.

Marquée par la présence d'un pont mythique, Avignon sera le siège de la papauté, du souverain pontife, du nom des prêtres romains constructeurs de pont puis administrateurs du sacré. Bénézet est fêté le 14 avril, près de la date de Pâques (de l'hébreu Pessah "passage") (Philippe Walter, Saint Bénézet et le pont d'Avignon, Les ponts au moyen âge, 2006 - books.google.fr).

Un comunauté juive vivait à Avignon (les juifs du pape) et dans le Comtat Venaissin, quand la région appartenait à la papauté. Nostradamus en était originaire.

Isopséphie et caillou

Gramazie, ancienne Gramatia, a été liée à la gematria, ancienne geometria ou bien gramatia/gramatica. Le nom de Calys, a résonnance grecque, pousse a considéré l'isopséphie grecque, corollaire de la gématrie hébreue.

calyx ("kalux" : coupe, calice) vaut 511 ; psèphos (caillou, pierre, vote) 1478 ; mais chalix qui veut dire aussi caillou vaut 701, comme tau, augoeides (très haut génie), hyalos (verre, cristal), keleusma (commandement) (David Godwin, Light in Extension: Greek Magic from Homer to Modern Times, 1992 - books.google.fr).

Malkuth en hébreu vaut 496, date officielle de la conversion de Clovis, et 511, valeur de calyx, est la date de sa mort.

Tintin rapportera le nouveau métal découvert par le professeur Calys par le spectrogramme de l'aérolithe sous forme d'un gros caillou. Calys proposera à Tintin de vérifier les calculs (de calculus : caillou en latin) en lui jetant dans les bras les feuilles sur lesquels ils ont été faits. Dessus on peut remarquer quelques nombres : 387 (suivi de plusieurs zéros) valeur ipsoséphique de diabolos (diable) ; 344 : hodos (chemin) ; 941 : Philas (Dionysos) (www.jwmt.org).

Le tungstène est un élément chimique du tableau périodique de symbole W (de l'allemand Wolfram) et de numéro atomique 74. Son nom provient du suédois « tung » (lourd) et « sten » (pierre) et signifie donc « pierre lourde » (fr.wikipedia.org - Tungstène).

Le suffixe "stène" du calystène désigne le nouvel élément comme "pierre".

La Silésie

Champigons

Il y a tant de champignons en Silésie, que les gens de la campagne s'en nourrissent pendant l'été, & en font sécher au four pour l'hiver. (Collection académique, chez François Desventes, 1766 - books.google.fr).

Yes; Boletus edulis is very nice—to those who like it—say the Silesians.) I have seen in Silesia at every cottage strings of some Boletus hanging up to dry, but the Silesians are extremely poor, and no doubt will eat everything that can be eaten with impunity (Gardeners Chronicle & New Horticulturist, Haymarket Publishing, 1880 - books.google.fr).

On mange en Silésie le Sparassis crispa, excellent champignon, genre clavaire, qui n'a rien avoir avec la forme de celui de L'Etoile (Dictionnaire des sciences naturelles, Volume 53, 1828 - books.google.fr, Joseph Roques, Histoire des champignons comestibles et vénéneux, 1852 - books.google.fr).

En Silésie, on donne le nom de "Brachbulz" à l'agaric comestible, ou champignon de couche, agaricus edulis (champignon de Paris) (Dictionnaire des sciences naturelles, Tome V, Le Normant, 1817 - books.google.fr).

In a legend from Silesia, poisonous mushrooms grew when the Devil, who was in a bad mood, was walking through the woods and met up with an old woman. He cut her into pieces and scattered the pieces around on the ground. Mushrooms as wrinkled as an old woman sprang up wherever the pieces of her body fell. In a Germanic myth, Woten, the highest god, rode through the forest one night every winter with his dogs and followers behind him. Devils pursued Woten all the way, and his horse, Sleipnir, ran so fast that drops of bloody foam fell from his mouth. Wherever the foam fell, mushrooms sprouted the following spring. These were poisonous mushrooms, the fly agaric, which have red caps with white spots (Tamra Andrews, Nectar & Ambrosia: An Encyclopedia of Food in World Mythology, 2000 - books.google.fr).

Dans L'Etoile mystérieuse, les couleurs sont inversées, taches rouges sur chapeau blanc comme pour l'Agaricus bolaris ou le Cortinarius.

Henri Godefroi comte de Mattuschka, botaniste silésien, naquit à Jauer le 22 février 1734. Il s'adonna successivement à la jurisprudence, aux mathématiques, à l'astronomie, et finit par s'occuper exclusivement de botanique et d'économie rurale, sciences dans lesquelles il acquit une grande réputation. Il mourut le 19 nov. 1779. On lui doit une Flore de Silésie (Flora Silesiana), très estimée et souvent consultée, Breslau, tome I, 1776; II, 1777; III, 1779, in-8 (Biographie universelle, ancienne et moderne, etc, Volume 73, Michaud, 1843 - books.google.fr).

Chaque collectionneur de cartes postales avec motif «champignons» sait que les objets de sa convoitise se classent dans plusieurs catégories. Il y a d'abord les cartes éditées dans un but éducatif: celles-ci montrent les espèces, distinguées comme comestibles ou vénéneuses, parfois avec une légende descriptive. Par exemple, une série très recherchée des années 20 montre les planches qui ont illustré un des premiers guides français, c'est-à-dire le «Nouvel Atlas cle Poche des Champignons Comestibles et Vénéneux» par Paul Dumée, édité par Klincksieck, Paris 1905. Parmi les autres catégories on trouve les cartes humoristiques, les illustrations de contes de fées, les champignons anthropomorphes et même des reproductions de peintures ayant comme sujet ces cryptogames. Pourtant, depuis bientôt un siècle la majorité de ces cartes montrent l'amonite tue-mouches (Amanita muscaria) comme porte-bonheur. Ce rôle est rarement attribué à d'autres champignons, bien qu'en Allemagne on ait édité des cartes - surtout à la Belle Époque - où figure le cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) comme «Glückspilz» (Schweizerische Zeitschrift für Pilzkunde: Bulletin Suisse de mycologie, Volumes 77 à 78, 1999 - books.google.fr).

Lorsque j'étais en Hollande occupé de cette besogne [envoyé par Frédétric II de Prusse pour arrêter l'impression de son livre L'Anti-Machiavel], Charles VI mourut au mois d'Octobre 1740 d'une indigestion de champignons, qui lui caufa une apoplexie; & ce plat de champignons changea la destinée de l'Europe. Il parut bientôt que Fréderic II, Roi de Prusse, n'était pas aussi ennemi de Machiavel, que le Prince Royal avait paru l'être. Quoiqu'il roulât déja dans fa tête le projet de son invasion dans la Silésie, il ne m'appella pas moins à sa Cour. Je lui avais déja signifié que je ne pouvais m'établir auprès de lui, & que je devais préférer l'amitié à l'ambition; que j'étais attaché à Madame du Châtelet, & que philosophe pour philosophe, j'aimais mieux une Dame qu'un Roi; il approuvait cette liberté, quoiqu'il n'aimât pas les femmes. J'allai lui faire ma cour au mois d'Octobre. Le Cardinal de Fleury m'écrivit une longue lettre pleine d'éloge pour l'anti-Machiavel & pour l'Auteur; je ne manquai pas de la lui montrer (Mémoires pour servir à la vie de Voltaire, écrits par lui-même, Volume 6, 1784 - books.google.fr).

Cette invasion de la Silésie rappelle celle de la région des Sudètes, une des causes de la seconde guerre mondiale, déclenchée quelques années avant le début de la publication de L'Etoile mystérieuse.

Le repos chez Angelus Silesius

Pages 38 à 41 se déroule l'histoire du faux SOS (Save Our Soul) qui empêche Tintin de dormir toute une nuit. Le lendemain Haddock lui dira d'aller prendre du repos.

Nous masquerions notre inquiétude fondamentale dans les plaisirs vains de ce monde et nous oublierions le véritable port d'arrivée : le repos en Dieu. Le monde pour Augustin n'est pas une fin en soi, c'est pourquoi il ne faut pas nous y arrêter ni nous y installer. C'est un lieu de passage vers une réalité plus profonde et plus stable, seule capable de nous donner le repos. Cette réalité, la la Bible l'appelle le Royaume de Dieu ou notre patrie céleste ; c'est là que se trouve notre bonheur véritable. C'est pourquoi, selon Augustin, il «faut user de ce monde, non en jouir ». La même chose est dite, de façon très poétique dans un apocryphe du Nouveau Testament : « Ce monde n'est qu'un pont. Traverse-le, mais n'y construis pas ta demeure. Dans le même ordre d'idées, voici quelques paroles d' Angelus Silesius (1624-1677), destinées « à ceux qui aiment ce monde ». Ces vers résument bien toute cette insatisfaction du désir qui peut mettre en route dans la voie mystique, alors que l'installation, l'« embourgeoisement », la jouissance de ce monde nous font stagner et oublier notre origine et notre vraie destination. Dans cette perspective, l'impuissance même du désir peut avoir un sens positif : si nous ne nous satisfaisons pas des biens relatifs, si nous passons de l'un à l'autre en nous en lassant, c'est que, même si nous ne le savons pas encore, un autre Bien nous attire. Notre in-quiétude, notre manque de repos, l'instabilité de notre désir ne sont alors que les signes de l'excès d'un amour trop grand pour ce qu'il aime, parce qu'il se trompe d'objet. Créé par Dieu pour Dieu, ce n'est pas sans raison qu'il refuse d'interrompre sa quête jusqu'à ce qu'il ait enfin trouvé le seul objet en qui il puisse se reposer.

« Parce qu'elle est faite pour l'éternité, l'âme ne trouve aucun repos véritable dans les choses de ce temps : C'est pour moi une énigme que tu aimes tellement ce monde / Et que tu prennes appui et t'engages sur l'éphémère » (Le Pèlerin chérubinique, IV, 128).

Notons que, par son expérience mystique, Angelus Silesius corrige fondamentalement les images utilisées pour exprimer cette inadéquation avec le monde qui nous pousse à chercher notre « vraie patrie ». Il n'utilise pas d'images géographiques : la patrie terrestre contre la patrie céleste. Il n'y a pas non plus une coupure due à la mort, comme si ce n'était que dans l'au-delà, après la mort, que nous pouvions toucher au terme du voyage. Angelus Silesius parle d'une sorte d'exil intérieur, et le mystique découvre alors dans son expérience que sa vraie patrie est elle aussi une réalité intérieure. L'éternité est donc à vivre dans la plénitude de l'Instant Présent, elle n'est pas à chercher dans un autre lieu ni dans un autre temps, mais elle est l'accès à une dimension intime insoupçonnée. [Les] mystiques restent cependant toujours des hommes et des femmes de désir, même dans l'expérience d'union, et dans le repos en Dieu. Le vrai Dieu expérimenté dans la prière exacerbe ce désir à l'infini mais ne le comble pas.

Le livre le plus célèbre d'Angelus Silesius (dont le vrai nom est Johannes Scheffler) est Le Pèlerin Chérubinique. Il est composé de six livres, où sont rassemblés de nombreux poèmes très courts, le plus souvent en deux ou quatre vers (Michel Cornuz, Le ciel est en toi: introduction à la mystique chrétienne, 2001 - books.google.fr).

Le monde est comme « un pont » selon l'interprétation déjà proposée par Joachim Jeremias dans Les paroles inconnues de Jésus dès 1947. J. Jeremias renvoie à une inscription de la grande mosquée de Fathpur Sikri au Nord de l'Inde qui est attestée aussi en Occident au Moyen Âge : « Jésus - la paix soit sur lui - a dit : "Le monde est un pont. Passe dessus, mais ne t'y établis pas à demeure !". Cette parole apocryphe de Jésus a marqué plusieurs exégètes, car cette interprétation se retrouve encore dans quelques commentaires de l'Évangile selon Thomas (Jean Daniel Dubois, L'interprétation du Logion 42 de l'Evangile de Thomas, Colloque international "L'Évangile selon Thomas et les textes de Nag Hammadi", 2007 - books.google.fr).

"Brachbulz" désigne en Silésie le champigon de "jachère" c'est-à-dire de "repos" de la terre. Les champignons de l'île mystérieuse annoncent en effet la fin de l'histoire, le repos bien mérité.

S'il est Silésien, — « Angelus Silesius » — , on peut dire, sans excès de subtilité, qu'il se sent lié à la Silésie éternelle; non, spécialement, à la mosaïque de principautés disputées entre les influences locales et le pouvoir impérial qu'elle était au XVIIe siècle, mais à la terra mystica par excellence de l'Allemagne (Henri Plard, La mystique d'Angelus Silesius, 1943 - books.google.fr).

Certaines lignes de Silesius admettent quelques rapports avec l'album de L'Etoile mystérieuse.

Ton nom subsistera en Dieu autant que Dieu, et ne prendra pas fin avec la fin du monde ; le roc, sur lequel tu t'es si fermement fondé, nulle tempête ne l'entamera de toute l'éternité. Que les hommes soient hommes, que les bêtes restent bêtes, un esprit que les dieux reçoivent dans leur cercle est libre de tout hasard, n'est plus touché de ce qui inquiète et séduit autrement les mortels. Qu'elle est belle, la louange de celui que célèbrent les anges de Dieu, à qui les êtres célestes témoignent tout leur amour et toute leur faveur ! La louange qui naît dans le monde et du monde dure comme une fumée qui se dissipe en l'air. (Angelus Silesius, Cherubinischer Wandersmann, traduit par Henri Plard, 1946 - books.google.fr).

Lorsqu'une ordonnance allemande contraint les juifs à porter l'étoile jaune, plusieurs normaliens choisissent de mettre une petite pochette jaune à leur boutonnière, au moment de se rendre à la messe. Plus audacieux le littéraire Henri Plard, fils d'enseignants, protestant, décide d'arborer le dimanche 7 juin 1942 une étoile jaune - il a entendu au temple de l'Oratoire un sermon critiquant la décision des nazis. Il accompagne un ami à la messe à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, et est invité par un agent de la Gestapo en civil à exhiber ses papiers. ll est arrêté sur le champ comme «ami des juifs» et interné pour trois mois au camp de Drancy. ll doit sans doute sa libération au fait d'être l'élève d'un professeur d'allemand bien vu des autorités d'occupation. Plard est reçu premier à l'agrégation d'allemand en 1943; cette même année, il se laisse convaincre avec un autre normalien, d'origine alsacienne, de participer à un ouvrage collectif en hommage à Hôlderlin, à l'occasion du centenaire de la mort du poète. Publié par l'éditeur collaborationniste Sorlot, l'ouvrage, voulu par le directeur de l'Institut allemand de Paris, entendait contribuer à la collaboration intellectuelle entre les élites des deux pays. On mesure à cet exemple l'ambivalence de bien des attitudes, même chez les meilleurs, au temps des années noires. Après la guerre, devenu universitaire à Bruxelles, Plard s'est imposé comme l'un des principaux traducteurs d'Ernst Jùnger (Patrick Chabanel sur Les études et la guerre, Les normaliens dans la tourmente. (1939-1945) de Stéphane Israêl, 2005 - books.google.fr).

La tulipe

Dans la version originale, le « puissant financier de New York » nommé « Blumenstein », a les traits correspondant aux caricatures de Juif que l'on trouvait à l'époque (fr.wikipedia.org - L'Etoile mystérieuse).

Von Blumenstein, farceur selon Goethe, fut un ami de l'écrivain quand il était capitaine, et mourut général major prussien en Silésie (Katharina Mommsen, Die Türken im Spiegel von Goethes werk, Goethe Jahrbuch, 1995 - www.katharinamommsen.org).

Mais l'ex Blumenstein fait place en 1954 à Bohlwinkel.

En bruxellois, « bollewinkel » — que Hergé orthographia « Bohlwinkel » pour changer un peu — signifie « une boutique de confiserie ».

Mais si on établit un lien entre Blumenstein (la pierre fleurie ou le rocher fleuri) et Bohlwinkel alors ce dernier nom trouve une origine allemande et serait la concaténation de Bolle (le bulbe) et Winkel un nom propre en laison avec les bulbes de tulipes, Wouter Winkel, ou bien avec le nom que les Mennonites donnaient à leurs conventicules. Les Mennonites seront des intervenants dans le commerce des tulipes dans les Provinces Unies. Notons que Blumenstein se rapproche fort du néerlandais "Bloemisten" qui désigne le fleuriste. Dans la bande dessinée, Bohlwinkel ne porte-il pas une fleur (un oeillet) au revers du veston ?

Angelus Silesius semble avoir rencontré des Mennonites dans son séjour en Hollande et utilise la tulipe dans son Pèlerin chérubinique : Dieu aime beaucoup la chasteté / La chasteté, pour Dieu, pure et forte, a le prix / Qu'auprès d'une tulipe ont centaines de lys.

Aussi les fleurs apparaissent-elles jusque dans la poésie mystique, où Jésus est fréquemment nommé « Rosengarten » ou « Feld voll Blumen » (« jardin de roses » ou « champ de fleurs »). Une pièce des Saintes Délices de l'âme le métamorphose en fleur (Die Psyché liebet jhn als jhre Blume). Silesius l'assimile à maintes reprises au lis, au narcisse, à la rose, à la jacinthe, à la violette ou à la tulipe : « Du bist mein schönster Lilgenzweig ». Ces rapprochements, conséquence du principe de la contrefacture, vont jusqu'à la transposition des jeux de mots traditionnels du lyrisme galant, tel celui qui porte sur le nom de la fleur « Tausendschôn » : « Biss gegrüsst, du Tausendschöner, Lilgenweisser Nazarener. »[...]

Au nombre des fleurs exotiques, il faut citer avant tout la tulipe, importée par les Turcs, et le safran. Les Silésiens avaient alors un goût spécial pour la botanique : Kaspar Schwenkfeld, mort en 1609, le « Pline silésien », avait donné une flore renfermant les plantes les plus rares. Dès le début du XVIIe siècle, on trouve en Silésie l'agave, la jacinthe, le tabac, la tulipe, connue en Allemagne en 1560, etc. (A. Moret, Les différentes conceptions de la nature et du paysage dans le lyrsime allemand du baroque, Revue germanique, Volume 27, 1936 - books.google.fr).

Silesius passa quelques année à Leyde, de 1644 à 1646, et il n'en a rien révélé, "abstraction faite de quelques phrases tardives. Pourtant, on peut entrevoir ce que Scheffler cherchait à Leyde — et l'idéal, tout différent, qu'il y a trouvé. A Breslau, déjà Scheffler nomme parmi les humanistes que lui a révélés Koler les trois lumières de l'Université hollandaise : le « grand Scaliger » et deux vivants : le Gantois Heinsius, le Dijonnais Saumaise. Comme bien des jeunes Silésiens, il va enrichir à Leyde la culture de son gymnase luthérien, fondé sur le respect des Anciens et de l'Ecriture sainte. Or, il est remarquable qu'Andreas Gryphius et lui s'écartent fortement de l'humanisme après après leur passage à Leyde. L'un d'eux résumera plus tard son désenchantement dans la formule fameuse : « mundus pulcherrimum nihil », l'autre dans le titre d'un sonnet : « Quantum est quod nescitur ! ». Singulières leçons à tirer de Leyde. Ces deux âmes également fougueuses et mélancoliques semblent avoir éprouvé dans la capitale de l'humanisme protestant la vanité du savoir humain (« summa scientia nihil scire, nisi Christum », dira Silesius), cependant que des formes nouvelles de religion s'ouvraient à leur recherche. Le théâtre de Vondel, hostile à l'orthodoxie calviniste, n'aurait-il pas eu dans l'histoire intérieure de Gryphius la même puissance de renouvellement que Scheffler trouvait dans l'enseignement des sectes ? Cette évolution est facile à suivre chez Gryphius, qui s'interroge à plusieurs reprises, dans ses années de Leyde, sur le sens de la vie et la valeur de la science. Quant à Silesius, M. Baruzi présente avec une extrême finesse ces problèmes difficiles; il souligne à plusieurs reprises qu'il est impossible de rien prouver. Mais certaines virtualités ont une telle force qu'il serait superficiel de ne pas les discuter. Un trait de ces pages, entièrement nouveau, nous semble-t-il, doit être relevé : la part qu'a dû prendre dans la formation de Scheffler le « stoïcisme stoïcisme chrétien » — la pensée stoïcienne atteinte à travers Juste-Lipse (cf. p. 125). Il est plus douteux qu'il ait eu sous les yeux dès ce moment, comme l'admet M. Baruzi, les de Caspar Schwenkfeld ; Silesius atteste en 1664 que le nom de celui-ci est inconnu en Hollande (p. 147), ne faut-il pas lui faire crédit, et supposer, comme plus naturel, qu'il l'a lu après son retour, dans sa Silésie, pleine de schwenkfeldiens (cf. les Sâmtliche poetische Werke, éd. Ellinger, II, p. 450) ? M. Baruzi note très justement que dans cette polémique de 1664, Scheffler répond avec précision sur le point de ses rapports avec les schwenkfeldiens et les «libres esprits», mais que pour les Mennonites, il est moins affirmatif. En fait, accusé par un pasteur de les avoir fréquentés, il s'en tire par un faux-fuyant : il ne sait même pas, dit-il, où se trouve à Leyde «une église» mennonite ou anabaptiste; mais les Mennonites, et il ne pouvait l'ignorer, tenaient des conventicules — « Winkel » ; c'est le mot propre dont se sert son adversaire. M. Baruzi interprète cette dérobade comme un demi-aveu, avec raison. Je crois donc douteux qu'il ait « pénétré de très bonne heure Schwenkfeld» (p. 128), et Sebastian Franck; pour ce dernier, le fait que le terme de « paradoxa » se trouve dans la préface du « Voyageur chérubinique » n'est qu'une légère présomption de son influence." (Henri Plard, Une nouvelle étude sur Angelus Silesius, Études germaniques, Volume 7, Société des études germaniques, 1967 - books.google.fr).

À bien lire Le Temps du monde, troisième volume de la magistrale histoire économique de l'Europe du grand historien français Fernand Braudel, on comprend que la spéculation financière n'était pas absente des grandes villes (Venise, Anvers) qui dominent le continent à partir du XIVe siècle. Un peu plus tard, les marchands génois du XVIe siècle finissent même par se détacher de l'économie réelle pour développer leurs activités dans la finance afin de gérer au mieux l'abondance de leurs liquidités. Mais, en attendant des études plus poussées sur ces périodes reculées, la mère des folies spéculatives, celle que ne peut manquer de rencontrer tout économiste qui s'intéresse aux crises financières, se situe dans la Hollande du XVIIe. Elle a d'autant plus facilement marqué les mémoires qu'elle a eu pour objet original de simples bulbes de tulipe ! Les archives des grandes villes des « Provinces Unies », comme on disait à l'époque, attestent bien que les mois de décembre 1636 et janvier 1637 ont été marqués par une frénésie spéculative dont on verra que les instruments ne sont pas sans rappeler la période contemporaine.

Impossible de s'intéresser à la tulipomania hollandaise sans croiser Wouter Bartholomeusz Winkel. La vie n'a pas été tendre avec lui : il meurt en 1636 alors qu'il n'a pas quarante ans, après avoir perdu sa femme de nombreuses années plus et élevé seul ses sept enfants. [...] Tenancier d'auberge dans la ville d'Alkmaar, Winkel a la bonne idée de s'intéresser aux tulipes avant la hausse des prix des bulbes qui démarre àla fin 1634 et progresse durant l'année 1635. Il devient ainsi un bloemisten, un fleuriste, ce qui dans le langage de l'époque signifie un acheteur et vendeur de fleurs, en particulier les plus prisées, les tulipes.[...]

Les dirigeants de l'orphelinat où sont recueillis ses enfants n'autorisent la vente qu'en décembre et les enchères se tiennent le 5 février 1637, faisant d'eux de riches orphelins.[...]

Toutes les décisions législatives, au niveau fédéral ou national, viennent en discussion chez les régents. Ces derniers forment une élite politique à part, au-dessus de la bourgeoisie d'affaires : issus de l'Église réformée et du nord du pays, ils ne laissent pas de place à ceux qui viennent du sud, poussés par la guerre d'indépendance avec l'Espagne, en particulier les riches marchands mennonites, la branche protestante la plus importante en Hollande après l'Église calviniste.[...]

Les échanges de bulbes de tulipe n'ont d'abord concerné que quelques riches amateurs éclairés au capital culturel suffisant pour connaître le sujet. Les recherches d'Anne Goldgar montrent qu'il est difficile ensuite de faire la différence entre ces esthètes et ceux qui transformeront les bulbes en produits de spéculation. La tulipomania sera le fait d'un réseau restreint de grosses fortunes urbaines, de quelques artisans qualifiés, avocats, chirurgiens, docteurs, notaires, dont les protagonistes se recrutent au sein de réseaux familiaux et religieux (les mennonites semblent y avoir pris une place prépondérante) (Christian Chavagneux, Une brève histoire des crises financières: Des tulipes aux subprimes, 2011 - books.google.fr).

André Kertesz, Tulipe mélancolique, New York, 1939 - (la fleur à 6 pétales assoiffée de la page 8 de L'Etoile mystérieuse ?) - Courtesy Bruce Silverstein Gallery - www.pixelcreation.fr

André Kertész (né Andor Kertész, 2 juillet 1894, Budapest, Hongrie - 28 septembre 1985, New York) est un photographe juif hongrois, naturalisé américain, acteur important de la scène artistique parisienne durant l'entre-deux-guerres (fr.wikipedia.org - André Kertesz).

Il ne faut pas confondre les deux Schwenckfeld dont il est parlé, tous les deux Silésiens.

Caspar Schwenckfeld, né en 1563 à Greiffenbourg (Gryfów Âlàski) en Silésie et mort en 1609, est un médecin pratiquant à Hirschberg qui publie plusieurs livres d'histoire naturelle (fr.wikipedia.org - Caspar Schwenckfeld).

Caspar (ou Kaspar) Schwen(c)kfeld von Ossig (1489 ou 1490 – 10 décembre 1561 était un noble de Silésie qui devint un réformateur protestant et un mystique, en désaccord avec Luther. Ses partisans constituèrent une nouvelle « secte », qui fut mise hors la loi en Allemagne, mais dont les idées influencèrent l’anabaptisme, le puritanisme en Angleterre, et le piétisme en Europe continentale. Ils commencèrent à être appelés « Schwenkfelders ». Un groupe d’entre eux arriva à Philadelphie en 1731, suivis par d’autre migrations jusqu’en 1737. En 1782, la Society of Schwenkfelders était formée, et, en 1909, la Schwenkfelder Church était organisée. La Schwenkfelder Church est restée petite. Il y a environ six églises et 3 000 membres dans le sud-est de la Pennsylvanie. Toutes se situent dans un rayon de 80 km autour de Philadelphie (fr.wikipedia.org - Caspar Schwenckfeld von Ossig).

Tuple Hocken, nom allemand signifiant "gerbe de tulipes", est une vallée de Pennsylvanie où vivent la majorité des Mennonites des Etats-Unis,, près d'Ephratha, siège d'une secte protestante rencontrée dans l'Affaire Gelis et Tournesol (Autour de Rennes le Château : Les Affaires Gélis & Tournesol - books.google.fr).

Hocken, en tant que verbe, entre dans une expression "sich in einen Winkel hocken" : se blottir dans un coin. Winkel a en effet aussi le sens de coin, recoin et angle.

Tulipe et étoile

Le poète persan du XIème siècel Manucehri regarde de plus près la tulipe, la décrit en des comparaisons originales. "Des pétales de tulipe je ferai mon étendard", annonce le printemps qui prépare la guerre à l'hiver ; "La tulipe est donc fleur de printemps" (13 fois) ; "Nowruz est venu, Manucehri, avec tulipe rouge et rose vermeille" ; "merveilleuse en son premier jour" ; "dès l'aube associée à la rose" ; "absente à la fête d'automne" ; "Tant qu'il y aura des tulipes..." ; "Elle pousse sur les parterres" ; "forme une étendue dans le jardin" ; "s'installe au bord du cours d'eau" ; "on la voit dans la plaine" ; "sur le mont" ; "elle se lève même sur le rocher" ; "c'est le nourrisson du nuage" ; "Dans le champ de tulipes poussent tulipes", "et lâle-ye no'mân" qui semblent donc n'être qu'une variété de tulipes rouges, partageant les mêmes comparaisons que la tulipe, de même que lâle-ye xod ruy (tulipe sauvage).

Manucehri s'attache surtout à détailler les astres, spécialement dans les descriptions de la nuit au désert: les deux Sirius et l'Ourse, les Pléiades, l'étoile polaire, le Scorpion, la Voie lactée, la vingtième station lunaire etc.

"les deux Farqad (étoiles de la petite Ourse près de l'étoile polaire) sont comme les joues de Leylâ" ; "la tulipe (rouge et noire) ressemble à l'angle de Farqad en éclipse" ; "la tulipe (rouge et noire) est comme Mars entrant en éclipse" (Charles-Henri de Fouchécour, La description de la nature dans la poésie lyrique persane du XIe siècle, 1966 - books.google.fr).

En arabe, Farkad signifie "veau".

L'oeuvre de Manucehri, noté aussi Menoutchehri, a été traduit en français par Albert de Biberstein-Kazimirski en 1886 (Menoutchehri, traduit par Albert de Biberstein-Kazimirski, 1887 - books.google.fr).

Albert Félix Ignace Kazimirski ou Albin de Biberstein, né le 20 novembre 1808 à Korchou, près de Varsovie – mort en 1887) est un orientaliste arabisant, originaire de Hongrie, qui a donné un dictionnaire arabe-français et plusieurs traductions françaises estimées, comme celle du Coran (fr.wikipedia.org - Albert Kazimirski de Biberstein).

Chez Azraqi, poète à la cour des princes seldjoukides (Iran, XIe siècle), on peut trouver les lignes suivantes aux reflets alchimiques :

Demande la coupe de vin, car à nouveau le jardin s'est vêtu de soie verte, nuée et pétales de fleurs d'arbres font penser que sol et ciel se sont couverts de (duvet de) héron et de petit-gris, la tourterelle est proche et le corbeau est loin, la main du zéphyr, comme celle du plongeur, donne les perles du nuage au jardin, le zéphyr est Alexandre produisant des ténèbres à la lumière la perle précieuse introuvable, la rose du jardin s'épanouit, rose produite de l'eau de rose, le nuage noir ressemble à la vipère à la bouche pleine de feu et d'eau, de son œil il répand au sol le couperose sans que l'émeraude de la plaine ne lui ait donné sa lumière, le sol change le mercure qu'est la neige en cinabre qu'est la tulipe, le gainier, humilié par la rose, transpire du vin à odeur d'ambre gris dont sa branche a la couleur, sol du jardin est clair et jeune, par la force de la rose et de la verdure, comme la fortune du seigneur loué (Charles-Henri de Fouchécour, La description de la nature dans la poésie lyrique persane du XIe siècle, 1966 - books.google.fr).

"elle se lève même sur le rocher" selon Manucehri, comme le "rocher fleuri" de l'allemand "Blumenstein".

La tulipe rouge est le symbole du martyr en islam iranien. Ainsi ces tulipes rouges déposées par dizaines de milliers sur les tombes des « martyrs » de la Révolution, au cimetière de Behecht-e Zahrâ.

Les quatre fleurs caractéristiques de la Turquie ottomane sont la jacynthe, la tulipe, la rose et l'œillet (Archéologia, Numéros 248 à 252, A. Fanton, 1989 - books.google.fr).

Tulipe et Sao Rico

Intérieur d'une tulipe - flickrhivemind.net

Les couleurs de la tulipe noire et rouge se retrouvent dans le pavillon de 1954 du Sao Rico, pays d'origine du financier Bohlwinkel.

"sang", de couleur rouge en général, en persan signifie "pierre", et "rang" couleur (Olivier Weber, Le grand festin de l'Orient, 2010 - books.google.fr).

Sao Rico est un nom portugais (sao : saint et rico : riche), et sacralise la richesse (d'une manière impie). Rico rappelle aussi Porto Rico, possession des Etats-Unis.

Le 25 juillet 1898, pendant la guerre hispano-américaine, Porto Rico fut envahie par les États-Unis après un débarquement à Guánica. Le 10 décembre 1898, le traité de Paris, signé entre les États-Unis d'Amérique et l'Espagne, est ratifié par le Sénat américain après un débat houleux. En échange de 20 millions de dollars, l'Espagne cède ses dernières possessions d'Amérique latine – Cuba et Porto Rico – ainsi que les Philippines (fr.wikipedia.org - Porto Rico).

Le tulipier du Gabon (Spathodea campanulata) est un arbre de la famille des Bignoniaceae originaire d'Afrique, largement utilisé comme arbre d'ornement en région tropicale en raison de la beauté de sa floraison et de sa facilité d'adaptation à différents milieux. Il se reproduit par des graines ailées très légères et représente pour les flores indigènes une menace très sérieuse comme espèce exotique envahissante (fr.wikipedia.org - Tulipier du Gabon).

Nommée d'après une divinité Taino, Yuquiyú signifiant « forêt de nuages », c'est en fait une forêt tropicale humide d'une superficie de 113 km2, située dans une zone montagneux culminant à 1 078 m (avec le pic El Yunque). Elle est devenue parc national aux États-Unis en 1903, et représente à ce titre une réserve unique de quelque 240 espèces d'arbres, dont 23 totalement endémiques, et une cinquantaine d'espèces d'orchidées endémiques. Elle abrite également 130 espèces animales certaines uniques, et souvent en danger, comme le perroquet et le boa de Porto Rico, et une dizaine d'espèces de lézards et grenouilles, dont le symbole de l'île, une grenouille arboricole et bruyante Eleutherodactylus coqui localement appelée coqui. Il faut savoir aussi que c'est une des premières Réserve Naturelle officielle mondiale puisque dès 1876 le roi Alphonse XII d'Espagne désigna 12 000 de ces acres comme Réserve protégée (fr.wikipedia.org - Forêt nationale d'El Yunque, dossiers.secrets.free.fr - Puerto Rico).

Yunque désigne aussi l'enclume en espagnol : "Il est complètement marteau" dit Milou à Tintin, page 13 (?).

Ecrivait-on en 1928 dans le New York Botanical Garden : " The Tulipan, or African Tulip-tree, Spathodea campanulata, of the Bignonia Family, introduced into Porto Rico some twenty-five years ago, is remarkable for rapidity of growth, and elegant when in bloom, with clusters of large, scarlet flowers at the ends of its branches. It has been much planted recently for shade and ornament along roads and in the plazas of towns ; young trees are being widely distributed by the Forest Service" (Journal, Volumes 16 à 30, New York Botanical Garden, 1928 - books.google.fr).

Tulipier d'Afrique à Porto Rico - fall11ethnobotany.providence.wikispaces.net - Tulipan

Les anneaux de Saturne et la tulipe

Le savant italien Galilée est le premier à observer les anneaux de Saturne en 1610 à l'aide d'une lunette de sa fabrication, mais il n'arriva pas à identifier leur forme. Il vit en ces « taches » « deux serviteurs aidant le vieux et lent Saturne à faire son chemin ». Il a également décrit Saturne comme ayant des « oreilles » ou des « anses ». En 1612, le plan des anneaux était orienté directement vers la Terre et les anneaux semblent disparaître. Mystifié, Galilée se demandait : « comment Saturne a avalé ses enfants ? », en faisant référence au dieu de la mythologie romaine Saturne, qui dévorait ses propres enfants pour les empêcher de le renverser. Lorsque les anneaux sont de nouveau visibles en 1613, Galilée est en pleine confusion. En 1655, Christiaan Huygens est le premier à suggérer que Saturne est entouré d'un anneau. Avec un télescope de qualité supérieure à la lunette de Galilée, Huygens observe la planète et écrit qu'« il [Saturne] est entouré par un anneau mince et plat qui ne touche nulle part la planète et qui est incliné sur l'écliptique ». (fr.wikipedia.org - Anneaux de Saturne).

On se souvient que Rhéa trompa son mari Cronos (Saturne), fils d'Ouranos (Uranus), en emmaillottant une pierre (caillou, sten) à la place de Zeus (Jupiter). Ce caillou, presque vivant qui fait "boum", comme le coeur de la chanson de Trenet dans Tintin au pays de l'Or noir, que chacun des 8 membres de l'expédition observe comme le font les assistants de l'autopsie.

On lit dans la Genèse, que Jacob érigea en colonne une pierre qui lui avait servi de chevet; qu'il y versa de l'huile et la nomma béthel, ou demeure de Dieu. Dans le même livre, on voit que Dieu par la dans la suite à Jacob, en ces termes : Je suis le Dieu de béthel dont tu as graissé la pierre.

Les Betyles étoient donc des Pierres consacrées au Culte Divin, & destinées aussi à conserver le souvenir des événemens remarquables, dûs à la protection des Dieux. Ces Pierres représentoient les Dieux même : elles en étoient la vive image elles étoient donc, au pied de la lettre, des Pierres animées ou vivantes. C'est sous ce nom en effet que les statues furent connues chez les Anciens. Les Grecs les apelloient Eikones empsykhoi, Images animées (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, Volume 1, Partie 3, 1773) (La Croix d’Huriel et pierres noires : Uriel, Uranus, bétyles et le ciel étoilé).

Le caillou de calystène de la denière page est comme une pierre vivante, une pierre dieu comme chez Arsène Lupin dans l'ïle aux trente cercueils (Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Les soeurs Archignat).

A Leyde, Rembrandt et ses disciples s'étaient déjà fait apprécier par des amateurs importants. Vers 1629, le grand érudit Constantijn Huygens (1596-1687), juriste et homme de lettres. père du célèbre physicien et mathématicien Christian Huygens et secrétaire du stathouder Frederik Hendrik, rend visite à Jan Lievens et à Rembrandt dans l'atelier de de ce dernier et établit, dans son autobiographie écrite en latin, un parallèle subtil entre les deux jeunes talents. De Rembrandt. il écrit : « Ici un adolescent, le fils imberbe d'un meunier batave, a dépassé Protogène, Apelle et Parhasios». En 1631, Rembrandt s'installe à l'automne à Amsterdam, ville florissante et cosmopolite, chez le marchand de tableaux Hendrick van Uylenburch dans la Sint Anthoniesbreestraat. Il devient un portraitiste à la mode et ne tarde pas à recevoir sa première commande importante en 1632 : La leçon d'anatomie du professeur Tulp, qui bouleverse le modèle traditionnel du portrait de groupe (Rembrandt, eaux-fortes: exposition Petit Palais, Musée des beaux-arts de la ville de Paris, 19 octobre 2006-14 janvier 2007, 2006 - books.google.fr).

Constantijn avait déjà donné naissance à Christiaan Huygens, né en 1629. Mauritz Huygens, secrétaire d'État et frère du poète Constantin, demanda à Rembrandt son portrait.

Le tableau montre une leçon d'anatomie avec un groupe de chirurgiens auprès du professeur Nicolaes Tulp (1593-1674), né Claes Pieterszoon. C'est le premier portrait de groupe peint par Rembrandt alors âgé de 26 ans. À Amsterdam, il y avait autrefois, au Waag, un théâtre d'anatomie où a été fait ce tableau. La leçon d'anatomie eut lieu le 16 janvier 1632, sur le corps du voleur pendu Aris Kindt.

Le tableau renvoie à tout ce qui agite alors le monde de la connaissance et des savants : le mouvement. Mouvement de l'âme (on dit que Descartes, alors vivant exilé en Hollande est bien présent sur ce tableau donc représenté… dans cette leçon d'anatomie) et ses relation avec le corps ; mouvement des planètes (Galilée est en procès au même moment en Italie), il y a 7 assistants comme leur nombre dans l'astronomie ancienne ; mais aussi mouvement du corps, à une période où la dissection n'est admise encore qu'à titre exceptionnel (fr.wikipedia.org - La Leçon d'anatomie du docteur Tulp).

Les membres de l'expédition du FERS sont 8, hors membres d'équipages, dont le chef porte le nom d'un élément d'une fleur (calice), comme sont 8 les participants de l'autopsie.

Page 62, le caillou de calystène au milieu des membres de l'expédition de l'Aurore

Dans les régions protestantes, et particulièrement aux Pays-Bas, les bâtiments qui accueillent les séances de dissection, en l'absence d'amphithéâtres, sont des chapelles ou des édifices religieux. C'est le cas à Amsterdam, qui ne dispose pas de faculté de médecine en 1632, année où Rembrandt peint la leçon d anatomie du D' Tulp. Il faut par ailleurs se souvenir que l'événement scientifique que représente la séance de dissection publique est étroitement associé à la mise en scène d'une fête soigneusement préparée et réglementée. C'est le cas au moment où Rembrandt peint L'anatomie du docteur Tulp (Le monde: L'Homme, 1996 - books.google.fr).

Si le frontispice de la Fabrica de Vésale centre une dissection au milieu d'un amphithéâtre entouré de colonnes, "dans les pays protestants du nord, on note également une nette tendance à affirmer le caractère sacré de l'espace de démonstration anatomique par association à la forme des bâtiments religieux. C'est le cas, en particulier, des des amphithéâtres d'Amsterdam, de Leyden et de Francfort, qui évoquent la forme et la disposition centrale des églises luthériennes baroques.[...]

Comme l'ont démontré les études de Gottfried Richter (1936) et William Hecksher (1958), l'idée d'associer la forme des théâtres d'anatomie et la typologie de l'architecture sacrée, tout comme le rapprochement entre l'origine de la pratique de la dissection anatomique et les rites sacrificiels, n'est pas nouvelle et remonte au moins à la Renaissance.

Jusqu'au 18e siècle, la référence à l'architecture religieuse fait partie d'une tradition symbolique acquise chez les médecins mais ne fait l'objet d'aucune démonstration historique dans le discours architectural. C'est Jacques François Blondel, qui le premier, tentera d'établir de façon explicite une relation généalogique entre l'architecture des théâtres d'anatomie modernes et la tradition antique des édifices sacrés (Denis Billodeau, Type et historicisme : l'École de chirurgie de Jacques Gondoin et l'émergence d'une conception généalogique de l'Architecture au XVIIIe siècle, L'architecture, les sciences et la culture de l'histoire au XIXe siècle, 2001 - books.google.fr).

La dissection se présentait comme une messe sur un corps mort au sang coagulé, alors que l'hostie catholique serait vivante par le mystère de la transsubstantiation, parodie de messe, messe noire, messe nigromancienne (nigro, noir - divination par l'invocation des démons) ou nécromancienne (necro, mort - divination par l'invocation des esprits des morts). La dissection rejoue un mystère antique, comme les membres de l'expidition Aurore font cercle (amphithéâtre) autour d'un bétyle inerte, d'une parodie de parodie de messe. On peut descendre un peu dans la récursivité en disant que la messe elle-même est une parodie, de la Cène. La Cène, parodie de l'omophagie rituelle etc.

L'équipe Bohlwinkel et les tulipes

Tulipe 'George Hayward' - www.historischebloembollen.nl - Tulpen

Les agents de Bohlwinkel sont Hayward (le poseur de bombe, page 14), Johnson (bras droit de Bohlwinkel, page 27), Smith (à Reykjavik, page 28), Payne (à Akureyri, page 31), Douglas (sur le Peary, page 47). Si on ajoute le capitaine du Peary et l'opérateur radio de Bohlwinkel, on a 8 personnes, en ne comptant pas les marins non nommés embarqués dans le canot du Peary abordant l'aérolithe, comme les membres de l'expédition du FERS et les participants de la Leçon d'anatomie du Docteur Tulp.

In addition, Mr. Hunt showed four feathered bizarres, and Mr. Lawrence a similar number. Of these, Joseph Hunt (Lawrence), George Hayward (R.J. Lawrence, red-brown on yellow ground), Robert Lawrence (Hunt), and Sir G. H. Dashwood (Hunt), were each awarded first-class certificates, and well deserved, them. George Hayward was described last year, by Mr. Wood. It is superior to Royal Sovereign, both in the brilliancy of its colour and excellent shape (The royal national tulip show, Midland Florist and Suburban Horticulturist: A Handbook for the Amateur and Florist, Volumes 9 à 10, Sampson Low, Son, and Company, 1855 - books.google.fr).

George Hayward (Lawrence). An old flower which first broke in 1853. Tall and forms a good cup of the largest size, though the petals are narrow so that it quarters when over-blown (Sir Daniel Hall, The book of the tulip, 1929 - books.google.fr).

A l'exhibition de Sandback, un 25 mai 1860, un fleuriste, C. Johnson, présente ses cultures de tulipes dont Vivid (flamed bizarre), Cupid (byblomens feathered) (Tulips exhibitions, Midland Florist and Suburban Horticulturist: A Handbook for the Amateur and Florist, Volumes 14 à 15, Sampson Low, Son, and Company, 1860 - books.google.fr).

Les horticulteurs distinguent les Tulipes dans lesquelles les couleurs se détachent sur un tond blanc, et celles dans lesquelles le fond est plus ou moins coloré. Les premières, qui sont les plus recherchées, les seules même auxquelles la mode ait donné un grand prix, sont connues sous le nom de Tulipes flamandes; les dernières qui, quoique moins recherchées, sont souvent très belles, sont réunies sous la dénomination de Tulipes bizarres (Charles Dessalines d'Orbigny, Dictionnaire universel d'histoire naturelle, Volume 12 , 1848 - books.google.fr).

Le Payne-Aldrich Tariff Act fut voté en 1909 au Congrès des Etats-Unis.

Tariff revision act, passed by the U.S. Congress on August 5, 1909, which reduced overall rates from the high levels of the Dingley Tariff to about 38 percent but raised the levies on coal and iron ore. The act, a compromise between protectionism and the 1908 Republican Party platform promise to lower tariffs, was cosponsored by Senator Nelson W. Aldrich of Rhode Island and Representative Sereno Elisha Payne of New York. It left more than 1,000 tariff schedules unchanged, lowered 650, and raised 220. Its largely protectionist features became a major political issue, resulting in Republican defeat in the election of 1910. Schedule G. Agricultural Products and Provisions : Orchids, palms, azaleas, and all other decorative or greenhouse plants and cut flowers, preserved or fresh, twenty-five per centum ad valorem; lily of the valley pips, tulip, narcissus, begonia and gloxinia bulbs, one dollar per thousand; hyacinth, astilbe, dielytra, and lily of the valley clumps, two dollars and fifty cents per thousand; lily bulbs and calla bulbs, five dollars per thousand; peony, Iris Kaempferii or Germanica, canna, dahlia, and amaryllis bulbs, ten dollars per thousand; all other bulbs, bulbous roots or corms which are cultivated for their flowers or foliage, fifty cents per thousand (http://www.fofweb.com - Payne-Aldrich Tariff 1909).

The Payne-Aldrich Tariff of 1909 rated 'hyacinth clumps, $2.50 per 1,000.' The use of the word 'clump' instead of 'bulbs' induced litigation, with the result that two years later a decision of the United States General Appraisers was given that inasmuch as the phraseology was indefinite, hyacinths came properly under the classification of 'bulbs not other wise provided for, 50 cents per 1,000.' (Florists' Review, Volume 33, Numéro 833, Florists' Publishing Company, 1913 ).

Reymont de Smith fut un marchand d'art qui fit aussi le commerce des tulipes au XVIIème siècle (John Michael Montias, Art at Auction in 17th Century Amsterdam, 2002 - books.google.fr).

Reymont de Smith was clearly on the upper end of the scale of bloemisten (Anne Goldgar, Tulipmania: Money, Honor, and Knowledge in the Dutch Golden Age, 2008 - books.google.fr).

In " Hardy Florist Flowers," by Mr. James Douglas, there is a chapter on " English Tulips," which deals with the whole subject of planting, lifting, and general culture (Barr's Nursery Catalogs, Barr & Sugden, 1891 - books.google.fr).

Philippulus

Il existait en 1719 à Breslau (Wroclaw), un religieux juif du nom de Josua Philipulus (Pfeibel) (Monatsschrift für Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, Volume 41, 1897 - books.google.fr).

Phoebus, Feibel-(mann) = traduction de l'hébreu urie (="feu") ; le nom de Phoebus déformé par le yddish qui transforma ce nom en Feibush, Feibel, Feiwel et qui par une fausse étymologie deviendra "Fabius"» (Nouvelle revue d'onomastique, Numéros 21 à 24, 1993 - books.google.fr).

Conjugium Pallas et Phoebi (Les Noces de Phoebus et de Pallas, 1677) est une pièce de Knorr à machines en cinq actes en alexandrins, entrecoupée de ballets chantés. Elle a été composée à l'occasion des troisièmes noces de l'empereur d'Allemagne Léopold Ier de Habsbourg, mais n'a jamais été représentée. Elle met en scène des personnages mythologiques (Pallas, Cadmus), des allégories (la Ruse, l'Envie) et les sept métaux planétaires. Les thèmes sont empruntés au traité de Michael Maier Atalanta fugiens (1618) et aux Noces chymiques de Christian Rosencreutz (1616) et chaque scène porte un titre alchimique (fr.wikipedia.org - Christian Knorr von Rosenroth).

Il existe une tulipe étoilée avec 6 pétales en étoile de David.

Philippulus n'a pas de maître à part Dieu, comme un protestant, contrairement au catholique soumis à une hiérarchie et au pape. Comme certaines églises protestantes, il annonce la fin du monde. Les témoins de Jéhova l'avait annoncée pour 1914.

La musique a toujours été un des fleurons de la présence protestante dans la vie culturelle belge. Des chorales sont organisées comme les choeurs d’hommes les Pélerins du Borinage, fondés en 1944, la Chorale royale protestante de Bruxelles, la Koninklijke Protestantse Vereniging Excelsior qui existe depuis 1883 à Anvers (Les protestants en Belgique, Courrier hebdomadaire du CRISP, 1994 - www.cairn.info).

"Excelsior" : "plus haut" comme la devise de Philippulus.

La rime

Philippe rime avec tulipe selons les dictionnaires de rimes depuis fort longtemps : "NOMS : Aganippe, Aristippe, Eurippe, Grippe, Nippes, Municipe, Œdipe, Participe, Philippe, Pipe, Polype, Principe, Prototype, Tulipe, Tipe, Xantippe ; VERBES : Agrippe, Anticipe, Constipe" (Dictionnaire portatif des rimes de Richelet: précédé d'un Traité abrégé de l'art poétique et des règles de la versification, Lions, 1814 - books.google.fr).

La rime a été mise en vers : A Robert succede Philippe, / Qui préfere à tout la Tulipe. / Tulipes donc vantoient le nouveau Jardinier (M. Marteau, Le rosier et les tulipes, L'esprit des journaux, J. J. Tutot, 1777 - books.google.fr).

C'est ainsi que le Goût, pour éclairer les Arts, / Des plus rares talens observe les écarts. / Eh quoi! m'entraîne-t-il aux marais du Batave ? / Oui; mais, pour se jouer de ce peuple si grave, / Qui, froidement frivole au milieu de ses fleurs, / Est vain de leur éclat, riche de leurs couleurs. / Il sourit, en voyant les Vainqueurs de Philippe / Attacher leur bonheur au sort d'une tulipe (Essai sur la nature champêtre, 1787 - books.google.fr).

Il existe un tulipe "Philippe de Commines" (E. H. Krelage & Son) depuis 1891. On la trouve au catalogue Beckert Seed & Bulb Co, de Pittsburg (Pennsylvanie) de l'année 1929 :

Philippe de Commines. B, 24. Deep velvety purple-maroon. The best of the less expensive dark colored Tulips. 65c per doz.; 4.50 dollars per 100; 40.00 dollars per 1000. (Flowers for spring 1929, Beckert Seed & Bulb Co; Henry G. Gilbert Nursery and Seed Trade Catalog Collection, 1929 - archive.org).

Philippe de Commynes ou Philippe de Commines, né en 1447 et mort en 1511, est un homme politique, chroniqueur et mémorialiste flamand de langue française. Fils de Colard II de la Clyte, seigneur de Renescure, bailli de Flandres, chevalier de la Toison d'Or, Philippe de Commines (ou de Commynes) est né au château de Jean II de Commynes, cousin de son père, à Renescure. Les van den Clyte, d'origine yproise, sont une lignée dont l'anoblissement date de la fin du XIVe siècle. Philippe de Commines trahit Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, pour le roi de France Louis XI. Son nom vient de la commune de Comines (Nord). En est originaire Auger de Busbecq voyageur, diplomate et naturaliste qui le premier rapporta d'Asie en Europe les lilas et les tulipes. (fr.wikipedia.org - Philippe de Commynes, Jean-Auguste Jourdain, Dictionnaire encyclopédique de géographie historique du royaume en Belgique, 1869 - books.google.fr).

Mais, revenons à notre récit que nous empruntons presqu’entièrement à M. Kervyn de Lettenhove. « L’accord unanime de superstitions populaires, avait fixé à l’an mil, la fin du monde. A mesure que cette époque devenait moins éloignée, les terreurs augmentaient, l’imagination des peuples se montrait de plus en plus vivement frappée, et dans les malheurs qui I’accablaient, il crut apercevoir des signes précurseurs des prophéties. En 1007, une peste épouvantable désola tout notre pays, elle se déclara de nouveau vers 1019. Ses ravages étaient prompts et affreux. Plus de la moitié de la population succomba, et, parmi ceux qui survécurent, il n’y en avait point, dit un agiographe qui, en rendant les derniers honneurs à leurs parents, ne s‘attendissent à les suivre bientôt dans le tombeau. Aux ravages de la peste, succédèrent ceux des inondations et d’une famine cruelle qui se répandit sur toute la terre et menaça les hommes d’une destruction presque complète. Les éléments conspiraient contre les hommes. Les tempêtes arrêtaient les semailles, les inondations ruinaient les moissons. Pendant trois années, le sillon resta stérile. » C’est dans ces tristes circonstances qu’on voit plusieurs seigneurs affranchir les colons de leurs domaines dans l’attente de la fin du monde. En France, et dans la Flandre, les guerres particulières furent suspendues par la trêve de Dieu. Il semblait véritablement que le monde allait finir et que son heure fatale devait bientôt sonner. Mais cette société qui se croyait sur le point de mourir, allait revivre et montrer tout ce qu’elle renfermait en elle-même de force, de puissance, de foi et l’héroïsme. Le XIème siècle voit s’ouvrir une ère nouvelle. Les hommes éprouvés par de longs malheurs sentent le besoin de se rapprocher. « Ne songez plus, répètent les évêques, venger votre sang ou celui de vos proches, mais pardonnez à vos ennemis. » Dès-lors, l’élément chrétien se montre partout et souvent réussit à dominer cette nature barbare où fermentent tant de passions impétueuses (C. H. Derveaux, Annales religieuses de la ville de Comines, 1856 - books.google.fr).

La célèbre Vanité de Philippe de Champaigne représente, il est vrai, trois objets distincts, une tulipe dans un vase, un crâne et un sablier, mais – et c'est là où la dimension transitive se heurte à l'opacité de la couleur – le fond noir qui entoure ces objets, et se met en valeur en les exhibant, lui, ne décrit aucun objet. [...] Représenter ne signifie pas seulement «substituer un présent à un absent» – et donc mimésis, mais aussi «exhiber, montrer, insister, présenter en un mot une présence». D'un côté donc, la représentation est une action transitive de l'autre, «c'est l'acte même de présenter qui construit l'identité de ce qui est représenté, qui l'identifie (Matei Chihaia, Représentation et performance chez Furetière et dans Dom Juan, L'âge de la représentation: l'art du spectacle au XVIIe siècle : actes du IXe colloque du Centre international de rencontres sur le XVIIe siècle, Kiel, 16-18 mars 2006, 2007 - books.google.fr).

En 1952, Fanfan la Tulipe fut un triomphe commercial international, réalisé par Christian-Jaque (1952) scénario de René Wheeler et René Fallet, sur une adaptation de Christian-Jaque, Henri Jeanson et René Wheeler et des dialogues d'Henri Jeanson. Ce film révéla le jeu spirituel de Gina Lollobridgida et confirma le talent de Gérard Philippe. Fanfan la Tulipe, pour échapper au mariage avec une jeune paysanne, s'enfuit et s'engage dans l'armée française, après qu'Adeline, interprétée par Gina Lollobrigida, lui prédit une brillante carrière (Tony Jagu, Les Carnets d'un cinéphile, 2014 - books.google.fr).

Les navires de L'Etoile

Le Vilnaranda, bateau fantôme

"vilnaranda" is an anagram of "Alvand, Iran" (anagram-solver.net - vilnaranda).

Kuh-e Alvand, Alvand Kuh, Alvand ou Alwand est une chaîne de montagnes de l'ouest de l'Iran. Elle est située à proximité d'Hamadan, culmine à 3 580 m d'altitude. Deux anciennes inscriptions en trois langues (néo-élamite, néo-babylonien et vieux-persan) du roi Darius Ier (512-485 av. J.-C.) le grand et du roi Xerxès Ier (485-465 av. J.-C.), appelée Ganj Nameh (littéralement "inscription du trésor"), y sont situées, à 10 km au sud d'Hamadan. Le nom Alvand dérive du mot ancien Arvant, à racine indo-iranienne, qui signifie « pointu » (fr.wikipedia.org - Kuh-e Alvand, fr.wikipedia.org - Ganjnameh).

The countryside near Mahabad is green, / The moon and Venus rule this land, Ramin; / Mount Arvand's clothed in Byzantine brocade, / It's cast aside the ermine cap it made, / Among its tulips and its roses sleep / Well-hidden goats, and flocks of mountain sheep

Il n'est pas sûr qu'une traduction de Vis et Ramin ait été connue des auteurs de L'Etoile mystérieuse, en 19441-42, dans sa version persane. En 1914, Wardrop proposait une traduction de la version géorgienne.

F. Gabrieli publia "Sul poema persiano Vis u Ramin", AION N.S. 1, en 1940, "Note sul Vis u Ramin di Fahr ad-din Gurgani", Rendiconti, VI/xv, en 1939. Une traduction en français a été faite par H. Masse, Paris 1959 (depuis le persan) (Francois De Blois, Persian Literature - A Bio-Bibliographical Survey: Poetry of the Pre-Mongol Period, Volume 5, Royal Asiatic Society Books, 2004 - books.google.fr).

Vis et Ramin est une histoire d'amour antique de la littérature persane écrite par Fakhredin Assad Gorgani (Fakhruddin As'ad Gurgani) historien, écrivain, et poète du XIe siècle, comme Manucehri (fr.wikipedia.org - Fakhredin Assad Gorgani).

The king ordered Ramin to come to the hunting-grounds at Mount Arvand (Alvand, west of Hamadan) and to bring Vis with him. They spent a month together, and then the king wished to move to Muqan for sea-hunting (V. Minorsky, Vis u Ramin, a Parthian Romance, Bulletin of the School of Oriental and African Studies, University of London, Vol. 11, No. 4, 1946 - rbedrosian.com).

Vladimir Fiodorovitch Minorsky, né en 1877 à Kortcheva dans une famille juive, et mort en 1966 à Cambridge, est un orientaliste russe surtout connu pour ses contributions à l'étude de l'histoire kurde et persane, la géographie, la littérature et la culture de la Perse et de la Transcaucasie (fr.wikipedia.org - Vladimir Minorsky).

Le Kentucky Star

S'il ne faut pas confondre le tulipier, un arbre, avec les tulipes, fleurs, François-André Michaux, au cours de son voyage en Amérique, recueille le témoignage d'un de ses hôtes : "Le plus gros arbre de l’Amérique septentrionale, après le Platane , est le Tulipier , Liriodendron tulipfira (nommé par les ‘Américains des contrées de l’Ouest , Poplar). Sa circonférence est quelquefois de quinze , seize, et même dix-huit pieds. Le Kentucky est le pays natal des Tulipiers ; entre Beard-Town et Louisville, on voit des parties de bois qui en sont exclusivement composées. Le terrein est argileux, frais et humide; mais jamais submergé" (François-André Michaux, Voyage à l'ouest des monts Alléghanys dans les États de l'Ohio, du Kentucky et du Tennessee, et retour à Charleston par les Hautes-Carolines, entrepris pendant l'an X - 1802, Dentu, 1808 - books.google.fr).

On a donné ce nom de tulipier car les fleurs de cette arbre ressemblent aux tulipes. Le tulipier (Tulip-tree) est devenu l'emblême officiel de l'Etat du Kentucky en 1994.

Le « tulipier », Liriodendron tulipifera, est un grand arbre de la famille des Magnoliacées originaire du sud-est des États-Unis dont les grandes fleurs vertes et orange ont l'aspect de tulipes. Le nom du genre est formé sur le grec lirion, lis, et dendron, arbre, et l'épithète signifie "qui porte des tulipes" (François Couplan, Les plantes et leurs noms: Histoires insolites, 2012 - books.google.fr).

L'adjonction de "Star" au nom du navire qui devait éperonner l'Aurore, justifie le rapprochement de la tulipe et de l'étoile que l'on voit chez le poète persan Manucehri.

Le Peary

Marie Ahnighito Peary was born in Northwest Greenland on September 12, 1893, to arctic explorer Rear Admiral Robert E. Peary and his wife, Josephine Diebitsch Peary, of Portland, Maine, and Washington, DC. Their daughter became known world-wide as the "Snow Baby," a name given to her by the Greenland natives who had never before seen a white baby. In 1909, when Marie was 16 years old, Admiral Peary became the first white man to lead a successful expedition to the North Pole (Marie Ahnighito Peary Papers, 1893-1978 - www.une.edu).

Marie Ahnighito Peary

Il leur est même né une fille, qui a vu le jour à 12 degrés du pôle et reçu le nom esquimau d'Ahnighilo : Flocon de neige. Mais peut-on dire qu'elle vit le jour ? Elle naquit au moment où le soleil paraissait pour la dernière fois sur l'horizon avant de se coucher pour l'hiver. M. Peary enregistre ainsi la naissance de sa fille hyperboréenne: « Le 12 septembre 1893 un événement intéressant s'est passé à Anniversary Lodge : l'arrivée d'une petite étrangère, Marie Ahnighito Peary, qui pesait neuf livres. Grâce aux bons soins du docteur et de Mrs. Cross (une nurse irlandaise que madame Peary avait amenée avec elle) la mère et la fille ont bien traversé la crise. Notre petit Flocon de neige aux yeux bleus arriva à la fin du jour arctique put voir les dernières lueurs blafardes qui précédèrent la tombée de la longue nuit. On la coucha dans les fourrures douillettes de son pays natal, en étendant sur elle le drapeau américain. » Cependant la petite étrangère prospéra et fit l'admiration des indigènes : « Les premiers six mois de son existence, ajoute M. Peary, elle ne connut que la lumière de notre lampe. et lorsque, au printemps, le soleil réapparaissant darda ses premiers rayons dans notre chambre, elle tendit la main pour les saisir. Ce fut son premier joujou. Puis vint la splendide journée d'été, et elle s'épanouit dans la lumière ininterrompue et brillante du soleil arctique, comme s'épanouit la tulipe qu'on sort d'une cave et qu'on expose au soleil à une fenêtre. Lorsqu'à l'âge de onze mois la petite Ahnighito quitta son pays natal, elle était physiquement et moralement d'un an en avance sur son âge. Les Esquimaux de la côte, du cap York au golfe d'Étah, se mettaient en voyage pour venir nous rendre visite et s'assurer qu'elle était en chair et en os. » M. Peary appelle le Groenland, «le médaillon qui pend au collier de glace dont est paré le pôle ». (La Revue de Paris, 1899 - books.google.fr).

Hergé raccourcit le nom du Cap Morris K. Jessup, point extrême nord du Groenland (83°39' L.N.) à 700 km du pôle, reconnu par Peary au cours de son expédition de 1898-1902, en Cap Morris tout court. Morris K. Jessup était le président du Peary Arctic Club, fondé en 1898.

Le problème "Kingsby"

Pas de tuplipe pour Mr Kingsby, ni d'élément perse ou iranien.

Philip Stewart propose de même de découvrir "un sens symbolique" (Oeuvres de Prévost VIII, p. 153) dans la consonance toute fortuite ("le hasard le plus singulier", p.342) des pseudonymes que Fanny et Cleveland adoptent en France : "elle se faisait nommer Ringsby, et moi Kingsby". Il faudrait croire alors que le romancier aurait abondé en quelque sorte dans le sens des désirs secrets de ses personnages (Paul Pelckmans, Cleveland, ou, L'impossible proximité, 2002 - books.google.fr).

Le Philosophe anglais ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell, aujourd’hui plus communément appelé Cleveland, est un roman-mémoires de l’abbé Prévost. Le roman suit les aventures invraisemblables de Cleveland, bâtard imaginaire d'Oliver Cromwell, ainsi que son histoire d'amour avec Fanny (fr.wikipedia.org - Cleveland de l'abbé Prévost).

Ce bâtard de Cromwell rejeté par son père rejoint d'abord l'exil français de Charles II et le quitte presque aussitôt pour partir en Amérique. Son périple manque de toucher à Sainte-Hélène et passe par Cuba et les établissements anglais de la Caroline : il s'interrompt enfin chez une peuplade indienne inconnue qui semble habiter une vallée perdue des Montagnes Rocheuses. Le voyage retour passe en gros par les mêmes escales, auxquelles s'ajoute encore un épisode espagnol. Après quoi le dernier tiers du roman se cantonne à peu près exclusivement en France, même si bien des choses s'y ordonnent dans la perspective d'un retour final en Angleterre que le roman finit par ne plus raconter (Paul Pelckmans, Cleveland, ou, L'impossible proximité, 2002 - books.google.fr).

Cleveland finira par se convertir au catholicisme, comme l'imposait la demande de réintégration de Prévost dans son ordre religieux, les Bénédictins.

Antoine-François Prévost, dit Prévost d'Exiles, ou Abbé Prévost, célèbre par son Manon Lescaut, et en partie rebelle à ses vœux de bénédictin, avait dû se réfugier longtemps à l’étranger, d’abord en Hollande, puis à Londres, où il acquit une parfaite connaissance de la langue anglaise. C’est sans doute autant par goût que par besoin d’argent, qu’il accepta de traduire en français une publication qui s’annonçait monumentale, A new general collection of voyages and travels, par John Green, qui commença à paraître en Angleterre en 1745. Dès le début, Prévost ne se contenta pas d’une simple traduction : « Mes additions consistent dans les liaisons historiques qui ont été négligées, j’ai supprimé aussi plusieurs notes, les unes que j’ai crues inutiles, d’autres que les honnêtes gens auraient trouvé choquantes. Dans quel pays du monde et dans quelle religion même lirait-on volontiers des invectives contre le gouvernement et la religion d’autrui, surtout lorsqu’elles ne sont d’aucun usage pour l’éclaircissement du texte historique ? » (ivresdelivres.wordpress.com - L'histoire générale des voyages).

Celui qu'on nomme Laurier à fleurs de Tulipes, ou Tulipier, s'élève très haut, & prend quelquefois jusqu'à trente piés de circonférence. Les branches en sont inégales, irrégulieres, & sont souvent courbées ; ce qui fait reconnaître cet arbre de loin, après la chute de ses feuilles ; c'est-à-dire, dans les pays froids, car le P. de Chralevoix en vit de tout verds, au mopis de janvier, dans la Louisiane. Ses feuilles ont des pédicules de la longueur du doigt. Leur figure approche de celle des feuilles d'Erable, mais font beaucoup plus larges. Il semble que la pointe du milieu soit coupée, à deux travers de doigt, & qu'on y ait fait une petite entaillure (Antoine-François Prévost, Histoire générale des voyages ou Nouvelle collection de toutes les relations de voyages par mer et par terre, qui ont été publiées jusqu'à présent dans les differentes langues de toutes les nations connues, De Hondt, 1777 - books.google.fr).

Comme se souvenait Caroline Commanville, nièce de Flaubert : "Croisset, où nous habitions, est le premier village sur les bords de la Seine en allant de Rouen au Havre. La maison, de forme longue et basse, toute blanche, pouvait avoir environ deux cents ans de date. Elle avait appartenu et servi de maison de campagne aux moines de l'Abbaye de Saint-Ouen et mon oncle se plaisait à penser que l'abbé Prévost y avait composé Manon Lescaut. Dans la cour intérieure, où existaient encore les toits pointus et les fenêtres à guillotine du XVIIe siècle, la construction était intéressante, mais la façade laide. Elle avait subi au commencement du siècle une de ces réparations de mauvais goût comme en ont tant produit le Premier Empire et le règne de Louis-Philippe. Sur le dessus des portes d'entrée il y avait en manière de bas-reliefs, de vilains moulages d'après les Saisons de Bouchardon, et le chambranle de la cheminée du salon représentait, à ses deux angles, deux momies en marbre blanc, souvenir de la campagne d'Egypte. Les pièces étaient peu nombreuses mais assez vastes. La grande salle à manger qui occupait, au rez-de-chaussée, le centre de la maison, s'ouvrait sur le jardin par une porte vitrée, flanquée de deux fenêtres et en pleine vue sde la rivière. Elle était agréable et gaie. Au premier, à droite, un long corridor desservant les chambres ; à gauche, le cabinet de travail de mon oncle. C'était une large pièce, trop basse de plafond, mais très éclairée au moyen de ses cinq fenêtres dont trois donnaient sur la partie du jardin s'étendant en longueur et deux sur le devant de la maison. On avait une jolie vue sur les gazons, les plates-bandes de fleurs et les arbres de la longue terrasse; la Seine apparaissait encadrée dans les feuillages d'un tulipier splendide (Lucie Chevalley-Sabatier, Gustave Flaubert et sa nièce Carolime, La pensée universelle, 1971 , p. 31).

Cleveland tulip, motif sur coton, vers 1930 - Spencer Museum of Art - University of Kansas - collection.spencerart.ku.edu

Diamonds and triangles symbolize the flowers: the stems and leaves may be pieced, appliqued or a combination of techniques. Of 15 date-inscribed variations the earliest is 1841. Nineteenth-century records as to names are diverse The Shelburne Museum owns a versi0n with a three-lobed flower of eight pointed stars, dated 1857 and inscribed “Peony and Prairie Flower”- The same design was called Tree Quilt Pattern in the Ohio Farmer in 1896 and Double Paeony in the Ladies' Art Company catalog in 1889. In the 18805 they were associated with President Grover Cleveland; the version pieced of eight-pointed stars was called Cleveland Tulip (Household Magazine) and the President's Quilt (Ladies' Art Company) : the four-pointed flower was Cleveland Lilies (Ladies' Art Company) (Barbara Brackman, Clues in the Calico: A Guide to Identifying and Dating Antique Quilts, 2009 - books.google.fr, lindahubalek.com - Kansas pioneer quilts).

Stephen Grover Cleveland (Caldwell - New Jersey, 1837 - Westland Mansion, Princeton - New Jersey, 1908) fut le 22e et le 24e président des États-Unis. Il fut le seul à avoir été élu pour deux mandats non consécutifs de 1885 à 1889 et de 1893 à 1897, et est donc le seul à être compté deux fois dans le décompte des présidents. Cleveland était le meneur des "Bourbon Democrats", formés en particulier par les démocrates des Etats du Sud, qui s'opposaient aux droits de douane élevés, au bimétallisme, à l'inflation, à l'impérialisme et aux subventions fédérales.

Cette dénommination est un jeu de mots sur le nom du whiskey du Kentucky (Etat du Sud) et les Bourbons de France de la Restauration, conservateurs chassés du pouvoir en 1830.

Ses combats pour des réformes politiques et un conservatisme fiscal firent de lui une icône des conservateurs de l'époque. Cleveland combattit avec acharnement la corruption politique et le clientélisme. Sa réputation de réformateur était telle que les membres de l'aile réformiste du parti républicain appelés mugwumps se rallièrent à lui et permirent sa victoire en 1884.

Après avoir réformé la politique monétaire de l'administration Harrison, Cleveland chercha à inverser les effets du McKinley Tariff. Ce qui devint le Wilson-Gorman Tariff Act fut proposé par le représentant de Virginie, William L. Wilson en décembre 1893. L'American Sugar Refining Company en particulier fit pression pour des modifications qui la favorisaient aux dépens du consommateur. De nombreux sénateurs démocrates menés par Arthur Pue Gorman du Maryland souhaitaient plus de protections pour les industries de leurs États que ce que la loi Wilson proposait (fr.wikipedia.org - Grover Cleveland).

L'humiliation de Cleveland par le cartel du sucre

Les savants de l'expédition Aurore

Erik Björgensjöld

Le savant suédois, a un nom signifiant "bouclier de protection" (www.behindthename.com - Bjorg, fr.wiktionary.org - Skjold).

Skjold est le premier roi de Danemark selon la légende.

Paul Cantonneau

De l’ancien occitan canton (coin, angle) ; le mot est venu de l'Italie du Nord où cantone est passé du sens de « coin » à celui de « portion de territoire », dès l'an 1000 (fr.wiktionary.org - Canton).

Ainsi on a Cantonneau face à Bohlwinkel, canton/Winkel, coin/coin.

Porphirio Bolero y Calamres

Son nom fait penser à la danse des calamars dans la ville de Hakodate, au Japon, qui fut une porte d'entrée du retour du catholicisme dans le pays. En témoigne le parcours de Mermet de Cachon (Patrick Beillevaire, La participation de la Société des Missions étrangères de Paris à l'ouverture intellectuelle du Japon dans les derniers temps du régime shôgunal, À la rencontre de l'Asie: La Société des Missions Étrangères de Paris, 1658-2008, 2008 - books.google.fr).

Hakodate est l'une des deux escales marchandes concédés aux États-Unis en 1854 à l'amiral Matthew Perry. La ville fut alors un important port d'escale pour les navires américains. C'est autour de ce port que la ville s'est développée. Elle a servi aux Japonais, durant la période Meiji comme base pour coloniser l'île de Hokkaido qui était à l'époque quasiment déserte. À la fin du shogunat, une guerre entre les forces de la révolution Meiji et les forces restées fidèles au shogunat (dont faisait partie le capitaine Jules Brunet) a eu lieu dans la ville (fr.wikipedia.org - Hakodate).

Our knowledge of Yezo is unfortunately less complete than that of Hondo. anpelly, who some time ago examined the south part of the island, encountered on the southern peninsula, between Hakodate and Volcano hey, a range of ancient schists with quartz porphyry and greenstone which strikes to the north-Wth and must probably be regarded as the continuation of the northern arc of Hondo (Eduard Suess, The Face of the Earth: (Das Antlitz Der Erde), 1906 - books.google.fr).

Ce savant est espagnol comme François Xavier pionnier de l'évangélisation en Asie et au Japon en particulier. On aurait ainsi une mise en opposition des "sectes" protestantes supposées alliées au Juifs et du catholicisme.

Caramels mous

Caramel mou est le nom d'un spectacle dont Jean Cocteau écrivit le livret

N'ayant pas encore poussé la farce à son maximum, Cocteau participe au spectacle de théâtre-bouffe Caramel mou organisé par Pierre Bertin et la pianiste Marcelle Meyer et dont la première représentation a lieu le 24 mai 1921 au Théâtre Michel. Caramel mou est une pièce basée sur le « shimmy » américain. Contrairement à la coutume d'exécuter ce type de ragtime dansé pendant l'entracte, il s'inscrit à même les numéros du spectacle-bouffe. S'inspirant du style « shimmy » que l'on retrouve dans les dancings d'époque, Cocteau règle la chorégraphie du danseur noir américain, Johnnie Gratton. Pour accentuer adéquatement le rythme de cette danse, il fait inévitablement appel Milhaud qui, de son côté, montre un intérêt tout particulier pour la musique des jazz-bands noirs. Le compositeur aixois, qui se trouve en pleine expérimentation de la polytonalité, perçoit le jazz américain comme étant la voie à suivre pour faire évoluer le langage musical : « Nul doute que, dans quelques années, les harmonies polytonales et atonales seront du domaine courant des danses qui succéderont aux shimmys de 1920 » (Jacinthe Harbec, La musique dans les ballets et spectacles, Jean Cocteau, textes et musique, 2005 - books.google.fr).

Je vous rappelle les paroles de Caramel mou : Prenez une jeune fille / Remplissez-la de glace et de gin' / Mettez-lui sur la bouche un petit peu d'angostura / Secouez-le tout pour en faire un androgyne / Et rendez-la à sa famille...

Si Angostura est un rhum de Trinitad et Tobago, ce qui rapproche de Porto Rico, on a une corrélation plus précise avec Georges Méliès, vendeur de caramels mous à la fin de sa vie, rencontré dans (Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Hélène et Moulinsart).

En vérité, et pendant que les producteurs de l'après-guerre s'enrichissaient, l'inventeur ruiné vendait depuis 1925 des trompettes en bois et des caramels mous dans une petite boutique située gare Montparnasse, où il se tenait tous les jours de 7 heures du main à 10 heures du soir, avec sa seconde femme, Jehanne d'Alcy, une des premières artistes de son théâtre. Il avait fallu des recommandations et de nombreuses démarches pour obtenir cette boutique en bois, placée au milieu de la salle des pas perdus et ouverte à tous les vents. « On n'avait pas chaud, racontait Mme Malthête-Méliès, sa petite-fille mon grand-père avait toujours son chapeau sur la tête, sa pipe à la bouche et son pardessus » (Le Crapouillot, 1963 - books.google.fr).

La Lune, le Soleil, la planète Saturne ainsi que des étoiles et comètes peuplent les films de Georges Méliès. Une image récurrente des films représentant des astres à cette époque, qu’il s’agisse de Méliès, ou de ses contemporains, est la représentation de Saturne. Toutes représentent un vieil homme, avec cheveux et barbe blancs, soit dans sa planète, comme s’il y habitait et ouvrait ses volets (Voyage dans la Lune [1902], Voyage autour d’une étoile [1906]), soit assis dessus (Éclipse de Soleil en pleine Lune [1907], Voyage sur Jupiter [1909]), avec une « amélioration » pour Voyage sur Jupiter : le vieil homme a les pieds sur les anneaux, qui, tel une balançoire, se balancent autour de la planète. Seule exception chez Méliès, A la conquête du Pôle [1912], qui représente Saturne avec un dessin fixe, planète-visage grimaçant entouré de ses anneaux.

Les étoiles individuelles, c’est à dire, celles qui se détachent des fonds étoilés, sont en général représentées par des femmes, tenant une étoile à la main, ou assises sur une étoile gigantesque. Elles sont souvent en mouvement. Parmi elles, on note la présence d’une Vénus, et d’un Mars. Bien souvent les comètes sont de simples formes dessinées en surimpression par-dessus l’action, avec des planètes ou des étoiles comme dans le Voyage à travers l’impossible, ou Les quat’cent farces du diables. Ces gimmicks ont été repris dans Clair de Lune espagnol et Voyage autour d’une étoile. On notera également la présence d’une étoile à cinq branches, avec des rayons symbolisant son éclat dans Vie et passion de notre seigneur Jésus-Christ. Dans Le voyage dans la Lune, Méliès représente un ciel avec des étoiles qui sont représentées par des têtes de femmes.

Films de Georges Méliès avec astres : 1896 Le cauchemar ; 1898 La Lune à un mètre ; 1901 Le temple de la magie ; 1902 Le Voyage dans la Lune ; 1903 Le Tonnerre de Jupiter ; 1904 Au clair de la Lune, ou Pierrot malheureux ; 1904 Voyage à travers l’impossible ; 1906 Les quatre cent farces du diables ; 1907 Eclipse de Soleil en pleine Lune ; 1908 Le Rêve d’un Fumeur d’opium ; 1908 Le tambourin fantastique ; 1912 A la conquête du pôle (Nicolas Jonquères, La représentation des astres chez Georges Méliès, 2010 - www.academia.edu).

Le Voyage dans la Lune - puppetmister - www.flickr.com

La maison de production créée par Méliès s'appelait Star Film.

Dans Le Voyage dans la Lune on trouve aussi de très beau champignons :

Le Voyage dans la Lune - puppetmister - www.flickr.com

F.E.R.S.

L'expédition se fait sous le drapeau du FERS (Fonds européen de recherches scientifique), tandis que le FNRS (Fonds national de la recherche scientifique) est un organisme belge fondé en 1928 (fr.wikipedia.org - L'Etoile mystérieuser).

Le grec "Sideros", ferrum, de l'hébreu "Sad", Samec dalet, latin "compedes" ; comme nous appellons "compedes", les fers aux pieds (Louis Thomassin, La methode d'étudier et d'enseigner chrestiennement et utilement la grammaire, ou les langues par rapport à l'ecriture Sainte en les reduisant toutes à L'Hebreu, Volume 2, François Muguet, 1690 - books.google.fr).

Le travail de la forge a d'abord été rituel, aussi bien céleste que chtonien. Une double filiation attestée par le fait le premier fer travaillé le fut par les Égyptiens qui l'ont d'abord extrait des météorites. Le nom grec, sideros, peut d'ailleurs être rapproché de sidus, l'astre en latin. Pendant longtemps, les Sumériens et les Akkadiens ne connurent que le fer météorique. Le mot sumérien AN.BAR, le plus ancien vocable désignant le fer, s'écrit avec les signes « ciel » et « feu » ; on le traduit par « métal céleste ». Métal rare, son usage était plutôt rituel. En se limitant à ce seul « métal-étoile », les hommes n'étaient pas possédés par les fotrces démoniaques des entrailles de la Terre-Mère (Christian Elleboode, Jésus, l'héritier: Histoire d'un métissage culturel, 2011 - books.google.fr).

Le capitaine Haddock propose de mettre Philippulus "aux fers", rappelant les années de servitudes du peuple hébreu auquel les "sectes" protestantes s'identifient parfois.

Je vous dis ceci, mes frères, à l'occasion de la fête de Pâques; pour célébrer dignement cette fête, il faut purifier nos cœurs. [...] C'est maintenant que les fidèles doivent redoubler leurs soins, pour empêcher que leurs frères ne sentent les incommodités du froid, de la faim, de l'indigence, pour empêcher que les ennuis et les chagrins ne les dévorent, qu'ils ne croupissent dans les prisons, qu'ils ne languissent dans les fers: quelque grands que soient les outrages, il faut qu'un homme ait plus d'égard à la nature humaine qu'à l'espèce de l'offense, puisque Dieu nous traitera de la même manière que nous aurons traité les autres. Bienheureux ceux qui font miséricorde, parce qu'ils seront traités avec miséricorde. [...]

Le peuple juif et toutes les tribus d'Israël, se voyant autrefois, en punition de leurs péchés, opprimés par la puissance des Philistins, qui les accablaient du joug d'une dure domination, ne trouvèrent point de meilleur remède que le jeûne pour reprendre leurs forces et pour se remettre au dessus de leurs ennemis, comme l'Histoire sacrée nous l'apprend. Les Hébreux reconnurent que cette misérable servitude, sous laquelle ils gémissaient, était une suite de la corruption de leurs mœurs et du mépris qu'ils faisaient des commandemens de Dieu; et que tous les efforts qu'ils faisaient pour triompher de leurs ennemis par les armes étaient inutiles, s'ils n'avaient le soin auparavant de combattre leurs vices (Pierre Dassance, Nouvelle bibliothèque des prédicateurs ou Dictionnaire apostolique à l'usage de ceux qui se destinent à la chaire, 1837 - books.google.fr).

Fers est aussi la deuxième personne du singulier du verbe fero : je porte, je supporte.

FERT, ou « FERT, FERT, FERT », dans sa forme longue, est la devise de la maison de Savoie, qui aurait été adoptée sous le règne d’Amédée VI, comte de Savoie, d’Aoste, et de Maurienne. Selon un des interprétations, Fert est la troisième personne du singulier de l’indicatif présent du verbe irrégulier latin fero, fers, ferre, tuli, latum, et signifie dans un sens large « porter » ; une autre acception du terme, avec le sens de « supporter » suggère une exhortation faite aux membres de la famille et à leurs successeurs, pour parer aux vicissitudes que subit la maison princière avec de l’esprit et de l’endurance. Cette idée est compatible avec l’esprit de l’ordre chevaleresque du Collier, dont la devise initiale est « FERT », qui, combiné avec le nœud de Savoie, indique la dévotion mariale (principal trait de ce qui deviendra l’ordre de la Très Sainte Annonciade) ; les membres sont invités à supporter les épreuves par la dévotion à la Très Sainte Annonciade (fr.wikipedia.org - FERT).

On il dans le Sepher haBahir 157 : « Le Saint Béni Soit-Il a un Juste (Tsaddiq) dans Son Monde et il est Son Bien-Aimé car il supporte tout le Monde, et il est son Fondement (Yesod) » (traduction Gilen) (www.kabbale.eu - yesod).

Selon Moïse Hayyim Luzzatto (Padoue, 1707 - Acre, 1746), la sefira Yessod, en un mot, est le centre de désir et de fécondité divine, concrétisé dans l'image du Dieu manifestée du système des sefirot, qui est image d'homme, par le sexe masculin. Or Joseph, le fils préféré de Jacob, le père d'Israël, « est ce Fondement qui doit être réparé, mais le Satan l'a accusé, jusqu'à entraîner à le vendre aux Égyptiens. Et la détérioration a recommencé à s'étendre, le Yessod à être obstrué par le prépuce (autre nom de la puissance de Satan, de l'Autre côté)», à cause de quoi Joseph a dû affronter la femme de son maître égyptien Putiphar, qui symbolise la «nudité de la terre », c'est-à-dire une terre avare et avide, une terre d'où toute bonté, d'où toute gratuité est exclue, un réceptacle percé si l'on veut, Joseph a réussi à échapper à l'avidité de cette terre, mais, ayant été réduit en esclavage par ses frères, sa condition servile l'a contraint à avoir « une mauvaise pensée » et à laisser échapper dix gouttes de semence qui se sont répandues sur cette terre réfractaire et qui y ont fondé une véritable filiation de détériorations (qilqoulim) qui se développera parallèlement la filiation d'Israël et à son histoire lors de ses différents exils (Charles Mopsik, Chemins de la cabale: vingt-cinq études sur la mystique juive, 2004 - books.google.fr).

Jospeh, fils de Jacob, sera mis aux fers lorsqu'il sera vendu comme esclave aux Egyptiens, et à la suite des accusations de la femme de Potiphar. Lui-même mettre aux fers son frère Siméon. A l'arrivée des frères de Joseph en Egypte, il les traite d'espions. Il fait arrêter Siméon, et ne renvoie les autres qu'a condition qu'ils lui amèneront Benjamin.

Ps 104, 17-19 : Il avoit envoyé devant son peuple un homme en Egypte : Joseph avoit été vendu pour esclave. Il eut l'affliction de voir ses pieds dans les chaînes ; & il demeura dans les fers, jusqu'à l'accomplissement de ce qu'il avoit prédit; jusqu'à ce que la parole du Seigneur l'eut purgé des crimes qu'on lui imputoit (Pseautier latin-françois, distribué suivant le nouveau bréviaire de Paris, qui contient l'office des dimanches et des fêtes de l'année, 1737 - books.google.fr, Sophie Ramond, Les leçons et les énigmes du passé: Une exégèse intra-biblique des psaumes historiques, 2014 - books.google.fr).

Pour le kabbaliste Isaïe Horowitz (Progue, vers 1565 - Tibériade, 1630) Jacob et les tribus se trouvent dans le mystère de « Le Seigneur sera un », Joseph et les tribus le sont dans le mystère de « Son nom sera un » (Za 14, 1 : « Le Seigneur sera un et son nom sera un. »). Le commentateur rappelle qu'il est connu que les douze tribus de Yah (Ps 122, 4) correspondent aux douze permutations du nom Yhwh comme l'enseigne le Zohar. Tif 'eret qui est la vertu de Jacob correspond précisément au tétragramme. Il est également connu que la modalité de Joseph (Yesôd) procède de celle de celle de Jacob. C'est ce qu'énonce le verset (Gn 37, 2) : « Voici les engendrements de Jacob : Joseph », ainsi que le midrash qui explique que l'éclat du visage de Joseph ressemblait à celui de [Jacob] et cet autre midrash encore qui avance que tout ce qui survint à Jacob survint à Joseph. Joseph correspond à « Son nom sera un », car le nom est la manifestation de la réalité et Joseph est la manifestation de Jacob, Horowitz n'hésite pas comme les autres kabbalistes à recourir ici à la symbolique sexuelle, cela est conforme avance-t-il, au mystère du membre masculin qui fait jaillir le sperme à partir de la puissance du corps pour engendrer ! Tout ceci vient donc enseigner que l'unité de Jacob se mire en sorte dans celle de Joseph (Jean Robert Armogathe, Le Grand siècle et la Bible, 1989 - books.google.fr).

Le drapeau de la FERS a bien un aspect phallique qui sera "planté" dans le sol de l'aérolithe.

Conclusion

Une tulipe ! s'écria le vieillard courroucé, une tulipe ! ce symbole de l'orgueil et de la luxure qui ont engendré dans la malheureuse cité de Wittemberg la détestable hérésie de Luther et de Mélanchton ! (Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842).

Cette exclamation se trouve dans le "poème en prose", dont Bertrand serait l'inventeur selon Max Jacob, Le marchand de tulipes, dans la bouche du Docteur Huylten, lecteur infatigable de la Bible, et possesseur d'un portrait du duc d'Albe, bourreau des protestants aux Pays-Bas espagnols au XVIème siècle. Lorsqu'il tire un rideau, la lumière laisse voir la "fleur de la passion avec sa couronne d'épines, son éponge, son fouet, ses clous et les cinq plaies de Notre-Seigneur" (www.poetes.com - Le Marchand de tulipes).

Le jardin d'Eden, englouti par le Déluge, la Terre promise, perdue, sont des préfigurations "historiques" (légendaires) et périssables du "vrai" Royaume de Dieu qui réside en Christ.

Page 19, on ne voit que le "ORE" de AURORE dans la case où le bâton de dynamite tombe à l'eau. En anglais, ore signifie minerai, terme qui sera employé par le reportage radio à la fin, page 62. Le "boum" de l'explosion qui n'a pas eu lieu sur l'Aurore est concrétisé par celle, inoffensive, des champignons sur l'aérolithe et sur l'Aurore, pages 51, 52 et 62. Le son du gong de Philippulus "dong" - la cloche de l'Aurore fait "ding" -, est rappelé page 50 dans la cloche du Peary, alors que Tintin mange ses biscuits.

Dans le face à face des expéditions Peary et FERS, pierre, caillou, sten de calystène, se reflètent, dans le rouge de la tulipe, Canton-neau suisse dans Winkel allemand, et Rico (Eric ou diminutif de Henri en espagnol) dans Erick (Björgenskjöld, le savant suédois). On peut d'ailleurs supposer le protestantisme du Suédois et du Suisse de Fribourg, dont les pays respectifs ont été gagnés par la nouvelle religion très tôt au XVIème siècle (cf. les tulipes de Bertrand et son duc d'Albe).

La défiance vis à vis de la science triomphante - Calys se félicitant du cataclysme, parodie de L'Anatomie du docteur Tulp - se reproduit dans des albums comme Les 7 boules de cristal où les savants d'une autre expédition, au Pérou, sont pris à partie pour n'avoir pas respecter le sacré des Incas qui se vengeront en les plongeant dans un état cataleptyque, symbole du "sommeil de la foi".