Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et pierres noires   Uriel, Uranus, bétyles et le ciel étoilé   

Les Oracles Sibyllins ne parlent presque jamais des anges, mais ils le font précisément à l'occasion du Jugement des Morts. Après que le feu céleste aura détruit ce monde, quatre "émissaires impérissables" du Diieu immortel conduiront les âmes humaines depuis leur ténébreux séjour jusqu'au Tribunal. Puis une imposante figure se détache, celle d'Uriel brisant les portes de l'Hadès d'où il fait remonter les ombres des Titans, des génats et autres victimes du déluge. Cette apocalypse a été remaniée par un Chrétien sur un canevas juif lui-même composite (Bernard Teyssèdre, Anges, astres et cieux, Albin Michel, 1986, p. 251).

Les Oracles Sibyllins sont une composition en vers, formée de 15 livres avec un matériel qui date du 2° siècle avant le Christ jusqu'au 6e siècle après J-C. Ces livres sont beaucoup cités par les Pères anciens à commencer par Justin, Apol 1,20,1; 42,2 (www.mariedenazareth.com - Oracles sibyllins).

Comment ne pas être tenté d'associer les géants, rejetons de l'abomination, des titans qui sont le produit résultant de l'union du "dieu" Ouranos (Uranus) et de la terre Gaia (Gé) ? Surtout lorsque je m'en réfère aux liens établis par Enoch lors de sa rencontre avec Uriel, attestant d'une corrélation détaillée entre les luminaires et les anges (Jean-Jacques Rossignol, Les anges de Dieu: images angéliques au fil des civilisations, 1997 - books.google.fr).

Pour ce qui est d'Ur des Chaldéens d'où vient Abraham, ur signifie la lumière et aussi le feu ce qu'on retrouve dans l'hébreu urim, et aussi dans Uriel, et aussi dans Uriel, Uranus, etc. terme qui était commun en Inde avec les Asurias « les Constructeurs » : je peux assurer que les théories établies ainsi sur les étymologies fantaisistes, car on peut tout faire dire par ce moyen, tout et surtout n'importe quoi, sont légions (Guy Rachet, La Bible, mythes et réalités: Des origines à Moïse, 2003 - books.google.fr).

Mais Ouranos en grec signifie ciel étoilé, firmament, qui a bien un aspect lumineux, la lumière dans la nuit. Dans l'Adoration de Léonard de Vinci, l'index (ou la pierre noire) d'une main d'homme montre le ciel étoilé qui est Uranus.

Dans le second fragment de Sanchoniaton, cité par Eusèbe (Préparat. Evangel. lib. 1, cap. 10), il est parlé de l'origine des pierres monumentales, fort vénérées en Phénicie et en Palestine, sous le nom de Bélyles ou Béthels, mots qui signifient demeure de Dieu. Ces pierres divines, conformément au génie allégorique, y sont personnifiées. Betylus fils d'Uranus et de Ghé. Uranus n'est autre chose que la partie du ciel qui se montre à nos yeux, et que l'horizon visuel semble encadrer. Ghé, mère de Bétylus y signifie la terre, ou cette partie visible de la terre qui est bornée par l'horizon, et sur laquelle le ciel ou Uranus domine.

Le même auteur ajoute ensuite : « On dit encore que le dieu Uranus inventa les bétyles, fabriquant des pierres animées », ou, suivant l'interprétation d'un savant, des pierres ointes, parce que le culte qu'on leur rendait consistait à les oindre avec de l'huile.

Dans la Palestine, on donnait à ces pierres adorées le nom de béthel. On lit dans la Genèse, que Jacob érigea en colonne une pierre qui lui avait servi de chevet; qu'il y versa de l'huile et la nomma béthel, ou demeure de Dieu. Dans le même livre, on voit que Dieu par la dans la suite à Jacob, en ces termes : Je suis le Dieu de béthel dont tu as graissé la pierre. Après avoir érigé une pierre comme un monument religieux, Jacob en érigea une seconde, comme sa femme Rachel étant morte, il la fit enterrer sur le chemin qui conduit à Ephrate, appelé depuis Bethléem, et lui dressa un monument de pierre (Jacques-Antoine Dulaure, Des cultes, qui ont precede et amen l'idolatrie ou l'adoration des figures humaines, 1805 - books.google.fr).

"Jacob s'éveilla de son sommeil et il dit: Certainement, l'Eternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas! Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable! C'est ici la maison de Dieu! C'est ici la porte des cieux!" (Genèse 28,16 et 17) (www.renneslechateau.com - Alain Sipra, Théodoredapolis ou Le cycle gothique du Graal).

Les Betyles étoient donc des Pierres consacrées au Culte Divin, & destinées aussi à conserver le souvenir des événemens remarquables, dûs à la protection des Dieux. Ces Pierres représentoient les Dieux même : elles en étoient la vive image elles étoient donc, au pied de la lettre, des Pierres animées ou vivantes. C'est sous ce nom en effet que les statues furent connues chez les Anciens. Les Grecs les apelloient Eikones empsykhoi, Images animées (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne ou recherches sur les antiquités du monde, Volume 1, Partie 3, 1773 - books.google.fr).

Il y avait un de ces pierres à Byblos, représentée sur une monnaie giblite de Macrin (217-218 après J.-C.), aussi à Paphos, découverte par J.L. Myres en 1913, exposée au musée de Kouklia. Tacite la décrit dans Histoires II,3 : "Une image de la déesse qui n'est point représentée sous la figure humaine : c'est un bloc circulaire qui, s'élevant en cône, diminue graduellement de la base au sommet" (Edward Lipinski, Dieux et déesses de l'univers phénicien et punique, Orientalia Lovaniensia Analecta: Studia Phoenicia XIV, 1995 - books.google.fr).

Le sexe d'Ouranos, en se mélangeant à l'écume des flots, a donné naissance à Aphrodite, déesse de l'amour et du désir. Uranus castré devient un "ange" (qui n'aurait pas de sexe) ce qui permet de le relier à Uriel.

La pierre de Delphes, l'omphalos, serait celle que Rhéa (ou Cybèle) fit avaler à Saturne à la place de Jupiter. La légende ne dit pas que cette pierre fut créée par Uranus. Mais elle est appelé betylion, nom à rapprocher de Bétylus, fils d'Uranus.

La pierre adorée dans le voisinage de Delphes, sous le nom d'Abadir ou de Bétyle, devait être placée sur une frontière, sur celle du territoire de cette ville, ou, ce qui est plus vraisemblable, Delphes était elle-même située sur une frontière, sur celle des Phocéens, dont elle est très-voisine. [...] Le Bétyle de Delphes et le Terme des Latins étaient, l'un et l'autre, cette pierre enveloppée de langes que Saturne, trompé, avala, croyant dévorer son fils Jupiter (J. A. Dulaure, Des cultes qui ont précédé et amené l'idolâtrie ou l'adoration des figures humaines, 1805 - books.google.fr).

L'origine sidérale de ces pierres est affirmé dans une citation de Damascius par Photius : "J'ai vu le bétyle volant dans le ciel". Lenormant, repris par Le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio, note : "La superstition attribuait même à ces pierres la faculté de se mouvoir encore, à certains moments, dans l'air, au milieu d'un globe de feu, comme au moment de leur chute." (Philippe Dain, Mythographe du Vatican I: traduction et commentaire, 1995 - books.google.fr).