Partie II - Voyage dans le temps   Chapitre XXI - Saint-Germain & Cagiostro   Francs-maçons célébres   

Paul Robin (Toulon, 1837 - malade, se suicide en 1912 à Paris) est un pédagogue libertaire français. Ses liens intellectuels et son amitié personnelle avec Bakounine le firent expulser de l'AIT par Marx dès 1871. Toute sa vie, Robin resta fidèle à son amitié pour Bakounine et professa une réelle sympathie pour les idées anarchistes. Anti-autoritariste, il était véritablement internationaliste et croyait à l'amitié entre les peuples. Il a aussi introduit en France la pensée néo-malthusienne venue de Grande-Bretagne, où il a séjourné quelques années. Cette théorie est issue du vieux malthusianisme qui met en rapport l'augmentation rapide de la population mondiale à la fin du XVIIIème siècle, avec l'accroissement insuffisant des ressources. Toutefois, pour Robin, elle ne doit pas se confondre avec une morale austère anti-nataliste, obstacle au plaisir et à l'amour, comme le vieux malthusianisme. Robin prône l'utilisation des moyens de contraception modernes et des innovations pédagogiques visant à mieux élever les enfants telles l'éducation sexuelle. L'éducation "sans Dieu" et "sans Patrie" donnée à Cempuis, et tant reprochée à Paul Robin, s'inscrit très étroitement dans cette ligne. Les méthodes éducatives de Paul Robin, trop révolutionnaires pour leur temps, lui vaudront d'en être chassé en 1894, à la suite d'une campagne de presse très virulente menée contre lui par la Libre Parole. Octave Mirbeau prend alors sa défense et dénonce la collusion liberticide entre Cartouche (les politiciens républicains corrompus) et Loyola (l'Église catholique rétrograde). Sur le plan pédagogique, l'éducation intégrale est pour Robin un engagement politique. Il faut réorganiser le travail. En utilisant le progrès technique, on peut augmenter le temps de loisir de chacun. L'ouvrier, grâce au savoir et à l'accès à la culture désintéressée, pourra transformer son état. Sa condition deviendra intégralement humaine. Pour Robin la seule manière d'apprendre est scientifique et il veut développer un esprit rationnel chez l'enfant, loin des " fantômes " de " l'imposture religieuse " fr.wikipedia.org - Paul Robin).

Le néomalthusianisme, dont le pédagogue Paul Robin (1837-1912), progressiste enflammé, libertaire et pacifiste militant, fondateur en 1896 de la Ligue de la régénération humaine, est l'apôtre le plus enthousiaste, est articulé avec un mouvement eugéniste qui prend naissance dans les milieux anarchistes des deux dernières décennies du XIXe siècle. Le rêve eugénique s'y présente comme une utopie futuriste, située à l'horizon du méliorisme des Lumières. L'impératif d'un contrôle rigoureux des naissances y rejoint le souci de la qualité héréditaire des générations futures, sur la base d'une vision matérialiste-biologique de l'évolution humaine.. Le scientisme biopolitique de Robin n'a rien à envier à celui de Lapouge. Ni la brutalité des mesures qu'il prône (telle la stérilisation des "inaptes"). Les "surpeupleurs", après les hécatombes de la guerre de 14-18, gagneront une première bataille de grande importance symbolique et décisive contre l'eugénisme, en faisant voter la loi du 31 juillet 1920. Cette loi, qui punit d'amende et de prison la propagande anticonceptionnelle, vise au premier chef le mouvement néomalthusien initié par Paul Robin m.marianne2.fr - Pierre-André Taguieff, L'eugénisme en France : les raisons d'un échec).

Les dates de son parcours maçonniques rencontrent le calendrier nonagonal. En effet, il est initié le 17 janvier 1895 à la Loge Thélème, devient compagnon le 29 mai à la Loge de la Renaissance de Paris, et enfin maître aux Trinosophes de Bercy le 29 juin[1].

Paul Robin par Félix Vallotton (Lausanne, 1865 - Paris, 1925)


[1] « Encycloédie de la Franc-Maçonnerie », La Pochothèqhe, p. 750