Partie XVI - Darmstadt   Les trois portes   Douze portes   
DARMSTADT RENNES LE CHATEAU DOUZE 12 PORTES

Mais il y a mieux encore : une tradition affirme que, depuis la chute du Temple, l'Arche des Nautonniers serait cachée dans un lieu secret qui pourrait fort bien être la Robertière et que, selon Pierre Plantard, « trois fois l'an, dans la forêt de Dreux, qui s'appelait autrefois forêt de Crothais (croth en celtique, grotte), le 25 avril, le 25 août et le 25 décembre, l'un des « Treize », à tour de rôle, se rend en certain lieu, revêt une robe de lin et une cagoule, « surveille le trésor et partage la manne avec l'invisible... » De là est née la légende de l'Homme Blanc. Ce pélerinage n'est pas aboli » (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, 1969, p. 283). Robert Ier, fils de Louis VI, auquel on doit la Robertière, est mort en 1188. Date que l'on retrouve en exergue au-dessus des armes de Gisors. Officiellement elle commémorerait le prêche de la troisième croisade par Guillaume de Tyr en cette ville (Daniel Réju, La France secrète, Tome 1, 1979 - books.google.fr).

Saint Jacques est fêté le 25 juillet. Un axe nonagonal du 25 juillet passe à Dreux (Darmstadt : Les trois portes : Darmstadt - Montrevel).

La bannière de saint Jean de Beverley fut placée, avec celle de saint Wilfrid et de saint Cuthbert, sur le char sacré, à la bataille de l'Étendard, en 1138. Cette même bannière servit d'oriflamme à Edouard Ier dans une de ses grandes expéditions. Deux siècles plus tard, la popularité du saint abbé de Beverley, mort et fêté le 7 mai (721), fut renouvelée par la coïncidence de la fête de sa translation, célébrée en 1037, le 25 octobre, avec le jour de la victoire d'Azincourt. Shakespeare (d'accord avec le bréviaire romain) ne parle que des saints Crépin et Crépinien, comme des patrons de ce jour. Mais en août 1421, Henri V vint rendre grâces de sa victoire devant la châsse du saint anglo-saxon à Beverley (Charles Forbes comte de Montalembert, Les moines d'Occident depuis saint Benoît jusqu'à saint Bernard, Tome 5, 1867 - books.google.fr).

George Ripley, The compound of alchymy - Thomas Orwin 1591 - (twistedphysics.typepad.com

25 octobre

Le pélerinage à Beverley au tombeau de "li bons Johans... celui ki gist a Beverli" était comparé à celui de saint Jacques, autre champion de la Chrétienté "Come ye from the east, or come ye from the west, or bring relics from over the sea - or come ye from the shrine of St. James the divine, or St. John of Beverley. L'architecture du monastère de Beverley fut influencé par celle de Cluny (Handbook for Travellers in Yorkshire, 1874 - books.google.fr).

Un moine, nommé Fulcart ou Folcard, vécut quelque temps dans le monastère du Sauveur, à Douvres, lequel appartenait à la congrégation de Cluny. S'étant arrêté à Cantorbéry, vers l'an 1068, il fut élu abbé de Thorney. Ayant eu de grandes contestations avec l'évêque de Lincoln, il quitta son abbaye, et retourna à Sithiu (abbaye de Saint-Bertin à Saint-Omer). Il était singulièrement estimé d'Aldred, archevêque d'Yorck, à la prière duquel il écrivit la vie de saint Jean de Béverley, laquelle est en manuscrit dans le Musaeum britannique, et qui a élé publiée par Mabillon, ainsi que par les Bollandistes. Il écrivit aussi la vie de saint Oswald, évoque de Worcester, et celles de quelques autres Saints anglais (Alban Butler, Jean François Godescard, Charles Butler, Vies des péres, des martyrs, et des autres principaux saints, Tome 13, 1831 - books.google.fr).

Harpham est la patrie de saint Jean de Beverley qui fut éduqué au monastère de Whitby. Il fut évêque d’Hexham puis d’York. Avant sa mort, en 721, il fonde un monastère à Beverley où il a sa tombe. Saint Jean est le patron des sourds et des sourds-muets.

Il est à noter que des reliques de saint John sont conservées dans le village de Saint-Jean-Brévelay (du nom du saint) lui même sur les tracés des nonagones "français" (axe d'Edern du 19 mai).

Les Nonagones "britanniques" recouvrent les Îles Britanniques et sont construits à partir du sommet du grand nonagone français de Vieille-Chapelle et de celui situé en Manche. Le centre se trouve entre Great Driffield et Bridlington dans le East Riding of Yorkshire, plus précisément à proximité des villages de Lowthorpe et Harpham, patrie de Jean de Beverley.

Saint Jean de Bridlington, né en 1319 dans le village de Thwing dans le nord du Yorkshire et mort de la peste le 13 octobre 1379, est un saint anglais canonisé en 1401. Il devient prieur du prieuré augustin de Sainte-Marie de Bridlington dans le diocèse d'York. Il est rapporté qu'Henri V le prie à la bataille d'Azincourt, comme saint Jean de Beverley Il est fêté le 21 octobre par l'Église, et le 9 octobre par les chanoines augustins (fr.wikipedia.org - Jean de Bridlington, bridlingtonpriory.co.uk).

Ces visionnaires et illuminés font partie du jeu politicomilitaire. Ils ont accès auprès des grands, qui leur demandent conseil et qui en même temps les manipulent et se servent d'eux dans leur propagande. Là réside l'ambiguïté de ces personnages et de leurs prophéties. Fabriquées après coup, elles visent à légitimer des actions de tel ou tel camp, et la guerre de Cent Ans est propice à ces munipulations. Ainsi, une prophétie en vers, attribuée à l'augustin Jean de Bridlington, mort en 1379, a été composée peu après 1361 dans les milieux favorables au Prince Noir, présenté comme la figure messianique du souverain des derniers jours. Il s'agit de donner une dimension apocalyptique au combat contre les Français, et de justifier une reprise de la guerre après le traité de Brétigny de 1360 (Georges Minois, La guerre de Cent ans, 2016 - books.google.fr).

De ce même prieuré, George Ripley (vers 1415 - vers 1490) fut chanoin régulier. L'alchimiste anglais aurait écrit The Compound of Alchymy (L'édifice d'alchimie ou les douze portes) (1470-1471), imprimé pour la première fois en 1591. Il s'agit d'un poème en stances de "rime royale" qui se présente en douze chapitres ou "portes", décrivant les étapes successives du grand œuvre (fr.wikipedia.org - George Ripley (alchimiste)).

12 portes

De Plantard, on a déjà trois portes. Un dodécacogne parfait ne donne pas ces trois communes. Si on se cale sur Gisors et Montrevel, alors la troisième porte se situe à Ballans (Charente). La datation nonagonale des 12 portes est contraire au sens de parcours des phases alchimiques. On remonterait le temps.

première porte : calcination - Saint-Rabier - 4 février

deuxième porte : dissolution - Saint Jacques des Blats - 30/31 décembre

troisième porte : séparation - Périgneux - 1er décembre

quatrième porte : conjonction - Montrevel - 4/5 novembre

cinquième porte : putréfaction - Beaumont sur Vingeanne - 11 octobre

sixième porte : congélation - Montier en Der - 18 septembre

septième porte : cibation - Coincy - 25 août

huitième porte : sublimation - Gisors - 31 juillet

neuvième porte : fermentation - Mont-Ormel - 5 juillet

dixième porte : exaltation - Quelaines-Saint-Gault - 4 juin

onzième porte : multiplication - La Flocellière / Saint Michel Mont Mercure - 29 avril

douzième porte : projection - Ballans - 17/18 mars.

Faut-il concevoir ses portes dans l'ordre ? On serait tenter de le faire sachant que calcination, dissolution, séparation, conjonction et putréfaction sont des termes appartenant à la nigredo.

1. Calcination : Saint Rabier - 4 février

Les Acta Sanctorum note un Riberius inconnu des auteurs d'où Saint Rabier dans le Périgord au 25 août (Acta Sanxtorum augusti, 1741 - books.google.fr).

Saint Rabier est noté aussi Sancti Riperii (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Volume 133, 2005 - books.google.fr).

Ripert est une variante de Rupert (Robert) (Urkundenbuch zur Geschichte der Herzöge von Braunschweig und Lüneburg und ihrer Lande, gesammelt und herausg. von H. Sudendorf, Tome 11, 1881 - books.google.fr).

Hildegarde qui avoit gouverné le Monastère du Mont de St. Disibod, vint auprès de Bingen, bâtit un Monastère de filles au Mont St. Rupert, auprès du tombeau de ce Saint, évêque de Worms (sur l'axe Rennes le Château - Montrevel - Darmstadt), apôtre de la Bavière, qui fonda l'Eglise de Saltzbourg. En Bavière et en Autriche on fait sa principale fête le 25 septembre, mais c'est le 27 mars, jour de sa bienheureuse mort, que le Martyrologe romain en fait mention (Dictionnaire d'orfèvrerie, de gravure et de ciselure chrétiennes, Tome I, Encyclopédie théologique, Tome 59, 1863 - books.google.fr).

La chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Espérance est située dans le département français de la Dordogne, sur la commune et dans le village d'Azerat, à proximité du ruisseau le Cern. Elle est édifiée au XIIIe siècle, sous l'impulsion du chevalier de Souillac, seigneur d'Azerat. Celui-ci, de retour de croisade, fut pris dans une violente tempête qui menaçait de faire chavirer son navire. Il invoqua alors Notre-Dame et promit de lui ériger un oratoire, ce qu'il fit, revenu sur ses terres. La clé de voûte est sculptée aux armes de la famille de Souillac (fr.wikipedia.org - Chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Espérance d'Azerat).

Ora (oratoire) et labora.

Des marnes calcaires propres à l'amendement des terres et se trouvent abondamment dans les environs de Terrasson, de Saint-Lazare, de Beauregard, de Châtre, de Badefols-d'Ans, d'Hautefort et d'Azerac. La plupart de ces marnes sont susceptibles de servir de castine et de donner de la chaux hydraulique par la calcination (François-Georges Audierne, Le Périgord illustré: guide monumental statistique, pittoresque et historique de la Dordogne, 1851 - books.google.fr).

2. Dissolution : Saint Jacques des Blats (Cantal) - 30/31 décembre

Saint Jacques des Blats (Cantal) près du Lioran, du Puy Mary et du Plomb du Cantal.

La dissolution sur laquelle nous avons insisté plus haut, joue en alchimie le rôle d'un rite de passage, que l'on a parfois associé au baptême (Jean-Pierre Sironneau, Le Retour du mythe, 1980 - books.google.fr).

Saint Jacques des Blats est retrouvé ici, on en parle au sujet du N inversé de la tombe des Davine (d'où Davitse) et du vitrail de son église présentant le baptême de Jésus par Jean Baptiste sous lequel se trouve les armes de l'évêque de Saint Flour, Mgr Lamouroux, la croix trêflée, à comparer avec le groupe sculpté de Rennes le Château du même sujet avec lma croix trêflée peinte au-dessus sur le mur de l'église Sainte Marie Madeleine de Rennes-le-Château (Autour de Rennes le Château : Eglise Marie-Madeleine et calendrier kabbalistique).

3. Séparation : Périgneux (Loire) - 1er décembre

Le Feu naturel s'appelle occasionné, comme est la chaleur des cendres qui vaut à putrifier. Sans ces sortes de Feux tu ne pourras rien conduire à putréfaction, tellement que la matière se puisse séparer, afin qu'ensemblement tout soit proportionné à une nouvelle conjonction (Bernard Biebel, Les douze portes d'alchimie ; La vision du Chevalier George ; Le traité du Mercure, 1979 - books.google.fr).

Ecclesia de Padriniaco en 984, Peyrigneu en 1535, certains pensent que l'étymologie viendrait de PER (par - à travers) et IGNES (feu), soit : par, à travers le feu.

La commune est connue pour son exploitation des carrières de granit, qui en fit "la capitale du pavé" (asso-perigneux-patrimoine.fr, fr.wikipedia.org - Périgneux, fr.geneawiki.com - Périgneux).

4. Conjonction : Montrevel (Ain) - 4/5 novembre

Elle se fait pendant la noirceur qui survient à la matiere pendant la putréfaction.

La conjonction des opposés est suivie d'une immobilité de mort. Quand, en effet, les opposés s'unissent, toute énergie s'arrête, il n'y a plus de déclivité. Dans le débordement de la joie et de la passion nuptiale, le torrent est parvenu à la plus grande profondeur et un lac stagnant est né. Du moins, c'est ce que l'on pourrait croire quand on regarde les choses de l'extérieur. Comme l'indique la légende, la gravure du Rosarium Philosophorum représente la putréfaction, donc la décomposition d'une nature jusque-là vivante. À première vue, ceci semble paradoxal : on pourrait penser en effet que la conjonction est la fin de l'histoire. Elle est en fait le début d'une autre série de phénomènes qui s'illustrent par la putréfaction. Le vieux roi meurt pour laisser la place à un être nouveau et unique qui va surgir dans un nouveau processus (Marie-Claire Dolghin-Loyer, Jean Pierre Falaise, Les concepts jungiens, 2016 - books.google.fr).

Dans sa diligence à rassembler les chefs d'accusation, la Sommaire Justice avait très rapidement constitué son dossier. Dès le mois de septembre, elle savait que Battonat avait été salarié par Mme de Montrevel et pensait même qu'il avait abusé de sa bonne foi « tochant le faict de l'arquemie », sans exécuter les « chouses » promises. « S'il cognoit poinct la contesse de Montrenvert * ? » l'interroge-t-on le 19 septembre, « Respond que ouy, qu'il la cognoit et qu'il a bien heu d'argent pour des services qui luy avoit faict ». — Quels services ? « Qui luy avoit faict des eaues pour la santé de son corps ». Remontrance au Conseil de Genève, du 15 avril 1590 (cf. L. Gautier, p. 200). Bien que le n et le u soient d'une confusion facile, c'est bien Montrenvert que nous lisons plutôt que Monreuvert. [...]

M. de Laye opérait au sein d'une société clandestine dont Bourg en Bresse était le centre. Il y venait mandaté, assurait-il, par la reine de Navarre et y trouva plusieurs adeptes du grand œuvre : M. de Mollan, par exemple, qu'au dire de son neveu, le baron de Laquille, Battonat aurait ruiné dans la recherche de la « pierre philosophalle » ; M. de Myon, dont le comte Michel déplorait envers lui l'indifférence ; la comtesse de Montrevel enfin, née Hélène de Tournon, épouse de Jean de La Baume, chevalier de l'Ordre du Roi, comme l'était Michel de Gruyère [qui s'endetta pour participer sans succès dans les guerres d'Italie avec François Ier qui ne le remboursa pas de ses frais], commandait au prestigieux médecin des eaux merveilleuses « pour la santé de son corps ».

Nul besoin de jouer au devin pour découvrir ce que Madame de Montrevel attendait des breuvages magiques de Battonat. Il ne les avait point inventés ; la liste impressionnante en était depuis longtemps consignée par Albert-le-Grand. La plupart avaient des fins gynécologiques ou aphrodisiaques : il s'agissait de donner aux femmes de l'amour ou le désir de concevoir, d'obtenir un fils ou une fille, de faciliter ou d'arrêter le flux, de rendre les couches moins douloureuses, de combattre la stérilité. Or la comtesse de Montrevel n'avait point d'héritier.

Bien que Montrevel, dans l'Ain, fût un berceau des La Baume, c'est au château de Marboz, équidistant de Bourg (quelque vingt kilomètres les en séparaient) que la famille du gouverneur séjournait depuis plusieurs générations. M. de Laye fut certainement accueilli par le comte et la comtesse ; sa première visite. devait être pour le gouverneur et son épouse. Sa première... ou la seconde ? Lorsque, le 25 novembre 1552, la Seigneurie tentait de le suivre en sa tournée bressane, le malheureux déclarait que, s'il avait logé chez M. de Mollan, il s'était rendu « par le commandement de sa maitresse la Royne de Navarre » chez M. de Myon. Pareille introduction suffirait à prouver que M. de Mions n'était pas un hobereau quelconque. Il n'était autre, en effet, que Jean d'Andelot, bailli de Dôle et premier écuyer de Charles-Quint. D'ailleurs, en la personne de Guillemette d'Igny, il épousera, l'an 1548, la veuve d'un La Baume, Claude, baron de Mont-Saint-Sorlin. Par malheur, l'identité de M. de Mollan nous échappe2, mais non point celle de son neveu, ce jeune homme de petite stature et dont la barbe était rare. En déclinant ses qualités, il se déclarait être le baron Jean de la Queille, ce qui se le secrétaire l'avait inscrit : La Quille. Battonat assurait ne le point connaître sous ce nom-là, ce qui n'a rien de surprenant ; son père Jean de la Queille, baron de Florat, Josserand, Châteaugay qui avait épousé une Bourbon-Busset, vivait encore, et son fils pouvait avoir porté, selon l'usage, le titre d'une de ses seigneuries. Le baron Jean II deviendra chevalier des Ordres du Roi, capitaine de Cinquante hommes d'armes, gouverneur et lieutenant général des comtés d'Auvergne et de Clermont, enfin sénéchal d'Auvergne. La carrière s'entr' ouvrait alors devant lui, et l'on voit qu'il tenait M. de Laye en très petite estime, après l'avoir rencontré naguère dans l'entourage de son oncle (Henri Naef, L'alchimiste de Michel, comte de Gruyère, 1552, 1946 - books.google.fr).

5. Putréfaction - Beaumont sur Vingeanne (Côte-d'Or) - 11 octobre

Les substances conjointes sont putréfiées par la chaleur douce.

Le château de Beaumont-sur-Vingeanne a été construit en 1724 par l'abbé Claude Jolyot. Claude Jolyot était né le 18 mars 1670 et mort dans son château le 16 mai 1762. Claude Jolyot fils des études et devint docteur en théologie. En 1697, il est ordonné prêtre. Il fut prieur de Til-Châtel, chapelain du roi, abbé commendataire de l'abbaye de Bournet dans le diocèse d'Angoulême, près de Jarnac, en 1724 (fr.wikipedia.org - Beaumont-sur-Vingeanne).

L'église de Beaumont est vouée à saint Barthélemy, célèbre écorché.

Saint Vincent et Saint Barthélémy sont écorchés en martyrs de la foi. Le plus souvent, la torture ne fait que commencer. Apollon ou les tortionnaires païens détachent un lambeau de chair. La victime hurle, le visage tordu par la douleur. Sait-on seulement alors de quoi a l'air un écorché ? Des médecins, des magiciens, des sorciers doivent le savoir : ils achètent des corps de suppliciés au bourreau. [...]

Le fameux monument de Ligier Richier à Bar-le-Duc dédéié au prince d'Orange comporte, en même temps que le squelette figurant habituel des Danses Macabres, un écorché. Etrange écorché, qui tient aussi du « putréfié », image cadavérique où le squelette est recouvert par endroits de lambeaux de peau et de chair décomposée (L'Œil, Numéros 13 à 24, 1956 - books.google.fr).

Il existe cepentdant un transi à Gisors :

Je me bornerai à engager le voyageur, ami des arts, à ne pas quitter Gisors sans avoir vu le chef-d'œuvre de sculpture dont Jean Goujon l'a enrichi ; c'est un cadavre presque décharné, morceau d'une vérité tout à la fois hideuse et sublime (Étienne de Jouy, L'hermite en province; ou, Observations les meurs et les usages français au commencement du XIXe siècle, Tome 7, 1824 - books.google.fr).

6. Congélation : Montier-en-Der (Haute-Marne) sur l'axe de Ban-Saint-Martin - 18 septembre

C'est-à-dire, la coagulation ou la fixation qui annonce la rénovation vitale des métaux après leur putréfaction. L'œuvre au blanc qui va s'accomplir.

Un texte est inspiré de la légende du dernier empereur. Il s'agit du Traité sur l'Antéchrist d'Adson moine puis abbé de Montier-en-Der (sur le rayon du grand nonagone allant au Ban-Saint-Martin associé au 18 septembre et à Méthode d'Olympe).

Méthode d'Olympe (18 septembre), évêque et martyr syrien du IVème siècle. Les Révélations du pseudo-Méthode furent écrites à la manière de l'Apocalypse de Daniel - c'est-à-dire après coup et attribué à un auteur du passé -, au VIIème afin de réconforter les chrétiens de Syrie en proie à la menace musulmane. Elles furent traduites en latin au VIIIème siècle, par un moine nommé Pierre et vivant dans un couvent en Gaule. Ayant eu un grand succès à partir du XIIème, les Révélations affirment que quand le malheur sera immense, un empereur ressuscitera, et partant "de la mer d'Ethiopie" vaincra les ismaélites, établira un règne de paix et de prospérité. Il anéantira aussi Gog et Magog, les peuples dévastateurs (Apocalypse 20, 7-10), puis se rendra à Jérusalem et restituera l'empire chrétien à Dieu. Il mourra à cet endroit, et le règne de l'Antéchrist débutera. Ce texte échappa à la censure probablement parce que le règne de félicité sera instauré par un roi humain et non le Christ (Synthèse : Calendrier et Fin des Temps).

La représentation de l'hermaphrodite qui apparut dans l'Aurora, est une image spécifique de l'alchimie. L'originalité de celle-ci tient à ce qu'elle l'associe au thème de l'Antéchrist, qui, à l'époque, était représenté de manière conventionnelle. La représentation d'un Lucifer bicéphale dans un traité politique de Wynandus de Stega, dont certaines illustrations paraissent influencées par l'alchimie, peut être invoquée mais sans qu'on puisse avec certitude lui trouver une antériorité puisque ce traité fut écrit à partir de 1419, c'est-à-dire l'année où la maquette du Livre de la Trinité (Jacques Lennep, Alchimie: contribution à l'histoire de l'art alchimique, 1985 - books.google.fr).

Seul le traité d'Adson de Montier-en-Der (920-994), le De ortu et tempore Antichristi, composé entre 949 et 954, permet de fixer les étapes et les aspects principaux de la vie et du règne de l'Antéchrist. [...] Hildegarde présente sa vie à deux reprises, dans le Scivias, puis dans le Livre des oeuvres divines. Au premier abord le récit qu'elle nous en donne ne diffère pas de ce que lui a légué la tradition. [...] L'Antéchrist, tel qu'il est décrit ici, n'est pas exactement le fils de Satan. En fait sa mère, "une femme immonde", a été nourrie dès son enfance par "les artifices du Diable". Elevée dans un lieu "désert et abject", elle fut sans cesse au contact "d'hommes parmi les plus abominables"), qui s'accouplaient tous avec elle. Le Diable ne l'a pas réellement pénétrée, mais "a insufflé ses arts dans cette coagulation et l'a ainsi totalement possédée". Il en résulte que cette femme, cette prostituée, ignore quel est le véritable père de son enfant, et passe ainsi pour sainte aux yeux du peuple, contrefaisant grossièrement la maternité de la Vierge (Sylvain Gouguenheim, La Sibylle du Rhin: Hildegarde de Bingen, abbesse et prophétesse rhénane, 1996 - books.google.fr).

La congélation et la coagulation peuvent se dire en grec "pexis", dont le verbe apparenté est "pegnumi", dresser, planter. Apparenté aussi est l'adjectif "pikros" et "pikria", l'amertume telle celle des eaux de Mara (Exode) ou celle qui l'oppose au doux ("doux Jésus") dans l'Epitre de Jacques 3,11 : "La source fait-elle jaillir par la même ouverture l'eau douce et l'eau amère ?" (www.lueur.org - 4089, www.lueur.org - 4078, Joseph Planche, Dictionnaire grec-français: composé sur le Thesaurus Linguæ Græcæ de Henri Estienne, 1843 - books.google.fr, (Daphne R. Grayson, The Scapegoat: The Wilderness Journey, 2012 - books.google.fr).

7. Cibation : Coincy (Aisne) - 25 août

C'est-à-dire, l'« alimentation» de l'« Enfant» alchimique.

Coincy possède une abbaye bénédictine. Le moine Gautier de Coincy fut un célèbre poète du moyen âge.

Le 25 août est la fête de sainte Hunégonde d'Homblières (abbaye), sommet du petit nonagone (18 août - Saint Hélène).

D'où vient Faust ? Comment est né le mythe ? Y répond Moshé Lazar dans son Introduction au Diable et la Vierge, anthologie de textes médiévaux : les textes choisis pour cette anthologie, bien que représentant la confrontation entre la Vierge et le Diable, illustrent pour la plupart le traitement théâtral de la légende de Théophile. L'histoire de ce vidame d'une église cilicienne, mort vers 538, a été rapportée d'abord en grec au VIe siècle par Eutychianus (qui prétend avoir appartenu à l'entourage de Théophile) puis connut une large diffusion avec la version latine de Paul Diacre dès le IVe siècle. C'est à partir de sa version que le «miracle de Théophile» se dissémine à travers toute la civilisation occidentale du Moyen Âge et se cristallise, en fin de compte, dans la légende de Faust. Dans cette lignée d'oeuvres poétiques et dramatiques il faut mentionner surtout celle de l'abbesse Hroswitha de Gandersheim, Lapsus et conversio Theophili vicedomni ; le poème de Gautier de Coincy, Comment Theophilus vint à pénitence ; le Miracle de Théophile, de Rutebeuf ; l'anonyme Miracolo di Teofilo en Italie ; les trois versions fragmentaires en moyen-bas allemand et une version médiévale en néerlandais de la fin du XVe siècle, Mariken van Nieumeghen, dans laquelle le rôle central de Théophile, vendant son âme au Diable, est incarné par une jeune femme, Mariette, qui combine dans son personnage les traits traditionnels de Marie et Marie-Madeleine. L'œuvre de Gautier de Coincy a joué un rôle capital dans la diffusion de la légende en langues vernaculaires, et a également inspiré un grand nombre de représentations visuelles (sculpture, peinture, vitraux, enluminure, etc.), dont la plus dont la plus détaillée comprend une série de neuf médaillons datant du XIIIe siècle, dans les vitraux de la cathédrale de Laon [près de Coincy] (Robert Marteau, La récolte de la rosée: La tradition alchimique dans la littérature, 1995 - books.google.fr).

La Vie de Pélagie (BHL 6610d) est préservée dans un unique manuscrit de Darmstadt, avec deux autres textes hagiographiques: ce qui forme une sorte de trilogie sur la pénitence: Miracle de Théophile, Vies de Pélagie et d'Euphrosyne. Cet ensemble est copié au contact d'autres poèmes, dont deux épîtres signées par Gevehardus, un moine de Grafschaft en Westphalie, durant le troisième quart du XIIe siècle. Or une main contemporaine est intervenue pesamment sur tous les textes, épîtres signées ou Vies anonymes. Wattenbach en a conclu ajuste titre que le manuscrit avait été revu et corrigé par l'auteur lui-même, qui doit donc être Gevehardus (François Dolbeau, Sanctorum societas: récits latins de sainteté, (IIIe - XIIe siècles), Société des Bollandistes, 2005 - books.google.fr).

Le détail de la Vierge allaitant est repris tel quel comme élément d'une figure intitulée "Cibation", nom que portait aussi la figure parallèle à L'Orage de Giorgione (Planche XLIV du Viridarium). [...]

La dixième clef de Basile Valentin, présente dans le Viridarium de Daniel Stolcius (p. 93), est illustrée par le triangle de l'eau, à pointe en bas, comme l'était déjà la seconde "cibation" mentionnée, que cette clef a inspirée. [...] Un commentaire ancien précise : "Une Mamelle qui donne du lait de Vierge" (Viridarium). Sur une gravure de la Philosophia Reformata de Jean Daniel Mylius, reprise dans le Viridarium (Planche XXXIII, p. 187), la Terre, sous la forme d'une femme, allaite le petit enfant solaire de son sein gauche, laissant découvert son sein droit - le sein-soleil - qui présente à nos yeux le signe de l'or (Thierry Miquet, Introduction "Or vivant" & "Art de musique", L’or au Moyen Âge: Monnaie, métal, objets, symbole, 2014 - books.google.fr - books.openedition.org).

En Orient, la vénération des icônes s'accompagne d'une pratique chère à Gautier, le culte des reliques. En effet, la liqueur qui s'écoule du sein de la Vierge est une huile miraculeuse qui a toute les caractéristiques d'une relique. Elle s'apparente de manière symbolique au lait de la Vierge. On sait que la lactation de Saint Bernard était un miracle fort connu au Moyen Age. Saint Bernard a vu la Vierge faire couler de son sein quelques gouttes de son lait alors qu'il lui disait : « montre que tu es notre mère ». [...] Gautier de Coincy parle aussi du "miracle qui desfendi les samedis Nostre Dame, Comment Nostre Dame desfendi la cité de Constantinnoble.", c'est à dire la Nicopéia (Gautier de Coincy, Cinq miracles de Notre-Dame, traduit par Jean-Louis Gabriel Benoît, 2007 - books.google.fr).

8. Sublimation : Gisors (Eure) - 31 juillet/1er août

La sublimation, selon Geber, philosophe hermétique, est l'élévation qui se fait par le feu d'une chose sèche : en sorte qu'elle s'attache au vaisseau. Comme il n'y a que les philosophes qui comprennent Geber et qui, par leurs connaissances, voient ce qu'il a voulu dire dans ce peu de mots; que d'ailleurs ils connaissent et ont tenu dans leurs mains la chose sèche et le vaisseau : ce n'est donc pas à eux qu'il a caché cette opération de l'alchimie; mais bien aux commençants. Pour leur parler avec moins de finesse, je leur dirai que la sublimation est une opération par laquelle le philosophe (à l'exemple de la femme qui fait la lessive) nétoie, lave, purifie, sépare et dégage enfin son linge philosophique de toutes saletés, hétérogénéités et ordures, et le dispose par ce travail à recevoir la perfection. Sa perfection consiste à le rendre bien propre : si le linge est fond blanc: ou bien à le rendre rouge, si le linge a été naturellement teint de cette couleur. Si le teinturier (je veux dire le philosophe) a bien su connaître l'heurejet le moment de lui communiquer et lui unir l'une de ces deux couleurs, et même toutes les deux en même temps, le résultat ne peut être que blanc ou rouge (François Cambriel, Cours de philosophie hermétique ou d'alchimie, 1843 - books.google.fr).

Gisors est la porte de la Reine Blanche.

Synonyme de purification, le terme de sublimation est équivalent à celui de distillation. Dans la sublimation philosophique, l'esprit s'élève et la matière se précipite, c'est l'ascension du subtil par la séparation de l'épais. La matière abreuvée doit être desséchée autant de fois pour que la masse désagrégée devienne « plus céleste que terrestre » et abandonne son vêtement souillé, impur: la terre damnée. Philalèthe compare chaque sublimation à une aigle, pour le rôle symbolique de l'aigle enlevant sa proie. Rhazès dit: « Le commencement de notre Œuvre est de sublimer (Fabrice Bardeau, Les clés secrètes de l'alchimie, 2010 - books.google.fr).

Le sens de l'ensemble, édifié aux frais des confréries et corporations au XVIème siècle comprenant à gauche le pilier torse et à droite le pilier droit et aufond entre les deux l'"affreux squelette", n'a pas échappé à Nodier; si le texte qu'il lui consacre s'entoure d'une obscurité voulue, la curieuse gravure qui l'illustre est par contre fort éloquente et prouve qu'il n'avait pas interprété autrement que nous ce morceau d'architecture. Cette gravure nous montre en effet entre les deux piliers un suisse en grande tenue portant une canne à pommeau et dont les pieds sont écartés en éguerre ; c'est ainsi que leurs rites traditionnels font s'habiller, s'armer et marcher les membres des Compagnonnages; c'est aussi dans cette position et entre les deux colonnes de la Loge que vient se ranger le Maçon, d'apprenti promu compagnon. Enfin la procession que conduit le suisse — celle de la Chandeleur — figure à dessein sur la gravure pour souligner le caractère hermétique de cette partie de la construction et y guider à coup sûr le visiteur, car elle indique une des premières opérations qui mènent à la découverte de la Pierre. [...] La Chandeleur est en effet la fête des relevailles, de la purification de la Vierge. Or dans son Dictionnaire mytho-hermétique (Paris, 1787) le bénédictin alchimiste Dom Pernety nous apprend que « la Vierge est la Lune ou eau mercurielle des philosophes après qu'elle a été purifiée des soufres impurs et arsenicaux » (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous: ou, L'énigme de Gisors, 1962 - books.google.fr).

Nous avons donc à Gisors réunis le squelette, lié à la nigredo, et la Purification, lié à l'albedo.

L'élévation, synonyme de sublimation, se rencontre dans la construction du château de Gisors.

Dans l'ensemble l'élévation de ces mottes varie de 5 à 10 mètres mais celle de Gisors atteint 20 mètres. Au sommet, qui est généralement plat mais parfois en coupole ou cratériforme, leur diamètre évolue pour la plupart entre 20 et 35 mètres tandis que leurs bases peuvent atteindre 70 mètres à Gisors (André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Ile de France, du XIème au XIIIème siècle, 1983 - books.google.fr).

9. Fermentation : Mont-Ormel tire son nom de l'orme - 5 juillet

La commune est située dans le pays d'Auge, juste au sud de Camembert. Son relief culmine à 262 m au mont Ormel : "un cône parfait. Presque le mont Everest de la Normandie. L'Himalaya du pays d'Auge" (Miroir de l'histoire, Numéros 321 à 325, 1981 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Mont-Ormel).

Le cidre Pays d'Auge est une boisson effervescente limpide de couleur jaune orangée à dorée qui présente une mousse fine, blanche et persistante. Déjà, au début du Xlllème siècle, le poète Guillaume le Breton célébrait le cidre fermenté du Pays d'Auge. François Aubaile-Sallenave note également, qu'à cette époque "cette boisson possède déjà une réelle importance commerciale, puisque le comte de Mortain donnait aux chanoines de Saint-Evroult la dîme du cidre de Barneville ; on payait également la dîme dans d'autres paroisses du pays d'Auge" Les progrès dans les techniques de fabrication pendant les XIIIe et XIVe siècles, vont permettre à la qualité de cette boisson de rivaliser avec celles du vin et de la cervoise, tous deux produits alors en Normandie. La diffusion des cidres dans cette région s'accéléra durant le XVIe siècle. Selon Julien Le Paulmier dans son De vino et pomaceo ceux du Pays d'Auge étaient "plus recherchés pour la marine que les doux et délicats du Cotentin". Se conservant " sur l'eau deux ou trois ans ", ces cidres plus amers et plus capiteux qui, aux dires d'un autre auteur du XVIe siècle, Charles de Bourgueville, sont " les plus excellents qu'on puisse boire " constituaient un élément essentiel de la production normande (www.inao.gouv.fr).

Le Cidre AOP Pays d'Auge est un cidre à fermentation naturelle, non pasteurisé et non gazéifié. L’élaboration du cidre Pays d’Auge se fait dans le respect des méthodes traditionnelles de fabrication : ramassage des pommes à bonne maturité / lavage et tri sélectif des fruits / broyage des fruits / cuvage de la pulpe à l’air libre pour permettre aux arômes de se libérer et aux jus de prendre leur couleur / pressurage de la pulpe (rendement obtenu : 65% contre 75% autorisés par le décret d’appellation) / clarification naturelle du moût / fermentation alcoolique lente en cuve obtenue grâce à la flore indigène (1 à 4 mois selon les moûts) / prise de mousse naturelle en bouteille (3 mois minimum) (www.calvados-huet.com).

Les terres fortes, élevées, éloignées des vents de mer, donnent un cidre fort, coloré, très généreux, et se gardant plusieurs années. Les crus les meilleurs de ce genre sont ceux du pays d'Auge, le Cotentin, le Bessin , quelques environs d’Alençon, de Pont-l'Évèque, de Bouen, de Bayeux, de Gournay. [...] En mêlant à la liqueur dans les tonneaux, pendant la fermentation lente ou secondaire, des teintures de diverses matières colorantes. On emploie à cet usage les fleurs de coquelicots, aux environs d'Isigny; une infusion de ces mémes fleurs avec addition d’un sirop de miel rouge, composition appelée caramel, dans le pays d'Auge (Louis Vivien de Saint-Martin, Cours complet d'agriculture, Tome 6, 1834 - books.google.fr).

Mont Ormel... Mont Carmel... Caramel.

Le patron de Mont Ormel (Montormi en 1200) est saint Gerbault, représenté avec une meule autour du cou (Jean Aubert, Les Églises de l'Orne et leurs objets d'art, 1977 - books.google.fr).

Qoiqu'il en soit, calomnié dans la Scithia, qui, pour d'autres, serait un nom commun à tous les pays septentrionaux et pourrait être l'Angleterre, saint Gerbold fut précipité dans les flots, une meule de pierre au cou ; par un prodige merveilleux, la pierre surnage ; le saint, porté comme sur une nacelle, vogue sans danger sur les eaux; la main de Dieu le soutient et dirige sa route vers la contrée privilégiée à laquelle ce trésor est destiné (Abbé Noget-Lacoudre, Notice historique et critique sur Saint Gerbold, Évêque de Bayeux au VIIe siècle, 1865 - books.google.fr).

Il parvient enfin à atteindre la rive à Ver (printemps en latin), en hiver - mais le pays se met à fleurir - , près de Bayeux, dont il deviendra évêque.

Les fermes augeronnes comprennent deux sanctuaires aujourd'hui désaffectés dans beaucoup de cas : le pressoir et la cave. On verra les raisons de ce récent abandon. Le cidre avait progressivement éliminé la bière et le vin à partir du XIVe siècle. Certains disent qu'à cette époque, les Basques accompagnant en Normandie Charles le Mauvais, roi de Navarre et comte d'Evreux, y auraient introduit de meilleurs plants et de nouveaux procédés de fabrication. A l'époque de la Révolution, le vignoble, on l'a vu, ne subsistait plus que par lambeaux ; le climat nébuleux concédait si peu de sucre au raisin, qu'on devait ajouter du miel au vin pour le rendre moins rêche au gosier. Le pressoir est souvent l'un des plus beaux bâtiments d'exploitation : « Je sais des pressoirs vastes comme des nefs » (P.-J. Penault) L'ordonnance des charpentes, les lignes et le volume imposants du matériel en font de véritables anthologies d'un art fonctionnel et puissant dont la robustesse ne s'accommode d'aucun faux semblant. Deux éléments essentiels s'y rencontrent : le pressoir proprement dit, constitué d'une ou deux meules de bois qu'un cheval fait tourner dans une auge circulaire également en bois ; auge en granit et meules de pierre vinrent d'ailleurs et n'apparurent qu'au XIXe siècle. Au début du XXe siècle, on en construisit même en ciment (tour Colas). Les pommes disposées dans l'auge, sont, en l'espace d'un quart d'heure, réduites à l'état de pulpe par le passage des meules. Depuis la fin du XIXe siècle, cet équipement traditionnel a cédé la place à des appareils moins encombrants et moins onéreux : le broyeur a remplacé le pressoir et l'estreignant a vu ses dimensions diminuer, le métal se substituant au bois (Jean Chennebenoist, Michel Campion, Images de jadis en Pays d'Auge, 1981 - books.google.fr).

Après le pilage qui consiste à débiter les pommes en petits morceaux, le produit du pressurage des pommes (le moût) est un jus sucré, qui très vite se met à fermenter, et est alors mis en cuve (Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Amateur de cidre, Petit Futé, 2015 - books.google.fr).

10. Exaltation : Quelaines-Saint-Gault (Mayenne) - 4 juin

L'église du village est vouée Saint-Gervais-et-Saint-Protais comme à Gisors.

Saint Gault, dit aussi saint Gall ou saint Galy, est un béat du Moyen Âge, ayant réellement erré à travers les plaines de France pour prêcher des vérités qui souvent incommodaient les grands du jour. Porteur réputé du bon message, saint Gault, « pape de la vérité », révélait au petit peuple le triste état de son sort. Mais, saint Gall ou Galy, dit aussi Gault par endroits, était le protecteur symbolique du coq, dont le nom en parler limousin était goul ou gely [cf. géline]... (Pierre Carnac, La cave sculptée de Dénezé-sous-Doué: enquête autour d'un mystère, 2005 - books.google.fr).

Personne n'ignore que le chêne porte souvent sur ses feuilles de petites excroissances rondes et rugueuses, parfois percées d'un trou, appelées noix de galle (lat. galla). Or, si nous rapprochons trois mots de la même famille latine : galla, Gallia, gallus, nous obtenons galle, Gaule, coq. Le coq est l'emblème de la Gaule et l'attribut de Mercure, ainsi que le dit expressément Jacob Tollius ; il couronne le clocher des églises françaises, et ce n'est pas sans raison que la France est dite Fille aînée de l'Église. Il n'y a plus qu'un pas à faire pour découvrir ce que les maîtres de l'art ont caché avec tant de soin. Poursuivons. Non seulement le chêne fournit la galle, mais il donne encore le Kermès, qui a, dans la Gaye Science, la même signification que Hermès, les consonnes initiales étant permutantes. Les deux termes ont un sens identique, celui de Mercure. Toutefois, tandis que la galle donne le nom de la matière mercurielle brute, le kermès (en arabe girmiz, qui teint en écarlate) caractérise la substance préparée [cf. n° suivant 11] (Fulcanelli, Le mystère des cathédrales (1926), 2015 - books.google.fr).

Si exaltation peut avoir comme synonyme excitation et fierté, on retrouve cette dernière en Chantecler, le coq du Roman de Renart (E. Barrault, Ernest Grégoire, Traité des synonymes de la langue latin: composé sur un plan nouveau, 1853 - books.google.fr).

Suétone raconte que lors de la révolte contre Néron du gaulois Vindex, on écrivit sur les murs de Rome cet épigramme : « Jam Gallos eum cantando excitasse ». Il excite les Gaulois par son chant, ce qui joue sur le double sens de coq = Gaulois et assimile le chant impérial à celui du coq. [...] Le Moyen Age ignora la plupart de ces textes et n'hérita guère que des passages des Histoires Naturelles de Pline qui voyaient dans le coq un oiseau ardent et combatif, capable de mettre les lions en fuite. [...] Rupert de Deutz, évoquant la fin des temps liée à celle de l'empire, tonne contre la folie du Gallus qui s'élève contre les lois impériales et favorise la venue de l'Antéchrist. Il est difficile de n'y pas voir une allusion aux rois de France (Colette Beaune, Pour une préhistoire du coq gaulois. In: Médiévales, n°10, 1986. Moyen âge et histoire politique - www.persee.fr).

La famille de Charnières est une famille de la noblesse originaire de l'Anjou. Ils tirent leur nom du fief seigneurial de Charnières, situé à Quelaines, entre Laval et Château-Gontier, fief qu'elle possédait encore en 1650.

Jean III de Charnières, seigneur de Charnières, de la Baronnière, du Verger, de Minzé et du fief de l'Erraudière, paroisse de Châtelain, près Château-Gontier, fut secrétaire de René Ier d'Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile, et duc d'Anjou, et greffier de l'Ordre du Croissant lors de son institution, en 1450.

Charles-Francois-Philippe de Charnières, capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis inventa le mégamètre, instrument pour mesurer, en mer, la distance de la lune aux étoiles, et publia divers ouvrages. Il mourut à bord de l'Indien, le 3 février 1780 (fr.wikipedia.org - Famille de Charnières, fr.wikipedia.org - Quelaines-Saint-Gault).

11. Multiplication : La Flocellière (Vendée) se trouve placé sous la protection de saint Michel car juste à côté de Saint-Michel-Mont-Mercure - 29 avril

«Ce qu'il nous faut à nous, c'est l'étude sans trêve», se traduit en langue alchimique par le fameux : ora et labora ; C'est l'effort inouï, le combat non pareil dont est le modèle le combat de Saint-Michel (archange, figure chrétienne d'Hermès, comme il est dit dans Saint-Michel-en-l'Herm, haut lieu de la Vendée où justement saint Michel, en haut de l'église se fixe au dragon , le groupe étant visible de tout l'herm, soit de tout l'aride et le sec de la terre environnante, en espagnol : yermo) ; comme il est dit encore par ce traité alchimique intitulé L'Ancienne Guerre des Chevaliers ; mais aussi par tout l'œuvre de Rabelais comme par les travaux du chevalier de la tache (mancha), don Quichotte ; comme en témoigne l'énorme tâche de transmutation entreprise par Honoré de Balzac en imitation de celle de Dante : "C'est la nuit, l'âpre nuit du travail, d'où se lève Lentement, lentement, l'œuvre, ainsi qu'un Soleil !". Il s'agit donc de l'œuvre solaire, nom même de l'alchimie, laquelle s'assigne d'extraire le Soleil (or) de la Nuit de la materia prima, vierge noire de sous terre. Et c'est alors que Mallarmé salue Verlaine, sachant qu'il vient d'assister à la naissance d'«un métal vierge et neuf», et que déjà pour nous s'éveillent les paroles de Rimbaud : paix des rides, Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ! (Robert Marteau, La récolte de la rosée: La tradition alchimique dans la littérature, 1995 - books.google.fr).

Saint Michel Mont Mercure est plus directement alchimique que Saint Michel en l'Herm, on appliquera la citation précédente à celui-là.

Cependant, du XIVe siècle à 1820 environ la commune s'est appelée Saint-Michel-Mont-Malchus. Durant la Révolution, elle porte le nom de Le Mont-Mercure (fr.wikipedia.org - Saint-Michel-Mont-Mercure).

Fulcanelli met en laision Hermès et kermès qui teint en rouge.

La multiplication, en effet, ne se peut réaliser qu'à l'aide du mercure, qui joue le rôle de patient dans l'Œuvre, et par coctions ou fixations successives. C'est donc sur le dragon, image du mercure, que nous devrions chercher le symbole représentatif de la nutrition et de la progression du Soufre ou de l'Élixir (Fulcanelli, Le mystère des cathédrales (1926), 2015 - books.google.fr).

12. Projection : Ballans (Charente) - 17/18 mars

L’église Saint-Jacques a été remaniée au XVe siècle. Le chœur et l’abside ont conservé leur voûte en arc brisé et sont séparés par deux petites colonnes surmontées de chapiteaux ornés de feuillages gothiques. Un arbre remarquable : un cèdre du Liban rapporté au baron de Livenne, seigneur de Ballans, par le botaniste Bernard de Jussieu en 1734 (fr.wikipedia.org - Ballans).

Fulcanelli, en 1925, dans Le mystère des cathédrales, affirmait que les alchimistes, munis de leur coquille devaient « accomplir, avec le bourdon pour guide et la mérelle pour enseigne, ce long et dangereux dangereux parcours » afin d'obtenir la compost-stella, qui conjugue la terre et et le ciel (compost=terre, stella=étoile=ciel). En effet, l'une des phases décisives du Grand Oeuvre est celle où, sur la matière préparée (compost) surgit une étoile, signe de la réussite prochaine des travaux. Le pèlerin serait le symbole de l'alchimiste et le pèlerinage celui de sa quête. Cette référence au chemin de Compostelle dans la mythologie alchimique ne date que du XVle siècle. En cette époque de Contre-Réforme où l'alchimie pouvait sentir le soufre, il était bon qu'elle reste dans l'orthodoxie sur un chemin menant dans l'Espagne très catholique. On pouvait s*appuyer sur l'illustre exemple de Raymond Lulle, pèlerin de Compostelle au Xllle siècle, auquel on prête des écrits alchimiques. Dès 1561 un alchimiste affirmait que Nicolas Flamel avait trouvé la Connaissance sur ce chemin, et cette idée a duré longtemps. En 1590, l'auteur (anonyme) du Discours d'auteur incertain sur la pierre des philosophes évoque saint Jacques en référence cette fois à son Epitre où il compare les œuvres chrétiennes et le Grand Oeuvre alchimique : « me souvins de l'Epître de saint Jacques qui dit : Et la foi sans les œuvres est morte... je dis il est temps de travailler... et résolus de mettre la main à ce grand œuvre... » En 1604 le moine allemand Basile Valentin, alchimiste, évoque, dans Le char triomphal de l'antimoine, son « difficile voyage à Compostelle », preuve qu'il n'avait pas basculé dans le Protestantisme. Les alchimistes du XVIIe siècle ont ensuite pensé que toutes les grandes fortunes provenaient de l'alchimie. Selon eux, celle de Jacques Cœur y puisait sa source : les coquilles de ses armoiries* semblaient même affirmer qu'il aurait trouvé l'or sur le Chemin de Compostelle (Denise Péricard-Méa, Louis Mollaret, Dictionnaire de saint Jacques et Compostelle, 2006 - books.google.fr).

Actuellement, l'auteur de l'Epître de Jacques n'est plus identifié à Jacques le Majeur. Cela l'a été particulièrement dans l'Eglise d'Espagne.

Les alchimistes voient en ce récit l'allégorie de l'une des phases les plus importantes de l'élaboration du Magistère, celle au cours de laquelle apparaît sur la matière préparée (ou compost) une étoile (stella), signe de l'obtention du Mercure Philosophique (Elie Charles Flamand) (Nicolas Flamel, Œuvres, préfacé par Elie Charles Flamand, 1973 - books.google.fr).

Il faut remarquer : lorsque ce mercure Philosophique est refroidi & déseché, puis mis dans une bouteille de verre bien bouchée, il se réduit en poudre, qui s'apelle poudre de projection & qui est noire (Nicolas Lenglet du Fresnoy, Histoire De La Philosophie Hermétique, 1742 - books.google.fr).