Partie XVIII - La Chouette d’Or   Hypothèse espagnole   Chryséis et le navire noir   
LA CHOUETTE D'OR AUTRES HYPOTHESES CHRYSEIS

Homère

Au nord du "N" du visuel de l'énigme 420 plaqué sur la carte 721. Ce "N" désignerait Chamage, patrie de Claude Le Lorrain (Claude gellée) peintre du XVIIe siècle qui est l'auteur du tableau Chryséïs rendue à son père.

C'est porté par un noir vaisseau donné par Agamemnon qu'Ulysse rend Chryséis aux Troyens, pour faire cesser la peste infligée au camp des Grecs par Apollon dont Chrysès, le père de la jeune fille, est le prêtre. La peste est assimilée à des flèches d'or du dieu (Livre I de l'Iliade) : cf. le tableau de Claude Lorrain, Chryséis rendue à son père (1644) (nonagones.info - La Chouette d’Or - Hypothèses - Sotie valentinique).

Chamage, patrie de Claude Le Lorrain (Claude gellée) peintre du XVIIe siècle qui est l'auteur du tableau Chryséïs rendue à son père.

Le sujet est emprunté au livre I de l'Iliade, et l'image évoque immédiatement la phrase adressée par Agamemnon à Achille : «maintenant, lançons un bateau noir sur la mer étincelante» (141-43). Claude exécuta le tableau pour Roger du Plessis de Liancourt vers 1644 et fournit un pendant en 1648, le Paysage avec Pâris et Oenone (Lv 117 ; Paris, Louvre, INV. 4724), sujet inspiré lui aussi d'Homère

M. Jal, dans un mémoire intitulé le «Xuston naumachon» d'Homère, considère l'objet désigné par Homère (II., 15, 677) comme arme dont on se servait à l'abordage. Tous les commentateurs au contraire le considèrent comme une perche servant à faire avancer le navire; Clark et Ernesti le traduisent par le mot latin «contus» (Eugène Collilieux, La couleur locale dans l'Énéide, 1880 - www.google.fr/books/edition).

Un contus désignait une longue et forte perche armée de fer dont on se servait pour pousser un bateau contre le courant, au lieu de rames. Le terme contus désignait également une perche servant à sonder les profondeurs de l'eau, ou à tenir le vaisseau éloigné des rochers ou du rivage. Chaque trirème avait trois perches de différentes hauteurs (1001antiquites.net) (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouettes vignettes - Chouette vignette : énigme 600).

Le sujet est tiré d’un passage d’un texte de François du Souhait, secrétaire du duc Charles III de Lorraine (1543- 1608), intitulé Le Ravissement d’Hélène. Ce texte est inspiré des Héroïdes d’Ovide (épître V) et précède la traduction très libre par François du Souhait de l’Iliade, l’ensemble étant publié à Paris en 1614 chez Pierre Chevalier sous le titre L’Iliade d’Homère, prince des poètes grecs avec la suite d’icelle. Ensemble le Ravissement d’Hélène, sujet de l’histoire de Troie. Le tout de la traduction et invention du sieur du Souhait (rééditions en 1617 et 1620 chez Nicolas Buon, et en 1627 et 1634 chez Nicolas Gassé). Claude Lorrain a transcrit le passage de Du Souhait au verso d’un dessin préparatoire pour le Paysage avec Pâris et OEnone daté d’octobre 1647 et conservé au British Museum à Londres (pour le texte intégral de la transcription de Claude Lorrain, cf. Roethlisberger, 1968). Pâris a gravé sur un peuplier, au bord d’une rivière, le serment d’amour éternel qu’il a fait à la naïade OEnone : «Lorsque Pâris pourra aucunement vivre sans aimer uniquement sa chère aimée Oenone, les eaux du fleuve du Xanthe retourneront contre mont vers leur source» (François du Souhait, éd. de 1620, p. 120) Albert Collignon, François du Souhait, Pays Lorrain, Volume 10, 1913 - www.google.fr/books/edition).

Claude Gellée, Paysage avec Pâris et Oenone, 1648 - collections.louvre.fr

C'est la faute envers un dieu qui est à l'origine de l'intrigue de l'Iliade et de l'Odyssée. Agamemnon s'est emparé de Chryséis, fille du prêtre d'Apollon, Chrysès, et Ulysse a aveuglé le cyclope Polyphème, fils de Poseidon (Pascal payen, Conflits des dieux, guerres des héros, Les dieux d’Homère. Polythéisme et poésie en Grèce ancienne, 2023 - www.google.fr/books/edition).

C'est dans le chapitre IX de l'Odyssée (487) qu'Ulysse utilise une longue perche pour éviter les écueils dans les remous provoqués par la colère du Cyclope aveuglé (Homère, Odyssée, traduit par Edouard Sommer, 1854 - www.google.fr/books/edition).

A l'arrivée au port de Chrysa, Homère fait baisser les voiles de son noir vaisseau et manoeuvrer à la rame. Homère ne parle pas ici de "kontos".

Ulysse, conduisant l'hécatombe sacrée, parvient à Chryse. Dès que ses compagnons sont entrés dans l'enceinte du port, ils plient les voiles, les placent dans le navire, abaissent aussitôt le mât en relâchant les cordages, et, de leurs rames, atteignent bientôt la rive; ils jettent l'ancre, retiennent le navire avec des câbles, se répandent sur les bords de la mer, conduisent l'hécatombe destinée au puissant Apollon; et Chryséis sort du léger vaisseau. Le sage Ulysse, l'accompagnant vers l'autel, la remet entre les bras de son père, auquel il adresse ces paroles : «O Chrysès, Agamemnon, roi des hommes, m'a commandé de te rendre ta fille, et d'offrir à Phébus en faveur des Grecs une sainte hécatombe, afin d'apaiser cette divinité, qui nous accable des maux les plus cruels.» En achevant ces mots, il remet Chryséis aux mains de son père; et celui-ci, plein de joie, reçut sa fille bien aimée (Iliade d'Homère, traduit par Dugas Montbel, 1856 - www.google.fr/books/edition).

C'est d'Aulis, ville portuaire de Béotie, située sur l'Euripe, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Thèbes, en face de l'Eubée, selon l'Iliade (II, 303), que les Grecs se seraient embarqués pour Troie. Aulis est également mentionnée dans le catalogue des vaisseaux (II, 496) comme l'une des cités ayant contribué à l'expédition. Selon Eschyle (Agamemnon) et Euripide (Iphigénie à Aulis), c'est là qu'Agamemnon, ayant offensé Artémis, sacrifie sa fille Iphigénie pour obtenir des vents favorables. En souvenir de cette légende, le roi de Sparte Agésilas II sacrifia une biche à Aulis avant d'entreprendre son expédition d'Ionie en 397 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Aulis (Grèce)).

A Aulis la flotte grecque était encalminée et que le sacrifice d'Iphigénie fut nécessaire à son départ (Denis Kohler, Georges Séféris : Qui êtes-vous ?, 1988 - www.google.fr/books/edition).

Ailleurs en littérature

Une allusion par Pétrarque à Chryséis dans la Canzone VII d'après la mort de Laure :

Vous savez qu'Annibal, grand ennemi de Rome;
Que le vaillant Achille et l'Atride fameux,
Et de tous le plus grand homme
[Scipion l'Africain] Par ses grandes vertus, pas ses hauts faits nombreux,
Purent s'abandonner à leur amour servile,
Comme le sort l'avait prescrit à chacun d'eux;
(Rimes de Pétrarque, Volume 2, 1877 - www.google.fr/books/edition).

St. 7 Ei sa ec. Atride, cioè Agamennone, amò la figlia di Crise sua prigioniera; Achille Briseide; Annibale una femminetta di Puglia. Al terren vostro amaro. Dannoso alla vostra terra, cioè all' Italia (Rime di Francesco Petrarca, con brevi annotazioni, Volume 2, 1827 - www.google.fr/books/edition).

Criséide, dans l'Astrée d'Honoré d'Urfé, est la forme latine et italienne de Chryséis, la prisonnière troyenne qu'Agamemnon doit rendre à son père dans le premier chant de l'Iliade d'Homère. Au Moyen Âge, le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure présente cette Criséide sacrifiant son amant, Troïlus, au puissant roi des Grecs. Cette jeune fille volage s'appelle Griseida chez Boccace, Criséide dans Les Amadis et Cressida chez Shakespeare (Henein, p. 305). Elle personnifie l'infidélité des femmes. La Criséide de L'Astrée a donc des traits de Chryséis, aimée par des princes, mais elle est surtout l'antithèse des diverses Criséides infidèles.

Elle est nommée dans : Histoire de Cryseide et d'Hylas racontée par Hylas et Suitte de l'histoire de Cryseide et d'Arimant racontée par Florice. Fille de Léandre et de Lucie, son destin figure celui du pays des Salasses. Convoitée par le prince Romain, Ricimer, et par le roi Bourguignon, Gondebaud, elle finit par épouser Arimant, un chevalier Libicin (astree.tufts.edu - Analyse des personnages).

Naguère encore, Jérôme et Jean Tharaud accompagnaient Barrès sur les routes de Provence; et «la terrasse et le bois de pins» de la maison des Mirabeau où le maitre venait, durant la «floraison des amandiers», ils ont aimé, de nouveau, à les décrire. Ce bois de pins, je l'évoque à mon tour, avec ses écureuils, avec ses cimes brûlées, ses grands bras tordus d'où coule la résine. Et c'est comme si, dans le crépuscule, en écartant les branches, j'apercevais tout à coup, au-dessus de la mer, cet autre bois qu'un compatriote de Barrès, le Lorrain Claude Gellée, a montré à droite d'un tableau, incliné de ce côté de l'Orient où vogue la haute nef portant Chryséis. Sur Claude Gellée, il avait rassemblé de notes d'une grande sensibilité, groupé des aperçus originaux. Durant ses heures de repos, l'été, dans sa province, c'était son plaisir de s'engager sur les pas du Lorrain. «Combien de fois, dit-il, je suis allé, par la prairie, de Charmes à Chamagne !» Et le peintre dont les «sons de chalumeau» égalent pour lui les plus beaux concerts, comme il en démêle la présence au milieu de ce grand paysage qui n'est pas encore celui de Rome, pas aussi «haussé de ton», dit-il, mais qui, cependant, «dans les prairies du Saulcy», du côté de la Moselle, à l'orée de la forêt de Charmes, se fait voir si grave et si doux tout ensemble ! Du recueillement, un calme infini, les plus nobles traits se fondant, à l'aube ou au crépuscule, sous l'action de la lumière, enfin toute la magie du soleil déclinant au-dessus des collines et des bois qu'il colore, voilà le secret de Claude. Voilà aussi le secret de Barrès. «Et moi aussi, petit enfant, j'ai parcouru les prairies de Claude Gellée que j'aime, que je comprends, et de qui je ne suis pas...» La phrase s'arrête ici. Le temps n'a pas permis à l'écrivain d'achever sa pensée. Mais sous prétexte que nous assistons à la formation du Lorrain, nous assistons, en même temps, comme par le fait d'une confidence, à la formation de Barrès, et, devant cette nature de l'Est, au milieu de laquelle il avait établi ses bastions, à l'éveil de sa sensibilité. «Voilà mes sources, disait-il, en parlant de Claude. Ce sont les siennes. Nous avons bu aux mêmes rives.» Ces choses vraiment révélatrices de ses origines lorraines valaient d'être dites par Barrès. Et il les a dites avant de mourir (Edmond Pilon, Maurice Barrès : souvenirs, notes et fragments de lettres inédites, 1926 - www.google.fr/books/edition).

Devenu en 1910 modeste rédacteur à la direction de l’Enseignement supérieur, Pierre Benoit se mêla alors de faire de la littérature et écrivit de la poésie, encouragé notamment par Barrès. Son premier livre, dédié à ce dernier, Diadumène, est un recueil de vers, où se fait sentir l’influence de Victor Hugo, de Leconte de Lisle, de Jose-Maria de Heredia, d’Anna de Noailles; édité en juillet 1914 chez Oudin à compte d’auteur, le livre n’obtint aucun succès, mais, relu aujourd’hui, il trahit une culture grecque certaine : défi lent de grands noms, dont celui de Cléopâtre et déjà celui d’Antinéa (p. 80). [...]

Souvenirs d’enfance encore – plutôt : souvenir de lectures d’enfance ?, une bonne partie de ce qui dans ce roman est avancé sur le personnel au service d’Antinéa. Enfant, Benoit avait dévoré dans Le Petit Français illustré, à partir du 9 novembre 1895, le feuilleton Chryséis au désert, de Gérald-Montméril (Alain Lanavère, Pierre Benoit, L’Atlantide, et Platon. In: La Grèce antique dans la littérature et les arts, de la Belle Époque aux années trente, 2013 - www.persee.fr).

Grâce à l'appui de Maurice Barrès, l'Atlantide obtient le prix du roman de l'Académie française en 1919. Plus encore, sur la durée, ce roman deviendra un véritable phénomène de librairie, une des meilleures ventes de l'édition française. Nombreuses sont les études qui se sont penchées sur l'oeuvre de Pierre Benoit, maurrassien et barrésien, et plus particulièrement sur ce livre-phare que fut et demeure L'Atlantide (Paul Pandolfi, Pierre Benoit au Sahara : (Re)lire L'Atlantide, Sahara & Sahel 240, 2022 - www.academia.edu).

On compte un Lucien Charmes - Charmes (54) est la patrie de Barrès -, Paul Rozel - Le Rozel (50) est au su de Cherbourg -, Gobain - Saint Gobain (02) et son industrie du verre (Gérald-Montméril, Chryséis au désert, 1897 - gallica.bnf.fre).

Morhange, héros de L'Atlantide, porte le nom d'une ville que l'on rencontre dans l'interprétation de l'énigme 420, associée au symbole de la planète Neptune.

De son propre aveu, Benoit a confectionné le personnage du capitaine Morhange sur le patron de Charles de Foucauld (Paul Pandolfi, Pierre Benoit au Sahara : (Re)lire L'Atlantide, Sahara & Sahel 240, 2022 - www.academia.edu).

Pierre Benoit, en s'inspirant explicitement du traité de Berlioux, imagina un roman d'aventures sulfureuses qui eut en son temps un succès fracassant : L'Atlantide. De ce récit relatant des faits situés entre 1897 et 1903, l'on a surtout retenu l'histoire des amours morbides mettant aux prises les officiers de l'armée française et Antinéa, reine des Touaregs et ultime descendante de Neptune (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouettes vignettes - Chouette vignette : énigme 420).

Chryséis est, dans la mythologie grecque archaïque, une Océanide, fille d'Océan et de Téthys citée par Hésiode dans sa liste d'Océanides (fr.wikipedia.org - Chryséis (Océanide)).

Mais l'autre Chryséis, fille du prêtre d'Apollon Chrysès, est enlevée comme Catherine Verduron, fille d'un colonel de l'amrée d'Afrique, qui se fait appelée Chryséis.

«Votre Chryséis désire ce voyage. Ne vous étonnez point de l'appellation gracieuse par laquelle je désigne ma nièce : nous avons d'un commun accord changé l'odieux nom dont vous aviez affublé la chère enfant, pour le nom harmonieux de la fille de Chrysès, de celle qu'entre toutes ses adorables créations, Homère a chantée la première. Les cheveux d'or de votre fille nous ont suggéré cette pensée, et je voudrais que vous pussiez voir avec quelle grâce fière et charmante ma nièce sait porter ce beau nom. Vous le verrez bientôt d'ailleurs, mon frère chéri.» (Gérald-Montméril, Chryséis au désert, 1897 - gallica.bnf.fr).

Saintois, Sintiens et volcan

Dans le Chrysès de Sophocle, dont l'action faisait suite à celle d'Iphigénie en Tauride, un frère allait, sans s'en douter, livrer à la mort son frère et sa sœur. Il s'agit d'Oreste et d'Iphigénie, qui, après leur évasion, se sont réfugiés à Lemnos, auprès d'une prêtresse d'Apollon, Chryséis, celle dont il est parlé au premier chant de l'Iliade. Le roi de Tauride, Thoas, les poursuit dans leur retraite et réclame ses prisonniers, qui seront mis à mort pour avoir dérobé la statue d'Artémis. Le jeune Chrysès, fils de Chryséis, va les lui livrer, quand la prêtresse révèle à son fils qu'il est lui-même, comme Oreste et Iphigénie, enfant d'Agamemnon. La reconnaissance opérée, Chrysès aide le frère et la sœur qu'il vient de découvrir à tuer Thoas et favorise leur retour en Grèce (Paul Decharme, Euripide et l'esprit de son théatre, 1893 - www.google.fr/books/edition).

Dans la mythologie grecque, Lemnos était l'une des résidences d'Héphaïstos : son palais et ses forges étaient situées dans le Mosychlos, volcan endormi. Selon Homère, le dieu forgeron, expulsé de l'Olympe par Zeus pour avoir voulu s'interposer dans une dispute entre Héra et lui, vécut par la suite à Lemnos, où la population locale, les Sintiens, lui bâtit un temple aux pieds du Mosychlos. Aux temps héroïques et classiques, le nom de la ville principale de l'île, consacrée à Héphaïstos, était Héphaïstia (fr.wikipedia.org - Lemnos).

Calchas, guerrier et devin, prédit que Troie ne serait jamais prise sans Achille et Philoctète.

Philoctète est un personnage de la mythologie grecque. Fils de Péas et fidèle compagnon d'Héraclès, qui, en mourant, lui avait laissé ses redoutables flèches, il s'était engagé par serment à ne jamais dévoiler le lieu où il avait déposé les cendres de ce héros. Philoctète ne voulait ni violer son serment, ni priver les Grecs de l'avantage que ces flèches pourraient leur procurer. Après quelque résistance, il désigna avec son pied l'endroit où il avait inhumé Héraclès, et avoua qu'il avait ses armes en sa possession. Pendant qu'il se rendait à Troie, l'une de ces flèches tomba sur le pied avec lequel il avait montré le lieu de la sépulture d'Héraclès. Il s'y forma un ulcère qui répandit une odeur si infecte que, à la sollicitation d'Ulysse, on l'abandonna dans l'île de Lemnos. Cependant, après la mort d'Achille, les Grecs, voyant qu'il était impossible de prendre la ville sans les flèches que Philoctète avait emportées à Lemnos, Ulysse, quoique ennemi de ce héros, se chargea d'aller le chercher ; ce qu'il exécuta en effet, avec le concours de Diomède et de Néoptolème, fils d'Achille. Ainsi, de bête abandonnée, Philoctète se transforma en héros providentiel, puisque c'est grâce à lui et à son arc que Troie fut enfin prise. C'est lui qui tue Pâris (fr.wikipedia.org - Philoctète).

Sophocle ayant fait nommer par Philoctète le feu de Lemnos invoqué souvent, avec lequel il prie Néoptolème de le brùler pour le délivrer de ses souffrances, le commentateur a ajouté en marge: A Lemnos se trouvent, en effet, la forge de Vulcain et des cratères de feu. [...]

Dans l'île légendaire de Chrysès (contiguë à Lemnos avec l'autel de Philoctète et le temple de Vulcain). [...]

Les données géographiques des anciens sont souvent bien vagues et bien contradictoires. C'est ainsi que, pour la plupart, Chrysès est une île distincte de Lemnos, celle qui, suivant Pausanias, se serait engloutie. Par contre, une scolie de Sophocle (Philoctète, vers 194) dit simplement que Chrysès était une ville près de Lemnos. (L. de Launay, Notes sur Lemnos, Revue archéologique, 1895 - www.google.fr/books/edition).

Strabon (282, 17; 471, 3) dit que les premiers habitants de Lemnos furent des Sintiens, peuple de Thrace; ils recueillirent Héphaistos précipité du ciel (Iliad., I, v. 593-594). Le Scoliaste donne sur Lemnos, séjour des Sintiens, les renseignements suivants : «Sinteis est une épithète de Lemnos, car elle eut pour premiers habitants les Tyrrhéniens, les plus méchants des hommes; Homère dit : Il alla à Lemnos vers les Sintiens au parler sauvage (Odyss., VIII, v. 294.) Hellanicos dit que les Lemniens furent nommés Sintiens parce que, les premiers, ils firent des armes de guerre pour piller leurs voisins et leur faire du mal.» (Henri La Ville de Mirmont, Les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes, 1892 - www.google.fr/books/edition).

Les fragmens de vases de luxe en terre rouge sigillée, dite terra campana, sont si communs à Toul, à Grand, à Nasium et à Sion (Semita) (Jean Louis Dugas de Beaulieu, Archéologie de la Lorraine, ou recueil de notices et documens pour servir à l'histoire des antiquités de cette province, 1840 - www.google.fr/books/edition).

Il faut encore se tourner vers les comptes ducaux pour apprécier le goût pour les "singularités". En 1584, Charles III achète une livre de "terre sigillée" à un intermédiaire bavarois. L'intérêt pour les curiosités naturelles que révèle cette acquisition n'est pas en contradiction avec le goût de Charles III pour les innovations techniques. Sans doute le duc eut-il, sinon une volonté de collectionnisme scientifique, du moins la conscience, partagée avec d'autres princes de son montures d'orfèvrerie dans les collections de Ferdinand du Tyrol à Ambras, et de Rodolphe II, maintenant au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Le cardinal de Lorraine ne possédait sans doute que de la poudre ou des fragments de bezoar, dont l'efficacité était renforcée par des prières. [...]

Lemnos, d'où son nom de terra lemnia; elle se présentait sous la forme de pastilles portant l'empreinte d'une effigie de Diane. Vantée par Galien, souvent contrefaite, elle eut ensuite la forme de petits pains ronds portant diverses marques, généralement les armes des souverains des pays où elle était extraite. Dans la préface du Musaeum Franc. Calceolari iun. veronensis... (Vérone, 1622), on apprend que le médecin et naturaliste Pietro Andrea Mattioli fit don à Guglielmo Gonzaga (1538 - 1587) d'une motte de terre sigillée (ex. consulté : Nancy, B.M., cote 152 646; porte l'ex libris de Jean Garnier, médecin du roi et du duc de Lorraine); cf. aussi La scienza a corte..., pp. 115-116) (Paulette Choné, Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine, 1525-1633 : "comme un jardin au cœur de la chrétienté", 1991 - www.google.fr/books/edition).

Pierre Belon, qui parcourait Lemnos en 1548, nous assure qu'il n'y avait personne en cette île qui ne sût quelque chose de Vulcain. Pour tous il était tombé du ciel, s'était rompu les jambes et avait été guéri par la vertu de la terre sigillée, dont la veine se trouve juste à l'endroit de sa chute. Homère a dit, le bon peuple a cru et croit encore que, pour ce motif, Lemnos est le pays du monde que Vulcain aime le plus (Odyssée, VIII, 5) (Gabriel Gravier, Etudes sur l'île de Lemnos, Bulletin des travaux de la Société libre d'emulation du commerce et de l'industrie de la Seine-Inférieure, 1890 - www.google.fr/books/edition).

Un autre objet des mystères de Samothrace, était, selon le même auteur, la mort cabirique, célébrée par les pleurs et les gémissements des initiés. Cette mort ne pouvait être que celle du plus jeune des Cabires, Cadmille, massacré et horriblement mutilé par ses frères. Les Anectotelestes, ou hierophantes de Samothrace, et ceux de Lemnos exécutaient cette sorte de tragédie sacrée pendant la nuit, dans les bois (Ciceron, De natur. deor., lib I, cap. 43) ou au fond d'un antre Gutberleth, De myst. deor. Cabir., cap. II) (Charles Magnin, Les origines du théâtre moderne ou Histoire du génie dramatique depuis le Ier jusqu'au XVIe siècle, précédée d'une introduction contenant des études sur les origines du théâtre antique, 1838 - www.google.fr/books/edition).

Tobias Gutberleth, auteur de Dissertatio Philologica de mysteriis deorum cabirorum, est un promoteur de la formule "per angusta ad augusta".

L’histoire des Tyrsenoi-Étrusques est rendue complexe par l’existence d’une tradition de pirates “tyrrhéniens” dans l’Égée (des Étrusques ?), la découverte à Lemnos d’éléments architectoniques archaïques qui rappellent l’Étrurie de la période villanovienne et la présence, toujours à Lemnos, au VIe s., de quelques graffites sur céramique et d’une inscription gravée sur une stèle en pierre (de Kaminia), utilisant un alphabet apparenté au phrygien et une langue qui paraît proche de l’étrusque (John Boardmann, III. L’aventure orientale In : Les Grecs outre-mer : Colonisation et commerce archaïques, 1995 - books.openedition.org).

Volcan

Au volcan de Lemnos répondent ceux de Meurthe-et-Moselle.

Parmi les altérations locales, il suffit de citer les roches métamorphiques de Thélod en Saintois, que les habitants prennent pour un ancien volcan. Il court chez eux ce dicton : «Nous ne serons point gelés comme nous avons l'enfer sous les pieds.» (B. Auerbach, La Lorraine, Revue de géographie, Volume 29, 1891 - www.google.fr/books/edition).

Une intrusion basique existerait en dessous du grand anticlinal de fond morvano-vosgien et l'on pourrait concevoir ce seuil comme une région à volcanisme d'âge alpin, avorté, et à déséquilibre isostasique. Les nombreux séismes affectant le Sud de la Lorraine et certains épanchements basaltiques (Thélod, Essey), trouveraient ainsi très facilement leur explication (Annales de la Faculté des sciences de Marseille, 1929 - www.google.fr/books/edition).

Dans un État, le volcan figure un ensemble d'éléments mauvais qui s'opposent à l'ordre qu'un bon souverain sait rétablir. Il importe donc de comprimer ces éléments, de les emprisonner par le recours à la force. Ils doivent être emprisonnés comme Typhon est en captivité sous l'Etna. Mais tout captif a le désir de s'échapper, et c'est pourquoi il reste une menace permanente, contre laquelle le roi doit rester vigilant. Le châtiment de Typhon lui est imposé parce qu'il a déplu à Zeus. C'est pourquoi Pindare écrit au v. 29 :

Puissions-nous, Zeus, puissions-nous trouver grâce.

Ne pas attirer le courroux du roi est le moyen d'éviter la terrible punition infligée à Typhon. Est-ce une phrase de complaisance à l'égard du puissant client ou un avertissement à ceux qui pourraient oser braver le roi ? Il est tentant d'y voir les deux à la fois. Car le Zeus qui règne sur la montagne du v. 30, et qu'on trouve aussi au v. 6 de la Première Néméenne, est bien celui qui préside à la fondation de la cité d'Etna au v. 31. La signification du volcan est-elle la même chez Eschyle ? [...] On a dit depuis longtemps que l'intention d'Eschyle était avant tout religieuse : montrer que toute tentative pour renverser le pouvoir de Zeus ou pour s'y opposer serait brisée. Mais dans le contexte chronologique, et alors même qu'il a écrit la pièce disparue de l'Etna, et qu'il est venu personnellement, comme nous l'avons vu, en Sicile à l'initiative de Hiéron, on ne peut s'empêcher de penser que, devant ce volcan en colère, Eschyle a glissé une allusion aux ennemis de Hiéron qui ont tenté de s'opposer à sa royauté. Le pouvoir que peu à peu le tyran de Syracuse étendait sur la Sicile s'établissait au détriment de l'indépendance des cités conquises, mais aussi au détriment des «Barbares» carthaginois. Nous ne savons malheureusement pas quel était le sujet de la tragédie de l'Etna. Mais le thème du géant révolté ne pouvait pas ne pas y être évoqué. Moins directement sans doute que Pindare, Eschyle doit bien avoir à l'esprit la situation en Sicile. Pindare il sait que la contrainte imposée à Typhon n'éloigne pas la menace, et même, allant plus loin que le poète béotien, il prédit qu'une nouvelle tentative sera faite un jour (Danièle Berranger-Auserve, Pindare et Eschyle, deux versions d'une même éruption de l'Etna, Connaissance et représentations des volcans dans l'antiquité, 2004 - www.google.fr/books/edition).

La combinaison de la rebellion avec le volcan se retrouve donc dans l'épisode biblique de la révolte de Coré, Dathan et Abiron contre Moïse

Les impudiques, les voleurs, les parjures, les blasphémateurs, les sacrilèges, les orgueilleux enflés de leur vaine science feignent maintenant de ne pas croire à l'existence de ce terrible volcan où sont tombés Coré, Dathan et Abiron. Ce Dathan et Abiron qui étaient les premiers d'Israël furent ceux qui se révoltèrent contre Moïse et Aaron, dans la sédition de Coré. Alors la terre ouvrit sa gueule et les dévora, et le feu qui en sortit consuma deux cent cinquante hommes. Combien depuis cette époque sont tombés vivant dans ce volcan de feu et de soufre, et la fumée de leurs tourments, de leur rage, de leurs blasphèmes, s'élèvera durant les siècles des siècles. Ils boiront (ceux qui ont adoré la bête) le vin de la fureur de Dieu, préparé dans le calice de sa colère, et ils seront tourmentés dans le feu et dans le soufre devant les anges (La verge de Moïse, Revue de Fribourg, Volume 21, 1890 - www.google.fr/books/edition).

Il y auroit de la simplicité, pour ne rien dire de plus, à imaginer que Moïse ignoroit ce que c'étoit qu'un volcan : le récit qu'il nous donne de la mort effroyable de Coré, de Dathan, d'Abiron, &c. montre bien le contraire (Abbé François, Examen des faits qui seruent de fondement a la religion chretienne, Tome premier, 1767 - www.google.fr/books/edition).

La voie étroite et le chas de l'aiguille s'oppose à la voie large, bouche d'Enfer ou cratère du volcan.

Des souris et une légende

L'Apollon sminthien, aux souris, punit les Achéens par le fléau de la peste après le refus d'Agamemnon de rendre Chryséis à son père, prêtre du dieu, le mythe est encore vivant à l'époque moderne, par exemple dans la légende de la Tour aux Rats de Bingen, relevée au XIXe s. sur le Rhin par Victor HUGO et que rapporte récemment encore James BENTLEY : Au Xème siècle, l'archevêché de Mayence échut à l'abbé de Fulda, Hatto II, personnage cupide et cruel. Une année de mauvaise récolte, il acheta tout le blé pour le revendre fort cher. Quoique ses greniers fussent bien garnis, les pauvres de Mayence le suppliaient en vain. La famine fit rage et les gens mourraient de faim dans la ville et les villages du Rhin. Un jour, cependant, l'évêque se laissa fléchir, sembla-t-il, et il invita toutes les personnes dans le besoin à se rendre à une de ses granges. Mais lorsque les pauvres gens furent dans la grange, ses sbires l'auraient incendiée. Au bruit des cris des mourants, il aurait déclaré : "Entendez-vous couiner les souris là-dessous?" C'est à ce moment que des milliers de rats seraient sortis de toutes parts. Leur nombre aurait fait fuir les domestiques de l'archevêque, lequel se serait enfui en barque, descendant le Rhin jusqu'à l'île en face de Bingen où il se serait cru en sécurité. Mais les rats auraient réussi à le suivre pour finir par le dévorer vivant (Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 176 à 180, 1995 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Mäuseturm de Bingen).

Hildegarde de Bingen (ou en allemand : Hildegard von Bingen), née en 1098 à Bermersheim vor der Höhe près d'Alzey (Hesse rhénane) et morte le 17 septembre 1179 à Rupertsberg (près de Bingen), est une moniale bénédictine allemande, parfois dénommée Hildegarde de Rupertsberg (fr.wikipedia.org - Hildegarde de Bingen).

Hucbald de Saint Amand dédie son Eloge de la calvitie à Hatton Ier archevêque de Mayence (891-913) (Yves Chartier, L'oeuvre musicale d'Hucbald de Saint-Amand : les compositions et le traité de musique, 1995 - www.google.fr/books/edition).

Hugo Saintois

La famille Hugo était très nombreuse à Beaudricourt, à Biécourt et à Rouvres en Xaintois; il y avait aussi plusieurs branches de Hugo à Nancy; entre autres l'assassiné du bon coin, qu'on a toujours cru un oncle de Victor Hugo. A Metz, il y avait un Hugo, luthier en Fournirue; une demoiselle Hugo, aux Rochers; et un autre dont l'adresse m'échappe. Mirecourt a possédé longtemps un Hugo, notaire, qui était apparemment de la famille de Joseph Hugo. Quant aux Hugo, de Rouvrois-sur-Meuse, qui sont devenus barons de Spitzenberg, dont Victor Hugo prétendait descendre, et dont on trouve la descendance dans D. Pelletier, on ne peut les rattacher en aucune façon aux Hugo du Xaintois (Ch. Courbe) (L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Volumes 13 à 14, 1880 - www.google.fr/books/edition).

Les Hugo sont des laboureurs du Xaintois, depuis Jean, établi à Vaudémont au XVIe siècle et six villages du Xaintois conservent des tombes Hugo, mais le grand-père de Victor, Joseph a été marchand de bois et ébéniste, rue des Maréchaux à Nancy. Le général Hugo, 15e enfant de Joseph, né à Nancy, a défendu Thionville avant d'être nommé à Besançon. Victor a plusieurs fois visité la Lorraine, avec émotion (Le Pays lorrain, Volume 83, Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, 2002 - www.google.fr/books/edition).