Partie XIII - La Croix d’Huriel   Hybridation   
CROIX HURIEL HYBRIDES GRIFFON MINOTAURE FRONSAC ROCHEMAURE HURIEL LA CASSAIGNE

Sur les sommets de la Croix d'Huriel Huriel avec son aigle de saint Jean fait face à la Cassaigne avec son lion de saint Marc et Fronsac avec son taureau de saint Luc à Rochemaure avec son Ange de saint Mathieu. Ces face-à-face produisent deux hybrides, le griffon (aigle-lion) et le minotaure (homme-taureau).

Huriel - La Cassaigne : Aigle - Lion, le Griffon

Animal alchimique, représenté par une tête d'aigle et un corps de lion, le griffon réunit les deux pouvoirs temporel et spirituel, le fixe et le volatil. « C'est le gardien de l'or de l'Hyperborée. En alchimie, le griffon qui figure la matière des philosophes hermétiques initie l'adepte à l'art de concilier les contraires sans quoi l'œuvre est irréalisable » (Masson, Dictionnaire initiatique, p. 223) (Mélusine, Volumes 2 à 3, Cahiers du Centre de recherche sur le surréalisme, 1981 - books.google.fr).

Si nous recherchons quelle signification secrète est attachée au mot grec gruph, griffon, qui a pour racine grupos, c'est-à-dire avoir le bec crochu, nous trouverons un mot voisin, griphos, dont l'assonance se rapproche davantage de notre mot français. Or griphos exprime à la fois une énigme et un filet. On voit ainsi que l'animal fabuleux contient, en son image et en son nom, l'énigme hermétique la plus ingrate à déchiffrer, celle du mercure philosophal, dont la substance, profondément cachée au corps, se prend comme le poisson dans l'au, à l'aide d'un filet approprié (Fulcanelli, Demeures philosophales, Volume 1, 1985 - books.google.fr).

Le griffon est la monture d'Apollon [...]. Il est chasseur de serpents. Mais il est aussi symbole christique par sa double nature : un corps de lion (la terre, l'homme) et une tête d aigle (le ciel, le divin) (Barthélemy Aneau, Alector, ou Le coq, histoire fabuleuse, annoté par Georges Bourgueil, 2003 - books.google.fr).

L'ascension d'Alexandre fut représentée au XIIe siècle, notamment en Italie dans les cathédrales d'Otrante, de Saint Marc de Venise, de Borgo san Donnino. On la voit aussià Bâle, à Fribourg, à Urcel et en France dans diverses villes, notamment au Mans et à Thouars (Saint Médard) en Poitou.

En figurant ainsi le griffon élevant au ciel Alexandre, l'art du Moyen âge entendait bien faire de ce monarque, malgré la faillite de son audacieuse entreprise, l'image de l'âme emportée vers Dieu par l'animal aquiloléonin ; il était ainsi, du reste en accord parfait avec l'art et les idées antiques : sur le centre d'un plafond enstuc peint dela voie Latine, à Rome, une figure voilée, qui ne peut être que l'âme d'un défunt, est élevée vers le ciel par un griffon psychagogue (Abbé Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ, 2011 - books.google.fr).

Peu de griffon à Huriel si ce n'est "un petit bronze de Pixtilos, chef inconnu du centre de la Gaule, tète à droite, au revers griffon retournant la tête. Trouvé à Huriel, coll. de M. l'abbé Clément." (Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais: lettres, sciences et arts, Volume 18, 1891 - books.google.fr).

Près de Rouziers, au croisement de la Croix d'Huriel, le motif du griffon apparaît dans le Cantal en Auvergne : sur le montant de la Croix d'Huriel, à Brageac (église Saint-Thibaud : deux griffons buvant dans un vase) ; un tir groupé dans la région de Champagnac (église Saint-Martin - Sainte-Marie), Trizac (église Saint-Beauzire), Saignes (église Saint-André - Sainte-Croix) ; Ydes (église Saint Georges), Bassignac (église Sainte-Marie - Sainte-Radegonde;), Sauvat (église Saint Martin) ; Le Monteil (église Sainte-Madeleine - Saint-Victor) ; une tapisserie du château de Trémolière à Anglards de Salers ; Cheylade (Oratoire du Sartre) ; plus loin vers Massiac : La Chapelle-Laurent (église Notre-Dame de l'Assomption). vers Aurillac à Tournemire (château d'Anjony : écu mi-parti Anjony-Foix supporté par deux griffons) ; vers Murat, Albepierre-Bredons (fontaine).

Brageac conserverait des reliques de saint Côme et saint Damien consistant en leur crâne. Les églises de Belcaire et de Trassoulas sont dédiées à ces deux saints médecins anargyres. Ils étaient associés à Marie Madeleine danqs la symbolique médicale et alchimique du pot d'onguent.

Sur le montant de la Croix d'Huriel, l'abbaye de Saint Papoul est ornée de griffons sur certains de ses chapiteaux. Saint Papoul (Papulus), martyr au IIIème siècle, est fêté le 3 novembre (Dictionnaire de l'art de vérifier les dates, Volume 49 de Nouvelle encyclopédie théologique ou Nouvelle série de dictionnaires sur toutes les parties de la science religieuse, J.-P. Migne, 1834 - books.google.fr).

Les origines du monastère de Saint-Papoul sont fort obscures. La liste des abbés ne commence que vers le milieu du XIe siècle. Avant cette date, l'existence du monastère est attestée seulement par la Noticia de servitio monasteriorum ide 817. Mais les travaux de Puckert et de Mgr Lesne ont prouvé que la liste des monastères méridionaux, qui termine la Noticia, a été ajoutée après coup. Puckert pense que c'est au XIe siècle; Mgr Lesne conclut que c'est plutôt dès le IXe siècle. La question a son importance quand il s'agit du monastère de Saint-Papoul. D'après des documents postérieurs, il semble que l'église primitive du monastère était dédiée à saint Pierre. Le culte de saint Papoul se serait donc surajouté à celui de l'apôtre et aurait fini par le supplanter. Qui était ce saint Papoul ? Aucun témoignage historique digne d'être retenu ne permet de le rattacher à saint Saturnin. La tradition liturgique la plus ancienne (début du XIe siècle) fait simplement de lui un martyr. Est-ce un martyr local, comme on l'a affirmé dans la suite ? Ici se pose un nouveau problème, celui de ses reliques, et ce problème soulève, lui aussi, des difficultés. Que penser, en particulier, de la découverte de son corps dans l'église Saint-Sernin de Toulouse, le 11 octobre 1265 ? (Elie Griffe, Autour du « Nouveau Propre diocésain de Toulouse ». In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 28. N°113, 1942 - www.persee.fr).

M. Delaruelle propose Babolein comme origine du nom de Papulus, nom d'origine germanique et non irlandaise. "papula" en latin signifie pustule, Papulus serait un pustuleux.

Sénèque, dans De vita beata, dit "papulas observatis alienas, obsiti plurimis ulceribus" : "vous remarquez un bouton chez les autres quand vous êtes couverts d'ulcères" (Gaffiot), tel la paille et la poutre. La légende dit autre chose :

Fondée au VIIIème siècle, l’abbaye bénédictine de Saint-Papoul, qui présente un ensemble architectural assez bien conservé, est intimement liée à la figure de Saint-Papoul. Cet évangélisateur du Lauragais, disciple de Saint-Sernin, le premier évêque de Toulouse, fut probablement martyrisé dans la localité. Pourtant, c’est la personnalité de Saint-Bérenger qui fera sa renommé à partir du XIème siècle. Le futur Saint-Bérenger (fêté le 26 mai) prit l’habit monastique à Saint-Papoul où il mena une vie d’ascèse jusqu’à sa mort. Faisant l’objet d’une dévotion particulière, sa sépulture prétendue miraculeuse entraîna longtemps les pèlerins vers l’abbaye devenue prospère. En 1119, Saint-Papoul fut possession de l’abbaye d’Alet, alors très puissante. Son âge d’or intervient au XIVème siècle grâce à la création de l’évêché de Saint-Papoul par le pape Jean XXII, en 1317. C’est au second évêque de Saint-Papoul, Raymond de Mostuejouls, que l’on doit la rédaction des statuts concernant le chapitre de la cathédrale (1320) (www.payscathare.org - Saint Papoul).

Ravmond de Miméges, de Vehens, né dans le Rouergue, à Montuéjouls, était prieur à St-Flour, lors de l'érection de l'évêché. Il créa les officiers de sa justice et autres personnes capables de diriger son diocèse, qui avait alors un moins grand nombre de paroisses et était moins peuplé, parce qu'une partie des montagnes n'était pas encore défrichée, mais couverte de bois. Il était très-savant, et résida peu à St-Flour, mais auprès du pape, à Avignon. Il fut en 1319, un an après sa nomination, transféré au siège de St-Papoul, et enfin cardinal en 1327. Raymond mourut en 1335 et fut enseveli dans l'abbaye de Grand-Selve de St-Guillaume [Saint Guilhem du Désert], où il avait été bénédictin. Il fut évèque de St-Flour sous le pontificat de Jean XXII, et sous le règne de Louis-le-Hutin et Philippe-le-Long (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, 1855 - books.google.fr).

Jean de Burle 1418-1422, transféré de Nice, est nommé évêque de Saint Papoul avant d'être transféré à Saint-Flour (1422) (fr.wikipedia.org - Liste des évêques de Saint-Papoul).

Denis de Bar de Baugy était le petit-fils de Jean de Bar, seigneur de Baugy en Berry, valet de chambre du duc Jean de Berry en 1396 et le fils de Pierre de Bar, écuyer, et valet de chambre de Charles VII. D'abord évêque de Saint-Papoul (Aude) il fut transféré au siège épiscopal de Tulle en 1472 avec l'aide de Louis XI, malgré l'opposition d?une partie des moines de cette ville partisans de Géraud de Maumont, originaire du Bas-Limousin. En 1495 il permuta avec un autre évêque pour revenir à Saint-Papoul où il termina ses jours en 1517. Il est l?auteur d?un étrange manuscrit d?astrologie judiciaire. La famille de Bar de Baugy fut maintenue dans sa noblesse en 1667. Elle perdura jusqu'au XIXe siècle. Armes : fascé de neuf pièces d’or d’argent et d’azur (Armorial général du Limousin du XIIe au XXIe, Les familles - palisep.fr, Autour de Rennes : Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique, Autour de Rennes : Marie-Madeleine ou enfiler des perles).

Abbaye de Saint Papoul, Chapiteau orné de salamandres et griffons, Daniel Villafruela, 2012 - commons.wikimedia.org

Ces "griffons" ressemblent à l'animal ailé à queue de serpent d'un chapiteau de l'église Saint Martin de Rouziers qui pourrait être un basilic (Pierre Moulier, Eglises romanes de Haute-Auvergne: La région d'Aurillac, Volume 2, 1999 - books.google.fr).

Le griffon, qui a généralement la tête et les ailes d'un oiseau, le corps du lion et la queue du serpent, figure dans les plus anciennes mythologies orientales; il a été connu des Grecs et des Romains et a été reproduit par les sculpteurs sassanides, témoin un bas-relief de Tagh-e-Bostan, qui date de l'époque de Chosroès II (590-628). Aussi les Occidentaux adoptèrent volontiers cet être fantastique qui se trouvait signalé à leur attention et par les traditions classiques et par les objets importés d'Orient. S'inspirant de monuments tels que le suaire de saint Potentiel), l'étoffe conservée à la Major d'Arles, ils le sculptèrenl à Secqueville, à Bayeux, à Notre-Dame-de-la-Couture et à la cathédrale du Mans, Fontevrault, Saint-Aubin d'Angers, Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, Saint-Êloi de Chateauneuf, Notre-Dame-du-Port à Clermont, Mozac, Cavaillon, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Saint-Pierre de Maguelonne, etc.. et le peignirent dans de nombreux manuscrits (André Michel, Histoire de l'art depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours, Volume 1, 1905 - books.google.fr).

Rochemaure - Fronsac : Homme - Taureau

Rochemaure est associé à Gabriel, l'Homme du Tétramorphe, Fronsac à Michel et au Taureau.

Pour Dante (Enfer, Chant XII, en tête du cercle des violents) le Minotaure avit le corps d'un taureau et la tête d'un homme, célèbre dans la Grande-Grèce et en Sicile, à l'exemple d'Acheloüs.

Dans la mythologie grecque, Achéloos ou Achéloüs est un dieu fleuve d’Étolie, fils aîné du Titan Océan et de sa sœur Téthys. C'est le plus grand des fleuves. Il engendre les sirènes avec la Muse Calliope (dans d'autres versions, elles sont présentées comme les filles de Phorcys), ainsi que des sources : Pirène, Dircé, Castalie… Selon la légende, il aurait jeté son dévolu sur Déjanire ; mais effrayée par ses dons de métamorphose, elle lui préfère Héraclès. Un combat s'engage : Achéloos se métamorphose en serpent immense, qu'Héraclès parvient à étouffer, puis il se change en taureau, auquel Héraclès arrache une corne, faisant capituler le dieu fleuve. En échange, Achéloos lui remet une corne de la chèvre Amalthée qui deviendra par la suite la « corne d'abondance » (fr.wikipedia.org - Achéloos (mythologie)).

Cerveteri, Pyrgi, sanctuaire méridional, sacellum bêta, fin du VIe-début du Ve siècle av. J.-C., terre cuite, Santa Severa, Antiquarium de Pyrgi

La ville de Pyrgi fut l'un des principaux ports de la côte tyrrhénienne à l'époque étrusque et plus tard romaine. Cette ville se situait au nord-ouest de Caere, actuelle Cerveteri, près de l'actuel château de Santa Severa une frazione de Santa Marinella, distant d'environ de 50 km, au nord de Rome.

Eckel a soutenu l’opinion que le taureau à face humaine étoit Bacchus, que les Napolitains adoroient sous le nom de Hebon. Il faut observer que le taureau à face humaine représentoit Bacchus ou Hebon comme principe générateur, et ce symbole était dès—lors appliquable à Jupiter, à Neptune, et à tous les dieux mâles. Ainsi, sous ce rapport, l’opinion des savans qui ont vu le symbole de l’agriculture dans le taureau à face humaine, est vraie; il appartenoit à Bacchus, inventeur du labourage et des moissons ; à Bacchus qui, ayant mis le premier des bœufs sous le joug, avoit enseigné l’art de semer, cette idée ne devant pas être séparée de celle du dieu générateur (P. N. Rolle, Recherches sur le culte de Bacchus, Tome I, 1824 - books.google.fr).

Or, cette image hybride d'un taureau à tête humaine, si répandue dans le folklore étrusco-italique, nous suggère un autre rapprochement assez frappant. Il s'agit de l'évocation dantesque du Minotaure dans Inf., l2, ll-25 et notamment au vers 12 : l'infamia di Creti era distesa : « l'infamie crétoise était étendue», au vers 19 : partiti, bestia : « va-t'en, bête» et aux vers 22 à 25. où le Minotaure s'agite comme un taureau blessé dans une corrida. Déjà M. Renucci avait relevé la singularité de ce Minotaure dantesque, conçu comme un taureau à tête humaine, une bête bien plus qu'un homme, alors que l'iconographie antique le représente toujours, au contraire, comme un homme à tête de taureau.

M. Renucci pense, dès lors, qu'ignorant cette figuration constante dans l'art antique, la puissante imagination de Dante a créé le taureau à tête d'homme, à partir d'allusions de Virgile et Ovide, où cependant l'évocation du Minotaure n'est pas aussi claire : biformis dans Enéide, VI, 24 et dans les Métamorphoses, VIII, 155: semibovemque virum, semivirumque bovem, ce qui reste assez équivoque. Mais le taureau dantesque à tête humaine n'a-t-il pas son prototype dans l'Acheloos étrusco-italique, que Dante a pu confondre avec le Minotaure, surtout si l'on observe l'image du taureau monstrueux à tête d'homme barbu et cornu, qui est aussi peut-être l'unique représentation intégrale d'Acheloos parvenue jusqu'à nous, sur la corniche de la plus ancienne fresque de Tarquinia dans la tombe dite «des Taureaux», où il semble affronté à un groupe érotique, tandis que la même corniche montre un taureau normal, paisiblement étendu ? La coïncidence est assez frappante et, bien qu'on ne puisse évidemment prouver que Dante ait vu cela, elle mérite d'être signalée, d'autant plus que le voisinage ici du monstre et d'un groupe obscène pouvait suggérer une telle interprétation. Qui sait si cette «tomba dei Tori», dont les peintures ont été publiées en 1892 n'était pas déjà connue jadis? M. Pallottino a fait remarquer, à son propos, que l'image d'Acheloos était «populaire en Étrurie». Quant aux monstres, qui grouillent si nombreux et variés dans l'Enfer de Dante, ils font souvent, par maints détails, irrésistiblement penser à la multiplicité des Furies et démons de l'iconographie funéraire des Étrusques et non seulement à l'influence, assurément déterminante néanmoins, de Virgile. Leur image se retrouve, d'ailleurs, avec la même intensité expressive dans les peintures de Giotto, Fra Angelico, Orcagna, Traini, dont les démons ont été comparés à ceux de l'iconographie étrusque par Fritz Weege, tels ces diables noirs et cornus des scènes de Jugement dernier, comme celui de Fra Angelico, à San Marco de Florence (Franz de Ruyt, Scripta minora, 1975 - books.google.fr, Paul Renucci, Dante, disciple et juge du monde greco-latin, 1954 - books.google.fr).

En XII.31-45, après avoir croisé le Minotaure au septième cercle, c'est encore son guide qui lui apprend que l'éboulis qu'ils empruntent n'existait pas à son précédent passage (sur lequel rien n'est dit), il y avait là une falaise rocheuse qui s'est écroulée lors du terrible tremblement qui ébranla la terre jusqu'en ses fondements à la mort du Christ sur la croix. C'est ce qui est confirmé en XXI.112-114 où, parvenus à la cinquième bolgia du huitième cercle, celle des concussionnaires, Dante et son guide sont pris à partie de façon si menaçante par les « males-branches », les diables du lieu, que Virgile doit parlementer avec l'un d'eux, Malequeue, après avoir mis Dante à l'abri derrière un rocher. Ce Malequeue informe ses interlocuteurs que le pont naturel qui permettait le passage vers le bas n'est plus praticable depuis l'effondrement dont il indique précisément la date : hier (c'est-à-dire Vendredi) et cinq heures après l'heure présente, il y a eu 1266 ans. C'est évidemment l'anniversaire de la mort du Christ sur la croix que vise Malequeue ; quoiqu'il se garde bien d'en dire plus, il n'y a aucune ambiguïté à ce sujet. On le voit la descente en Enfer de Dante est cernée, et comme encadrée, de tous côtés par la descente « antérieure » de Jésus. Loin d'être une coïncidence, le fait du hasard ou de la fantaisie, le rappel du précédent christique a été voulu par le Poète ; il l'a été, notamment, pour obliger à voir sa propre expérience en filigrane de celle du Christ non dans le souci absurde de rivaliser avec l'homme-Dieu mais dans l'intention, autrement grave et pressante, de faire réaliser à chacun la nature de l'enjeu et la raison d'être de l'épreuve (Jean Canteins, Dante, Volume 1, 2003 - books.google.fr).

Les éboulis gardés par le Minotaure sont l'effet du tremblement de terre qui accompagna la mort du Christ (La Revue de Paris, Volume 46, Numéro 4, 1939 - books.google.fr).

Le labyrinthe crétois a 7 couloirs et 8 enceintes.

La forme crétoise du labyrinthe est ainsi récupérée par la surimposition d'une croix tout comme de nombreux lieux de culte et temples païens furent récupérés à la fondation d'une église parfois située sur leurs fondements mêmes. D'ailleurs, le Minotaure placé au centre est lui-même christianisé en diable. À cette fin, au lieu d'avoir un corps d'homme terminé par une tête de taureau, les Minotaures des labyrinthes chrétiens ont au contraire une tête d'homme munie de cornes sur un corps de taureau. Les transformations formelles affectent donc les corps mythiques autant que les tracés du labyrinthe (Hervé Le Bras, Essai de géométrie sociale, 2000 - books.google.fr).

Macrobe réserve deux chapitres de son Commentaire du Songe de Scipion (I, 5; 6) aux nombres parfaits huit et sept, seuls capables de fabriquer l'âme du monde. Huit, le premier cube des noms parfaits est bien utilisé dans le Ve livre («le cube premier, ce sont huit» (XXXV, p. 811); «deux petits rochers carrez à huict esgalles pointes en cube» (X, p. 748). Sept est le nombre structurant de l'architecture de la fontaine (XLII); il l'était déjà dans le texte de Colonna dont Rabelais s'inspire pour la rédaction de la fontaine fantastique, mais il faut noter par rapport à Colonna des modifications qui concordent avec le texte de Macrobe. Ainsi, la septième colonne est celle de la lune qui pour Macrobe est soumise à l'action du nombre sept. Pour l'ordre des planètes, Colonna citait Saturne, la Lune, Jupiter, Vénus, Mars et Mercure. L'ordre donné par Rabelais dans le Ve livre : Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vénus, Mercure, la Lune, avec le Soleil en position médiane correspond à l'ordre chaldéen adopté par Cicéron et qui s'oppose à l'ordre égyptien qui place le soleil en sixième position, ordre dont dispute Macrobe (I, 19) Ce 7 et ce 8, capables de fabriquer l'âme du monde, évoquent ce fameux 78 qui hante l'œuvre de Rabelais à partir du Tiers livre, source d'exégèses variées de la part des commentateurs, et qui correspond aussi selon la gematrie à la des lettres du mot hébraïque malach qui signifie sel. Comme le dit Vigenère: Les lettres de ce mot, malach, qui signifie sel, montent en la supputation de leurs nombres, 78, car mem vault 40. lamed 30. Et heth 8. Or divisez en telle maniere que vous voudrez ces 78, il resultera tousjours quelque nombre qui representera un mystere des noms divins. Pour exemple, la moictié sont 39. Autant que montent les lettres du Chuzu, le fourreau, comme ils l'interpretent, du grand nom: assavoir caph, 20. vau, 6. Zain 7. Et vau derechef 6. Si en trois parties, chacune montera 26. Qui est le nombre du tetragrammaton (Mireille Huchon, L'âme du Vème livre, Le Cinquiesme livre: actes du Colloque international de Rome (16-19 octobre 1998), 2001 - books.google.fr).

Le taureau à tête d'homme, mais ailé est au Moyen Orient un chérub, un chérubin.

Cousin éloigné du sphinx grec ou égyptien, et probablement héritier plus direct du karibu babylonien (tous plus ou moins composés du même symbolisme animal que lui), le chérubin est essentiellement le gardien du temple, gardien de la toute-puissance royale et de son immortalité. Dépositaire responsable de la sagesse royale il la protège de toute intrusion ne la rendant accessible qu'à ceux qui y ont droit. C'est ainsi que, dans l'écriture, le chérubin à l'épée de feu garde l'entrée du paradis, protégeant l'arbre de vie qui s'y trouve de toute profanation extérieure. Parlant des diverses autres manifestations de ces êtres dans la Bible, on écrit : « Ces différentes images ont ceci de commun que les chérubins rappellent la proximité ou la présence du divin, qu'ils doivent protéger contre tout contact avec le profane ». Remarquons que dans un symbolisme plus primitif c'était bien là encore un des rôles importants du serpent (nous avons ici un beau témoignage de concordance entre la logique typologique et la logique de la spiritualité médiévale), de nombreux mythes décrivent cet arbre de vie, source d'immortalité, et le serpent (dragon ou griffon) qui en garde le caractère sacré inviolable. Ainsi, la chrétienté a-t-elle vu dans les quatre animaux qui constituent le chérubin, les quatre Evangiles qui gardent la sagesse chrétienne de toute errance dans les voies sans issues des fausses idéologies (Dominique Gagnan, La Parabole : le séraphin symbole royal, Etudes franciscaines, Tome XXVI, 1976 - books.google.fr).

Les karibu sont aussi gardiens des trésors (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Laffont, p. 222).

La corne d'Amalthée, selon une autre tradition, fut arrachée par Zeus à sa nourrice caprine. Kronos, ayant réclamé son fils, avala une pierre que sa mère lui avait substitué. Elle envoya Zeus en Crète où il fut protégé par Gaia. Zeus eut trois enfant d'Europe, dont Minos, roi de Crète, qui fit construire le labyrinthe. Y fut enfermé le minotaure, fruit des amours coupable de Pasiphaé ("celle qui brille pour tous", une épithète classique de la déesse Lune), femme du roi, et d'un taureau blanc, offert par Poséidon à Minos qui trahit sa promesse de le lui sacrifier. Par vengeance, le dieu des mers fit s'éprendre Pasiphaé de la bête.

Gustave Moreau (1826-1898), Europa - www.culture.fr

Par son ascendance et les circonstances de sa naissance, le Minotaure est simultanément un personnage royal et le signe vivant d'une impiété qui entache la royauté. L'ambiguïté du Minotaure souligne celle de de Minos. La lecture des mythes parallèles avait révélé en Minos un souverain paradoxal du type Cronos ou Lycaôn. La lecture du mythe crétois nous apprend que ce paradoxe, en Crète, est une manière de camoufler l'impossible problème de la légitimité royale : comment un roi peut-il être à la fois - ce qui est nécessaire - fils de son prédécesseur humain et fils d'un dieu qui autorise son pouvoir ? Le labyrinthe, prison du Minotaure, est le lieu de ce camouflage, le lieu d'une impasse qu'il s'agit de transcender. Le lieu où la royauté de Minos s'achève devient dans le mythe classique le lieu où Thésée conquiert le trône d'Athènes C'est l'attraction des deux cycles, le déplacement du côté d'Athènes, qui explique pourquoi le mythe crétois proprement dit ignore ou écarte la passion du troisième souverain.

La médiation réussie avec Astérios, échouée avec Minos, est à la fois réussie et échouée avec Thésée. Ce dernier ne sera ni roi divin, ni roi ambigu : il devient un roi humain, fondateur de la cité et de son culte. Son union momentanée avec Ariane et la traversée du labyrinthe sont les signes d'une crise, d'une expérience liminale dont il sortira pour définir de manière culturelle et cultuelle de nouveaux rapports avec le divin : ceux d'une royauté humaine dans le cadre d'une cité de type classique. De la première génération à la deuxième, l'assise divine du pouvoir s'était vue menacée. Malgré le privilège d'une rencontre périodique avec Zeus, la royauté de Minos était ambiguë : à l'amitié de Zeus, Minos, fils et confident de Zeus, opposait le contact brisé avec Poséidon. Thésée, fils de Poséidon, efface cette ambiguïté à travers une expérience liminale qui fait de lui à la fois « le même » et « l'autre » par rapport à Dionysos. Il est intéressant de voir ici Dionysos lié au problème de la royauté. On ne peut s'empêcher de penser au Dionysos des marais - un Dionysos taureau - qui s'unit chaque année à la Basilinna - femme de l'archonte-roi, à Athènes, à l'occasion de la fête printanière des Anthestéries 49. Ce rapprochement pourrait paraître hasardeux si d'autres prolongements du mythe du labyrinthe ne l'appuyaient : ainsi, la rencontre à Trézène d'un Dionysos infernal - très probablement le Dionysos achérontique - et de Thésée dans un sanctuaire présenté à la fois comme la bouche des Enfers et du labyrinthe ; et le fait que les Anthestéries, à Athènes, soient l'occasion d'une remontée des morts du déluge (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).

Bacchus-Taureau était représenté dans la Grande-Grèce sous forme de taureau à tête humaine (Hébon), l'inverse du Minotaure proprement dit.

Cet enfermement du Minotaure, symbole d'une royauté "ambiguë", renoue avec l'enchaînement d'Asmodée, symbole de l'incontinence. Le "containment" anglais ou l'endiguement peuvent se trouver un synonyme dans la continence, qui peut paraître un peu trop volontaire s'il s'agit de forces hostiles et extérieures qui en sont la cause.

D'autant qu'Asmodée chez Jean Wier emprunte la forme partielle du taureau.

C'est aux enfers, dans Wierus, un roi fort et puissant, qui a trois têtes : la première ressemblé à celle d'un taureau, la seconde à celle d'un homme, la troisième à celle d'un bélier. Il a une queue de serpent, des pieds d'oie, une haleine enflammée. Il se montre à cheval sur un dragon, portant en main un étendard et une lance. il est soumis cependant, par la hiérarchie infernale, au roi Amoymon (Dictionnaire des sciences occultes, Volume 1, Jacques Paul Migne, 1846 - books.google.fr).

Asmodée apparaît dans un texte chrétien peut-être du IVème siècle, Le Martyre de Mathieu, où l'apôtre exorcise la famille royale du roi des Anthropophages chassant le démon qui poussait à la persécution des chrétiens et qui finit par partir en fumée. Il est mentionné dans le Livre de l'Enfer de saint Françoise Romaine (fêtée le 9 mars, date nonagonale) (Alain Rey, Dictionnaire amoureux du Diable, 2013 - books.google.fr).

La succession Astérios-Minos, similaire aux successions Ouranos-Cronos et Pélasgos-Lycaôn, semble annoncer un troisième terme : on attend un souverain fondateur de l'ordre culturel - analogue à Zeus ou à Arcas - qui connaîtrait une passion semblable. Rien de tel, cependant, n'apparaît de manière explicite : le successeur de Minos est l'énigmatique Deucalion crétois ou Catreus dont la légende ne présente rien de comparable à celle du troisième souverain. Un autre fils de Minos, Glaucos, correspondrait parfaitement à notre attente, mais le mythe n'en fait pas son successeur. Les mythes de succession royale en Crète ne connaîtraient-ils pas le motif de la passion du troisième souverain alors même que la mythologie grecque situe en Crète le modèle divin de cette passion et présente Minos comme un souverain ambigu, tout comme Cronos et Lycaôn ? Cela semble bien être le cas si l'on ne considère que la liste des rois qui se succèdent en Crète. (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).

Le Verseau, constellation associée à Rochemaure, représentait selon certains mythographes Ganymède, enlevé au ciel par l'aigle de Zeus - l'aigle est aussi à saint Jean et à Huriel - ou bien Deucalion, le survivant avec Pyrrha du déluge grec, qui sacrifièrent alors un veau avant de semer chacun des pierres qui se transformèrent en hommes et en femmes.

Glaucos fils de Minos et de Pasiphaé, enfant tombé dans une jarre de miel, disparaît et meurt. Le devin Polyeidos redécouvre son corps et se voit enjoint de le ressusciter. L'opération a pour cadre la tombe où Minos enferme le sage avec le cadavre. La version du mythe que donne Hygin (Fable 136) est très riche en détails que je ne peux analyser ici : qu'il suffise de relever le caractère souterrain et funéraire du lieu de la résurrection, qui constitue un intéressant paradigme du labyrinthe (Philippe Borgeaud, Exercices de mythologie, 2004 - books.google.fr).

Il n'est pas exclu que dans la célèbre énigme relative à la résurrection de Glaukos on ait affaire à une allégorie de métallurgistes du bronze. Les Courètes, selon une légende familière aux grands tragiques grecs, avaient appris à Minos qu'un homme pourrait rendre la vie à Glaukos, fils du roi : celui qui saurait le mieux comparer une certaine génisse ("moschos" également « jeune pousse » et « rejeton ») de ses troupeaux ("agelai" ou "bouai", nom des jeunes classes d'âge en Crète), qui changeait de couleur toutes les quatre heures, en passant par le blanc, le rouge et le noir. Polyidos, le devin corinthien, avait montré ses aptitudes en comparant cette génisse à une mûre.

On peut se demander également si la mûre de la légende (en grec sukaminon, mot emprunte au syrien) n'est pas une façon camouflée de designer kaminos, le fourneau du fondeur. De même, le récipient plein de miel dans lequel est De même, le récipient plein de miel dans lequel est caché le corps de Glaukos ( = la malachite) peut parfaitement désigner le creuset avec sa coulée. A mon avis, on a affaire dans toute cette légende au rituel d'initiation de Polyidos, et non à celui de Glaukos. Le fils du roi (la malachite) ne sera ressuscité que par celui qui : 1° saura dire ce qu'est une génisse à trois couleurs renouvelables (un soufflet, fait d'une peau, è , permet de donner trois couleurs aux fours de grillage, de fusion et de raffinage) ; 2° découvrira son corps dans une jarre pleine de miel (= le fondant siliceux qui rend la poche de coulée momentanément bleue) ; 3° le touchera avec l'herbe magique (la perche de bois vert des fondeurs). C'est après, comme dit Hygin, Fab., 136, que Polyidos peut rentrer dans son pays (la Corinthe des bronziers) « comblé de présents ».

Les sociologues modernes voient là une énigme de pratiques initiatiques et pensent que les couleurs sont celles des divers vêtements des initiés de l'"agela" crétoise, ou encore des divers moments vestimentaires de cette initiation. A ce compte, Polyidos n'était guère clairvoyant ! L'ordre des couleurs reste aussi surprenant que la durée et la répétition des métamorphoses. Du moment que l'interprétation antique laissait encore place à l'allégorie, il n'y a pas de raison pour s'arrêter à un usage vestimentaire, que les Anciens ne nous signalent d'ailleurs pas. Le propre d'un symbole, c'est d'être polyvalent. Si l'on constate que Glaukos (le vert) est le premier terme d'une série de quatre couleurs qui sont celles-là mêmes de la transformation de la malachite — pierre verte, brute et morte — en cuivre — métal rouge et vivant — par les intermédiaires de la matte noire et de la coulée blanche, on peut se demander si les stades de la résurrection de Glaukos n'étaient pas simplement ceux de la confection du cuivre de rosette, dont la dernière plaque est encore appelée, en argot de fondeur, « le roi ». Celui-là seul était un Courète accompli qui savait les diverses opérations et les temps de la calcination, de la fusion et du raffinage du métal. Jusqu'à l'invention des traitements électro-chimiques des temps modernes, signalons qu'on grillait les minerais de carbonates de cuivre jusqu'à 8 fois de suite, mais le plus souvent 2 ou 3 fois, que l'on décrassait jusqu'à 4 fois de suite le métal fondu avec du charbon de bois : la répétition mentionnée par la légende antique s'explique beaucoup mieux ici que par l'hypothèse d'un changement continuel d'un changement continuel de vêtements colorés. Il n'est pas jusqu'au rameau magique, dont Polyidos ressuscite Glaukos, qui n'ait son correspondant dans les usages des fondeurs : à l'ultime stade raffinage du cuivre noir, ils réduisaient les derniers oxydes en agitant le métal fondu avec une perche de bois vert (Philippe Faure, Les minerais de la crète antique, Revue archéologique, Ernest Leroux, 1966 - books.google.fr).

Le fruit du mûrier se dit aussi en grec "moron", du latin morum selon Galien.

Un texte de Galien laisse entendre que sukaminos est l'ancien nom du mûrier et morea le nom plus récent, emprunté aux Romains qui, dit-il, "appellent le mûrier morus et la mûre morum ... ; le mot sukaminon est attique, mais morum est connu de tout le monde" (Bernard Grillet, Les femmes et les fards dans l'Antiquité grecque, Sciences humaines, Centre National de la Recherche Scientifique, 1975 - books.google.fr).

Le blason des Naucaze (Naucase) porte un boeuf ou taureau et un lion. Le taureau rappelle Fronsac - Saint Luc et le lion La Cassaigne - Saint Marc. Et le navire ?

Le mûrier et Gabriel à Rochemaure

On est mal renseigné sur la condition paysanne au XVIIe siècle. On sait seulement que certains valeureux soldats se transformèrent, sous l'influence d'Olivier de Serres, en habiles "mesnagers" des champs : ainsi Jacques d'Hilaire, dans son château de Joviac près du Teil.

La façade sud, dominant des terrasses où Jacques d'Hilaire, fidèle disciple d'Olivier de Serres, avait installé son potager, son verger et ses ruches. On sait que sur les pentes bien exposées au sud, les seigneurs de Joviac cultivaient la vigne et le mûrier.

Les leçons d'Olivier de Serres et de son Théâtre d'agriculture et mesnage des champs (1600) furent en effet ici appliquées à la lettre par le fondateur du domaine de Joviac, Jacques d'Hilaire, pour le captage, la conduite et la distribution de de l'eau.

Le système hydraulique de Joviac a été classé monument historique le 2 juillet 1901, du fait de sa rareté, de son bon état de conservation, de sa complexité (réseaux souterrains et de surface, ouvrages nombreux et divers) et de ses fonctions multiples : eau domestique, agricole et industrielle. L'aqueduc, avec ses 140 mètres de long et ses 26 arches, en est le plus bel ouvrage. Des recherches récentes ont montré que cet aqueduc débouchait sur une grande roue, qui entraînait le mécanisme des moulins. Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que cette installation date des années 1660, et qu'on est donc là en présence d'un des plus anciens systèmes connus d'utilisation de la force hydraulique pour le mouvement des moulinages, non seulement en France, mais peut-être encore dans le monde. Il faut en effet attendre un peu partout le XVIIIe siècle, même en Angleterre, pour voir se généraliser l'utilisation de l'énergie hydraulique dans l'industrie textile.

Une chapelle fut installée par Jacques d'Hilaire et son épouse Gabrielle de Froment, en partie dans l'une des tours de défense de 1602, «pour le salut de l'âme des fondateurs, et particulièrement de celle de Gabriel d'Hilaire, leur fils, seigneur de Saint Martin, naguère décédé et enterré dans la dite chapelle » (extrait du livre de raison de Jacques d'Hilaire). Ce fils fut finalement enterré dans l'église Notre-Dame-des-Anges, à Rochemaure, qui devint par la suite le lieu d'inhumation habituel des Joviac (Michel Riou, Ardèche, terre de châteaux, 2002 - books.google.fr).

Les Jovyac sont une famille de noble d'extraction, qui tire son nom de l'ancien château & Seigneurie de Jovyac en Vivarais. Cette ancienne Noblesse, depuis très long-temps, s'est distinguée par ses services militaires & ses alliances: c'est sous ce nom qu'est connue aujourd'hui une branche de l'ancienne maison D'Hilaire, dont plusieurs autres ont été répandues dans les Provinces de Dauphiné, de Provence, de Languedoc, du Berry & de Poitou.

Un des aïeux de cette maison, Jean Hilaire, Damoiseau, épousa, le 2 Juillet 1370, Rendonné de Rivierre, sortie d'Arragon sous le nom de Fluviano, ancien en Provence & dans le Comté Venaissin. Il fut blessé le 13 Septembre 1356 à la bataille de Poitiers (François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse de France, Tome XIII, 1783 - books.google.fr).

Les Rivière furent seigneur de Bruis, sur la continuité du montant transversal de la Croix d'Huriel vers l'Est.

Jourdain De Rivière, dit quelquefois Jourdanon, Seigneur de Laval-Sainte-Marie, fit l'acquisition de la terre de Brueix (de Braccio), contiguë a celle de Sainte-Marie, dont il rendit hommage au Roi Dauphin le 5 Décembre I413. Il eut de Béatrix Dupuy - Montbrun, son épouse : 1. Giraud ; — 2. Pierre, Seigneur de Pomerol, pere de Gabriel, de François & de Françoise De Rivière, morts sans alliance ; 3. Dauphine, femme d'Antoine d'Upays, Seigneur de Gouvernes; 4. Randonne, femme de Jacques de Bonne, Seigneur de Saint-Bonnet en Champsaur (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, Volume 15, 1786 - books.google.fr).

Soie artificielle et film phoitographique ou cinématographique ont des affinités. Cela pourrait expliquer le nom de Filoselle donné par les auteurs du Secret de la Licorne au pickpoket, sosie de Georges Méliès (Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel : Hélène et Moulinsart).

L'industrie de la soie artificielle à la nitrocellulose, malgré les difficultés de démarrage, est devenue rentable et crédible grâce au génie et à la pugnacité du comte de Chardonnet. Entre la filature du collodion et sa filmature, il y a des parentés certaines que Victor Planchon (1863-1935) voudrait exploiter : "La soie de nitrocellulose n'est autre chose que de la pellicule en fils très fins, de même que la pellicule n'est que de la soie en feuille, tous deux dénitrés." (Jean-Marie Michel, Contribution à l’histoire industrielle des polymères en France).

Le 6 mai 1884, le comte de Chardonnet dépose à l'Académie des Sciences le pli cacheté "Sur une matière textile ressemblant à la soie", qui sera ouvert le 7 octobre 1887 : C'est la base du procédé. En août 1884, Chardonnet "obtenait des milliers de mètres de fils". Quelque temps après ce pli cacheté, est déposé un brevet sur "la fabrication de la soie artificielle par le filage des liquides" (BF 165.349, 17 novembre 1884). C'est le premier d'une longue série qui occupera quasiment toute la vie de l'inventeur. Pour mettre au point le procédé et le rendre industriel, Chardonnet devra résoudre un nombre considérable de problèmes et maîtriser toutes les étapes du procédé depuis la préparation de la matière première jusqu'à l'enroulement sur la bobine destinée au client tisseur (www.hilairedechardonnet.fr - Soie artificielle).

À l'Exposition universelle de 1889, le comte Hilaire de Chardonnet présenta un procédé nouveau permettant d'obtenir de la soie artificielle à partir de la cellulose du mûrier. Ce procédé consistait à faire passer en force un fluide visqueux à base de nitrate de cellulose à travers de petits tuyaux en forme de dé à coudre appelés filières, et à durcir ce fluide en fils par coagulation dans un bain chimique.

Il est remarquable de constater que le procédé de filage de toutes les fibres synthétiques modernes découle de l'imitation de la filière du ver à soie (Christine Browaeys, Les enjeux des nouveaux matériaux textiles, 2014 - books.google.fr).

Si Chardonnet et des membres de sa famille ne sont pas Fulcanelli, nonagones.info disait en 2008 que Fulcanelli était un nom collectif (Techniques et sciences : Chimie).

Joviac et Gévaudan

Pierre de Barjac (Gard), troubadour du XIIIè siècle, compagnon inséparable de Guillaume de Balaun, était amoureux, selon son biographe provençal, de la femme d'un vavasseur du castel de Jaujac (ou Javiac) en Gévaudan. Il n'y a pas de Jaujac dans cette région mais en Vivarais (Memoires & Comptes Rendus, Société Scientifique et Litteraire d'Alais, 1881 - books.google.fr, www.st-florent-passe-present.fr).

Claude-François-Xavier Millot (Ornans, 1726 - paris, 1785), jésuite qui dut quitter son ordre pour avoir fait l'éloge de Montesquieu, traduit le Jaujac du texte provençal par Joviac dans son Histoire littéraire des Troubadours (1774), suivi par Pierre-Louis Ginguené (Rennes, 1748 - Paris, 1816). Les vieux manuscrits laissent aussi bien lire Janac que Javiac, Joviac et Jaujac (fr.wikipedia.org - Abbé Claude-François-Xavier Millot, Albin Mazon, Voyage archéologique et pittoresque, historique et géologique le long de la rivière d'Ardèche, 1885 - books.google.fr).

Jaujac d'Ardèche, à l'ouest d'Aubenas, et Joviac à Rochemaure se trouve tous les deux sur le montant transversal de la Croix d'Huriel, de même la commune de Borne (Ardèche), où se trouve l'abbaye des Chambons ("à trois lieues de Langogne en Gévaudan"), dont l'abbé Guillaume II, déposé en 1235, reçut un pré près de Javiac (? on ne sait où) d'Etienne archiprêtre de Saint Bonet (?). Borne se trouve entre Saint Etienne de Lugdarès, où est comptée la première victime de la Bête du Gévaudan, et Jaujac (Joseph Vaissète, Claude de Vic, Histoire générale de Languedoc : avec des notes et les pièces justificatives d'Emile Mabille et Edward Barry, Volume 4, 1872 - books.google.fr).