Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUME 42

Psaume 42 ou l'innocence

Il n'y a point de titre dans l'hébreu. Les Septante et la Vulgate l'attribuent à David, par ce mot Psalmus David. Ce psaume passe pour être comme l'abrégé ou la suite du précédent, et il s'y trouve en effet des versets tout semblables. Le sujet est aussi le même. C'est une prière au temps de la tribulation.

Le psaume Judica montre littéralement David fuyant la face de Saûl ou d'Absalon, ou un autre personnage exilé du temple de la cité sainte et désirant vivement y rentrer. Judica me, Deus, et discerne causam meam de genie non sancta ab homine iniquo et doloso erue me. C'est-à-dire : Discutez et moi et mon innocence par votre infaillible jugement, et montrez que vous séparez ma cause de l'impiété des autres, qui sont justement affligés, en me délivrant des hommes pervers, impies et rusés, ou de cet homme qui m'afflige (Pierre Jean Baptiste de Herdt, Maupied, Pratique de la liturgie selon le rit romain, 1858 - books.google.fr).

D'autres disent que c'est une prière que font les Juifs captifs à Babylone, et très-empressés de retourner dans leur patrie. Il vaut mieux regarder ces cantiques comme des prières destinées à consoler les fidèles dans leurs peines. Le Prophète savoit assez qu'elles ne manquent jamais à ceux qui veulent servir Dieu, et il a travaillé pour tous les temps (Guillaume François Berthier, Les Psaumes traduits en français: avec des notes et des réflexions, 1835 - books.google.fr).

La révolte d'Absalom, fils de David, a été associée à différents psaumes, par leur titre ou par leur thème.

Abel apparemment est le sujet principal de la page 42, en deux passages entrecopupés d'une citation de Joseph de Maistre.

...nous croyons pouvoir expliquer d'une autre manière le nom d'Abel, en conservant avec rigueur la prononciation donnée par l'Ecriture Sainte. [...] Abel était pasteur; il offrait à Dieu des sacrifices, choisissant à cet effet les agneaux les plus beaux et les plus gras de son troupeau, et le Seigneur regardait favorablement ses présents. (VLC, p. 42)

Judas, dit l'Ecriture, a acheté le champ d'un potier, et ce champ fut appelé le champ du sang. Tout crie en cette lamentable histoire, et cette terre achetée au prix de cet argent, et ce,prix luimême, et ce sang du juste, et cet Abel innocent tué par un frère impie, tout crie. Car, mes bien-aimés, l'histoire de la Passion du Christ et de la trahison de Judas nous est donnée en figure dans l'histoire des deux premiers frères, Caïn et Abel, lorsque le frère aîné tua son frère le plus jeune; l'innocence fut la victime de la jalousie, et la piété de la scélératesse (Augustin, Sermon sur la quatrième férie, Oeuvres complètes, 1870 - books.google.fr).

Selon la tradition acceptée en Syrie par les chrétiens et par les Musulmans, Abel aurait été tué par son frère Caïn près de Damas, au pied du mont Qassioun, dans une caverne qui porte encore aujourd'hui le nom de Magharat eddem (la caverne du sang). Selon la même tradition, c'est dans la vallée qui s'étend près d'Hébron qu'Adam pleura pendant cent ans la mort d'Abel et que lui fut annoncée la naissance d'un fils qui fut Seth (Jean Thenaud, Le voyage d'outremer, annoté par Charles Schiefer, 1884 - books.google.fr).

L'idée selon laquelle Adam serait enseveli à Hébron est fondée sur une interprétation de Josué 14, 15 (Michel Lauwers, La naissance du cimetière: lieux sacrés et terre des morts dans l'Occident médiéval, 2005 - books.google.fr).

La note VI du 2ème entretien des Soirées de saint Pétersbourg mentionne une référence : Genèse XVIII qu'omet soigneusement Boudet (Joseph Marie de Maistre, Les soirées de Saint-Pétersbourg, ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la providence: suivis d'un traitée sur les sacrifices, Volume 1, 1821 - books.google.fr).

Le chapitre 18 raconte la rencontre d'Abraham à Mamré (à Hébron) avec les envoyés de Dieu. C'est à Mamré qu'Abraham construit un autel (cf "Introïbo ad altare" du psaume 42) en y arrivant (Gen 13,18). C'est à hébron qu'Absalom se fait proclamé roi d'Israël, usurpant la couronne de son père David.

Hébron, Languedoc et soude

Pour la consécration des autels, le psaume 42 est récité et est employée l'eau grégorienne dont la composition rassemble les quatre ferments que représente l'Eglise dans la vie du chrétien : purification (eau), sagesse (sel), force spirituelle (vin), humilité devant la mort (cendres) (Gilbert Gardes, Lyon: l'art et la ville, 1988 - books.google.fr).

Saint Grégoire le Grand le prescrivit à l'évêque Augustin, qu'il avait envoyé porter l'Evangile en Angleterre : « Que l'on fasse de l'eau bénite et qu'on en asperge les temples ». C'est en raison de cette prescription que l'eau préparée pour la lustration est appelée « eau grégorienne ». Le sel vient de Rome, le vin de Byzance, la cendre d'Irlande; les quatre éléments sont déjà réunis dans le rituel franc du VIIIe siècle (Jacques Nicolle, Maurice Morisset, Pour comprendre aujourd'hui rites et symboles de l'Église, 1968 - books.google.fr).

Il n’y a aucune utilisation de la cendre dans le rite irlandais (Dominique Barbet-Massin, Le rituel irlandais de consécration des églises au Moyen Âge : le témoignage des sources irlandaises et bretonnes, 2011 - abpo.revues.org).

KALI, Plante qu'on appelle autrement soude. Elle croît sur le sable de la mer, & on l'y sème pour la brûler verte. Des cendres on s'en sert pour fondre le verre, pour faire du savon, & la bière, & le sel alkali. Kali eft le nom que les Arabes donnent à cette plante, qui croît abondamment en Égypte & en Syrie. Les Vénitiens s'en servoient pour faire leurs belles glaces, que l'on appelle glaces de Venise. Il s'en trouve aussi beaucoup dans le Languedoc, où on l'appelle Vitraire, Vitraria. On dit qu'en Arménie le Kali croît si haut, qu'il devient un arbre raisonnablement grand. Bochart dit que cela n'est vrai que d'une espèce du Kali; mais que le Kali est dans le genre des pois, & que les Arabes l'y mettent. Voyez Saumaise sur Solin p. 1096. Bochart Hiéroz. P. II. L. I. C.7. Catel en parle dans ses Mémoires de l'hitoire de Languedoc L. I. p. 50. & 51. L'on retire aussi, dit-il, un notable profit dans le païs d'une herbe qu'on a accoutume de semer & cultiver au bord de la mer, laquelle étant venue à sa pèrfection, on couppe, & après on la fait brûler dans un creux qu'on fait dans la terre, comme dans un fourneau, couvrant ce creux de terre par dessus afin que le feu ne puisse prendre air, & respirer; cette herbe étant brûlée, l'on découvre ce creux, qu'on trouve plein de certaine matière dure, qui s'appelle dans le païs Salicor, qui ressemble au sel en roche, & de laquelle après on fait les verres. Cette herbe est appellée des Arabes Kali, des Latins salicornia, & des François soude. Il se fait si grande quantité de ce salicor dans le Languedoc, qu'on le transporte en divers Royaumes, mais principalement en Italie, duquel les Italiens fort ingénieux font ces beaux verres, qu'ils apportent après tant en France, qu'en Espagne, & autres Royaumes de l'Europe. CATEL. Le P. Roger, Récollet, dans son Voyage de la Terre Sainte L. I. C. 17. dit qu'à une demi lieué à l'occident de la mer morte en Judée toute la contrée est couverte de Kali que les Arabes brûlent, & dont ils portent vendre les cendres à Jérusalem, & à Hébron, où il y a une petite verrerie, pour faire du verre : on en fait aussi du savon dans ce païs. Voyez SOUDE. Ce mot de kali tant en Arabe qu'en Hébreu fignifie tostum, frictum, ce qui est brûlé. En Arabe, Coxit, frixit (Dictionnaire universel françois et latin, contenant la signification, Volume 3, 1721 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Le méridien de Scone).

On distingue deux sortes d'alkalis; les fixes et les volatils : c'est des premiers que l'on se sert pour fabriquer le sïvon. Il y a deux espèces d'alkali fixe; l'alkali végétal ou potasse, et l'alkali minéral ou soude. Ces deux alkalis ont beaucoup de caractères communs qui les ont fait long-temps confondre: ce sont cependant des substances distinctes et qui ont des différences essentielles. Combinées avec les acides, elles donnent des sels différens. La potasse, exposée à l'air, se saisit avec avidité de son humidité et tombe en déliquescence; la soude, placée dans les mêmes circonstances, tombe en délitescence, c'est-à-dire qu'elle se réduit en poussière. Les savons fabriqués avec la potasse sont pâteux et mous; la soude donne des savons solides, qui sont ceux dont on se sert dans les savonnages domestiques. La potasse a reçu le nom à l'alkali végétal, parce qu'on la tire des cendres des matières végétales; la soude a reçu le nom l'alkali minéral, parce qu'elle forme la base du sel marin ou sel de cuisine, dans lequel elle se trouve combinée avec l'acide marin ou muriatique, raison pour laquelle, dans la nomenclature moderne, le sel marin est appelé muriate de soude. La potasse et la soude se trouvent, dans le commerce en différens états et sous différons noms. On donne le nom de salin à l'alkali retiré des cendres de bois; on les lessive et on rapproche la dissolution dans des chaudières de fer et de fonte. Le salin prend le nom de potasse, après qu'on l'a calciné pour le débarrasser des principes qui lui donnent une couleur noire. La combustion de lie de vin donne un alkali végétal regardé comme très-pur; il est connu dans le commerce sous le nom de cendres gravelées. La soude qui se trouve dans le commerce vient presque toute d'Alicante et de Carthagène; Les soudes d'Alicanté sont les plus estimées; celles de Carthagène viennent après. La barille d'Espagne fournit la belle soude d'Alicante. Le salicot que l'on cultive eh France, sur les côtés de la Méditerranée, fournit une soude de bonne qualité, quoiqu'inférieure à celle d'Espagne. On fabrique sur les côtes de la Manche, aux environs de Cherbourg , une soude qui provient de la combustion du varech; mais elle ne sert guère que pour les verreries. (Pierre-Etienne Herbin de Halle, Statistique générale et particuliére de la France et de ses colonies, Tome II, 1805 - books.google.fr).

Le long des côtes occidentales de l'Écosse et de l'Irlande, la collecte et le brûlage des algues ont constitué une activité industrielle majeure pendant des siècles (Lewis Dartnell, À ouvrir en cas d'apocalypse, 2015 - books.google.fr).

Sur les côtes de la France, de l'Ecosse et de l'Irlande, ces plantes servent aux pauvres comme combustible, et leurs cendres soigneusement recueillies faisaient autrefois un objet de commerce pour les fabricants de savon et étaient connues sous le nom de varech ou de kelp, espèce de sel de soude impur (Matthias Jacob Schleiden, La plante et sa vie: leçons populaires de botanique a l'usage des gens du monde, traduit par P. Royer, 1859 - books.google.fr).

Hébron et l'Hermétisme

The emerald tablet is first mentioned in Western literature in a treatise attributed to Albertus Magnus called De Mineralibus, written in the early part of the fourteenth century. In this manuscript it is stated that the tomb of Hermes was discovered by Alexander the Great in a cave near Hebron, and that in the tomb was found a tablet of emerald, taken from the hands of the dead Hermes by Sarah, the wife of Abraham (C. J. S. Thompson, Alchemy and Alchemists (1932), 2012 - books.google.fr).

Bernard le Trévisan, dans le Le Livre de vénérable Docteur Allemand Messiere Bernard (1567), note aussi le lien entre Hermès et Hébron (Didier Kahn, Alchimie et Paracelsisme en France à la fin de la Renaissance (1567-1625), 2007 - books.google.fr).

« C'est aussi ce que l'Ecriture Sainte atteste... et il convenait, en effet, que dans l'enfance du monde, l'espèce humaine reçut des secours extraordinaires, jusqu'à ce que l'invention des arts l'eût mise en état de se défendre elle- même et de n'avoir plus besoin de l'intervention divine. » (VLC, p. 42)

Que les fables débitées, sous mille formes, par les Grecs sur le Mercure Trismégiste, sur l'Hermès des Egyptiens, sur Thaut, Thau, etc., prétendu ministre d'un roi d'Egypte, l'un ou l'autre, selon les Grecs, inventeurs de l'art d'écrire, ne sont évidemment que la tradition défigurée de l'intervention delà Divinité dans l'invention des arts nécessaires à la société; car Mercure, Hermès, Thaut, Theutates des Gaulois, et Gott des Germains, ne sont que le nom de Dieu (Louis-Gabriel-Ambroise vicomte de Bonald, Oeuvres, Volume 1, 1817 - books.google.fr).

Il faut savoir qu'en grec "vrai" se dit a-lèthès, qui signifie au sens propre "non caché" parce que la "vérité", pour un Grec, se cache toujours derrière la trompeuse apparence. Quant à la forme kabbale (KdpfîaXe), elle est très ancienne et apparaît dès Homère (9ème-8ème siècle), dans l'Iliade (5, 343), mais avec le sens de "laisser tomber, laisser choir". Ce verbe ne prend le sens d'abaisser un voile que bien plus tard. Cette façon de procéder et de comprendre n'est pas sans rappeler la fameuse formule de Rabelais, ce maître du "Gay savoir" : "Rompez l'os et sucez la substantifique moelle". Et, dans ce cas, c'est l'orthographe Kabbale qui semblerait le mieux convenir. Contrairement à la Cabale hébraïque, la Kabbale hermétique ne se veut pas un enseignement, mais un moyen de transmettre aux connaisseurs un certain nombre de messages, et de les perpétuer dans le temps. Elle est également un moyen de reconnaissance, c'est-à-dire, qu'il est parfois possible de reconnaître à travers le codage obscur pour l'ignorant, l'ordre auquel appartient l'initié et même parfois son obédience et son degré d'initiation. Il est en effet reconnu que les hermétistes se sont toujours reconnus, comme le dit la formule latine : per solam loquelam et per solos gestus "par la seule parole et les seuls gestes", c'est ce qu'on appelait, dans l'Occitanie médiévale, "avoir l'entendement du bien".

Le fait de prononcer certaines phrases codées ou de prendre une position ou de faire un geste, permet une reconnaissance immédiate [...] comme cela se produit, par exemple, pour les gisants templiers de Londres, qui se présentent tous dans la position de leur degré d'initiation. Car le langage hermétique est une science bien occultée et que se transmettent, de génération en génération, une longue suite d'initiés. Le sens précis de l'adjectif concerné vient des écrits "hermétiques" rassemblés dans le temple d'Hermès Trismégiste, c'est-à-dire "trois fois très grand", temple construit au temps de l'Egypte Hellénisée sous la dynastie des Lagides et près duquel on aurait récemment cru retrouver le tombeau d'Alexandre le Grand. Cet ensemble de traités sur l'astrologie, l'alchimie, la médecine, la magie auxquels il faut ajouter des traités philosophiques comme l'Asclépios et le Poimandres, nous ont transmis toute une tradition d'occultisme auréolée du prestige d'une ancienneté fabuleuse et divine6. Ces textes sont si ardus pour un lecteur profane qu'il faut, pour les comprendre, être rompu aux règles de la Kabbale hermétique transmise depuis la nuit des temps, règles dont un certain nombre sont exposées dans le Cratyle de Platon et que se transmettent, de génération en génération, une longue suite d'initiés (Pascal Gaymard, L'art des Troubadours, Trobar clar et trobar clus: le langage hermétique des troubadours cathares, 2001 - books.google.fr).

Le Liber planetarum ex scientia Abel est un texte exemplaire de la magie angélique juive: le prologue du Liber Lune trace une histoire de cette prétendue « scientia », issue de la connaissance d'anciens philosophes (il s'agit de la révélation d'un savant d'une époque révolue, aboutissant à l'idée d'une Perennis philosophia ou Prisca theologia révélée « ab antiquo » par Hermès lui-même). Cette révélation originaire va être à la Renaissance l'élément distinctif de l'hermétisme du XVIe et du XVIIe siècles, fondé sur la croyance que des savants, ayant prévu l'approche imminente du déluge universel, avaient voulu sauver les sciences et les arts en en sculptant les préceptes sur des stèles de marbre. Après le déluge Hermès s'était rendu à Ebron, la ville où avaient vécu Adam, son fils Abel et la plupart des savants qui n'avaient pas disparu pendant le déluge. C'est ici qu'il a redécouvert presque toutes les plaques en marbre cachées par les philosophes anciens, parmi lesquelles il a vu réapparaître les pierres auxquelles Abel avait confié la survie de sa doctrine des talismans, définie «science des des prestiges» (prestigiorum scientia), qui est la première et la plus parfaite de toutes les sciences. Il est évident qu'Abel, en se fondant non pas sur un discours rationnel, mais sur une découverte de l'occulte, usurpe lui aussi le terme scientia, comme l'avait fait Picatrix pour définir sa nigromancie. Hermès raconte avoir trouvé la première stèle relative au treizième talisman du Liber Lune, en avoir suivi les instructions et en avoir constaté l'efficacité. Par la suite, il aurait retrouvé d'abord les pierres contenant les instructions des dix-neuf autres talismans du même Livre de la Lune, et puis toutes les règles des six autres livres des planètes. C'est donc à bon droit qu'il proclame être le le premier philosophe d'après le déluge ayant récupéré pleinement (plenarie) la science talismanique (Graziella Federici Vescovini, Le Moyen Âge magique: la magie entre religion et science du XIIIe au XIVe siècle, 2011 - books.google.fr).

Hébron et l'Irlande

Le Riche Pêcheur du Roman de l'estoire est nommé Hébron. Son nom provient de la Bible (Nombres, III, 21) et n'a apparemment aucun lien avec les légendes celtiques. Dans la Bible, Hébron est un lévite chargé de la garde de l'Arche. Probablement inspiré par cette réminiscence, Robert de Boron assigne à Hébron le rôle de gardien du Graal. Il est en cela fidèle à un esprit de concordance symbolique entre le paganisme celtique et le Livre sacré. Ce nom d'Hébron se transforme parfois en Bron à l'intérieur de l'œuvre et certains érudits (dont William Nitze) ont voulu voir un lien entre ce Bron et le légendaire personnage de Bran qui apparaît dans plusieurs textes irlandais. Bien que cette corrélation ne soit pas sans intérêt, elle n'explique pas tous les motifs mythiques païens du roman de Robert. Il est, en effet, une autre scène du roman qu'il faut lire attentivement. C'est celle où s'amorce un rituel qui préfigure l'institution de l'eucharistie. Le pivot en est à nouveau le poisson. Robert de Boron exploite son symbolisme dans les différents sens allégoriques suggérés par la tradition chrétienne. Le poisson représente l'homme régénéré par le baptême selon les paroles de Tertullien. Cette métaphore patristique inspire à Robert l'image du poisson qui, échappant à la capture, retourne dans la rivière. C'est l'image du chrétien que l'eau baptismale lave du péché (Philippe Walter, Perceval: Le Pêcheur et le Graal, 2004 - books.google.fr).

Innocent et Occitanie

Dans la citation de Catel à la page 197, il est parlé de Charles VII qui rétablit le Parlement de Toulouse. Or le pape Innocent IV, mort en 1254, est antérieur à ce roi, de même Innocent VI mort en 1362 et Innocent VII mort en 1402. Le premier Innocent postérieur à Charles VII est le VIII.

Charle VIIeme dans l'ordonnance portant érection du Parlement de Tolose, la nomme Patria Occitania ; ce qui a donné sujet au Pape Innocent IV dans son registre, d'appeler ce pays Occitania. Mais communément et le plus souvent, il est nommé dans les anciens actes, patria linguae occitaniae. (VLC, p. 197)

Le Roi irrité contre les Languedociens, & particulièrement contre les Toulousains, supprima par Edit de l'an 1312 le Parlement de Toulouse, l'unit & en incorpora les Officiers à celui des Paris. Cette éclipse du Parlement de Toulouse fut de plus de cent ans; car il ne fut rétabli dans cette Ville qu'en 1419 par Lettres Patentes du Dauphin, Régent du Royaume, datées du 29 de Mars de cette année. Ce fut le 30 du Mois May suivant, qu'on comptoit 1420, que le Parlement fut installé dans Toulouse. Par cette seconde érection il n' y eut qu'un Président qui étoit l'Archevêque de Toulouse, onze Conseillers & deux Greffiers. Il n'y eut point pour lors de Procureur du Roi, aussi n'en étoit-il point parlé dans les Lettres d'Erection. Vers l'an 1425, le Parlement de Toulouse fut transféré à Béziers pour repeupler cette derniére Ville, qui avoit soutenu un long Siège contre le Comte de Clermont, & la récompenser de tous le maux que ce Comte lui fit souffrir après qu'il l'eut prise. Le Parlement ne demeura pas long-tems à Béziers, jusqu'en 1427. Charles VII le réunit une seconde fois à celui de Paris, duquel il ne fut séparé pour être établi à Toulouse qu'en 1443, par Edit de Charles VII, donné ä Saumur le 11 d'Octobre. Cet Edit ne fut même lu & publié à Toulouse que le 4 de Juin de l'an 1444 (Bruzen la Martiniere, Le Grand dictionnaire géographique, et critique, Volume 10, 1741 - books.google.fr).

Sous le pontificat d'Innocent VIII, les Augustins obtinrent de ce pape deux bulles d'indulgences, datées du 6 des calendes de mars 1486, et du 4 des ides de décembre 1487 La première narre comment, aux premiers temps de sa fondation, la Maison et église des frères ermites de saint Augustin de Toulouse, fut belle et honorée. Mais, dans le temps où la ville fut incendiée, les joyaux et objets précieux du couvent et de l'église furent perdus et soustraits par le vol. Envahis, les frères et religieux furent contraints de céder la place. Par la suite, les lieux rétablis, ils revinrent, au nombre de 90 et plus, gradués, étudiants ou novices. Dans cette Maison avait été fondée la chapelle de Notre-Dame de Pitié, vers laquelle se portait la dévotion des fidèles, et c'est, à ce que l'on croit, aux prières de la Bienheureuse Marie, que cette Maison dût d'être préservée de l'incendie... Il s'y fait de grands miracles, en particulier contre la peste... A la demande du roi Charles, des capitouls de Toulouse, et de toute la ville, afin d'achever l'édifice, nous avons puisé, dit le pape, dans les trésors de l'Eglise, les présentes indulgences. Restauration, réparation et décoration de l'église et du couvent; construction d'une chapelle, dans la salle capitulaire, devant la sépulture des frères, sous le vocable de la Conception; calices, livres et ornements pour l'église, et subsistance assurée pour les religieux... Tels étaient les effets attendus de ces indulgences que le pape Innocent VIII octroyait, sur les motifs qu'on vient de lire. Les fidèles y gagnaient indulgence plénière de leurs péchés, à la condition de visiter l'église pendant les fêtes de l'Assomption, et sous diverses conditions ou situations équivalentes, qu'il n'est pas possible de détailler ici.

La seconde bulle constituait une extension géographique des avantages de la première, aux provincie Aquitanie et lingue occitane : l'Aquitaine et le Languedoc Le mot « occitan » ici rencontré, ne définit que les limites languedociennes, car jamais, en dix siècles d'histoire, ce mot n'a servi à désigner l'ensemble de l'aire linguistique aujourd'hui abusivement étiquetée : « Occitanie » (Pierre Salies, Les Augustins: origine, construction et vie du grand couvent toulousain au Moyen Age (XIIIe-XVIe siècles), 1979 - books.google.fr).

Innocent VIII et l'Hermétisme

On connaît la vie aventureuse de Pic. Le voici à moins de 23 ans qui organise, à ses frais, un concile extraordinaire et réunit, sous l'égide du pape Innocent VIII, les plus grands savants de son temps. Son but consiste à réitérer sa foi en la nature humaine qu'il qualifie, après Asceplius de "miracle de la nature", et à construire une physique, une morale et surtout une métaphysique riche de toute l'eruditio qui lui confère sa plus parfaite identité. Mais la dimension polémique est omniprésente et le ton employé, tout particulièrement à la fin de l'Oratio explique sans doute que ce texte ne fut pas publié du vivant de son auteur (Luisa Rotondi Secchi Tarugi, Vita pubblica e vita privata nel Rinascimento: atti del XX convegno internazionale : Chianciano Terme-Pienza, 21-24 luglio 2008 2010 - books.google.fr).

Les thèses se divisent en deux groupes, l'un de quatre cent deux thèses, l'autre, par conséquent, de quatre cent quatre vingt dix-huit. Dans le premier groupe nous trouvons cent quinze thèses tirées des théologiens latins, que nous citerons dans l'ordre: Albert le Grand, Thomas d'Aquin, Henri de Gand, Jean Scot, Egide de Rome et François de Meyronnes; quatre vingt deux thèses exposent « la doctrine des Arabes, qui pour la plupart se déclarent péripatéticiens »: Averroès, Avicenne, Alfarabi, Avempace Isaac de Narbonne, Albumaron de Babylone, Mosé l'Egyptien et Mahomet de Toléde vingt-neuf exposent les doctrines des Grecs qui se déclarent péripatéticiens: Théophraste, Ammonius, Simplicius, Alexandre d'Aphrodisias et Themistius ; quatre vingt dix neuf exposent la doctrine des philosophes qui se déclarent platoniciens: Plotin, Porphyre, Jamblique, Proclus et l'arabe (sic) Adelandus. Suivent quatorze thèses exposées selon la mathématique de Pythagore, six selon les opinions des théologiens chaldéens (qui ne sont pas nommés), dix selon l'antique doctrine de Mercure Trismégiste l'Egyptien » et enfin quarante sept « selon la doctrine secrète des savats hébreux cabalistes » qui eux non plus ne sont pas nommés. Dans le second groupe Pic réunit les thèses relevant de sa doctrine personnelle, inspirée, comme nous allons le voir, par les auteurs les plus divers. Dix-sept sont fondées sur des propositions d'Aristato et de Platon; quatre-vingt « tout en s'écartant de la philosophie commune, sont conformes à la manière habituelle de philosopher »; soixante et onze introduisent de nouveaux principes philosophiques. Les vingt-neuf qui suivent sont déclarées « assez éloignées de la façon d'exposer habituelle aux théologiens». Soixante-deux sont ensuite tirées de Platon, dix, inspirées par Albucaten Avenam. Viennent après quinze thèses de mathématique et soixante quatorze dont la solution se trouve dans les nombres. Quinze sont ensuite tirées de Zoroastre, vingt-six traitent de magie, trente et une doivent servir à l'intelligence des hymmes orphiques et enfin l'ensemble se termine par soixante-douze thèses cabalistiques. A vrai dire Pic de la Mirandole n'avait fait que mettre en propositions tout ce qu'il avait appris tant à Padoue qu'à Florence, tant à Paris qu'à Pérouse et si la soutenance de toutes ces thèses nous paraît aujourd'hui aussi prétentieuse que téméraire, elle n'aurait été sans doute pour ses contemporains qu'un de ces interminables débats académiques, où les initiés prenaient un malin plaisir à voir s'affronter les amateurs de « destinguo » et de « sed contra ». Celle de Pic pourtant s'annonçait comme exceptionnelle et cela pour trois raisosns: d'abord parce qu'elle débordait le cadre ordinaire des débats de ce genre, en second lieu, parce que Pic n'avait que vingt-quatre ans et enfin parce qu'il avait choisi Rome comme lieu du débat pour prouver aux yeux du monde chrétien que l'on pouvait renouveler l'esprit même de la Religion en s'abreuvant à de nouvelles sources, au lieu de s'attarder à de faux problèmes ou à des solutions dialectiques qui répondaient plus à la philosophie d'Aristote qu'aux besoins de l'esprit et du coeur humains. Il suffit de replacer l'homme dans son cadre pour deviner ses intentions qui, sa vanité mise à part, étaient certainement pures. Longtemps avant Pic, des humanistes et surtout des laïcs il faut bien le dire, avaient dénonçé la crise des études religieuses devenues purement philosophiques et les dangers d'une scholastique schlérosée qui venait d'aboutir à cette théorie de la double vérité qui était la négation des valeurs qu'elle prétendait réconcilier. Il fallait donc faire quelque chose et ces mêmes humanistes n'avaient pas craint de proposer des remédes. Valla et Manetti en jetant les fondements d'une exégèse, Ficin en tentant de substituer à la théologie aristotélicienne de St Thomas une théologie platonicienne, où l'on trouve à vrai dire autant d'Aristote que de Platon et autant de St Thomas que de St Augustin. Il est vrai qu'on y trouve aussi Zoroastre, Hermès Trismégiste et tous ces maîtres qui, selon l'expression de Pic de la Mirandole, se disaient péripatéticiens ou platoniciens. Ficin connaissait aussi bien que Pic les Arabes, puisque nous venons de voir qu'il lui avait prêté Coran et un traité d'Avicenne, et les Hébreux, dont les Juifs de Florence lui avaient révélé bien des textes, comme en témoigne son De Christiana Religione. En fait Pic n'apportait de vraiment neuf que les textes de la Cabale et une nouvelle méthode (Raymond Marcel, Pic de la Mirandole et la France, L'opera e il pensiero di Giovanno Pico della Miandola nella storia dell' umanesimo: convegno internazionale (Mirandola: 15-18 Settembre 1963), 1965 - books.google.fr).

L'an 1487, Innocent VIII condamna les fameuses thèses que Jean Pic de la Mirandole avoit soutenues à Rome à l'âge de vingt-trois ans, et qui contenoient neuf cents propositions tirées d'auteurs latins, grecs, hébreux et chaldéens.

Jusque dans cet acte cependant, Innocent VIII réitéra qu'aucun blâme personnel n'entachait la réputation de Jean Pic, attendu que celui-ci « s'était toujours placé sous l'autorité du Siège apostolique ». Dans l'immédiat, Pic ne fut pas autrement inquiété, et il put prolonger son séjour dans la Cité éternelle, car... la Bulle resta lettre morte : Innocent VIII, toujours hésitant, se refusa à la promulguer! Il ne s'y résoudra que le 15 décembre suivant, mais alors, avec toute l'impulsivité qui le caractérisait, il laissa libre cours à sa hargne : dès le lendemain, le 16 décembre, un mandat d'arrêt fut lancé contre Pic, et ordre fut donné aux nonces apostoliques de mettre la main sur lui. Il semblerait qu'un des éléments déterminants de la volte-face pontificale ait, à nouveau, été la publication de l'Apologia (Louis Valcke, Pic de la Mirandole: un itinéraire philosophique, 2005 - books.google.fr).

Comme les chevaliers de Rhodes avoient en leur garde le prince Zizim, frère du sultan Bajazet, le Pape obtint de Pierre d'Aubusson, leur grand-maître, qu'il lui fût livré l'an 1488. Ce prince fit son entrée à Rome, le 10 mars de l'année suivante, accompagné de François Cibo, fils d'Innocent. [...] L'ambassadeur du sultan d'Egypte, menacé d'une guerre avec les Turcs, se trouvant alors à Rome, prodigua les plus belles promesses pour qu'on remît Zizim en son pouvoir, mais ce fut en vain. Les sept ans, dix mois, vingt-huit jours du pontificat d'Innocent VIII furent marqués par son zèle pour la guerre contre les Turcs, quoique ce zèle eût peu d'effet. Lorsque ce Pape mourut, âgé de 60 ans, le 25 juillet 1492, il laissa ses enfans très riches; l'aîné, François, avoit épousé une fille de Laurent de Médicis, nommée Madeleine, qui étoit une des plus belles princesses de son tems; mais, dès qu'une attaque d'apoplexie eut arraché Innocent VIII aux préoccupations de l'amour paternel, il n'avoit plus pensé qu'au salut de son âme, « témoignant un grand mépris, pour toutes les espérances fragiles du siècle, et ne soupirant qu'après la bienheureuse immortalité », dit l'évêque qui prononça son oraison funèbre (Mathieu-Richard-Auguste Henrion, Histoire de la papauté, 1834 - books.google.fr).

George Ripley, Anglais et chanoine de Bridlington, dans le diocèse d'York, se livra, dans la seconde moitié du quinzième siècle, aux opérations de l'art hermétique. Il voyagea quelque temps en Italie, pour développer ses connaissances, et gagna les bonnes grâces du pape Innocent VIII, qui le nomma prélat domestique et maître des cérémonies. De retour dans son pays, Ripley entra dans l'ordre des Carmes, et composa, dans la retraite, les ouvrages qui portent son nom. Il mourut en 1490. Ses confrères, qui ne comprenaient rien aux travaux de Ripley, l'accusèrent de magie (Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Histoire de la chimie, Volume 1, 1866 - books.google.fr, Les Prophètes et le Sceau de Palaja : Des psaumes et l’inverse du Cercle des Prophètes).

Quant aux données biographiques sur Ripley, disponibles à travers l'article de Robert Steele rédigé pour le Dictionary of National Biography, on était contraint de les compléter principalement en recourant aux dires d'Elias Ashmole, le plus riche de ses biographes mais certainement pas le plus fiable, Ashmole ayant été lui-même un fervent alchimiste. Il reste en outre à éclaircir la question de l'attribution à Ripley de nombreux textes, à l'exception de superbes rouleaux manuscrits à peintures connus sous le nom de Ripley scrolls, dont un exemplaire date peut-être du XVe siècle, mais dont J. van Lennep a montré que l'attribution à Ripley est occasionnelle et tardive. On conçoit, dans ces conditions, quels services pourrait rendre une édition critique d'un texte comme les Douze portes. Ce n'est pas exactement le propos de l'ouvrage examiné ici. De son propre aveu, Stanton J. Linden n'a cherché à donner du Compound qu'une "édition critique de la première édition imprimée", qui fut publiée par Ralph Rabbards sous le titre The Compound of Alchymy (Londres: Thomas Orwin, 1591). Cette édition (p. 1-98) est assortie notamment d'une introduction (vii-xlvii) et de notes de commentaire (101-130). Un compte rendu détaillé de cet ouvrage ne s'imposerait guère, s'il n'offrait l'occasion de faire le point sur l'état de nos connaissances sur Ripley et d'esquisser les contours des futures recherches susceptibles de l'améliorer. L'introduction commence par un exposé sur la vie et l'œuvre de George Ripley. La biographie se fonde principalement sur Ashmole. dont les affirmations sont souvent admises sans réserves ni examen critique. Un cas d'école est le prétendu voyage de Ripley à Rhodes (x-xi): Linden, qui a beau préciser que sa biographie est "rough, often conjectural" (VIII), ne se soucie guère d'étudier l'authenticité de ce voyage; son seul problème est de le dater. Il cite d'abord Ashmole, lequel, en guise de source, renvoyait mystérieusement à un English Gentleman de son temps of good quality and credit qui aurait remarqué à Malte un registre attestant que Ripley avait donné chaque année 100.000 livres aux chevaliers de Rhodes pour soutenir la guerre contre les Turcs Puis Linden commente: "Although it is uncertain whether Ripley's stay on Rhodes occurred within the nine years of Continental travel or was separate f rom it, his reputed generosity to the Knights of Rhodes surely suggests that this stay followed the period of 'Erronious Experiments". Soit Linden s'exprime avec une insigne maladresse (mais il ne semble pas), soit il se montre ici convaincu de la réalité de la de la transmutation et de la réussite de Ripley dans cet art, soit il ne cherche à obtenir qu'une chronologie précise sans se soucier que s'y mêlent mythe et réalité. En fait, Michela Pereira - que Linden cite mais n'a apparemment pas lue -, sans connaître la source exacte de cette légende, a raisonnablement formulé l'hypothèse qu'elle résultait d'une contamination de la légende de Lulle alchimiste, ce dernier étant censé rechercher la transmutation afin de combattre les Sarrasins. On peut ajouter que le voyage à Rhodes semble avoir été dès cette époque un topos du voyage alchimique, à en juger par le Livre attribué à Bernard le Trevisan, contemporain de Ripley. Même quand Ashmole parvient à une affirmation apparemment fondée, Linden ne parvient pas à en rendre compte: à propos de la sépulture de Ripley (p. xiii et n. 12), il oppose inutilement Ashmole à Josten et à Robert Steele alors qu'Ashmole lui-même - comme il le montre en note - a fini par suivre la version que donneront ensuite Steele et Josten. Enfin, quand Linden ne se fonde pas sur Ashmole pour sa biographie, il se borne à recopier les indications de la Bthliotheca Chemica de John Ferguson (1906), même si elles se font l'écho de pures légendes. De fait, Linden ne craint guère de répercuter les légendes: pour lui (p. XXXVIII), Ripley a été le maître probable de Thomas Norton, l'auteur de l'Ordinal of alchemy (1477). Voici pourtant près d'un demi-siècle que John Reidy a émis à ce sujet de sérieux doutes fondés sur un examen attentif des sources, pour conclure par la négative (Archives Internationales D'histoire Des Sciences, Volume 53 ;Volumes 150 à 151, 2003 - books.google.fr).

Autres prouesses du pape Innocent VIII

En 1484, Innocent VIII écrivit aux inquisiteurs d'Allemagne : « Nous apprenons que des personnes des deux sexes, oubliant leur salut, ont commerce avec les démons incubes et succubes; que par leurs enchantements, leurs charmes et leurs conjurations ils font périr les enfants et les petits des animaux, les produits de la terre, les hommes, les femmes, les vignes, les prés; qu'ils infligent des tortures cruelles aux hommes et aux bêtes; qu'ils empêchent les mâles d'engendrer et les femmes de concevoir, qu'ils rendent les mariés impuissants; enfin qu'ils commettent bien d'autres crimes, sous l'instigation de l'ennemi du genre humain... ». La bulle d'Innocent VIII contient en substance toutes les superstitions de la sorcellerie; elle fut reproduite par Jules II et Adrien VI. Des conciles consacrèrent de leur autorité réputée infaillible le plus stupide comme le plus cruel des préjugés. Innocent VIII chargea deux inquisiteurs, Henri [Institoris/Kramer] et Sprenger, de poursuivre les sorcières. Les moines se mirent à l'œuvre, mais ils rencontrèrent de l'opposition dans le clergé : des prêtres osèrent prêcher qu'il n'y avait pas de sorciers. Alors Sprenger écrivit son fameux Marteau des Sorcières (Malleus maleficarum). Il n'y a pas de livre plus horrible: chaque mot sue le sang et chaque ligne fait intervenir Dieu pour accréditer une superstition qui conduit des milliers d'innocents au bûcher. S'il ne s'agissait que des sanglantes rêveries d'un dominicain, nous ne mettrions pas le pied dans cette fange; mais ce dominicain était l'organe du saint-siége, et il était soutenu par tout le corps des théologiens. Afin de donner plus de poids à son livre, Sprenger le soumit à la faculté de théologie de l'université de Cologne : la faculté déclara que le Marteau des Sorcières était Conforme A L'Écriture Sacrée; elle loua le saint zèle des inquisiteurs et engagea tous les fidèles à leur prêter aide et appui (François Laurent, Histoire du droit des gens et des relations internationales, Volume 8, 1861 - books.google.fr).

Par la bulle Summis desiderantes de 1484, le pape Innocent VIII donne une consécration officielle aux croyances couramment admises sur les sorciers et les sorcières et dresse un catalogue de leurs méfaits : « Beaucoup de gens des deux sexes, oublieux de leur salut et déviant de la foi catholique, ont de mauvais commerces avec les démons, incubes et succubes. Par leurs incantations, charmes, conjurations et autres superstitions sacrilèges, par des excès crimes et délits de sortilèges, ils font dépérir et mourir enfants, petits des animaux, récoltes, raisins, fruits des arbres, hommes, femmes, troupeaux, bétail et autres animaux, vignes, vergers, prés, pâturages, blés, froments et autres productions de la terre... Ils empêchent la procréation des enfants... La foi même qu'ils ont reçue au baptême, ces gens la renient d'une bouche sacrilège » (François Lebrun, Histoire des catholiques en France: du XVe siècle à nos jours, 1980 - books.google.fr).

Selon Raynaldi (Annal. Eccles. 1492, parag. 19, p. 412; ex Voluterrano. L. XXII, et aliis) dans sa dernière maladie, Innocent VIII se laissa persuader par un médecin juif de tenter le remède de la transfusion du sang, souvent proposé par des charlatans, mais qu'on n'avait jusqu'alors jamais éprouvé que sur des animaux. Trois jeunes garçons, âgés de dix ans, furent successivement, moyennant une récompense donnée à leurs parents, soumis à l'appareil qui devait faire passer le sang de leurs veines dans celles du vieillard et le remplacer par le sien. Tous trois moururent dès le commencement de l'opération, probablement par l'introduction de quelque bulle d'air dans leurs veines, et le médecin juif prit la fuite plutôt que de s'essayer sur de nouvelles victimes. Pendant la maladie d'Innocent VIII, et dès le milieu de juillet, le malheureux Jem, dont la tête avait été mise en quelque sorte à l'enchère par Bajazeth II, fut enfermé, par ordre des cardinaux, au château Saint-Ange. Il était regardé comme une partie importante de l'héritage du pape futur (Jean-Charles-Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du moyen age, 7, Volume 6, 1840 - books.google.fr).

Psaume 42 et magie des sceaux

Les autres sceaux du De Sigillis, attribué à Arnaud de Villeneuve, ont surtout des vertus thérapeutiques. Le plus célèbre d'entre eux, le sceau du Lion, doit être fabriqué le 11e jour des calendes d'août (22 juillet). Il représente le signe du Lion et sa mise au point nécessite la récitation d'une prière (Exurge, Léo de tribu Juda, et intende judicio meo...) et du psaume 42 (Judica me, Deus, et discerne causam meam, etc.). Les noms de l'ange Thehoel (ou Thehiel ou Thiel) et saint Jacques doivent être inscrits sur le sceau, ainsi qu'une formule tirée de l'Apocalypse 5, 5 (Vicit Leo de tribu Juda, radix David, Alleluya) et deux noms divins (Heloy, Saday). Le sceau doit être porté sur les reins et il vaut contre les douleurs à l'estomac, aux côtés, aux reins, contre les règles trop abondantes, les coups de soleil (ou la force du venin, selon les manuscrits), les fièvres aigües et contre tout apostume (Jean-Patrice Boudet, Entre science et nigromance: astrologie, divination et magie dans l'occident médiéval, XIIe-XVe siècle, 2006 - books.google.fr).

Psaume 42 et Gisors

On trouve plus anciennement Claude Le Gendre , capitaine de 50 hommes d'armes en 1526, Pierre Le Gendre, chanoine de Notre-Dame de Paris, reçu conseiller-clerc au Parlement en 1496, et Pierre Le Gendre, chevalier, seigneur d'Alincourt, trésorier de France et général des finances, qui épousa en premières noces Jeanne Poncher, sœur d'Etienne Poncher, évêque de Paris, puis archevêque de Sens, et en secondes noces Charlotte Briçonnet. La première décéda sans enfants; la seconde n'eut que deux filles qui moururent le même jour, ainsi que M. de Thou l'a fait remarquer. Par ces deux mariages, Pierre Le Gendre, trésorier de France, fut beau-frère et neveu de deux premiers ministres.

Il y a dans le Cabinet du Roy, un Jetton frappé aux Armes des le Gendre qui sont d'azur à la face d'argent, accompagnée de trois têtes de filles échevelées d'or. Il est écrit sur ce Jetton : Pierre le Gendre, Trésorier de France du Roy Lois douzciesme de ce nom. Dans plusieurs Cabinets de Curieux, on voit un autre Jetton frappé aux mêmes Armes, sur lequel il est écrit : P. le Gendre, Chevalier Trésorier de France et au revers on lit : Judica me Deus, et discerne causam meam. Ces Armes sont sculptées anciennement sur une Porte de la Ville de Magny, et à Paris, aux Saints Innocents, à la Chapelle du S. Sépulchre en dehors (Mercure de France, 1733 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Gisors et Auxerre : 31 juillet et 20 septembre - books.google.fr).

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