Pierre Waldeck-Rousseau est né à Nantes en 1846 et mort à Corbeil en 1904. Avocat dans sa ville natale, il fut député de l’Union républicaine de 1879 à 1889. Il est l’initiateur de la loi de 1884 sur les associations professionnelles autorisant la création des syndicats et leur réunion en fédérations. Plusieurs fois ministre de l’Intérieur, il devient président du Conseil de 1899 à 1902, constituant un cabinet de Défense républicaine pendant l’agitation nationaliste dont il fit déférer en Haute Cour les chefs. Il fit gracier Dreyfus et voter la loi sur les associations qui visait directement les congrégations religieuses en 1901.
Emile Combes est né à Roquecourbe en 1835 et mort à Pons en 1921. Issu d’une famille modeste, il suivit des études au séminaire qui le mena jusqu’au doctorat en théologie. Destiné à la prêtrise, une crise de conscience le détacha du catholicisme. A 30 ans, il entame des études de médecine à Paris. Installé à Pons en Charente-Maritime, il en est élu maire en 1875. Sénateur radical en 1885, il est président du Sénat de 1894 à 1895. Les élections de 1902 font des radicaux le groupe le plus important du Bloc républicain, majoritaire alors. Président du Conseil, il applique strictement la loi sur les congrégations, faisant fermer les écoles religieuses non autorisées, refusant la plupart des autorisations demandées et faisant voter une loi en mars 1904 qui interdisait à toutes les congrégations d’enseigner. La confrontation avec l’Eglise amena la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, en raison de l’intransigeance du nouveau pape Pie X, ainsi que le dépôt d’une nouvelle loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’affaire des fiches affaiblit le cabinet si bien qu’Emile Combes démissionna après l’élection de son adversaire politique Paul Doumer à la présidence de la Chambre. La loi sur la séparation ne sera votée que l’année suivante. « L’œuvre de son gouvernement a marqué de façon durable les structures politiques et sociales du régime républicain en France difficilement dissociable après lui de la notion de laïcité de l’Etat. [1]»
Aristide Briand est né à Nantes en 1862 et mort à Paris en 1932. De famille modeste, il s’inscrit au barreau de Saint-Nazaire après des études de droit. Militant socialiste, journaliste, avocat politique et orateur de congrès, et échoue plusieurs fois à la députation. Secrétaire général du parti socialiste français en 1901, il est député de la Loire un an plus tard et il conservera un mandat jusqu’à sa mort. Rapporteur de la loi sur la séparation, il en assure le vote et en tant que ministre de l’Instruction publique et des Cultes, il organise le nouveau régime des cultes. Refusant la discipline du parti socialiste unifié, il fera partie des socialistes indépendants à partir de 1905. Pendant la première guerre mondiale, il sera l’artisan de l’expédition de Salonique et du front dans les Balkans. Après la guerre, il sera très présent dans les gouvernements successifs de la République. « Apôtre de l’esprit de Genève », partisan du rapprochement franco-allemand (entrevue de Thoiry avec Stresemann), il est favorable à ce que la Société des Nations joue pleinement son rôle. Le Pacte Briand-Kellog signé en 1928 par 60 nations mettait la guerre hors la loi. Son mémorandum de 1930 faisait le projet d’une union fédérale européenne. Incarnant l’espérance de la paix - il fut Prix Nobel en 1926 et surnommé « le Pèlerin de la paix » -, sa mort en 1932 coïncide avec le déclin de la SDN.
Georges Clemenceau est né à Mouilleron-en-Pareds en 1841 et mort à Paris en 1929. Il passe une grande partie de sa jeunesse au château de l'Aubraie à Féole en Vendée. Etudiant en médecine à Paris sous le Second Empire, il milite dans les rangs républicains et est arrêté plusieurs fois. Après son doctorat de médecine, il fait le voyage d’Amérique et à son retour, il est élu maire de Montmartre et député de la Seine. Il tente vainement une conciliation avec la Commune, puis démissionne de l’Assemblée. Chef de l’extrême gauche radicale, il attaque violemment la politique de Jules Ferry, en particulier dans son journal La Justice, fondé en 1881. Ayant mis en avant le général Boulanger, il le combat par la suite. En 1892, il est impliqué dans le scandale de Panama. Battu aux élections de 1893, il se retire un moment de la vie politique. Il revient sur le devant de la scène avec l’affaire Dreyfus, en accueillant dans le journal l’Aurore, dont il est le principal collaborateur, l’article d’Emile Zola auquel il donne son titre « J’accuse ». Sénateur du Var en 1902, il entre au cabinet Sarrien comme ministre de l’Intérieur en 1906, puis est président du Conseil jusqu’en 1909. Il doit gérer la colère des viticulteurs, et subir les grèves ouvrières et de fonctionnaires, troubles parfois sanglants. C’est l’occasion de la rupture avec les socialistes qui lui reprochent son autoritarisme et des réformes non mises en route. Il crée un ministère du travail et institue l’impôt sur le revenu. Retourné à l’opposition il fonde le journal l’Homme libre en 1913 qui devient l’Homme enchaîné avec la censure due à la guerre. Membre de la commission sénatoriale de l’armée, il mène une campagne contre l’incurie et les carences de la Défense nationale. Président du Conseil en novembre 1917, soutenu par l’opinion, il n’admet aucun compromis et mène à la victoire qui conduit à l’effondrement des empires allemands et austro-hongrois, lourd de conséquence sur l’avenir politique de l’Europe. Sa tombe se trouve sur a commune de Mouchamps, précisément au Colombier. Il vécut dans une maison de Saint-Vincent-sur-Jard qui est devenue musée.
Raymond Poincaré est né en 1860 à Bar-le-Duc et mort en 1934, et mort à Paris. Licencié en droit et ès lettres, il devient avocat. Député de Commercy à 29 ans, ministre à 33, président du Conseil à 52, sénateur de 1903 à 1913 et de 1920 à sa mort, il est élu à la présidence de la République en 1913. Partisan de la revanche, il pousse la Russie à la fermeté face aux allemands en juillet 1914. De 1922 à 1924 et de 1926 à 1929 il est président du Conseil et sera le créateur du franc Poincaré. En 1924, pour lutter contre la dévaluation du franc, il emprunte à la banque américaine Morgan 100 000 de dollars et fait intervenir la Banque de France sur les marchés des changes avec succès. En 1928, pour favoriser les exportations et réduire les dettes de l’Etat, il rétablit la convertibilité officielle à 20% du franc germinal, ce qui ruine des millions de petits épargnants. Les capitaux étrangers, attirés par la stabilité du franc Poincaré, affluent en France, en créant une reprise économique. Il devra quitter le pouvoir pour être opéré de la prostate en 1929. Il avait établit sa résidence à Sampigny dans la Meuse.
[1] « Encyclopédie Larousse en XX volumes », Larousse, 1970