Partie XVIII - La Chouette d’Or   Hypothèse espagnole   Vézelay, Saint Nicolas de Port et Epinal   
LA CHOUETTE D'OR AUTRES HYPOTHESES VEZELAY SAINT NICOLAS DE PORT EPINAL

Vézelay éternelle et la nef encalminée de Paul Claudel

L'énigme 580, une fois décryptée au premier degré, fait penser à l'énoncé d'un problème de barycentre. Si Bourges est bien le centre géographique de la France, il semble être un peu bas pour être exactement au centre du polygone. Pour déterminer ce centre avec précision, la notion de barycentre est intéressante. Si le calcul est effectué avec une pondération (c'est-à-dire qu'on prend en compte le poids relatif de chaque point avec Bourges=1, etc), on trouve Vézelay (coordonnées : 3.73°; 47.47°). Le point est situé à 1.5 km à l'ouest de la basilique de Vézelay. On n'utilise pas Angers dans le calcul puisque cette ville a un poids nul par définition. Vézelay est intéressante à plus d'un titre :

- C'est le point de rassemblement des pèlerins de Saint Jacques qui empruntaient la Via Lemovicensis, c'est à dire le "bon chemin" qui nous est indiqué dans l'énigme précédente, celui qui passe par Bouges).
- la cathédrale de Vézelay peut faire une belle Nef Encalminée. (piblo29.free.fr).

Une des visées directes prend pour départ un point du Trait d'Espagne, et passe par Bourges pour atteindre Vézelay.

En avril 1940, Paul Claudel vint à Vézelay et passa cinq jours chez Romain Rolland, son ancien condisciple de Louis-Le-Grand avec lequel il venait de renouer. Il avait dans l'idée de mettre à l'abri en province Rosalie Scibor-Rylska, son ancienne passion de Chine (le modèle de l'Ysé du Partage de Midi), ainsi que la fille qui en était née, Louise Vetch. Il ne s'agissait plus que de convaincre le couple Rolland de les accueillir chez eux. Claudel comptait sur l'appui de Marie Rolland qu'il venait de convertir. Il aspirait également à faire rentrer dans le giron de l'Église l'auteur de Colas Breugnon... La correspondance entre les deux écrivains témoigne de l'intensité spirituelle de leurs échanges. Rosalie et Louise arrivèrent à Vézelay en juin, en pleine débâcle, et ne rentrèrent à Paris qu'en novembre. Claudel revint visiter Rolland, malade, en avril 43. Après la Libération, Rosalie, puis Louise, habitèrent Vézelay. Claudel avait donc plusieurs raisons d'être attaché à ce lieu. En 1948, une préface à un livre de photographies de Vézelay lui donna l'occasion de multiplier les images poétiques en l'honneur de la basilique. Après sa mort, Le Monde de Vézelay (1967), aux éditions du Zodiaque, réunit des photos de la Madeleine et des textes de Claudel. Rosalie mourut en 1951. La stèle de sa tombe du cimetière de Vézelay s'orne d'une des Cent phrases pour éventail de son amant : "Seule la rose est assez fragile pour exprimer l'Éternité" (Vézelay, colline éternelle - www.bude-orleans.org).

Rosalie Vetch a inspiré le personnage d'Ysé dans Partage de midi et celui de Prouhèze dans Le Soulier de satin.

Prouhèze encalminée à Mogador dans le texte de l'Annoncier du Soulier de satin écrit en 1950 pour un intermède par Paul Claudel (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouettes vignettes - Chouette vignette : énigme 560).

En 1968, Le Conseil général de l'Yonne - pour célébrer les septième centenaire de la relévation des reliques de Marie-Madeleine et le huitième centenaire des liberés communales de Vézelay - a demandé à Maurice Druon, de l'Académie française, le scénario et le texte d'un spectacle nocturne autour de la basilique de Vézelay : VÉZELAY COLLINE ÉTERNELLE, 1968 (www.bude-orleans.org - VEZELAY).

Les regrets de Marie Madeleine

Maintenant, c'est Marie Madeleine au désert, pendant des années et des années. Elle attend, plongée dans la pénitence et la prière, en proie parfois aux visions de jadis, aux regrets et aux tentations du passé, elle attend l'heure de la mort, de la mort, tant convoitée qui la conduira à la demeure de l'immortel amant. Enfin l'heure approche, Jésus n'est plus si lointain :

Parfois un vent délicieux
Vient se mêler à son haleine,
C'est l'odeur de la marjolaine
Qui fleurit au jardin des cieux.

Et l'ange de Dieu lui annonce que le jour a lui, et qu'elle va voir le Maître en sa gloire. Les portes du ciel, les portes mystiques, s'ouvrent... (Antonin Bunand, Petits lundis: notes de critique, 1890 - www.google.fr/books/edition).

Le navire noir : Saint Nicolas de Port

SAINT-NICOLAS-DE-PORT. D'or au navire de sable flottant sur une onde fascée-ondée d'azur et d'argent de cinq pièces; au chef de gueules chargé d'un alérion d'argent (J. Alcide Georgel, Armorial historique et généalogique des familles de Lorraine titrées ou confirmées dans leurs titres au XIXe siècle, 1882 - www.google.fr/books/edition).

(1546) D'or à la nef équipée et habillée de sable, sur une mer fascée ondée d'azur et d'argent de cinq pièces; au chef de gueules chargé d'un alérion d'argent.

Devise: «fluctuo nec mergor» ("je flotte mais ne coule pas" comme à Paris).

Ce sont les armes octroyées le 4 juin 1546 à la ville de Saint-Nicolas par Christine de Danemark et Nicolas de Lorraine Vaudémont, régents du duché de Lorraine. La duchesse de Lorraine donna ces armes pour remercier les habitants de la réception qu'ils firent à la dépouille mortelle de son mari, le duc François 1er. Les émaux du blason de Saint-Nicolas de Port ont souvent varié. On rencontre un champ d'argent à la nef voilée au naturel voguant sur une mer d'azur ou encore d'azur au navire d'or voilé d'argent. Le navire est un attribut de saint Nicolas invoqué par les voyageurs en péril. L'alérion indique l'appartenance de la ville au duché de Lorraine. Incendiée et pillée en 1635, elle ne se releva jamais complètement de ses ruines. (UCGL) (armorialdefrance.fr).

François Ier, duc de Lorraine et de Bar, fils d'Antoine, duc de Lorraine et de Bar, et de Renée de Bourbon-Montpensier, né à Nancy le 23 août 1517, mort à Remiremont le 12 juin 1545, régna pendant 363 jours de 1544 à 1545 (fr.wikipedia.org - François Ier de Lorraine).

Saint-Nicolas-de-Port est un village perché sur une colline au sud de Nancy (Jean Lacouture, Simonne Lacouture, En passant par la France: Journal de voyage, 1982 - www.google.fr/books/edition).

A 12 km en amont de Nancy, sur la rive gauche de la Meurthe, s'élève une petite ville dont l'église monumentale domine toute la vallée et attire de loin les regards. Cette ville, située sur le territoire de l'ancienne localité de Port et flanquée à l'Est du bourg industriel de Varangéville, est aujourd'hui chef-lieu de canton du département de Meurthe-et-Moselle, et c'est parce qu'elle doit sa fondation à un pèlerinage très fréquenté en l'honneur de saint Nicolas qu'elle a pris le nom de Saint-Nicolas-de-Port (Edouard Gérardin, Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine, 1928 - www.google.fr/books/edition).

Saint Nicolas, navires noirs, Neptune (Poséidon) et Ulysse

L’île de Corfou passait chez les Anciens pour le royaume d’Alkinoos. Déjà parmi les contemporains de Thucydide, cette opinion faisait loi. [...] «En face du Cap Chauve de Korkyre, dit Pline, on voit la Roche du Bateau, ainsi nommée à cause de sa forme qui fit reconnaître en cet îlot le vaisseau pétrifié d’Ulysse.» La description odysséenne du bateau pétrifié trouverait ici, en effet, son exacte application. On se souvient de l’épisode. Quand les Phéaciens ont déposé Ulysse sur la plage d’Ithaque, leur croiseur (je traduis ainsi les mots odysséens naus-thoè, vaisseau-rapide : «galère-subtile,» diraient les gens du XVIIIe siècle) revient en Phéacie. [...] Le croiseur est encore maté; il est encore sous voiles… Soudain Poséidon en fait une pierre qu’il enracine parmi les flots.

Dans l’épopée, les deux mois vaisseau-rapide deviennent presque inséparables pour désigner le vaisseau homérique; ils arrivent à ne faire qu’un mot composé auquel le poète ajoute les mêmes épithètes qu’à vaisseau tout seul : le poète nous parle des «vaisseaux noirs» et des «vaisseaux-rapides noirs,» des «vaisseaux agiles» et des «vaisseaux-rapides agiles :» et voilà qui va nous expliquer le second nom, le nom homérique, de Corfou, Schérie. Car Schérie n’est qu’une épithète de Kerkyra [...] : ce mot kerkoure ne veut rien dire en grec ni en latin; mais il a une claire étymologie sémitique. Les Hébreux appelaient kerkera leurs chamelles de course, leurs coureuses : dromas, dirent ensuite les Hellènes, d’où nous avons fait, dromadaire. Kerkera-dromas, la Coureuse, forment un doublet gréco-sémitique. [...] Le croiseur phéacien, que Poséidon pétrifie, est un croiseur noir. La roche corfiote, qui représente ce vaisseau, pourrait donc, elle aussi, être une roche du Croiseur Noir, une Kerkyra Noire.

Sur l’autre face de Corfou, dans le détroit de la Serpe, nos Instructions connaissent une autre roche qu’elles appellent la Barque ou la Barquette. [...] Il semble donc bien que nous ayons ici la Roche odysséenne du Croiseur. Les légendes populaires n’ont jamais oublié l’origine miraculeuse de cette pierre. Pour les Grecs modernes, c’est le successeur de Poséidon dans l’empire de la mer, saint Nicolas, qui, voulant punir les irrévérences d’un capitaine et d’un équipage mécréans, pétrifia leur vaisseau.

Nous avons contourné le fond de Port Alipa. Nous arrivons sur l’isthme qui s’étend entre les deux ports, au pied du mont des Phéaciens. [...] Sur notre isthme, les dalles, comme on le pouvait prévoir, ont disparu et le temple de Poséidon, le beau Poseidion des Phéaciens, ne semble pas avoir laissé de ruines. Il en reste pourtant un souvenir. Comme tant d’autres Poseidia antiques, il fut remplacé sans doute par une chapelle de Saint-Nicolas. (Victor Bérard, Les Origines de l’Odyssée, Revue des Deux Mondes, 5e période, tome 9, 1902 - fr.wikisource.org).

Claude Le Lorrain peint vers 1648 Ulysse rendant Chryséis à son père, scène décrite dans l'Iliade d'Homère avec ses navires noirs grecs.

Jean-Louis de Nassau Sarrebruck, né en 1472, meurt 6 jours après François Ier de Lorraine - dont l'épouse octroya à Saint-Nicolas-de-Port ses armoiries au navire de sable -, le 18 juin 1545 (de.wikipedia.org - Johann Ludwig (Nassau-Saarbrücken)).

En 1495-1496, il accomplit le pélerinage de Jérusalem avec Alexandre de Deux-Ponts (1462-1514) son beau-frère dont le greffier Johann Meisenheimer rédige le récit. Il passe à Saint Nicolas de Port au 3e jour, "gros bourg sans fortification, saint Nicolas ne supportant pas que l'on fasse des travaux en dehors de son église"; Epinal, "feine Stadt"; et au 114e jour à Corfou "ville moche qui pue" (Philippe Martin, Découvrir le monde sur les chemins de Jérusalem, Construction de l'identité dans la rencontre des cultures chez des auteurs d'expression allemande: Être ailleurs, 2007 - www.google.fr/books/edition).

541 m

Si Saint Amand les Eaux entre dans l'économie de la chasse, le Signal de Vaudémont, de 541 m soit 560.606 mesures de 27,5 cm, pourrait être un repère, mais qui n'est pas dans l'axe Saint-Nicolas - Golfe Juan.

C'est au XIe siècle (1087) que remonte l'origine du culte de saint Nicolas en Lorraine. Un seigneur, nommé Albert de Varangéville, ayant obtenu une phalange du grand thaumaturge de l'Orient, la déposa dans l'église Notre-Dame de Port, qui dépendait du prieuré de Varangéville. Les faveurs nombreuses obtenues par la vénération de cette relique attirèrent en ce lieu une grande foule de pèlerins. Le petit bourg devint bientôt important et prit le nom de Saint-Nicolas-de-Port. A cette époque aussi, la piété envers la sainte Vierge conduisait déjà des fidèles sur la colline de Notre-Dame de Sion. Ce fut le comte de Vaudémont, Henri III (1299-1335), marié à Isabelle de Lorraine , qui agrandit l'église et la dota de fondations pieuses. Mais le sanctuaire marial de Sion ne devint vraiment le pèlerinage national de la Lorraine et n'acquit sa célébrité que lorsque le comté de Vaudémont échut à la branche cadette de la maison ducale (1393). Ferry Ier, frère du duc Charles II, fonda à Sion une confrérie réservée exclusivement aux gentilshommes et aux francs-bourgeois (Édouard Gérardin, Histoire de Lorraine, Tome 1, 1925 - www.google.fr/books/edition).

Epinal : les sentinelles

Le "là" de l'énigme 650 serait le point d'intersection de la visée Bourges - Vézelay avec la droite Golfe Juan - Saint Nicolas de Port. Depuis ce point entre 2 et 3 km se trouve le quartier Saint Laurent d'Epinal avec ses souvenirs napoléoniens.

Un circuit nous fait prendre un petit peu de hauteur en suivant le sentier des Coteaux de Saint-Laurent qui surplombent une boucle de la Moselle et une partie d’Épinal. Le sentier «croix rouge» nous ramène aux voitures en passant avant, toutefois, à la «Fontaine des Trois Soldats» (franche.fr, René Perrout (1868-1920), Histoires lorraines, 1903 - galeries.limedia.fr, Adolphe Joanne, Itinéraire général de la France: les Vosges, 1887 - www.google.fr/books/edition).

FONTAINE DES TROIS-SOLDATS (alt. 390). - Propriétaire : l’Etat.

Dans une forêt domaniale, à l’extrémité ouest du vallon de Benaveau et à environ 4 kilomètres au S -S. -O. du centre d’Epinal.

La Société des promenades d’Epinal en a jalonné les accès, soit par le Char-d’Argent ou le vallon de Saint-Antoine, soit par l’ancienne route de Bains et un chemin sous bois, à gauche, un peu au-delà de la poudrière. La fontaine, ou plutôt la source, sort d’une cavité naturelle pratiquée à la base d’un rocher d’assez faible dimension. L’eau est recueillie dans un petit bassin d’où elle rejoint, à quelques pas, le ruisseau du Char-d’ Argent, qui prend sa source un peu plus haut. A quelques centaines de mètres à l’aval, la rigole d’alimentation du réservoir de Bouzey entre en souterrain sur 1,500 mètres de longueur, pour sortir 150 mètres plus bas que la roche de Notre-Dame-des-Trois-Vallées.

Une légende attribue le nom de la fontaine à un fait de guerre du temps de Charles-le-Téméraire. Des partisans Lorrains, dévoués au duc René, harcelèrent les Bourguignons assiégeant Epinal et réussirent à attirer un détachement de ceux-ci dans une embuscade non loin de la fontaine, tuèrent bon nombre des soldats qui le composaient et laissèrent là les cadavres de trois d’entre eux.

Une consécration nouvelle a été donnée à cette fontaine par trois vieux militaires du premier empire, retirés à Epinal et dont faisait partie Demarne, sergent au 88e d’infanterie, chevalier de la Légion d’honneur, blessé à Pulstuck d’un coup de sabre qui lui traversa la figure de part en part. Ces trois soldats gravèrent sur la pierre de la fontaine des emblèmes variés : ici le soleil d’Austerlitz, là l’aigle impériale, plus loin la croix de la Légion d’honneur, etc. Le temps a effacé graduellement ces ornements, mais la fontaine n’en reste pas moins un but de promenade très agréable pour les Spinaliens. (A. Garnier, Paysages, sites pittoresques et curiosités naturelles du département, Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 1907 - archive.org, Vosges, Alsace, Guide de la M.A.A.I.F., 1959 - www.google.fr/books/edition, www.epinal.fr).

Les inscriptions de la fontaine

Aujourd'hui encore, en juillet 1902, malgré l'usure du temps et les mutilations des hommes, nous avons pu déchiffrer ces beaux caractères romains, profondément gravés, mais qui disparaîtront bientôt. Une large dalle cause ainsi :

«J'ai reçu cette balafre à Pulstuck. Qui vous l'a donnée ? Le vengeur de deux de ses camarades couchés dans la poussière...».

A moitié enterrée, à droite de la fontaine merveilleuse, une autre face de ce bloc de granit nous dit :

«Ici sont venus trois soldats qui furent tout près de cette fontaine... Campagne d'Allemagne, débloquement de Landau, blessé le 2 nivôse 1795, bataille de Fleurus... blessé... Tilsitt... Retraite de... (Russie), généraux russes...».

Au-dessus de l'eau qui sourd depuis des millénaires, toujours la même eau bienfaisante et froide, il y a un rocher énorme formant une manière de grotte peu profonde.... et sur la roche assez friable, nos vieux braves ont écrit cette dédicace :

«Fontaine des Trois-Soldats. Du 2 décembre, anniversaire de l'Empire et de la bataille d'Austerlitz et des 3 Empereurs. 1805-1842. Demarne Saulus, Diez. Honneur aux trois braves. Honneur à l'administration forestière».

Au-dessous de cette inscription, on voit, très bien formés, un casque de cavalerie, une étoile de la Légion d'honneur, un cor de chasse et une aigle impériale. Dans le roc également, il y a une petite niche, avec un encastrement qui semble indiquer qu'autrefois on avait mis là une plaque ou un emblème, peut-être un médaillon de Napoléon Ier. Enfin l'épigraphie militaire de la fontaine des Trois-Soldats se complète, à gauche de la vasque, par cette autre inscription qui remplace Diez, probablement décédé, par Fouché, sur une roche en terrasse :

«Bivouac de la fontaine des Trois-Soldats, le 15 août 1845. Demarne, Saulus, Fouché.»

Ces vétérans, en construisant le bassin de la source (comme devait faire Guéry) avaient sans doute voulu édifier le mémorial de leur épopée (Emile Badel, Albert Sonrier, En remontant la Moselle, Annales, Société d'émulation du département des Vosges, 1905 - www.google.fr/books/edition, Épinal; images de mille ans d'histoire, 1972 - www.google.fr/books/edition, Charles Charton, Les Vosges pittoresques et historiques, 1862 - www.google.fr/books/edition).

Jacques Grasser, Histoire du 30 décembre 1991 - La Fontaine Guery, fontaine des trois soldats, 1991 - www.archives-imagesplus.tv.

Dans une forêt domaniale à l’extrémité ouest du vallon de Benaveau et à environ 4 km Sud-Sud Ouest du centre d’Epinal, la fontaine, ou plutôt la source, sort d’une cavité naturelle pratiquée à la base d’un rocher d’assez faible dimension. L’eau est recueillie dans un petit bassin, d’où elle rejoint à quelques pas, le ruisseau du Char-d’Argent, qui prend sa source un peu plus haut. A quelques centaines de mètres à l’aval, la rigole d’alimentation du réservoir de Bouzey entre en souterrain sur 1500 mètres de longueur, pour sortir 150 mètres plus bas que la Roche de Notre-Dame-des-Trois-Vallées (aufildesmotsetdelhistoire.unblog.fr).

Le champ de tir de Benaveau, est partie intégrante du camp retranché d'Epinal. Il se situe sur St Laurent juste en dessous du vallon St Antoine. Ce champ de tir existait bien avant la 1ère guerre, puisque c'est un des champs de tir de la garnison d'Epinal (TURPINITE, Champ de tir ARCHES, ven. sept. 09, 2011 2:09 pm - forum.pages14-18.com).

ROCHE DE BENAVEAU (alt. 395). - Propriétaire : l’Etat.

Dans le même vallon et à quelques pas de la fontaine précédente, sur le flanc nord de la colline, à quelques mètres au-dessus du chemin forestier. Cette roche de grès vosgien a 25 mètres de longueur de face et 4 mètres de hauteur maxima; une large excavation ouverte à la base, au niveau du sol, forme un abri sous lequel peuvent se reposer un certain nombre de personnes. Les trois soldats du premier empire ont aussi gravé sur cette roche quelques attributs militaires.

La Roche de Benaveau

C’est là, dit une vieille légende, qu’avait lieu le sabbat et que s’ordonnançaient les maléfices et les sortilèges; c’est là que Satan tenait ses assises en compagnie de Sotré, petit bonhomme laid, difforme, aux pieds fourchus, malicieux et enjoué, bon et serviable à ses heures, mais curieux, effronté, vindicatif et quelque peu paillard; il prenait quelquefois l’apparence d’un vilain chat noir et quittait son repaire, la nuit, pour faire des plaisantent s aux animaux, aux travailleurs et jusqu’aux femmes et aux enfants. Il s’amusait à tresser la crinière ou la queue des chevaux de façon indénouable, faisait des nœuds dans le ligneul du savetier et brouillait le fil du tisserand. Il cachait la truelle du maçon, le rabot du menuisier et l’aiguille du tailleur. Si la servante du logis où il se glissait lui plaisait, il l’aidait dans les soins du ménage, maniait le balai à sa place, lavait la vaisselle et la rangeait en bon ordre. Le matin, quand elle se réveillait, elle trouvait la besogne faite et le feu allumé. Etait-elle, au contraire, d’humeur difficile, il jetait de la poussière sur les meubles, mettait des cheveux dans la soupe, perçait le fond des pots, urinait dans les cuveaux de la laiterie et cherchait tous les moyens de la faire gronder (A. Garnier, Paysages, sites pittoresques et curiosités naturelles du département, Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, 1907 - archive.org).

Saint-Laurent est une ancienne commune française du département des Vosges, créée par un assemblage de hameaux ou villages de l'ancien ban d'Uxegney en 1790 avant d'être rattachée à Épinal le 1er juillet 1964. Il existait, à côté des ferme nommées Champ-de-Damas et Le Bouffrôt, aussi des censes ou domaines ascensés le plus souvent associés à des familles anciennes ou des lieux remarquables, soient Bénaveau, Champ-Beauvert, Champ-Érard, Chessi-Lallemand, la Combe des Fèves, Gargoteuse, La Munière, Neuf-étang, Tournée Jean Vincent (fr.wikipedia.org - Saint-Laurent (Vosges)).

Alignements

Le rendez-vous est en dans le Golfe de Gascogne.

- Cherbourg - Chartres - Vézelay
- Sion-Vaudémont - Vézelay - Llanes
- Saint Nicolas de Port - Est de Chamagne - Charmes - Epinal (Saint Laurent) - Golfe Juan
- Saint Amand les Eaux - Sion - Epinal
- Forbach - Saint Nicolas - Sion - Issoire - Conques
- Carignan - Vézelay - Figeac
- RDV (Vézelay) - Villedieu sur Indre (Vérité sous la Révolution) - Vézelay - Epinal.

Chartres - Bourges - Vézelay est orthogonal. Le cercle de centre Vézelay et de rayon Vézelay - Chartres passe à Sion-Vaudémont, Guéret, Ahun (A1), Bellegarde en Marche. Saint Amand les Eaux - Chartres est tangente au cercle.

Chartres, Mer et Villedieu sur Indre (Vérité) sont sur un même méridien.

Vézelay est sur la médiatrice de Chartes - Sion-Vaudémont, qui a pour milieu Marigny le Châtel dans l'Aube, et qui est pratiquement horizontal.

Chamagne est la patrie de Claude Le Lorrain peintre d'Ulysse rendant Chryséis à son père. Le vaisseau noir d'Ulysse à cette occasion renvoie au navire de sable de Saint Nicolas de Port.

Histoire d'Epinal

Pour la période gallo-romaine, le territoire d'Epinal fait partie de la civitas des Leuques, au sud de celle des Médiomatriques. Sous la domination romaine, les agglomérations les plus importantes du département vosgien sont proches de sa limite occidentale actuelle, à Soulosse sur la voie romaine de Lyon à Trèves par Langres et Metz et, un peu à l'écart, à Grand, sanctuaire d'Apollon-Grannus. A Etival et à La Bure, on continue à pratiquer la métallurgie du fer, et les sources thermales de Plombières, Bains et Vittel sont aménagées et fréquentées. De nouveau, des hommes ont travaillé très près d'Epinal. A Bouzemont, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest, un groupe sculpté en ronde bosse dans le grès rose nous montre un attelage de bœufs à l'arrêt. Une villa, peut-être plusieurs, a laissé des traces à Uxegney, à 7 km d'Epinal. Mais la vallée spinalienne de la Moselle continue à ne pas livrer ses secrets, si elle en a et si l'on met à part quelques vestiges d'occupation en amont et en aval d'Epinal (Arches et Archettes, Saint-Laurent, Golbey). Une monnaie d'Aurélien trouvée rue Aubert, un médaillon de bronze faubourg Saint-Michel, une clef antique à Ambrail ne prouvent pas l'existence d'une agglomération, et moins encore celle d'un carrefour de voies romaines sur le site d'Epinal, que certains ont cartographié avec une certaine imagination. Plusieurs historiens nous parlent d'une voie de Metz à Bâle, remontant la vallée, et d'une autre qui, se détachant à Langres de celle de Lyon à Trèves, aurait traversé la rivière en aval d'Epinal pour gagner le sanctuaire du Donon et Strasbourg. L'existence de la seconde est la plus assurée. Au XIXe siècle, C. Charton, s'appuyant sur certains indices voyait la Moselle enjambée par un pont romain vers Thaon, en face de Girmont. Les vestiges repérés prouvent que la voie Langres - Donon traversait la Moselle entre Vincey et Portieux, à 20 km. en aval d'Epinal. Quant à la voie Metz-Bâle, on n'en a pas retrouvé de traces sur le terrain. Ceux qui la donnent pour certaine invoquent des arguments surtout toponymiques, la “Grande Voye” des vieux plans d'Epinal (actuelle rue de la Préfecture), effectivement rectiligne comme les routes pavées des légionnaires, les noms d'Arches et d'Archettes, qui rappelleraient un pont romain sur la Moselle, celui de Létraye (un écart de Ramonchamp, en aval du Thillot), dont l'étymologie serait strata. Concluons prudemment à une occupation rurale de la région spinalienne apparemment plus dense qu'avant l'arrivée des Romains. Après les invasions barbares qui ont balayé la Gaule, quand (François Weymuller, Histoire d'Épinal des origines à nos jours, 1985 - www.google.fr/books/edition).

Sur une terre qui appartenait à l'ancienne cité des Leuques, se trouve un promontoire qui surplombe les routes d'eau nord-sud de l'ancienne route de Germanie (voie romaine Metz-Bâle) et un embranchement de la voie Langres-Strasbourg. Thierry Ier évêque de Metz décide de construire dans l'une des manses de la paroisse de Dogneville un château et un monastère. Le monastère ne fut occupé que sous le règne d'Adalbéron II. L’église et le monastère furent consacrés en l’honneur de saint Maurice et de saint Goëry. Depuis 1466 Épinal appartient au duché de Lorraine. Celui-ci est indépendant depuis le traité de Nuremberg de 1542.

La basilique Saint-Maurice est une église gothique du XIIIe siècle majoritairement de style gothique champenois. La première église a été bâtie au Xe siècle par l’évêque de Metz Thierry. La deuxième église a été construite au XIe siècle. Elle fut consacrée par le pape Léon IX. La basilique actuelle reprend les dimensions de cette dernière. Classée monument historique depuis 1846 (fr.wikipedia.org - Epinal).

Du côté du vallon Saint-Antoine, l’Olympe offre un superbe point de vue sur la rive gauche d’Épinal, notamment sur le parcours de canoë-kayak et le musée départemental. Une dizaine de minutes de marche suffisent à rejoindre ce temple de la tranquillité. Par le chemin des Princes, empruntez le chemin de Saint-Antoine. Stationnez-vous à l’entrée de la forêt domaniale du ban d’Uxegney. Une discrète pancarte indique le chemin. L’Olympe culmine à 413 m, plus haut que le château d’Épinal (387 m) (www.epinal.fr).

De Fénelon à Napoléon

Le 18 février 1664, Jacques Guyon, chevalier, seigneur du Chesnoy, de Champoulet, l'un des seigneurs du canal de Briare et du canal de Loire en Seine, épousa Jeanne Bouvier de la Motte, la fameuse quiétiste, amie de Fénélon. Leur petit-fils Armand-Jacques Guyon, seigneur de Diziers-Courbouzon, Herbilly-la-Brûlée, les Suèvres, épouse, le 10 juillet 1725, demoiselle de Rogres, de Lusignan de Champignelles; de ce mariage sont issus trois enfants, deux garçons et une fille. L'aîné, Jacques-Magdeleine Guyon fonde la branche des Guyon, marquis de Guercheville. Le second, Eléonore-Cécile, fonde la branche des Guyon, comtes de Montlivault, par suite de son mariage avec demoiselle de Montlivault, héritière de la seigneurie de ce nom (Th. de Senneville, Notice historique sur le Comte Casimir-Marie-Victor Guyon de Montlivault, 1846 - www.google.fr/books/edition).

Le 11 mars 1815, Epinal apprit avec joie que Napoléon avait quitté l'ile d'Elbe et débarqué en France. Les Vosges accueillirent cette nouvelle avec allégresse et le 6 dragons ne cachait pas ses sentiments. Aussi lorsqu'on le vit partir pour Lons-le-Saulnier rallier le corps d'armée du maréchal Ney qui devait arrêter la marche de Napoléon, les Vosgiens pensèrent bien qu'il fraterniserait plutôt avec lui. Le régiment en effet n'était pas sorti d'Epinal qu'il jetait sa cocarde blanche et y substituait la cocarde tricolore soigneusement cachée depuis la Restauration. Le préfet de Montlivault quitta furtivement Epinal sans que personne y fit attention. Le 24 mars, on apprenait la rentrée de Napoléon aux Tuileries et, bien que ce fut le vendredi-saint, on fèta le retour triomphal de l'Empereur, au son des cloches, au bruit des décharges d'artillerie, au chant de la Marseillaise. Le soir toutes les maisons étaient illuminées et l'on n'entendait que le cri de Vive l'Empereur (Léon Louis, Le département de Vosges : description, histoire, statistique, Volume 4, 1889 - www.google.fr/books/edition).

Montlivault est une commune française située dans le département de Loir-et-Cher, en région Centre-Val de Loire. Localisée au centre-est du département, la commune est située à 11 km de Blois, et 13 de Mer de l'autre côté de la Loire (fr.wikipedia.org - Montlivault).

Dans le Bibliothèque d'Epinal

La première bibliothèque municipale d'Epinal ouvre en 1824 dans un bâtiment situé sur l'actuelle place Lagarde. Cette bibliothèque propose à ses lecteurs des documents issus des confiscations révolutionnaires, rangés dans les boiseries de l'abbaye de Moyenmoutier. Au cours du XIXe siècle, de nombreux dons et acquisitions conduisent la municipalité à chercher un nouveau bâtiment, plus spacieux, pour accueillir la bibliothèque. C'est la Maison romaine qui est choisie. Un bâtiment à colonnes suffisamment vaste pour loger les boiseries et les collections est construit dans le prolongement de la villa de type pompéienne. En 1906, la bibliothèque prend alors ses nouveaux quartiers au bord de la Moselle. Au début des années 2000, la municipalité fait construire un nouveau bâtiment, rue saint Michel, plus moderne et plus spacieux pour y accueillir la bibliothèque qui est désormais intercommunale. Les boiseries et les collections patrimoniales y ont une place centrale, nichées au coeur de la bmi.

Elle possède un fonds patrimonial remarquable de 50 000 livres (dont 27 000 livres anciens, 244 manuscrits du Moyen Age à nos jours, 91 incunables, 5 500 cartes postales anciennes) (bmi.agglo-epinal.fr).

Épinal. Bibliothèque intercommunale Épinal-Golbey, Ms. 76. Anonyme, Vie de saint Amand dans la Vie des saints (13e s, après 1230, date post quem de la source, Langue principale oil-français) Incipit référence de l'oeuvre : "Sainz Amanz fuit neiz de gentiz gens et fuit envoiez a escole et estruiz et bien ensoigniez en divine escripture" (Folio 27ra - 27vb - portail.biblissima.fr).

La Vie des saints est une traduction de Summa de Vitis sanctorum de Jean de Mailly (jonas.irht.cnrs.fr).

Trois offices versifiés attribués à Léon IX, pour les saints Hidulphe, Gorgon et Grégoire, nous sont parvenus avec l’intégralité de leurs mélodies. L’office versifié Gloriosa pii patris Hidulphi est un unicum : on le trouve dans un manuscrit provenant de l’abbaye Saint-Hidulphe de Moyenmoutier. Ce petit manuscrit, n° 89 de la Bibliothèque d’Épinal-Golbey, ne comprend que huit folios de parchemin écrits au XVe siècle. Les mélodies en l’honneur de saint Hidulphe, moine plus ou moins légendaire et fondateur – dit-on – de l’abbaye de Moyenmoutier au VIIe siècle, sont notées en neumes carrés sur quatre lignes rouges avec ici ou là, de belles initiales décorées à la plume et, en bleu et rouge, les habituelles majuscules lombardes filigranées. L’office, de cursus monastique, a pu être composé avant 1039, année de la dédicace de l’abbatiale vosgienne par Brunon, alors évêque de Toul (Marie-Reine Demollière, Les offices musicaux attribués à Léon IX, chantre et pape compositeur, 2020).

L'Historia sancti Petri fut sans doute composée pendant le séjour d'Hucbald à Reims pour la commémoration de la chaire de saint Pierre à Antioche, au 22 février, comme l'indiquent l'ordinarius rémois quelques-uns des témoins énumérés ci-après, plutôt que pour la fête de l'apôtre au 29 juin, déjà pourvu d'un office propre. Le nombre important d'antiphonaires monastiques et séculiers qui ont recueilli cet ensemble de neuf antiennes nocturnes atteste de sa popularité aussi bien en Angleterre, en Allemagne et en Italie qu'en France depuis le Xe jusqu'au XVe siècle. Dans la liste, communiquée par M. Huglo, on compte un manuscrit à Epinal (Yves Chartier, L'oeuvre musicale d'Hucbald de Saint-Amand: les compositions et le traité de musique, 1995 - www.google.fr/books/edition).

Les images d'Epinal

Les hommes qui, au XIXème siècle, firent la renommée de cette ville dans toutes les provinces françaises, n’en étaient pas eux-mêmes originaires. Ces hommes étaient les habitants de Chamagne, colporteurs qui, au 19ème siècle, parcouraient les campagnes de France au printemps et en automne pour vendre les images d’Épinal, appelées à l’origine «Feuilles des Saints». On peut s’étonner que les habitants de Chamagne se soient spécialisés dans ce commerce, plutôt que les Spinaliens eux-mêmes, puisque ces vignettes étaient imprimées à Épinal et dans sa région proche. On n’en connaît pas vraiment la raison.

Jean-Charles Pellerin, qui a fondé au 18ème siècle la fameuse société qui porte son nom, est vraiment à l’origine du succès des images d’Épinal. L’expression «C’est une image d’Épinal» est entrée dans le langage courant pour désigner un poncif, un cliché, ou une description dépourvue de toute nuance. Les chamagnons, pèlerins de ce Pellerin-là, ont fait plus pour populariser les campagnes de Napoléon que l’empereur lui-même ! Les colporteurs de Chamagne étaient appelés des «chamagnons». Grâce à eux, ce mot est devenu un nom commun. Parmi les images qu’ils vendaient, figuraient en bonne place celles qui retraçaient l’épopée napoléonienne (Kaspius, 2015 - surlestracesdelachouettedor.blogspot.com).

Les gravures de la Fontaine des Trois Soldats à Epinal (Vosges) sont exceptionnelles (Gazette des beaux-arts, 1984 - www.google.fr/books/edition).

Les grognards

Napoléon passe à l'offensive contre les Russes le 6 décembre 1806, son but est de détruire l'armée de Bennigsen avant l'arrivée de celle de Buxhöwden au moyen d'une manœuvre de fixation et d'enveloppement assez semblable à celle d'Iéna. L'armée est à nouveau répartie en deux masses, Lannes, avec 25000 hommes, accroche l'armée de Bennigsen, qui en compte 40000, à Pultusk, le 26 décembre. La bataille est disputée et indécise mais les Russes se replient. Le même jour, les corps de Davout, Murat et Augereau attaquent les 17000 hommes de Doctorov à Golymin, mais en l'absence de Napoléon, resté en arrière avec le corps de Soult, la bataille est décousue et les Russes, dont les effectifs étaient moitié moindres que ceux des Français, s'esquivent. Le 10 janvier 1807, Bennigsen prend l'offensive contre le corps de Ney qui se replie. Napoléon décide de profiter de ce mouvement pour tomber sur le flanc des Russes. Mais ceux-ci interceptent des ordres qu'il donne à Bernadotte qui les éclairent sur son plan. Au lieu de surprendre l'ennemi en cours de manoeuvre, les Français tombent à Eylau sur une armée en position de combat. De peur de la voir se dérober à nouveau, Napoléon l'attaque le 8 février sans attendre l'arrivée de tous ses corps. La bataille est acharnée et indécise, le corps d'Augereau, mal orienté, aveuglé par la tempête de neige, est attaqué de flanc et perd la moitié de son effectif. La cavalerie de Murat rétablit la situation et Bennigsen bat en retraite pendant la nuit. De chaque côté , les pertes sont très lourdes : 25000 Russes mis hors de combat, dont 8000 à 10000 tués, et chez les Français 17000 à 18000 tués et blessés. Napoléon tente de poursuivre les Russes mais est contraint d'y renoncer à cause des fatigues de l'armée et de l'impossibilité d'acheminer son ravitaillement. C'est d'ailleurs à ce moment qu'il prend la décision de militariser les équipages. L'armée se replie et prend ses quartiers d'hiver (Histoire militaire de la France: De 1715 à 1871, 1992 - www.google.fr/books/edition).

Je ne ferai point le récit des combats livrés les 24, 25 et 26 décembre, sous le nom de batailles de Pultusk et de Golymine. Le 6° corps n'y a pris aucune part, et cet écrit n'est que le journal de l'aide de camp du maréchal Ney. Je dirai seulement que le passage de l'Ukra fut forcé, les Russes poursuivis le 25 et attaqués le 26, par le maréchal Lannes à Okumin, par les maréchaux Davout et Augereau à Golymine. L'ennemi, partout repoussé, perdit quatrevingts pièces de canon, beaucoup de bagages et vingt mille hommes, tant tués que blessés et faits prisonniers. Les Russes étaient en pleine retraite ; et l'Empereur avait réussi dans son projet de les éloigner de Varsovie. Mais le mauvais temps et la nature du terrain rendirent les opérations difficiles et empêchèrent de compléter la victoire. Le terrain est naturellement fangeux, la neige et la pluie le rendirent impraticable, et le nom des boues du Pultusk s'est conservé dans les souvenirs de nos soldats. Les hommes enfonçaient jusqu'aux genoux dans cette boue liquide, et beaucoup d'entre eux y périrent. On pouvait à peine conduire l'artillerie en doublant les attelages. Il en résulta d'abord l'impossibilité de connaître les mouvements de l'ennemi. Ainsi le maréchal Lannes se trouva seul à Pultusk en présence de forces supérieures, parce qu'on croyait que le gros de l'armée ennemie s'était retiré à Golymine. Il en résulta ensuite qu'après la victoire il fut impossible de poursuivre les Russes, et qu'ils purent tranquillement effectuer leur retraite qu'ils essayèrent de transformer en victoire. L'étoile de Napoléon commençait alors à pâlir. Le moment des demi-succès, des triomphes incomplets était arrivé. Ce fut alors aussi que commencèrent les misères de l'armée, le manque de vivres, de fourrages, toutes les privations dont j'aurai occasion de faire le récit (Raymond-Aymery-Philippe-Joseph de Montesquiou duc de Fezensac, Souvenirs militaires de 1804 à 1814, 1869 - www.google.fr/books/edition).

Lors de la campagne de Russie, la composition des officiers du quartier général contribuait encore à l'agrément de notre situation. Parmi les officiers attachés à l'Empereur ou aux généraux de sa maison se trouvaient MM. Fernand de Chabot, Eugène d'Astorg, de Castellane, de Mortemart, de Talmont. Les aides de camp du prince de Neufchâtel (Berthier) étaient MM. de Girardin, de Flahault, Alfred de Noailles, Anatole de Montesquiou, Lecouteulx, Adrien d'Astorg et moi. On pouvait quelquefois se croire encore à Paris au milieu de cette réunion (Raymond Aimery Philippe Joseph de Montesquiou-Fezensac, Souvenirs militaires de 1804 à 1814, 1866 - www.google.fr/books/edition).

Le titre ducal,conféré à l'abbé de Montesquiou-Fézensac, ministre de l'intérieur, par ordonnance du 30 avril 1821, fut rendu transmissible à son neveu Raymond-Aimery, comte de Montesquiou-Fézensac, pair de France, par ordonnance du 17 août 1825; la grandesse d'Espagne de 1re classe fut accordée à la branche cadette, à l'occasion des mariages espagnols en 1846, en la personne du comte Anatole de Montesquiou, pair de France (Le Bulletin héraldique de France; ou, Revue historique de la noblesse, Tomes 7 à 8, 1888 - www.google.fr/books/edition).

Raymond Aimery de Montesquiou-Fezensac (1784-1867), général de division, ambassadeur de France, baron d'Empire (1809), 2e duc de Fezensac en 1832, pair de France, commandeur de l'Ordre de Saint Louis, grand-croix de l'Ordre de la légion d'honneur. Il est de la branche de Marsan issue de Barthélemi de Montesquiou (1405-1482), dont un cadet a donné la branche de d'Artagnan à laquelle appartient Anatole (AMBROISE-ANATOLE-AUGUSTIN) de Montesquiou-Fezensac (1788-1878), baron de l'Empire (1810) puis comte de l'Empire au décès de son père général. Il fit la campagne de Russie et de Saxe, où il fut blessé; sa conduite à Hanau, en 1813, lui mérita le grade de colonel, et les fonctions d'aide de camp de l'empereur, qu'il suivit pendant la campagne de France jusqu'à Fontainebleau. A Champaubert, il s'empara d'un drapeau ennemi. N'ayant pu obtenir d'accompagner Napoléon à l'île d'Elbe, il se retira en Autriche, ce qui lui valut d'être porté par le gouvernement royal sur une liste de bannissement. Mais grâce à l'intervention de l'abbé de Montesquiou, son parent, ministre de l'Intérieur, il put rentrer en France (fr.wikipedia.org - Maison de Montesquiou, Dictionnaire des parlementaires français, Tome 4, 1891 - www.google.fr/books/edition).

Anatole de Montesquiou, plus tard un des familiers du salon Récamier, prit part à l'expédition de 1812 comme aide de camp de Berthier et vécut dans l'entourage immédiat de l'Empereur. Dans Souvenirs de la campagne de Russie (Revue de Paris, avril 1948), il raconte la bataille de la Moskova, l'entrée à Moscou, l'incendie et l'horrible retraite, en des pages émouvantes où éclatent, maintes fois, sa belle humeur et sa tranquille bravoure (Revue historique de l'Armée, 1948 - www.google.fr/books/edition).

Sextines

Tant qu'aux mers descendront et fleuves et torrens... (Sonnets, canzones, ballades et sextines de Pétrarque, Tomes 1 à 3, traduit par Anatole Comte de Montesquiou, 1842 - www.google.fr/books/edition).

En prose Ferdinand de Gramont traduit scrupuleusement le Canzoniere en 1842. Or, la même année, paraît une version nouvelle d'Anatole de Montesquiou qui prétend ne pas toujours traduire les sonnets par des sonnets afin d'éviter les périls de la monotonie. Pour rendre la ballade, il essaie «la naïve simplicité de notre vieux rondeau». Le vers de Montesquiou sent un peu la poudre et la perruque, mais le goût pour la poésie du temps passé le rend attentif à la sextine. La solution choisie pour la première est dans le goût du XVIII :

Pour tout habitant de la terre
L'arrêt du destin est pareil.
Hormi pour quelques-uns qui craignent le soleil
Et médisent de la lumière,
Le temps du travail est le jour.
Mais lorsque répandant ses voiles,
La triste nuit est de retour,
Et rend leurs feux à ses étoiles
L'un retourne à sa case, et l'autre à sa forêt,
Près des pénates qu'il adore
Cherchant le calme et le secret,
Afin d'attendre en paix l'aurore.

Voici une nouvelle manière d'ajouter un système de rimes à la permutation des mots terminaux, mais pour la quatrième sextine, Anatole de Montesquieu désire «par une traduction littérale donner [...] une idée précise du genre».

Celui qui veut passer sa vie
Sur l'onde et parmi les écueils,
Se confiant à la nacelle,
Ne peut être éloigné du terme.
Que sa raison le guide au port,
Quand elle tient encor la voile :

Le doux air, qui gonfla ma voile,
Lorsqu'à l'Amour j'offris ma vie
En espérant un meilleur port,
Me conduisit vers mille écueils
Et ce qui doit causer mon terme
Est avec moi dans ma nacelle.

On dirait que la mémoire revient (Pierre Lartigue, L'hélice d'écrire: la sextine, 1994 - www.google.fr/books/edition).

La poésie lyrique fut cultivée, en fin du XIIe siècle, par Gauthier d'Epinal. Témoin de l'anarchie qui régnait en Lorraine, il lui arrivera d'envier la paix dont jouissaient alors les terres françaises (Ch. Aimond, Histoire des Lorrains: essai sur leur vie politique, sociale, économique et culturelle, 1960 - www.google.fr/books/edition).

Les Claudel dans les Vosges

Paul Claudel est né le 6 août 1868, à Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois, village du département de l'Aisne. Son père, receveur de l'Enregistrement, était originaire des Vosges; sa mère appartenait au terroir de l'Aisne (André Tissier, "Tête d'Or" de Paul Claudel, 1968 - www.google.fr/books/edition).

La famille Claudel, famille d'agriculteurs et de commerçants aux XVIe et XVIIe siècles, est originaire du village de La Bresse (Vosges). Paul Claudel a mentionné à plusieurs reprises son aïeul, Jacques-Élophe Claudel, mort en 1530, mais ce personnage ne figure pas dans les registres paroissiaux de La Bresse qui n'existent que depuis 1610 (Marie-Clotilde Hubert, Paul Claudel, 1868-1955, 1968 - www.google.fr/books/edition).

Victor Hugo et les Vosges

L'abbé Charles-Louis Hugo, abbé d'Estival, docteur en théologie, protonotaire apostolique et évêque de Ptolémaïs, dont tout porte à croire que le poète avait fait la connaissance dans le dictionnaire de Moreri, à l'article Hugo, est le parent imaginaire auquel Victor Hugo tenait le plus. Il ne l'abandonna pas, même quand la proscription l'eût campé dans l'attitude d'un farouche démocrate. En 1862, les lecteurs des Misérables, qui pouvaient croire que l'exilé avait répudié tous ses titres nobiliaires, observèrent qu'il ne reniait point un tel ancêtre. Parlant des œuvres de son personnage, l'évêque Myriel, le romancier écrivait en effet : Dans une autre dissertation, il examine les œuvres de Hugo, évêque de Ptolémaïs, arrière-grand-oncle de celui qui écrit ce livre, et il établit qu'il faut attribuer à cet évêque les divers opuscules publiés au siècle dernier, sous le pseudonyme de Barleycourt.» Ce rappel était imprudent, car, en lançant sur la piste indiquée les généalogistes, Victor Hugo s'exposait à voir s'évanouir ses illusions à supposer qu'il en eût. Un notaire d'Épinal s'attacha à résoudre le problème et crut faire plaisir à Victor Hugo en lui envoyant le testament de ce «grand-oncle», mais il n'apparaît pas que le petit-neveu fut ravi de ce zèle, car, le 29 mai 1864, il écrit, sur un ton passablement dédaigneux, à Paul Meurice : «Envoyez-moi par Merhays le paquet d'Épinal. Il y a là un brave homme de notaire, M. Basy, qui a pris ma généalogie en passion et qui fouille pour retrouver mes titres de famille. Il m'a envoyé déjà le testament de mon grand-oncle, l'évêque de Ptolémaïs, qui est très curieux. Il avait de fiers bibelots, ce bonhomme». Hélas ! ces bibelots : un tableau sur bois du «fameux Breugle», une peinture sur toile de Carlo Maratte, une tapisserie d'Auvergne, un miroir armorié, etc., étaient légués à des nièces et des neveux qui, ni de loin ni de près, n'étaient apparentés aux Hugo de Nancy. Pour surcroît de malheur, il était désormais impossible d'alléguer que les Hugo menuisiers avaient commencé à «descendre» longtemps après l'épanouissement de la branche qui portait l'évêque de Ptolémaïs. Celui-ci était mort, non pas comme Victor Hugo semble le croire au XVIIe siècle mais le 20 février 1738, époque à laquelle le propre grand-père du poète, Joseph Hugo, était déjà de ce monde, puisqu'il naquit à Baudricourt le 24 octobre 1737. Or «le bonhomme» ignore visiblement, dans son testament, ces parents pauvres et ne leur lègue même pas sa bénédiction. Tous ses dons vont à des héritiers huppés, parmi lesquels Nicolas-Ignace Hugo, conseiller et maître en la Chambre des Comptes de Lorraine; les deux enfants, fils de son défunt neveu, Charles-Hyacinthe Hugo, seigneur de Spitzemberg; dame Henriette-Thérèse Hugo, veuve de Bernard de Guilbon, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment de Condé. Victor Hugo dut en prendre son parti ses ancêtres Jean-Philippe Hugo et Jean Hugo, cultivateurs en Lorraine depuis la fin du XVIIe siècle, étaient ignorés de l'évêque de Ptolémaïs. Seulement, Victor Hugo avait-il jamais cru vraiment à cette illustre ascendance ? Il lui aurait fallu une naïveté et une absence d'esprit critique bien fortes, et Victor Hugo fut tout le contraire d'un naïf, même quand son amour-propre était en jeu. Son rattachement à la noblesse apparaît comme un plan médité, qu'il mit plus de vingt ans à réaliser par étapes, et dont la réussite repose sur le mélange habile du vrai et du faux, et sur l'emploi de l'équivoque. On doit noter que, tant qu'il fut sous l'emprise de sa mère, royaliste fervente et agissante cependant, il ne revendique aucun titre, il ne prétend point entrer, fût-ce par une porte dérobée, dans le corps de la noblesse. Il se contente d'être un fidèle sujet de Sa Majesté Louis XVIII et un zélateur bourgeois de la légitimité. Certes, il souhaiterait de tout son cœur pouvoir justifier, comme Chateaubriand son modèle, au moins d'un titre de vicomte, mais il sait trop bien que l'usurpation du titre le plus mince peut vous donner un pseudonyme, mais pas un nom. Il est possible toutefois qu'environ les années 1816-1817 le comte Volney, qui, sénateur de l'Empire, avait reçu de Napoléon un titre de comte et qui, en témoignage de son ralliement à Louis XVIII, s'était vu par le roi octroyer la pairie, ait un moment songé à transmettre cette pairie au jeune Victor, le plus jeune fils de son amie Sophie Hugo, chez qui il fréquentait, mais il n'est pas certain qu'il en ait eu vraiment l'intention, il est moins sûr encore qu'il en eût le droit. Toujours est-il qu'il mourut en 1820, sans héritiers, et sans avoir légué son manteau de pair de France. Un peu plus tard, vers 1822, il semble que Victor Hugo aperçoive le moyen grâce auquel il pourra s'infiltrer dans la noblesse. Le moment est propice : titres d'ancien régime et titres de l'Empire sont encore si étrangement mêlés grâce au jeu des ralliements qu'avec de l'adresse et des états de service royalistes il est possible de greffer les uns sur les autres et de consolider ainsi une noblesse de fraîche date. Or il se trouve que Léopold Hugo, le père du poète, au temps où il guerroyait en Espagne contre les sujets rétifs du roi Joseph Bonaparte, a reçu de celui-ci, en septembre 1810, un titre de comte, avec le droit de se choisir un fief parmi les provinces où il s'était illustré : Siguenza, Cifuentès ou Collogudo. Siguenza sonnant bien, Léopold sera donc comte de Siguenza. Les armoiries qui lui sont concédées, vraisemblablement composées selon les indications de la chancellerie de Madrid, rappellent les hauts faits militaires qu'il a accomplis tant en Italie qu'en Espagne. Son blason est celui-ci : Écartelé, au premier, d'azur, à l'épée en pal d'argent, garnie d'or, accompagnée en chef de deux étoiles d'argent; au deuxième, de gueules, au pont de trois arches d'argent maçonné de sable, soutenu d'une eau d'argent et brochant sur une forêt du même; au troisième, de gueules, à la couronne murale d'argent; au quatrième, d'azur, au cheval effrayé d'or. Léopold , après avoir goûté un moment cette brusque élévation, semble en avoir fait peu de cas. Sans doute pensait-il, avec bon sens, qu'en s'écroulant la royauté espagnole de Joseph Bonaparte avait emporté comtés et marquisats. Retiré à Blois, général en demi-solde, entre 1815 et 1822, il ne se pare pas de son titre. Mais ses fils, et notamment Victor, virent le parti qu'il était possible d'en tirer à la fois pour leur père et pour eux- mêmes. Le 9 janvier 1823, Victor écrivant à son père libelle ainsi l'adresse; Monsieur le général Comte Hugo, et ce libellé, d'abord espacé, devient de plus en plus fréquent au fur et à mesure que les prétentions au titre s'affirment et que les faveurs, dont Louis XVIII, puis Charles X, comblent le jeune poète, semblent pouvoir rejaillir sur son père. Il est donc probable que c'est à l'instigation de Victor que fut rédigée, le 16 avril 1825, par le général Hugo, une note destinée au Conseil du Sceau des titres où étaient rappelés à la fois les services militaires et les titres nobiliaires espagnols du comte de Siguenza. Le général, instruit par son fils, auquel la lecture de Moreri donne des armes, sinon des armoiries, insinue avec tact, dans ce mémoire, qu'il appartient à une famille très ancienne de Lorraine, famille qui a compté des branches illustres, dont l'une a donné, au XVIIe siècle, le savant Louis Hugo, abbé d'Estival, évêque de Ptolémaïs. En avril 1825, le thème que développera Victor Hugo est donc nettement amorcé : il tient à la noblesse par deux côtés : la famille lorraine des Hugo à Spitzemberg (la note l'affirme implicitement puisque l'évêque de Ptolémaïs appartient à cette branche) et les titres reçus en Espagne par le général Hugo. D'ailleurs, dans son mémoire, celui-ci affirmait que ses titres avaient été concédés à titre héréditaire et que ses enfants, dans le cas où il ne pourrait lui-même faire les démarches et les dépenses convenables pour les régulariser, auraient la faculté de recourir, pour les faire valoir, à la note qu'il rédigeait. Victor Hugo, à partir de ce moment, devient le prisonnier de la fiction qu'il a vraisemblablement forgée. Sans attendre que les titres de leur père soient régularisés, lui et ses frères se les approprient. A la mort du général, en janvier 1828, son frère aîné Abel lui succédant, de son chef, dans le titre de comte, et son frère Eugène s'intitulant vicomte, il ne reste à Victor que le titre de baron. Tout naturellement, à la mort d'Eugène, en février 1837, il s'empare du titre de vicomte. Depuis longtemps déjà il a réussi, au moins dans l'opinion, à greffer les Hugo de Siguenza sur les Hugo de Spitzemberg. Les notes biographiques qu'en 1831 il a communiquées à Sainte-Beuve, qui prépare son portrait littéraire, sont affirmatives, et Sainte-Beuve, consentant à mettre en sommeil son esprit critique, donne comme des faits établis des allégations dénuées de preuve. Impossible désormais de revenir en arrière, sous peine de s'exposer au ridicule (Pierre Audiat, Ainsi vécut Victor Hugo, 1947 - www.google.fr/books/edition).

«Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.» (fr.wikipedia.org - Ecclésiaste).

Il semble que la Ptolémaïs du grand-oncle soit celle d'Egypte, Thébaïde (it.wikipedia.org - Arcidiocesi di Tolemaide di Tebaide).

En tant que bâtisseur, Ptolémée I est surtout connu pour avoir fondé en Haute-Égypte la ville de Ptolémaïs au Sud de Memphis (nefernathy.e-monsite.com).

On pense alors à Geoffroy le Borgne, évêque de Tibériade (Génésareth) et de Vannes.

Le 8 juillet 1736, Charles-Hyacinthe Hugo un héritier fortuné, vague neveu du puissant Hugo abbé d'Etival, qui avait épousé l'héritière de la maison de Spitzemberg obtient par appui politique la qualité de capitaine du château de Spitzemberg (fr.wikipedia.org - Château du Spitzembergn).

Le Spitzemberg est un modeste sommet du massif vosgien culminant à 641 mètres, au sud-est de l'Ormont et sur la commune de La Petite-Fosse. Sa position en bordure de la vallée de la Fave lui a donné une certaine importance stratégique à des époques très diverses. Il est situé à l'Est du département des Vosges (fr.wikipedia.org - Spitzemberg).

Patatoïde

La pomme de terre aurait été introduite dans les Vosges par les soldats de Gustave-Adolphe pendant la Guerre de Trente ans, puis par un envoyé du duc Léopold de Lorraine de retour d'Angleterre, cultivée dans le Val de Galilée (Saint Dié) puis répandue dans le reste de la région (François Weymuller, Histoire d'Épinal des origines à nos jours, 1985 - www.google.fr/books/edition).

Dracula

Comme la Bretagne, l'Allemagne, la Scandinavie, la Lorraine a son génie, son esprit familier : le "sotret", le "sotré", le satré lo sotreut d'Doggele en Lorraine de langue allemande. C'est un petit être mystérieux, invisible, que d'aucuns cependant disent avoir aperçu. Il est si petit qu'il peut s'introduire par le trou de la serrure. Il est laid, mal peigné, coiffé d'une calotte rouge et enveloppé d'une houppelande noire ou inversement d'une calotte noire et d'une houppelande rouge. A Hattigny, il est dit "le petit homme rouge". Il est agile, leste, turbulent. Un enfant qui bouge sans cesse est appelé un sotreut, une fille aux allures folles et garçonnières est dite sotreute. Quelqu'un de mal peigné, de négligé ressemble au sotret. Le sotret vit au contact des gens, dans les demeures, les étables, les écuries. Il se manifeste surtout la nuit. Il peut être tantôt bon, serviable, secourable; tantôt taquin, malicieux, mystificateur; d'autres fois méchant et même cruel. Les tours du sotret sont innombrables. Qu'on en juge par les quelques faits rapportés ci-après. A Foulcrey, le sotret tressait les crinières des chevaux en sifflotant. Il taquinait les vieilles femmes, les mâmiches qui filaient; il emmêlait leurs fils. Les enfants le craignaient. C'était lui l'auteur des tourbillons qui, avant les orages soulèvent à la verticale dans les airs le foin et la poussière. A Hermelange, en glissant un doigt à l'intérieur des poils de la crinière des chevaux pour les démêler, l'endroit où il était arrêté par un enchevêtrement plus dense, un nœud, était dit : la balançoire du sotret; c'était là qu'il s'accrochait pour se balancer. Un soir, à Chicourt une femme qui était allée à la veillée chez des voisins sans avoir soigné son enfant, ne le trouva plus dans son berceau en rentrant. Le sotret l'avait transporté et placé à califourchon sur le "ch'vau-d'rin" (pièce de bois verticale qui supporte les poutres de la toiture). Malencontreusement il laissa choir sa calotte rouge. Il dit alors à la femme : "Remets-moi ma calotte, t'auras ta poupette".

A Guéblange-lès-Dieuze, quand le sotret était lancé à terre, par une main coléreuse, il sonnait comme un sac de cuillères. A Henridorff, dans la chambre où dormait un nouveau-né, on devait laisser une lampe allumée toute la nuit jusqu'au baptême de l'enfant autrement le lutin profiterait de l'obscurité pour venir sucer le sang du bébé à ses mamelons. Les mamelons deviendraient alors très durs, signe certain que le lutin était passé. Pour l'en empêcher, la sage-femme traçait sur chaque porte de la maison un pentagramme magique ; elle était la seule à connaître l'endroit par où le commencer. A Dannelbourg, les gens croyaient au lutin ou Doggele qui entrait par le trou de la serrure, têtait la poitrine de l'enfant et même osait s'attaquer aux grandes personnes. On disait également que "Doggele" tressait la queue des chevaux pendant la nuit. A Lutzelbourg, d'Doggele entrait par le trou de la serrure, se plaçait sur la poitrine de l'enfant et occasionnait des difficultés de respiration. On l'écartait par un signe sur la porte et par des croix de cire bénites. A Walscheid, au mois de juin 1740, le curé fut la victime d'un sotret, mauvais plaisant. Cela commença par la danse d'un pot de fer qui, heureusement sans heurter le pot de terre, descendit sur le pavé, fit trois ou quatre tours puis s'en alla sans que personne l'eut mis en mouvement. A la grande stupéfaction du curé, de sa nièce et de sa servante, de grosses pierres dont quelques-unes d'environ une livre pesant cassèrent quelques morceaux de vitres sans qu'on vit la main qui les avait lancées avec une dextérité qui parut surnaturelle. N'opérant que de jour sans faire de mal à personne, le génie se livrait à toutes sortes de facéties, prenant plaisir à déplacer la vaisselle de faïence et d'étain et de la ranger en rond dans la cuisine ou dans le porche ou même dans le cimetière, jetant des pierres dans les seaux d'eau, remplissant les marmites d'herbes sauvages, de son, de feuilles d'arbres; il les portait au jardin ou ce qui valait mieux, les suspendait au cramail. D'autres fois, toujours sous les yeux étonnés des spectateurs effrayés, il bousculait les meubles, tirait de l'armoire le linge et de la huche le pain, répandait le lait sur le pavé. Au jardin il arrachait les choux au fur et à mesure que la servante les repiquait, il maniait la bêche d'une main invisible, y cachait en terre des babioles ou de l'argent enlevés des armoires, du poêle. La servante eut beau tempêter, menacer, jurer à l'allemande, le génie continua ses badineries. Les prières marquées au rituel pour bénir la maison n'eurent pas beaucoup plus de succès. Ce furent les gens du Comté de Linange-Dabo qui mirent fin à la plaisanterie. Sur leur conseil, le curé tira deux coups de pistolet vers l'endroit où il remarqua le mouvement. Le génie vaincu jeta dans la poche d'un officier du Comté deux pièces d'argent et disparut à jamais. Imling avait le privilège de compter la "mère sotrée" parmi ses paroissiennes. Depuis, comme Jeanne d'Arc, elle finit sur le bûcher. Un jour lui germa l'idée d'organiser un "bal des sotrets". Tous les petits bossus y furent conviés. Ils devaient obligatoirement venir à pied ; une sanction était prévue à l'encontre des tricheurs . S'en vinrent donc de la montagne, ceux de Dabo, Walscheid et Hartzviller, ceux de Phalsbourg et de Niderviller; du plateau accoururent les bossus de Foucreu, Nidrehô, Lénieuville et Gondrehonche. Sur les coups de trois heures de l'après-midi, la cloche est tirée pour annoncer l'ouverture du bal. Douze bossus sont là qui attendent. Ils entrent aussitôt dans la danse et la "mère sotrée", en veine de bonté, leur enlève les bosses qu'elle précipite dans une hotte. Las ! ... le "Treizième" arrive en calèche car il a pris du retard; il est dénoncé par les sotrets cachés dans l'oreille des chevaux. Courroucée, la "mère sotrée" dans un grondement de tonnerre, accable le fautif des douze bosses de la hotte; c'est le petit bossu aux treize bosses, le bossu "Rouletabosse" condamné d'aller de ci, de là, de par le vaste monde jusqu'à la fin des temps (Georges L'Hôte, La tankiote: usages traditionnels en Lorraine, 1984 - www.google.fr/books/edition).

A Mortagne, un sotré faisait la cour à une jeune femme lorsqu’elle filait la laine près de sa cheminée. Le mari, mis au courant, se fâcha et voulut confronter ce lutin. Il s’habilla avec les vêtements de sa femme et s’installa à sa place habituelle. Malheureusement, il était malhabile et le sotré s’aperçut immédiatement de la supercherie. Il lui fit alors remarquer qu’il filait moins bien que la veille. Le mari, démasqué, se saisit donc du sotré et le précipita dans l’âtre. Ce dernier, en hurlant, lui demanda son nom, ce à quoi le mari répondit «Moi-même» et s’en alla. Alertés par les cris de leur confrère, des sotrés arrivèrent et demandèrent qui avait osé faire ça. Le malheureux sotré répondit «Moi-même !», ils lui répondirent alors de se débrouiller tout seul ! C’est une des nombreuses variantes de l’histoire entre Ulysse et le cyclope dans l’Odyssée, qu'on trouve dans de nombreuses légendes populaires (galeries.limedia.fr).

A la Roche-Abri de Bénaveau, au Sabbat de Minuit, le Prince des Ténèbres y vient hurler avec ses mauvais Génies, le Sotré, la Menu Hennequin (Robert Javelet, Léa Tremsal,Épinal à la belle époque, 1969 - www.google.fr/books/edition).

La chasse qui porte le nom de «Menée Hennequin» en patois vosgien «Mouhennequin» se déroule de nuit au Haut-Jacques; Hennequin y chasse Mathieu, en son vivant chanoine de Toul qui, assassina à la Bourgonce Renaud de Senlis émissaire du duc Thiebaut Ier – 1213-1220 – et qui fut exécuté à Nompatellize. Damné, monté sur un cheval ailé, il fuit dans les airs poursuivi par Satan et toute une légion de démons. La chasse survole Rougiville, Taintrux, Sauceray, mais saint-Georges veille et repousse la chasse aux enfers dès qu'elle arrive dans les faubourgs de Saint-Dié (Marie-Louise Jacotey, Justice et sorcellerie en Lorraine, 2001 - www.google.fr/books/edition).

Il était aussi nommé spin ou spinule, "petite roue" ou rouet vivant, être toupie ou cyclonique, petite turbulence, tourbillon ou courant enroulés (cf. Epinal/Spinalium). Son emblème le plus ancien est la roue ou le rouet. Saint Spinule est le patron de l'église funéraire des comtes de Vaudémont en Lorraine. Dans les Vosges, l'expression "voilà le sotré" désigne les petits tourbillons du foin, les courants tourbillonnants de la rivière, voire les petites tornades (fr.wikipedia.org - Sottai).

En outre des vents violents ordinaires on voit chaque année, dans les vallées des Vosges, des tourbillons formés par la rencontre de deux vents opposés. Ce phénomène arrive surtout au printemps et en automne, mais quelquefois en juin et juillet et toujours par un temps calme et chaud. Nous avons vu des tourbillons assez forts pour enlever jusqu'à perte de vue dans les airs des branches, des feuilles, le fourrage desséché sur les prairies, les mousses, etc. Ces corps retombaient, un quart d'heure après, à une assez grande distance du point d'où ils avaient été enlevés. Quand ces espèces de cyclones traversent une forêt, ils brisent les arbres et font un bruit épouvantable, tandis qu'à quelques centaines de mètres plus loin l'air est tout à fait calme. Le vent qui finit par dominer dans cette lutte règne ordinairement ensuite pendant une longue série de jours. Ces tourbillons appelés fourge-to, sotré, dans les patois des Vosges, sont formés par une spirale d'air qui tourne sur elle-même avec une rapidité extrême. Les anciens paysans de nos montagnes assurent encore que c'est un être légendaire, le sotré, qui cause ce phénomène et qui prend ainsi ses ébats dans les airs (Xavier Thiriat, Essai sur les tempêtes, Mémoires de la Société jurassienne d'émulation, Volumes 20 à 21, 1869 - www.google.fr/books/edition).

Saint Spinule est un saint thaumaturge fêté le 5 novembre dans l’évêché de Saint-Dié (fr.wikipedia.org - Spinule).

Belval, écart de la c. de Portieux, à 8 k. de Charmes, 27 de Mirecourt, 24 d'Epinal; Hugues, aidé des libéralités du comte Gérard I, comte de Vaudémont, fils de Gérard d'Alsace, y bâtit un prieuré dont l'église fut consacrée en l'honneur de la Ste-Croix, de la sainte Vierge et de saint Spinule. L'abbé de Moyenmoutier y déposa les reliques de Saint Spinule. L'église du prieuré de Belval fut achevée et dédiée en 1134, par Henri de Lorraine, évêque de Toul; Gérard de Vaudémont, qui mourut en 1108, et son épouse, Hadwide de Dasbourg (Dabo), furent inhumés dans le cloître du prieuré. C'est là que reposaient les cinq premiers comtes de Vaudémont (Léon Louis, Le département de Vosges: description, histoire, statistique, Tome 6, 1887 - www.google.fr/books/edition, Albert Derazey, L'abbaye de Belval, Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, Volumes 28 à 29, 1889 - www.google.fr/books/edition).

Portieux se trouve sur la droite Golfe Juan - Saint Nicolas de Port.

Jean Bastide, rencontré au sujet de la "Lumière céleste" mise en rapport avec un OVNI, parle du Sotré, dans les Vosges, et pose la question de son origine extraterrestre (Jean Bastide, La mémoire des OVNI: Des argonautes aux extraterrestres, 1978 - www.google.fr/books/edition).

Les quenouilles des fileuses étaient-elles emmêlées, les effets mobiliers brouillés, égarés, c'était l'œuvre du sotré, esprit familier qui ne se plaisait qu'à jouer des tours et à causer des pertes et des déchances. Les cris des chouettes et des chats huants dans le bois, le miaulement des chats dans les sentiers isolés, le bruit du vent dans les buissons étaient des sabbats. Les étoiles filantes étaient des âmes errantes, et les aréolithes qui, comme aujourd'hui, traversaient de loin en loin la voûte étoilée, en lançant des myriades d'étincelles avec un grand bruit, étaient le Dragon ou la Mannihennequin (Xavier Thiriat, La Vallée de Cleurie, canton de Remiremont (Vosges), 1869 - www.google.fr/books/edition).

Braquet ou rapport

On définit le braquet sous la forme d'une fraction : Nombre de dents du plateau/Nombre de dents du pignon.

Le braquet correspond au nombre de tours de roues que fait le vélo lorsque le cycliste effectue un tour de pédales. Le produit du braquet par la circonférence de la roue est appelé développement. Cela correspond à la distance parcourue par le vélo lorsque le cycliste effectue un tour de pédale (en supposant que le vélo roule sans glissement) (fr.wikipedia.org - Braquet).

Épinal a été ville étape du Tour de France, en 1954, 1985, 1987 et 1990.

Le chiffre 71721075 pourrait se lire en 4 couples de chiffres : (7,1),(7,2),(1,0),(7,5). Ce type de chiffrement correspond à un carré de Polybe 10x10 dont la clé pourrait être un texte-clé (piblo29.free.fr).

Si on représente 71721075 par 4 couples (7,1), (7,2), (1,0) et (7,5) dans un reprère orthonormé en 2 dimensions les points d'abscisse 7 sont alignés. Associant ses points à des "sentinelles", on aurait alors plus de deux intervalles, 5, et pas 6 puisque 3 sont alignés, et 4 "sentinelles".

71721075 = 5 x 5 x 3 x 956281

17/18

La racine carrée de 71721075 donne la valeur 8468,8296... qui rappelle les 8000 mesures de l'énigme. Son rapport avec 8000 est une approximation de 18/17, que l'on retrouve en musique, et égal à 17.99626925865.../17 ou 18/17,00353019... soit 1,05860370...

La sensibilité de l’oreille humaine aux hauteurs des sons étant sensiblement logarithmique, pour comparer deux sons, on considère le logarithme du rapport de leurs hauteurs. Plus précisément, un rapport de 2 entre deux fréquences étant perçu comme une octave, qui est découpée en 12 intervalles d’un demi-ton chacun, la suite des inverses des longueurs de la corde entre le chevalet et les frettes successives (soit la suite des fréquences des notes jouées) est géométrique, de raison r tel que r**12 = 2 ,soit r = 2**(1/12). On distingue les intervalles suivants :

• La seconde, ou ton : r**2
• La tierce mineure : r**3
• La tierce majeure : r**4
• La quarte : r**5
• La quinte : r**7
• La sixte majeure : r**9
• La septième : r**11
• L’octave : r**12 = 2.

Ces intervalles sont dits tempérés, et sont apparus sous cette forme sur les instruments à clavier du XVIIIème siècle. Avant ça, on leur préférait des valeurs approchée (Alain Busser, la géométrie de la guitare, 2007 - iremi.univ-reunion.fr).

L’idée d’une division égale de l’octave est assez ancienne. Le Tempérament Égal a été mentionné plusieurs fois, entre 1530 et 1600, mais n’était alors réellement exploité que pour les instruments munis de frettes (luth, viole). Pour avoir des tons égaux, il fallait diviser une longueur en douze parties en progression géométrique (ou logarithmique, chap IV, § 1-2). Le rapport 18/17 (1,058823529...) est crédité à Vincenzo Galilei, père du célèbre astronome Galilée; ce rapport est une approximation de la douzième partie de l’octave : (18/17)**12 = 1,9856. On l’a aussi évaluée avec plus de précision à 178/168 : 178/168 à la puissance 12 donne 2,0014 (donvalmusicalacoustics.org).

L’erreur est fonction croissante du numéro de la frette, et ne devient vraiment intolérable qu’après la 7e frette, qui est souvent la dernière sur un luth. (Alain Busser, la géométrie de la guitare, 2007 - iremi.univ-reunion.fr).

Vincenzo Galilei (Santa Maria a Monte, vers 1520 - Florence, 2 juillet 1591), souvent francisé Vincent Galilée, est un musicien italien qui a été luthiste, compositeur, théoricien de la musique, chanteur et professeur de musique (fr.wikipedia.org - Vincenzo Galilei).

Les espaces entre frettes diminuent à mesure qu'on monte dans la gamme chromatique (fr.wikipedia.org - Frette (musique)).

 

X1 : première frette = X0 - (X0/18) = 17 x X0/18
X2 : deuxième frette = 17 x X1/18 = (17/18)**2 x X0, etc.
Les espacements entre deux frettes diminuent en raison géométrique 17/18.
Ce sont donc les inverses des longueurs de la corde entre le chevalet et les frettes successives (la suite des fréquences des notes jouées) qui sont de raison géométrique r = 18/17.

It is much easier in practice for builders to work with ratios of integers than irrational ratios when dividing up a linear distance. As shown in figure 3.29, each string of a fretted instrument is suspended between two points, the bridge and the nut. The frequency of the open string is determined by a peg or screw arrangement near the nut, which tightens or loosens it, varying the tension of the string. The performer varies the frequency by stopping off different lengths of the string against the fingerboard, thereby changing the mass of the part of the string that can vibrate (Gareth Loy, Musimathics, Tome 1 : The Mathematical Foundations of Music, 2011 - www.google.fr/books/edition).

L'identification du limma au rapport 17/18 intervient dans la mesure de cloches exposée au chapitre 18 du Tractatus de musica de Jérôme de Moravie : après avoir réalisé successivement deux tons (T - A et A - B par diminution de la quantité de métal d'un neuvième, le son C est obtenu par soustraction de la dix-huitième partie de la masse de B. On le retrouve enfin, au début du XIVe siècle dans le Lucidarium musicae planae de Marchettus de Padoue. Ces quelques occurrences suffisent à indiquer à quel point ces théories auxquelles Jacques de Liège avait souscrit, pouvaient être répandues dans l'enseignement universitaire - notamment parisien - de la fin du XIIIe siècle. Nul doute aussi que n'importe quel auditeur de la Faculté des Arts en avait pris connaissance, ne serait-ce qu'à travers les commentaires que les maîtres pouvaient puiser dans les gloses recueillies dans les marges - ou dans le texte - de leur exemplaire du De institutione musica (Ch. Meyer, Le Tractatus de consonantiis musicalibus, Belgisch tijdschrift voor Muziekwetenschap, 1947 - www.google.fr/books/edition).

LIMMA, s. m. On désigne par ce mot trois petits intervalles qu'on n'emploie pas dans la musique pratique, mais qui servent à établir la comparaison mathématique des sons :

1° Le Limma majeur (Limma majus) : c'est la différence qui existe entre le ton majeur (9:8) et le demi-ton mineur (25:24). En retranchant ce dernier rapport du premier, suivant l'article soustraction des rapports, on aura la différence de 27:25.

2° Le Limma mineur : c'est la différence entre le ton majeur et le demi-ton majeur, ou entre 9:8 et 16:15. En faisant la soustraction de ce dernier rapport du premier, on aura le Limma mineur = 135:128.

3° Le Limma de Pythagore c'est la différence entre la tierce majeure des Grecs (qui consiste dans deux tons majeurs exprimés par le rapport 81: 64) et la quarte naturelle 4:3. En retranchant, par exemple, la tierce majeure, dans le rapport de 81:64, de la quarte naturelle 4:3, on aura le résultat de 256:243 (Peter Lichtenthal, Dictionnaire de musique, Tome 2,traduit par Dominique Mondo, 1839 - www.google.fr/books/edition).

Dans les gammes diatoniques et chromatiques, le ton est divisé en neuf commas. Il n’y a donc pas ici de «juste milieu», mais un «grand demi-ton» de cinq commas et un «petit demi-ton» de quatre commas. Cela provient du fait que, lorsque l’on construit les douze degré par succession de quintes, les écarts entre demi-tons ne sont pas identiques (et l’on n’arrive pas tout à fait à une octave au final). La distance séparant les notes naturelles mi-fa et si-do est de quatre commas; on l’appelle «demi-ton diatonique». La distance séparant une note naturelle de la note altérée, par un dièse ou un bémol, fait cinq commas et est appelée «demi-ton chromatique». On a : 1 ton = ½ ton diatonique + ½ ton chromatique (dj-tool.com).

Jay toutefois (repliqua elle) oui assurer, qu'un ton ne peut estre diuisé en deus egalement. Pour aprendre (aioutay je) s'il est egalement diuisable, regardons comment la proporcion d'autant & huitieme, de 9, à 8, mere du ton, peut estre diuisee en deus. Premierement il n'y ha aucun nombre entre ces deus: 9, ne reçoit point de diuision en deus egales parties: car nous ne pourrions diuiser un, qui est le moindre, voire (si je puis dire) le point & Atome de tous nombres : mais à fin qu'un plus grand nombre ne nous semble estre mieus diuisable, doublons 8, & disons 16: doublons 9, & disons 18: nombres proporcionnez dautant & huitieme, & qui ont entre eus deus un nombre en tel ordre 16,17,18: je di que l'estendue de 16, à 18, engendre un ton par proporcion d'autant & huitieme: tellement que 17, qui est entre 16, 18, semble estre la diference qui cause l'eleuacion ou abaissement d'un ton. Donc pour diuiser un ton egalement, il faut essayer de diuiser egalement 17, ce qui ne se peut faire : car les plus procheins nombres diuiseurs de ses moitiez font 8, qui doublez ne font que 16: & 9, qui daublez font 18. Dauantage 17, raporté à 16, contient 16, & la seizieme partie de 16:& ce mesme 17, raporté à 18, est contenu par ledit 18, auec une sienne dix & settieme partie: te llement que la moindre partie est la dixsettieme, & la plus grande est la seizieme, qui doiuent reprefenter deus parties du ton diuisé en deus le plus egalement quon peut : assauoir la grande le demi ton grand & la petite le demi ton petit. (Pontus de Tyard, Solitaire second, ou prose de la musique, 1555 - www.google.fr/books/edition).

Voyez que les nombres nous font außi mauuais tour que le compas, qui ne nous presentent aucune des proporcions seures, choisies pour notre fondement. Quel remede ? dit elle en fouriant, je suis d'auis que cete proporcion soit laissee auec sa facheuse imperfeccion, au rang des demis tons petiz. Außi (respondí je) le faut il ainsi faire (Pontus de Tyard, Solitaire second, ou prose de la musique, 1555 - www.google.fr/books/edition).

Selon Balzac, la sextine serait donc une nouveauté dans la littérature française du XIXe, qui oublie les expériences du XVIe siècle de Pontus de Tyard (Francesca Pagani, Potentielle et actuelle : la sextine au XXIe siècle In : Modernités des troubadours, 2018 - books.openedition.org).

À leur tour Sennazar et Bembo ont pratiqué ce genre de poème. Il était donc tout naturel que les grands écrivains de la Renaissance cherchassent à l'acclimater dans notre langue. Il a attiré l'attention des lettrés et Sebillet l'a mentionné à propos des vers blancs auxquels s'était essayé Bonaventure des Périers. Selon lui, c'est le seul cas où l'absence de rime puisse être tolérée, parce que le retour des mêmes mots à la fin des vers supplée à l'accord des timbres. Tabourot des Accords a consacré quelques mots à la Sextine, en déclarant que c'était une forme «pauvre de ryme, et riche d'invention». Mais seul Pontus de Thyard a tenté de rivaliser avec Dante, Pétrarque et les Italiens que n'avaient pas rebutés ces combinaisons si difficiles. Il n'en a écrit que deux, qui ont pris place l'une et l'autre dans ses Erreurs amoureuses

Ces deux sextines, qui sont des pièces uniques dans notre littérature du XVIe siècle, sont rimées sur trois rimes, au contraire de celles de Pétrarque, qui ne le sont pas. Elles conservent, de strophe en strophe, l'arrangement traditionnel des fins de vers, tel qu'il a été imaginé par Arnaut Daniel. Mais elles ont un envoi de quatre vers, que Tabourot des Accords considère comme régulier, au lieu de trois. En outre ces envois ne sont pas semblables entre eux. Les mots choisis y sont placés soit à la césure, soit à la fin du vers, mais les vers qui en contiennent deux ne sont pas les mêmes d'une pièce à l'autre et ils reparaissent dans un ordre différent. La forme de ce poème, fixe dans les grandes strophes, est donc un peu flottante dans les quatre vers par lesquels elle s'achève. Si la Sextine avait rencontré plus de succès, nul doute que des règles très précises n'eussent mis un terme à ces hésitations (Georges Lote, Chapitre III. La sextine In : Histoire du vers français. Tome VI : Deuxième partie : Le XVIe et les XVIIe siècles, 1991 - books.openedition.org).

La mesure de 27,5 cm est dans le rapport 10/12 avec 0,33.

Le dixième demi ton de la gamme chromatique tempérée est LA (fr.wikipedia.org - Echelle chromatique, guitare-et-couleurs.com).

La longueur de corde vibrante est appelée diapason (distance sillet-chevalet) (www.slappyto.net).

Dénouer les fils

Le Sotré quittait sournoisement sa cachette pour aller tirer les cheveux des filles emmêler les quenouilles, souffler brusquement la lampe à huile. Quand il entendait des commères rêver tout haut de l'argent que leur rapporteraient leurs poules couveuses, notre lutin, espiègle et chapardeur, s'amusait à dérober, l'un après l'autre, les oeufs de la nichée. Quand disparaissaient la truelle du maçon, le rabot du menuisier, quand se nouait malencontreusement le ligneul du cordonnier, quand s'embrouillaient les fils du tisserand, il ne fallait pas chercher bien loin le Sotré était passé par là (Gabriel Gravier, Légendes de Lorraine, Tome 1 : Legendes des Vosges, 1985 - www.google.fr/books/edition).

Jeux et cruauté

Le Sotré, lutin parfois espiègle mais assez bienfaisant, parfois malin et compagnon du diable, errait jadis autour des chaumières pour tourmenter les gens et les animaux, bouleverser les ménages, semer le désordre dans les étables ; il allait même jusqu'à jouer des tours aux bûcherons. Un jour, ceux-ci le surprirent durant son sommeil, dans la caverne voisine où il avait élu domicile. Las des tracas qu'il leur faisait endurer, ils le ligotèrent et le jetèrent dans le vide.

Mais les humains ne sont pas les seuls à hanter les lieux où ils ont vécu. Depuis sa cruelle mésaventure, le Sotré revient, invisible, et se tient sur la roche pour assouvir sa vengeance. Malheur à qui s'approche trop près des bords de l'abîme : le Sotré ne manque pas de le pousser traîtreusement, et quand l'imprudent perd pied et tombe dans le vide, le Sotré lance des ricanements de plaisir qui se répercutent sinistrement d'écho en écho (Gabriel Gravier, Légendes de Lorraine, Tome 1 : Legendes des Vosges, 1985 - www.google.fr/books/edition).

Zone de la colère

Pour reprendre la lecture 71721075 à l'envers et en lettres : "SLOI ZLIL", zone et colère en russe :

L'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1871 supprima l'accès au Rhin et poussa la France à trouver une nouvelle liaison fluviale Nord-Sud dans l'Est du pays (le canal de l’Est branche sud relie la vallée de la Moselle à la Saône ; la branche nord suit la vallée de la Meuse). Ce sera chose faite entre 1874 et 1887 avec le percement du canal de l'Est. Ce canal franchit la ligne de partage des eaux entre les bassins de la Saône et de la Moselle (monts Faucilles), nécessitant un réservoir pour son alimentation et le fonctionnement des écluses. Un barrage fut établi sur la vallée de l'Avière, principalement sur les communes de Sanchey et Chaumousey. Le lieudit voisin, Bouzey, donnera son appellation au réservoir.

Dès sa mise en service, le barrage a subi deux accidents; le second qui découlait du premier mal réparé a eu des effets catastrophiques. le 27 avril 1895 à 5 h 15, alors que la retenue n’était qu’au tiers pleine, la partie haute de la maçonnerie de qualité médiocre, trop mince et mal réparée céda ; dans la vallée de l’Avière, jusqu'à Nomexy à son confluent avec la Moselle, il y eut 86 victimes directes de l’onde de vidange quasi instantanée de la retenue et plus de cent indirectement au cours des semaines suivantes dans les autres villages de la vallée, pour des raisons sanitaires (fr.wikipedia.org - Réservoir de Bouzey).

Une retenue d'eau dans le vallon de Benaveau, à Epinal à l'Ouest de La Croix Rouge, alimente le réservoir de Bouzey, qui se trouve à l'Ouest de la commune, par une conduite enterrée (Géoportail).

Il y a une rue de la Pelle à Epinal.

Soleil d'Austerlitz

La construction de l'Arc de Triomphe a été ordonnée par Napoléon Ier le lendemain de la bataille d’Austerlitz en mémoire des victoires des armées françaises (www.new-hotel.com).

Dans l'axe des champs Elysées, le soleil se lève certains jours de Novembre et de Février et se couche en Mai et en Août. L'axe fait un angle avec l'horizontale Est-Ouest de 25,8 degrés : azimuts 115,8 et 295,8 (LEVER COUCHER DU SOLEIL SOUS L’ARCHE DE L’ARC DE TRIOMPHE EN 2020 - www.imcce.fr).

13/10/2022 - Enregistrement n° 44 - 01:16:40 : Boussole - Utile pour sortir de l'énigme 650 MB : elle(la boussole) est beaucoup plus utile pour sortir que pour rentrer dans la 650 (71721075.fr).

Calculer une distance en lien avec le rapport musical 17/18 et la tirer avec l'angle défini précédemment pour atteindre "là".

Ou le "la", note de musique, qui est le dixième demi-ton de la gamme tempérée de 12 demi-tons.

La case sur une guitare, instrument à cordes comme la contrebasse de l'énigme 580, se mesure entre la 9e frette et la 10e. Cette case mesure ((17/18)**9 - (17/18)**10) x 8468,829612171920... mesures. 8468,829612171920... est la racine carrée de 71721075. Soit, si la mesure est 0,275 m :

(0,5978438230 - 0,564630277353) x 8468,829612171920 x 0,275

77,351961... mètres environ.

L'épée d'Austerlitz (ou épée d'Austerlitz de l'empereur Napoléon Ier) est l'épée portée par Napoléon Ier à la bataille d'Austerlitz. Cette bataille du 2 décembre 1805 est une victoire française décisive de la Grande Armée qui, malgré son infériorité numérique, bat les forces de la Troisième coalition qui se dissout à la suite de la bataille. Cette épée, symbole des campagnes et de la gloire de Napoléon Ier, voire incarnation de la l'héritage de l'Empire, est conservée au musée de l'Armée à Paris.

Le pommeau en or est sculpté et gravé de couronnes de lauriers. On y distingue à l’avers un médaillon représentant un casque à l’Antique et au revers une chouette, attribut d'Athéna et symbole de sagesse. La fusée est ornée de lauriers. À l’avers, dans un médaillon perlé, le profil d’Hercule, coiffé de la peau du lion de Némée. Tandis que l’autre face représente Alexandre le Grand, muni d’un casque sur lequel on distingue son fidèle cheval Bucéphale. La garde et la branche sont décorées de rosettes, lauriers et d’une double frise perlée. Une tête de lion, symbole de force, est sculptée au bout du quillon. Le clavier représente Napoléon couronnée de feuilles de chêne (fr.wikipedia.org - Epée d'Austerlitz, Épée d'Austerlitz de l'empereur Napoléon Ier - artsandculture.google.com).

Pierrette

Danseroche ou pierre Danserosse : Beaucoup plus près de la ville, à côté du chemin des Princes, dans la petite vallée de Saint-Antoine (qui était au XIXe siècle encore gardée par l'ermitage du même nom) se dresse à l'entrée, après un pont de chemin de fer, dans un vallon qui s'encaisse très vite et donne le départ à beaucoup de promenades, une grande roche de grès, plate sur son sommet. C'est ici qu'au XVIIIe siècle venaient danser des couples de Spinaliens, le deuxième dimanche de Carême, au son de la clarinette et du violon. Ces couples se formaient le dimanche précédent lors d'une cérémonie païenne, le donâge, qui consiste à «dôner» un «valentin» à «une valentine», une «féchenotte» à un «féchenot» souvent désigné par la malignité publique. C'est d'ailleurs ce qui fit interdire cette fête en 1776 puis à nouveau en l'an V. C'était un peu la fin du Carnaval à Épinal, le moment où l'on brûlait les «bures», des feux de bois, au moment où l'hiver commence à s'éloigner. Fête des «brandons», bien oubliée aujourd'hui, comme cette pierre Danseroche trop près de la civilisation matérielle. Mais sait-on jamais, la fête danse toujours au cœur des hommes (Michel Bur, Epinal, 1991 - www.google.fr/books/edition).

Valentin a sa Valentine, Pierrot a sa Pierrette (Imagerie d'épinal 1176 PIERRETTE & PIERROT - www.ebay.fr).

Pierrette - de son nom Lorrain -, titre et personnage de roman de Balzac qui se passe à Provins - on pense à la rose -, Valentine et Valentin, ébauche du même traitant d'un mariage mal accordé (on cherche vainement qui est le Valentin du titre alors que Valentine est mademoiselle Ridal, "fausse, froide et spirituelle"). Les Vosges apparaissent dans la Comédie humaine, la cousine Bette en est originaire, les Parents pauvres, le Député d'Arcis. On rencontrerait Balzac dans le roman de Regis Hauser, Le Piège de la Botaniste, où le voyou porte un nom qui serait tiré d'Une ténébreuse affaire.

Le véritable «morceau» militaire de La Comédie humaine se confond avec le récit d'un grognard dans Le médecin de campagne, morceau de bravoure en forme d'image d'Épinal qui fait de Balzac «un des grands artisans littéraires du mythe impérial» (Patrick Berthier, Absence et présence du récit guerrier dans l'œuvre de Balzac, dans L'Année balzacienne, 1984) (Georges Jacques, Balzac, faux disciple de Walter Scott, Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, Volume 77, Numéros 3 à 4, 1999 - www.google.fr/books/edition).

L'auteur à venir de la Comédie humaine a-t-il de bonne heure pu annexer, à son extraordinaire expérience des êtres et des types, des représentants de la Lorraine ? Une telle enquête a son importance, si l'on admet qu'une des initiatives maîtresses de son génie fut d'assigner à des régions de la France des sujets et des fictions paraissant appropriés au caractère dominant de chacune d'elles. Il ne semble point qu'à Tours aient résidé, au voisinage de sa famille, des Lorrains d'origine et au collège de Vendôme aucun de ses camarades ne paraît avoir été originaire de l'est de la France. En revanche, le professeur de musique Parisot était né à Longwy en 1771. Quant au professeur d'allemand Fischer, on serait plutôt tenté de voir en lui un Alsacien, et de le ranger dans l'abondante nomenclature des personnages que le grand romancier s'est plu à rattacher à cette province frontière, au détriment, semble-t-il, de sa voisine de l'ouest. Par un hasard singulier ce fut François-Guillaume Andrieux, né à Strasbourg en 1759, ancien professeur, à Polytechnique, de Surville, le fiancé de sa sœur Laure [qui auront une fille appelée Valentine], qui fut appelé à juger, en seconde lecture, la fameuse tragédie de Cromwell, et l'auteur des Étourdis, depuis longtemps passé à la réaction anti-romantique la plus intransigeante, prononça un verdict qui devait une fois pour toutes détourner le jeune ambitieux de toute velléité poétique.

A l'appui de cette enquête, je me permets de révéler qu'en 1949, au lendemain d'une émission radiophonique sur les provinces de France dans l'œuvre de Balzac, je reçus un message approbatif de Mme Carrier-Belleuse «en qualité de petite-fille de Laure Surville et par conséquent petite-nièce d'Honoré de Balzac».

Peut-être à Besançon a-t-il eu le temps, à l'aller ou au retour, de s'entretenir avec un contemporain qui devait mourir la même année que lui, Charles de Bernard, de qui le roman de Gerfaut (1838) se passera en grande partie dans les Vosges, et qui, en franc-comtois plus enraciné que Nodier, était bien informé de particularités qu'une bénigne frontière n'aurait pu dissimuler. C'est, comme on sait, Albert Savarus qui profitera de l'itinéraire franc-comtois et du voisinage helvétique. Mais cet avocat de Besançon fonde une Revue de l'Est qui témoigne d'affinités avec cette Lorraine dont Balzac demeure préoccupé. Est-il disposé à voir en son grand rival poétique Victor Hugo à qui il dédiera Les Deux Poètes d'Illusions perdues (1837) et qui prononcera son oraison funèbre, mais fils d'un général longtemps affairé en Espagne un produit de la région montagneuse ? [...] Le Pays Lorrain, chroniques des numéros d'avril 1925 et de décembre 1952, parle du «pic des Vosges» auquel le général Hugo attribue la «conception» de Victor, et conséquemment, la vertigineuse emphase de son lyrisme. [...]

Balzac, qui cite dans La Peau de chagrin Dom Calmet, le Bénédictin de Senones que Voltaire lui-même était allé consulter, tente-t-il de s'informer sur des questions qui l'embarrassent, comme une nette distinction, entre Alsace et Lorraine ? Dans Les Treize Montrivaud ressemble à Kléber par la vigueur de son front et l'audace tranquille de ses yeux; mais Duroc, né à Pont-à-Mousson, figure dans la Femme de Trente ans sans que des indications physionomiques lui soient attribuées. Et bien des allusions éventuelles ou des figures épisodiques, Mme Castanier de Nancy (Melmoth), la croix de Lorraine de la duchesse de Langeais, Ximeuse «fief en Lorraine» (Une ténébreuse affaire), Victor, duc de Bellune (Adieu), semblent les marques éparses d'un intérêt auquel manquerait une sorte de certitude expérimentale analogue à celle que les voyages de Balzac valaient à d'autres régions. On peut se demander, en raison d'un patronyme fréquent, si dans le Curé de village le personnage de Gérard, ancien élève de Polytechnique, impatient de la routine imposée par l'État et de la centralisation chère à une bureaucratie inactive, ne représente pas, en même temps que des idées balzaciennes, une sorte d'émancipation provinciale que même certains contacts parisiens avec des individualités lorraines lui permettaient d'ébaucher. A-t-il songé vers 1840 à faire de Pierrette une Lorraine ? On a constaté que la Champagne, «pays pauvre et pauvre pays», tenait une médiocre place dans la topographie romanesque de la Comédie humaine : cette enfant de la Brie champenoise a-t-elle servi à animer, après coup, cette région ? Dans quelle mesure l'intérêt de Balzac pour des traits régionaux pouvait-il, à défaut d'une documentation locale, se maintenir par des contacts parisiens ? Dans le présent, Louis Boulanger, le «peintre poète», Pixerécourt, «Shakespeare du boulevard», Eugène de Mirecourt (C. J. B. Jacquot de son nom) - dans le passé un auteur auquel il doit beaucoup, L. S. Mercier, d'origine messine et dont le séjour à l'abbaye de Domèvre en 1787 avait semblé un retour au pays -, offraient-ils (à défaut de la qualification militaire originelle), une certaine combativité les distinguant de la moyenne que, par ailleurs, l'exploration de la province avait permis au romancier de vérifier ? Comme une sorte d'ultime témoignage, La cousine Bette présente «dans un village situé sur les extrêmes frontières de la Lorraine, au pied des Vosges, trois frères du nom de Fischer, simples laboureurs». Adeline, la fille de l'un d'eux, pouvait être comparée à la fameuse Mme du Barry comme elle fille de la Lorraine». A cette blonde s'oppose sa cousine, «paysanne des Vosges dans toute l'extension du mot, maigre, brune, les cheveux d'un noir luisant... énergique à la manière des montagnards». On sait quel destin opposera la «vieille fille» à la baronne Hulot. Celle-ci devenue parisienne a-t-elle gardé «le mal du pays» ? Le simple mot «les Vosges» fit tomber cette mondaine «dans une rêverie profonde», et voilà, presque en fin de carrière, celui qui prétendait achever par la plume ce que Napoléon avait réalisé par l'épée (Balzac rue Cassini), mais qui, de plus en plus orienté vers l'Est européen, semble donner une sorte d'adieu à des régions qu'il aura négligées pour un lointain horizon (Baldensperger, Personnages lorrains dans l'expérience et l'oeuvre de Balzac, Le Pays Lorrain, 1956 - www.google.fr/books/edition).

Ximeuse est un fief situé en Lorraine. Le nom se prononçait Simeuse, et l'on avait fini par l'écrire comme il se prononçait. La grande fortune des Simeuse, gentilshommes attachés à la maison de Bourgogne, remonte au temps où les Guise menacèrent les Valois. Richelieu d'abord, puis Louis XIV, se souvinrent du dévouement des Simeuse à la factieuse maison de Lorraine, et les rebutèrent (Honoré de Balzac, Oeuvres complètes, Tome 12, 1870 - www.google.fr/books/edition).

De même le Saintois est aussi le Xaintois, dont Vaudémont était la capitale, avec sa "colline inspirée" de Sion.

Le général Victor est né à Lamarche dans les Vosges. Il se rallie à Louis XVIII même pendant les Cent jours (fr.wikipedia.org - Claude-Victor Perrin).

Il y a un chemin du Petit Poucet à Epinal.

Epinal sait ce qu'elle doit à ses images et aux humbles artisans qui les conçurent. Elle en est fière. Elle s'en pare comme d'un titre de gloire. N'a-t-elle pas choisi de s'intituler «Cité des Images» ? Tout dans la ville les évoque. Si, par aventure, il vous arrive de lui rendre visite, vous serez accueillis par le légendaire Chat botté, le pittoresque Cadet Rousselle, l'imposant Tambour-Major. Vous suivrez, sans risque de vous égarer, le chemin du Petit Poucet qui vous fera retrouver la Belle au bois dormant. Elle vous conduira à travers les rues où vous lirez les noms des vieux imagiers pour découvrir le château du Prince charmant, car il existe ce palais merveilleux. Il est bâti, sur les bords de la rivière, à l'ombre d'arbres majestueux. Il s'appelle aujourd'hui Musée international de l'imagerie (Jean Mistler, François Blaudez, André Jacquemin, Épinal et l'imagerie populaire, Guides bleus, 1961 - www.google.fr/books/edition, Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales, Partie 2, 1980 - www.google.fr/books/edition, adresse.data.gouv.fr).