Partie VII - Cohérence grand nonagone   Chapitre L - Troisième Etoile   Troisième Etoile - La Belle Etoile 1   

La Belle Etoile

A Cerisy-la-Belle-Etoile, selon la légende, il y avait dans la forêt, une source connue sous le nom de Fontaine-aux-Fées. La châtelaine, attendant en vain le retour de son mari, compagnon de Philippe-Auguste à la croisade, aperçut en plein jour une étoile se reflétant dans la source. Ce signe lui annonçait la fin de son angoisse. En reconnaissance le couple érigea une abbaye et lui donna le nom de la Belle-Etoile miraculeuse. Or on lit dans la charte de la fondation (1216) que l'Abbaye fut construite IN LOCO QUI DICITUR BELLA STELLA. C'est un toponyme forestier assez fréquent, et qui correspond généralement à une convergence de chemins. Mais la fontaine-aux-fées n'en apparaît pas moins dans les relevés les plus anciens des bois de l'Abbaye, ceux du XVIème siècle, avec l'écriture Fontaine-au-Fay. Fay qui vient de Fagus, désigne un Hêtre. Le mot est courant dans la toponymie. De surcroit, le nom du fondateur de l'abbaye a aussi quelque chose à voir avec le Hêtre. Il s'appelait Henri de Beaufou. L'actuelle commune de Beaufour dans le Pays d'Auge est le lieu d'origine de cette famille, dont le nom latinisé est Bella Fagus, c'est à dire beau hêtre. En Angleterre, il y a toujours des descendants de cette ancienne maison normande, solidement implantée outre-Manche depuis la conquête (Belfou, Belfour, Balfour) ( Jean Fournée, L'arbre et la forêt en Normandie).

Par cette légende, cette étoile du nonagone sera appelée la belle Etoile.

Les Veilleurs

Le seul passage de toute la Bible juive où interviennent les " veilleurs " qui à la même époque occupent le premier plan dans les textes d'Hénoch, est (Daniel 4, 7- 14).

Le songe de Nabuchodonosor

Voici : un arbre au centre de la terre, très grand de taille. L'arbre grandit, devin puissant, sa hauteur atteignit le ciel, sa vue, les confins de toute la terre. Son feuillage était beau, abondant son fruit ; en lui chacun trouvait sa nourriture, il donnait l'ombre aux bêtes des champs, dans ses branches nichaient les oiseaux du ciel et toute chair se nourrissait de lui. Je contemplais les visons de ma tête, sur ma couche. Voici : un Veilleur, un saint descendu du ciel. A pleine voix, il crie : Abattez l'arbre, brisez ses branches, arrachez son feuillage, jetez son fruit, que les bêtes fuient son abri et les oiseaux ses branches. Mais que restent en terre souche et racines dans les liens de fer et de bronze, dans l'herbe des champs. Qu'il soit baigné de la rosée du ciel et que l'herbe de la terre soit sa part avec les bêtes des champs. Son cœur se détournera des hommes, un cœur de bête lui sera donné et sept temps passeront sur lui ! C'est la sentence que prononcent les Veilleurs, la question tranchée par les saints, afin que sache tout vivant que le Très-Haut a domaine sur le royaume des hommes : il donne à qui lui plaît, et élève le plus bas d'entre les hommes ! "

Nebuchadnezzar, by William Blake

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Le mot 'ir (veilleur en hébreu) "est ici pris en un sens favorable, accompagné de qaddish " saint ". Il n'en découle pas que les deux termes soient synonymes. Les " Veilleurs " renvoient à l'image babylonienne des esprits-souffles animant les étoiles qui " veillent " toute la nuit, à labelle ordonnance des " stations " célestes qui fondent l'harmonie cosmique ; mais s'ils ont part à la " sentence " des juges suprêmes il faut qu'ils occupent, parmi les l'ensemble des " saints ", un rang d'éminente dignité, sans commune mesure avec les " myriades de myriades " qui se tiennent " debout " tandis que le tribunal est " assis ". Ils ressemblent aux " fils de dieux " qui composent, dans le prologue de Job, un Conseil d'en-haut, avec faculté de prendre la parole pour émettre leur avis, amis meurs prérogatives se sont accrues puisqu'il leur appartient de " trancher la question ". Ces Veilleurs " ne font que transmettre la sentence divine ", a-t-on pieusement affirmé. Le texte ne dit rien de tel, au contraire il paraît bien leur attribuer l'initiative. Ce serait porter à ses conséquences ultimes la transcendance du Très-Haut qui délègue ses pouvoirs pour la gestion des affaires humaines. Se consacrant à des tâches plus importantes, il se fie en pareil cas, diront certains rabbins, aux délibérations de son Conseil." [1]

Une lecture gnostique de ce passage de Daniel peut se faire par le rapprochement entre la rosée qui habille Nabuchodonosor et celle qui symbolise la Sophia, ainsi que par l'expansion du " corps " de Nabuchodonosor et les dimensions de l'Anthropos.

Chez les Ophites, selon le résumé de leur doctrine que donne saint Irénée, de la Femme sort une rosée de lumière, comme d'une eau en ébullition ; cette rosée est un être androgyne appelé Sophia ou Prounikos. Cet être tombe jusqu'eaux eaux d'en bas où la matière adhère à lui, " l'alourdit et l'empêche de remonter vers la Mère sans pouvoir parvenir à l'engloutir. Grâce à la force de la Lumière qu'elle a reçue, Sophia se soulève et de son corps tendu forme le ciel visible ".

Le nom akkadien de Nabuchodonosor Nabû-kudurri-usur, signifie "Oh Dieu Nabû, préserve mon fils premier ". Dans une inscription, Nabuchodonosor, roi de Babylone conquérant de Jérusalem, est appelé "Favori de Nabû". Ecrit Nebo dans la Bible hébraïque, donnant son nom au Mont sur lequel Moïse mourut, Nabû est attesté au XXIVème siècle avant J.-C. et devient au début du IIème millénaire le dieu de la ville de Borsippa. Fils du dieu Marduk et de la déesse Sarpanîtum, il avait le calame pour symbole et était le dieu de la Sagesse, de l'écriture, de la connaissance et des destins. Son nom signifierait "celui qui annonce". Certains lui attribue la déesse sumérienne de la sagesse Nisaba pour parèdre. Nabû sera adopté par les Assyriens avec Salmanazar Ier (1274-1245) et vénéré en Orient jusqu'à l'époque greco-romaine, notamment à Palmyre où il assimilé à Apollon, dieu des oracles comme lui[2].

Nabuchodonosor nomme le Dieu des Hébreux El'Elyon (3, 26) : c'est le " Dieu Très- Haut " qui préside dans les Psaumes "l'assemblée des fils de Dieu".

Chez beaucoup de Sémites l'époque hellénistique et romaine est marquée par un renouveau de la foi en un " Dieu Très-Haut " ou " Dieu du Ciel ", souvent identifié au Seigneur de l'Orage […] Cette figure remontait à un lointain passé. C'est elle que la Bible avait vénérée sous le nom d'El 'Elyon, " le Très-Haut qui fit le Ciel et la Terre ". Le Dieu qui possédait à Béthel sa maison, " lieu terrible " et " porte du ciel ", lui ressemblait fort.[3]

L'essor de la théorie de l'anthropos divin, Adam Elyon, dans le principal courant de la kabbale ouvrit la voie à des affinités complexes entre commandements, membres humains et membres divins. L'expression Adam Elyon décrit une structure complexe de dix sefirot et unifie ainsi divers symboles des membres spécifiques. Une nouvelle interprétation influente de la raison d'être des commandements vit le jour dans les années 1670 avec l'émergence du système global de rabbi Isaac Louria Achkenazi. L'observance des dix commandements est, elle aussi, réglée par la structure divine de l'homme divin, désormais appelé 'Adam Qadmon, " l'homme primordial ".

La première forme qui résulte de l'émancipation, à l'issue du Tsimtsum de Dieu en lui-même, et qui remplit tout l'espace des mondes est précisément désigné comme l'Adam Qadmon, l'homme primordial.

"L'homme céleste, l'Anthropos du Pimandrès, a pour compagne Physis. Nature est donc l'autre nom de la troisième émanation divine, comme Sophia était celui du " grand frère ". Le traité XIV (2, 4, 7) du Corpus hermeticum affirme que, si Dieu crée, c'est pour se rendre visible. Cette Création est donc le corps de Dieu. De son côté l'auteur de l'Asclepius écrit : Dieu a deux image, le monde et l'homme Elles correspondent aux deux Natures, celle d'en-haut et celle d'en-bas, l'épouse du Logos, et l'épouse d'Anthropos. Deux Natures, et pourtant la même, cette Schékina, deuxième mais aussi dixième séfira. Le traité IV du Corpus précise : " C'est là son véritable corps, qu'on ne peut ni voir, ni mesurer, qui n'a point de dimension, qui n'est semblable à aucun corps. Car il n'est ni feu, ni air, ni souffle mais toutes choses proviennent de lui ". Il s'agit du corps en quelque sorte incorporel de la deuxième émanation. La deuxième image de Dieu est l'homme, époux de la Nature invisible d'en-bas ; cet Anthropos a pour corps le cosmos lui-même, et ses membres correspondent aux points cardinaux."[4]

La gnose de Valentin et sa doctrine des deux Sophias, celle du Plérôme et celle d'en bas, se retrouve aussi chez Simon le Magicien et les textes d'Epiphane. La gnose valentinienne est réapparue à travers le livre du Bahir, qui invente les deux Schekina, et chez les chrétiens du nord de l'Espagne.

"Les images et symboles du Bahir montrent que la Schékina est un aspect de Dieu, féminin, et qu'elle occupe dans la hiérarchie des hypostases divines le deuxième rang (en ordre descendant). En effet les noms des trois premières séfiroth sont dans la Kabbale postérieure : Keter, Hokmat et Binah. En identifiant la Schékina, ou la fille d'Abraham, à la mer d'Hokmat, on lui accorde bien le deuxième rang. Le même texte évoque l'existence d'une Schékina inférieure, située au dixième rang et qui représente le féminin " comme mère, épouse et fille à la fois ". On rencontre dans le Livre Bahir le mythe du mariage du fils et de la fille du roi. Or il semble que là encore nous en retrouvons l'équivalent dans la tradition iranienne. Lorsque Gayômart, fils de Spenta Armaïti, tombe sous les coups d'Ahriman, les sept métaux sortent de lui. Le huitième, l'or, la semence, symbolisant le Moi transcendantal, est recueilli, on l'a vu, par la Terre ou plutôt l'Ange de la Terre, Spenta Armaïti, qui le garde 40 ans. C'est alors que s'élève du sol une plante extraordinaire qui constitue le premier couple humain, si étroitement uni qu'il était impossible d'y distinguer le masculin du féminin. Le fils de Spenta Armaïti est donc l'Anthropos primordial. Unir le fils du roi à la fille du roi équivaut par conséquent à unir Gayömart, l'homme primoridal, à la figure féminine Daena."[5]

Les sept métaux qui sortent de Gayômart sont les homologues des sept hommes primordiaux debout, dans le mythe du Poimandrès.

On peut édicter les intentions profondes de Zoroastre en les regroupant "autour de quelques idées à tel pojnt convergentes qu'elles composent un véritable système. A) parmi les deux classes de divinité en compétition chez les Indo-iraniens, les ahura sont magnifiés, les daeva dévaluées. Celles-ci absorbent, outre les démons, tous les anciens dieux rebelles à la foi " monothéocratique " ; elles incarnent les forces du Mal et il est interdit de leur rendre un culte. B) parmi les ahura un seul acquiert l'absolue prééminence. Il est probable qu'il a hérité, de l'antique couple Mithra-Varuna, la part de Varuna, s'appropriant les attributs d'Ahura par excellence et de Mazda, " sage " ; mais il est conçu de façon nouvelle, comme Dieu transcendant et non plus comme membre d'un panthéon mythique. C) le conflit entre le Bien et le Mal n'oppose pas deux principes coéternels. Il a pour origine la scission de l'Esprit émané d'Ahura Mazda, créateur unique, entre deux entités, l'une " sainte " l'autre " destructrice ". la destinée de chaque homme dépend de son adhésion à l'un ou à l'autre des deux Esprits. d) Les anciens dieux qui n'ont pas été rejeté du côté des démons en tant que daeva demeurent des ahura dignes du culte et bienveillants, mais il sont subordonnés au Dieu suprême, Ahura Mazda, de telle façon qu'ils renoncent à leur personnalité autonome pour se mettre au service de ses desseins. Ils ne se distinguent guère de lui que comme ses émanations moins éloignées des hommes, presque ses hypostases. Ils composent le septuor des Amesha Spenta :[6]

Domaine Cosmique

Dieux indo-iraniens

Entités de Zoroastre

Signification

Vent+Homme

Vayu

Spenta Mainyu

Esprit Saint

Bœuf sacré

Mithra

Vohu Manah

Bonne Pensée

Feu

Varuna

Asa

Justice+Vérité

Métal

Indra

Vairya Xsathra

Désirable Empire

Terre

Sarasvati

Armaïti

Soin appliqué

Eaux

Gémeaux

Haurvatat

Intégrité

Plantes

Nâsatya

Ameretat

Immortalité

La présence des " entités bonnes " de Zoroastre dans les textes juifs n'apparaît plus aussi rare qu'on le croyait en un temps où Philon passait pour le seul témoin. Dans la Liturgie angélique de Qumrân et le Testament de Lévi, elle se précise au point de permettre une correspondance terme à terme. Le plus souvent elle n'est que globale et se traduit par sept effusions spirituelles, ou par l'Esprit-Saint épanchant six esprits de grâce sur le Messie davidique d'Esaïe, sur l'Elu des Paraboles, sur la Terre pacifiée selon un Oracle sbyllin. Quel Chrétien, lisant l'Apocalypse de Jean (3,1), se ressouvient que les " sept esprits de Dieu " en flammes devant le Trône ont été jadis les sept Amesha Spenta du Seigneur Sage, Ahura Mazda ?

Asmodée, présent dans l'église de Rennes-le-Château, opposé à Raphaël comme " le pire des démons " vient de l'Avesta : l'hymne au Xvarenah , à la " Gloire royale " que se disputent les deux Esprits, présente Aesma, " la Fureur " comme le " pire des daeva ".[7]

Selon Van Lennep dans son Alchimie, les Vierges noires " dérivaient de divinités chthoniennes invoquées dans les rites de fécondation et de parturition et qui doivent être mises en rapport avec le mythe de la terre noire, la terre féconde, dont il est question dans l'Aurora. On peut associer cette créature à la reine du Midi, l'épouse de Salomon qui était noire et qui dans le texte est identifiée à la Sagesse, mère de la pierre philosophale, venue de l'orient, comme l'aurore qui se lève. "

" J'ai cherché à la prendre pour épouse " lit-on dans le Livre de la sagesse (8, 2), présent dans la bible catholique et qui est resté en dehors de la Bible hébraïque et donc des bibles protestantes. Quelques années avant Jésus, un Juif cultivé d'Alexandrie a osé exprimer sa foi et ses traditions juives séculaires dans un langage nouveau : celui de la rhétorique grecque, à l'intention de ses contemporains, juifs ou païens. Il a fourni aux chrétiens bien des concepts pour dire le mystère de la Sagesse faite chair en Jésus.

Pour se rapprocher de notre continent et de sa tradition, une transition est nécessaire par le Roman de Jaufré, roman nuptial comme celui de Wigalois, ou Lanzelet. Nuptialité dont témoignent l'épitaphe de Claude Fusée, dans l'église Saint-Eloi de Villiers-en-Bière " Nuptarum celebris ", l'obélisque de Moissy-Cramayel, célébrant 20 ans de mariage ou le nom du village de Ladon, rappelant le fleuve Ladon et la comédie des Amours aquatiques qui est terminée par le mariage d'Alphée & d'Aréthuse, & celui du Ladon avec Erimanthe.

Le nom de Brunissen " a une consonance occitane. Il est par ailleurs utilisé en Occitanie pour qualifier certaines voies romaines dites " Chaussées Brunissen ", appellation qui trouve son équivalent dans l'est de la France avec les " Chaussées Brunehaut " et en Bretagne avec les " Chaussées d'Ahès ". A ce compte, Brunissen, Brunehaut et Ahès seraient les noms locaux d'un même personnage, une sorte de divinité protectrices des routes et des carrefours, donc une Hécate, quelque peu infernale et en tous cas marquées par la couleur noire. cette couleur est assurée pour le nom de Brunissen, par celui de Brunehaut (Brunhilde) et par le caractère que la légende bretonne donne à Ahès-Dahud, la princesse d'Is, fille du roi Gradlon. Brunissen est peut-être un de ces divinités qui, récupérées par le Christianisme, sont devenues des Vierges Noires. ".[8]

Jaufré se marie avec Brunissen, souveraine de Montbrun. Mais que devient le seigneur de Montbrun Mélian de Monmelior, torturé par Taulat qui sera défait et envoyer à la cour d'Arthur ?

Mélian du celte mediolanum qui veut dire centre sacré renvoie au 2ème chakra, Svadhishtana (" plaisant "). L'accusation de baisers " obscènes " proférée contre les Templiers plaide pour une connaissance de ce que représentaient les chakras à cette époque par les Templiers eux-mêmes ou leurs accusateurs. Ce centre sacré doit son nom au sacrum, l'os du bassin formé par les cinq vertèbres sacrées. Il tient son nom de ce que les Latins et les Grecs offraient aux dieux cette partie des animaux de sacrifice. Grâce à une ruse de Prométhée, ils mangeaient le reste. Hésiode présente cette ruse comme une supercherie dérivant tout autant " d'une maligne intention de faire pièce à Zeus que du désir de venir en aide aux mortels " ; par deux fois, il appelle le Titan " Prométhée aux pensers fourbes ". Ce mythe, selon Hésiode, fait de Prométhée " beaucoup moins un bienfaiteur que l'artisan de la déchéance de l'humanité qui est condamnée de son fait au dur travail et à la souffrance " (principe de réalité…).

Zeux, furieux de ce partage sacrificiel confisqua le feu aux hommes. Prométhée convainc Athéna de le ravir au ciel, et il n'en descendit qu'après avoir dérobé aux dieux, pour le donner à l'homme, le feu, élément indispensable à l'industrie humaine. Ce feu divin qu'il apporta sur la terre, Prométhée le prit, dit-on, au char du Soleil, et le dissimula dans la lige d'une férule, bâton creux ou d'un fenouil.

" L'idée d'un feu cosmique organisateur et artiste est largement présente dans la philosophie de l'Antiquité. Chez Héraclite, le feu n'est pas seulement l'élément physique primordial. Il est substantialisation du Logos, du principe qui gouverne et ordonne l'univers. Il est Sens substantialisé, par quoi le Logos est à la fois transcendant et immanent au monde. Il est dit aussi que " la foudre gouverne toutes choses ". Le cosmos est lui-même une sorte de flamme en devenir éternellement vivante. Chez les Stoïciens, Dieu est à la fois le monde et le Logos qui le gouverne. Il est appelé le " feu artiste ". D'autres désignations de Dieu comme " souffle " ou " esprit " sont souvent accompagnées de l'adjectif " igné ". Pour les Stoïciens comme pour Héraclite, l'âme est un feu, un souffle igné et un principe organisateur. " (Pierre Commelin, Michèle Pichon, Esthétique et épistémologie du naturalisme abstrait).

"Irrité d'un si audacieux attentat, Jupiter ordonna à Vulcain de forger une femme qui fût douée de toutes les perfections, et de la présenter à l'assemblée des dieux. Minerve la revêtit d'une robe d'une blancheur éblouissante, lui couvrit la tête d'un voile et de guirlandes de fleurs qu'elle surmonta d'une couronne d'or. En cet état, Vulcain l'amena lui-même. Tous les dieux admirèrent cette nouvelle créature, et chacun voulut lui faire son présent. Minerve lui apprit les arts qui conviennent à son sexe, entre autres l'art de faire de la toile. Vénus répandit le charme autour d'elle avec le désir inquiet et les soins fatigants. Les Grâces et la déesse de la Persuasion ornèrent sa gorge de colliers d'or. Mercure lui donna la parole avec l'art d'engager les cœurs par des discours insinuants. Enfin, tous les dieux lui ayant fait des présents, elle en reçut le nom de Pandore (du grec pan, " tout ", et doron, " don "). Pour Jupiter, il lui remit une boîte bien close, et lui ordonna de la porter à Prométhée. Celui-ci, se défiant de quelque piège, ne voulut recevoir ni Pandore, ni la boite, et recommanda même à son frère, Épiméthée, de ne rien recevoir de la part de Jupiter. Mais Epiméthée, dont le nom en grec signifie " qui réfléchit trop tard ", ne jugeait des choses qu'après l'événement. À l'aspect de Pandore, toutes les recommandations fraternelles furent oubliées, et il la prit pour épouse. La botte fatale fut ouverte et laissa échapper tous les maux et tous les crimes, qui depuis se sont répandus dans l'Univers. Epiméthée voulut la refermer ; mais il n'était plus temps. Il n'y retint que l'Espérance qui était près de s'envoler, et qui demeura dans la boîte hermétiquement refermée. Jupiter, enfin, outré de ce que Prométhée n'avait pas été dupe de cet artifice, ordonna à Mercure de le conduire sur le mont Caucase, et de l'attacher à un rocher, où un aigle, fils de Typhon et d'Echidna, devait lui dévorer éternellement le foie. D'autres disent que ce supplice ne devait durer que trente mille ans." (Pierre Commelin, Mythologie gréco-romaine).

Selon Platon, le foie est comme un miroir qui, après avoir, pendant la vie, servi de réflecteur à la pensée divine et produit la divination intuitive, garde après la mort les traces des images contemplées par l'âme. Parmi les viscères, le foie est, pour les Grecs comme pour les Étrusques, le siège par excellence de la divination, le " trépied de la mantique. " Sans tête ou lobe, il présage la ruine et la mort. Ainsi fut averti de sa fin prochaine Alexandre. Mais ce premier examen n'était que le commencement d'une analyse compliquée où l'on passait en revue tous les signes ou " langues " du foie (http://www.oneplayer.com/).

Prométhée étant le " Prévoyant, qu'il fut atteint au foie, objet de l'attention des mages et devins, n'est pas pour étonner. Le foie était aussi une des pièces de boucherie issues des sacrifices que Prométhée réserva par ruse aux hommes en en privant les Dieux.

" Il est parlé dans l'Ecriture de neuf especes de divination. La premiere se faisoit par l'inspection des étoiles, des planetes & des nuées; c'est l'astrologie judiciaire ou apotélesmatique, que Moyse nomme méonen. La séconde est désignée dans l'Ecriture par le mot menachesch, que la vulgate & la plupart des interpretes ont rendu par celui d'augure. La troisieme y est appellée mecascheph, que les Septante & la vulgate traduisent maléfices ou pratiques occultes & pernicieuses. La quatrieme est celle des hhober ou enchanteurs. La cinquieme consistoit à interroger les esprits pythons. La sixieme, que Moyse appelle des judeoni, étoit proprement le sortilége & la magie. La septieme s'exécutoit par l'évocation & l'interrogation des morts, & c'étoit par conséquent la necromantie. La huitieme étoit la rabdomantie ou sort par la baguette ou les bâtons, dont il est question dans Osée, & auquel on peut rapporter la bélomantie qu'Ezechiel a connue. La neuvieme & derniere étoit l'hépatoscopie, ou l'inspection du foie. " (Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers).

Le Logos gnostique abandonne Sophia qui épouse son frère Anthropos, comme Prométhée abandonne Pandore pour la laisser à son frère. Dieu, selon Philon, a deux fils, dont l'un reste près de lui. Le deuxième, c'est le cosmos, Anthropos selon le traité IV du Corpus hermeticum, qui est le fils puiné. L'autre est appelé Idée - car il est spirituel -, il l'a honoré du droit d'aînesse et décidé de le garder auprès de lui. " Pour éclairer ce mythe assez étrange selon lequel le frère cadet épouse la femme délaissée par son aîné, on peut se référer à l'histoire de Prométhée et d'Epiméthée. Le premier avait mis en garde son frère contre les cadeaux empoisonnés de Zeus, c'est-à-dire contre Pandore […] Il est évident, par le contexte, que les présents de Zeus Olympien ne sont nullement la Fatalité, mais bel et bien la Femme : " C'est pourquoi, écrit Zozime, Hésiode appela l'homme extérieur [c'est-à-dire celui qui est soumis à la Fatalité] le lien avec lequel Zeus enchaîna Prométhée. Après ce lien, Zeus lui en envoya un autre, Pandore, que les Hébreux appellent Eve ".[9]

Nous avons à faire à deux mariages successifs. C'est aussi le cas pour sainte Catherine dans une version prude et christianisée. La Légende dorée dit bien que Maximien offre le mariage à Catherine. A Villemoutiers, l'église paroissiale abrite une statue de sainte Catherine foulant aux pieds l'empereur Maximin en bois polychrome. Elle doit choisir entre son Epoux céleste et l'empereur fait Auguste par Dioclétien en 286 : Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maximianus Pius Felix Invictus Augustus Herculius. Hercule comme nous le voyons dans la reconstitution du mythe de Rhiannon par J.-J. Hatt.

" En Grèce on offrait des cerfs en sacrifice à Artémis au mois d'Elaphebolion, le neuvième mois de l'année attique qui était consacré à la déesse chasseresse, fournissant un parallèle à la chasse printanière au cerf chez Chrétien et autres écrivains du Moyen Âge. La chasse au blanc cerf pourrait cependant être plus particulièrement liée à la structure mythologique de l'" enlèvement de la reine " ou de la déesse, partagée entre ses " deux époux " dont la nature opposée se refléterait dans la chute et la recroissance des bois du cerf. Selon J.-J. Hatt, les différentes plaques illustrées du chaudron de Gundestrup forment une suite narrative qui serait le " récit " d'un mythe celtique dont certains éléments se trouvent sur d'autres monuments gaulois. Le mythe raconterait la façon dont la reine-déesse Rigani (cf. Rhiannon) épouse successivement Taranis, le dieu " tonnerre " du ciel, et Esus-Cernunnos, le dieu chthonien. L'immolation du cerf permet à Cernunnos ("le Cornu"), qui porte des bois de cerf pendant l'hiver, de retrouver sa forme humaine, Esus, et de remonter sur terre où il pourra épouser la déesse qui lui a préféré Taranis pendant les mois d'hiver. Une scène où l'on voit Smertullus, l'Hercule gaulois, tuant le cerf est conservée sur une stèle consacrée au dieu du cerf du Donon : Smertullus porte sur ses épaules une peau de loup, de la main droite il tient le cerf par l'un de ses bois et s'apprête à le sacrifier en lui frappant le crâne d'un coup de hachette qu'il tient de la main gauche. " LyonÁsdís R. Magnúsdóttir, La voix du cor

L'image de Smertulos représenté avec sa massue tenant le serpent dans sa main rejoint le mythe du cerf opposé au serpent dont parle Anne Jourdan-Lombard. Smertulos immolant le cerf n'est qu'un aspect de Cernunnos qui se débarrasse de sa part d'animalité pour accéder à la forme humaine Esus. Chaque année, les Gaulois célébraient l'événement par une chasse en forêt : cerfs et biches étaient pris, tués, dépecés; hommes et femmes se revêtaient alors de leurs peaux et dansaient pendant plusieurs jours. Cette fête est devenue notre carnaval. Ainsi la fête des cocus portant bois de cerf, à Servon dont le nom est à rapprocher de celui du cerf.

La belle étoile est intimement lié au pèlerinage de Compostelle, en témoignent les villes et villages but d'étapes du chemin de Saint Jacques : Vézelay, Monségur, Pieusse, La Vinzelle (Grand-Vabre), Asquins etc (Vieille-Chapelle - Briscous et Briscous - Ban-Saint-Martin)).

Ce chemin est aussi lié avec l'imagerie du cerf (Le Patchalet - Edern).

La Collégiale de Santa María de Orreaga/Roncevaux, ancien hôpital de pèlerins fut construite entre la fin du XIIème siècle et le début du XIIIème. Son maître-autel est présidé par la statue de Santa María de Roncevaux (XIVème), oeuvre gothique en bois recouvert d'argent qui, selon la légende, apparut miraculeusement une nuit, annoncée par un cerf sur les bois duquel brillaient deux étoiles. Au Puy-en-Velay, c'est au IVème siècle que remonte la légende d'une guérison miraculeuse au Mont Anis, sur la " Pierre des fièvres ", un dolmen. Apparue en songe à la miraculée, la Vierge demanda qu'un sanctuaire lui soit dédié en ce lieu. Au matin suivant, le sanctuaire était délimité par les traces laissées par un cerf dans la neige. Ainsi naquit le pèlerinage, qui prit une nouvelle extension au Xème siècle avec la vénération d'une Vierge Noire aux origines mystérieuses.

Sphère de la Psyché - selon Gerschom Scholem -, la Shekinah, ou la Sophia, est partagée entre plaisir et raison, entre principe de plaisir et principe de réalité dirait Freud.

Un petit tour dans le mythe grec de Psyché s'impose.

Psyché est une nouvelle allégorie de l'âme comme l'est Pandore chez Plotin. Véronique Gély montre que Psyché a pris le relais de Pandore : la Psyché d'Apulée serait une " Pandore sauvée " car elle résout les conflits que Pandore faisait naître. (Véronique Gély, L'Invention d'un mythe : Psyché).

Psyché acquiert une parcelle de sagesse à travers les épreuves envoyées par Vénus, prenant conscience de ses limites, thème présent chez La Fontaine dans sa version du mythe. Mais Vénus imagine un quatrième travail : Psyché devra se rendre aux Enfers et demander à Proserpine un certain onguent de beauté dont Vénus a besoin. La déesse compte bien que Psyché ne surmontera pas les mille difficultés de l'entreprise - qu'elle a soin de multiplier elle-même. Mais une tour, d'où Psyché veut se précipiter, pour mettre fin à sa vie misérable, prend la parole, la dissuade de cette extrémité, et donne des instructions précises, qui permettent à Psyché de mener à bien son voyage outre-tombe. C'est la Tour du veilleur (Psyché et Eros). Comme une tour du silence zoroastrienne, porte de la mort. Psyché surmonte ainsi le désespoir inspiré par sa finitude et là on peut symboliser cette victoire par un mariage avec le Logos qui n'est pas personnifié.

Tour du silence, Yadz.

Mais Psyché ouvrira le coffret où doit se trouver l'onguent divin, elle soulève le couvercle, mais il n'y a dans la boîte qu'un sommeil de mort, qui s'empare de la pauvre fille et la terrasse. Cupidon/Eros la rappellera à la vie et à la divinité. (Apulée, Cupidon et Psyché). Alternativement Psyché passe du Logos à Eros.

Tour et onguent se retrouvent étrangement dans le psaume manichéen copte de Thomas (Les Trois Marie).

Eve a deux maris, selon Philon d'Alexandrie, le plaisir (le serpent) et la pensée (Adam). Le système semble descendre d'un cran, Adam jouant le rôle du Logos, et le serpent celui de l'Homme mais est corroboré par une stèle dans un petit village des Pyrénées catalanes : Tirvia, sur les nonagones espagnols.

" La stèle de Tirvia signifie de la sorte que par l'Incarnation et la Passion, comme l'indique la croix de gauche, le monde sublunaire que symbolise le croissant tenu par la main de l'Enfant (dans la Kabbale postérieure, la dixième séfira est symbolisée par la Lune) se trouve élevé au niveau du Plérôme. La figure d'en bas (encadrée des quatre côtés, symboles des quatre éléments ?), symétrique de celle d'en haut, qui est le visage de la Vierge, remonte au Plérôme par le bras qui monte jusqu'à la huitième ou la neuvième sphère. De même que la face A parlait du salut d'Adam sur le crâne duquel était planté la croix salvatrice, de même la face B dit que, par l'Incarnation, l'Eve d'en bas a été ramenée au Plérôme et que la Vierge est la Sophia d'en haut devenue " une femme de la terre ", mais " bénie entre toutes les femmes ", car " elle est le Plérôme ". [ La Vierge Marie tient sur ses genoux l'Enfant, comme deuxième et dixième émanation divine.] Un demi-cercle surmonte la tête de la Vierge. En bas, dans une figure à quatre côtés, une autre tête est sculptée, et de là une main, à droite, s'élève jusqu'à une sphère située à peu près au niveau du visage de la Vierge. De l'autre côté, une autre main, venu de l'Enfant, soutien un arc de cercle que l'on peut identifier comme étant un croissant de Lune. A droite, s'élève un chapelet vertical de sept petites sphères surmontées de deux autres plus grosses, l'une à côté de l'autre : c'est là qu'aboutit la main qui s'élève de la figure d'en bas de la stèle. A gauche, symétriquement au sept sphères, une croix est gravée.[…] La face A représente le Christ en croix entre les deux larrons. La tête d'un seul larron est surmontée d'un petit visage sans cou qu'on retrouve en deux exemplaires au- dessus de la tête du Christ ; le plus remarquable est que la croix du Christ semble plantée sur la tête d'un petit personnage accrochée directement aux jambes. Il s'agit sans doute d'Adam. La Crucifixion a été copiée du folio 16 du Beatus de Gerone. " [10]

Egrégore

La belle étoile est lié à la notion d'égrégore, non seulement suivant en tant quéléments des nonagones qui pourraient eux-mêmes former structure issue d'un "psychisme collectif" comme le dit Serge Orefura dans sa préface (Préface) mais aussi, rappelons-le par l'événement que constitue le décès d'Oswald Wirth dans un "coin perdu" de la France : Mouterre-sur-Blourde, noeud sur les tracés.

" La contribution de Carl Gustav Jung, en termes de psychologie collective, consiste en ce qu'il a su - distinguant de la sorte son analyse de l'inconscient de l'approche freudienne - envisager le groupe comme instance psychique originaire : c'est l'idée de psyché collective. Pour qui se penche sur les aspects psychologiques du phénomène juridique, la contribution de Jung apparaît considérable. Comprendre le fondement psychique du droit implique de saisir le rapport entre psyché individuelle et psyché collective. Le droit est en premier lieu manifestation de la psyché collective. " (Christopher Pollmann et Hugues Rabault, La fonction psychique du droit).

Le droit est un mode d'expression du principe de réalité. Celui-ci " forme couple avec le principe de plaisir qu'il modifie : dans la mesure où il réussit à s'imposer comme principe régulateur, la recherche de la satisfaction ne s'effectue plus par les voies les plus courtes, mais elle emprunte des détours et ajourne son résultat en fonction des conditions imposées par le monde extérieur ".

Ce principe de réalité est arbitraire, n'est pas intangible, ne va pas de soi. Il est possible de définir le Logos comme symbole du principe de réalité qui se construit dans à la fois à travers les rapports des individus d'une société et ses liens avec l'environnement. Le Logos est aussi le langage qui est un ordre : syntaxe, grammaire, qui reflète l'ordre de la société qui le parle. C'est l'Oubat el Phomet, la bouche du père, le Baphomet prétendument templier.

Il est une possible figure d'un égrégore qui veille, comme le principe de réalité veille sur l'adéquation entre la personne et son environnement.

Les présocratiques représentent par leurs recherches et leurs écrits (du moins ce que nous pouvons aujourd'hui en reconstituer) une profonde mutation culturelle. En effet, l'ensemble de leur œuvre réussit la transposition du nom et de la figure divine dans un univers conceptuel rigoureux qui définit un ordre naturel. Ainsi l'universel (le logos) est le bien commun de tous les esprits, au même titre que la loi est commune à tous les humains. La conception d'une cité, d'un État, considéré comme une communauté, unie par une participation commune à une justice commune, tributaire du logos, donne naissance à la démocratie. Tôt au vers le VIIème siècle. Solon s'en inspire pour une réforme des institutions. À l'époque de Platon, ce sera une doctrine bien implantée (http://www.cvm.qc.ca).

Dans la veille domine un principe de réalité du Monde en tant que tout, ce n'est pas la fantaisie et le principe du plaisir de l'état de rêve. " Le Rêve est une seconde vie " disait Nerval, qui fréquenta Mortefontaine dans son enfance. Pour lui, il y a équivalence en réalité des deux vies, et l'état de veille est bien la première des deux vies. Le principe de réalité agit puissamment et constamment, et le sens de la frontière, entre les lieux et en leur sein, entre le rêve et la réalité, est si nécessaire que sa perte signifie l'implosion de la personne.

L'existence d'une psyché collective semble corroborée par la recherche actuelle qui définit au moins un narcissisme groupal. " Un certain nombre d'indices concordants et d'arguments solides viennent donc plaider en faveur de l'hypothèse d'un narcissisme groupal en tant que notion ayant sa pertinence et sa validité dans le champ conceptuel de la psychanalyse groupale et de la compréhension des phénomènes de groupe en général. Ce narcissisme groupal peut ainsi être légitimement considéré comme l'un des constituants fondamentaux, même si ce n'est pas le seul, de tout appareil psychique groupal. Il apparaît aussi de façon assez claire que cette notion mérite d'être étendue et mise au travail dans le champ de la compréhension psychanalytique des phénomènes institutionnels en général, et dans l'institution familiale en particulier. Cette problématique narcissique y joue très certainement une fonction essentielle dans la permanence de ces institutions ainsi que dans leurs inévitables moments de crise, de rupture et de dépassement : elle y est mise en jeu dans les dynamiques de l'appartenance, de l'exclusion et du rejet ; elle traverse toute la clinique de la honte ou de la fierté, dans une négociation permanente de chaque groupe ou de chaque institution avec son Idéal premier. " http://www.cairn.info.

Dans les Mabinogion, Pwyll maître de l'abîme (Annfwn) après une chasse aux cerfs, pays de l'autre monde, premier mari de Rhiannon est une représentation du Logos, principe de réalité qui permet de connaitre la finitude, d'apprivoiser l'idée de la mort contrairement au principe de plaisir, l'Anthropos. L'âge de raison est l'âge de la conscience de la mort et de la prise en compte du principe de réalité. Tout a une fin, le temps est compté, nous ne faisons pas ce que nous voulons, nous ne sommes pas les maîtres absolue de notre vie etc. Manawydda, second mari de Rhiannon (la déesse aux oiseaux), est roi de l'Île de Man, c'est-à-dire bien entendu de " l'Ile de l'Homme " comme le rappelle Froissart : L'isle del Men, ... qui vault otant A dire et expondre en rommant L'isle de l'Homme... (Jean Froissart , Méliador, vv. 11678-80) (Briscous - Ban-Saint-Martin). Assis sur le tertre d'Arberth, Manawyddan et sa femme Rhiannon, entendent un grand coup de tonnerre, suivi d'une nuée épaisse. Quand elle se dissipe, toutes les richesses de la campagne voisine ont disparu : bétail, maisons, hommes. Le rêve, royaume du plaisir, commence. Si bien que Manawyddan deviendra cordonnier, manière de faire prendre son pied.

C'est en effet avec grand plaisir que la Nature reçoit Anthropos. Lorsqu'Anthropos, brisant l'armature des sphères montre à la Nature d'en-bas la belle forme de Dieu, " la Nature sourit d'amour car elle avait vu les traits de cette forme merveilleusement belle de l'homme se refléter dans l'eau, et son ombre sur la terre ". Corpus hermeticum I, 14

 


[1] Bernard Teyssèdre, Anges, astres et dieux, Albin Michel, p. 147

[2] Pierre Chavot, Dictionnaire des dieux, des saints et des hommes, L'Archipel, pp. 549-550

[3] Bernard Tesseydre, op. cit., pp. 187-188

[4] Paulette Duval, La pensée alchimique et le conte du graal, Champion, p. 48

[5] Paulette Duval, op. cit., pp. 72-73

[6] Bernard Teyssèdre, op. cit., p. 155

[7] Bernard Teyssèdre, Anges, op. cit., p. 159

[8] Jean Markale, Le graal, Retz, p. 80

[9] Paulette Duval, op. cit., p. 40

[10] Paulette Duval, op. cit., pp. 189-195