Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tous azimuts   Trévise et Rocamadour   
CROIX HURIEL AZIMUTS ROCAMADOUR TREVISE

Rocamadour et Trévise (chez sainte Bonne)

Associé en principe au Christ en gloire, le thème des Evangélistes scribes est courant à l'époque gothique en France, mais surtout en Italie. En France, voir Saint-Lizier en Ariège et Rocamadour ; en Italie, voir les scribes représentés à la voûte de l'église supérieure d'Assise (Docteurs de l'Église), dans la salle du chapitre du couvent dominicain de Saint-Nicolas à Trévise, peinte par Tomaso da Modena (Histoire de l'art, Numéros 1 à 4, C.D.U.-S.E.D.E.S, 1988 - books.google.fr).

Scribes de San Nicolo de Trévise - grahamsdownunderthoughts.blogspot.com, ladroitebiaise.com

Un autre troubadour mérite à tous égards d'être mentionné car il fut le troubadour de Rocamadour : Uc de Saint-Circ naquit à la fin du XIIe siècle au château de Saint-Circ d'Alzou qui était situé au pied « de Sainte-Marie-de-Rocamadour, et qui fut détruit et rasé dans les guerres (sans doute en l'an 1183 où eut lieu le sac de Rocamadour par Henri Court Mantel), et où son père était vavasseur, passa son enfance sur le causse de Rocamadour, parcourut l'Occitanie, alla jusqu'en Castille où il contribua sans doute à faire connaître les miracles auprès du roi Alphonse IX qui vénéra Notre Dame de Rocamadour, puis s'en alla mourir à Trévise (Jacques Juillet, Rocamadour: cité libre de l'Europe médiévale : Lot (46), 1974 - books.google.fr).

Il s'en alla vers l'Italie où [...] il se fixa à Trévise, et vraisemblablement s'y maria : "E tolc moiller en Tervisana, gentil e bella, e fez en fans [...] Mas pois quel ac moiller non fetz cansos": "Il prit femme à Trévise bonne et belle: il fit des enfants [,,,] Mais dès lors qu'il eut femme, il ne fit plus de chansons," Heureusement, avant de se ranger ainsi de la poésie amoureuse, il avait composé quinze chansons d'amour: on ne sait si elles évoquent une passion fictive ou des amours réelles: la vida nous dit qu'il fit de belles chansons, mais qu'il ne fut guère amoureux, et que souvent il feignit de l'être! Voilà qui n'est point propre à nos troubadours, et que nous retrouverons au XVIe et au XVIIe siècles, comme une constante de la lyrique amoureuse. N'empêche que notre troubadour présente la caractéristique quasi unique d'avoir, sur plusieurs cansos, raconté un véritable roman, où interviennent deux femmes, dame Clara et dame Ponsa dans une relation triangulaire complexe, où, par un jeu subtil, on fait croire à l'une qu'on en aime une autre, pour évidemment la séduire, tandis que l'autre a fait croire, pour séduire, que sa rivale précisément n'était pas si digne d'amour que cela... Bel exemple de casuistique amoureuse, de chassé croisé des sentiments et des désirs, qui nous rappelle que, dans ce domaine, Racine, Marivaux ou Rohmer n'ont rien inventé, car il n'y a rien à inventer, il suffit d'observer, de s'observer ! (Patrice Béghain, Écrivains et artistes en Quercy, 1999 - books.google.fr).

A la cour des frères Alberico et Ezzelino da Romano, il crée des anthologies d'œuvres des plus importants parmi les poètes provençaux.

Le frère cadet d'Ezzelino III da Romano, Alberigo, s'empare de Trévise avant de passé au parti des Guelfes en 1239. En 1257 Ezzelino III se réconcilie avec son frère Alberigo ou Albérico ce qui fait revenir Trévise dans le parti des Gibelins. Après la chute d'Ezzelino, Albérico, s'enfuit de Trévise et se réfugie au château de San-Zeno. La place est prise en 1260 et il est mis à mort avec toute sa famille (fr.wikipedia.org - Ezzelino III da Romano).

Trévise fut [...] un centre vital pour la connaissance du patrimoine littéraire occitan, grâce surtout à l'activité de Uc de Saint Circ. [...] Trévise avait été un centre particulièrement réceptif de la littérature épique et narrative française, mais aussi actif dans la production de textes qui en remettaient en scène les thèmes et les personnages les plus importants. Mais on a sous-estimé le fait que la poésie en langue d'oïl fut également connue et appréciée dans la Trévise des XIIIe et XIVe siècles, comme le suggérait pourtant la localisation de notre codex: et l'on ne s'est pas assez interrogé sur ses rapports avec la production lyrique locale. [...] On doit donc postuler une longue tradition culturelle qui prend son départ justement au milieu du XIIIe siècle et dont les bénéficiaires furent, à côté des puissants seigneurs da Romano ou Da Camino, des représentants de la noblesse, mais aussi de la riche bourgeoisie locale, très vivante intellectuellement (Lucilla Spetia, Chansonnier H, Tables de Chansonniers Romans, 1997 - books.google.fr).

Dans le dernier tiers du XIIIe siècle, sans doute entre 1272 et 1279, un texte en ancien francais donne des Prophéties de Merlin tout à fait nouvelles par rapport à celles qu'avaient écrites Geoffroy de Monmouth vers 1135 et qu'il avait insérées dans son Historia regum Britanniae. Comme toujours, ces revelations ont etc faites apres coup, post eventum. Elles s'appliquent a des événements antérieurs à la date de composition, principalement des années 1230-60. Elles expriment aussi les aspirations de l'auteur, par exemple la reconquête de la Terre Sainte. Elles concernent en partie ce qu'on appelait alors la Marche de Trévise, et elles mentionnent plusieurs cités importantes : Trévise, Vicenza, Vérone, Padoue, Ferrare, etc.

Les Prophéties de Merlin constituent une oeuvre bizarre, unique dans toute la tradition arthurienne. Il est évident que la personalité d'Ezzelino da Romano, le seigneur de la Marche, est profondement antipathique à l'auteur. Il blâme les violences qui se sont multipliées de 1225, date de la prise de Ferrare par Ezzelino et ses partisans, jusqu'à 1260, fin de la dynastie. Tout est mêlé dans cette oeuvre : mise en cause du pouvoir impérial, critiques de la papauté et de l'âpreté au gain des cardinaux. Mais il est clair que le texte prend constamment parti pour les Guelfes et condamne leurs adversaires. Le narrateur inconnu se plait à inventer une fantasmagorie d'horribles malheurs. Il a l'imagination fertile, le goût du macabre, le désir de prédire des destructions et des exterminations. Très peu de sourires dans ce long ensemble. La terre ressemble à un enfer. L'avenir s'annonce épouvantable. L'auteur prend un plaisir, peut-être malsain, à évoquer malheurs et calamités. Le conteur laisse vagabonder son imagination. Les allusions aux événements de la Marche de Trévise semblent donc enfouies dans un amalgame fantastique, dans un ensemble de fictions tourmentées et désordonnées. Mais elles laissent apparaitre, toutefois, des souvenirs précis des terribles affrontements entre Guelfes et Gibelins.

Un point très remarquable dans la fabrication du texte : l'importance des références arthuriennes. Une masse considérable de courts chapitres concerne des personnages ou des motifs arthuriens. Il est question, par exemple des conquêtes du roi Arthur, de Perceval que l'on voit dans diverses aventures, de la Dame du Lac, qui finit par enfermer Merlin dans une tombe dont il ne peut sortir, du lignage du roi Pelinor, dont descendra un chevalier qui achêvera la Quête du Saint Graal, etc.

Il est aussi question de Trévise dans le texte. La ville est désignée par une périphrase. Elle est appelée la ville "qui départie sera en senefiance de son non en trois parties" (ch. XCVI, p. 147). Nous avons affaire a un jeu de mots étymologique : Trévise signifierait pour l'auteur la ville aux trois parties. En fait, Trévise n'a jamais été divisée en trois parties distinctes, ni partagée entre trois factions hostiles. Elle s'est tour a tour rendue à Ezzelino en 1239, puis à son adversaire Azzo d'Este. Alberico da Romano, seigneur de Bassano, brouille avec son frère, s'est uni aux adversaires du parti imperial et a pris Trévise en 1239.

Signalons, [...] la présence du nom de Marche Amoureuse dans le texte (en raison de la vie courtoise qui a rendu célèbre la Marche de Trévise et des troubadours qui ont illustré les cours aristocratiques. Comme Uc, Guillem Figueira, jongleur toulousain partit lui aussi dans le pays de Trevise; Sordel, a passé un certain temps a Trévise auprès de la famille da Romano. [...] A maintes reprises l'auteur du texte fait dire à Merlin que désormais cet endroit est devenu un lieu de douleur, la Marche Dolereuse. Ainsi le chapitre IX s'intitule "Du grant dommage que aura le Marche Doloreuse dedens soy" (Philippe Ménard, Les Prophéties de Merlin et l'Italie au XIIIe siècle, "De Sens Rassis", 2005 - books.google.fr).

Un bon italianiste comme Jacques Gohory (1520-1576) semble d'ailleurs s'être à l'époque parfaitement retrouvé dans cette onomastique, où la Marche trévisane ne fait qu'un à ses yeux avec la région de Trévise: voici ce qu'il écrit sur cette région apparemment bénie des dieux: «Or n'est à oublier à propos de Poliphile (de qui Polie l'amie se dit nee en la Marche Trevisane) & d'Augurel chrysopeien qui en estoit pareillement, & du Conte Bernard Trevisan, que Merlin dit parmi ses propheties comme à Tarvis doibt naistre un personnage qui fera or & argent infini» (Didier Kahn, Recherche sur le Livre attribué au prétendu Bernard le Trévisan, Alchimia e medicina nel Medioevo, 2003 - books.google.fr).

Le Songe de Poliphile et 1er mai

Trait caractéristique de la Renaissance: l'interprétation alchimique de la fable antique. Cette tendance n'est certes pas une innovation de la Renaissance : la voie avait été ouverte dès le XIVe siècle [...] par Petrus Bonus, qui lui-même exploitait une tendance déjà latente dans le De mineralibus d'Albert le Grand. Mais l'expansion du mythe de la prisca theologia, le renouveau des studia humanitatis et le goût général pour l'emblème et le sens caché favorisèrent chez les alchimistes de la Renaissance l'idée que les Anciens avaient voilé les secrets de leur art sous les fables de la mythologie. On voit ainsi s'essayer à de telles exégèses Augurelli lui-même dans son Vellus aureum (1505) et sa Chrysopœia (1515), Jean-François Pic de la Mirandole dans son De aura (av. 1533) ou Jacques Lefèvre d'Étaples dans son De magia naturali (c. 1492- 1495), qu'il désavoua ultérieurement (Didier Kahn, Alchimie et Paracelsisme en France à la fin de la Renaissance (1567-1625), 2007 - books.google.fr).

L'auteur du Songe de Poliphile, véritable roman pittoresque, était un dominicain de Venise, nommé Francesco Colonna, qui mourut en 1510, et dont on conserve l'épitaphe dans l'église de Saint-Jean et Saint-Paul, appartenante à l'ordre, dans cette ville où Columna fut enterré. On voit que ce titre de Hypnerotomachia Poliphili est composé de deux mots tirés du grec, et qui veulent dire, le premier, combat du sommeil et de l'amour, et le second, amant de Poli ou Pôlia. Cependant quelques auteurs ont prétendu que polis en grec signifiant ville, ce nom de Poliphile étoit allégorique, et vouloit dire amoureux des villes, parceque cet ouvrage semble a voir pour but d'enseigner à les construire et à les décorer dans un style grand et magnifique. Mais une particularité qui semble prouver, contre cette opinion, que Colonna aimait une belle moins insensible et moins fière que l'architecture, c'est qu'il a fait de son ouvrage entier une espece d' acrostiche; car en rassemblant toutes les lettres majeures qui commencent chacun des trente-huit chapitres dont l'ouvrage est composé, on trouve ces mots, POLIAM FRATER FRANCISCUS COLUMNA PERAMAVIT, c'est-à-dire, le frère François Colonne a éperdument aimé Polia (Francesco Colonna, Songe de Poliphile, Volumes 1 à 2, traduit par Jacques Guillaume Legrand, 1804 - books.google.fr).

Le mot "peramavit" se retrouve une seul fois dans la version des psaumes de Santes Pagnini (Lucques, 1470 - Lyon, 1541), postérieure donc au Songe (Thomas Le Blanc, Psalmorum Davidicorum analysis, Volume 4, 1682 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Santes Pagnino).

Il s'agit du psaume 90, où apparaît justement le démon de midi dans le verset 6 ("mesèmbrinon daimonion" des Septantes), qui a donné son nom probablement à la Méridiana séduisant le moine Gerbert (futur pape Sylvestre II) chez Gautier Map (Maria Patera, Figures grecques de l’épouvante de l’antiquité au présent: Peurs enfantines et adultes, 2014 - books.google.fr, Jacques Berlioz, Dossier n° 51, Autour de Gerbert d'Aurillac: le pape de l'an mil, 1996 - books.google.fr).

Le père Federici a d'ailleurs prouvé par des notes extraites du livre de la Procuratie, conservé aux archives du couvent de San Nicolo de Trévise, qu'en 1455, c'est-à-dire à l'âge de vingt-deux ans, Colonna appartenait déjà à l'ordre des Dominicains (Francesco Colonna, Le songe de Poliphile, ou, Hypnérotomachie, traduit par Claudius Popelin, 1883 - books.google.fr).

Il est prêtre à Trévise en 1465 (mais il aurait pu y résider depuis 1462). La date de 1467 [1er mai] qui figure à la fin du livre, date fictive s'il en est (et qu'on a parfois considéré comme un "achevé d'imprimer" lorsque manque l'errata d'Alde daté de 1499), est probablement une date-souvenir, une référence à un fait précis appartenant à l'auteur seul et certainement une clef que nous ne posséderons jamais. A propos de cette date il est bon de remarquer aussi, qu'Alde n'a débuté son activité éditoriale qu'en 1494 alors qu'il avait déjà quarante cinq ans. Il est par ailleurs impossible d'imaginer que 1467 puisse marquer la fin de la rédaction de l'ouvrage, en premier lieu parce que l'auteur aurait été bien trop jeune pour une telle culture et plus encore - et les preuves ne manquent pas - parce que certains emprunts évidents dans le texte se réfèrent ou sont compilés dans des ouvrages connus postérieurement ou même dans quelques autres publiés peu avant 1499 (Hypnerotomachia Poliphili, ou, Le songe de Poliphile: le plus beau livre du monde, Venise 1499, Paris 1546, présenté par Patrice Alexandre, 2000 - books.google.fr).

Le 1er mai est une fête de Bona Dea, comme une de saint Sylvain de Levroux (autre Zachée).

Les autres fêtes de Levroux étaient celle de saint Sylvain et de saint Sylvestre, le 22 septembre ; celle de sainte Rodcne, vierge, le 24 septembre ; la translation de cette sainte, célébrée le samedi aprés les Cendres; la première translation de saint Sylvain, le 1er mai ; la seconde translation de saint Sylvain, le dimanche qui suit le premier septembre. C'est l'anniversaire de la translation faite par saint Guillaume, au XIIIe siécle (Bulletin, Volumes 3 à 4, Académie du Centre, Chateauroux, 1897 - books.google.fr).

La Bonne déesse est en effet citée au Livre II du Songe (Francesco Colonna, Le songe de Poliphile, ou, Hypnérotomachie, traduit par Claudius Popelin, 1883 - books.google.fr).

Aurélio Augurelli, poète lauréat de Rimini, clôt le XVe siècle et commence le XVIe. Nous avons de lui un poëme latin sur la chrysopéie, ou l'art de faire l'or. L'auteur dédia son poëme à Léon X, protecteur des arts et des sciences, en se promettant, en retour, une bonne récompense. Le saint-père lui envoya un grand sac vide, avec la réponse : "Celui qui sait faire lui-même l'or ne doit avoir besoin que d'une bourse pour l'y mettre". Augurelli enseigna les belles-lettres à Venise et à Trévise; ce qui ne l'empêcha pas de souffler le feu du fourneau chimique. Il mourut dans cette dernière ville, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, dams une extrême pauvreté. Le mérite du poème sur la chrysopéie est tout littéraire. On y remarque des vers parfois très-élégants, et toujours corrects. Quant au mérite scientifique, il est à peu près nul. Augurelli appartient donc plutôt, à mon avis, à l'histoire des lettres qu'à l'histoire des sciences (Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu'a notre èpoque, Volume 1, 1842 - books.google.fr).

Ainsi dans sa Chrysopeia, Augurelli invite son lecteur à se rendre dans les montagnes Tarvises (Trévise, anciennement «Tarvisus», en italien «Trevigi») pour y découvrir au cœur d'un bois une fontaine et une caverne habitée par une vierge du nom de Glaura. Ce bois, c'est «la première matière, le hylé, la forest des sages» d'où les alchimistes tirent leur quintessence; la fontaine aux eaux d' «argent liquide» représente le mercure à extraire de la matière métallique; la vierge troglodyte semble incarner l'esprit universel logé dans le vase alchimique, esprit s'obtenant par la distillation de l'eau mercurielle (Frank Greiner, Les métamorphoses d'Hermès, 2000 - books.google.fr).

Un prêtre vénitien, Jacobus (Iacopo), cède sa bibliothèque composée en partie de livres d'alchimie, à Guillaume Belinger après l'avoir mis en dépôt auprès d'un prêtre de Santa Bona de Trévise, Giovanni di Rose.

Il 7 marzo 1475, a Roma, nella residenza di Francesco Todeschini Piccolomini, cardinale senese, personaggio eminente della curia, uno sconosciuto prete, Jacobus de Venetiis, donava a Guillermus de Belingeriis, prete anche lui ma dal cognome più evocativo, i suoi beni costituiti in massima parte di libri. Il documento convalidato dal signum e dalla sottoscrizione di Petrus de Sondrio clerìcus Papiensis e publicus apostolica et imperiali auctoritate notarius iudexque ordinarius, conservato oggi nell'Archivio dell' Arciconfraternita di S.Giovanni dei Fiorentini, si impone per più ragioni all'attenzione e merita una sosta e una lettura integrale, non da ultimo proprio perché il luogo appartato della conservazione non lo esibisce con pronta evidenza.

Che, c'è da crederlo, non doveva essere troppo distante da quello che sembra l'interesse primario di Jacobus : l'ambito delle scienze e più precisamente delle arti pratiche e applicate. La stragrande maggioranza dei suoi volumi è riferibile infatti ad un'area di confine tra medicina speculativa e pratica, chimica e alchimia, ortodossia ed eterodossia, con qualche proiezione nella veterinaria, nella cosmetica, nella botanica, nell'esoterismo. Così accanto a molti libri ad inveniendum thesauros absconsos come l'estensore dell'atto riporta troppo genericamente lasciandoci in dubbio sul genere dei tesori, troviamo ricettari di colori e pietre preziose, per fare l'azzurro, per tingere pelli e capelli, per contraffare le pietre verosimilmente il metallo con cui è manufatto l'oggetto. [...]

Privata, ma neppure troppo esigua, e di tipo scientifico, o meglio parascientifico, anche la raccolta che il prete veneto, a Roma per ignote ragioni, aveva lasciato in deposito presso Giovanni di Rose, rettore della chiesa di Santa Bona iuxta muros Tarvisinos e, in un giorno di marzo non vi, dolo, metti, fraude aut aliqua sinistra machinatione seductus vel circumventus sed sponte, pure et libere, aveva deciso di donare a Guillermus de Belingeriis.

L'interesse della città veneta e delle sue istituzioni per la medicina data almeno dal 1231 quando gli statuti imposero al podestà di far andare a Treviso un dotto medico perché tenesse scuola di medicina (Luisa Miglio, Libri, alchimia e medicina nella Roma di Sixto IV, Itineraria Culturae Medievalis, 1998 - books.google.fr).

Francesco Todeschini Piccolomini (Sienne, 1439 — Rome, 1503), élu pape le 22 septembre 1503 sous le nom de Pie III, ne restera chef de l’Église que vingt-six jours avant de mourir de la goutte. Il est le fils de Nanno Todeschini et de Laudomia Piccolomini, elle-même sœur d’Aenas Silvius Piccolomini, futur pape Pie II.

Il est probable que les Tarots de Mantegna soient la vision par un artiste de la pensée d'un ou plusieurs humanistes. Ce pourrait être le jeu du " Gouvernement du Monde " inventé par le pape Pie II (Aenas Sylvius Piccolomini, élu en 1458, décédé en 1464) et les cardinaux Nicolas de Cuse (1401-1464) et Jean Bessarion (1403-1472), lorsqu'ils se réunirent pour le long concile de Mantoue en 1459 et 1460 (Gisèle Lambert, Suite d'estampes de la Renaissance italienne dite tarots de Mantegna, ou, Jeu du gouvernement du monde au quattrocento, vers 1465, Volume 1, 1985, 22 v’la l’Tarot : Kabbalisation du Tarot : Tarot et Gonzague).

Pour poursuivre le rapprochement de sainte Bonne et de Bona Dea :

De tout temps chez les Grecs l'animal qui rampe sur le sol et s'y enfonce soudain passait pour être en communication intime avec la terre, grande source de la divination, et celle-ci, comme la magie, était étroitement liée à la médecine primitive. Tel fut donc le motif qui fit consacrer le serpent à Damia, et, par suite, à la Bona dea, qui hérita d'elle le pouvoir de produire des cures miraculeuses. (Franz Cumont, La Bona Dea et ses serpents, Mélanges d'archéologie et d'histoire, Volumes 49 à 50, 1932 - books.google.fr).

Sur l'autel galo-romain de Mavilly, la déesse au serpent pourrait être Bona Dea ou Hygie, comme guérisseuse d'aveugle (Waldemar Deonna, Le symbolisme de l'oeil, 1965 - books.google.fr).

Feliciano de Vérone (1391-1470), ami du peintre Mantegna et l'un des plus doués parmi ceux que l'on appelle alors les « antiquaires » : et non seulement un des pionniers de l'épigraphie en train de naître, par le recueil méthodique qu'il fit des inscriptions antiques, mais aussi le premier « calligraphe » moderne, le premier à dresser, d'après son observation des pierres, un alphabet, un manuel des grandes capitales romaines (Revue des sciences humaines, Numéros 263 à 264, 2001 - books.google.fr).

Il est parfois donné comme l'auteur du Songe de Poliphile (Martine Furno, Une "Fantaisie" sur l'Antique: Le goût pour l'épigraphie funéraire dans l'Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna, 2003 - books.google.fr).

Il succomba aux rêveries alchimiques (Dictionnaire historique, critique et bibliographique, suivi d'un Dictionnaire abrégé des mythologies, et d'un Tableau chronologique, 1822 - books.google.fr).

Dans l'Hypnerotomachia Poliphili de Colonna (1499) que Jean Martin traduit en 1546 sous le nom de Songe de Poliphile, cette contamination entre les épigraphes monumentales romaines et la composition écrite est particulièrement présente. Des inscriptions imaginaires imitées de l'antique se retrouvent presque à chaque page : plus de 70, latines, grecques, ou faussement hiéroglyphiques, insérées dans des contextes architecturaux divers (Pascal Chiron, Les songes de gloire des rhétoriqueurs, Histoire et littérature au siècle de Montaigne: mélanges offerts à Claude-Gilbert Dubois, 2001 - books.google.fr).

Pollio/Polia ou l'année 714

Le Songe de Poliphile peut être considéré comme la Bible de la Renaissance italienne. Les magnifiques gravures de Mantegna (on discute parfois cette attribution) nous renseignent exemplairement sur la conception que les jardiniers italiens la Renaissance ont voulu réaliser (Herman Parret, Le sublime du quotidien, 1988 - books.google.fr).

La quête amoureuse aussi, qui est le motif central du songe, est marqué par cette impossibilité, et elle aboutit à l'adieu à la «mieux aimée Polia», après que Poliphile a été éveillé par la plainte de Philomèle, le rossignol dont le chant perpétue la violence de Terée et annonce aux amants la fin des amours idéales (Jean-Pierre Néraudau, Allégresse, mélancolie et architecture dans l'«Hypnerotomachia Poliphili», Malinconia ed allegrezza nel Rinascimento, 1999 - books.google.fr).

Four books of elegies by Propertius have survived. Book four contains the Roman elegies: Propertius has said goodbye to love (for Cynthia-Hostia), and has now chosen to be a poet of national poetry: the obvious way to be followed as shown him by Maecenas. As Callimachus in his Al-na had explained the origin of festivals games, and temples, so Propertius, as the "Roman Callimachus", planned to devote his talents to the praise of national customs, festivals, names of sacred sites (Hendrik H. J. Brouwer, Bona Dea, 1989 - books.google.fr).

L'ensemble des élégies romaines paraît donc composer une fresque — dans le goût des reliefs historiques contemporains, comme ceux de la Basilique Émilienne — où se retrouve l'image de la Rome augustéenne. Sabins de Tatius, introduits sur l'Arx par Tarpéia, Latins de Romulus, autour de Jupiter Férétrien, Étrusques de Lucumon et de Vertumne, tous ont contribué à former la Ville. Mais celle-ci, à son tour, est dominée par la grande figure d'Apollon Palatin, dont Auguste, son « fils », est l'incarnation terrestre. Un saeculum nouveau commence — et il convient de ne pas oublier que ce ive livre est contemporain de la célébration des Jeux Séculaires. Properce a contribué à l'œuvre à laquelle, inspirés par Mécène, travaillaient, de leur côté, Horace et Virgile. Loin de se révéler comme un dilettante insouciant des grandes préoccupations de l'heure, il apporte, dans le style callimaquien qui lui est propre, sa contribution à la révolution spirituelle qui se prépare.

La dixième élégie est la plus claire. Consacrée au sanctuaire capitolin de Jupiter Férétrien, elle fait allusion à la restauration augustéenne de cette chapelle, fort délabrée, et qui ne vivait plus guère que dans la tradition familiale des Claudii Marcelli, descendants du vainqueur de Clastidium, qui y avait consacré les dernières dépouilles opimes. Cette restauration, suggérée par Atticus à Auguste, s'explique elle-même par les projets du prince relatifs à son gendre, le jeune Marcellus, mort en 23. Properce s'empare de la suggestion, et consacre à cette gens un aition qui rappelle les développements virgiliens du vie livre de l'Énéide (v. 855 : aspice ut insignis spoliis Marcellus opimis ingreditur...), composés vers la même époque. La neuvième élégie reprend, elle aussi, un thème largement développé au livre VIII de l'Enéide, la légende d'Hercule et Cacus. Il faut joindre à ces deux auteurs Horace lui-même, qui, en 23 av. J.-C. — donc, au même moment — s'efforce de faire revivre les associations du Princeps avec les mythes héracléens (Odes, III, 14, 1-4). Mais, de plus, l'élégie est centrée sur le sanctuaire de Bona Dea — sanctuaire dont nous savons qu'il fut restauré par Livie (Pierre Grimal, Le IVe livre des Élégies de Properce et la politique d'Auguste. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 96e année, N. 2, 1952 - www.persee.fr).

Poliphyle et Polia sont les héros du Songe de Poliphile publié à la fin du XVe siècle par Aide Manucce et attribué à Francisco Colonna. Dans ce récit, Poliphile rêve qu'il part à la recherche de sa bien-aimée en traversant un jardin enchanté qui lui réserve des épreuves initiatiques. Il lui faut pour les affronter faire appel à ses connaissances humanistes, à son intelligence et à son courage (Françoise Sylvos, Vénus et le synchrétisme poétique, Transhumances divines: récit de voyage et religion, 2005 - books.google.fr).

Le Poliphile (1499), avec ses bois gravés, inspire à la fois La Fontaine, Nerval, et les architectes de jardins renaissants ou baroques (Danierl Madelénat, Avant-propose, l'intime en ces jardins..., Jardins et intimité dans la littérature européenne: 1750-1920, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 22-24 mars 2006, 2008 - books.google.fr).

Les Horti Asiniani, eux, appartenaient probablement à C. Asinius Gallus, le fils aîné de C. Asinius Pollio, l'ami de Cicéron. Ils passèrent sans doute au fisc en 33 après J.-C, à la mort de leur propriétaire. Frontin nous apprend qu'ils se trouvaient près de la Via Nova. Comment comprendre cette indication ? Ce nom de Nova Via est attribué généralement, après Caracalla, à la route qui passe devant ses Thermes. Mais au temps de Frontin ? La voie nouvelle de Caracalla ne serait-elle que l'agrandissement d'une autre Via Nova, qui remonterait à l'un de ses prédécesseurs, à Trajan par exemple ? Cette difficulté, toutefois, ne saurait prévaloir contre l'argument qui résulte de la découverte, près de Sainte-Balbine, du groupe de Dircé (le Taureau Farnèse, aujourd'hui au Musée National de Naples) qui se trouvait, au temps de Pline, dans les Horti Asiniani (Pierre Grimal, Les Jardins romains, 1969 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Taureau Farnèse/a>, Autour de Rennes le Château : Au niveau de la sole).

Caius Asinius Pollio, connu sous le nom de « Asinius Pollion », né en 76 av. J.-C. et décédé en 4 ap. J.-C., est un homme politique de la fin de la République romaine et du règne d'Auguste, orateur, historien et poète, membre de la gens plébienne des Asinii. Il sert d'abord comme lieutenant de son ami Jules César malgré ses idéaux républicains et commence son Cursus honorum pendant la guerre civile. Il se joint ensuite à Marc Antoine contre la faction sénatoriale et obtient le consulat en 40 av. J.-C. Après avoir célébré un triomphe, il se retire de la vie politique pour se consacrer à ses activités littéraires. Il est l'ami du poète Catulle. Il prend part aux travaux de rénovation entrepris à Rome, en assurant la réfection entière du parvis du temple de la Liberté (l'Atrium Libertatis) grâce au butin dalmate, et en y intégrant la première bibliothèque publique, le tout sur l’Aventina en 38 av. J.-C. Il y expose ses collections d'art, riches de nombreuses statues grecques (fr.wikipedia.org - Caius Asinius Pollio).

D'après M. Gilbert, Sainte-Balbine serait construite sur les ruines mêmes du temple de la Bona Dea; mais le monument antique sur lequel est bâtie l'église est la domus Cilonis et cette habitation existait à une date où le temple n'était pas démoli. De plus, si le Saxum était auprès de Sainte-Balbine, le sanctuaire de la Bona Dea devait être plus bas, sur le flanc de l'Aventin. C'est ce que laisse entendre le surnom de la déesse Subsaxana, avec les termes de Cicéron : sub saxo, et la phrase d'Ovide : Templa patres illic. ... leniter acclivi constituere jugo. Les Régionnaires nous livrent un autre renseignement. Selon M. Lanciani, les édifices, énumérés dans la XIIe Région, peuvent se diviser en trois groupes qui se répartissent sur les trois faces d'un triangle. Un des côtés de ce triangle serait jalonné par le temple de la Bona Dea, le Clivus Delfini et les thermes de Caracalla : aedem Bonae Deae Subsaxanae, clivus Delfini, thermas Antoninianas... Dans ces conditions, le temple aurait été sur la déclivité qui donne sur la via Appia, entre les thermes et l'extrémité sud du Circus Maximus, non loin du vicus Piscinae publicae (Alfred Merlin, L'Aventin, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Partie 97, 1906 - books.google.fr).

C'est ainsi que la quatrieme Eglogue appelée Pollion [ou Polion] rassemble avec soin les circonstances historiques des derniers mois de l'an 714, la grossesse avancée de Scribonie, le Contulat de Pollion, les réjouissances de Rome pour la Paix de Brinduse, le rétablissement de Pollion dans les bonnes graces d'Octavien, le projet d'une guerre maritime contre Sextus Pompée, & l'Epoque de l'Empire d'Octavien en Occident; pour flatter tout à tour l'Empereur & le Consul par les endroits les plus sensibles (Suite de la Clef, ou Journal historique sur les matières du temps, 1762 - books.google.fr).

Asinius Pollion, dit Servius, après avoir pris la ville de Salone en Dalmatie, obtint le Triomphe & ensuite le Consulat. Cette même année lui donna un fils qu'il appella Salonïn du nom de la Ville qu il avoit prise : Virgile célebre la naissance de cet enfant, qui rit aussi-tôt qu'il fût né, ce que ses parens regarderent comme un présage de bonheur; cependant il mourut en bas âge. (Servius in Eclog. IV.) Cette remarque historique est absolument fausse dans toutes ses circonstances : ce ne fut qu'après l'année de son Consulat, sçavoir en 715, que Pollion fit une expédition en Dalmatie, où il vainquit les Parthins ou Partinéens, nation Illyrique, dont il triompha le 25 d'Octobre. Fixer ces événemens à l'année 714, c'est démentir les fastes, & tous les témoignages de l'Histoire, dit le P. de la Rue, sur l'Eglogue 8. contra fastorum fidem , contra fidem historiœ. En second lieu, Saloninus n'étoit point fils de Pollion, mais son petit-fils. Le fils de Pollion se nommoit Asinius Gallus. (Voyez Tacit. Annal, liv. 1. chap. 12.) Le fils de Gallus fut Asinius Saloninus, qui mourut soixante-un an après le Consulat de son grand-pere, (Annal, liv. 3. chap. 75.) & il ne devoit pas être alors fort âgé, puisque Tibere l'avoit destiné pour époux à sa petite-fille ; Caesari progener destinatus. Ces faits incontestables sappent le système de Servius par le fondement. D'ailleurs, on ne sçauroit prêter ce dessein à Virgile, sans faire injure à son discernement & à sa délicatesse. Peut-on croire qu'un Poète sage, & qui étoit déja si bien venu à la Cour d'Auguste, eut chanté avec tant d'emphase le fils a un homme de fortune ? Auroit-il pû dire avec quelque espece de pudeur, que la naissance de cet enfant ramenois l'âge d'or? que c'étoit un rejetton de Jupiter, & qu il étoit fait pour gouverner le monde entier, avec les vertus de son pere ? En vérité il faudroit être bien prévenu, pour ne pas s'appercevoir qu'il n'y auroit ni proportion ni bon sens dans ces louanges ; & cette réfléxion seule démontre l'absurdité du système de Servius (Explication de la IV. Egloque de Virgile, 1745 - books.google.fr, Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : L’Arcadie d’Hergé).

Virgile situe son églogue en 714, mais l'a peut-être écrite après.

Calcul : 1467 = 714 x 2 + 39.

L'année 39 avant J.-C. est parfois associée à l'année 714 de Rome (AUC : ab urbe condita), selon les Marbres du Capitole par exemple, plus souvent c'est l'an 40.

Voici les Auteurs qui adoptent ces diverses supputations. Auguste & tous les Empereurs ont suivi la supputation de Varron dans la célébration des Jeux Séculaires ; aussi-bien que Plutarque, Tacite, Dion, Aule-Gelle, Censori, Onuphrius Panvinius, le Cardinal Baronius, le P. Petau & le P. Tournemine Jesuites, avec eux presque tous les critiques modernes. Les Auteurs qui suivent la supputation de Verrius-Flaccus & des Marbres du Capitole sont Solin, Eusèbe, Denys d'Halicarnasse. Les Auteurs suivans varient, & suivent tantôt l'une & tantôt l'autre supputation; savoir, Ciceron, Tite-Live, Pline & Paterculus (Nicolas Lenglet du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle, sacrée et profane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an MDCCXLIII, Volume 1, 1745 - books.google.fr).

L'année 1467 AUC (de Rome) correspond encore à l'année 714 de l'ère chrétienne (en.wikipedia.org - 714).