Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Stenay et Dagobert II : transgression du possible, et pet sur la terre   
DAGOBERT II ROI ET A SION EST CE TRESOR ET IL EST LA MORT PETIT PARCHEMIN BLAISE PET SUR LA TERRE STENAY

J'ai eu des regards avec une nana, à mon avis y'a une ouverture (Les Bronzés, 1978)

Bon, ben va pas être possible (Les Bronzés font du ski, 1979)

Le message codé contenu dans le petit parchemin serait : A DAGOBERT II ROI ET A SION EST CE TRESOR ET IL EST LA MORT

Stenay se trouve sur l'axe nonagonal du 7 septembre, lendemain du 6. La mort de Dagobert II un 23 décembre permet de réunir ces deux dernières dates sur la division des nonagones en 54. Dagobert est fêté aussi le 2 septembre (translation de son corps dans la chapelle royale de Stenay) et le 10 septembre (Martyrologe de Bède) (Construction de la Croix d’Huriel : Calendrier de la Croix d’Huriel, Autour de Rennes le Château : Orval et le 6 septembre).

Ce 6 septembre 1633, le cardinal de Lorraine, nanti des pouvoirs requis, accepte les clauses d'un nouveau traité, dit de La Neuveville. Il se rend aussitôt à Saint-Dizier pour transmettre à Charles IV le texte préparé par Richelieu.

Le traité de La Neuveville signé le 6 septembre par le cardinal de Lorraine aurait été complété d'articles additionnels signés le 20 à Charmes par Charles IV lui-même, ratifiés le jour même ou le lendemain par Louis XIII.

Les destins de Marsal, Stenay et Jametz seraient liés à la fidélité du duc de Lorraine envers ses engagements passés et envers le roi très chrétien (Jacques Bernard, Abraham-Nicolas Amelot de La Houssaie, Recueil des traitez de paix, de trêve, de neutralité, de suspension d'armes, de confédération, d'alliance, de commerce, de garantie, et d'autres actes publics, Volume 3, 1700 - books.google.fr, Le cardinal de Richelieu à la conquête de la Lorraine: correspondance, 1633, rédacteur : Marie-Catherine Vignal Souleyreau, 2010 - books.google.fr, Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, Volume 10, Société d'archéologie lorraine, 1860 - books.google.fr).

Le 6 septembre 1664, MM. de l'Etat de Stenay, accompagnés du curé Jean Floncel et du prévôt Nicolas Martinet du Jardinet, font une visite de l'église, dont ils envoient le procès verbal au prieur, Charles de Lorraine. Ils constatent, pour ce qui regarde les toitures que « des chevrons qui sont dessoub la toicture, moitié pourroient servir ; que les lattes ne vallent rien, et en fault de neuves ; que les ardoysses sont en partye pourryes de vieillesse, ausi bien que les bois ; les cloux rouilles et fort caducques ; que moitié des vieilles ardoisses pourroient servir, avec 28 à 30 milliers de neuves, les cloux à l'avenant ». (Revue historique de la Lorraine, Volume 52, Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, 1903 - books.google.fr).

Le 30, on apprend que 50,000 Prussiens et Autrichiens s'avancent sur Verdun et qu'une colonne va faire le siège de Sarrelouis. Dumouriez masse alors ses troupes du 1er au 5 septembre à Stenay, aux Islettes, près de Clermont, dans la forêt et les défilés d'Argonne. Il emprunte des secours aux camps du Nord où entraient déjà un nombre assez imposant de volontaires départementaux. Parmi ceux-ci, le 1er de l'Orne, colonel Fromentin, le rejoint appelé par Dillon et quitte le Quesnoy le 2 septembre, tandis que le 2e de l'Orne arrive au camp de Pont-sur-Sambre le 4. Le mouvement ordonné sur la frontière, du 1er août 1792 au 31 janvier inclus, est signé de Chancel, alors adjudant général, et est daté de Saint-Amand, 31 août 1792, près du camp de Maulde, que Dumouriez a confié à son chef d'état-major Moreton. Ce mouvement a pour but d'aider aux desseins de Dumouriez dans le Clermontois, et d'augmenter l'armée des Ardennes. C'est ainsi que le 5 septembre les bataillons venant de de Pont-sur-Sambre sont au débouché du Chêne-Populeux, près de la position du général en chef décrite plus haut. Avant de participer à la future et prochaine campagne de Belgique, Fromentin suit donc Dumouriez. Quand à Luckner, généralissime pour la République des légions du Nord, du Centre, et du Rhin, il garde Châlons. Miaczinski, aide de camp Dumouriez, est envoyé commander à Sedan et à Mézières. Kellermann, avec 16,000 hommes, est autour de Bar-le-Duc. La Champagne se trouve ainsi complètement garantie. Par contre, au Nord, l'affaiblissement réel de Maulde de 20,000 hommes environ, ramena l'ennemi sur ce point. Bruille fut forcé; nos troupes furent obligées de se réfugier dansValenciennes. Les Autrichiens, sous La Tour, reprirent Saint—Amand (7 septembre); Courtrai et Menin avaient déjà été évacués prudemment par nous auparavant, leur occupation n'ayant pas été soutenue. Cependant une grande action se préparait sur l'Argonne. Le 18 septembre, l'ennemi, qui est à Clermont, enfile la route de Rethel, où est le général Dillon, et de Reims. Kellermann rattrape alors Dumouriez à Valmy où, le 20 septembre, s'engagea une bataille contre les colonnes prussiennes que nous mîmes bientôt en déroute, tant par la canonnade qu'à la baïonnette et au cri de : « Vive la Nation » ! (Paul Marmottan, Le général Fromentin et l'armée du Nord (1792-1794) avec portrait, carte et nombreuses pièces justificatives, 1891 - books.google.fr, (alexdesilesie.kazeo.com - Carré Sator).

SION

Sion a été mise en relation avec le sidh celtique, monde souterrain de l'au-delà (Autour de Rennes le Château : CEIL BEIL MCCXCII de l’Aude à l’Irlande).

What is remarkable in the world of the sidh is that the famous Indo-European tripartite society (kings, warriors, druids) is no longer relevant. Only the third function (fecundity) retains its role. Moreover, women frequently rule in this world, which suggests that both time and the traditional distinction between classes are abolished. In this ideal world, we finally achieve the classless society. Similarly, the separation between Man and Animal no longer exists. We find again the theme of Merlin as Wild Man, governing the animals to which he is linked by a new type of contract like Saint Blaise at the entry to his cave and preaching to the animals, like Saint Ronan, Saint Hervea, and Saint Francis making a pact with the wolf. Universal brotherhood is restored in its primitive grandeur : man no longer needs to kill animals to feed himself, since the Tree of the World, the Apple Tree, gives delicious fruit all year. And on the symbolic level, even though integrated into Christian mysticism, the meal of the Holy Grail expresses the same idea of a “feast of immortality,” that feast at which Mananann presides in the world of the sidh (Jean Markale, Master and Mediator of natural world, Merlin: A Casebook, Arthurian Characters and Themes, 2004 - books.google.fr).

Dagobert et saint Blaise

L’église saint Blaise domine le village de Baalon ancienne annexe de Stenay, à 11 km ; Epoque d’érection ou de reconstruction de l'église : l'ancienne église existait avant 1157, puisque c’est à cette époque qu’elle a été annexée au prieuré de Saint-Dagobert (Jean François Louis Jeantin, Histoire de Montmédy et des localités Meusiennes de l'ancien comté de Chiny, Volume 1, 1861 - books.google.fr).

L'abbé Louis décrit dans les termes suivants l'arrivée des envoyés de Dagobert chez Florent, dans son désert : "Le roi Dagobert (second du nom) qui résidait alors dans son palais de Kirchheim, envoya ses gens chasser dans cette forêt; ils y allèrent avec leurs chiens, parcourant tous les bois et toutes les montagnes, sans que leurs chiens rencontrassent, ni lançassent aucune bête. Enfin, ils arrivèrent à la cellule du saint, où ils virent un grand nombre de bêtes fauves ramassées devant sa porte et aussi immobiles que si elles avaient été toutes enchaînées ont non seulement quitté leur férocité devant le saint, mais lorsqu'ils étaient poursuivis, ils se sauvèrent auprès de sa cellule, comme dans un asile, d'où les chasseurs du Boiont pris occasion de le regarder comme un magicien et de le maltraiter“. On lit dans la litanie de saint Florent : "saint Florent, à qui Dieu a soumis les animaux les plus féroces, priez pour nous." Florent est représenté au milieu des animaux sur un bas relief de l'église Saint-Thomas, à Strasbourg, à gauche du portail nord et près de l'ancienne chapelle Saint—Blaise (Jean James Variot, Légendes et traditions orales d'Alsace: Basse-Alsace, Volume 3, 1920 - books.google.fr).

Le père de Dagobert II, saint Sigebert III est fêté le 1er février, deux jours avant Blaise, comme l'irlandaise sainte Brigitte, à la date de la fête celtique d'Imbolc, nom mis parfois en rapport avec bolc (sac), avec l'idée du gonflement et de l'abondance (Asdis R. Magnusdottir, La voix du cor: la relique de Roncevaux et l'origine d'un motif dans la littérature du Moyen Age (XII-XIVe siécles), 1998 - books.google.fr).

Dagobert Ier fut sacré, dans le château de Forest, à Milly-la-Forêt où se trouve la chapelle Saint Blaise, construite après que Guillaume de Milly donna ses terres à l’Église en 1136, et décorée par Jean Cocteau en 1959.

Saint Eloi, trésorier de Dagobert Ier, devient évêque de Noyon, sur le montant vertical de la Croix d'Huriel, où il établit une école épiscopale dans cette ville (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

À Noyon, le pèlerinage de Saint-Blaise se déroulait au prieuré de Saint-Alain où l'on achetait des pains bénits dits « pains de saint Blaise » qui guérissaient des maux de gorge (Inventaire mythologique du département de l'Oise, Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 226 à 229, 2007 - books.google.fr).

Fondation du prieuré de Saint-Blaise ou d'Orroir dans le faubourg de Noyon après 1049. Robert de Dive, prieur de Saint-Blaise, "bon compaingnon" de Gautier de Coincy auteur des Cinq miracles de Notre Dame, fut ensuite abbé de Saint-Eloy de Noyon (1230). Concession au prieuré de Saint-Éloi de Noyon d'une partie du bras de saint Blaise conservé à Saint-Comeille de Compiègne (1648) (fr.wikipedia.org - Milly-la-Forêt).

La pierre de Stenay

Sur la pierre qui fut découverte en 1873 par un certain M. Rivart, propriétaire d'une partie de l'ancien prieuré Saint-Dagobert, étaient gravées verticalement les lettres SRNPR ainsi qu'un chevron et qu'une croix sur le con supérieur droit. Nous devons à l'association du Cercle Saint-Dagobert II une reproduction de cette pierre. Ces lettres s'inscrivent parfaitement dans un carré SATOR et se place sous la forme d'un chevron, motif présent sur les armoiries de la cité (revelations-gnose-occultisme.pagesperso-orange.fr - Carré Sator).

 

Lorsqu'on range le carré SATOR selon la colonne SRNPR, les voyelles sont rassemblées sur d'autres colonnes. Si l'on prend celle de droite, alors on peur former ASER EN PEOR.

En latin EN est une forme archaïque de "in". PEOR désigne Baal-Péor, le dieu des Madianites, et ASER la tribu issu du 8ème fils de jacob, Aser (Asher).

La croix est placée sur les lettres TOPE : le latin "pote", possible en français.

Cana se trouve dans la tribu d'Asher. C'est là que Jésus changea l'eau en vin. Nazareth aussi selon certains auteurs.

Asher (Aser) serait l'un des noms de Yahvé dont la parèdre est Ashera dans les inscription de nombreux de ces autels.

En fait, l'éponyme de Asher se retrouve sur le territoire de Tyr et en outre il est très fréquent dans l'onomastique des colonies d'origine tyrienne certaine, telles Chypre, Malte et Carthage. D'autre part, il n'est pas moins certain que la population d'Asher qui, sous David, comptait, dit-on, 40.000 guerriers habiles au combat fut absorbée par Tyr et ses colonies. Elle est la première qui disparaît des annales du peuple d'Israël (Nahum Slouschz, La civilisation hébraïque & phénicienne à Carthage: conférence faite à l'Institut de Carthage, 1911 - books.google.fr).

D'Aser, viendra le pain gras et excellent qui lui est propre et ce pain fera les délices du roi (Genèse XLIX, 20). On prétend que le terroir de la tribu d'Aser étoit très fertile, et qu'on y faisoit de très-bon pain; qu'il produisoit beaucoup d'huile, ce qui a fait dire à Moïse, dans la bénédiction de cette tribu, Aser trempera son pied dans l'huile; qu'on pétrissoit le pain avec cette huile, et qu'on en faisoit frire dans cette liqueur, ce qui faisoit un pain gras qu'on ne connoissoit rien de plus exquis, et que les rois ne mangeoient rien de meilleur. Tout cela est possible; il n'y a rien dans le texte sacré qui contrarie cette hypothèse, comme il n'y a rien qui l'établisse: et l'on peut en tirer un premier sens grossier qui s'adapte à la prophétie; mais il faudroit être bien malheureux pour s'y renfermer. Comment supposer en effet qu'un prophète comme Jacob, visiblement rempli de l'esprit de Dieu, ne voie rien de plus admirable, dans la tribu d'Aser, que la manière dont on y fera des gâteaux à l'huile; et qu'il la bénit afin qu'elle ait toujours ce privilège, à qui les rois même porteront envie. D'ailleurs qu'on y fasse attention : il s'agit d'un pain qui est propre à Aser; on faisoit ailleurs des gâteaux à l'huile; l'usage en étoit commun, et la loi vouloit qu'on en offrît avec les victimes dans plusieurs sacrifices. Il s'agit aussi d'un pain qui fait les délices du roi, et non des rois. D'Aser, viendra le pain gras et excellent qui lui est propre ; et ce pain fera les délices du roi. M. Duguet observe que la tribu d'Aser, mal figurée dans les cartes de certains géographes (elle l'est mieux dans celle de Danville), comprenoit, et non pas Zabulon, la ville de Nazareth, où le Sauveur s'est incarné, où il a été nourri et élevé, et où il a passé toute sa vie jusqu'à l'époque de son baptême et de son ministère public. Voilà le pain qui est propre à la tribu d'Aser, pain vivant descendu du ciel; seul digne d'être offert sur la table du Roi des rois, qui est son autel; et qui, distribué aux humbles dans le festin eucharistique, engraisse leurs âmes dela Divinité même. Une autre ville, où le Sauveur prendra naissance, portera le nom de Bethléem, qui signifie maison du pain : mais elle ne sera pas la première maison du pain. Le Messie n'y naîtra que comme voyageur, et comme par emprunt. Sa patrie sera, dans la tribu d'Aser; et c'est là qu'il fera sa principale demeure. Voilà un sens digne de Jacob, digne de l'esprit de Dieu, et où toute la prophétie est expliquée (Pierre Jean Agier, Prophéties concernant Jésus-Christ et l'Église: éparses dans les Livres Saints, 1819 - books.google.fr).

Deutéronome XXXIII, 24-25 : Sur Aser il [Moïse] dit: Béni soit Aser entre les enfants d'Israël ! Qu'il soit agréable à ses frères, Et qu'il plonge son pied dans l'huile ! Que tes verrous soient de fer et d'airain, Et que ta vigueur dure autant que tes jours !

Les premieres paroles de ce verset s'expliquent ordinairement des filles de la Tribu d'Aser, qui étant belles trouvoient, aisément des partis parmi les hommes des autres Tribus, même parmi les Prêtres, descendans de Lévi, & les Rois. Il y avoit dans le partage de cette tribu une quantité considérable d'Oliviers, & des mines de fer et d'airain (François-Honorat-Antoine Beauvillier de Saint-Aignan, Nouvelle traduction de la bible suivant la vulgate, par de Beauvilliers de Saint-Bignan, 1747 - books.google.fr).

L'Écriture donne vingt-deux villes à la tribu d'Aser. Elle a joute que ses villes lévitiques étaient : Masal, Abdon , Helcath et Rohob. Suivant le livre des Juges, Aser n'extermina point les Chananéens qui occupaient Accho, Sidon, Ahalab, Achazib, aujourd'hui Zib, Helba, Aphec et Rohob (A.-H. Dufour, Geographie sacrée faisant connaître l'état de la Palestine, depuis le temps des Patriarches jusqu'à l'époque des voyages des Apôtres, 1842 - books.google.fr).

Cependant les tribus manquèrent de force ou d'énergie pour expulser ou exterminer les Cananéens, comme l'avait ordonné Moïse. Josué avait peut-être fait une grande faute en ne se donnant pas de successeur; le manque de chef et l'absence d'unité et d'ensemble dans les opérations paralysèrent les forces des Hébreux. Ce furent surtout les tribus du nord, celles de Dan, Manassé, Ephraïm, Aser, Zabulon, Naphthali, qui ne purents'emparer de toutes les villes qui leur avaient été destinées, ou qui se contentèrent de rendre les Cananéens tributaires, en leur permettant de demeurer au milieu d'elles. Un messager de Dieu, ou un prophète, se présenta pour montrer aux Hébreux les conséquences funestes de leur faiblesse. Le peuple reconnut la vérité de tout ce que disait l'homme de Dieu ; mais il ne pouvait plus répondre à son appel que par des larmes. Les Cananéens devinrent de plus en plus dangereux, par leur force matérielle qui n'était pas brisée, et plus encore par leur culte plein de séductions et par l'exemple de leurs mœurs corrompues (Salomon Munk, Palestine description géographique, historique et archéologique, 1845 - books.google.fr).

La tribu d'Aser a donc transgressé les ordres divins de Moïse donnés à Josué d'expulser ou d'exterminer les Cananéens : c'est la transgression d'Aser.

Les Hébreux ont ainsi génocidé les Cananéens qui les avaient accueillis, comme les WASP chrétiens l'ont fait avec les Indiens d'Amérique. La Bible : manuel du génocide, pire que Mein Kampf.

Mais, fort de leurs succès, les Hébreux attaquèrent ensuite les autochtones palestiniens (ou Cananéens) qui les avaient accueillis, s'emparèrent de la ville de Salem qu'ils rebaptisèrent « Jérusalem » (Salem sacrée), et se sédentarisèrent (Bernard Rathaux, Le fil rouge de l'histoire: les religions du livre, 2006 - books.google.fr).

Le scone (à comparer avec la pierre de Scone, identifiée à la pierre de Béthel que Jacob oignit comme le ferait l'abbé Henri Boudet) est un gâteau. On peut mettre en relation le pain à l'huile venant d'Aser et la pierre de Bethel ointe d'huile. Bethel est le lieu rebaptisé, de Luz, par Jacob où il eut le songe de l'échelle parcourue par les anges. C'est à son retour à Béthel, après les exactions commises par ses fils à la suite du viol de Dinah, sa fille, par Sichem fils d'Hamor prince du pays, que Dieu lui confirma son nouveau nom d'Israël (Genèse ch. 34-35) qu'il acquit au passage du Yabok, lieu rebaptisé Phanuel (Peniel, Penuel : face de dieu), après son combat avec l'ange de Dieu. Phanuel, de la tribu d'Aser, est le nom du père d'Anne la prophétesse, vieille veuve qui vit 7 ans avec son mari depuis sa virginité, qui annonça le Christ et la délivrance d'Israël lors de la Présentation de l'enfant Jésus au Temple ainsi que de la Purification de la Vierge (Luc 2,36), fêtés le 2 février, veille de la Saint Blaise.

Une enluminure d'un manuscrit du Dialogus miraculiorum de César de Heisterbach, présente à son tour sous la forme d'une échelle, et dans un développement plus complet, les ordres de l'Église, en une hiérarchie qui n'est pas mise en parallèle avec la hiérarchie céleste, mais est cette fois identifiée ouvertement à l'échelle de Jacob. L'initiale M ouvre et illustre le premier chapitre du livre VIII. Le texte présente les trois sortes de visions, corporelle, spirituelle et intellectuelle, coite dernière étant incluse pour des raisons pratiques, pour ce bref exposé, dans la vision spirituelle. L'idée de l'échelle sert de base à l'explication : « Car comme le Christ dans l'Évangile a composé une échelle de huit béatitudes, par laquelle tout chrétien peut monter au ciel, ainsi dans ce livre une échelle est dressée en autant d'ordres, par lesquels la vision humaine peut monter jusqu'aux armées célestes. [...] Le petit personnage en prière, à la base, représente « tout chrétien » - « omnis christianus », et l'attention du copiste, ou le hasard, a permis de situer ces mots juste à côté de la figure - qui peut monter au ciel. Les deux personnages qui désignent leurs yeux, et dont le texte ne parle pas. Sont identifiés par leur nom et une inscription : à droite Jacob, avec un extrait de Genèse 28, 1 7 ; à gauche Ézéchiel, avec un extrait de son livre en 1 , 1 : « Le ciel s'ouvrit et je fus témoin de choses divines » ; ce dernier illustrant la vision corporelle, et Jacob la vision spirituelle, dont le texte précise qu'elle vient par des extases ou des songes. L'ouverture du ciel évoquée par Ézéchiel est en accord avec la porte du ciel de la vision de Béthel, signifiée par l'association de Jacob et de l'échelle, et la présence divine au sommet (Christian Heck, L'échelle céleste dans l'art du moyen âge: Une histoire de la quête du ciel, 1999 - books.google.fr).

Pour les anciens Égyptiens, le bâton, symbole de l'arbre de la création, est gravé au nom de Dieu. Ce qui signifie que le nom même de Pharaon est la métaphore cosmique de l'un des noms de Dieu. Voilà certainement pourquoi les pharaons vénéraient autant les noms de leurs prédécesseurs, comparés aux étoiles. Séthy Ier et son fils Ramsès II leur rendent hommage, face aux murs du temple d'Abydos (temple des pères). Dans le judaïsme, le « bâton-arbre » est également symbole de révélation divine, transmis depuis la création du monde140. Reprenons en détail le « voyage » de ce bâton. Depuis Adam et Eve, le « bâton du Messie » (le sauveur) échut à Seth, Hénoch, Noé, puis à Abraham, Isaak, Jacob. Jacob le confia à Acher. Curieux hasard, car Acher ou Aser, est justement le nom égyptien d'Osiris, « ASR ». Survivant à ses frères, Acher transmit le secret du « bâton de saphir » à sa fille Sérah, puis à Joseph. «À la mort de Joseph, le bâton fut porté au trésor de Pharaon. » Enfin, Jéthro-Ytro reprit possession du bâton dans le trésor royal de Pharaon en quittant l'Égypte pour Madian, et le transmit à Moïse et Aaron. Élie Bénamozegh, éminent kabbaliste, considère que le bâton suivit la chaîne de la tradition religieuse. [...]

Selon la tradition égyptienne, Osiris est l'esprit du Nil. Le fleuve d'Egypte serait né des exhalaisons du soleil. Le Zohar donne la même explication : Acher serait le fleuve, épanchement divin émanant du jardin d'Éden. « Ce fleuve est appelé Acher ainsi qu'il est écrit "Je suis celui qui (Acher) suis".» Le Zohar a aussi conservé le souvenir du pain sacré mais aussi d'Achéra, la lune, épouse d'Acher, le soleil, symboles d'Israël, la prunelle des yeux de Dieu. (Roger Sabbah, Les secrets de la Bible, 2004 - books.google.fr).

Jéthro a sept noms dont Ytro, Yéter, Réouel, seuls nommés dans la bible, est grand prêtre de Madian. Un ou le dieu des Madianites est Baal-Péor.

Péor ou l'ouverture : Trou de Baal

Un autre nom de divinité fort fameux, dont nous trouvons la trace chez bien des nations sémitiques, est celui de Baal ou Bel. Les Assyriens et les Babyloniens, les Phéniciens et les Carthaginois, les Moabites et les Philistins, et nous pouvons ajouter les Juifs, connaissaient tous Bel ou Baal comme un grand Dieu, ou même comme le Dieu suprême. C‘est à peine si l'on peut dire que Baal ait été un dieu étranger aux yeux des Juifs, car ils ne cessèrent jamais de l’adorer dans les bois qui entouraient Jérusalem. Les Juifs le considéraient presque comme une divinité domestique, ou, dans tous les cas, comme une divinité sémitique, et, parmi les dieux que leurs pères adoraient de l'autre côté du fleuve, Bel occupait assurément un rang des plus élevés. Bien que d’abord un, Baal se divise bientôt, sous l’influence des cultes locaux, en un grand nombre de personnalités divines. L’histoire nous parle d’un Baal-Tsur, Baal—Tsidon, Baal-Tars, qui n'étaient autre chose que le Baal de Tyr, de Sidon et de Tarse. Sur deux candélabres trouvés à l'île de Malte nous lisons cette dédicace phénicienne: "à Melkart, le Baal de Tyr". A Shechem, Baal était adoré comme Baal-Barith, nom que l’on suppose avoir signifié le dieu des traités; à Ekron, les Philistins l'invoquaient comme Baal-Zebub, le dieu des mouches, tandis que les Moabites et les Juifs aussi le connaissaient sous le nom de Baal-peor (Max Muller, Classification des religions, La Revue politique et littéraire (revue bleue), 1872 - books.google.fr).

Belphégor, Béelphégor, BaalPhégor, Baal-Péor, ou Pégor, est le nom d'une idole des Ammonites, des Moabites et des Madianites, qui, dans la théogonie syrienne, joue tantôt le rôle du soleil, tantôt celui de Saturne, et plus souvent encore celui de Priape, dont il avait les attributs. Isidore dans ses Origines, saint Jérôme (sur le chap. 9 d'Osée, et liv. I contre Jovinien, chap. 12), et Ruffin (liv. III, sur Osee), émettent cet avis, qui est partagé par le père Kircher, par Masius, Bochart et plusieurs autres auteurs ou commentateurs. Les uns lui font offrir des victimes humaines par ses prêtres, qui en mangent ensuite les chairs; d'autres lui font faire des sacrifices immondes, et de ce nombre est Salomon Jarkhi, lequel (sur les Nombres, XXV, 3) prétend que le mot hébreu d'où l'on a fait phéor a la même signification que la phrase latine : aperire et distendere foramen podicis. Maimonides insinue la même opinion dans son Moreh Nebuhhim (p. III, ch. 46), et il dit que les préceptes de l'Exode, XXVIII, 42, et XX,26, n'ont eu pour but que d'engager les prêtres du vrai Dieu à s'éloigner d'un culte aussi absurde et aussi abominable. La vérité est qu'on ne sait rien de bien positif sur ce faux dieu, dont on a fait une idole d'ignominie, et que les rabbins disent qu'on honorait par des actions qui blessent la modestie et la pudeur. Origène (dans son Hom. 20, sur le livre des Nombres) dit qu'il n'a rien trouvé dans les interprétations des noms des Hébreux sur cette idole, sinon que c'était une représentation d'impureté, et il ajoute qu'elle était adorée dans le pays de Madian, principalement par les femmes, ce qui semble contredire le culte honteux qu'on lui suppose. Moïse (au livre des Nombres, XXV, 3) rapporte aussi que les Israélites l'adorèrent: « Et Israël se consacra au culte de Béelphégor », dit la Bible de Saci. — Selden (De diis syr, I, chap. 5), dit que Béelphégor est le même qui est appelé simplement Phegor, ou Phogor dans l'hébreu (chap. XXII de Josué, v. 17, et Nombres XXXI, 16), et qui n'est autre que Baal, ou Bélus, le Jupiter enfin des Chaldéens. L'auteur de la Vulgate est du même sentiment (Josué, XXII, 17), et il dit que Phégor est un nom de lieu. C'est en effet le nom d'une montagne au Livre des Nombres (XXIII, 28), et d'une ville, dans Josué (XIII, 19); et Baal, Beel, ou Bel, signifiant Dieu ou Seigneur, il s'ensuit que Bel-Phégor désigne simplement une idole ou un faux dieu qui aurait été adoré sur la montagne. On lit dans le Deutéronome (XXXIV) que le temple de ce dieu se nommait Bethphégor, de beth, maison (voyez ce mot) et de péor, ouvert, parce que la montagne sur laquelle il était situé s'ouvrait pour laisser un passage ; qu'il y avait là un col, une ouverture, par où en effet passa le peuple d'Israël. Cela trouvé, nous sommes fondés à penser que, pour tourner en dérision et vouer au mépris le culte des faux dieux, les chrétiens leur auront attribué un nom et des fonctions qui n'étaient point réellement les leurs. Nous lisons en effet dans Martin Bucer (Commentaire sur le psaume CVI, v. 29 ) que c'est l'Ecriture qui interprète à mal le nom de Bel-Phégor, et que c'est la coutume de donner ainsi des sobriquets aux faux dieux, pour mieux les ridiculiser aux yeux des chrétiens et de leurs propre adhérents. Joseph Scalïger , qui est du même sentiment, ajoute que le véritable nom de ce dieu était Baal-reem, c'est- à-dire dieu du tonnerre, et que les Israélites lui ont donné celui de Baal-Phégor, de Phéor, qui, d'après l'interprétation que nous avons donnée plus haut de ce dernier mot, laquelle est aussi la version adoptée par Scaliger, ferait de ce dieu le rival, l'émule, ou, si l'on veut, le Sosie du dieu Crepitus des Latins. Mais, à l'aide d'une interprétation plus large et plus généreuse, nous parviendrons à rétablir la vérité et à prouver que Belphegor n'est autre que le Dieu de toute la terre et de tous les temps, dont les nations les moins civilisées ont eu quelque sentiment, et, pour ainsi dire, la vague intuition, qu'elles ont exprimée, chacune à sa manière, et en créant, pour représenter et pour adopter ce Dieu, des images plus ou moins matérielles, plus ou moins grossières, selon le degré de cette faible intelligence humaine, que la révélation pouvait seule éclairer. Nous déclarons donc partager à ce sujet l'opinion de Vossius, qui soutient (liv. II De l'idolâtrie, chap. 7) que Belphégor n'est autre que le Soleil, et qui prétend réunir par-là tous les sentiments des anciens, qui, sous les noms divers de Saturne, Jupiter, Priape, Bacchus, le Soleil, le Ciel, Orus, Uranus, Osiris, adoraient tous la même divinité, c'est-à-dire le maître de la génération et de toutes les productions du monde. Le nom de Priape, selon lui, vient de celui de Péor, ou Pégor, quece dieu porte quelquefois seul, sous la désignation générique de Baal (Deutéronome, XXXIV, 5 et 6 , et Josué, XII, 17). La première partie de Priapus, dit-il, est peor, et la seconde ab, ap, qui signifie père; de sorte que Priapus n'est autre chose que Peor pater, somme on écrit et comme on dit Jovis pater, Marspiter, Saturnus pater, Janus pater, Dies pater, etc. Or, ce mot de peor aurait réellement en hébreu la signification à aperire (ouvrir), qui s'applique parfaitement au Dieu adoré de toute antiquité, même par les nations au Soleil, qui produit tout, ouvre tout, amène tout enfin à maturité. — La Fontaine a tiré d'un petit ouvrage de Machiavel (Le mariage de Belphégor) le sujet du conte de Belphégor, qui ne vaut pas la Satire des femmes de Boileau, quoique le but soit à peu près le même, puisque sa moralité est de faire voir qu'il se trouve quelquefois des femmes qui sont plus méchantes que le diable (Dictionnaire de la conversation et de la lecture: Bat - Bes, Volume 5, Belin-Mandar, 1833 - books.google.fr).

D'autres ont voulu découvrir la nature de Phegor par l'étymologie de son nom; ce terme signifie, dit-on, en Caldéen, lâcher le ventre ; d'où l'on a conclu que Phegor pouvoit signifier le Dieu Pet, dont Minutius Félix, Origéne & S. Jérôme ont parlé, comme d'une Divinité adorée en Egypte, de même que le Dieu Rot. Et certes ils ne méritoient guéres moins les honneurs divins, que les poireaux, & les oignons, que les crocodiles & les loups, que la fièvre, la tempête, la foudre, & la mauvaise fortune, à qui ces peuples aveuglez ont rendu des honneurs, qui ne font dûs qu'à Dieu. Mais il est assez inutile de réfuter ces foibles conjectures, on en sent assez la foiblesse. Il y a d'autres Scavans qui ont soutenu, que le nom de Beelphegor étoit un terme de dérision donné au Dieu des Moabites. Ces peuples l'appelloient entreux Baal-reem le Dieu du tonnerre ; mais les Hébreux, par mocquerie, l'appeilerent le Dieu du Pet. C'est par le même principe qu'ils changèrent le nom du Dieu d'Accaron, en le nommant Beelsebub, le Dieu Mouche ; & qu'ils donnèrent à Bethel, où étoient les Veaux d'or de Jéroboam, le nom de Bethaven, Maison d'iniquité. (Augustin Calmet, Commentaire litteral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau testament, 1709 - books.google.fr).

Nous arrivons maintenant à cet autre culte, moins féroce mais tout aussi orgiastique que celui du Moloch: je veux dire le Baalisme, dont le symbole sacré chez les anciens Hébreux était l'âne, comme le taureau était le symbole du Molochisme. Balaam, le possesseur de l'âne qui parle, introduit (Moïse IV [Nombres], 31,16) chez eux le culte du dieu Baal Peor, dont il se donne pour un descendant; il prédit l'avenir sur le mont de Peor. Peor et Beor, il me semble, sont parfaitement le même mot, de l'aramée qui signifie, comme on sait, âne; je le retrouve en oreus, nom grec de la mule, car le b n'est probablement que le beth essentiae de la grammaire orientale, comme l'article copte p ou pi, qui, mis à la tête des substantifs ne fait qu'un mot avec eux; le tapir américain s'appelle beori. Quant à la monture de Balaam, il faut la comparer au cheval qui parle et qui appartient à Achille : il faut la comparer surtout à l'âne mythologique du dieu Dionyse des Hellènes; Hygine (Poet. Astr. 2. 98) dit: Dionyse faisant un pèlérinage à l'oracle de Dodone, traverse un étang sur le dos d'un âne, qui fut rangé parmi les images astronomiques par le dieu reconnaissant : selon d'autres, il donna à cet âne la voix humaine, dont le quadrupède se sert contre le dieu Priape, ce qui lui coûte la vie. Fort ressemblant à cet âne dionysiaque est l'âne du dieu Silène (Creuzer, la Symbolique, III, 208, 383). Ce qui est hors de doute, c'est que l'âne de l'antique mythologie est constamment combiné avec l'eau et le vin (Pausan. Corintk. 38; Moïse, I, 49, 10; Kanne, Panthéon de la plus ancienne Philos, nat.) et à Nauplie on voyait taillée dans le roc, l'image d'un âne dont les habitans prétendaient avoir appris à couper la vigne. L'âne joue un rôle dans les contes féeriques de l'ancienne Allemagne et des Indes-Orientales : des esprits supérieurs à l'homme se servent de la forme de cet animal pour apparaître sur la terre. Les talmudistes (selon Gfrörer, Siècle du Salut, II, 30; Eisenmenger, Judaïsme découvert,I, 316) nomment parmi les choses créées avant le monde, le nom du Messie, et parmi celles créées avec le monde, la bouche parlante de l'ânesse, créées avec neuf autres choses dans la soirée du premier vendredi ; les talmudistes parlent aussi d'un âne qui date d'un temps immémorial, fils de cette ânesse créée au commencement du monde ; c'est assis sur cet âne que le Messie entrera dans la ville de Jérusalem. En d'autres termes, il y a identité métaphysique entre l'âne de Balaam et l'âne du Messie; on fera bien aussi de combiner avec eux le nom du Messie prononcé avant la création de l'univers, et le Logos du Nouveau-Testament.

Le Logos se présente évidemment chez les peuplades sémitiques sous la forme d'un dieu-âne; l'âne est en ce cas le double symbole de la force productive ou génératrice, et de l'humilité. Or, le Logos comme une métamorphose, une transsubstantiation de Dieu descendant dans le sein de la matière, peut très bien choisir l'âne pour domicile temporaire. Le lecteur n'oubliera pas que notre critique doit travailler ici dans le domaine qui appartient à l'aliénation mentale systématisée en guise de spéculation métaphysique; Gfrörer, 339; Eisenmenger, 2, 697 ; Micha le prophète, 5, 1. Chez les Hellènes et les Germains, peut-être aussi chez les Perses, de la haute antiquité, ce culte de l'âne devient un culte du cheval; c'est plus poétique, mais moins vrai. L'âne du dieu Dionyse meurt en parlant, la tête du cheval miraculeux Falada dans un conte féerique allemand parle même après avoir été séparée du cou (Hermann Ewerbeck, Qu'est-ce que la Bible ?: d'après la nouvelle philosophie allemande, 1850 - books.google.fr).

Si le Christ est sur un âne, image du Logos, doit-on confondre l'âne avec celui qu'il porte ? On en revient à Christ-Âme à qui l'âne/pneuma (logos) sert de véhicule (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Le "grand parchemin" "de Saunière" cite l'épisode de l'onction des pieds de Jésus par Marie de Béthanie à Béthanie qui précède immédiatement l'entrée du Christ sur un âne.

Priape est souvent aussi pris, comme Pan. pour l'emblème de la fécondité de la nature. Quelques auteurs l'ont confondu avec Baal-Phégor. On le représente le plus souvent en forme d'Hermès ou de Terme, avec des cornes de bouc, des oreilles de chèvre , et une couronne de feuilles de vigne ou de laurier (François-Joseph-Michel Noël, Dictionnaire de la fable, Volume 2, 1810 - books.google.fr).

Dans le Panthéon stercoraire romain, le dieu du Pet, Crépitus, fait très bonne figure à côté de Cloacine, la déesse de la vidange et Stercutus, avatar de Saturne, dieu de l'agriculture et des amendements du sol. A en croire Norbert-Bertrand Barbe, le dieu Crépitus pourrait avoir cette propriété particulière de chasser le démons et les esprits maléfiques. Une odeur pestilentielle aurait donc des pouvoirs prophylactiques tant d'un point de vue spirituel que bassement matériel. Encore au XIXe siècle, avant les thèses hygiénistes, on accrédite l'idée que la saleté et les mauvaises odeurs protègent des épidémies et sont salutaires. Le ventre est le siège des envies de l'âme. Et on ira jusqu'à penser que le pet contient l'âme. Il est au fondement de la création du vivant. La puanteur et la scatophilie sont des remparts contre tous les assauts et les difficultés de naître. Devant chaque effort il est séant de jurer, de pester et de péter. Le souffle vital reste anal pour de nombreuses inspirations, et comme le dit Ronsard : « Le pet, de son chant, donne La vie à maintes personnes. » Une fécondation par un zéphyr, un courant d'air participe de toute une fantasmagorie de violences aériennes sulfureuses et mystérieuses. La naissance et l'accouchement par le siège sont courants dans les mythes. Présenter ses fesses est une intronisation de type primitif. Les premiers papes doivent s'asseoir non pas tant sur une pierre mais sur un siège maculé d'excréments (Bob O'Neill, Variations scatologiques: Pour une poétique des entrailles, 2008 - books.google.fr).

Pourtant l'offrande excrémentielle se retrouvait bien chez les Israélites et les Moabites (peuple dont l'ancêtre serait Moab, fils de Lot dans la Bible), comme le rapporte Dulaure : le fidèle présentait devant l'autel dédié à Belphégor, « son postérieur nu et soulageait ses entrailles et faisait à l'idole une offrande de sa puante déjection ». Dans le même ordre d'idée, et cette fois tous les orifices et toutes les excrétions y sont conviés, Robert Allen Campell révèle que ces fidèles offraient à Belphégor, les « larmes des yeux, cire des oreilles, humeur du nez, salive de la bouche, urine et déjections des orifices inférieurs ». Le peuple élu n'aurait ainsi point échappé à ces rites scatologiques et à la pratique d'une idolâtrie basée sur les offrandes excrémentielles. Nous sommes loin de la représentation d'une religion « inexcrémentielle » et spiritualiste au sens fort du terme. Le Deutéronome signifie bien ces pratiques à la lecture d'un passage : « Vous avez vu les dieux de l'excrément, de bois et de pierres ». Pourtant la version que nous consultons mentionne pudiquement : « Vous avez vu leurs abominations et leurs idoles, le bois et la pierre, l'argent et l'or, qui sont chez elles ». Reste à ajouter qu'à la décharge (c'est le cas de le dire) des littérateurs ou bonimenteurs en tous genres, ou encore de tous les crédules qui remettaient leurs parties basses aux effets des fientes, plantes, potions ou aux bons soins des saints patrons tels que sainte Néomaye, ou sainte Pédauque en Poitou, saint Blaise en Allemagne, saint Firmin dit saint Accroupi (puisqu'il s'agissait de s'accroupir sur son visage pour être soigné des hémorroïdes) ou saint Fiacre « médecin du phy - du polype donc - et du fondement », moine irlandais du VIIe siècle, il faut admettre les contraintes d'excrétion et de digestion liées aux conditions d'hygiène, d'alimentation et de vie (Cyrille Harpet, Du déchet: philosophie des immondices : corps, ville, industrie, 1999 - books.google.fr).

Si Belphégor (Baal-Péor) est le dieu du pet, saint Blaise en est le saint.

L'onopordum ou pet d'âne vient du grec onos (âne) et pordê (pet). les jeunes tiges de ce chardon sont mangées avec de l'huile d'olive et du sel en Sicile. On en tire aussi une huile pour la cuisine (François Couplan, Le régal végétal: plantes sauvages comestibles, 2009 - books.google.fr).

On retrouve la notion d'ouverture ("pator" en latin) dans la lecture suivant le parcours du cavalier d'échecs du carré SATOR : RESERES TE ORO PATOR O TAPANTA. L’antique Hymne d’Hermès récité par les alchimistes pour favoriser leurs travaux fait écho au chamane eskimo et donne à la formule tirée du carré SATOR toute sa valeur alchimique : « Univers, sois attentif à ma prière. Terre, ouvre-toi, que la masse des eaux s’ouvre à moi. Arbres, ne tremblez pas ; je veux louer le Seigneur de la création, le Tout et l’Un. Que les cieux s’ouvrent, et que les vents se taisent. Que toutes les facultés qui sont en moi célèbrent le Tout et l’Un » (Serge Hutin, L’alchimie, PUF, p. 101).

En rangeant le carré SATOR par permutations selon des carrés magiques d'ordre 5 on trouve parmi le rangement un carré avec le mot PAEOR (Le carré SATOR et l'alchimie).

R

O

E

A

P

O

S

T

R

A

E

T

N

T

E

A

R

T

S

O

P

A

E

O

R

 

Paeor, selon Addison, est un des noms de Baal Péor, Belphegor, transcrit par Cornelius a Lapide, auteur bien connu de l'abbé Henri Boudet (John Milton, Le paradis perdu: poème héroïque, Volume 1 avec les annotations de Joseph Addison, traduit par Pierre Mareuil, 1765 - books.google.fr).

"Pote" : possible et transgression

L'absurde est la conscience de la disproportion entre l'impuissance humaine et la toute puissance divine, entre la fermeture du cercle du possible pour l'homme et l'ouverture du tout est possible en Dieu. La détermination négative trouve sa formule dans le : humainement c'est impossible, et son expression dans le désespoir comme « signe négatif de la foi ». Mais la foi est ce qui veut du possible. La maladie à la mort l'avait dit à peine un an auparavant : « quand il s'agit de croire il n'y a qu'un seul remède : à Dieu tout est possible » (Kierkegaard, Sygdommen til Doden, III, b, b SV XVII) (Olivier Cauly, Une critique de Magnuss Eiriksson, Kierkegaard: colloque franco-danois, Volume 10 de Kairos, revue de la Faculté de Philosophie de l'Université de Toulouse-Le Mirail, 1997 - books.google.fr).

La possibilité comme capacité, comme possibilité d'action, représente une vue plus positive que celle qui maintient comme point de départ le barrage que représente la mort. La temporalité du Dasein, ouverte dans le souci par son « être-pour-la-mort », fait de la mort un point de vue infranchissable et inévitable. Mais, se demande Ricœur, n'y a-t-il pas là un point de vue limité, partiel, qui ne se charge pas justement de la chair dans sa puissance générative ? Ne sympathisant pas trop avec la destinalité négative de la mort comme possibilité la plus propre, il s'interroge s'il ne faut pas s'ouvrir au thème arendtien de la natalité (qui chez H. Arendt soutient les catégories de la vie active : le travail, l'œuvre et l'action) : « Les ressources d'ouverture de l'être possible n'ont-elles pas été obturées par l'insistance sur la thématique de la mort ? ». La philosophie du premier Heidegger semble en vérité, d'un point de vue phénoménologique une pensée dépressive où l'ontologie négative prévaut sur toute positivité (mais les choses sont bien plus complexes que cela, car la voie négative est une voie d'accès elle-même). C'est précisément cela qui suscite la perplexité de Ricœur. Car la mort comme horizon de finitude qui détermine le temps ne fait qu'atténuer la tension entre ouverture du possible et fermeture de la fin : « L'angoisse qui met son sceau sur la menace toujours imminente du mourir ne masque-t-elle pas joie de l'élan du vivre ? A cet égard, le silence d'Etre et temps sur le phénomène de la naissance [...] est étonnant ». Il faudrait donc remplacer l'obsession de la métaphysique du problème de la mort par la jubilation de la vie active ouverte par la naissance. Ricœur recourt plusieurs fois au mot « obsession » lorsqu'il explique la façon dont Heidegger parle de l'angoisse. Et il met en rapport direct l'obsession angoissée de la mort avec un autre terme significatif, celui d'« obturation » : l'obsession obture « les réserves d'ouverture de l'être possible » (Enrico Castelli-Gattinara, Les puissances actives et positives de l'oubli, La juste mémoire: lectures autour de Paul Ricœur, 2006 - books.google.fr).

Pour Érasme et Mélanchton, les procédés de mémorisation ne présentent aucune utilité véritable, et ne sont que le résultat des superstitions monastiques. Ces idées sont partagées par Rabelais, qui y revient fréquemment dans Pantagruel et apprendre les livres «si bien qu'il les rendait par cœur au rebours». Mais lorsqu'on lui demande quelque chose de plus réfléchi, il est impossible « de lui tirer une parole, non plus qu'un pet d'un âne mort». Au-delà de la période humaniste, Francis Bacon (1561- 1626) reste très sévère vis-à-vis des techniques de la mémoire artificielle, qu'il juge tout à fait stériles dans son Traité de la valeur et avancement des sciences divines et humaines, publié en 1605 (Marie-France Auzépy, Joël Cornette, Palais et pouvoir: De Constantinople à Versailles, 2003 - books.google.fr).

Si le pet d'un âne mort est employé aussi pour caractériser un avare, il est donc aussi utilisé pour marquer l'impossibilité (tirer des pets d'un âne mort), comme d'ailleurs "tirer l'huile d'un mur", aussi employé pour l'avarice.

Nombreuses sont les expressions imagées françaises qui servent à exprimer une action impossible : chercher la lune en plein jour, vouloir prendre la lune avec les dents, chercher le mouton à cinq pattes, demander de la laine à un âne, tirer des pets d'un âne mort, quand les poules auront des dents (Sylvie Brunet, Petit livre de - Les proverbes, 2012 - books.google.fr, Claude Duneton, Sylvie Claval, Le bouquet des expressions imagées: encyclopédie thématique des locutions figurées de la langue française, 1990 - books.google.fr).

Osée associe ces reproches à une vue profonde de l'histoire. Au baalisme dans lequel Israël sombre avec tant d'excès, il oppose les origines heureuses : « Comme des raisins dans le désert je trouvai Israël ; tel un fruit précoce sur un figuier, je vis vos pères ; mais arrivé à Baal-Péor, ils se vouèrent à la honte (= Baal) » (9,10). Nomb 25 rapporte une transgression à cet endroit, peu de temps avant le passage du Jourdain. Pour Osée, c'est la transgression type par laquelle Israël s'engage dans le baalisme (Walther Zimmerli, Esquisse d'une théologie de l'Ancien Testament, 1990 - books.google.fr).

L'impureté est aussi redoublée quand la relation sexuelle s'accompagne d'impiété. Ainsi le montre l'épisode de Shittim, où se sont un temps établis les Israélites. Certains d'entre eux ont des relations sexuelles avec des femmes moabites. Le texte dit : « Le peuple commença à se prostituer avec les filles de Moab», c'est-à-dire que non seulement il couche avec des Moabites, mais il se prosterne devant leurs dieux. Dieu, le vrai, se met en colère. Il ordonne à Moïse de pendre tous le tous les chefs du peuple, «face au soleil ». On commence à tuer tous ceux qui se sont mis sous le joug du Baal de Péor, c'est-à-dire de Belphégor. Heureusement, un prêtre, Pinhas, petit-fils d'Aaron, se montre particulièrement farouche dansla persécution desfautifsen transperçant de son épée un Israélite coupable et son amie moabite. La colère de Dieu s'apaise. Il reste que les victimes vingt-quatre mille. Et Dieu dit que, grâce à Pinhas, il s'est abstenu « d'exterminer les fils d'Israël» (Nb, XXV, 1 à 15). (Philippe Barret, Moïse, Jésus, Mahomet: Préceptes moraux de la Torah, du Nouveau Testament et du Coran, 2010 - books.google.fr).

Elie triompha du Dieu Baal au mont Carmel, promontoire rocheux de l’état d’Israël dans la tribu d'Aser. Des ermites latins y vivent dès 1155 et leur règle sera donné par saint Albert puis modifiée par Innocent IV qui souhaite plus d’action que de contemplation. Coexisteront ainsi les Carmes déchaux (car point besoin de chaussures pour le cloître) et les Carmes chaussés ou mitigés (1205). La mythologie de Baal, Dieu de l’orage et de la pluie, aidé par sa sœur Amat déesse de la guerre et de l’amour contre le Dieu Mot de la sécheresse et de la mort, laisse beaucoup de trace dans le Judaïsme par exemple : la dénomination du Dieu vétérotestamentaire « El » qui était aussi le grand Dieu auprès duquel intercédait Baal et le Belzébut du Nouveau Testament (Mathieu XII,24) : seigneur du fumier ou de la maison suprême (l’enfer), nom du diable qui est une péjoration de Baal Zébut (Dieu des mouches). Belphégor vient aussi de cette mythologie (Baal Peor : Seigneur du mont Peor) (Bernard Guiter, Femme de l'Éros et femmes de l'agapê, 2002 - www.cairn.info).

Le miracle du mont du Carmel est rapporté dans I Rois, XVIII, 19-40 : invités par Élie à invoquer leur dieu pour qu'il mette le feu au bûcher de leur autel, les quatre cent cinquante prophètes de Baal prièrent en vain une matinée entière mais sitôt qu'Élie, de son côté, eut achevé son autel et invoqué Dieu, la « flamme du Ciel » vint tout consumer. Élie fit alors égorger tous les prophètes de Baal. Voir I Rois, xvn, 1 et xvm, 1. Dans la Bible, cette sécheresse précède immédiatement l'épisode du Carmel (voir la note précédente). L'image de la fermeture des cieux vient de Luc (IV, 25) : «Au temps d'Élie, quand le ciel fut fermé pendant trois ans et six mois » (Jean Racine, Œuvres complètes, Volume 1, rédacteur : Georges Forestier, 1999 - books.google.fr).

La naissance d'Élie décrite dans le commentaire attribué à Jean de Damas n'est pas relatée dans la Bible, mais la Vie des prophètes, qui fait écho au midrash sur le psaume 42 [43],3 dans lequel Élie, de la maison d'Aaron, est la lumière, et le Messie, la vérité (Le saint prophète Élie: d'après les Pères de l'Église, Volume 53 de Spiritualité Orientale, Monastère Saint Elie (Saint-Rémy, Côte-d'Or), 1992, p. 21).

"L'orgie est au contraire une transgression generalisée et comme un état exaspéré de transgression" (Georges Bataille, Histoire de l'érotisme, 8,130).

La transgression sadienne est une récupération incessante du possible même, pour autant que l'état de choses existant a éliminé le possible d'une autre forme d'existence. Le possible de ce qui n'existe pas, ne peut jamais rester que du possible : car si c'était ce possible que l'acte de transgression récupérait comme nouvelle forme d'existence, il la lui faudrait transgresser de nouveau, puisqu'il y aurait derechef du possible éliminé à récupérer ; ce que l'acte de transgression récupère, au regard du possible de ce qui n'existe pas, c'est sa propre possibilité de transgresser ce qui existe. En tant que comportement pervers, l'acte de transgresser les normes existantes, au nom d'une possibilité toujours inexistante, suggérée par le phantasme, est éminemment représenté par la nature même du numéraire : soit la liberté de choisir ou de refuser tel ou tel bien parmi d'autres qui existent. Par cette possibilité du choix ou du refus il met en cause la valeur de ce qui existe en faveur de ce qui n'existe pas. Ce qui n'existe pas selon les normes, donc les anomalies qui ne s'énoncent que négativement selon le langage en tant qu'absence de norme, s'énonce positivement par le numéraire non dépensé, donc refusé à ce qui existe. Le monde clos de la perversion, en tant que le monde de l'incommunicable, sanctionne par le numéraire l'incommunicabilité même entre les êtres ; c'est la seule manière intelligible par laquelle le monde des anomalies réagit positivement au monde des normes. Pour se faire entendre du monde institutionnel, la monstruosité intégrale lui emprunte le signe abstrait des biens échangeables. Ce qui revient à affirmer qu'il n'y a qu'une communication universelle authentique : l'échange des corps par le langage secret des signes corporels. L'argumentation de Sade est en quelque sorte la suivante : les institutions prétendent sauvegarder la liberté individuelle, donc l'intégrité des personnes, en substituant à l'échange des corps l'échange des biens selon le signe neutre et partant équivoque, du numéraire : mais, sous le couvert de la circulation des richesses, le numéraire ne fait qu'assurer sourdement l'échange des corps au nom et dans l'intérêt des institutions. (Pierre Klossowski, Sade et Fourier, Topique, Numéros 1 à 5, 1969 - books.google.fr).

Transgression mérovingienne

La sacralité des premiers Mérovingiens leur venait moins de leur consécration au Dieu chrétien que d’une force dangereuse qui nécessitait de transgresser un certain nombre de règles sur lesquelles reposait l’ordre social. Grégoire de Tours situe Clovis du côté des rois magiciens quand il raconte comment il a tué ses consanguins et détruit systématiquement sa parentèle. Ces actes, qui sont une violation absolue de l’ordre familial, opèrent une rupture avec la culture, c’est-à-dire avec l’ordre de la parenté sur lequel se fonde la société tribale. En versant le sang de ses parents et en violant l’ordre familial, Clovis accomplit l’acte social le plus dangereux qui soit, mais cette transgression porte en elle une efficacité surnaturelle. Dans cette perspective, les meurtres mérovingiens et l’élimination brutale des rivaux présentent un caractère magique évident.

Dans de nombreuses sociétés tribales, l’impureté royale, inhérente à la sacralité, se manifeste par un inceste originel qui relève du même champ de l’interdit que le meurtre consanguin. Or, s’il n’est pas question d’inceste royal chez les Mérovingiens, le mythe d’origine de la famille mérovingienne se réfère à la naissance presque « impure » de Mérovée, qui serait né du contact de sa mère avec un monstre marin. Mérovée n’est pas un être hybride, comme les centaures antiques ou les hommes-loups, mais son origine tient de l’animalité, génératrice de force surhumaine. Comme eux, les premiers Mérovingiens se sont signalés par leurs péchés sexuels, en particulier par la pratique du rapt des filles et des femmes.

Les rois francs ne sont appelés Merovingii – au sens propre, les descendants de Mérovée – que dans le livre III de la chronique de Frédégaire. Le même auteur souligne également les fondements surnaturels de la légitimité mérovingienne, par l’origine fabuleuse de Mérovée. Frédégaire opère également une projection dans le passé en faisant de Clodion, père de Mérovée, le fils de Theudemar dont le nom, écrit-il, suggèrerait un lien avec les rois troyens Priam, Friga et Francio. Le mythe de l’origine troyenne des Francs, qu’il reprend ici, était apparu pour la première fois au livre II de la même chronique, vraisemblablement écrit par un premier auteur . Le mythe troyen s’inscrit dans les traditions romaines, mais aussi gallo-romaines, puisque les Arvernes avaient également prétendu descendre des Troyens et que le Quinotaure était l’expression de réminiscences antiques, probablement mal assimilées. Ces mythes s’étaient développés dans le courant du VIe siècle, mais ils ne s’expriment clairement qu’au début du VIIe siècle, avec la seconde fondation du royaume. La dynastie royale, maintenant appelée mérovingienne, porte désormais un attachement particulier au nom de Mérovée, systématiquement repris à chaque génération. C’est aussi sous le règne de Clotaire II, dans l’entourage de Dagobert, alors roi d’Austrasie (623-629), qu’on rédige les premières généalogies mérovingiennes, pour construire la légitimité de la branche neustrienne, victorieuse des descendants de Sigebert d’Austrasie.

Grégoire de Tours oppose deux modèles qu’il utilise alternativement : celui du roi magicien, qu’il associe plutôt à la toute première période mérovingienne, à des prétendants illégitimes ou à de mauvais souverains, et celui du roi chrétien qui est représenté par Gontran dont il écrit « que plein de bonté, il gouvernait son peuple avec les prêtres en se comportant lui-même comme un prêtre ». Les deux modèles lui permettent d’intégrer l’histoire des Francs dans une même marche vers le salut, en gommant les ambiguïtés profondes de la royauté mérovingienne du VIe siècle. Le roi de la conquête dominait les fonctions liées à la terre, c’est-à-dire les fonctions guerrières et nourricières, mais il n’assumait que partiellement les fonctions liées au ciel, c’est-à-dire les fonctions juridico-religieuses sans lesquelles il n’était point de stabilité. La conversion au christianisme et le modèle impérial ont ensuite fourni aux rois mérovingiens les moyens d’accéder progressivement à une véritable auctoritas, selon un processus qui s’est poursuivi durant le VIe siècle, mais qui n’est arrivé à son terme qu’au début du VIIe siècle, avec le triomphe de la dynastie neustrienne (Régine Le Jan, La sacralité de la royauté mérovingienne, 2003 - www.cairn.info, Keikoz, Les rois de France morts violemment, 11/01/2011 - www.passion-histoire.net).

Le possible s'est, au cours des siècles et bien avant l'ère chrétienne, incarné dans les métamorphoses. Et, passées dans l'imaginaire, proches du rêve, étudiées des psychanalystes, ces métamorphoses parlent un langage obscur qui enseigne à voir le monde en soi et autour de soi (Anny Cazenave, Images et imaginaire au Moyen Âge: l'univers mental et onirique de l'homme médiéval, de Chartres à la Normandie, des Pyrénées aux confins de mondes inconnus, 2007 - books.google.fr).

Mihaela Bacou propose une classification des métamorphoses de loups-garous :

La métamorphose peut être l’effet d’un châtiment, ce qui suppose que le coupable s’est livré à une transgression, ou l’objet d’une initiation, ce qui laisse entrevoir la finalité d’une intégration. [...] Ainsi dans les Métamorphoses d’Ovide, Lycaon est métamorphosé en loup par Zeus parce qu’il a douté de la divinité de ce dernier et commis des actes inhumains. Cette transgression de la loi lui a valu sa métamorphose et le déluge qui s’abat sur l’humanité tout entière. En revanche, chez Hérodote, aucune forme de transgression ne se manifeste. La métamorphose constitue un rituel, une initiation assurant la cohésion d’un groupe dont la caractéristique première est d’être un peuple de chasseurs et de guerriers. Un moyen terme existe cependant, qui est lié à une apparente absence de causalité interne ou externe, produisant ainsi un effet que l’on pourrait qualifier de merveilleux gratuit. Ni coupable ni initié, un tel loup-garou privilégie le seul aspect remarquable de la métamorphose sans l’inclure dans une instance moralisatrice. Le Satiricon est le seul à offrir cette vision gratuite que rien –dieux, démons ou mythes – ne peut venir justifier (Mihaela Bacou, « De quelques loups-garous », in Métamorphose et bestiaire fantastique au Moyen Âge, études rassemblées par Harf-Lancner, Laurence, Paris : Collection de l’Ecole Normale supérieure de Jeunes Filles, 1985 p. 30-31) (Cécile Darribeau-Rémond, De l’homme et de l’animal : quelques métamorphoses dans la littérature arthurienne des XIIe et XIIIe siècles, 2010 - dumas.ccsd.cnrs.fr).

Dag, Dago, Dagobert

Le nom de Baalon, commune à côté de Stenay, qui reprend la graphie du dieu Baal, n'est sans doute pas fortuit.

On peut aussi rapprocher Dagobert de Dagon, dieu sirénien à comparer au Quinotaure, cité par le pseudo-Frédégaire, moitié terrestre et moitié aquatique, qualifiant un Neptune : bestia Neptuni Quinotauri similis. L'historien Godefroid Kurth la résume ainsi : « Un jour que la reine, femme de Clodion, se baignait dans la mer, un dieu s'unit à elle, et de cette union naquit Mérovée, le héros éponyme de la dynastie franque. » (Bernard Fontaine, Geneviève Béduneau, Mystères et merveilles de l'histoire de France: L'Hexagone couronné, 2015 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Clodion le Chevelu).

Le dieu principal de la Phénicie et de la Palestine nous apparaît donc en Crète avec son triple caractère de Baal (nom le plus général de cette divinité et commun à plusieurs des peuples qui parlaient les idiomes sémitiques), de Dagon spécial aux villes d'Ascalon et d'Azot, et de Jupiter Arotrius, un des aspects que se partagent Baal et Dagon. Pour compléter ce tableau il faut se rappeler la forme sous laquelle Jupiter conduit Europe de la Phénicie en Crète. Un camée célèbre du Cabinet de France nous présente la transition naturelle des symboles que nous avons examinés jusqu'ici au Jupiter-taureau. Cet ouvrage du travail le plus délicat et signé par le graveur Glycon, montre une jeune nymphe que porte sur la mer un monstre moitié taureau et moitié poisson, au milieu d'une nuée d'Amours qui les accompagnent (Achille Collas, Paul Delaroche, Louis-Pierre Henriquel-Dupont, Charles Lenormant, Trésor de numismatique et de glyptique, Volume 4, 1850 - books.google.fr).

S'il faut trouver une explication au mot Quinotaure, on a déjà "taure" de taurus taureau et peut-être "quino" de quien, «forme normande de chien (de mer)». Le chien de mer est un requin (quin) dont l'origine étymologique serait requiem. Ce serait un Requin-Taureau.

Requin, attesté depuis 1529, est d'origine controversée. La graphie requien (1578), puis requiem (XVIIe s.) disparue, est une altération due à l'étymologie alors donnée du mot : « Quand il a saisi un homme... il ne reste plus qu'à faire chanter le Requiem pour le repos de l'âme de cet homme-là» (Huet, XVIIème siècle) (Poétique, 1982 - books.google.fr).

Le requin-taureau (Eugomphodus taurus), nageant en permanence la gueule ouverte, est facilement reconnaissable grâce à ses dents très effilées (Philippe Ecalard, Le grand requin blanc, 2006 - books.google.fr).

Les requins-taureaux, reconnaissables à leur absence de pli médio-dorsal, sont familiers des embouchures de rivières où ils sont attirés par l'eau saumâtre (André Thibault, Pierre Rézeau, Richesses du français et géographie linguistique, Volume 2, 2008 - books.google.fr).

On reconnaîtra dans le Quinotaure le Léviathan, la Tarasque, le Drac.

Après la défaite des Hébreux à Aphec, et la destruction probable de Silo, les Philistins emportent l'arche d'alliance et la déposent dans le temple de Dagon à Asdod (Azot). Les commentateurs au moyen âge, comme Rashi (Rabbi Salomon de Troyes, vers 1040 - 1105) et David Kimchi (rabin narbonnais mort en Provence vers 1240), faisaient de Dagon un dieu-poisson par mauvaise interprétation du premier livre de Samuel 5,4.

Bien loin de se présenter comme une divinité marine, Dagon apparaît au contraire comme une divinité agraire. Il n'est autre que le blé divinisé (dâgân) particulièrement cultivé dans la Shéphélah, le pays bas situé non loin de la mer où s'étaient installés les Philistins). C'est d'ailleurs ce que savait Philon de Byblos, lorsqu'il traduisait en grec le vocable sémitique: „Dagon qui est le champ de blé" et lorsqu'il assimilait le dieu sémitique Zeus Arotrios (Phil. ii 16). Il y a donc entre le dieu Dagon et le blé dâgân la même relation qu'entre la divinité Ceres et les cerealia (Mathias Delcor, Études bibliques et orientales de religions comparées, 1955 - books.google.fr).

Beth-Dagon est une ville de la Tribu d'Aser (Josué XIX, 27). Beth-Dagon signifie la maison, ou le Temple de Dagon. Beth-Dagon est une autre ville, de la Tribu de Juda, ainsi nommée apparemment parce qu'il y avoit un Temple de Dagon , avant que les Israelistes la possédassent (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, 1783 - books.google.fr).

Ebroïn

Ebroin, maire du palais, présenté parfois comme un usurpateur, comme le démon Asmodée avec le roi Salomon, poursuit la politique de centralisation neustrienne. Il aurait participer à l'assassinat Dagobert II (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

En Neustrie, deux groupes de parenté tiennent successivement la mairie du palais : le groupe Erchinoald-Ebroin-Leudesius, puis le groupe Waratton-Bertharius. Aucun decesdeux groupes neréussit à imposerun mode de transmission direct et patrilinéaire de la fonction, ce qui explique sans doute l'échec final des Neustriens face aux Austrasiens. Clovis II règne d'abord sous l'autorité de sa mère Nanthilde et du maire du palais Aega que Dagobert a choisi. À la mort d'Aega, c'est Erchinoald, apparenté à Clovis II, qui devient maire du palais (641-658). Il appartient à un puissant groupe familial implanté dans le nord-ouest de la Neustrie. Lui-même possède d'importants domaines dans le Soissonnais et il en obtient d'autres du fisc royal. Il mène une active politique monastique, accueillant à le moine irlandais Fursy qui fonde les monastères de Lagny, de Péronne et de Fontenelle. Lamortde Clovis II, en 657, précède de peu celle d'Erchinoald, en 658. La reine Bathilde, d'origine anglo-saxonne, exerce la régence au nom de son jeune fils Clotaire III (657-673). Son action illustre bienle rôle joué par les reines mérovingiennes après la mort de leurs époux, lorsque leurs fils sont mineurs. Elles gouvernent au nom de leurs jeunes fils, mais leur position est fragile, car il leur faut obtenirle soutien des aristocrates. Bathilde a une haute idée de la mission royale. Elle comprend toute l'importance dela politique religieuse menée par ses prédécesseurs. Elle perpétue donc la tradition inaugurée par Dagobert en faisant preuve d'une très grande générosité envers les églises du Parisis. Elle entretient également des liens particulièrement étroits avec l'évêque de Paris, Chrodobert, ainsi qu'avec celui de Rouen, Ouen. Elle fonde de nombreux monastères, dont Corbie et Chelles, où son fils Clotaire III l'oblige finalement à se retirer en 664 ou 665. Elle a pu compter sur le maire du palais Ebroin (658-673), qui a succédé à Erchinoald. Comme Clovis II l'avait fait auparavant, Bathilde et Ebroin tentent de s'opposer aux tendances autonomistes de la Bourgogne. Cette politique centralisatrice suscite de fortes oppositions qui éclatent à la mort du roi Clotaire III, en 673. Ebroin impose Thierri III, jeune frère de Clotaire III, tandis menée par Léger, évêque d'Autun, prendparti pour Childéric II, autre fils de Clovis II, devenu roi d'Austrasie en 662. Ebroin doit s'enfuir et accepter l'exil au monastère de Luxeuil. En 675, Childéric II est assassiné et une partie de l'aristocratie choisit alors Leudesius, fils d'Erchinoald, comme maire du palais, tandis qu'Ebroin refait surface. Il s'allie aux Austrasiens qui soutiennent Clovis, un fils de Clotaire III. Ebroin réussit à éliminer Léger et Leudesius et à gouverner la Neustrie-Bourgogne (677-680/683). Il espérait certainement réunifier complètementle royaume franc. Il s'allie d'abord à Pépin II contre le maire du palais d'Austrasie Wulfoald et Dagobert II, devenu roi d'Austrasie en 675. En 679, il participe probablement à l'assassinat du même Dagobert II, le 23 décembre, mais sa politique lui vaut aussitôt l'hostilité des Pippinides, à qui profite la mort de Dagobert II. Lorsque Ebroin bat les ducs austrasiens Pépin et Martin près de Laon, en 680,il semble près d'atteindre son but, maisil est assassiné par Ermenfred, un aristocrate neustrienqui appartient sans douteau parti pippinide puisqu'il s'enfuit en Austrasie. La Neustrie-Bourgogne a donc connu une succession d'assassinats et d'exils durant la dizaine d'années qui suit la mort de Clotaire III. Elle illustre la montée de l'aristocratie face à un pouvoir central qui lutte pour la contrôler. Les oppositions régionales ne sont cependantque la compétition souvent violente entre des groupes de parenté aristocratiques pour accaparerle pouvoir dans chacun des regna. Les aristocrates neustriens hostiles à Childéric II ont des relais en Austrasie où ils s'appuient surles Pippinides. De leur côté, les Pippinides ontdes relais dans le nord-ouest de la Neustrie. L'échec final de la Neustrie face à l'Austrasie s'explique par les tensions à l'intérieur même des groupes de parenté qui tiennent la mairie du palais (Régine Le Jan, Michel Ballard, Histoire de la France, Origines et premier essor, 2012 - books.google.fr).

Saint Wilfrid, dont Eddius et après lui Fridgod, ainsi que Eadmer, ont écrit la vie, avait connu Dagobert en Irlande, l'avoit fait passer en Angleterre, et n’avait pas peu contribué à son rappel et à son retour en France. Dagobert avoit conservé le souvenir de saint Wilfrid ; cet évêque, persécuté dans son pays, trouva un asile auprès de lui ; Dagobert offrit à son ami l’évêché de Strasbourg ; et sur le refus de Wilfrid, qui adgmenta l’estime du roi pour lui, Dagobert le combla de présents et de bienfaits. C’est par cette liaison de saint Wilfrid avec Dagobert II, que les historiens de saint Wilfrid deviennent des autorités pour l'histoire de Dagobert (M. Gaillard, Histoire de Charlemagne, suivie de l'histoire de Marie de Bourgogne, Tome 1, 1819 - books.google.fr).

Wilfrid fut le premier évêque d'York, ville du Yorkshire, où l'on trouve, sur le vitrail d'une de ses églises, un peigne en or (Sot Pêcheur) dans la main d'un saint identifié à saint Blaise qui a sa chapelle dans l'église Saint Thomas de Strasbourg dont Dagobert avait offert l'évêché au saint anglais.

Le récit de la Vita Dagoberti, probablement écrite par un moine de l'abbaye de Fontenelle à Saint Bertin au IXème siècle, est conçu pour établir un rapport entre Dagobert et des lieux et des hommes qui lui donnent l'occasion de manifester sa sainteté dans le cadre de sa fonction royale. Il se présente donc comme un itinéraire symbolique. Son père Childebert, élu roi par le princeps Pépin et l'exercitus Francorum, le confie pour son éducation à sainte Bathilde au monastère de Chelles. C'est là qu'il apprend les rudiments de la sainteté. Après la mort de son père il est élu roi à son tour au cours d'une assemblée, à Reims, des évêques, des «satrapes», des ducs, des comtes et de tous les proceres francs. Il n'accepte sa désignation qu'après un débat où il se déclare, comme le font traditionnellement les évêques ou les abbés, indigne de cette charge. Il est pourtant sacré par l'archevêque de Landon et tous les évêques. C'est alors que, se dirigeant vers la cité de Reims, à la prière de l'archevêque, il rencontre les paysans du pagus qui le supplient de semer les premiers grains de sa propre main. Il le fait, pour le bénéfice des habitants d'alentour, et à cet endroit le blé pousse plus vite qu'ailleurs et la récolte est plus abondante que d'habitude. Ce premier miracle du nouveau roi est donc lié fortement par l'auteur au sacre et au lieu où il s'est déroulé (Claude Carozzi, La vie de saint Dagobert de Stenay : histoire et hagiographie. In: Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 62 fasc. 2, 1984 - www.persee.fr).

Les Pippinides sont, en effet, les véritables maîtres de l'Austrasie depuis Pépin Ier et après leur alliance avec les Arnulfiens de Metz et l'archevêché de Cologne. A son retour d'exil, Dagobert II mène une politique hostile aux Pippinides, avec le maire du palais d'Austrasie Vulfoald (autre ennemi personnel des Pippinides) ; à ce point hostile qu'elle motivera, le 23 décembre 679, l'assassinat de Dagobert II à l'instigation de Pépin II et avec l'accord de l'aristocratie et de l'épiscopat d'Austrasie (Alain Dierkens, Note sur un passage de la Vita Dagoberti : Dagobert II et le domaine de Biesme. In: Revue belge de philologie et d'histoire. Tome 62 fasc. 2, 1984 - www.persee.fr).

Christ et transgression

Il est connu que le débat entre Jésus et les scribes s'est enflammé sur la question du sabbat ; l'évangéliste Marc désigne d'emblée ce litige comme la cause de la mort de Jésus (3,1-6). A l'évidence, Jésus a voulu provoquer ses contemporains, en choisissant symboliquement le jour du sabbat pour effectuer une guérison ou un exorcisme qui auraient pu sans peine attendre au lendemain. Le chef de la synagogue en Lc 13,4 lui en fait le grief, à quoi Jésus répond en formulant le sens de sa provocation : la délivrance de la femme courbée cristallise la véritable signification du sabbat, qui est d'attester la libération du peuple (13,16). A regarder de plus près, le geste de Jésus n'est pas si novateur qu'il y paraît : savoir si le sabbat peut être transgressé pour sauver une vie est une question ouverte au premier siècle. Les avis sont très partagés. Même les esséniens, pourtant les plus rigoristes, tolèrent une exception pour l'homme tombé dans un puits (CD 11,16-17), tandis que les pharisiens se montrent nettement plus libéraux. De façon générale, les rabbis ne sanctionnent pas l'usage de la parole, qui n'est pas un « travail » (or, Jésus guérit par la parole le jour du sabbat). Les rabbis codifient en mesurant la gravité du danger auquel autrui doit être soustrait. La singularité de Jésus ne réside pas dans la trangression comme telle, mais plutôt : (1) dans son désintérêt à codifier l'entorse faite au sabbat ; (2) dans le fait d'agir en faveur d'autrui plutôt qu'animer une palabre ; (3) dans la légitimation donnée à son acte, qui puise dans l'expérience commune de chacun (« Le jour du sabbat, chacun de vous ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener à boire ?» Le 13,15 ; cf. Mt 12,11-12 et Lc 14,5). Sans entrer dans le jeu de la halakah, Jésus la recadre en plaçant la décision devant l'alternative : faire vivre ou faire mourir (Mc 3,4). (Daniel Marguerat, Jésus et la loi, La mémoire et le temps: mélanges offerts à Pierre Bonnard, 1991 - books.google.fr).

Que peut se promettre la vertu la plus pure et la plus irrépréhensible de l'injustice du monde, puisqu'il a pu trouver autrefois dans la sainteté même de Jésus-Christ, des sujets de scandale et de censure ? S'il opère aux yeux des Juifs des prodiges éclatants, s'il rend aujourd'hui la vue à un aveugle-né, ils l'accusent d'être violateur du sabbat; d'opérer ces miracles au nom de Belzébuth, plutôt qu'au nom du Seigneur, et de ne vouloir par ces prestiges qu'anéantir et détruire la loi de Moïse: Non est hic homo à Deo, qui sabbatum non atstodil (Joan. IX, 16); c'est-à-dire, qu'ils attaquent ses intentions, pour rendre ses œuvres suspectes et criminelles (Jean Baptiste Massillon, Oeuvres de Masillon, eveque de clermont: Avent. Careme. Petit careme. Oraisons funebres, Volume 1, 1853 - books.google.fr).

Les pharisiens sont plus près de la vérité que ce qu'on interprète habituellement de cet épisode dans les évangiles.

Le diable

Le cimier en forme de tête de diable au-dessus des armoiries de la ville de stenay ne serait qu'une invention de l'architecte de l'actuelle mairie de la ville construite en 1925 (Raymond Terrasse, Amitié franco-mariale et géométries ufologiques, 2012 - books.google.fr).

Cependant, un nom proche de celui de Satan était employé très tôt.

En latin Astenidum , ainsi appelé dans les capitulaires de Çharles-le-Gros, était sous ce règne une résidence royale Villa Regia,que la proximité de grandes forêts rendait agréable et commode pour la chasse. Les écrivains postérieurs à Charles-le-Chauve l'appellent Satanacum, d'où est venu le nom vulgaire de Stenay que cette ville porte encore aujourd'hui. Le fameux Gerbert, dans sa cent troisième épitre, dit : Nam quia dux Theodoricus Satanacum vïllam pervenit, et dans la cent vingtièmè il l'appelle encore Villam Satanicam. La situation de cette place est marquée avec précision dans les anciens auteurs. Elle est, selon eux, dans le territoire de Woevre; in Pago Vabrensi, dans le doyenné d'Yvois, in Decanatu Epoisensi, sur la Meuse entre Dun et Mouzon, dans le diocèse de Trèves ; ad flumen Mosam Dunum inter et Mosomagum, Treuv. d. Il paraît que Stenay demeura simple résidence royale Villa Regia, jusqu'en 1088 que le duc Godefroi de Bouillon, fortifia ce lieu et y fit bâtir un château; Godefridus dux Bublionis ibi casello œdifîcato, locum munivisse dicitur a Joanne Monaco Verodunensi : à peine cette forteresse était-elle achevée qu'elle fut assiégée par Thierry, évêque de Verdun et Albert, comte de Namur. Mais le duc Godefroi, aidé de ses frères Eustache et Baudouin, les força de se retirer. Le roi denna en 1648 la terre et seigneurie de Stenay à M. le prince de Condé, en se réservant néanmoins les droits régaliens, la souveraineté et le ressort (Charles-Joseph Delahaut, Abbé L'Ecuy, Annales civiles et religieuses d'Yvois-Carignan et de Mouzon, 1822 - books.google.fr).

Le carré sator décalé et redressé forme une tête barbue et cornue : le diable

La ville de Stenay est très-ancienne; d'après une tradition peu fondée, on y voyait au Ve siècle un temple dédié à Saturne (Sadorn), d'où l'on croit que dérive le nom de Stenay, qui primitivement était Satan ou Saten. Dagobert Il, roi d'Austrasie, y avait un palais et une chapelle dédiée à saint Remy, dans laquelle ce prince fut enterré après l'assassinat dont il fut victime au lieu dit Scorze, actuellement Sincretel, dans la forêt de Wèvre, "in saltu Wawriusi, in loco qui dicitur Scortias, tribus millibus a fisco Sathanico (martyrologe de Saint Laurent de Liège). Stenay a donné son nom à l'Astenay, dit aussi Astenois ou Stenois, pays qui se forma au commencement du VIe siècle et qui passa successivement des mains des comtes de Rethel dans celles des ducs de Bouillon et des évêques de Verdun ; cette ville fut cédée en 1110 aux comtes de Luxembourg, en 1554 aux ducs de Lorraine et en 1641 à Louis XIII, roi de France ; elle avait un château fort construit par Godefroy de Bouillon ; elle devint chef-lieu d'un baillage créé en 1635 et supprimé en 1697. [...]

Les armoiries de Stenay étaient : d’argent au chevron d’azur accompagné en pointe d’un lion d’or armé et lampassé de gueules (Jeantin, Manuel de la Meuse) (Félix Liénard, Dictionnaire topographique du département de la Meuse: comprenant les noms de lieu anciens et modernes : Rédigé sous les auspices de la Société Philomathique de Verdun, 1872 - books.google.fr, patrimoine-nord-meusien.eklablog.fr - Stenay).