Officiellement née à Domrémy le 6 janvier 1412, d'une famille originaire de Ceffonds, Jeanne d’Arc aurait eu ses premières voix en 1425, alors que les habitants fuyaient Domrémy en se réfugiant à Neufchâteau. C'est dans cette ville que l'archange saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite se seraient faits entendre de Jeanne. Elle rencontrera Robert de Baudricourt plusieurs fois avant qu’il ne l’écoute le 12 février 1429. Exorcisée par le curé de Vaucouleurs, elle part pour Chinon, passant en particulier par Gien et Sainte-Catherine-de-Fierbois. Elle est reçue par le roi Charles VII le 25 février (ou le 6 mars selon certains). Elle subira plusieurs interrogatoires à Chinon et à Poitiers. Le Rivau sera une étape, avant Orléans, où elle ira chercher des chevaux frais dans l'élevage du château. Le 29 avril, la ville est libérée après la prise des bastides tenues par les Anglais. Jeanne se rend ensuite à Tours, Florent-les-Saumur, Loches où se trouve le roi, Selles-en-Berry, puis à Romorantin le 7 juin. L’armée se regroupe à Orléans pour ce qui est appelé la campagne de la Loire sous le commandement du duc d’Alençon. Rejoint par Dunois et le capitaine de Châteaudun Florent d’Illiers, elle attaque Jargeau. Les combattants avaient l’intention de s’installer dans les faubourgs de la ville, mais ils furent repoussés aussitôt par une sortie des Anglais. Jeanne entraîna les soldats à la riposte si bien qu’ils logèrent dans les faubourgs comme prévu. Le lendemain, le 12 juin, l’assaut donne la ville aux Français. L’Anglais Suffolk est fait prisonnier. Après Meung-sur-Loire, les Français prennent Beaugency, le 16 juin. Le duc d’Alençon fut renforcé par les hommes du connétable Arthur de Richemont, frère du duc de Bretagne, alors en disgrâce et supplanté par La Trémoille auprès du dauphin Charles. Le duc négocia la reddition de la garnison anglaise qui reçut un sauf-conduit. 2 jours plus tard, c’est Patay, la plus grande victoire de Jeanne.
L’armée se rassemble à Gien pour la « route du sacre », et se met en branle pour aller à Reims le 25 juin 1429. Sur la route d’Auxerre, elle passe à Saint-Fargeau, puis à Saint-Florentin. Troyes lui ouvre ses portes le 10 juillet. Le dimanche 17, Charles VII est sacré à Reims. Sur la route du retour, l’armée traverse La Ferté-Milon, Montmirail, Avant l’échec de Paris, elle rencontre les Anglais à Montépilloy sans combattre. Puis elle passe à Lagny, Bray-sur-Seine, Montargis. L’armée a ordre de retourner sur la Loire où elle est dissoute à Gien. Sur une idée probable de La Trémoille, Jeanne est chargée de lutter contre les chefs de bandes. Il y aura la prise de Saint-Pierre-le-Moûtier par le sire d’Albret, le comte de Montpensier et le Maréchal de Boussac, puis l’échec devant La Charité. C’est à l’automne 1429 que Jeanne rencontre l’illuminée Catherine de la Rochelle lors de séjours à Jargeau et à Villequier, autrefois appelé Montfaucon-en-Berry. Catherine prétendait recevoir la visite d’une Dame blanche que Jeanne guettera plusieurs nuits et qui ne viendra jamais. Ses voix lui diront que « du fait de Catherine de La Rochelle ce n’était rien que folie et néant ».
Une trêve fut établie entre le duc de Bourgogne et Charles VII qui lui remettait certaines villes de l’Oise dont Compiègne qui s’opposa vivement à cet arrangement. Philippe le Bon, en concertation avec Bedford, passe à l’offensive. C’est dans ce contexte que Jeanne, partie en guerre à l’insu du roi selon un chroniqueur, est faite prisonnière à Compiègne le 23 mai 1430, par Jean de Luxembourg qui la vend aux Anglais. Jeanne tentera de s’évader de la forteresse de Beaulieu-en-Vermandois, elle sera alors transférée à Beaurevoir, entre Cambrai et Saint-Quentin, où elle restera jusqu’à fin novembre 1430. Ensuite, son itinéraire en direction de Rouen passera par Arras, Le Crotoy, Drugy, Saint-Valéry, Dieppe et Bosc-le-Haut.
« La semaine de Pâques dernièrement passée, alors que je me trouvais sur les fossés de Melun, il me fut dit par mes voix, c’est-à-dire les voix de saintes Catherine et Marguerite, que je serais prise avant qu’il fût la Saint-Jean et qu’il fallait qu’il en fût ainsi et que je ne m’ébahisse pas, mais que je le prenne gré et que Dieu m’aiderait ».
Sainte Catherine et sainte Marguerite, deux saintes décapitées, conseillent, avec saint Michel, Jeanne d’Arc. Aux dires du jeune dominicain Jean Toutmouillé qui l’assistait pendant sa réclusion, elle confessa, se référant sans doute à l’exemple de ses tutrices, « Ah ! J’aimerais mieux être décapitée 7 fois que d’être ainsi brûlée ». Qu’en est-il de ses deux saintes qui firent preuve selon l’hagiographie d’un grand courage qui inspira la pucelle d’Orléans. A Alexandrie, Sainte Catherine, fille du roi Costus, devait sacrifier aux idoles sur l’ordre de l’empereur Maxence ou Maximin. Elle s’y refusa en avançant de tels arguments que César fit appel à 50 grammairiens et rhéteurs pour la confondre. Mais ce fut eux qui tombèrent en admiration devant le savoir de la jeune fille. Elle subit alors le supplice des scorpions, fouets garnis de fers tranchants et dut rester 12 jours sans manger en prison. L’empereur s’absenta. Les anges lui soignèrent ses blessures et une colombe lui apporta de quoi se sustenter, dans une lumière merveilleuse. Pendant qu’elle était enfermée, l’impératrice et le général des armées Porphyre vinrent la voir et furent convertis. A son retour, Maxence, voyant que la sainte se portait comme un charme et qu’elle refusait d’abjurer, la condamna à être déchirée par un appareil à 4 roues qui se brisèrent miraculeusement. L’impératrice morigéna son mari qui, ne supportant pas la rebellion de sa femme, la fit condamner à avoir les seins couper par le fer d’une lance et à être décapitée. Porphyre parvient à soustraire le corps de la reine assassinée et l’ensevelit. Maxence, s’apercevant que Porphyre et ses soldats étaient devenus chrétiens, les fit tous décapiter et donner aux chiens. Puis ce fut le tour de Catherine d’être décapitée. De son corps coula du lait au lieu du sang. Le blanc du lait rappelle l’œuvre au blanc qui succède à la décapitation du corbeau lors de la phase précédente de l’œuvre au noir. Jacques de Voragine, raconte qu’un moine de Rouen alla au Sinaï servir sainte Catherine. Priant d’avoir une parcelle de son corps, un doigt se détacha et il le rapporta à son monastère. Ce qui fait que, dans a légende pour le moins, Rouen et sainte Catherine sont liés.
Dans La Légende dorée, il est question de deux Marguerite. L’une, baptisée à l’âge de raison était, pour cela, haïe par son père, patriarche des gentils à Antioche. Le préfet Olibrius voulut la faire sacrifier aux Dieux, mais elle déclara n’adorer que celui devant lequel la terre tremble, la mer s’agite, et toutes les créatures sont dans la crainte. Aussi, le préfet la fit mettre sur le chevalet, battre de verges et déchirer à l’aide de peignes de fer. En prison, elle demanda à Dieu de lui montrer qui était son ennemi. Elle eut la vision d’un dragon qui l’engloutit, mais ayant fait un signe de croix, elle fit crever la bête et en sortit indemne. Refusant toujours d’abjurer, le juge la condamna à être brûlée avec des torches, puis jeter dans un bassin rempli d’eau. Elle en ressortit à nouveau sans dommage. A la vue d’un tel miracle, 5000 hommes se convertirent et furent décapités aussitôt. Olibrius, de peur que d’autres conversions se fassent, fit décapiter à son tour Marguerite qui demanda à Dieu qu’elle servît à intercéder aux prières des femmes enceintes pour que leur accouchement se déroule bien.
Il existe dans le même recueil de la vie des saints une autre Marguerite, en rapport direct avec l’attitude de Jeanne. Cette Marguerite se maria. Se refusant à son mari, elle s’enfuit en se coupant les chevaux et en prenant l’habit d’homme. Elle se fit appeler Pélage et fut accueillie dans un monastère. Mise à la tête du couvent des vierges grâce à sa sainteté, elle fut accusée d’avoir abuser d’une sœur qui avait commis un adultère. Sans jugement, elle fut enfermée dans une caverne avec un peu de pain et d’eau chaque jour. Quand elle sentit sa mort venir, elle avoua par lette à l’abbé sa véritable identité. Elle mourut et des femmes la reconnurent pour vierge. Ainsi, elle fut enterrée au monastère des vierges.
C’est en effet le port de l’habit d’homme qui constitue le seul chef d’accusation réel, démontrant son insoumission à l’Eglise. « Dieu premier servi » déclara-t-elle au procès. Après avoir « abjurer » au cimetière de Saint-Ouen de Rouen, elle était condamnée à la prison perpétuelle. De retour dans la prison anglaise du château du Bouvreuil, elle dut endosser à nouveau des habits d’homme, soit pour se protéger, soit parce qu’on lui avait soustrait ses habits féminins. Relaps, elle sera brûlée.
Un personnage intervenant au procès, Jean de la Fontaine, retient l’attention. En effet, selon Serge Hutin, il pratiqua l’alchimie. Maître ès arts, licencié en droit canon, il fut nommé par l’évêque Cauchon pour conduire à sa place les interrogatoires. Consciencieux, il les mènera avec application. Mais des scrupules, au témoignage du notaire Guillaume Manchon, l’amèneront à avertir Jeanne que si elle ne faisait pas sa soumission au pape et au concile elle se mettait en grand danger. Cauchon, mis au courant, se « courrouça très fort ». Aussi La Fontaine quitta Rouen, et son nom disparaît des procès-verbaux à partir du 28 mars 1431. Jeanne lui répondit, lorsqu’il lui demanda pourquoi elle fut choisie sa mission « Il plut à Dieu ainsi faire par une simple pucelle, pour rebouter les ennemis du Roi ».
Le procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc fut mené par Juvénal des Ursins à partir de 1450. La condamnation est annulée en 1456, et le corps de l’évêque Cauchon, excommunié, est jeté à la voirie sur ordre du pape Calixte III.