Partie IX - Synthèse   Chapitre LXIV - Super-étoile (Superstar in english)   Reignac, 11 mars   

Reignac, 11 mars

Occupé dès la préhistoire, le site de Reignac est aujourd'hui dévolu à l'exploitation viticole, forestière et maraîchère. Louis de Saint-Simon, célèbre mémorialiste, y fonda une mission en 1733. A la mort de son père, Louis XIV lui laissa les gouvernements de Blaye - qui fait de Saint-Simon un successeur de Roland de Roncevaux -, de Senlis, et de Pont-Sainte-Maxence. On trouve à Reignac une fontaine couverte du XIVème siècle ainsi qu'un moulin à vent du XVIIIème siècle.

Sous l'ancien régime, la région boisée et marécageuse, dénommée le Vitrezais à laquelle appartenait Reignac, appartenait aux rois de France. Le 6 juillet 1594, elle fut offerte par Henri IV à Jean d'Esparbès de Lussan, en récompense de services rendus. Le 29 juillet 1647, Claude de Saint Simon achetait la juridiction du Vitrezais pour 35006 Livres. Il fit donc construire la Cassine et assainir les marais. Louis XIV vint à St Ciers en 1650, puis du 11 au 26 mai 1660, invité par le Duc de Saint Simon qui donna des fêtes splendides en l'honneur du souverain.

Début 67, l'historien du Vitrezais, Johel Coutura (10 août 1946 - 25 septembre 1995), annonce sa décision de vivre à Paris au chanoine Dupeyron qui, le 13 mars, lui répond : j'ai peur pour vous à cause de votre départ à Paris… Un mois après, le 25 avril, la vie terrestre du chanoine Etienne-Michel Dupeyron s'achève.

Hélas commence en catastrophe le mois de janvier 70 suivant. Johel souffre brusquement d'un oeil et se retrouve aveugle. Entré à l'hôpital 15/20 le mal est diagnostiqué et soigné. Mais quelle peur ! Beaucoup de retard seulement dans ses travaux qu'il ne peut reprendre qu'en mars.

Le 23 mai 1987, Johel Coutura guide François Mitterrand dans sa visite de la citadelle de Blaye.

En 1990, amis et sympathisants se pressent autour de Johel Coutura qui associe tout le Blayais au vingtième anniversaire des Cahiers du Vitrezais. Le mal dont il est atteint progresse inexorablement. Rares sont ses amis admis à le rencontrer soit en clinique soit en maison de repos. Plus aucun espoir. Le 25 septembre 1995, Johel s'éteint, à l'aube. Il est inhumé à Reignac. Une pluie Froide, un ciel noir. Comme la pensée de la foule affligée qui l'accompagne. Sa terre natale le reprend à jamais. La ville de Blaye donne à sa nouvelle bibliothèque la dénomination : Johel Coutura. C'est un bel hommage à la somme culturelle constituée par ce Blayais qui laisse trente années d'études locales à ses concitoyens, sans compter ses travaux concernant Claude et Louis Saint-Simon et la Franc-Maçonnerie (Johel Coutura).

Bon Vieillard

Ancêtre de Saint-Simon, Mathieu Le Borgne de Rouvroy fut tué, avec son frère Jean, Chevalier Banneret, à la bataille d'Azincourt en 1415.

En 1532, un Mathieu, dit le Borgne de Rouvroy, seigneur du Plessier-Saint-Just et de Coivrel en Beauvaisis, épousa Marguerite de Saint-Simon, fille de Jacques Ier, seigneur de Saint-Simon, et que Marguerite hérita de cette seigneurie après son frère Jacques, IIe du nom, qui mourut sans postérité, et fut le dernier de sa famille et de son nom. Marguerite descendait des comtes de Vermandois, et remontait par seize degrés à Pépin, Ier du nom, roi d'Italie, mort le 8 juillet 810, lequel était second fils de l'empereur Charlemagne.

Pendant les dix générations qui se succédèrent, la famille des Le Borgne de Rouvroy continua à porter ces deux noms. Ce ne fut qu'au dixième degré où Claude de Saint- Simon, né en 1626, favori de Louis XIII, mettant de côté le nom de le Borgne et celui de Rouvroy, ne prend plus que celui de Saint-Simon (Etienne F. d'Hénin de Cuvillers, Les Chalencons, Polignac-Modernes, 1830).

En 1630 il est fait gouverneur de Blaye et des châteaux de Saint-Germain et de Versailles. Enfin, en janvier 1635 il est porté au rang de duc et pair sous le titre de duc de Saint-Simon et reçoit l'ordre du Saint-Esprit. Mais il est disgracié en 1636, pour avoir défendu le baron de Saint-Léger, son oncle, qui avait trop vite rendu une place forte.

De 1636 à 1643 il est exilé à Blaye. Lorsqu'il peut revenir à la Cour, il assiste à la mort de Louis XIII. Il se tient dès lors à l'écart des affaires politiques, bien qu'il prenne le parti d'Anne d'Autriche et de Mazarin lors de la Fronde. Il réside alors dans son château de La Ferté-Vidame, village dont il fait reconstruire l'église. En 1672, inquiet de ne pas avoir d'héritier mâle, son premier mariage n'ayant donné qu'une fille, il se remarie à soixante-sept ans avec Charlotte de l'Aubespine de Châteauneuf. Son fils Louis, le célèbre mémorialiste, naît le 16 janvier 1675 ; le duc Claude le titre vidame de Chartres. Dès lors Claude consacre tous ses efforts à bien éduquer et placer son fils, et meurt en 1693, juste après la nomination au grade de capitaine du vidame de Chartres, dès l'abord bien accueilli par Louis XIV, eu égard à la considération qu'il réservait au père.

En 1723, la mort du Régent lui fait perdre tout accès au pouvoir et, en le privant de son dernier ami, l'éloigne de la Cour. Saint-Simon se retire alors dans son château de La Ferté-Vidame, où il mène une vie de gentilhomme campagnard, relativement soucieux des conditions de vie de ses paysans, et tentant de moderniser leurs techniques. Quand il sentira la misère augmenter, entre 1724 et 1731, il renoncera à certains péages, multipliera les achats de lopins et d'enclaves, moyennant remise des redevances à ses tenanciers endettés à qui, selon l'ancienne coutume, il faisait au moins une visite annuelle. Car il se sentait de plus en plus attaché à La Ferté-Vidame et avait tendance à y prolonger ses séjours. Il se fait même maître de forges. Il se consacre également à la rédaction de traités historico-généalogiques. Il lit le Journal de Dangeau et, à partir de 1739, il rassemble ses notes et s'attelle à la rédaction proprement dite de ses Mémoires. En 1749, il achève leur rédaction, les faisant s'arrêter en 1723, à la mort du Régent. Il envisage un moment une suite, jamais écrite. Il meurt en 1755 (fr.wikipedia.org - Saint-Simon).

Claude de Saint-Simon puis son fils Louis allaient régulièrement au monastère de La Trappe se trouve à cinq lieues à l'ouest de La Ferté.

Saint-Simon, à mes yeux, est un bienfaiteur pour tout homme qui vit par la curiosité de la pensée et qui habite dans les souvenirs ; il a reculé le passé de la mémoire; il a presque doublé le temps où nous avons vécu. Par lui nous atteignons et nous avons réellement assisté aux spectacles de la Cour de Louis XIV. […] Saint-Simon nous a initiés, nous a transportés au coeur de bien des mystères; il a éclairé le fond et les murailles de la caverne. Pour tout ami de la science morale et des études où se complaît la réflexion, j'appelle cela d'inappréciables bienfaits. […] Que ne sommes-nous affligés d'un Saint-Simon pour chaque période de notre histoire ! (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, X, p. 256) (www.bude-orleans.org - Saint-Simon).

Jeune Mort

La Résistance dans le Blayais était, avant 1944, le fait d'hommes isolés, jusqu'à l'arrivée, le 1er avril 1944, d'André Jolit dit "la Musique", chef de groupe A.S venant de Corrèze, qui met sur pied des équipes d'action et établit une liaison permanente avec "Marc", (Lucien Nouaux, né Bayonne le 14 novembre 1921) dont il reçoit les ordres. Cette première organisation ne présente pas de difficultés, des contacts nombreux ayant déjà été pris, par ceux qui deviendront les adjoints d'André Jolit : à savoir, Boudaud Roger dit "Ludo" et Pradel Georges dit "Pascal". Le 21 juin, l'armée allemande viennent à Gauriac pour arrêter André Jolit. Il est déjà parti, prévenu par Marc. Le P.C s'installe à Reignac, renforcé par Lanneluc et Pourtal (commandant d'active). Pierre Sansey, "Samuel", devient adjoint de Dodin. Le 25 juillet 1944, André Bouillat dit "le Basque", avec son équipe (B.A.4 de "Marc") se replie sur l'ordre de "Marc" à Reignac (invité par André Jolit). Cette équipe a déjà été précédée par l'arrivée, le 14 juillet, de l'agent de liaison de "Marc", Marc Guichard. De nouveaux groupes sont formés, en particulier le 28 juillet 1944, mise sur pied d'une équipe à Montendre (Charente) dépendant de Reignac et commandée par Gendron, électricien à Reignac.

Le 27 juillet, "Marc" (Lucien Nouaux) tombe dans une souricière de la Gestapo près du Parc des Sports le 25 juillet 1944 à Bordeaux. Blessé de deux balles, il est arrêté et emmené dans les locaux de la Gestapo au Bouscat où les policiers le libèrent de ses liens. Immédiatement, ayant conservé une arme sur lui, il fait feu sur les Allemands qui l'abattent immédiatement. Lucien Nouaux est inhumé au cimetière de Cestas en Gironde.

Il n'est pas remplacé, son adjoint A. Danglade (Dréan) est déjà entre les mains de l'ennemi et y laissera aussi la vie. Les combats, embuscades et sabotages, se poursuivent sur les axes routiers (R.N.137 et R.N.10), chemins de fer et lignes électriques. Au cours de l'attaque d'un détachement motorisé allemand, le 19 août à Berson, le chef de groupe du Blayais qui mène le combat, André Jolit, est blessé ainsi que trois de ses camarades, mais le détachement ennemi est détruit avec 42 morts allemands et 8 prisonniers. Un important matériel est récupéré ainsi que tout l'armement, à l'exclusion des véhicules trop endommagés. Le commandement de groupe du Blayais est alors assuré, à compter du 20 août 1944 par André Bouillar dit "le Basque". Deux jours après, le 22 août, au cours d'un combat à Saint-Simon-de-Bordes (Charente), André Bouillar est mortellement blessé. Ramené par son adjoint Georges Fabas, "Lulu", il succombe à l'hôpital de Blaye. Fabas, "Lulu" et Ellisalde, "Léon" (qui a rejoint le Blayais à la fin juillet venant de Toulouse) se partagent le commandement et c'est Ellisalde, "Léon", qui se présente aux autorités militaires à Bordeaux. Il se fait reconnaître comme chef du groupe du Blayais, dénommé "groupe L", puis très rapidement, "groupe de Léon du Blayais".

Les Allemands évacuent Blaye et sa citadelle par voie maritime et le groupe d'Anglade, commandé par Dorille, "Camille", avec quelques Résistants de Blaye, reconnaît et occupe le premier la citadelle de Blaye et la Kommandantur. Reignac prévenu, dépêche quelques éléments. Blaye est libéré (www.ffi33.org - Blayais, www.ordredelaliberation.fr).

Alchimie

Le rayon igné rencontré dans les lieux de la Super-étoile précédents (Montfaucon, Sainte-Croix) rencontre les vertus médicinales de la Pierre et en particulier les soins des troubles de la vision. Des cachets antiques avec lesquels les oculistes imprimaient sur leurs collyres les renseignements indispensables à l'utilisation de ces derniers, ont été retrouvés à Reignac. Ces cachets, dont 268 sont actuellement répertoriés, ont été trouvés essentiellement en Gaule et dans les contrées voisines de la Gaule. Alors qu'il existe de nombreuses stèles de médecins oculistes dans les pays méditerranéens, les cachets servant à imprimer les collyres sont pratiquement inexistants dans ces régions et il semble bien que l'utilisation de collyres solides soit une technique typiquement gauloise. Ces collyres nous fournissent la preuve de l'importance tenue par les ophtalmologistes dans la vie gauloise, importance confirmée par la découverte en Gaule et en Rhénanie de trousses chirurgicales qui contiennent des instruments destinés aux opérations ophtalmologiques et par plusieurs bas-reliefs, tels celui du pilier de Mavilly ou celui découvert à Montiers-sur-Saut, qui montrent des oculistes dans l'exercice de leur profession.

Cette spécialisation des médecins gaulois ne peut s'expliquer par de simples raisons médicales, car les affections des yeux étaient aussi, sinon plus, fréquentes dans les régions méditerranéennes. Il faut sans doute chercher une des causes de l'importance accordée en Gaule à l'ophtalmologie dans des traditions antérieures à la conquête romaine : on a pu constater en particulier l'abondance des cachets d'oculistes dans les sites célèbres par leurs sources thermales, à la fois lieux de cultes et centres de soins. Les ophtalmologistes gaulois, à la différence de leurs confrères des autres régions du monde romain, utilisaient des collyres solides, sans doute pour des raisons tenant au climat des régions dans lesquelles ils exerçaient leur métier. Ces collyres solides étaient aussi plus faciles à transporter que les médicaments liquides utilisés dans les autres provinces ; un grand nombre des oculistes gaulois étaient en effet des praticiens ambulants, comme le démontre la découverte de plusieurs cachets appartenant au même médecin dans différents endroits de la Gaule. Le cachet servait à imprimer sur ces collyres solides les renseignements indispensables à leur utilisation, servant à la fois de publicité pour l'oculiste et de mode d'emploi.

Un cachet de Reignac-de-Blaye

Cachet carré en serpentine verte trouvé vers 1930 - 4 cm /8 mm

Côté a) M ANTON SCAUR DIYNUADSECL

diynu: Cette forme se trouve déjà sur un cachet de Reims. On peut l'interpréter comme diuinum. Ad sec. I : II s'agit sans doute de la mention ad sic (cam) l(ippitudinem) déjà trouvée sur un cachet conservée à Paris.

Côté b) M ANT SCAURI ANODYNUM AD SUPPUB

suppub. : - suppur(ationes).

Côté c) M ANT SCAURI MIXTUMADGr

Gr : L'abbé Boudreau lit cl(arita- tem), en rappelant que le collyre mixtum est aussi employé ad claritatem dans un cachet conservé au British Museum

Côté d) dessin d'une palmette

a) M(arci) Anton(i) Scaur(i) divinu(m) ad sec- (cam) l(ippitudinem) - b) M(arci) Ant(oni) anody- num ad suppub(ationes) - c) M(arci) Ant(oni) Seau ri mixtum ad cl(aritatem).

Il faut noter la très grande variété de dénomination de ces collyres : certains portent des noms pompeux et prometteurs : ambrosium ("divin"), basilicon (" Royal "), coenon (" Panacée"), diuinum ("Divin"), phoenix (" Phénix"), phos ("Lumière"). Les mentions les plus fréquentes pour l'utilisation des collyres se bornent à indiquer très vaguement le résultat escompté, ad claritatem e\ad caliginem, "pour l'éclaircissement de la vue" ou "contre l'obscurcissement de la vue". De façon aussi imprécise, sont notés les syndromes ad diathesis, addolores "contre les maladies", "contre les douleurs". Quelques symptômes plus caractéristiques, brûlures, larmoiement et suppurations, apparaissent aussi dans nos cachets : adadustionnes, ad epiphoras, adsup- purationes.

Les affections de la conjonctive étaient particulièrement fréquentes dans l'Antiquité, et il ne faut pas s'étonner de trouver sur les cachets de nombreuses indications pour soigner les conjonctivites aiguës : ad impetum, ad impetum lippitudinis. Les différents stades de la maladie, ac/ lippitudinem, adsiccam lippitudi- nem, post impetum sont bien distingués et reçoivent des traitements différents, ce qui prouve les progrès faits par les occulistes dans le soin des conjonctivites. La conjonctivite granuleuse, ad aspritudines, très souvent mentionnée sur les cachets, désigne à peu près certainement le trachome, fréquent en particulier dans les légions romaines (Catherine Salles, Les cachets d'oculistes).