Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs   Raphaël en jaune et la colère   
CROIX HURIEL QUATRE HUMEURS ELEMENTS RAPHAEL BILE JAUNE COLERE

Raphaël en jaune

La bile jaune a pour synonyme le fiel comme celui du poisson de Tobie.

Tobit, juif de la tribu de Nephtali, vivait au VIIème siècle avant J.-C. A l'âge de cinquante-six ans, il devint aveugle après avoir reçu accidentellement dans les yeux, pendant son sommeil, de la fiente chaude d'hirondelle. Par la suite, il envoya son fils Tobie en Médie pour réclamer à un parent 10 talents d'argent qu'il lui avait prêté. Guidé par un inconnu qui se révéla être l'ange Raphaël, le jeune Tobie fut attaqué sur les bords du Tigre par un poisson énorme qu'il tua et dont il mit à part le cœur, le fiel et le foie. Ayant récupéré la somme que l'on devait à son père, il revint à Ninive. Il guérit alors la cécité de son père en frottant les yeux de celui ci avec le fiel de poisson. Ce fut alors que l'ange disparut. Le livre de Tobie fait partie de l'Ancien Testament. Dans l'Antiquité, on considérait le fiel de plusieurs poissons comme un remède efficace contre la cécité, ce que rapporte Pline dans son "Histoire Naturelle" (bilingue.iesvegadelturia.es - Tobias, fr.wikipedia.org - Bile, fr.wiktionary.org - Bile, www.cnrtl.fr - Fiel).

L'ange du Sud de la Croix d'Huriel et du béniier de Rennes le Château est bien Raphaël qui est jaune comme la bile jaune (au sud).

La cholère

Le croiras-tu ? Je fis rencontre au Bourg S. Pierre d'un ragazze de 13. ou 14. ans, qui s'estoit conscientieusement retiré du service de gli Barberini qui le vouloient enfiler comme pare-notre, en luy promettant de le faire devenir Monsignore & Illustrisimo. Il me monstra dans un satin des plumes du S. Esprit qui auoit esté gouspillé au Conclave en l'élection de Pamphilio, estant venu de bonne foy assister au Veni Creator, toutesfois qu'il avait trouvé moyen de s'enuoler par vn carreau de vitre rompu, & qu'ainsi abandonné du S. Esprit, le Pape, de Pamphilio (ami de chacun), estoit deuenu seulement Castellano. Pendant que ce pauvre Ragazze me faisoit ces contes : levant la teste vers la tour du chasteau S. Ange, je vis que S. Michel alloit à la rencontre de Raphaël qui le venoit visiter, & qu'apres des discours de dépit & de cholere sur les factions Cardinales, les cabales des Ambassadeurs, & les passions de nos Papes (qui ne blessent pourtant pas la verité, mon cher Calviniste) il demandoit à Raphaël le chemin de tillages, & où l'on s'alloit pendre, parce qu'il ne pouvoir plus vivre, voyant que le pere commun s'interessoit trop peu, ou par trop dans les querelles de ses enfans : Mais le bon Raphaël luy dit de se recommander à S. Hubert qui estoit de loisir, parce qu'il avait été trompé à Fontainebleau, croyant assister à la curée auec le Duc d'Orleans. N'osant aborder ces deux grands Seigneurs, moy qui suis petit Lutin (j'en avois pourtant bien envie : Mais CadedioUS - Michaël quis ut deus - estoit de mauvaise humeur) je fis un paquet de mes deux ailles & descendant du manche à ballay, ie m'en servis en guise de bourdon pour aller visiter les antiquailles, & le Capitole & le Pantheon: où je pensois voir les belles colonnes & la couuerture de bronze... (Sieur de Sandricourt, Le Politique lutin, porteur des ordonnances, ou les Visions d'Alectromante sur les maladies de l'Estat par le sieur de Sandricourt, 1652 - books.google.com).

S. Michel demandoit à Raphaël le chemin de Rhages & ou on s'alloit pendre, parce, &c. Je fais allusion de Rhages (Tobie, c. 10) nom propre de cette Ville de Médie en laquelle l'Ange [Raphaël] fut receuoir l'argent de Gabelus pour Tobie le jeune, à cette Maladie (la rage), dont nous donnons le nom à la Cholere, quand elle passe les justes bornes, parce qu'elle en semble auoir les Symptomes. Or de disputer si les Passions ou les Propassions peuuent s'emparer des Esprits attachez au Ministere du Dieu des Estats, & au gouuernemet des Prouinces, Les Stoïques te diront, Sapientem apathem & imperturbabilem, semper in gaudio non irasci, non misereri, non ignoscere, Et semblables Paralogues pour les Sages de leur Idée, qui pourroient bien estre ces Esprits dégagez des corps, & ces mille millions de formes assistantes qui sont en pleine Paix, parce qu'ils sont en possession du Souuerain bien, hors duquel ce n'est qu'inquietude, des troubles & des orages : Mais ce n'est pas icy le lieu propre d'en decider au fonds : il me suffit que je parle à des hommes, pour m'accommoder à leur portée, & me seruir de leur langage ordinaire. (Sieur de Sandricourt, Le Censeur du temps et du monde portant en main la clef promise du Politique Lutin, ou des Visions d'Alectromante etc. - Paris, 1652 - books.google.com).

Sandricourt (François Eudes de Mézeray) lui-même, qui s'était fait une spécialité de ces libelles où la satire politique revêt la forme d'une vision, n'évite souvent ni l'incohérence ni le galimatias : son Politique lutin n'est qu'une suite d'imaginations plus bizarres les unes que les autres, n'ayant aucun lien entre elles et n'offrant à peu près aucun (Hubert Carrier, Les Muses guerrières, 1996 - books.google.com).

Voir.

Pamphlétaire original et visionnaire prolixe dont l'ardeur frondeuse n'est pas contestable, il soutient à son tour dans Le Politique lutin à la suite de Montaigne « qu'une guerre civile est un mal bien plus rude que l'étrangère ; que l'une n'est que gratelle qui ne perce pas le cuir, mais que l'autre est un poison qui pénètre dans le coffre et se répand par tout le corps pour y semer la rage et le faire tomber en pièces. Guerre civile vient guérir la sédition, et en est toute pleine; veut châtier la désobéissance, et en montre l'exemple; et, employée à la défense des lois, fait sa part de rébellion à l'encontre des siennes propres Elle veut réformer les désordres et réduire les humeurs au tempérament, et elle passe elle-même aux excès et à l'intempérie» ; et dans la première partie du Censeur du temps et du monde, publiée en mai 1652, c'est- à-dire bien avant la fin de la Fronde, Sandricourt chiffre à 5 ou 600 000 morts le nombre de ses victimes. Exagération de pamphlétaire... (Hubert Carrier, La crise de la Fronde : mémorialistes et pamphlétaires devant la guerre civile, Armées, guerre et société dans la France du XVIIe siècle, Colloque du Centre international de rencontres sur le XVIIe siècle, Nantes - 2004, 2006 - books.google.com, Le traité des humeurs, Les Oeuvres de Jean Baptiste Van Helmont traittant des principes de médecine et physique pour la guérison assurée des maladies, traduit par Jean Le Conte, 1670 - books.google.com).

Raphaël prend les traits d'Azarias (le secours de Dieu), fils du grand Ananias (la nuée du Seigneur).

Mercure

Raphaël est associé au carré magique de 8, carré de Mercure, et à la valeur 2080, date de l'apparition du "Messie" (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 3).

Le mercure a été retrouvé dans la bile des animaux tués par l'usage de ce métal, et même en quantité (Nicolas Philibert Adelon, Dictionnaire de médecine, ou, répertoire général des sciences médicales considérées sous le rapport théorique et pratique, 1833 - books.google.com).

Sans complexion spécifique (per se complexionem non habet), planète « médiocre », Mercure n'est cependant pas totalement « hors-jeu » : par sa sécheresse et par sa chaleur relatives, il tempère le froid et l'humidité propres à Vénus et à la Lune (Raymond Lulle, De astronomia) (Dominique Boutet, Laurence Harf-Lancner, Écriture et modes de pensée au Moyen Âge, 1993 - books.google.com).

Sec et chaud sont les caractéristiques du feu.

Le Midi, le sud

L'Egypte est le royaume du Midi chez le prophète Daniel.

La seule chose qui nous reste à présent à examiner, est la manière, la cause, & le lieu de la rélégation d'Asmodée. L'Ecriture, sans s'expliquer davantage, dit (Tobie VIII, 3), que l'Ange Raphaël saisit le démon, & l'enchaîna dans le désert de la haute Egypte. L'Hébreu dit, qu'Asmodée ayant senti l'odeur du foie brûlé, s'ensuit dans la haute Egypte. Le Grec ajoute, que Raphaël l'y enchaîna. Mais ni l'un ni l'autre ne disent, que l'Ange l'ait saisi, comme le dit ici la Vulgate. Elle insinue, que cela se fit dans la maison méme de Raguël, & que de là il le conduisit comme en prison, dans les déserts de la Thébaïde. Mais de quelque manière que la chose se soit passée, il est certain, que le récit que nous en lisons en cet endroit, ne doit pas s'entendre dans la rigueur de la lettre : car comment lier un démon ? comment l'attacher à un lieu ? comment le saisir, & le mener comme un prisonnier dans son cachot ? Il faut donc prendre ici le verbe lier, comme dans d'autres passages de l'Ecriture, où l'on parle du démon à peu près dans les mêmes termes. Par exemple, Jesus-Christ dit, que personne ne peut enlever les armes du fort armé, ni forcer sa maison, sans l'avoir auparavant lié ; (Mathieu, XII,29) Nisi prius alligaverit fortem. Et dans l'Apocalypse :(XX,2) Le Dragon , l'ancien Serpent, qui est le Diable & Satan, est pris par un Ange, & lié pour l'espace de mille ans. Saint Pierre parlant de la chute des Anges rebelles, (2 Pierre II,4) dit, que Dieu les a arraches du Ciel, & les a liés dans les liens de l'abîme ténébreux, pour y être tourmentés en attendant le Jugement dernier. Et Saint Jude dans son Epître, (v. 6) dit, que les Anges qui n'ont point conservé leur premier état, sont réservés au Jugement du grand jour, & liés par des liens étemels dans une obscurité profonde. Ces expressions n'ont jamais été entendues d'un enchaînement réel, ni de liens matériels, qui resserrent les démons ; mais d'une force supérieure, qui les retient dans les tourments, & arrête les violents effets de leur fureur. Saint Augustin (Cité de Dieu, Livre XX, c. 7 & 8) expliquant la manière dont les démons peuvent être liés ou déliés, dit, que ces termes ne signifient autre chose, quand on parle de ces ennemis du genre humain, qu'avoir la liberté de nuire aux hommes, ou n'avoir pas cette liberté : Alligatio Diaboli est, non permitti exercere totam tentationem quam potes. vel vi, vel dolo, ad seducendos homines. Le démon est lié dans l'abîme à présent, parce qu'il dispose souverainement de son captif, qui le met dans des liens, & le relègue dans un pays inconnu. Cet Archange lui ordonna de la part du Seigneur de se retirer. Il lui signifia la révocation de la liberté qui lui avoit été donnée jusqu'alors, d'exercer sa cruauté contre ceux qui s'approchoient de Sara. Voilà proprement ce que signifie, lier le démon. Comme il ne peut agir sans la volonté & la permission du Seigneur, il est lié & arrêté aussi-tôt que cette permission cesse, & est révoquée. On le compare (Augustin, Sermons 37) fort bien à un mâtin lié à une chaîne : il peut bien gronder & menacer ; mais il ne peut mordre que ceux qui s'approchent témérairement : Alligatus est tanquam innexus catenis canis : neminem potest mordere , nisi eum qui se illi mortifera securitate conjunxerit... Latrare potest, sollicitare potest, mordere non potest, nisi volentem.

Mais comment le démon peut-il être borné & attaché à un seul lieu ? N'est-il pas également contradictoire, de dire qu'un esprit est renfermé dans un lieu, & qu'il y est lié ? Ni l'une ni l'autre de ces deux choses ne convient à une substance spirituelle. Mais il est aisé de satisfaire à cette difficulté dans les principes qu'on vient d'établir : si le démon est lié, lorsque Dieu révoque & suspend le pouvoir qu'il lui avoit donné, il est clair que ce même esprit est renfermé, lorsque Dieu prescrit certaines bornes à l'exercice de son pouvoir, soit par rapport au temps, soit par rapport aux lieux, aux choses, ou aux personnes. Ainsi, Asmodée étant attaché à la personne de Sara, & n'ayant de pouvoir que contre ceux qui s'approchoient d'elle dans de mauvaises dispositions, étoit réduit dans les lieux où vivoit Sara ; il ne pouvoit exercer sa malice ailleurs, ni sur aucun autre que ceux qui lui étoient abandonnés. Il fut tiré de là pour être relégué dans les déserts de la haute Egypte, non pas pour y être resserré, ni enfermé, comme dans un lieu, dans un certain espace limité, mais pour n'exercer son pouvoir que dans l'étendue du terrain qui lui seroit prescrit. Ainsi, être enfermé dans un lieu, à l'égard du démon, n'est autre chose que ne pouvoir exercer sa malice, & sa mauvaise volonté que dans l'étendue de cette place. Un démon, à qui Dieu permet de tenter une seule personne, est resserré dans les lieux où se trouve cette personne.

Il n'y a que Dieu qui puisse commander en maître aux démons, & qui ait droit de fixer les espaces & les temps, où ils peuvent faire paroître leur puissance. Dieu seul peut mettre des bornes à leur malice, & en arrêter le cours & les effets, lorsqu'il le juge à propos. Il est pourtant vrai que les Anges & les hommes ont quelquefois usé du même pouvoir, en liant les démons en certains endroits, & arrêtant le progrès de leur violence. Mais ni les hommes ni les Anges, n'ont jamais pu exercer sur eux cet empire, par leur propre vertu. Ils n'ont agi que par l'ordre de Dieu & en son nom. C'est ainsi que Raphaël réduit Asmodée (La Sainte Bible en latin et en français avec des notes de Calmet et de Vence, Boudet, 1770 - books.google.com).

L'élément Feu

L'élément feu est associé aux signes du Zodiaque Bélier, Lion et Sagittaire.

Le Sagittaire à moitié cheval joue le même rôle que le Taureau de saint Michel pour Raphaël.

La Vulgate dit dans le chapitre VI,17 : "Hi namque que conjuguim ita suscipiunt, ut deum a se et a sua mente excludant et suae libidini ita vacent, sicut equus et mulus, quibus non est intellectus : habet potestatem daemonium super eos" (Ceux qui embrassent le mariage de manière qu'ils bannissent Dieu de leur cœur et de leur esprit, et qu'ils ne pensent qu'à satisfaire leur brutalité, comme les chevaux et les mulets qui sont sans raison, le démon a pouvoir sur eux) qui ne se trouve ni dans la version grecque ni dans la version hébreu (In Librum Tobiae, commentarum, Scripturae sacrae cursus completus, Migne, 1841 - books.google.com).

Grosso modo, on peut à cet égard, retenir les traits suivants caractérisant les centaures : d'abord l'extensivité du mythe (sa plasticité et sa figurativité) dans les arts et les lettres, depuis l'orient (la Grèce) où il a pris sa source jusqu'à l'Ouest européen, et dépassant même largement le cadre strictement européen pour se retrouver en Amérique Latine, mythe « récupéré » par des poètes originaires des Tropiques comme Leconte de Lisle et José-Maria de Hérédia. Autre caractéristique : son origine montagnarde et forestière, sylvestre (de Politien jusqu'à Maurice de Guérin) ; encore : sa nature éminemment agressive, concrétisée dans et par un instinct grégaire tout de brutalité où le moteur est le vent et sa manifestation la plus évidente est précisément cette force collective mue par une vitalité insatiable, inépuisable, incontrôlable (l'étymologie proposée n'est- elle pas celle de «tueur ou chasseur de taureaux» ?) (Jean Lacroix, Le mythe du centaure auxXVe et XVIe siècles en Italie, Mythe et création, 1994 - books.google.com).

Le Centaure classique, créature fondamentalement humaine à corps de cheval, qui représente les aspects sauvages, les instincts de la nature humaine, se transforme au cours des siècles pour devenir, au Moyen Âge, un sagittaire bestial, démoniaque, appartenant au monde fantastique des bêtes monstrueuses qui habitaient les terres méconnues et sauvages. Un texte latin, probablement du VIe siècle, que son éditeur a voulu appeler De monstris et de belluis en offre une, particulièrement intéressante. Les hippocentauri ont donc des comportements de bêtes sauvages, la tête recouverte de soies et, par rapport à leurs ancêtres grecs, ils ont perdu le don de la parole, ce qui les relègue dans le monde animal. Benoit de Sainte Maure dans son Roman de Troie (v. 12404-12408), vers 1165, marque le manque d'autonomie du monstre: animal dressé par l'homme à tuer, à la différence des Centaures de l'Antiquité qui jouissent d'une totale autonomie de comportement, ce Sagittaire, avant d'être lancé dans le combat, nécessite qu'on lui indique ses adversaires. On dirait que ce Sagittaire manque complètement d'intelligence (Stefania Cerrito, De l'Antiquité au Moyen Âge : le Sagittaire dans les textes et les enluminures du Roman de Troie et sa mouvance, Textes et cultures: Réception de l'antiquité, 2004 - books.google.com).

Le psaume 68

Une citation du psaume 68 (Vulgate), parlant de la boue, se trouve à l'entrée de la chapelle des Saints Anges - où a été peint par Delacroix la lutte de Jacob avec l'ange - de l'église Saint Sulpice de Paris, qui correspond sur le plan de l'église parisienne du Serpent rouge projeté inversé sur la carte du département de l'Aude, au village de La Cassaigne où se trouve la ferme de Saint Raphaël (Autour de Rennes : Temple de Salomon et église Saint Sulpice).

Le verset 22 est éclairant :

Ps LXVIII, 22 Carrières : Au contraire, dans ma faim, ils m'ont donné du fiel pour ma nourriture ; et dans ma soif, ils m'ont présenté du vinaigre à boire.

Le psaume 68 parle aussi des reins, signification du nom de l'étoile de la Grande Ourse Mérak située "dans" la chapelle des Saints Anges (Autour de Rennes : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse).

Bien plus que Moïse, le prophète récipiendaire de la Loi, le prophète Elie, dont on a vu la filiation au patriarche Jacob, incarne mieux le départ des Hébreux : « Et en même temps la main du Seigneur fut sur Elie, et s’étant ceint les reins, il courut devant Achab » (III. Rois, XVIII, 46). Tel Jacob : « un ange le toucha et lui dit : Levez-vous et mangez » (III. Rois, XIX, 5). Le parallélisme avec le patriarche boiteux est évident, et il renvoie au topique des « reins ceints », ou « liés », dans lequel doit se dans lequel doit se tenir le peuple, mangeant debout, le bâton à la main et les sandales aux pieds (Exode, XII, 11). Lorsque le prophète Elie, le bien nommé, transmit ses pouvoirs (thaumaturgiques) à Elisée, et qu'il réalisa son ascension céleste dans un « char de feu », c'est bien à Béthel qu'ils se rendirent tous deux (IV. Rois, II, 2, 22). Et voici comment Ezéchiel décrivit son ascension : « Depuis la forme de ses reins jusqu'en haut et depuis la forme de ses reins jusqu'en bas, je vis comme du feu et comme une lumière éclatante dont il était environné. Tel l'aspect de l'arc qui est dans la nue un jour de pluie, ainsi était l'aspect de cette lumière éclatante qui l'entourait. C'était une image de la Gloire divine » (Ezéchiel, I, 28). Cette mandorle de lumière se scinde ici en deux arcs de cercle croisés ou adjacents au niveau des reins. Tels les roseaux du guérisseur, ou les triades séphirotiques du passage. Les reins, qui correspondent à la Porte des hommes, sont le don divin (Matnaïm) et le fiel des folies (Kesalim), la sagesse et la délivrance (Halatsaïm) ; mais surtout la fécondité et la postérité royale, que Dieu a promise un peu plus tôt à Jacob, dans la passe du Yabboq, dès lors qu’il le combat, puis le bénit et le nomme Israël : « De toi naîtront un peuple et une assemblée de peuples, et de tes reins sortiront des rois » (Gen., XXXV, 11). Or le paradoxe ou l’arcane biblique veut aussi qu’auparavant, Jacob ait eu les reins brisés dans sa lutte. (Jean-Louis Olive, De l’échelle de Jacob au gué thérapeutique : l’adoubement par les roseaux en Pyrénées catalanes, Figure du passeur, 2002 - books.openedition.org, Annick de Souzenelle, La Parole au coeur du corps, 1997 - books.google.com).

Le rein sécrète l'urine comme la bile sécrète la bile. La bile colore l'urine.

La bile est un liquide clair composé de 97 % d'eau. Elle comprend, en outre, la bilirubine, son pigment qui lui donne sa couleur jaune d'or. Il résulte de la destruction des hématies, en particulier de l'hémoglobine. L'hème est un composé mixte de fer et de bilirubine et c'est une sous-partie de l'hémoglobine qui donne la coloration rouge des hématies. Elle passe dans le foie où elle est conjuguée et transportée dans la bile puis dans l'intestin. Elle est éliminée directement dans les urines sous forme libre et donne la coloration jaune des urines (urobiline). Elle est éliminée dans l'intestin où elle est transformée en stercobiline qui donne la coloration brune des selles (Guy Bellaïche, Mémento de digestif, 2002 - books.google.com).

II n'y a presque point de couleurs qu'on n'ait quelquefois observées dans l'urine , & qui n'aient porté à la regarder comme viciée. Au-dessous de la citrine qui est la couleur la plus naturelle, on compte l'urine blanche, cristalline, laiteuse, grisâtre, bleuâtre ou imitant la corne transparente, celle qui ressemble à une légère teinture de poix, à l'osier, &c. Lorsque la couleur naturelle se renfonce, est plus saturée, l'urine devient d'un jaune foncé, safranée, verte, brune, noire, rougeâtre, ou rouge. L'urine blanche, de Couleur de petit lait se remarque aux enfans dans la dentition, aux femmes sujettes aux fleurs blanches, à ceux qui ont un catharre dans la vessie, un ulcère aux reins, une métastase de pus des viscères du ventre, de la poitrine sur les organes urinaires. L'urine d'un jaune foncé, safranée, rousse, rougeâtre est ordinaire chez les bilieux, dans les fièvres intermittentes, dans la jaunisse. Brunâtre ou semblable à de la lessive, elle accompagne souvent la leucophlegmatie. C'est l'abondançe de la bile & des matiéres salines qui donne ces Couleurs. C'est aussi la bile qui rend l'urine œrugineuse, plombée, verdâtre, verte, poracée ou semblable au suc de poreau. J'ai vu des enfans attaqués de convulsions causées par la dentition, rendre de l'urine verdâtre & mourir. Cette espèce d'urine s'observe rarement chez les adultes. Willis dit qu'il n'a jamais vu d'urine verte, Rhodius en cite un exemple à l'égard d'un homme qui avoit les viscères du ventre teints d'une bile œrugineuse & où l'on trouva un abcès dans le foie. Borrichìus rapporte dans les actes de Copenhague, an. 1679, obs. 38, qu'une femme grosse de six mois, qu'il traitoit pour une fièvre tierce, rendit pendant quelques jours des urines toutes vertes & qui déposoient un sédiment grisâtre. Il ne remarqua rien, ni dans son visage, ni dans ses yeux, qui annonçât une jaunisse. Les absorbans firent bientôt disparaître cette couleur des urines (François Chopart, Traité des maladies des voies urinaires, Volume 1, 1791 - books.google.com).

La couleur de la langue ou celle de l'urine indiquera l'« humeur » prédominante : une langue rouge indiquera un excès de sang, une langue blanche (leuka) un excès de phlegme, une langue noire indiquera l'excès de bile noire, par exemple, par exemple, ou une langue chlora, « vert pâle », le sera à cause de la bile, qui est jaune pâle (ochra). Il en est de même pour l'urine (Isabelle Boehm, Couleur et odeur chez Galien, Couleurs et vision dans l'Antiquité classique, 2002 - books.google.com).