Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaumes 21 et 84 : Hécatée de Milet   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUME 21 HECATEE MILET PAUL MARSEILLE

Psaume 21 et Saint Sulpice

Chapelle Saint Paul

Station X du chemin de croix de Saint Sulpice : Jésus dépouillé de ses vêtements

Ils ont partagé mes habits tiré au sort mon vêtement .Ps XXII Jean XIX.

Pour Jean XIX : Or la tunique était sans couture, tissée d'une pièce à partir du haut ; ils se dirent donc entre eux : "Ne la déchrions pas, mais tirons au sort qui l'aura".

Fête de saint Paul : 25 janvier ou 29 juin

"Spatarrad, jeté à terre tout de son long" et "Skaï sha, écacher, déchirer" (VLC, p. 21)

Saint Paul a été jeté à bas de son cheval comme Héliodore, sur le chemin de Damas.

Peut-on faire l’hypothèse que Delacroix s’est souvenu pour son Héliodore du tableau du Caravage, La chute de Saint Paul ? Le peintre représente Paul à terre, violemment éclairé, aux pieds de son cheval. Echos entre les deux oeuvres : la position du cheval, dont un pied est levé, et surtout celle du cavalier, terrassé à terre, les bras écarté et la nuque renversée. Ces échos confirmeraient l’épaississement du sens conféré à l’épisode d’Héliodore : le message de l’Ancien Testament se prolongerait par celui du Nouveau. Peut-être peut-on lire dans le tableau d’autres allusions au Nouveau Testament : cette femme aux longs cheveux qui à gauche implore le ciel, une allusion à Marie-Madeleine ? Ces deux femmes, cet homme et cet enfant en haut du même escalier, la Sainte famille ? Enfin le trésor au premier plan renvoie à l’épisode des marchands du temple, relaté dans les quatre Evangiles... (Marie-Sylvie Claude, Les peintures murales de Delacroix dans la Chapelle des Saints-Anges, église Saint-Sulpice, 2006).

Saul ne continua pas à être persécuteur des Chrétiens ; il fut jeté à terre par une lumière soudaine du ciel, tandis qu'il allait à Damas pour mettre en prison les chrétiens, et ensuite Jésus l'appela à être Apôtre (Actes, IX, 1, 8).

Le psaume 21 nous montre une victime qui raconte elle-même ses tortures en ces termes : « Une assemblée de méchants m'a investi; ils ont percé mes mains et mes pieds.... ils ont compté tous mes os.... tous mes os se sont disloqués... ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement » paroles qui désignent très-bien la crucifixion, et en décrivent les plus horribles circonstances (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Présentation : La Vraie Langue Celtique et Saint Sulpice).

Le vêtement nouveau : épître aux Ephésiens

La déposition du vêtement vieux est d'abord mis en relation par ce dernier, comme par Philon, avec les tuniques de peau dont Dieu avait revêtu Adam et Eve en les chassant du paradis (Gen. III, 21) et qui signifiaient leur condition mortelle. Le thème, sous la plume de saint Paul, est éminemment baptismal: en changeant de vêtements, il s'agit de «dépouiller le vieil homme» (Eph. IV, 24; Col. III, 9) et de «revêtir le Christ» (Rom. XIII, 14; Gal. III, 27) ou «l'homme nouveau» (Eph. IV, 24; Col. II, 10), «créé à l'image de son Créateur» (Col. III, 10) ou «selon Dieu dans la justice, la sainteté et la vérité» (Eph. IV, 24). Ce qui est le propre du baptisé (Gal. III, 27) (Victor Saxer, Les rites de l'initiation chrétienne du IIe au VIe siècle: esquisse historique et signification d'après leurs principaux témoins, 1988 - books.google.fr).

Dans le contexte d'Éphésiens, l'armure du chrétien est décrite et, parmi les éléments qui la composent, on trouve la tunique de justice, mais Hermas ne parle pas de l'armure du chrétien d'une façon aussi détaillée que Paul ; en plus, la crainte du Seigneur n'est pas mentionnée en Éph., VI, 13 (Edouard Massaux, Influence de l'évangile de Mathieu sur la littérature chrétienne avant saint Irénée, Dissertationes ad gradum magistri in Facultate theologica vel in Facultate juris cononici consequendum conscriptae, Volume 42, 1925 - books.google.fr).

"Induite vos Dominum Jesum Christum", dit-il aux Romains (XIII, 14); et aux Ephésiens : "Induite novum hominem". (IV, 28) Ce terme fait une gracieuse allusion à la tunique blanche dont on revêtait les nouveaux baptisés. L'Apôtre semble leur dire : En prenant cette tunique, vous avez fait profession de montrer en vous toutes les vertus de Jésus-Christ (Auguste François Maunoury, Commentaire sur les Épîtres de Saint Paul aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, et aux Thessaloniciens, Tome 3, 1880 - books.google.fr).

Ephésiens 4,24 : Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité.

Les historiens avancent que, vers l'année 600 avant Jésus-Christ, un vaisseau venu de Phocée, ville grecque de l'Eolide, jeta l'ancre près des bouches du Rhône, à l'est de ce fleuve. (VLC, p. 176)

Avant de quitter l'Ionie, ils avaient consulté l'oracle, qui leur prescrivit de prendre de Diane d'Éphèse un conducteur pour le voyage qu'ils se proposaient de faire. Ce guide se manifesta en la personne d'Aristarché, une des femmes les plus considérées d'Éphèse, qui partit avec les Phocéens, emportant avec elle une des statues de Diane consacrées dans le temple. En arrivant dans la nouvelle colonie, ils fondèrent le temple Éphésium consacré à Diane. C'est ainsi que le culte de Diane éphésienne fut apporté en Gaule, et la tête de la déesse figura sur les monnaies des Massaliotes (Charles Texier, Asie mineure: description géographique, historique et archéologique des provinces et des villes de la Chersonnèse d'Asie, 1862 - books.google.fr).

Ephèse, ville ionienne, faisait partie de la province proconsulaire de l'Asie Mineure. Cette ville remontait à une haute antiquité, bien que les auteurs anciens ne soient pas d'accord sur son origine. Placée à l'embouchure du Caystre et sur la mer Egée, Ephèse était devenue, grâce à sa position, le principal emporium de toute la région asiatique en deçà du Taurus. Son port, appelé Panormus, servait de point de communication entre l'Egypte, la Syrie, la Grèce et la Macédoine, d'une part, et entre l'Asie proconsulaire et l'Italie, et principalement Rome, de l'autre : en sorte que Strabon appelle Ephèse une hôtellerie commune pour tous ceux qui arrivaient d'Italie et de Grèce. Elle produisait des vins renommés. Elle servait d'entrepôt à un commerce très-actif. Mais ce qui faisait surtout sa gloire, ce qui attirait dans ses murs une foule sans cesse grossissante d'étrangers, dont un grand nombre y fixaient leur demeure, c'était son fameux temple consacré à Diane, appelé pour cette raison la grande Diane d'Ephèse. Ce temple était en grande vénération ; plusieurs villes possédaient même des temples en l'honneur de Diane d'Ephèse. Le culte de la déesse et le grand concours d'étrangers qu'attirait son temple, avaient donné lieu a beaucoup d'industries, qui vivaient du produit de la vente des reproductions portatives du temple et de la divinité qu'on y adorait. On comprend facilement l'importance du mouvement populaire excité par Démétrius l'orfèvre et ses compagnons, dans la crainte de voir tarir, par les prédications de saint Paul, la source de l'industrie qui les enrichissait (Actes 19,23-29).

Ce fut lors de son second voyage que, revenant de Corinthe, saint Paul vint pour la première fois à Ephèse. Il commença, selon son habitude, à enseigner dans la synagogue. Il avait même fait déjà quelques conquêtes à Jésus-Christ et comme jeté les fondements d'une communauté chrétienne. Mais, par des raisons qui nous sont inconnues, il ne prolongea pas son séjour à Ephèse ; et, malgré les instances de quelques Juifs convertis, il se remit en route par la voie de mer pour Césarée et Antioche, après leur avoir fait la promesse formelle de revenir bientôt parmi eux, pour reprendre et développer, avec l'aide de Dieu, l'œuvre commencée. Il tint parole ; et après avoir, en partant d'Antioche, traversé une partie de la Cilicie et de la Galatie, les villes d'Antioche de Pisidie, de Colosses et de Laodicée, saint Paul arriva à Ephèse, où il séjourna près de trois ans. C'est pendant ce long séjour que saint Paul fonda et organisa cette Eglise, où il avait trouvé, lors de sa seconde visite, quelques rares fidèles préparés à croire en Jésus par les prédications de saint Jean, d'Apollo et celles faites par lui-même. Après ce séjour relativement long, saint Paul ne revint plus à Ephèse. Il confia le gouvernement de cette Eglise à Timothée, qui en fut le premier évêque (Paul A. Drach, Épitres de Saint Paul, 1871 - books.google.fr).

Argenteuil, qui possède une relique de la tunique du Christ, pourrait être en cause dans les pages 103 et 258 de La Vraie Langue Celtique à travers le Grand Pressigny qui lui a fourni des silex à la Préhistoire (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : La Carte de La Vraie Langue Celtique : Carte et psaume).

La biche : psaume 21 et Diane (Artémis) d'Ephèse

Le titre du psaume 22 [21 Vulgate] a beaucoup occupé les commentateurs. Nous pensons comme Kimchi, Jarchi, Hengstenberg, que les mots : la biche de l'aurore, doivent indiquer le personnage dont les souffrances sont racontées dans le Psaume. Le psalmiste compare ses ennemis à des animaux féroces (vers. 13,14-), il est donc assez naturel de supposer qu'il a voulu se représenter lui-même sous l'image d'une biche, comme il le fait au Ps.42. Dans le Ps.11, nous l'avons vu se comparer à un oiseau (Comp. aussi Prov. 6:5). Les mots : de l'aurore, indiquent selon quelques auteurs le moment de la journée où la persécution avait lieu, selon Hengstenberg la délivrance qui devait en être l'issue, l'aurore étant une image du bonheur, surtout de celui qui succède à une longue nuit de souffrances. Esa. 5:20; Os.6:3. La première explication nous paraît plus simple. D'autres commentateurs croient que les mots : la biche de l'aurore, sont l'indication d'un cantique sur la mélodie duquel ce Psaume devait se chanter (Armand de Mestral, Commentaire sur le Livre des psaumes, accompagné d'une traduction nouvelle, 1856 - books.google.fr).

La chasse à la biche est à rapprocher de la déesse Diane ou Artémis (Augustin Calmet, Commentaire littéral sur tous les livres de l'ancien et du nouveau testament: Les Pseaumes, 1734 - books.google.fr).

Le mois de Février était appelé "elaphebolion". Ce mot signifie chasse aux biches : "elaphos", biche, cerf et "ballô" jeter, lancer, chasser. On célébrait dans ce mois une chasse en l'honneur de Diane chasseresse. Il était de vingt-neuf jours.

Les Phociens, réduits au désespoir, avaient pris la résolution de se jeter dans les flammes s'ils étaient vaincus dans le combat qu'ils devaient livrer aux Thessaliens. Diane leur donna la victoire : pour rendre grâces à la déesse de cette faveur insigne, ils instituèrent la fête des élaphébolies ; ils offraient à Diane un cerf de pâte (Joseph Girod, Dictionnaire spécial et classique des monnaies, poids, mesures, divisions du temps, chez les Grecs, les Romains, les Juifs, et les Égyptiens, 1827 - books.google.fr).

Dans un manuscrit du XVIème siècle de la bibliothèque de Valenciennes, la miniature de l'épître aux Ephésiens comporte une femme, un cor à la main, et tenant en laisse des chiens de chasse, est assise sous un dais en tête duquel on lit : MAGNA DIANA EPHESIOR. Au bas, 6 personnages, dont saint Paul (Voyez Actes des Apôtres, XIX, 28) (Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la Bibliothèque de Valenciennes, 1860 - books.google.fr).

La chasse

Dans le Lévitique, Dieu parle lui-même de la vénerie et de la fauconnerie : Si quis venatione atque aucupio ceperit feram vel avem, quibus vesci licitum est, fundat sanguinem ejuset operiat illum terra. Plus tard Dieu donne à ses prophètes le titre de chasseurs (Jérémie XVI); il veut qu'Isaïe appelle l'enfant qui va naître d'un nom qui correspond à celui de chasseur : Voca nomen ejus, accelera, spolia, detrahe, festina prœdari, c'est-à-dire « que son nom signifie : hâte-toi, prends les dépouilles, dépêche-toi de t'emparer de la proie. » Le même prophète dit : Et delectabitur infans ab ubere, super foramina aspidis et in caverna reguli, qui ablaclatus fuerit manum suam mittet. Tout cela prouve que la chasse était en honneur à cette époque, et que Jésus-Christ était chasseur; cela n'a pas empêché les conciles et les papes de défendre la chasse aux ecclésiastiques. Saint Paul et saint Mathieu leur en ont fourni le prétexte : le premier, parce qu'il dit, dans une lettre aux Éphésiens (IV), que le bruit ne convient pas aux clercs, et qu'on ne peut pas chasser sans crier; il se trompe, car il existe bien des chasses qu'on peut faire silencieusement; par exemple l'affût, les piéges, etc.; le second, parce qu'il a dit : « Le pain des hommes ne doit pas être donné aux chiens. » (Mathieu XV) (Elzéar Blaze, Le chasseur au chien courant, Volume 1, 1838 - books.google.fr).

Au nombre de ces animaux mystiques se trouve la licorne. Les anciens croyaient fermement à sa réalité. Le célèbre voyageur en Palestine, Bernard de Breidenbach, doyen du chapitre de Mayence, et qui écrivait à la fin du moyen âge, en parle ; il croit l'avoir rencontrée sur le chemin du Sinaï, et même le Père Cahier semble ne pouvoir renoncer à la pensée de l'existence de cet animal. On le dépeint comme un noble quadrupède du genre de la gazelle, d'une blancheur éblouissante, portant au front une forte corne tournée en spirale. On prétendait que cet animal indomptable, ne se laissait pas forcer à la course; mais que s'il voyait une vierge, il allait paisiblement se coucher dans son giron et devenait ainsi la proie du chasseur. Déjà saint Grégoire le Grand utilise la fable de la capture de la licorne, pour la mettre en rapport avec l'Incarnation du Christ, né d'une Vierge. La légende ainsi que son application se transmit sans variante notable aux écrivains ecclésiastiques du haut moyen âge, comme le prouve Isidore de Séville. [...] Semblable aux croquis fort sommaires qui accompagnent le manuscrit de Gottweih, le Bestiaire français représente le sujet d'après un manuscrit de la Bibliothèque de l'Arsenal, de la manière suivante : Un chasseur qui vient du côté droit frappe l'animal qui s'est accroupi auprès d'une vierge assise ; la bête est d'ailleurs assez informe.

Dans une broderie de l'église d'Ober-Lahnstein, les quatre chiens doivent être compris comme les motifs qui, dans le conseil de Dieu ont déterminé l'Incarnation du Verbe, et comme les perfections et les grâces qui se manifestent dans la personne du Sauveur, dans son Incarnation et dans ses actes: Veritas, la vérité éternelle (saint Jean, 14, 6) qui, par le Christ se manifeste au monde, comme la lumière qui doit éclairer les peuples (saint Luc, 2, 32); Justitia, la justice éternelle (Ps. 118, 142) réconciliée par le Christ (I saint Jean 4, 10) qui nous a acceptés comme justifiés (I Cor. 1, 30); Pax, la paix de Dieu, annoncée avec la naissance du Rédempteur (saint Luc, 2, 14) et par laquelle ce qui était séparé est uni de nouveau (Eph. 2, 14.); Misericordia, la miséricorde par laquelle le Fils de Dieu nous a rachetés, (S. Luc. 1, 78. - Th. 3, 5.) Dans l'ouvrage mystique Des beschlossen Gart des Rosenkrantz Maria von der Meuse hicurdung Gottes, « La chasse céleste », est expliquée de la façon suivante en ce qui concerne les chiens: « Les quatre lévriers sont la miséricorde, la vérité, la justice et la paix; mais si la licorne doit être prise par les quatre chiens, ceux-ci doivent être accouplés deux par deux; et bien que la miséricorde et la vérité fussent dans l'origine très opposées l'une à l'autre, elles finissent cependant par se réunir(^)pour saisir la licorne.

Parfois, les chiens forment deux couples, la miséricorde et la vérité d'une part, la justice et la paix, de l'autre; ces vertus, en quelque sorte séparées par leur nature, se rencontrent dans l'opération de la grâce : « La miséricorde et la vérité se sont rencontrées. » (Ps. 84, 11.) Parfois encore, il n'y a que trois chiens représentant la charité, la vérité, l'humilité, ou bien la vérité, la miséricorde et la justice. (F. Schneider, La légende de la Licorne ou du Monoceros, Revue de l'art chrétien, 1857 - archive.org).

Pax, la paix de Dieu, annoncée avec la naissance du Rédempteur (saint Luc, 2, 14) et par laquelle ce qui était séparé est uni de nouveau (Eph. 2, 14.) ; cf. la tunique sans couture.

La biche blanche de Guiguemar

Voyages initiatiques bien sûr, mais il n'est pas de véritable inititation sans souffrance et sans mort, pas de Graal sans Lance qui saigne, pas de Résurrection sans Rédemption sanglante. Marie de France n'en fait pas mystère quand, dans Guigemar, elle dit de l'amour, ultime objet de cette quête: Amur est plaie dedenz cors (v. 483), car la blessure du héros, cette flèche qui se retourne contre lui, n'était que l'image annonciatrice, le symbole, de cet Amur qui l'ot feru al vif (v. 379). Il n'en va pas autrement dans Yonec de la trace del sanc laissée par l'oiseau crucifié (v. 342), cette trace que la dame va désespérément suivre, en traversant le sombre tunnel sous la hoge (v. 346), passage obligé pour atteindre la cité tute d'argent (v. 363) et la tierce chambre où agonise le chevalier sauveur (v. 386). Qu'on pense aussi, dans le lai des Deux amants, à cette ascension douloureuse de la montagne, figure de Golgotha, qui s'achèvera par la troisième chute et les treis jurs (v. 245) d'exposition des corps, privilégiant de façon significative le symbole trinitaire et christique. Autant d'épreuves, de "croix", qui ont la particularité remarquable de n'être jamais choisies, mais bien imposées: Suffrir li estuet l'aventure, lisons-nous dans Guigemar (v. 199). Ce sont en fait des puissances supérieures, spirituelles, qui sont ici à l'œuvre, la "fée" de Lanval comme la biche de Guigemar. Plus profondément, c'est la "mesprison" de Nature (v. 57) - une nature viciée, pervertie - qui frappe Guigemar, comme le fera aussi Fortune ki ne s'oblie jamais (v. 538). Sans parler de l'Amour lui-même qui échappe totalement au contrôle de l'homme comme en témoigne cette inquiétante notation du lai d'Equitan: Tels est la mesure d'amer / Que nuls n'i deit reisun garder (v. 19-20) - avec les conséquences que l'on sait. Autant d'illustrations de la faiblesse et de la finitude de l'homme, aux prises avec une aspiration incoercible vers un Au-delà qui, par définition, le dépasse. Pour être un jour, comme Lanval, vestuz de nuvel (v. 175) - pour revêtir l'homme nouveau dirait saint Paul (Ephésiens IV, 24) - il faut peut-être attendre et espérer qu'un sages hum, comme dans le Bisclavret (v. 239), vous rende les vrais habits d'une humanité enfin régénérée - et toute la symbolique du vêtement est ici à l'œuvre (Jacques Ribard, Symbolisme et christianisme dans la littérature médiévale, 2001 - books.google.fr).

Dans le lai de Guigemar, cette biche a des perches (cornes) de cerf ; elle est donc hermaphrodite. C'est la métamorphose d'une fée qui jette un sort à son poursuivant (Guigemar) et ce sort s'identifie (en l'occurrence) à la « maladie d'amour ». Guigemar retrouve la fée dans l'Autre Monde et file avec elle le parfait amour. Avant de se séparer de son ami, la fée réalise deux opérations de liage : l'une sur Guigemar (nœud dans sa chemise), l'autre sur elle-même avec une ceinture que nul ne saura ouvrir sinon son ami, envoûté par son amour. Les nœuds ou liens ici réalisés sont des fiançailles symboliques (précédant les liens du mariage). En outre, le liage opéré par la dame témoigne de ses pouvoirs magiques. En latin, le mot fascinum (« charme, maléfice ») est apparenté à fascia (« bande, bandage ») et le même mot signifie « lier » et « ensorceler ». Comme les dieux lieurs, la fée connaît le secret du fil (tissage), des liens et des nœuds. Le motif du nœud difficile à défaire rejoint celui de l'épée aux étranges attaches que seuls les héros prédestinés sauront défaire. Ce type de symbole rejoint le Valknut scandinave (nœud des guerriers tués) ou le triquetra, sorte de triskel, bien présent dans l'art gaélique (Philippe Walter, Dictionnaire de mythologie arthurienne, 2015 - books.google.fr).

Guigemar n'a pas voulu détruire, mais arrêter sa vision: sa défensive est éveillée et sa curiosité aussi. La blessure au sabot nous fait revenir à la Biche aux pieds d'airain qu'Héraclès a voulu attraper sans l'abattre, et qu'il a cloué sur place par une flèche entre nerf et tendon. Et un mortel peut-il tuer une Fée ? (Antoinette Knapton, Mythe et psychologie chez Marie de France: étudiés dans Guigemar, 1975 - books.google.fr).

Cet animal tacheté, aussi rapide à la course qu'une flèche, possédait des sabots d'airain et des cornes d'or comme un cerf, en sorte que certains le considèrent comme un cerf. Cette biche était consacrée à Artémis, qui lorsqu'elle était enfant avait aperçu cinq biches, plus grandes que des taureaux, paissant sur les bords du fleuve thessalien Anauros qui roule des cailloux noirs dans ses eaux au pied du mont Parrhasion. Le soleil étincelait sur leurs cornes. Elle se mit à courir, les poursuivit et en captura quatre, successivement en ne se servant que de ses mains et les attela à un char; la cinquième s'enfuit en traversant le fleuve Céladon jusqu'au mont Cérynie, généralement situé en Achaïe, comme le voulait Héra, qui avait déjà en tête les Travaux d'Héraclès. (mythologica.fr).

Les Ephésiens, au rapport de Libanius, avoient fait frapper une médaille représentant une biche, par reconnoissance des bienfaits de Diane (François Valentin Mullot, Le Muséum de Florence ou collection des pierres gravées, statues, médailles et peintures qui se trouvent à Florence, 1788 - books.google.fr).

Phocée et Hécatée de Milet

Il est généralement connu qu'Hérodote en parlant des expéditions et conquêtes de Sésostris fait mention des monumens que le Pharaon victorieux laissa dans les pays par lesquels il passa. Les paroles de l'historien sont les suivantes (II, 106): « Quant aux monumens (stèles) qu'érigea Sésostris, roi d'Egypte, dans les différens pays, la plupart évidemment n'existent plus. Cependant en Palestine de Syrie (c'est à dire dans la Coelésyrie, et surtout long la côte phénicienne, v. chap. 105) j'en ai vu moi méme... Il y a aussi en Ionie deux images de cet homme, sculptées dans le rocher, sur la route qui conduit du territoire d'Ephèse à Phocée, et sur celle qui de Sardes va a Smyrne ». Puis Hérodote donne la description de la figure de Sésostris, qui se trouve sur ces monumens en Ionie, haute de presque sept pieds, ayant une inscription en caractères égyptiens sacres sur le devant, allant d'une épaule à l'autre, qui désignait le conquérant, sans le nommer; le nom se trouvant de l'autre coté. Il conclut par remarquer que quelques-uns de ceux qui avaient vu cette statue (allusion peut étre à Hécatée de Milet) avaient dit qu'elle représentait Memnon (Aménoph), mais ceux-ci, (dit Hérodote), se sont extrèmement éloignés de la vérité» (Bunsen, Monument bilingue du grand Sésostris sur les frontières de Palestine, Bulletin de l'Institut de correspondance archeologique, 1833 - books.google.fr).

Le plus ancien témoignage historique relatif à Massalie est celui d'Hécatée, de Milet, né vers 550 avant J.-C, et mort vers 475 (Prosper Castanier, Histoire de la Provence dans l'antiquité depuis les temps quaternaires jusqu'au ve siècle après J.-C., 1896 - books.google.fr).

Hécatée de Milet passe pour être le premier qui ait écrit l'Histoire en prose. Hérodote, suivant le témoignage des Anciens, a beaucoup profité de ses ouvrages. On comprend à quel point ils ont dû lui être utiles, quand on fait qu'Hécatée avoit écrit une histoire générale de l'Asie & de l'Europe, sous le titre de Description géographique de ces deux parties de la terre (Jean Antoine Rigoley de Juvigny, De la decadence des lettres et des moeurs depuis les Grecs et les Romains jusqu'à nos jours, 1787 - books.google.fr).

Hécatée et le Labyrinthe égyptien

Les anciens avaient bâti en différentes contrées certains monuments appelés labyrinthes, et les plus renommés étaient celui de Crète attribué à Dédale, et celui d'Egypte, dont le savant architecte était demeuré inconnu. Hérodote fait du labyrinthe égyptien l'oeuvre de douze rois, tandis que Pline pense que Tithoès seul doit en revendiquer la gloire. (VLC, p. 84)

Nous ne connaissons plus le Labyrinthe; il nous est difficile de savoir si Hérodote n'avait pas de bonnes raisons pour tant l'admirer. Enfin, Hécatée de Milet, le prédécesseur d'Hérodote, était allé à Thèbes; il en avait probablement décrit les monuments. Or Hérodote nous dit quelque part qu'il évite de revenir sur ce que ses prédécesseurs ont déjà dit avant lui. Voilà plus de raisons qu'il n'en faut pour expliquer son silence, sans compter toutes celles que nous ne pouvons même imaginer. (Alfred Croiset, La véracité d'Hérodote, Revue des études grecques, 1888 - books.google.fr).

Plusieurs écrivains prétendent que c’étoit un monument consacré au soleil, et cette dernière opinion ajoute Pline, a prévalu. Le nombre de douze palais convenoit mieux à cette dernière tradition; ou pouvoit y voir le symbole des douze maisons du soleil, ou les douze signes du Zodiaque. Hérodote attribue l'érection du Labyrinthe à douze rois , qui ont régné ensemble après la mort d'un pretre de Vulcain (Séthos) qui avoit seul gouverné l'Egypte. Ces douze princes, vivant dans une grande intelligence, et sacrifiant ensemble à des époques données dans le temple de Vulcain, avoient résolu d'ériger le Labyrinthe comme un monument de leur gouvernement. Du nombre de ces douze rois étoit Psammeticus qui, comme le raconte Hérodote, parvint enfin par des avantures singulières à s'emparer de toute l'Egypte, et à réunir dans sa seule personne la souveraineté du pays. C'est ce Psammeticus qui, d'après la tradition rapportée par Pomponius Mela, a fait construire le Labyrinthe. Voici comment Hérodote rapporte l'histoire de ce roi: "dans le temps que s'étoit formé le gouvernement des douze rois, dont nous venons de parler, un oracle avoit prédit que celui d'entre eux, qui se seroit servi d'un vase d'airain pour faire des libations dans le temple de Vulcain, parviendroit à régner seul sur toute l'Egypte. Un jour que selon leur coutume les douze rois s'étoient assemblés dans le temple du Dieu, le grand-prêtre présentoit par tour à chaque monarque une fiole pour faire des libations; mais, comme par hazard, il ne se trouvoit que onze fioles, et que Psammeticus étoit placé le dernier, celui-ci ôta son casque d'airain et l'employa pour faire ses libations. Les onze rois qui craignoient d'apercevoir dans cette circonstance l'accomplissement de l'oracle furent mécontens de la conduite de Psammeticus. Mais comme ils ne voyoient dans cette aventure aucun mauvais dessein, ni de la part du pontife, ni de la part de leur collègue, ils se contenterent de reléguer celui-ci dans le canton des marais de l'Egypte."

On peut voir dans Hérodote les suites de cette histoire, et les événemens merveilleux qui menerent Psammeticus sur le trône. (Charles-Joseph De Grave, République des Champs-Élysées, ou Monde, ancien, 1806 - books.google.fr).

Le témoignage d'Hécatée de Milet, qui florissait vers 504 avant J.—C., ne nous étant pas parvenu, nous devons nous en tenir à celui d'Hérodote qui visita l'Egypte et Thèbes vers 460, c'est-à-dire près de 67 ans après le passage de Cambyse, pour connaître ce qui restait encore de la vieille capitale et du temple d'Amon. La vie religieuse a repris son cours normal. Hérodote s'entretient avec les prêtres (II, 3), qui lui rapportent les grands faits de l'Histoire d'Égypte et lui montrent, comme à Hécatée, après l'avoir conduit dans une vaste salle intérieure, 345 grandes statues de bois représentant les grands prêtres d'Amon (II, 143) (Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale, Volumes 13 à 15, 1917 - books.google.fr).

3-4-5 en numérotation décimale comme celle de l'Egypte antique.

Memnon

Le combat singulier entre Achille et Memnon, chanté par Arclinus de Milet dans son Ethiopide se trouvait déjà représenté sur la caste de Cypselus et sur le trône d'Amyclée. Pausanias, à qui nous devons ces renseignements, dit positivement que sur le premier de ces deux anciens monuments de l'art grec les héros combattaient en présence de leurs mères. Eschyle, dans sa tragédie intitulée Psychostasie avait introduit Jupiter, pesant dans une balance les âmes d'Achille et de Memnon, tandis que ceux-ci combattaient et que Thétis et l'Aurore intercédaient chacune pour son fils. L'art ne manqua pas de s'emparer également de cette fiction. Le célèbre vase du Stahouder, comme on sait, présente dans le plan inférieur du tableau principal Achille terrassant Memnon, et dans le plan supérieur on voit une balance suspendue à un arbre et sur chacun des plateaux un génie ailé nu. Hermès, assis auprès de l'arbre, préside à la pesée. D'un côté est Thétis, et de l'autre l'Aurore s'enfuyant et s'arrachant les cheveux de désespoir. L'ancienneté du type de la mort de Memnon ; sa célébrité, son appropriation à un but funéraire, tout semble faire une loi à l'archéologue de le reconnaître sur tous les monuments céramographiques réprésentant un combat de deux hoplites en présence de deux femmes (L'Institut: Sciences historiques et philosophiques. 2e section, 1841 - books.google.fr).

Ce que l'on trouve sur un vase étrusque de Vulci découvert en 1834.

Ainsi que sur un vase découvert à Caere (Cerveteri) d'environ 540, qui est une hydrie ionienne, vraisemblablement clazoménienne, où l'on voit à droite le combat de Memnon et d'Achille et à gauche la Pesée de leurs sorts.

Parfois sur certaines représentations, Hermès prend la place de Zeus dans la tenue de la balance.

L'assimilation à Hermès du dieu Thoth qui, sous l'aspect d'un ibis ou d'un babouin, assistait de tout temps Osiris dans son Jugement des Ames, comme greffier diligent et surtout comme ingénieur qui vérifie la justesse de la balance a pu suggérer à l'un de ces artistes de lui donner une place dans la kérostasie. On pense au célèbre Peintre d'Amasis - qui n'était peut-être pas seulement potier mais peintre - et qui a signé de ce nom égyptien plusieurs de ses vases. Au surplus Thoth n'était pas seulement le dieu de la balance : c'était le dieu omniscient, à qui l'Egypte était redevable de toutes les inventions civilisatrices. Platon encore lui attribuera la découverte de la science des nombres avec le calcul, la géométrie et l'astrologie, le trictrac et les dés, et l'écriture (Jacques Heurgon, De la balance aux foudres, Mélanges de littérature et d'épigraphie latines, d'histoire ancienne et d'archéologie: Hommage à la mémoire de Pierre Wuilleumier, 1980 - books.google.fr).

Les termes enveloppés des vers 1082 à 1098 de l'Alexandra [de Lycophron, poète grec du IVe siècle av. J.-C] seraient éventuellement une référence aux navigations des Phocéens sous le masque d'une prophétie appliquée aux retours de la guerre de Troie. Il y est question, en effet, de ceux qui, laissant la terre des Pélasges, mettront la voile pour un périple autour du courant du Memblès et de l'île de Kernè et qui, au-delà de la mer Tyrrhénienne, habiteront les plateaux de Lucanie dans les tourbillons du Lamètos. Le destin d'une partie d'entre eux est "anostos" et ceux qui arriveront, joyeux, dans leurs demeures ne feront point briller la fumée des sacrifices dans une action de grâces à un Apollon "Larunthios" ou à un Zeus "Kerdulas". Or, il peut y avoir jeu de sonorité entre l'île de "Kernè" et l'île de "Kurnos" : certains éditeurs même ont proposé "Kurneatis". "Memblès" (par ailleurs inconnu) évoque aussi "Membliaros" phénicien; le nom de "Memblès", associé à l'évocation de l'île de Kernè et de la terre des Pélasges, paraît entraîner un choc de sens qui mettrait en cause les composantes du conflit entre Étrusques, Carthaginois et Phocéens, la destination des Grecs près du Lamètos pouvant évoquer Rhegium et le point de départ de la fondation de Velia. Naturellement la structure poétique du style ne constitue qu'une fragile présomption en faveur de l'hypothèse que nous envisageons. Néanmoins on peut se demander encore, dans la même optique, la raison de l'emploi de deux épiclèses très rares de Zeus et d'Apollon, "Kerdulas", et "Larunthos". Cette dernière en particulier évoque Larundus et une série bien connue de divinités à commencer par les Lares. L'emploi de la technique du reflet poétique servirait la multiplicité des sens et leurs correspondances variées. Le sort de ceux qui survivront (mais pour peu de temps) et ne pourront rendre grâce à «Kerdulas Larunthius» refléterait le sort de la première catégorie de malheureux compris dans la prophétie. Pour ceux-ci l'action de grâces qui, dans l'expression, se transforme en expiation d'un châtiment, prendrait un sens ironique de remerciement au Zeus étranger et barbare, "larunthios" (les Mânes du tyrannos étrusque sur le tombeau duquel ils ont été immolés) et un sens réel de remerciement à Apollon (en vertu de la réparation accordée à leur mémoire). Certes dans les prophéties de l'Alexandra tous les sens et contre-sens sont possibles. Mais, pour revenir sur un terrain plus sûr, le sens politique anti-grec de la mythologie de Memnon ne nous paraît pas douteux. Il s'agit de l'un des symboles majeurs de la monarchie cérétaine dans son alliance avec Carthage. Le tumulus de Memnon, où l'Aurore vient pleurer et où les Memnonides accomplissent le rite funèbre, est d'ailleurs peut-être à identifier avec un tumulus bien précis dans la topographie cérétaine : le tumulus de Monte Tosto, remontant au VIIe siècle, situé sur la route du sanctuaire, et près duquel G. Colonna a reconnu les restes d'un sanctuaire correspondant, selon toute probabilité, à celui où avaient lieu les jeux funèbres en l'honneur des Phocéens, serait le candidat le plus sérieux dans la topographie sacrée d'un rite lié aussi à la mort de Memnon, c'est-à-dire à la dynastie de Cerveteri. Déjà le fait que les Phocéens soient honorés en étroite liaison avec un tumulus gentilice, laisserait comprendre que leurs jeux funèbres sont pris en charge, en quelque sorte, par le culte gentilice qui avait lieu près du tombeau. S'il s'agit du tombeau du fondateur de l'emporium (utilisé ensuite par tous les descendants), le rapprochement n'en est que plus significatif : de fait, le choix du mythe de Busiris comme «programme» du sanctuaire phocéen est celui d'une fondation d'emporium et donc de l'admission des étrangers selon un droit international (Françoise-Hélène Massa-Pairault, Recherches sur l'art et l'artisanat étrusco-italiques à l'époque hellénistique, 1985 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Lycophron).

Seules les stations 3, 7, 9, 10 du chemin de croix de l'église Saint Sulpice sont associées à des psaumes. Si l'on prend le carré magique d'ordre 5 donné par La Loubère dans son ouvrage sur le Siam daté de 1691, et qu'on l'associe au carré SATOR, alors les nombres 7 10 3 9 recouvrent les lettres E O A S. Le mot EOAS se rencontre en particulier chez Virgile - réputé pré-chrétien mais en fait ce sont les chrétiens qui sont virgiliens. Ce mot signifie d'Orient, c'est un pluriel accusatif cité dans l'Enéide de Virgile au Livre I : Se quoque principibus permixtum adgnovit Achivis / Eoasque acies et nigri Memnonis arma. Memnon, héros de la guerre de Troie, est le fils de l'Aurore, comme Lucifer dans la bible (Esaïe 14,12). Le psaume 21 est sur la station X (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Présentation : La Vraie Langue Celtique et Saint Sulpice).

La carte d'Hécatée

Agathémère [géographe grec du III siècle apr. J.-C] attribue à ce même Hécatée la construction d'une carte géographique différente du globe d'Anaximandre; et nous trouvons dans Hérodote, qu'Aristagoras, tyran de Milet, contemporain et ami d'Hécatée, porta, en effet, «dans la Grèce, une carte géographique du monde connu gravée sur une table de cuivre, et sur laquelle on avait représenté la terre entière avec les distances itinéraires ou les routes d'un lieu à l'autre, le cours des rivières, les mers, les îles et les continents.» Le voyage d'Aristagoras dans le Péloponnèse et dansl'Attique est au plus tard de l'an 500 avant l'ère chrétienne. Son objet, dans ce voyage, était d'engager les peuples de la Grèce européenne dans une ligue avec les Ioniens, qui se préparaient à prendre les armes contre le roi de Perse. La route d'Ephèse à Sardis était exactement marquée sur cette carte, car Aristagoras avait formé le projet de porter d'abord la guerre au sein des états de Darius, et il se servait de sa carte pour montrer que l'exécution de ce projet était facile. Aristagoras fut tué l'an 497 avant J. C. et la révolte des peuples d'Ionie durait déjà depuis quelques années. Comme Hécatée avait fait un voyage eu Egypte, à ce que nous apprend Hérodole, on ne peut guère douter que ce ne fut là qu'il ait pris l'idée dune nouvelle espèce de carte géographique d'un usage plus facile que le globe d'Anaximandre, qui devait être d'une grandeur et d'un poids très-incommode. Strabon, parlant d'un globe de cette espèce, demande qu'il ait au moins dix pieds de diamètre; encore dans cette proportion les degrés de l'équateur et du méridien n'auraient-ils eu guère plus d'un pouce d'étendue. La carte d'Aristagoras, gravée sur des tables de cuivre, était sans doute une carte plate semblable aux tables itinéraires deSésostris et au plan topographique levé par ordre de Josué. La géométrie florissait depuis longtemps en Egypte, et elle commençait à être cultivée alors avec succès dans la Grèce; ainsi, il ne serait peut-être pas impossible qu'Hécatée eût imaginé de lui-même, et eût exécuté cette projection du globe d'Anaximandre. Agathémère dit que cette carte d'Hécatée fut l'admiration de la Grèce; il est du moins certain qu'elle se répandit extrêmement et que les copies en devinrent communes. Il est parlé de ces cartes en plusieurs endroits d'Hérodote, et quelques faits particuliers, comme la conversation de Socrate et d'Alcibiade, rapportée dans AElien, nous montrent que les tables étaient suspendues dans les lieux publics. La comédie des Nuées, d'Aristophanes, suppose que ces cartes étaient une chose commune et connue même du peuple (Fréret, Observations générales sur la géographie ancienne, Mémoires de l'Institut impérial de France, Académie des inscriptions et belles-lettres, Volume 16, 1850 - books.google.fr).

Reconstitution hypothétique de la carte du monde d'Hécatée - fr.wikipedia.org

«Dessin» ou «écriture de la terre» : l'origine grecque du mot «géographie» suggère une familiarité peut-être trompeuse. Si la discipline moderne reconnaît sans peine certains de ses grands ancêtres dans les figures d'Hérodote, d'Eratosthène, de Strabon ou de Ptolémée, suggérant par là même la continuité d'un savoir, et la stabilité de ses objets et de ses méthodes, il faut cependant se garder de lire les géographes grecs à travers les grilles de leurs successeurs. D'autant plus que la géographie, tout au long de son histoire, est agitée par des débats sur son identité et ses frontières, ainsi que sur ses objets et ses méthodes : doit-elle décrire la terre, en inventorier les lieux et les peuples ? Constitue-t-elle un principe explicatif, par exemple des mouvements de l'histoire ? Ou vise- t-elle la construction de modèles de l'espace, cartes, diagrammes, tableaux de données ? Les préoccupations nouvelles d'une histoire des sciences davantage ouverte à l'anthropologie culturelle conduisent depuis quelques années à rechercher la spécificité de la géographie grecque et, par conséquent, à élargir notablement sa définition comme ses implications. La géographie apparaît alors moins comme une discipline constituée, dont l'identité irait de soi, que comme un champ de savoir et d'expériences, témoignant d'approches plurielles et parallèles de l'environnement terrestre. A partir d'Eratosthène de Cyrène, qui devient le bibliothécaire d'Alexandrie vers 245 avant J.-C., la géographie - dont le nom apparaît alors en tant que tel - se réorganise autour du projet cartographique et construit a posteriori la généalogie de ses auteurs : Anaximandre, Hécatée, Eudoxe, Dicéarque. L'absence d'Hérodote, du traité hippocratique Sur les lieux, les airs et les eaux, ainsi que des auteurs de périples et de périégèses (descriptions prenant la forme d'un voyage, réel ou purement intellectuel), comme par exemple Scylax, est significative. Eratosthène apparaît lui-même comme le fondateur de la géographie hellénistique, et c'est de lui que se réclament, même dans la polémique, Hipparque de Nicée, Polybe et Strabon. Au IIe siècle de notre ère, Marin de Tyr et Ptolémée perpétuent cette tradition. Ces quelques noms montrent l'ambiguïté de ce que nous considérons comme la « géographie grecque » : il s'agit d'un champ de savoir mouvant, où se croisent la géométrie, l'histoire, l'ethnographie, la médecine, où se rencontrent des récits de voyages, des descriptions livresques, des cartes, et les commentaires de ces cartes. Il est vrai que l'on peut donner à cette géographie une profondeur historique, en distinguant ses différentes phases : la plus ancienne se développe dans les cités d'Ionie, avec Anaximandre (milieu du VIe siècle avant J.-C.), Hécatée de Milet, puis Hérodote (vers 450 avant J.-C). La seconde étape est la géographie hellénistique : présente dans les écoles philosophiques athéniennes, l'Académie de Platon, avec Eudoxe de Cnide, et le Lycée d'Aristote, avec Dicéarque de Messine, elle se déplace à Alexandrie, capitale du royaume des Lagides, et pôle intellectuel majeur grâce à la création de la Bibliothèque et du Musée. La carte d'Eratosthène intègre une masse d'informations nouvelles consécutive à l'expédition d'Alexandre en Asie. De même, l'expansion romaine motivera les développements géographiques de l'historien Polybe, comme du reste l'œuvre de Strabon, au début de l'ère chrétienne. Un tel schéma appelle toutefois une très grande prudence. Les liens entre les facteurs objectifs d'élargissement de l'horizon spatial et les progrès de la géographie sont loin d'être mécaniques : les modes d'intégration, d'interprétation et de diffusion des données sont des processus complexes. D'autre part, la généalogie qui conduit d'Anaximandre à Ptolémée donne l'illusion d'un progrès linéaire et cumulatif. Cette généalogie est le fruit d'une interprétation de l'histoire de la géographie grecque, remontant à Eratosthène lui-même. Mais si la succession et le progrès cumulatif des connaissances s'appliquent à la rigueur à la cartographie, il ne saurait s'agir d'un modèle global de l'évolution du savoir géographique. Paradoxalement, en effet, la cartographie mathématique s'avère n'avoir eu qu'une influence extrêmement limitée sur la conscience géographique des contemporains. Les textes plus que les cartes étaient les principaux vecteurs du savoir géographique : aux difficultés objectives de la diffusion des images sur panneaux de bois et de métal ou sur papyrus s'ajoute le caractère ésotérique de la carte hellénistique, diagramme géométrique plus que mappemonde figurative, dont les fondements scientifiques comme le langage propre étaient incompréhensibles de l'écrasante majorité, y compris des auteurs cultivés et lettrés comme le périégète Pausanias, au IIe siècle de notre ère, qui ne mentionne qu'une seule fois les travaux «de ceux qui disent connaître les mesures de la terre» (Jacques Brunschwig, Geoffrey Ernest Richard Lloyd, Pierre Pellegrin, Le savoir grec: dictionnaire critique, 1996 - books.google.fr).

Paul à Milet

Un livre paraissant sous ce titre : Des Curés et de leurs droits dans l'Église, d'après les monuments de la tradition, a dû tout naturellement être considéré, par ceux qui ne connaissaient pas l'ouvrage du curé italien Nardi, comme un nouveau plaidoyer en faveur des curés et de leurs droits. Mais combien ont été déçus de leurs espérances, lorsqu'au lieu de trouver dans ce volume ce qu'ils se promettaient d'y rencontrer, ils ont vu que le but de l'auteur est tout opposé à ce qu'ils étaient en droit d'en attendre, d'après le titre sous lequel il s'annonce ! Eu effet, de la première à la dernière page de ce livre, on ne paraît occupé qu'à déprimer les curés, qu'à combattre et à nier leurs droits. Selon l'auteur, dans le divin système du régime ecclésiastique catholique, l'évêque est Tout, et le reste n'est Rien.

Saint Paul, en revenant de Macédoine pour aller à Jérusalem, où il était pressé de se rendre pour y célébrer la fête de la Pentecôte, s'arrêta à Milet. Durant le séjour assez court qu'il fit dans cette ville, « il envoya à Ëphèse pour faire venir des prêtres de l'Église, et quand ils furent venus et qu'ils furent assemblés (Act. 20,17), il leur fit un discours très-touchant sur la fidélité à leurs devoirs, et le termina par ces paroles: « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour gouverner l'Eglise de Dieu qu'il a acquise par son sang » (Act. 20,28).»

Loin donc que tous les commentateurs de la Bible, tous les pères et tous les conciles aient entendu ce verset des seuls évêques, un grand nombre ont enseigné qu'il avait été adressé aux seuls prêtres de l'Eglise d'Ephèse, et ceux mêmes qui ont cru que saint Paul avait parlé, à Milet, à des évêques, n'ont pas donné l'exclusion aux prêtres, mais ont dit, au contraire, que le saint apôtre avait adressé son discours aux uns et aux autres (Revue ecclésiastique, 1847 - books.google.fr).

Origène [dans son commentaire du psaume 11] enseigne expressément que l'Apôtre S. Paul a dit aux Prêtres, que le Saint-Esprit les avoit établis pour gouverner l'Eglise, & que cela signifie que les Prêtres ont été faits Evêques : Presbyteris Ecclesiae dictum est, vos posuit Spiritus sanctus Episcopos regere Ecclesiam. Id significat constitutos & factos esse. Origenes in Psalm. 11 (Gabriel-Nicolas Maultrot, L'institution divine des curés en France, Tome I, 1778 - books.google.fr, Patrologiae cursus completus, Tome 12, Migne, 1862 - books.google.fr).

Alpha et Oméga

Milet, patrie du philosophe Thalès, renferme une invocation adressée aux sept Esprits planétaires. Chaque Esprit y est désigné par un nom composé de sept voyelles, et commençant par la lettre spécialement consacrée à la planéte que cet Esprit gouverne. «Ces lettres, - dit Barthélemy, - n'ont pas été choisies au hasard; on était convenu de désigner les sept planètes par les sept voyelles auxquelles elles correspondent analogiquement, de par leur nombre respectif. Porphyre, dans son commentaire sur Denys de Thrace, parle aussi très longuement de la concordance des voyelles avec les planètes, et dit que l'Alpha est consacré à la lune;l'Epsilon, â Mercure; l'Eta, à Vénus ;l'Iôta, au Soleil; l'Omicron à Mars; l'Upsilon, à Jupiter; et l'Oméga, à Saturne. Dans ses écrits, saint Irénée est d'accord avec Porphyre. Jacques Spon rapportait de la Grèce, vers 1675, une sorte de talisman ou « d'Abraxas » gravé sur une améthyste, au revers de laquelle se trouvent inscrits sept noms formés par les voyelles, combinées de sept façons différentes (Ely Star, Les mystères du verbe: études ésotériques sur la vie, les formes et les couleurs, 1908 - books.google.fr, La Croix d’Huriel et Rennes le Château : ihEsu, Par ce signe tu LE vaincras, et le Mercure).

Polymathie

La «polymathie» d'Hésiode, «que la plupart suivent comme leur maître», Héraclite ne la méprise pas moins que celle du mathématicien-philosophe Pythagore, que celle du rhapsode-philosophe Xénophane et de l'historien et géographe Hécatée. Il a appris d'eux tous, mais il ne se reconnaît le disciple d'aucun. Il ne trouve un mot de chaude louange que pour la philosophie simple et pratique de Bias. Il avait subi fortement l'influence d'Anaximandre, et il lui en témoigne sa reconnaissance en ne le rangeant pas - non plus que Thalès et Anaximène - dans la liste des maîtres dédaignés de la polymathie «qui ne forme pas l'esprit» (Theodor Gomperz, Les penseurs de la Grèce: histoire de la philosophie antique, Tome 1, 1904 - books.google.fr).

On sait qu’il y avait en Grèce, pour ces mystères, plusieurs rites qui semblent avoir été essentiellement distincts les uns des autres ; celui dont parle Héraclite (fr. 81) était public ; il s’agit de la procession du phallus, qui faisait partie des cérémonies du culte de Bacchus, telles que les avait instituées, disait-on, Mélampe, fils d’Amythaon. Hérodote (II, 49), après avoir constaté l’identité extérieure de cette procession chez les Égyptiens et chez les Grecs, se pose la question de l’origine de cette coutume et se contente de répondre : «On raconte à ce sujet une légende sacrée.» Il est impossible de douter que cette légende ne soit celle que donne tout au long Clément d’Alexandrie (Protrept., II, 34), avant de citer le fragment d’Héraclite qui s’y rapporte. Après avoir lu ce passage, on comprendra le silence d’Hérodote : «Dionysos, désirant traverser l’Hadès, ignorait la route. Prosymnos promit de la lui enseigner, mais non sans une récompense ; une récompense qui n’était point honnête, mais pour Dionysos, elle le fut ; c’était une faveur amoureuse que cette récompense qui lui était demandée. Le dieu voulut bien y consentir, promit de s’y prêter s’il achevait sa route, et confirma sa promesse par un serment. La route enseignée, il part, puis revient, mais ne trouve plus Prosymnos ; il était mort. Alors Dionysos, pour satisfaire les mânes de son amant, s’élance sur le tombeau et remplit le rôle passif ("paschètia") . C’est avec un rameau d’un figuier voisin, qu’il coupe et façonne en membre viril, que s’asseyant dessus, il s’acquitte de la promesse faite au mort ; et c’est en mémoire de cette aventure qu’on dresse mystiquement, par les villes, des phallus en face de Dionysos.» «Car (fr. 81), si ce n’était pas de Dionysos qu’on mène la pompe, en chantant le cantique aux parties honteuses, ce serait l’acte le plus éhonté, dit Héraclite ; mais c’est le même, Hadès ou Dionysos, pour qui l’on est en folie et en délire.» Avant de conclure à l’origine égyptienne de la cérémonie grecque, Hérodote (II, 49) ajoute : «Mélampe enseigne ce rite, sans l’avoir exactement saisi ; les sages nés après lui l’ont éclairci plus complètement.» Il est difficile de ne pas soupçonner dans ces derniers mots une allusion à Héraclite, que nous voyons donner le mot de l’énigme et justifier l’obscénité du symbole. le mythe en question se prête au mieux à une interprétation vraiment conforme aux opinions de l’Éphésien. [...] Le feu solaire (Dionysos) est descendu dans les régions souterraines ; alourdi par l’eau de la mer qu’il a traversée, il a perdu la mémoire et ne pourrait aller se rallumer pour briller de nouveau sur la voûte céleste, s’il ne rencontrait le feu qui subsiste dans le séjour de l’Hadès-Prosymnos ; ce feu, qui représente le résidu des soleils précédents, ainsi que l’indique la mort du dieu symbolique, s’unit à lui et permet ainsi au nouveau soleil de reparaître à l’horizon du levant. Mais, avant tout, la formule d’Héraclite : «Hadès est le même que Dionysos», frappe par son caractère égyptien, "Osiris est le même qu'Hor" en serait la traduction littérale et donnerait en même temps la même clef de l'explication symbolique de la marche du soleil. Que le mythe, si obscène qu'il soit, n'ait pas un autre sens au fond. on ne peut guère en douter. Quant à la cérémonie elle-même, Hérodote a sans douie raison de lui attribuer une origine égyptienne; elle a d'ailleurs très bien pu avoir, dans le principe, une tout autre signification, le mythe ayant été, après coup, forgé sur elle. En tout cas, transparente chez les Egyptiens, chez qui le caractère solaire des divinités est bien accusé, la légende était devenue absolument obscure chez les Grecs. La question qui se pose est donc celle-ci : s'il n'est guère sup- posable qu'Heraclite ait deviné de lui-même le sens mystérieux caché sous le symbolisme obscène, a-t-il révélé un point d'une doctrine secrète qui se serait transmise en Grèce par les seuls initiés et qui aurait donné l'explication des rites orgiaques, ou bien a-l-il reconnu la vérité grâce au rapprochement de la religion égyptienne et de la religion hellène ? Qu'il y ait eu en Grèce, au fond des mystères, une doctrine secrète sérieuse, je considère, pour ma part, le fait comme absolument invraisemblable, et ma grande raison, c'est qu'en tout cas elle est restée inconnue; les mystères ne se gardent que quand ils ne valent pas la peine d'être révélés. Que les Enfants de la Veuve me pardonnent, mais la franc-maçonnerie m'en semble une preuve suffisante. Je me bornerai donc à examiner la seconde hypothèse. Peut-on admettre qu'Héraclite ait eu de la religion égyptienne une connaissance plus ou moins approfondie ? Depuis plus d'un siècle, l'Egypte était en relations suivies avec l'Ionie; elle devait commencer à être connue. A une date toute récente, Hécatée avait longuement écrit sur l'antique pays en face duquel la Grèce ne pouvait que reconnaître la jeunesse de ses traditions. L'Ephésien pouvait donc certainement en avoir de seconde main une connaissance passablement étendue, et, quel qu'ait été été son éloignement pour la polymathie, il est très vraisemblable, étant donnés sa situation et son caractère, qu'il se sera attaché à pénétrer particulièrement les croyances religieuses de l'Egypte (Paul Tannery, Héraclite théologue, Revue philosophique de la France et de l'étranger, Volume 16, 1883 - books.google.fr).

La Renaissance vint d'Italie qui, un demi siècle avant Amyot, retrouva l'Egypte des néo-platoniciens et l'Isis du Syrien Jamblique. Son texte grec des Mystères de l'Egypte ne sera publié qu'en 1678 par Thomas Gale à Oxford mais dès 1497, celui qui est à l'origine de la reprise des études modernes sur les Hiéroglyphes, Marsile Ficin, donnait à Venise le De mysteriis AEgyptiorum. Le même érudit dont André Chastel a autrefois souligné l'importance, avait dès 1471 traduit en latin et rassemblé les livres secrets attribués à Hermès Trismégiste, le dieu de la Révélation des néoplatoniciens, et source de la doctrine occulte des alchimistes. Hermès Trismégiste et Jamblique comme premières clés mises à la disposition des polymathes, comme Athanase Kircher (1602-1680) dont les quatre volumes de l'OEdipus AEgyptiacus (1652-1654) et Sphinx Mystagoga (1676) fournissent les élucubrations que lui suscitèrent l'étude des hiéroglyphes, expliquent l'étrange Egypte des occultistes, des Francs-Maçons, mais aussi des rédacteurs de l'Encyclopédie et de la plupart des artistes (Michel Dewachter, La Magna Mater de la Fable et des Lumières, Pour les yeux d'Isis, 1998 - books.google.fr).