Partie XI - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet   Etudes particulières de psaumes   Psaumes 115 et 59 : Arcadie, verre et serres   
LA VRAIE LANGUE CELTIQUE BOUDET PSAUMES 115 59 VERRE SERRES ARCADIE

Du verre

Le vocabulaire lié au verre est totalement absent de La Vraie Langue Celtique. Mais il se peut qu'il y ait des allusions bien dissimulées.

La silice est citée à la page 270 affichant le tableau de composition chimique des eaux des sources des Rennes les Bains, mais sans valeur, à mettre en rapport avec l'allusion à Tubal, frère de Gomer, fils de Japhet et qui porte le même nom que Tubal Caïn, fils de Lamech, de la page 115.

Lamech, fils de Mathusaël est issu de la lignée de Caïn, dont il est l'arrière-arrière-arrière-petit-fils (fr.wikipedia.org - Lamech).

Le rapprochement de Tubal et des Ibères peut être dérivé d'une relation entre Tubal-Caïn, l'ancêtre des forgerons, et les mines ibériques d'étain, indispensable à la métallurgie du bronze ; ces Ibères peuvent aussi être une population au nord de l'Arménie (Flavius Josèphe, Les antiquités juives: Livres I à III, traduit par Étienne Nodet, 1992 - books.google.fr).

Parmi les Celtes on comptait trois classes distinctes de personnes : les prêtres, les nobles et le peuple. Cette constitution se retrouve aussi dans la nation Tubalienne, puisque, à la mort d'un Ibère, l'héritier vassal payait une redevance au seigneur du fief : cette particularité est dévoilée par le terme « heriotzea, la mort », car heriot en langue celtique, signifie la redevance payée par l'héritier au seigneur du fief à la mort du vassal. (VLC, p. 115)

Selon la définition au sens commun, le verre est un matériau ou un alliage dur, fragile (cassant) et transparent à la lumière visible, à base d’oxyde de silicium (silice SiO2, le constituant principal du sable) et de fondants : c'est le cas du verre sodocalcique (verres à base de silice SiO2, de calcium et de sodium) utilisé pour les vitrages. Cette définition commune était la définition aussi adoptée par la communauté scientifique, il y a encore un siècle. Cela est assez logique, puisqu'il y a encore un peu plus d'un siècle, les verres silicatés étaient pratiquement les seuls matériaux transparents que l'on savait produire industriellement. Les verres les plus produits actuellement restant des verres silicatés transparents (fenêtres, vaisselles, verrerie de laboratoire), cette définition persiste (fr.wikipedia.org - Verre).

(A) Pline (Ier siècle après J.-C.) écrit dans son Histoire Naturelle, livre XXXVI : « Selon la tradition, un navire portant des marchands de nitre vint y aborder [à l'embouchure du fleuve Belus en Phénicie] et, comme les marchands dispersés sur le rivage préparaient leur repas et ne trouvaient pas de pierres pour rehausser leurs marmites, ils les remplacèrent par des mottes de nitre tirées de leur cargaison. Quand celles-ci se furent embrasées, mêlées avec le sable du rivage, des ruisseaux translucides d'un liquide inconnu se mirent à couler et telle fut l'origine du verre. » (B) En 1612, le premier ouvrage spécialisé imprimé sur le verre par le Florentin Antonio Neri cite bien sûr la fable de Pline, mais elle est précédée de ceci : « Il y en a qui prétendent, et ce n'est point sans fondement, qu'il faut en attribuer la découverte à des chimistes qui en rencontrèrent la composition en cherchant celle des pierres précieuses factices. » (C) L'Anglais Merret en 1662, dans sa préface à la traduction en latin de Neri, commence par une autre explication : « Il est évident que le verre n'a point été inconnu de l'Antiquité et que sa découverte est aussi ancienne que celles des briques et de la poterie. En effet, il est bien difficile, lorsqu'on a mis le feu à un fourneau à briques ou à pots, qu'il n'y en ait une partie qui ne se tourne en verre, c'est pourquoi je ne balancerais point à faire remonter son origine jusqu'au temps de la Tour de Babel, de la servitude des enfants d'Israël en Égypte où le travail auquel on les occupait principalement était de faire des briques. » (D) Enfin Merret cite également une autre version qui sera la première retenue en 1697 par Haudicquer de Blancourt : « On pourrait attribuer l'origine du verre à Tubal-Caïn, fils de Lamech, car ayant été le premier chimiste qui ait trouvé le moyen de fondre les métaux et de mettre en usage le fer et l'airain, dont il forgea des armes pour la guerre ainsi qu'il est remarqué dans la Genèse, livre IV, il aurait bien pu trouver celui de faire le verre puisqu'on ne peut éviter de réduire les métaux calcinez [sic] en verre lorsque l'on fait le feu un peu trop violent et que la matière y reste plus de temps qu'elle ne doit. » Aucune de ces histoires ne relève d'une tradition orale populaire, elles nous sont parvenues grâce à des érudits de différentes époques. Aucune ne fait référence aux grandes mythologies gréco-romaines, et une seule cherche à s'inscrire dans la tradition biblique. Une seule se présente sous la forme d'une fable, les trois autres sont des tentatives d'explication, et sont à leur façon des déductions logiques mais pétries de finalisme. On remarque enfin que, si toutes s'attachent au phénomène de la fusion, vitrification, aucune ne rend compte des inventions techniques de mises en forme particulières telles que l'enduction sur noyau ou la pourtant très spécifique et extraordinaire technique du soufflage du verre au bout d'une canne en rotation. Pour résumer, on pourrait dire que la version B nous propose le verre comme un matériau imité de la nature, la version C comme un matériau déduit de la céramique, la version D comme un matériau lié à la métallurgie. La version A, transmise par Pline, est matériellement impossible", mais ses informations nécessitent un autre décryptage. Si l'on compare son origine à celle du bronze que Pline, toujours, situe dans un milieu urbain en guerre (un incendie à Corinthe), on constate que le verre naît à la limite de la terre et de l'eau, dans un lieu inhabité mais humanisé par les commerçants (Jean-Luc Olivié, De l'anagramme de rêver et de ses origines, Traverses n° 46, 1989 - books.google.fr).

Le nitre, autrefois nommé salpêtre ou sel de pierre, est une espèce minérale anhydre composée du cation potassium et de l'anion nitrate correspondant au nitrate de potassium de formule chimique KNO3, appartenant au système cristallin orthorhombique. Ce minéral incolore pur ou blanchâtre de densité 2,2, fragile et tendre de dureté souvent inférieure à 2 sur l'échelle Mohs, transparente à éclat vitreux, se trouve le plus souvent dans les contrées désertiques, mais aussi en neige blanche incrustées ou en efflorescence sur les murs nitrifiés et abrités des intempéries lavantes de certaines constructions, sur les parois les caves ou autres parois nitrifiées de cavernes souvent asséchées, mais autrefois humides. L'origine égyptienne ancienne du terme grec nitron à l'origine du mot latin nitrum est commune à celle du natron (carbonate de sodium), apparemment comme si les anions carbonates et nitrates étaient interchangeables si les cations sont formés par des ions chimiques alcalins tels que sodium ou potassium ou par l'ion ammonium (fr.wikipedia.org - Nitre).

On trouve Jean Haudicquer, sieur de Blancourt, comme fournisseur de marbre pour les constructions du roi soleil.

La situation est alors des plus délicates. Depuis octobre 1683, c’est la guerre entre la France et l’Espagne. Un bras de fer s’est engagé entre le roi et les Génois, fermes soutiens de l’Espagne, qui va se résoudre dramatiquement par le bombardement de Gênes par la flotte française, dirigée par Seignelay lui-même, en mai 1684. Une seule solution s’offre à Louvois, puisque les marchands génois se dérobent et que le calviniste Formont est à proscrire, il faut susciter une nouvelle compagnie, protégée par le roi. Le 11 février 1684, Louvois passe contrat avec trois personnes : Jean Haudicquer, sieur de Blancourt, « intéressé dans la ferme générale des Postes de Guyenne et Toulouse », le Toulonnais André Le Brun et André Castille. À ces trois principaux membres de la compagnie, il convient d’ajouter deux autres associés, qui ne passent pas le contrat avec les Bâtiments, mais sont partie prenante dans la société. Ils sont spécialistes de l’intendance des armées : Pierre Baudelot est aussi conseiller du Roi, commissaire ordinaire des guerres à Paris, et Jacques Cahouet, conseiller du roi, trésorier payeur de la gendarmerie. C’est en tant qu’intéressés « dans la fourniture généralle des marbres pour les maisons royales », qu’ils vont donner procuration à Castille pour gérer la société en Italie et en Provence, pendant que celui-ci et Lebrun donnent procuration aux associés parisiens. Sans doute s’agit-il de bailleurs de fonds liés à Louvois par la gestion de la Guerre, qui reste le point fort du pouvoir du ministre. Seuls Castille, Le Brun et Haudicquer de Blancourt semblent gérer la compagnie. Le Brun était, semble-t-il, déjà spécialiste du commerce des marbres puisque c’est lui qui avait, probablement en 1680, consigné dix-sept blocs de marbre de Gênes de la part des Solaro. Il est installé en Italie, prélève les échantillons et surveille l’extraction à Carrare. Castille agit à Toulon pour trouver des marbres en Provence et noliser des bateaux. Haudicquer de Blancourt s’occupe des relations publiques à Paris. Il est d’autant mieux introduit à la cour qu’il épouse, en avril 1684, Geneviève Duchesne, la fille de François Duchesne, fameux historiographe du roi, avec lequel il publiera l’histoire de l’ordre du Saint-Esprit. Curieux personnage que ce sieur de Blancourt à la noblesse incertaine, simple chapelier parisien. Sa rencontre avec d’Hozier bouleverse sa vie. Il devient généalogiste en copiant pour lui des mémoires. Puis, il va se livrer à des travaux personnels de généalogie, certains sérieux, comme sur la noblesse de Picardie. Mais il vit surtout du commerce de titres nobiliaires, d’autant que c’est l’époque où les nobles doivent se faire enregistrer pour obéir à une administration tatillonne qui veut désormais avoir une idée claire de la noblesse et des armoiries. Pour sa clientèle en mal d’ancêtres et d’armoiries, Blancourt produit tant de faux qu’il sera finalement embastillé en 1700, puis condamné à la prison à perpétuité l’année suivante (Geneviève Bresc-Bautier, L’importation du marbre de Carrare à la cour de Louis XIV, Rivalités des marchands et échecs des compagnies, 2003 - crcv.revues.org).

Dans l'Eglise grecque orthodoxe, le rite du mariage fait boire les époux dans une coupe de verre qui sera cassée, alors qu'on récite le verset 13 du psaume 115 : "Je recevrai la coupe du salut et j'invoquerai le nom du Seigneur" (Jean-Claude Larchet, La vie sacramentelle, 2016 - books.google.fr).

Cependant Lot était juste et Dieu ne voulait pas l'envelopper dans la punition des coupables. Deux anges lui furent envoyés pour l'entraîner hors de ce lieu maudit. Le récit des Livres Saints nous donnera la raison pour laquelle la petite cité où Lot trouva refuge, a porté dans la suite le nom de Segor. (VLC, p. 59)

Ps. 59,1-2 Carrières Pour la fin, pour ceux qui seront changés. Ceci est l'inscription du titre, pour servir d'instruction à David, lorsqu'il brilla la Mésopotamie de Syrie et la province de Sobal, et que Joab, étant revenu, frappa l'Idumée dans la vallée des Salines par la défaite de douze mille hommes (La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Livre II - Ps. 59).

Le psaume 60 (59 Vulgate) fait partie des 6 psaumes Mitcham ou Miktam (terme de signification incertaine : couvrir, expier, inscrire) 16 et 56-60.

L'expiation ("retarder") se trouve dans la page 60, correspondant au psaume 61 [60 Vulgate] qui est isolé entre les psaumes Miktam et les Mizmor 62-68 (Michael Goulder, The Prayers of David, 2004 - books.google.fr).

La pensée essentielle se dégageant de ce récit peut se traduire ainsi : les anges pressaient Lot de quitter Sodome, car approchait l'heure fixée pour le châtiment, et Lot, de son côté, alléguant sa faiblesse, cherchait à retarder cette heure de l'expiation suprême. (VLC, p. 60)

A la page 214 (=59+155) on peut lire :

Dans les Albères, – hall, (hâull), habitation, – bear (bér), un ours, – les bêtes fauves trouvaient des retraites profondes, et leur poursuite présentaient assurément des danger considérables, que les Ibères affrontaient avec le courage qui les distinguait. Ces chasseurs d'ours étaient-ils le même peuple que les Bébriciens, dont la cité principale aurait été Pyrène ? (VLC, p. 214)

"Albères, - hall" peut constituer un jeu de mot avec Albert Hall, le Royal Albert Hall :

Le Royal Albert Hall of Arts and Sciences est une salle consacrée aux arts, dénommée en l'honneur du Prince Albert (de Saxe-Cobourg et Gotha), mari de la Reine Victoria, et Prince consort. Sa construction démarra le 20 mai 1867 et son inauguration eut lieu quatre ans plus tard, le 29 mars 1871 (fr.wikipedia.org - Royal Albert Hall).

Son œuvre maîtresse officielle et le point culminant de sa carrière de prince consort, fut l'organisation et la direction de la première grande exposition universelle, celle de 1851. Pour cette exposition fut construit le Crystal Palace, vaste bâtiment de 550 m de long, 120 m de large et 30 m de haut, sur le site de Hyde Park (fr.wikipedia.org - Albert de Saxe-Cobourg-Gotha).

Le Crystal Palace est l'œuvre d'un self-made man, le paysagiste Joseph Paxton, élevé au rang de chevalier en reconnaissance de son travail. Paxton était chef jardinier à Chatsworth House, dans le Derbyshire, au service de son propriétaire William Cavendish (6e duc de Devonshire). Il avait sur ce domaine conçu précédemment de grandes serres constituées d'une ossature métallique et d'un remplissage de verre combiné au bois, et avait éprouvé leur résistance et leur pérennité. Il appliqua cette technique lors de la conception des plans du bâtiment de l'exposition de Londres, dans la mesure où elle répondait au cahier des charges des organisateurs, qui recherchaient solidité, pérennité, simplicité et rapidité dans la construction. Selon l'édition 2004 de l'Encyclopædia Britannica, « Paxton était partiellement influencé par la structure organique du lys d'Amazonie Victoria regia, qu'il cultivait avec succès ». Les 84 000 m² de verre furent fournis par l'entreprise des frères Chance de Smethwick, Birmingham (fr.wikipedia.org - Crystal Palace).

John Claudius Loudon est un botaniste et agronome anglais, né le 8 avril 1783 à Cambuslang, dans le Lanarkshire. Son père était un fermier des environs d'Edimbourg. Le jeune Loudon s'adonna particulièrement à l'horticulture, et étudia l'art de composer et de dessiner des jardins. Il se rendit d'Ecosse en Angleterre, se mit à la tète de l'exploitation d'une ferme à Tew, dans le comté d'Oxford, et y résida plusieurs années. Tout en se livrant à l'économie rurale, Loudon entreprit une série de publications sur les différentes branches de cette science, qui ont rendu son nom populaire au delà de la Manche. En 1803, n'étant encore âgé que de vingt ans, il fit parattre des observations sur la manière de disposer les squares, et l'année suivante, un mémoire sur les plantations. En 1805 parut son Traité des serres, et en 1806, son Traité des résidences rurales. Il voyagea à travers l'Europe, mulitpliant les publications : Encyclopédie du jardinier, Gardener's Magazine, Magazine of natural history, Encyclopédie des plantes, Hortus britannicus, Encyclopédie d'architecture rurale (Encyclopœdia of cottage, farm and villa Architecture), Architectural Magazine, Arboretum et fruticetum britannicum, Suburban gardener, Hortus lignosus Londinensis, Landscape-Gardening de Repton etc. Rhumatisme inflammatoire, dont il avait eu à souffrir dès sa jeunesse, et fractures des deux bras délabrèrent sa santé. Il expira le 14 décembre 1844, à sa maison de Bayswater (Biographie universelle, Volume 25, Michaud, 1843 - books.google.fr).

Loudon ne se désintéresse pas pour autant des abris jugés par lui plus traditionnels et il trouve même un système pour en améliorer les qualités. Cependant, ce n'est pas lui qui exploitera le couvrement inédit qu'il présente en 1822, alors que le projet possède des avantages incontestables, comme la standardisation des éléments et la rigidité de la structure, que n'avaient ni les toitures à deux pans, ni même les serres curvilignes. La primeur de l'expérimentation de la toiture à «rainures et crêtes», le ridge and furrowroof, reviendra au jeune maître-jardinier du 6e duc de Devonshire, Joseph Paxton. Il s'en attribuera même la paternité après en avoir breveté le système constructif en 1850. En revanche, à la modernité du procédé, Paxton opposera toujours un matériau très traditionnel, le bois. Pour toutes ses constructions, il le préférera au fer, redoutant la grande conductibilité thermique de ce dernier et le surcoût de chauffage qui en résulte. Après avoir quitté la ferme familiale, le jeune Paxton avait trouvé un premier emploi à l'Horticultural Society pour entretenir les jardins de Chiswick House. Intéressé par les capacités du jeune jardinier, le duc de Devonshire, membre de la société, lui confie en 1826 la charge de réorganiser les plantations de son domaine de Chatsworth. En 1832, pour moderniser l'ancienne orangerie du château construite en 1698 par William Talman, le maître-jardinier peut enfin appliquer son fameux procédé. Entre des pannes placées à faible intervalle, il pose des châssis légers en dents de scie, parfaitement égaux. Les poutres elles-mêmes ont un profil de gouttière pour recevoir les eaux de pluie s'écoulant dans les minces colonnes en fonte de la façade, évitant ainsi la mise en place d'un chéneau. Encouragé par cette expérience, Paxton réserve cette charpente inédite au conservatory wall le mur-conservatoire, et aux serres en appentis des potagers ou des jardins fruitiers. ll leur assure une pénétration optimale de la lumière, de même qu'une profondeur inhabituelle dégagée de tout porteur intermédiaire grâce à la rigidité du système. D'autre part la simplicité de sa mise en oeuvre - les éléments peuvent être aisément préfabriqués - compense le surcoût du verre. Les «rainures et crêtes» s'avéreront si satisfaisantes que Paxton fera même du procédé le concept de base et l'immense succès du Crystal Palace (Sylvia Saudan-Skira, Michel Saudan, Orangeries: splendeurs et métamorphoses, 1994 - books.google.fr).

A l’autre bout du Belvédère, Bérenger Saunière fit bâtir une serre qu’il baptisa « Orangeraie ». C'est en ce lieu que Bérenger Saunière plaçait des plantes d'essences rares et fragiles ayant besoin d'une température élevée pour croître. Elle est le pendant de la Tour Magdala diamétralement opposée sur l'échiquier symbolique des jardins du domaine de l'abbé. La Tour de l'Orangeraie présente un sol carrelé qui, jusqu'à encore peu de temps, était recouvert d'une sorte de revêtement plastique. Constitué de la même manière, il représente un carré de 8x8 soit un total de 64 dalles. Nous trouvons dans l'Orangeraie, un autre escalier constitué, lui aussi, de 22 marches, mais celui ci nous propose de descendre aux enfers ! Autant que celui de Magdala nous invite à monter au sommet de la tour, autant que celui de l'Orangeraie, nous invite à descendre dans son sous-sol. Dernier point remarquable, autant que Magdala est constituée d’une pièce parfaitement carrée à son rez-de-chaussée, la Tour de l’Orangeraie, elle, possède une salle en sous-sol, exactement aux mêmes dimensions que la pièce de la Tour Magdala (J.P. Pourtal, La Tour de l'Orangeraie, 2006-2011 - www.rennes-le-chateau.org).

Arcadie inspiratrice des jardins

Le temps de l'Arcadie et le temps des serres ne semblent pas être identiques. Les serres reconstituent cependant des jardins, tropicaux ou non, et l'Arcadie dont le mythe émerge sous la Rome impériale inspire ses jardins et ses peintures.

Au Ier siècle av. J.-C., la société romaine a été frappée de plein fouet par une crise politique, dénouée finalement par une guerre civile. C'est au moment où les fondements identitaires de sa culture vacillent, où Rome cherche à se situer par rapport à la Grèce et à son héritage : la littérature, la philosophie et les arts, qu'elle invente le mythe arcadien. Nous avons vu qu'il présentait l'avantage, pour une cité de la tradition, qui a toujours pensé historiquement ses mythes, de renvoyer à un des récits transmis par les premiers historiens sur les origines de l'Vrbs. Ainsi dans une période où l'interrogation sur le sens de l'existence humaine devient cruciale et quand les anciennes réponses du mos maiorum se révèlent insuffisantes d'une certaine manière, encore vers son passé que Rome se tourne, même s'il se révèle grec. En réalité toutes les reconstructions romaines de l'Arcadie sont purement fictionnelles. C'est pour cette raison qu'elles nous intéressent et qu'elles se sont perpétuées, moyennant des métamorphoses. Nous avons vu certaines de leurs premières variations ; arrêtons-nous maintenant sur d'autres représentations qui témoignent plus encore, de son extraordinaire diffusion. À la fin du Ier siècle av. J.-C., on voit, en effet, se multiplier, non seulement dans la poésie, mais dans les jardins et sur les fresques des villas, des mises en scène de la vie des hommes dans la nature, souvent avec le nom d'Arcadie, jamais sans références aux significations qui lui ont été associées. [...] Avec l'Arcadie, on se trouve devant un cas particulier : le nom d'Arcadie et les images qui ont été accolées à ce nom sont devenus des figures d'un certain rapport de l'homme à la nature et, en tant que telles, l'équivalent d'un mythe. Lequel a été détaché de son ancrage géographique et même progressivement de son nom, et, comme réduit à une espèce d'épure, identifiable seulement par ses images. [...]

Le regard porté sur la nature est conditionné par l'expérience de l'art. Ce dernier, comme en témoigne le concept de mimesis, a pris et prend la nature pour modèle. Mais il a élaboré des critères, des règles et des idéaux du beau, autant de normes qui impliquent une sélection et une amélioration dans la reproduction des originaux. Rappelons, sans développer davantage, que ce point de vue correspond à une autre théorie, celle de la phantasia, où est reconnu à l'imagination le droit de transformer le réel (Jacqueline Fabre-Serris, Rome, l'Arcadie et la mer des Argonautes, 2008 - books.google.fr).

Si grands qu'aient pu être pendant des siècles les défauts de l'information et surtout de la méthode, le formalisme et le goût des jeux de l'abstraction, ces siècles ont pourtant entretenu un culte de l'Antiquité, un désir permanent d'en reconquérir l'entier héritage. C'est justement ce constant désir, bien plutôt que l'ignorance ou l'absence de l'Antiquité, qui définit le Moyen Age. Il a sans cesse rêvé la Renaissance, et l'a plusieurs fois manquée avant qu'il mourût de la réussir. Le Moyen Age est une longue nostalgie (Albert Pauphilet, Le Legs du moyen age, 1950 - books.google.fr).

Le sens du mot mimesis a évolué au cours des siècles. Le terme s'applique tout d'abord dans un contexte religieux à la danse, au mime et à la musique. Il ne s'agit pas de reproduire l'apparence du réel, mais d'exprimer la dynamique, la relation active avec une réalité vivante. Chez certains auteurs, la mimèsis désigne au contraire l'imitation du réel : pour Démocrite, l'imitation de la nature par la technique (le tissage imite celui de l'araignée) (fr.wikipedia.org - Mimesis).

La serre est une reconstitution d'une nature exotique, et a une dimension mimétique au sens de Démocrite, avec l'emploi d'une technologie avancée.

Au début du XIIIe siècle, l'Europe se trouva en possession de l'héritage scientifique de l'antiquité, la science grecque, trésor qui, à peu de chose près, avait la même richesse qu'aujourd'hui. Ce fut la porte ouverte à une rénovation de la vie savante et la condition essentielle réalisée qui allait permettre une plus haute culture scientifique (Johan Nordström, Moyen Âge et Renaissance: essai historique, 1933 - books.google.fr).

Au Moyen Age la culture antique vivait dans le catholicisme et elle a été transportée par le catholicisme dans les le catholicisme et elle a été transportée par le catholicisme dans les temps modernes (Nicolas Berdiaev, Le nouveau Moyen Âge, 1998 - books.google.fr).

Depuis la Renaissance, les progrès de la culture antique ne pouvaient être compris en dehors d'une dialectique souvent conflictuelle avec le christianisme (José Antonio Dabdab Trabulsi, L'antique et le contemporain: études de tradition classique et d'historiographie moderne de l'antiquité, 2009 - books.google.fr).

Au XVIème siècle, le jardin clos de Sannazaro rejoint le confinement en verre des serres.

L'Arcadio (première rédaction de l'Arcadie de Sannazar) révèle ainsi, dans ses paysages, une figure circulaire dans sa structure : le livre commence par un locus amoenus clos et naturel, le paysage sauvage du Parthénion (pr. I), et il finit par un locus amoenus clos et cultivé (comme la Vaucluse de Pétrarque, vallis clausa), le paysage civilisé du jardin près du sépulcre de sa mère Massilia (figure allégorique de la mère de Sannazar Massila) (pr. X) (Carlo Vecce, Emergence du sujet dans le paysage bucolique, Nature et paysages: l'émergence d'une nouvelle subjectivité à la Renaissance : actes des journées d'étude organisées par l'École nationale des chartes, 26 mars 2004 et 15 avril 2005, 2006 - books.google.fr).

L'expression « Trente ans d'Arcadie » (ces trente glorieuses du XVIIIe siècle, expression due à Anne Fillon, Les trois bagues aux doigts, 1979) ne signifie pas l'entrée dans un pays de cocagne ou la vie sous un ciel sans nuages. C'est la phase finale d'un lent mouvement d'acculturation qui avait commencé à la fin du XVIIe siècle par une phase d'installation, s'était accéléré dans les années 1740 par la révolution de l'apparence et qui connaît sa plus grande amplitudee entre 1750 et 1780 lorsque les villageois se sont appropriés la culture des élites locales en même temps que le progrès matériel, tout en effectuant des choix et des rejets. Ce long trend de bonheur et de progrès, ce cycle Kondratieff pour paraphraser les mouvements longs de l'économie, s'essouffle au cours de la décennie qui précède la Révolution (Annales de Bretagne et des pays de l'ouest: Anjou, Maine, Touraine, Volume 100, 1993 - books.google.fr).

Alors que se développe la construction des serres en Angleterre victorienne, l'Arcadie se profile toujours dans la représentation des jardins dans l'art anglais.

Le jardin féerique rappelle un autre jardin fantasmé, celui de l'Arcadie, placé sous le double signe de la montagne et du ruisseau. Pour reprendre l'argument de Jean-Jacques Lecercle, les contes victoriens « sont les héritiers modernes de la pastorale, l'enfant est la bergère de notre temps, et l'Arcadie n'y est pas seulement au pays de nulle part, mais surtout avant, dans notre enfance.» Le tableau de Nicolas Poussin, Les Bergers d'Arcadie (1637) dont une première version se trouvait à Chatsworth dans la collection du duc de Devonshire, et qui porte la célèbre inscription «Et in arcadia ego», était sans doute présent à l'esprit de bien des peintres victoriens. [...] La musique, très présente en Arcadie, est un élément structurant de «The Fairy Pera» (1862) de Mrs. S.C. Hall. [...] Dans Granny's Wonderful Chair (1857) de Frances Browne, la chaumière en roseaux de Snowflower est placée au centre d'un décor arcadien vallonné, traversé par un ruisseau; les animaux se déplacent librement sur les pâturages et la forêt domine le paysage. Le matériau inscrit aussi les personnages dans une filiation mythologique puisqu'il est l'attribut de Pan qui interviendra plus tard dans le récit à travers la dimension hautement musicale du recueil. L'Arcadie occupe donc une place centrale dans la peinture féerique, en particulier dans les arts plastiques. Le diptyque de John Noel Paton, principalement The Quarrel of Oberon and Titania (1849), où le couple royal est vêtu à l'antique, reprend les éléments géographiques de l'Arcadie. [...] C'est surtout la statue du dieu Pan muni de sa flûte, sur la partie droite du tableau, qui confère à la scène sa dimension mythologique. [...] La féerie victorienne transporte souvent le lecteur dans un jardin mythique, Eden ou Arcadie, peuplé de personnages sonores (Anne Chassagnol, La renaissance féerique à l'ère victorienne, 2010 - books.google.fr).

Nicolas Poussin, Et in Arcadia ego (1627), Chatsworth House

Les Bergers d'Arcadie étaient en 1766 à Devonshire House selon le British Museum, et aujourd'hui à Chatsworth, depuis avant 1763 selon Notes and Queries (1850), donc avant la construction des serres du château par Paxton :

I purchased the other day in London [...] a fine impression of an engraving from the picture by Nicolas Poussin, which, as the marginal insertion mentions, is in the collection of the Duke Devonshire at Chatsworth, and is said to measure 2 ft. 8 in. in breadth by 3 ft. 3 [...] in. in height. The engraving was published by that celebrated patron of the arts Alderman Boydell, in Cheapside March 1, 1763... (John Pickford) (www.britishmuseum.org, William White, Notes & Queries, 1850 - books.google.fr).

A la fin du XIXème, le motif de la serre s'installe dans les romans.

La tendance à la construction de serres à l'intérieur des habitations révèle d'une part le goût de cette période pour l'architecture alliant le métal et le verre et d'autre part la finalité esthétique de ce type de jardins. Par effet de mimesis, la serre devient dès lors un motif littéraire dans les œuvres réalistes, un lieu clos, immobile - opposé alors à la diligence ou au train -, un décor artificiel, associé aux intérieurs du XIXe siècle, l'espace de l'intimité et du repli. [...] La serre est, en somme, [...] un motif à la mode : motif architectural et horticole mais également motif littéraire des œuvres réalistes. Ce jardin d'hiver représente l'insularité, propre à l'obsession de l'intimité et du repli, leitmotiv que l'on trouve dans les récits de la fin du XIXe siècle [...]. La serre nous semble [...], pour le protagoniste, le laboratoire de ses rapports à soi, à la fois abri et scène, proposant au regard, tel un kaléidoscope, un Moi morcelé jusqu'à son inéxorable disparition (Catherine Botterel-Michel, La serre dans "Un cas de divorce" de Maupassant : le jardin des délices/supplices, Les mythologies du jardin de l'antiquité à la fin du XIXe siècle, 2006 - books.google.fr).

Chez Zola, romancier de la transparence selon Philippe Hamon, la sette est le lieu de la transgression sexuelle. Dans i>La Curée on retrouve une inversion des sexes et un cas d'inceste. Dans son évocation de la serre de Saccard, parle des fleurs d'un grand Hibiscus de la Chine, de « larges fleurs pourpres de cette mauve gigantesque, sans cesse renaissantes, [qui] ne vivent que quelques heures. On eût dit des bouches sensuelles de femmes qui s'ouvraient, les lèvres rouges, molles et humides, de quelque Messaline géante, que des baisers meurtrissaient, et qui toujours renaissaient avec leur sourire avide et saignant. » (La Curée) (Philippe Hamon, Un discours contraint, Poétique, Numéros 13 à 16, 1973 - books.google.fr, Catherine Botterel-Michel, La serre dans "Un cas de divorce" de Maupassant : le jardin des délices/supplices, Les mythologies du jardin de l'antiquité à la fin du XIXe siècle, 2006 - books.google.fr).

Les serres ou l'Arcadie sous cloche

L'Arcadie renouvelée Et in Arcadia ego... En partant à la conquête des plantes exotiques, les premiers explorateurs recréent un univers de chaleur et de lumière permanente qui renvoie à une image du paradis perdu - un éden oublié ou imaginaire situé en terres lointaines, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique - une nouvelle "Arcadie sous cloche" (Simon Schama : Landscape and Memory, 1995. Trad. fr. : Le Paysage et la Mémoire, Éd. du Seuil, Paris, 1999). Cet espace intemporel est une projection vers un ailleurs que beaucoup ne pourront jamais atteindre. Sous la transparence du verre, la circulation d'eau chaude et la régulation du climat permet aux plantes exotiques de prospérer dans toute leur luxuriance. Le désordre et la complexité, la diversité des espèces de la forêt tropicale humide, évoquent un état de nature originel. La cloche de verre permet de recréer l'image d'un paradis artificiel sous des cieux peu cléments, un éternel été. Ce paradis requiert une exposition maximale et une température constante. La serre est donc une machine performante qui maintient un équilibre fragile entre température et hygrométrie. Les surchauffes y sont évitées grâce à un système complexe de ventilation. Le jardinier peut y recréer diverses ambiances climatiques en jouant des compartiments correspondant à différentes associations d'espèces végétales : climat tropical humide, subtropical, aride, etc. L'accroissement de l'impact lumineux prolonge artificiellement le cycle végétatif. Dans les premiers jardins de Pompéi a été découvert un système complet de tuyauteries insérées dans la maçonnerie pour chauffer les plantes en hiver (specularia). Sénèque critiquait sévèrement cette nature artificielle, se demandant s'il n'était pas "contre-nature" de vouloir cultiver des roses en hiver. Pourquoi donc vouloir forcer la nature ? L'homme le fait pour ses besoins et ses plaisirs. La serre n'est donc qu'un instrument. Il s'agit, d'un instrument certes sophistiqué pour une culture artificielle, mais pour augmenter les performances de cet instrument et rentabiliser les serres, il faudra d'abord résoudre certaines difficultés constructives et augmenter leurs surfaces vitrées. Dans les premières serres adossées du XVIIe siècle, le mur arrière travaille en accumulateur et réflecteur de chaleur. Les orangeries sont à demi enterrées ; celle de Versailles, réalisée par Jules Hardouin Mansart en 1675, nécessite un travail particulier d'excavation. On note une progression graduelle de la proportion de surface vitrée : dans les orangeries construites entre 1676 et 1748, la moitié de la surface de la façade est vitrée ; cette proportion passe aux trois-quarts entre 1748 et 1850. L'utilisation ultérieure du fer et de la fonte permet de réduire l'épaisseur des structures métalliques. La révolution industrielle de la première moitié du XIXe siècle anglais permet, par utilisation intensive du fer, de la fonte puis de l'acier en structure porteuse, de réduire spectaculairement cette proportion. Le développement des techniques de de productions industrielles de verre augmente radicalement les possibilités de construction de serres. Si en France, la grève des charpentiers de 1822 favorise l'utilisation du fer pour la construction, en Angleterre, une baisse de la taxe sur le verre a lieu en 1845, au moment où se construit la Palmeraie de Kew.

L'histoire de la typologie des serres s'éclaire en les comparant avec les cabinets de curiosités des XVIe et XVIIe siècles (Wunderkamner). La vogue des jardins botaniques se développe en Europe au XVIe siècle, à Padoue, Pise, Bologne, Leipzig et Paris. La proximité entre jardin secret, galerie, cabinet de curiosités et studiolo est attestée dès la Renaissance. Le cabinet de curiosités favorise les accumulations hétéroclites d'objets - collectionner le rare et le bizarre. Après la vogue de l'exotisme où le collectionneur s'intéresse uniquement aux plus beaux spécimens, l'aspect scientifique l'emporte sur l'esthétique. Si les citronniers et les orangers sont prisés à la Renaissance, le nombre d'espèces connues et recensées augmente par la suite. La diversité du règne végétal engendre un désir de classification des plantes qui s'élabore entre les XVIIe et et XVIIIe siècles grâce aux travaux des botanistes, Tournefort, Jussieu et Carl von Linné ; il s'agit alors de "nommer" et de "classer". Avec les grandes expéditions scientifiques - Tournefort au Moyen-Orient, Adanson au Sénégal et Bougainville dans le Pacifique -, des plantes rares sont rapportées, acclimatées et, progressivement, se multiplient en Europe. De nombreuses plantes que nous considérons aujourd'hui comme typiquement européennes sont d'origine lointaine. Les jardins anglo-chinois de la fin du XVIIIe siècle témoignent de la vogue exotique, perceptible dans les folies et les fabriques. Parallèlement, la transparence et l'éclairage zénithal apparaissent aussi dans un autre espace qui émerge à la charnière entre le XVIIIe et le XIXe siècle : le musée. [...]

Avec le XIXe siècle hygiéniste, les façades s'orientent vers la lumière. Le jardin d'hiver, le conservatory anglais, devient une extension de la maison bourgeoise (Murielle Hladik, Serres et jardins d'hiver, L'Architecture d'aujourd'hui, Numéro 321, 1999 - books.google.fr).

Serres et Jardins d'Adonis

De même, Martial, qui décrit les agréments d'une serre ou d'un jardin d'hiver protégé du vent par des panneaux translucides, emploie le terme specularia qui peut aussi bien évoquer des carreaux de lapis specularis que des vitres de verre (Daniele Foy, Souen Deva Fontaine, Diversité et évolution du vitrage de l'Antiquité et du Haut Moyen Âge, Gallia, Volume 65, Centre national de la recherche scientifique (France), 2008 - books.google.fr).

L'opinion que les Romains auraient eu des serres chaudes dans lesquelles ils obtenaient, au moyen d'une chaleur artificielle, des fruits et des légumes qu'ils portaient ainsi à une maturité précoce, cette opinion se fonde sur l'emploi des specularia, c'est-à-dire d'un appareil fait de plaques minces de l'espèce de pierre transparente nommée lapis sperularis, lequel tenait lieu aux Romains de ce que nous nommons des châssis de verre ou des vitrages, et que nous employons au même filet dans nos serres. Soit sous la forme de plaques de pierre transparente, de stuc ou de verre, encastrées dans le mur pour la décoration de l'intérieur des maisons romaines, soit sous la forme de vitrages, sont deux acceptions que le mot specularia reçoit dans le texte des lois romaines (Raoul Rochette, Les Jardins d'Adonis, Revue archéologique, Volume 8,Partie 1, 1851 - books.google.fr).

Heinrich Sulze ne trouve plus de mystère dans l'épithète "ômophorios" appliquée aux jardins d'Adonis. Pour justifier l'hypothèse d'une chaleur artificielle, on avait voulu voir dans cette épithète un indice de serres chaudes, conservées à l'intérieur des maisons. Mais, d'après l'expérience de Sulze, ces jardins devaient être entretenus sous les toits des maisons, à l'abri de la lumière. Voici les résultats obtenus par H. Sulze : les plantes exposées à la lumière avaient à peu près 5 centimètres après huit celles qui étaient restées dans l'obscurité avaient par contre 15 à 20 centimètres. Exposées à la lumière, ces pousses frêles s'enroulaient sur elles-mêmes et se fanaient au douzième jour environ (Wahib Atallah, Adonis dans la littérature et l'art grecs, 1966 - books.google.fr).

A côté de tiges de blé et d'orge, ces jardins comportaient du fenouil (congru, chez les Anciens, au sec et au chaud) et une laitue, la plante sur laquelle s'était effondré Adonis blessé à mort (congrue au froid et à l'humidité). Par leur position aussi bien que par leur contenu, les jardins d'Adonis sont donc médiateurs entre le monde supérieur et le monde inférieur et résument, en quelque sorte, la fonction du dieu qui meurt et qui renaît, séducteur qui manifeste la puissance des aromates et qui relie ce qui ne l'est normalement pas. Ces jardins, où les plantes levaient très vite, étaient bientôt jetés à la mer ou dans des fontaines, , et les Anciens reviennent fréquemment sur le caractère artificiel et vain des jardins d'Adonis par opposition au travail productif qui caractérise la culture en pleine terre. [...] Les représentations montrent toujours l'échelle au moyen de laquelle une femme monte le jardin d'Adonis sur le toit (François Flahault, L'Extrême existence: essai sur des représentations mythiques de l'intériorité, 1972 - books.google.fr).

Sur un lécythe aryballisque de Karlsruhe entre deux femmes qui assistent à la scène figure au centre une femme montée sur le premier barreau d'une échelle. A droite, Éros, jeune homme ailé, lui tend une amphore brisée à la moitié, tenue le col en bas et qui contient de jeunes pousses. A terre, une autre amphore brisée et renversée, à gauche, une vasque d'où sortent des plantes. C'est le moment où l'on va porter sur le toit des maisons ces vases qui contiennent d'éphémères "jardins d'Adonis", selon un rituel oriental fondé, dit-on, par Aphrodite pour commémorer le décès prématuré du bel Adonis (Histoire des femmes en Occident, Volume 2, 1991 - books.google.fr, Le Cercle et la Croix des Prophètes : Le jardin d’Adonis : Le chemin de croix de Cassaignes).

Dans l'antiquité, semer des jardins d'Adonis, c'était produire des choses vaines et superficielles, sans racines et sans durée (Encyclopédie moderne: Dictionnaire abrégé des sciences, des lettres, des arts, de l'industrie, de l'agriculture et du commerce, Volume 1, 1856 - books.google.fr).

Ce qui rapproche du psaume 128, où l'herbe des toits "se sèche avant qu'on l'arrache" (Darmstadt : La piste Darmstadtienne : Complot des pharmaciens et bouse d’aurochs - books.google.fr).