Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   Poissons : Sappho et Angoulême   
PRIEURE DE SION POISSONS SERPENT ROUGE SAPPHO ANGOULEME SAINT GELAIS

Les POISSONS du Serpent rouge

« Cet Ami, comment vous le présenter ? Son nom demeura un mystère, mais son nombre est celui d’un sceau célèbre. Comment vous le décrire ? Peut-être comme le nautonnier de l’arche impérissable, impassible comme une colonne sur son roc blanc, scrutant vers le midi, au-delà du roc noir. ».

L'ami pourrait être Virgile, nautonier de Dante (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Poissons).

Angoulême se place dans le secteur nonagonal des Poissons, au 7 mars, fête de Thomas d'Aquin (Le Calendrier de La Vraie Langue Celtique : 7 mars - Thomas d’Aquin - Angoulême - books.google.fr).

La famille des Saint-Gelais, qui prétendait descendre des célèbres comtes de Lusignan, devenus rois de Chypre et de Jérusalem, était une famille puissante à la cour de Cognac où résidait Charles, comte d'Angoulême: «Courtisans habiles et ambitieux, se soutenant mutuellement, les Saint-Gelays avaient su se glisser partout et partout on les voyait occuper les meilleures places», Molinier, H-J, Essai biographique et littéraire sur Octovien de Saint-Gelays, évêque d'Angoulême 1468-1502.

On a également faussement attribué à Charles de Saint-Gelais, membre d'une famille influente à la cour de Charles, comte d'Angoulême (1459-1496), une traduction française faite en 1487 d'un traité intitulé Le régime des Princes. Ce manuscrit, conservé sous la cote fr 1204 de la BnF se termine ainsi : Cy fine le livre du régime et gouvernement des princes, translaté de latin en françois par moy, Charles de Sainct-Gelais, licencié ès loix, en l'honneur et révérence de très hault et puissant prince, mon très redoubté seigneur, monsieur Comte d'Angoulême, Charles, premier de ce nom, le sixième jour de decembre, mil quatre cens quatre vings et sept. Il ne s'agit pas d'une traduction française du traité de Gilles de Rome mais bien d'une traduction française incomplète du traité De regno ad regem Cypri de Thomas d'Aquin exécutée pour Charles, comte d'Angoulême Par ailleurs, le frère de Charles de Saint Gelais, Octavien de Saint Gelais (1468-1502), évêque d'Angoulême et auteur du Séjour d'honneur écrit entre 1489 et 1494, traduisit à la demande de Charles VIII le Liber de informatione principum sous le titre du Trésor de noblesse. Le prologue de cette traduction, exécutée à une date que nous ne connaissons pas, est adressé à «très chrestien roy de France, Charles, VIIIe de ce nom» (Noëlle-Laetitia Perret, Les traductions françaises du De regimine principum de Gilles de Rome: Parcours matériel, culturel et intellectuel d'un discours sur l'éducation, 2011 - books.google.fr).

La traduction de l'Enéide qu'établit Octovien de Saint-Gelais en 1500 est la première à donner intégralement en français le texte de Virgile (Revue de linguistique romane, Volume 54, Société de linguistique romane, 1990 - books.google.fr).

Octavien de Saint-Gelais, ou Octovien de Saint-Gelais, né à Cognac en 1468 et mort en 1502, est un homme d'Église, traducteur et poète français. Il étudie la théologie, entre dans les ordres en 1493, et, à 26 ans, il est nommé par Charles VIII évêque d'Angoulême. Durant l'épidémie de peste de 1502 il se retire à Vars où il meurt à l'âge de 36 ans. Le poète et musicien Mellin de Saint-Gelais est son neveu ou son fils naturel (fr.wikipedia.org - Octavien de Saint-Gelais).

On trouve dans les œuvres de Melin de Saint-Gelais le quatrain suivant sur Agnès Sorel, que l'on attribue au roi François Ier : Plus de louange et d'honneur tu mérite, / La cause étant de France recouvrer, / Que ce que peut dedans un cloître ouvrer, / Close monain, ou bien dévot ermite (Jean Baptiste Ladvocat, Vosgien, Dictionnaire historique et bibliographique, Tome 5, 1822 - books.google.fr).

Le séjour d'Honneur (1489-1494), opus magnum d'Octovien de Saint-Gelais, conte les errances de l'auteur sous l'emprise de personnages allégoriques tels Sensualité, Fol Abus et Vaine Espérance, puis son repentir avec le concours de Raison (www.droz.org).

Sur l'île où réside Vaine Espérance, l'auteur, accueilli par un groupe de musiciens et de danseurs, suit la dame dans les allées de son « plaisant verger ». Il est accompagné du nautonier Fol Abus, tenant une rame et de « sa bonne guide » Sensualité, qui se promènent entre les plates-bandes fleuries (Éden: le jardin médiéval à travers l'enluminure, XIIIe-XVIe siècle, 2001 - books.google.fr).

Saint Gelais et l'Enéide

Les références à l'Enéide sont nombreuses. L'épopée virgilienne est l'ouvrage le plus fréquemment mentionné du Séjour, bien avant la Bible. Plusieurs de ses scènes sont évoquées pour leur valeur exemplaire (mort de Palinure [II.II.38], Didon et Énée [I.VIII.41, II.III.42, II.XXXI.81, III.IX.196], courage d'Énée devant son infortune ([I.X.19], invocation de Calliope [IV.I.37]...) et Virgile est à plusieurs reprises associé à Aristote (Frédéric Duval, Les sources du Séjour d'Honneur d'Octovien de Saint-Gelais. In: Romania, tome 121 n°481-482, 2003 - www.persee.fr).

Bien qu’il ne puisse pas servir de référence pour l’Acteur, Énée bénéficie d’une image positive dans Le Séjour d’Honneur. Le regard que porte Octovien de Saint-Gelais sur le héros troyen se révèle très personnel, en ce qu’il se démarque clairement de celui de ses contemporains. En effet, pour une grande majorité des auteurs du XVe siècle, Énée fait office de triste sire, accusé de trahison tant envers les siens que vis-à-vis de Didon (Virginie Dang, Vers une revalorisation d’Énée en France, Le Séjour d’Honneur d’Octovien de Saint-Gelais, Paysans en leur communauté, 2003 - journals.openedition.org).

Sappho

Un dernier élément important qui dépasse largement le cadre lyonnais est la redécouverte d'une poétesse de l'Antiquité qui va devenir dans le volume des Euvres le double mythique de Louise Labé : Sappho.

L'élégie II, en particulier, a été analysée comme une adaptation de la lettre de Sappho à Phaon traduite par Octovien de Saint-Gelais. Louise, nouvelle Sappho, conclut comme elle en donnant le texte de son épitaphe.

Celle-ci était d'abord connue par un texte qui eut un immense succès au XVe siècle : les Héroïdes d'Ovide, largement publiées dans le texte latin pendant toute la moitié du siècle, traduites dès 1500 par Octovien de Saint-Gelais, puis, à Lyon, par Charles Fontaine en 1552. Rappelons qu'il s'agit d'un recueil de missives fictives adressées par des héroïnes mythologiques au bien-aimé dont elles sont séparées. Un seul personnage, Sappho, est en fait un personnage historique (Daniel Martin, Isabelle Garnier-Mathez, Louise Labé: Débat de folie et d'amour, Élégies, Sonnets, 2004 - books.google.fr, Thierry Crépin-Leblond, Léonard Limosin, De la lettre à l'émail: Léonard Limosin interprète Ovide, 2010 - books.google.fr, Les XXI Epistres transl. de Latin en Francoys, par leuesque Dangoulesme (Octavien de Saint-Gelais), Denys Janot, 1541 - books.google.fr).

En Louise Labé, imitatrice des Héroïdes d'Ovide, François Rigolot (Louise Labé et la redécouverte de Sappho, Nouvelle Revue du seizième siècle, 1983 et Louise Labé Lyonnaise, ou la Renaissance au féminin, 1997) voit essentiellement un auteur féminin assumant la voix d'une amante légendaire et s'identifiant tour à tour à Phyllis ou à Sappho, voire à Ovide, dans une étude qui a pour but d'éclairer l'identité de la poétesse (L'Information littéraire, Volumes 53 à 54, 2001 - books.google.fr, Mireille Huchon, Louise Labé : Une créature de papier, 2006 - books.google.fr).

Dans Hélène de Sparte (pièce de théâtre d'Emile Verhaeren), la fantaisie entre franchement dans la catégorie des fantaisies d'inceste. Ce n'est plus l'amante, c'est la sœur qui représente la Mère. Le symbole se rapproche de ce qu'il symbolise, il est plus clair. Notons enfin que si l'image de la mère est déformée et trop rajeunie sous les traits de la sœur, Ménélas, comme pour apporter un correctif, est représenté en « vieillard ». Mais l'acte II nous offre un épisode inattendu et dont les autres drames ne nous donnaient pas le pendant : c'est le passage du complexe d'Œdipe à celui de Sapho (de la fantaisie d'inceste à celle d'homosexualité). Hélène subit d'abord, comme une brûlure, la déclaration de son frère Castor. Je te désire sans hésiter, violemment et tout à coup ; je ne suis pas celui qui fuit et qui sait dire ce qu'il ne pense pas quand son cœur est jaloux ; j'aime, je hais, avec fureur, avec rancune, et je passe en criant vers ton cœur effaré qu'il sera libre un jour et suivra ma fortune. Mais Castor quitte la scène et fait place à Electre, et Hélène doit subir de la part d'Electre, d'une femme, une seconde déclaration plus ardente et plus folle. Tu es toute ma vie... (Charles Baudouin, Le Symbole chez Verhaeren: Essai de psychanalyse de l'art, 1924 - books.google.fr).

Émile Coué n'a pas fondé d'école de psychothérapie, mais le soutien et la collaboration de Charles Baudouin et la filiation intellectuelle de Robert Desoille, créateur du « rêve éveillé dirigé » ont autorisé certains à nommer cette association "deuxième école de Nancy" (Patrick Bellet L'hypnose, 2002 - books.google.fr).

La Sappho de Gustave Moreau, inspiratrice du Serpent rouge ?

Son originalité est, pour une grande part, faite d'éclectisme, mais, contrairement à ce qui arrive d'habitude, l'excès de la science ne fait ici que dégager et servir la personnalité. A Mantegna, M. Gustave Moreau doit le goût des riches architectures, des métaux brillants, des broderies somptueuses et des pierreries. Mais comme il a dépassé son maître ! Décorateur toujours en quête de formes inattendues, il combine les styles les plus chargés d'ornements et, par les réminiscences, il arrive à en créer un qui est à lui seul. Le palais dans lequel il fait danser Salomé devant Hérode et le trône où siège le tétrarque réunissent l'art roman, l'art arabe, l'art hindou, mais l'ensemble, qui rappelle tant de motifs, ne ressemble à aucun. Même dans le désert, il éprouve le besoin de dresser des ornements riches et rares. A côté d'OEdipe, au seuil du défilé thébain, une colonne ëst surmontée d'un vase et l'exécution de l'un et de l'autre produirait une merveille de ciselure. Sapho « pleure sa honte » appuyée contre une colonne que surmonte un hippocampe; la même colonne se dresse au sommet de la falaise de Leucade, d'où la poétesse se précipite ; elle se profile sur le ciel, dominant la mer où flotte son corps (Gustave Larroumet, Études de littérature et d'art, 1895 - books.google.fr).

Charles Baudouin cite Larroumet dans son Racine : « Racine a profondément subi l'influence de son éducation, de ses passions, de ses amitiés, de sa vie privée et sociale » (Larroumet, p. 5).

C'est par ces mots que M. Larroumet introduit et Justine la longue étude qu'il consacre à la biographie de Racine. Cette étude constitue la première partie et occupe presque les deux tiers de son livre : la Vie. La seconde a pour titre et pour objet : V Œuvre. Il commence donc par retracer en détail l'histoire externe des tragédies de Racine et par reconstituer avec un soin des plus louables le milieu social et familial de son poète (Bulletin bibliographique et pédagogique du Musée Belge, Volume 2, Musée belge, C. Peeters, 1898 - books.google.fr).

Gustave Moreau (1826 - 1897), de g. à d. : Sappho (1871-1872) - collections.vam.ac.uk ; Sapho se jetant dans la mer, huile sur toile, coll. privée et La mort de Sapho, 1876, huile sur toile, Musée de Saint-Lô - danslesmarges.eklablog.com

Lesbos

A Leucade, m'a-t-on rapporté, les habitants gardent encore le souvenir de Sappho. Ils appellent Phaon tout bel adolescent, et ils racontent à leur façon le saut de Sappho dans la mer. La poétesse de Lesbos, disent-ils, attendait depuis des jours, sur le haut du promontoire, que son amant vint la chercher et la rejoindre. Un jour, Sappho vit arriver un navire. Reconnaissant Phaon parmi les passagers, elle lui fit de grands signes avec un voile blanc. Mais Phaon ne leva point la tête et le navire passa sans s'arrêter. Folle de désespoir, Sappho alors se précipita dans les flots. A Mytilène, m'a-t-on dit aussi, on vénère encore un rocher noir, sur lequel Sappho, raconte-t-on, allait s'asseoir pour contempler la mer, s'inspirer et pleurer. « Cet endroit, écrit STRABON, X, 9, en parlant du promontoire de Leucade, est remarquable par le sanctuaire d'Apollon Leucatès,et par le saut dont on a cru qu'il mettait fin aux amours... Ménandre dit que c'est Sappho qui a la première sauté à Leucade... mais d'autres, remontant encore plus haut dans le passé, disent que c'est Céphalos, épris de Ptérélas, fils de Déioneus. Mais, d'autre part, c'était aussi une tradition ancestrale chez les Leucadiens d'accomplir chaque année, lors du sacrifice qu'ils faisaient à Apollon, le rite suivant. Ils précipitaient du haut d'un rocher, l'un ou l'ature de ceux qui se trouvaient en ce moment être l'objet d'une accusation, en sacrifice expiatoire, après lui avoir attaché au corps toutes sortes d'ailes et de volatiles susceptibles de ralentir sa chute. De plus, au bas du rocher, un grand nombre de petites barques étaient disposées en rond, afin de recueillir celui qui avait sauté ». Il y avait donc à Leucade deux sortes de saut ; l'un était exécuté spontanément par un amant qui espérait se libérer de son amour malheureux ; l'autre, rite antérieur à celui du rite volontaire, était une sorte de châtiment ou d'épreuve infligé à des accusés, à qui l'on fournissait les moyens, si les dieux les en jugeaient dignes, d'échapper à la mort (Mario Meunier) (Sappho: Anacréon et Anacréontiques, présenté par Mario Meunier (1911), 1932 - books.google.fr).

En grec ancien et en grec puriste, l'île est appelée Leukas, Lefkas, qui donne en grec démotique Lefkada. À partir du Moyen Âge, elle est appelée Sainte-Maure, en grec Agia Mavra, en italien Santa Maura, jusqu'au XIXe siècle où elle reprend son nom antique. Leucade doit son nom à ses falaises de craie blanche qui se trouvent au sud de l'île : le cap de la Dame ou le saut de Leucade (72 mètres de haut) (fr.wikipedia.org - Leucade).

Les Romains employaient, selon leur origine, les mots Afer, « Africain », et Indus, « Indien », pour désigner le Noir. Le mot Maure vient du latin Maurus qui désignait à l'époque romaine les habitants d'Afrique du Nord. Il vient aussi du grec mauros dont le sens étymologique est « de couleur sombre ». Pour le dramaturge Platus (254-184 av. J.C.), Maurus et Niger avaient le même sens (Dieudonné Gnammankou, Yao Modzinou, Les Africains et leurs descendants en Europe avant le XXe siècle: actes du colloque international, 8-10 décembre 2005, Maison de la recherche, Université de Toulouse-Le Mirail, 2008 - books.google.fr).

Charles de Sainte-Maure, baron puis duc de Montausier, né le 6 octobre 1610 et mort le 17 novembre 1690, est un gentilhomme et militaire français du XVIIe siècle. Maréchal de camp des armées du roi puis gouverneur de Saintonge et d’Angoumois, il est l’un des plus célèbres personnages de la cour de Louis XIV, et son souvenir appartient à l’histoire littéraire à plusieurs titres. Aspirant, pendant quatorze ans, à la main de la belle et précieuse Julie d’Angennes, il fut un des habitués de l’hôtel de Rambouillet. Il conçut l’idée de la Guirlande de Julie, à l’exécution de laquelle il concourut par seize madrigaux (fr.wikipedia.org - Charles de Sainte-Maure, duc de Montausier).

D’après le « Père Anselme » la baronnie de Montausier serait passée dans la Maison de Sainte Maure, issue de Sainte Maure de Touraine, en 1325, par le mariage de Guy de Sainte-Maure, Chevalier, avec Marguerite dame de Montausier, fille unique et héritière de Foucaud, seigneur de Montausier, et de Petronille de Mosnac, dame de Jonzac (Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la couronne & de la maison du Roy, & des anciens barons du royaume, Tome V, 1730 - books.google.fr).

Montausier est un lieu-dit sur la commune de Baignes-Sainte-Radegonde et élevé en duché-pairie en 1665. Le fief de Montausier est attesté aux comtes d'Angoulême Taillefer dès le début du XIe siècle. Il est érigé en baronnie et reste aux Taillefer de Montausier jusqu'en 1320 (fr.wikipedia.org - Château de Montausier).

Montausier est dans le secteur nonagonal des Poissons avec Angoulême.

En 1871, l'abbé Jean Hippolyte Michon, archéologue et rédacteur de la Statistique monumentale de la Charente, fait construire un manoir à l'angle sud pour y habiter. On y lit que "la terre de la Tour-Blanche était enclavée dans le Périgord; elle relevait du comté d'Angoulême, mais elle dépendait de Périgueux pour le spirituel" (Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, 1844 - books.google.fr).

Virgile, Sappho et les âmes

Le commentaire de Virgile par Servius (qui est décidément une source inépuisable), voit dans un vers de la 8° Eglogue « une allusion à ce qui se passait à Leucade d'où se précipitaient dans la mer (en imitation de Sappho) ceux qui ou bien brûlaient de rencontrer leurs parents ou désiraient d'être aimés de ceux qu'ils aimaient ». (Jacques Bonnet, Les symboles traditionnels de la sagesse, 1971 - books.google.fr).

La porte centrale est encadrée, nous l'avons vu, de chaque côté, par une ciste ornée d'une couronne d'or sertie de pierres précieuses, et par un encensoir. Le rapport ici avec le texte d'Héraclide Pontique cité par Varron saute aux yeux, puisqu'on rencontre groupées à côté du Scorpion les constellations de la Couronne (Corona) et de l'Encensoir (Turibulum), appellation que lui préfèrent Hipparque, Géminos, Ptolémée, Vitruve, Hygin et Germanicus, plutôt que celle d'Autel (Ara, Altaria), autrement attestée. Quant au bassin (labrum), situé à proximité de la seule porte latérale conservée dans le décor de chaque paroi, en considérant avec Varron que le contenant symbolise parfois le contenu (Antiquités divines, fr. 225 225 Cardauns, à propos du vin, évoqué dans un temple de Dionysos par une amphore), nous pourrions y reconnaître la constellation de l'Eau (Aqua), qui se trouve exactement entre le Verseau et les Poissons, et constituerait donc la « troisième porte » et la «troisième route» du ciel dans la Vision d'Empédotime. J'ajoute que les gemmes, qui ornent la couronne de nos cistes, apparaissent fréquemment comme des symboles d'étoiles : je cite ici simplement ce passage des Métamorphoses, où Ovide, décrivant la montée au ciel de la couronne d'Ariane, nous dit que «ses pierreries deviennent des étoiles» (Mét., VIII, 180: gemmae uertuntur in ignes). Quant à l'alternance du blanc et du noir pour figurer les symboles des constellations, elle se réfère sans doute à la croyance antique dans l'existence d'un hémisphère «inférieur» et d'un hémisphère « supérieur », éclairés la moitié du temps par le soleil, puisque les Anciens ne plaçaient pas le luminaire céleste au centre du système.

Dans le contexte de l'hypothèse allégorique, les Victoires, qui ornent les « portes du ciel » des fresques allégoriques d'une villa de Pompéi, devraient se référer à la victoire sur les passions et sur la mort que doivent remporter les âmes qui, sur les pas d'Héraclès, souhaitent y parvenir. C'est le sens que Christian Goudineau avait su mettre en valeur pour toute la thématique qui règne dans le niveau intermédiaire du décor de l'hypogée de la Porte Majeure à Rome, qui était vraisemblablement la crypte de la tombe de T. Statilius Taurus, un des lieutenants d'Auguste : au milieu d'un décor dont l'inspiration pythagoricienne est certaine depuis la lumineuse démonstration de Jérôme Carcopino, cette série de stucs évoquant les trophées des victoires agonistiques et centré sur la figure de la Victoire elle-même, est en effet située entre la partie basse, qui figure vingt-huit scènes de piété à l'égard des dieux et des parents, symbolisant sans doute la vie de sainteté d'une communauté pythagoricienne comportant le même nombre de membres que le Maître fondateur de la secte avait eu de disciples, et le niveau supérieur, qui figure différentes apothéoses astrales, celle d'un héros (Aristée, m'a-il semblé, plutôt que Ganymède) identifié à la constellation du Verseau au centre de la voûte de la nef centrale et celle de Sappho à l' intérieur de l'abside, que symbolise sans doute le saut de l' illustre poétesse dans les eaux de Leucade sous la protection d'Apollon (Gilles Sauron, La peinture allégorique à Pompéi: le regard de Cicéron, 2007 - books.google.fr).

On se souvient du panneau de l'Hôtel des Bains de Rennes-les-Bains dont parle Gérard de Sède représentant probablement une victoire (Le Cercle et la Croix des Prophètes : Les Prophètes et Rennes le Château : Victoire à Rennes-les-Bains : le panneau de l’Hôtel des Thermes).

Plus tard, un scoliaste de la VIIIe Eglogue de Virgile nous affirme que Phaon partageait les croyances des Pythagoriciens sur l'immortalité des âmes. La fable du saut de Leucade était inconnue, nous le savons, de Chamœleon, élève d'Aristote en même temps que Théophraste et rédacteur d'une Vie de Sappho, et aussi d'Hégesianax. Mais Nymphodore de Syracuse, contemporain de Ptolémée Philadelphe, la supposait, avec quelques réserves, au IIIe siècle. Les Pythagoriciens dont la morale était stricte, se fussent sans doute scandalisés des mœurs attribués à Sappho. C'est peut-être Nymphodore qui a, le premier, distingué deux Sapphos, la poétesse pythagoricienne qu'on pouvait exalter sans scrupule et une hétaïre étrangère à la secte. Il ne voulait pas du suicide de Sappho la poétesse, à Leucade. Plusieurs historiens modernes ont mis en doute la réalité historique de Phaon. Wilamowitz, Th. Reinach, H. Puech ont rapproché Phaon et Phaéthon, fils ou doublet du Soleil. Sappho aurait voulu rejoindre le dieu solaire, dans son abri nocturne, au fond des eaux, pour gagner avec lui la porte du Capricorne qui ouvre, on va le voir, la route de l'éternité bienheureuse. Le saut de Leucade devenait alors « le symbole du salut pythagoricien » ; il s'élevait sur le plan supérieur où s'ordonnaient les spéculations des Pythagoriciens sur l'amour. Il avait, comme l'affirme Wilamowitz, dans une éloquente défense de la pureté de Sappho, un sens « métaphorique et métaphysique », et devenait « l'oubli du mal ». Identifié tantôt au soleil, tantôt à la planète Vénus, Phaon figurait l'amour dont toutes choses belles naissent ici-bas. M. Carcopino interprète dans le même sens, des céramiques comme l'hydrie de Populonia (Bibliographie : Jérôme Carcopino, De Pythagore aux apôtres, La Nouvelle revue des deux mondes, 1956 - books.google.fr).

Lisez l'ode à Vénus, c'est la plus belle page d'amour qui soit au monde, c'est elle qui inspire depuis tant de siècles peintres, poètes, sculpteurs, musiciens, tous les fervents, tous les desservants de l'art : "Aphrodite immortelle, au trône brillant, fille de Jupiter savant en artifices, je viens à toi en suppliante ; n'accable pas mon âme d'amertume et d'ennuis. Ô Déesse, viens à moi ! En d'autres temps, écoutant mes instantes prières, tu les exauças et, quittant à mon appel la demeure de ton père, tu accourais sur ton char doré, attelé de beaux moineaux agiles, qui, faisant tourbillonner autour de la terre brune leurs ailes rapides, le traînaient du haut du ciel à travers les airs. En un instant ils arrivaient. Et toi, ô bienheureuse, ayant souri de ton visage immortel, tu me demandas ce qui causait ma peine, pourquoi je t'appelais et quels étaient les voeux ardents de mon âme en délire. Tu me dis : « Qui veux-tu de nouveau que j'amène et que j'enlace dans ton amour, ô Sappho ? Parle ! Celui-là, quel qu'il soit, s'il te fuit, bientôt te poursuivra; s'il refuse tes présents, il t'en offrira ; s'il ne t'aime pas, il t'aimera, même quand tu ne le voudrais plus ! » O Déesse, je t'implore, viens à moi encore aujourd'hui. Délivre-moi de mes peines cruelles ! Tout ce que mon cœur brile de voir accomplir, accomplis-le. Sois toi-méme mon alliée !

Phèdre aussi adresse à Vénus une douloureuse prière et, comme Sappho, elle lui crie : Déesse, venge-nous ; nos causes sont pareilles. Virgile décrit dans l'Enéide l'insomnie de Didon attendant vainement le héros qu'elle aime. Bien avant le grand poète, Sappho avait exprimé cette angoisse : "La lune s'est plongée dans la mer et avec elle les Pléiades ; la nuit est à son milieu ; l'heure passe, et je reste étendue solitaire. L'Amour qui brise les membres vient de nouveau m'agiter, serpent doux et cruel qu'on ne peut étouffer ! Atthis ! Atthis, tu hais mon souvenir et tu voles chez Andromède ! Ah ! Andromède a été récompensée de ses peines, mais toi, Sappho, à quoi bon implorer la puissante Vénus ? Tes chants ne touchent plus les dieux, le ciel est sourd à ta voix" (Maurice Lefèvre, La Femme à travers l'histoire (1902), 2016 - books.google.fr).

Hippocampe et Poissons

Tête de cheval, corps de chenille. En un seul mot : hippocampe. Ainsi l'appelait-on il y a vingt siècles; ainsi le nomme-t-on encore, aujourd'hui, si ce n'est par son sobriquet : le cheval marin. Les Anciens n'ont connu de l'hippocampe que sa forme étrange et lui ont attribué, on ne sait pourquoi, le pouvoir de guérir. Plus récemment, on a appris de lui des mœurs si extraordinaires qu'il est devenu animal de légende. Ses amours, surtout, ont retenu l'attention. Vulgarisées par le film, elles ont conduit à faire de l'hippocampe un symbole. Des artistes l'ont dessiné, gravé, ciselé, représenté de toutes manières. Maints bibelots, surtout féminins, s'ador- nent de son héraldique silhouette. Qu'on ne croit pas que cet engouement pour l'hippocampe date d'aujourd'hui. Ecoutez Rondelet en parler dans son Histoire entière des poissons, parue en 1558 : « C'est un petit poisson fort beau à voir, fait d'un grand artifice de nature, pour lequel bien pourtraire (portraiturer), les peintres excellents du temps passé ont montré leur esprit et savoir, tant pour la beauté que pour la difficulté. » Belon, vers la même époque, dans son ouvrage intitulé Nature et diversité des poissons, s'étend sur des applications médicales qui font, à juste raison, sourire de nos jours : « Quelques auteurs, dit-il, ont écrit que l'hippocampe, mis avec de la poix liquide, graisse ou onguent de marjolaine, guérit de la teigne et guérit le mal de côté. Si on le mange rôti, il retient l'urine. L'huile rosat, en laquelle on l'aura fait mourir et tremper, est bonne pour oindre les douleurs. » (Léon Bertin, Les poissons singuliers, 1954 - books.google.fr).

Au IIIe siècle, le poisson sauveur devient un dauphin : il porte la barque de l'église, se suspend à l'ancre, au trident qui simulent la croix; les mâts des navires affectent la forme d'une potence. La croix était figurée encore par un T, le tau grec étant regardé comme le type et symbole du signe du Christ. On fit remonter le pouvoir mystérieux de cette lettre au temps des prophètes, et l'on affirma que le Dieu d'Israël avait ordonné à l'homme vêtu de lin de la marquer sur le front des hommes qui gémissent et qui soupirent à cause de toutes les abominations qui se commettent à Jérusalem. (Ezéch IX, 4.) Il est vrai que le texte hébreu ne parle pas d'un signe particulier, mais, Vinet l'a dit, on y trouve tout ce qu'on y cherche. C'est ainsi qu'au IIIe siècle se multiplient dans les inscriptions les croix plus ou moins dissimulées; on emprunte, d'autre part, à la sculpture païenne quelques-uns des sujets que la pensée chrétienne peut adopter : des jeux d'enfants, des scènes pastorales, la vendange, la pêche, la chasse même, voire des monstres marins : l'hippocampe, par exemple, ou l'hippogriffe, faute de mieux, croit M. Roller (Bibliothèque universelle et revue suisse, 1882 - books.google.fr).

Mais c'est en symbolique grecque que le dauphin joua le rôle le plus important. C'est lui qui porta Apollon delphinios précédant le vaisseau des Crétois dont il voulait faire les prêtres de son futur sanctuaire de Delphes. C'est le dauphin psychophore qui, accompagné de l'hippocampe, mi-cheval, mi-poisson, guidait le navire des âmes vers l'Ile des Bienheureux, située comme l'Atlantide, à l'occident du monde (Jean Prieur, Les symboles universels, 1989 - books.google.fr).

On comprend, si Sappho a été prêtresse d'Aphrodite — ce qu'implique vraisemblablement sa situation de conductrice d'un thiase voué à la déesse — qu'elle ait pu prétendre à certains privilèges de sa part. Son culte pour la grande déesse de Lesbos, sa vénération, lui assurent une intimité spéciale avec elle, qui se reflète dans cette manière surprenante de converser, dans ses vers, avec son image (François Lasserre, La figure d'Éros dans la poésie grecque, 1946 - books.google.fr).

Astrologiquement, Vénus est en exaltation dans les Poissons.

Vénus est d'une nature humide, qui devient plus prononcée dans le signe des Poissons. Quand elle se trouve dans ce signe, une sorte de moiteur se manifeste dans l'atmosphère, et Vénus éprouve une augmentation de sa propre influence; c'est pourquoi son exaltation est placée dans le signe des Poissons et sa chute dans celui de la Vierge (Julevno, Le quadripartit ou les quatre livres dez Claude Ptolémée, Le voile d'Isis, Etudes traditionnelles, Chacornac, 1914 - books.google.fr, - fr.scribd.com).

Nigidius raconte que ces poissons étaient dans le fleuve Euphrate ; qu'ils y trouvèrent un œuf d'une énorme grosseur; qu'ils le roulèrent sur le rivage; qu'une colombe, ou l'oiseau de Vénus, qui a son exaltation dans ce signe, vint le couver, et peu de jours après il en sortit la Déesse de Syrie, la même que Vénus. D'autres (Manilius, Hygin) prétendent que Vénus vint avec Cupidon, son fils, sur les bords de l'Euphrate, et que, dans ce moment même, Typhon parut; que la Déesse effrayée se jeta dans les eaux avec son fils, et qu'ayant pris la forme de poissons, ils échappèrent ainsi au danger, ou bien ils furent portés par deux Poissons qui pour cela furent placés dans le ciel (Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes, ou, Religion universelle, Tome IX, 1836 - books.google.fr, Encyclopédie méthodique, Tome V, Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, 1793 - books.google.fr).

HEXAGRAMME - VERGILIUS - 50

Le sceau de Salomon est l'hexagramme. Virgile est en latin Vergilius.

La numérologie en 9 chiffres fut proposée dans le premier ouvrage de Numérologie sorti aux Etats-Unis vers 1905, signé de Mrs L. Dow Balliett (1847/1929), née Sarah Joanna Dennis, (The Day of Wisdom According to Number Vibration - books.google.fr, jeveuxetreheureux.com).

Selon cette méthode, HEXAGRAMME vaut 50 (8+5+6+1+7+9+1+4+4+5) et VERGILIUS 50 aussi (4+5+9+7+9+3+9+3+1). 50 est la valeur de la lettre hébraïque nun qui signifie poisson (ou serpent).

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Cette numérologie prendra le nom de pythagoricienne avec en particulier le livre de C. G. Sander : Practical Numerology - Pythagorean System - and Character Anitlysis (C. W. Daniel Co. London, 1925) qui s'inspire de L. Dow Balliett et de Julia Seton (The Theosophist, Volume 47,Partie 1, Theosophical Society (Madras, India), 1926 - books.google.fr, www.amazon.com).

Sander deviendra un expert en thérapie par les couleurs, couleurs bien présentes dans le Serpent rouge. Il s'intéressera aussi à la réincarnation.

C. G. Sander, in his book, Color In Health and Disease, states that when the body is in a normal condition, it may be able to filter out from the white light (or sunlight) whatever color vibration it needs. However, according to Sander, if a person is not in normal health, the necessary color must be supplied (Linda Clark, Color Therapy, 1981 - books.google.fr).

Perrault, Rhodope et Sappho : cinquante

Rhodope est une célèbre courtisane, native de Thrace, qui vivait du temps d'Ésope, avec lequel elle fut esclave. On dirait que les Grecs, dans Cratès, cynique bossu, et son Hipparchia, aient voulu donner un pendant au fabuliste monstre et à sa belle compagne de captivité. Charax de Lesbos, pirate et frère de Sapho, la racheta; plusieurs prétendent qu'il en fit sa maîtresse sous le nom de Dorica. Peu de temps après, elle passa à Naucratis, ville luxueuse d'Égypte, où elle fit le métier de courtisane avec tant de succès qu'Hérodote raconte, bien qu'il en doute, qu'elle éleva une des fameuses pyramides de Memphis à ses frais, tant ses charmes et ses faveurs étaient à haut prix. Toutefois, il parait que cette courtisane fleurissait sous Amasis, roi d'Égypte, et que la pyramide dont il s'agit ici avait été bâtie bien aVant le règne de ce prince. On prétend que toutes ses largesses ne consistèrent qu'en de nombreuses broches de fer (singulier présent), dîme de tous ses biens, dont elle dota le temple de Delphes et les prêtres pour faire rôtir les chairs des victimes. Rien n'est nouveau sous le soleil; ne Voilà-t-il pas la petite pantoufle verte de Cendrillon, elle et son joli conte, qui sont tout entiers dans Hérodote ? Laissons parler cet antique témoin des siècles passés; il rapportait cela il y a plus de 2500 années : « Un jour, dit-on, que Rhodope se baignait; un aigle fondit sur ses Vêtements, enleva une de ses babouches et la porta à Memphis, où il la laissa tomber sur les genoux de Psamniticus qui rendait alors la justice à son peuple; ce prince, touché de ce prodige, et jugeant par la babouche de la beauté de celle qui la portait, fit chercher partout cette dame et l'épousa dès qu'on l'eut trouvée. » On sait comme Perrault, le favori des fées, continua merveilleusement, à l'admiration des enfants, cette charmante fable du père de l'histoire, ainsi qu'on l'appelle (Nouveau dictionnaire de la conversation, Tome XXIII, 1844 - books.google.fr).

Quand Charaxe eut mis Rhodopis en liberté, il retourna à Mételin, de quoi Sappho, en son chant poétique, le blâme grandement (Histoires d'Hérodote, traduit par P. Saliat, revue sur l'édition de 1575, avec corrections, notes par E. Talbot, 1864 - books.google.fr).

En supposant qu'elle avait vingt-cinq ans à l'époque de son exil, elle en avait cinquante lorsqu'elle écrivit sa chanson contre Charaxus, le dernier fait connu de sa vie (Léo Joubert, La poésie lyrique chez les Grecs, Revue européenne : lèttres, sciences, arts, voyages, politique, Volume 16, 1861 - books.google.fr).