Partie XVIII - La Chouette d’Or   Hypothèse espagnole   Mer cantabrique et Génésareth : aides de Neptune   
LA CHOUETTE D'OR AUTRES HYPOTHESES GENESARETH

Génésareth et Cantabrie

Cantábrico, ca, adj. basque - cantabrique (cantabricus) (Da Fonseca, Dictionnaire français espagnol et espagnol-français avec la nouvelle ortographe de l'Académie espagnole, 1840 - www.google.fr/books/edition).

Jean de Lizarrgue écrit dans sa traduction de la bible au XVIe siècle :

Itsasoa, ezta bethi guk lengoaje komunean hartzen dugun bezala hartzen baina Iudeako herrian zen Jenezaretheko lak-agatik ere bai (Joanes Leizarraga, Iesus Krist Gure Iaunaren Testamentu Berria, 1571 - klasikoak.armiarma.eus).

«Itsasoa [la mer] n'est pas pris toujours comme nous le prenons dans le langage courant, mais bien aussi pour le lac de Génézareth, qui était dans le pays de Judée» (Bulletin de la Société de linguistique de Paris, 1964) (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouettes vignettes - Chouette vignette : énigme 470).

Génézareth, Génésareth, Ginosar ou Kinneret est le nom d'une importante ville des âges de bronze et du fer située sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade, mentionnée dans l'Ancien Testament, dans le Tanakh et dans les évangiles. Les plus anciennes traductions de la Bible la nomme alternativement Kinnereth ou Chinnereth. Le nom a évolué dans le temps pour devenir Génézareth et Ginosar. Kinneret est une ville allouée à la tribu de Nephthali (Josué 19:35). Le nom apparaît au singulier sous la forme "Kinneret" (Nombres 34:11, Deutéronome 03:17) ou au pluriel comme «Kinneroth" (Josué 11: 2, 12: 3)). Dans l'évangile attribué à Marc, après que Jésus, marchant sur le lac, eût rejoint la barque de ses disciples : Mc 6:53-56, Mt 14:34-36, c'est Gennésaret qui apparaît (avec deux "nu" en grec) (fr.wikipedia.org - Génézareth (site archéologique)).

Neptune

Sannazar et les poëtes de son école ne comprenaient pas le ridicule presque sacrilége de ce mélange d'idées diverses. Préoccupés de leurs études antiques, ils dédaignaient de parler le simple langage de l'Évangille, qui leur paraissait incorrect et grossier, et, quand le Christ marche sur les eaux du lac de Tibériade, ils ne manquaient pas de faire venir les Néréides, qui nageaient auprès de lui, et Neptune, qui, aplanissant sous ses pas les vagues irritées, s'empressait avec son cortége des dieux de la mer et baisait les pieds divins du Sauveur (Saint-Marc Girardin, Tableau de la littérature française au XVIe siècle: suivi d'études sur la littérature du Moyen-Âge et de la Renaissance, 1868 - www.google.fr/books/edition).

L'Arétin imagine, dans l'Humanité du Christ (1535), que la Mer de Galilée (ou lac de Tibériade) arrête son mouvement à l'arrivée de Jésus, que les monstres marins l'adorent et que les faux dieux sont dévoilés (Élise Boillet, L'Arétin et la Bible, 2007 - www.google.fr/books/edition).

La faculté attribuée aux saints de marcher sur les eaux, qui figure déjà dans plusieurs légendes du Moyen Âge, dérive peut-être du trait célèbre de la vie du Sauveur qui s'avança, sans s'y enfoncer, sur les flots du lac de Génésareth. Toutefois cette donnée n'appartient pas en propre au cycle chrétien et il lui est antérieur : Neptune avait accordé ce privilège à Orion, et le dieu finnois Vainamoinen l'avait également (Paul Sébillot, Le folk-lore de France, Tome 2, 1905 - www.google.fr/books/edition).

Sextines

L’Arcadie de Sannazar, dont les prosimètres sont surtout descriptifs, a montré un chemin à suivre pour les auteurs à venir. Cette œuvre a contribué à agrémenter la représentation littéraire de l’espace pastoral et sauvage.

L’Arcadie est composée en plusieurs périodes à partir de 1483. Terminé avant son départ en exil en 1501 le livre comporte douze chapitres formés chacun d’une partie en prose et d’une églogue. Les prosimètres alternent avec des sextines, des chansons, et surtout des églogues en «terzines». Publié en Italie en 1502 puis en 1504 (Cecile Devos, Locus amoenus-locus horridus : les représentations du paysage en Espagne au Siècle d’Or dans les textes et les images, 2023 - theses.hal.science).

Si l'on souhaitait dessiner une sorte d'atlas qui montre l'apparition et la diffusion de la sextine, on se déplacerait dans l'Italie du XVe siècle, à Florence avec Leon Batista Alberti et son élève, Lorenzo de Medici, en Émilie avec Boiardo, à Venise avec Bembo, à Naples avec Jacopo de Jennaro. Toujours à Naples, à la fin du siècle, Sannazzaro écrit son Arcadia, qui circule d'abord sous forme manuscrite avant d'être finalement publiée en 1504 : dans l'Arcadia (il s'agit sûrement d'une imitation du modèle de Pétrarque), on retrouve deux sextines, dont l'une est double. Or, le succès de ce poème pastoral favorise l'extrême vitalité de cette forme lyrique. Au siècle suivant la géographie de la sextine s'ouvre à l'Europe (Francesca Pagani, Potentielle et actuelle : la sextine au XXIe siècle, Modernités des troubadours, 2021 - www.google.fr/books/edition).

L'Arcadie est un itinéraire spirituel placé sous le signe de Mnémosyne, la mère des Muses (fr.wikipedia.org - L'Arcadie).

Alain Mérot établit un lien entre Le Lorrain et la poésie : «la pastorale [...] semble donc tout indiquée pour le paysage par le sentiment de permanence et d’accord avec la nature qu’elle manifeste. On la retrouve édulcorée, accordée à une sensibilité «arcadienne», à la poésie tranquille [...]». Cette sensibilité «arcadienne», au cœur de la poésie pastorale, est mentionnée plus loin. Il est question des lettrés et de leur rapport au paysage pastoral, considéré comme un lieu amène. [...]

Au XVIIe siècle, textes et images sont donc bien en corrélation pour célébrer la nature et donner à lire et à voir la symbolique des éléments du paysage européens, réel ou mythique (Cecile Devos, Locus amoenus-locus horridus : les représentations du paysage en Espagne au Siècle d’Or dans les textes et les images, 2023 - theses.hal.science).

Marie Madeleine

Le chapitre 8 de l’Évangile selon Luc la cite comme l’une des femmes qui ont soutenu le ministère de Jésus «à partir de leurs ressources», ce qui sous-entend qu’elle était riche. Le même passage l'identifie comme la femme dont sept démons ont été chassés. L'Église de Rome considère, à partir du pape Grégoire Ier, au VIe siècle, que Marie de Magdala ne fait qu'une avec Marie de Béthanie (Luc 10:39) ainsi qu'avec la pécheresse anonyme qui oint le Christ de parfum (Luc 7:36-50), ce qui propage l'idée que Marie Madeleine était une prostituée repentante (fr.wikipedia.org - Marie Madeleine).

Magdala est le nom d'une ancienne ville de Galilée située sur la rive ouest du lac de Tibériade en Israël. Dans les sources antiques, elle est désignée sous le nom grec de Tarichée. Dans la littérature rabbinique, elle apparait visiblement sous les noms araméens de Migdal Nunaya et Migdal Sabaya. La ville est fondée vers la fin du IIe siècle av. J.-C. par les Hasmonéens. Elle devient une capitale régionale prospère pendant la période romaine avant d'être éclipsée par Tibériade.

La tradition chrétienne associe à cette ville le personnage de Marie la Magdaléenne. Magdala n'est pas mentionnée dans le Nouveau Testament, mais la forme adjectivale magdalene qui caractérise Marie se rapporte vraisemblablement à la ville de Magdala (fr.wikipedia.org - Magdala (Israël)).

Au fond de toute légende, il se trouve un grain de vérité. Pour bien extraire celui-ci, il nous faut un instant revenir aux sources évangéliques. Et tout d'abord pour une mise en garde. C'est saint Luc qui nous a transmis le récit le plus circonstancié du repas de Jésus chez le pharisien Simon, à Béthanie. Et, de cette femme qui menait dans la ville une vie déréglée et qui répand sur les pieds du Maître un nard précieux, saint Jean nous dit quelle s'appelait Marie et qu'elle était la propre sœur de Marthe et de Lazare. Voilà bien déterminée la famille qui accueillait le Sauveur aux portes de Jérusalem. Rien en cela qui nous rappelle l'autre courtisane, celle des bords du lac de Génésareth. Car saint Luc, dans son récit, ajoute quelques lignes plus bas : «des femmes s'étaient mêlées aux disciples qui accompagnaient Jésus dans sa prédication; elles le suivaient par reconnaissance, car il les avaient délivrées d'esprits malins et, du nombre, se trouvait Marie de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons.» De ce texte formel, il résulte que la Madeleine, l'intrépide assistante du Calvaire et le témoin favorisé de la première apparition du Christ glorieux, n'était point Marie de Béthanie ; qu'il y eut là, à l'origine, deux pécheresses distinctes touchées d'un même repentir, mais que la plus en vue des deux absorba l'autre. Madeleine dut ainsi passer de très bonne heure dans les générations chrétiennes pour avoir été la sœur de Lazare et de Marthe. Et ce sont ces trois personnages désormais connexes, inséparables, que nous voyons aborder aux côtes de Provence (Joseph Calmette, Henri David, Les grandes heures de Vézelay, 1951 - www.google.fr/books/edition).

Rendez-vous

«Or, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus les avait appelés.» (S. Matth., XXVIII, 16.)

Saint Matthieu lie, dans sa courte narration, le voyage des disciples en Galilée avec le récit d'une apparition de Jésus-Christ sur cette montagne où il leur avait donné rendez-vous pour 'se manifester à eux. Il passe sous silence une apparition antérieure de Jésus-Christ, qui avait fait aussi en Galilée plus qu'il n'avait promis à ses disciples, puisque son amour les surprit, au lac de Tibériade (qu'on appelle aussi lac de Génésareth), avant qu'ils eussent atteint la montagne. Car voici ce que raconte saint Jean :

«Ensuite Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et il se manifesta ainsi : Simon-Pierre et Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble Simon-Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous allons aussi avec vous. Et ils sortirent, et ils montèrent dans une barque; et ils ne prirent rien cette nuit-là. Le matin venu, Jésus parut sur le rivage; les disciples néanmoins ne s'aperçurent point que c'était lui.»

L'évangéliste ne nous dit pas si leurs yeux étaient fascinés de manière à ce qu'ils ne le connussent point, ou, s'il leur apparut sous une autre figure (Friedrich Leopold von Stolberg, Histoire de N. S. Jésus-Christ: et de son siècle, 1843 - www.google.fr/books/edition).

C'est donc en Galilée qu'il faut la placer; en Galilée, où, par trois fois, un rendez-vous avec le Christ ressuscité avait été donné aux disciples (Matth., XXVI, 32; cf. Marc, XIV, 28; - Matth., XXVIII, 7, cf. Marc; XVI, 7; Matth., XXVIII, 10). D'après cela, on peut donc confondre cette grande manifestation dont parle notre apôtre avec celle qui s'accomplit en Galilée, selon les Evangiles, après l'apparition aux sept disciples occupés à pêcher sur le lac de Génésareth (E. L. Pruvot, La résurrection de Jésus-Christ : sa vérité et son importance, 1873 - www.google.fr/books/edition).

Saint Jacques, celui de Compostelle sur un chemin duquel Aiguilhe se trouve (Via Podensis), était fils d'un pêcheur du lac de Tibériade appelé aussi mer de Galilée ou lac de Génésareth : cf. la "mer cantabrique" dans laquelle on peut voir le nom de ce lac traduit par Lizarrague, translittérateur de la Bible, par le mot basque pour "mer". C'est sur le lac de Génésareth que Jésus marche sur les eaux : cf. énigme 560.