Partie XIV - Le Serpent rouge   Le voyage de l’âme   Lion   
SERPENT ROUGE SCEAU DE PALAJA LION

LION

« De celle que je désirais libérer, montaient vers moi les effluves du parfum qui imprégnèrent le sépulcre. Jadis les uns l’avaient nommée : ISIS, reine des sources bienfaisantes, VENEZ A MOI VOUS TOUS QUI SOUFFREZ ET QUI ETES ACCABLES ET JE VOUS SOULAGERAI, d’autres : MADELEINE, au célèbre vase plein d’un baume guérisseur. Les initiés savent son nom véritable : NOTRE DAME DES CROSS. »

Les effluves

Il y a deux sortes d'effluves : les uns purs, clairs, brillants, qui entretiennent et augmentent l'élément actif et intelligent, le feu. Ce sont eux qui forment la substance des astres, de la foudre, des âmes. Il ne s'agit pas, naturellement, du feu ordinaire, mais d'un élément subtil, presque incorporel et dont la nature rappelle celle de l'électricité. Les autres sont des gaz sombres ou invisibles : ils augmentent dans le monde la masse de l'élément aqueux, qui tantôt l'emporte sur le feu et tantôt est dominée par lui. Tous les phénomènes astronomiques et météorologiques s'expliquent par l'action de ces effluves. Le soleil, par exemple, fait le jour ou la nuit, selon que prédominent en lui les effluves lumineux ou sombres. La vie psychique aussi s'explique par l'action combinée et l'alternance des deux sortes d'effluves. Les âmes sont formées d'effluves clairs et purs, mais des effluves sombres peuvent se mêler aux premiers et même prévaloir dans l'âme. Dans le premier cas, il s'agit évidemment des âmes qui ne sont pas incarnées dans un corps humain : le degré plus ou moins grand de leur pureté leur confère une puissance et une dignité plus ou moins élevées. C'est là, sans doute, l'équivalent des diverses catégories d'êtres surnaturels que la religion vulgaire distinguait sous le nom de dieux, démons, héros. Ces âmes sont les suivantes et les servantes de la Raison universelle : elles s'intéressent, par exemple, au sort des hommes, elles les inspirent, et elles sont instituées gardiennes des vivants et des morts. Fatiguées de toujours servir, de toujours servir, de toujours remplir le même rôle, poussées par le désir du changement qui est, pour elles, une source de repos, et aussi par l'ambition de commander à leur tour, elles arrivent à la génération et s'incarnent dans des corps humains.

En parlant de cette existence extra-terrestre, Héraclite s'inspire visiblement, non seulement dans son langage qui, dans l'exposé d'un tel sujet, est nécessairement influencé par ses devanciers et par conséquent imagé et mythique, mais encore dans ses idées, des conceptions des grands courants mystiques du temps. Cette incarnation constitue une déchéance pour l'âme : les effluves sombres commencent à prédominer en elle et le feu psychique se transforme en eau. L'élément supérieur suit maintenant la voie de descente (ij ôôôç xârco), suivant un processus par lequel le feu du monde aussi se mue en eau. Cette dégénérescence, Héraclite qui est volontiers porté aux extrêmes dans l'expression de sa pensée, l'appelle rudement la mort de l'âme. C'est également le terme qu'il emploie pour désigner la transmutation des éléments (A. Delatte, Héraclite, L'Antiquité classique, Volume 3, 1934 - books.google.fr).

Isis et Marie Madeleine, personnification de l'âme

Isis

L'âme humaine à l'instar de l'univers est harmonie, parce qu'elle a été façonnée d'éléments contraires. Cette idée de l'âme harmonie est exprimée par Simmias, disciple de Philolaos, dans le Phédon". Ici l'âme apparaît comme l'harmonie du corps, dans le sens d'union d'éléments contraires, d'équilibre entre les différentes parties du corps. Cette doctrine est incompatible avec la croyance en l'irnmortalité de l'äme, ce qui amène à faire une distinction, selon Lascaris, entre l'âme mortelle ou psyché et l'âme immortelle, daimon, esprit. Par ailleurs, l'harmonie se trouve dans l'âme même, composée de parties différentes. Ainsi, l'homrne participe de l'haimonie de l'univers. L'âme crée l'harmonie du corps dans l'ordre psychique; elle réalise l'harmonie entre les quatre tempéraments et surtout, d'elle dépendent l'équilibre et la maîtrise des passions. Chez les Pythagoriciens, l'harmonie de l'äme, l'équilibre l'équilibre, la sérénité, la beauté, la vertu et le bonheur constituent des notions intimement liées (Paloma Otaola Gonzalez, La Pensée musicale espagnole à la Renaissance: Héritage antique et tradition médiévale, 2008 - books.google.fr).

La mort n'est que l'abandon par l'âme du corps. Car seule elle lui donne vie et mouvement sans que les changements de ce corps n'affectent sa simplicité et son immortalité, car il n'agit pas mais subit l'action. C'est pourquoi Ficin refuse l'idée qu'on définisse l'âme comme l'harmonie du corps, au sens où elle serait le lien de parties dont le tout dépendrait. Elle n'aurait dans ce cas aucune nature propre, aucune indépendance, et ne subsisterait pas par elle- même. Toute harmonie n'est donc pas synonyme d'âme. L'harmonie est bien plutôt un produit de l'âme. (Pierre Magnard, Marsile Ficin: les platonismes à la Renaissance, 2001 - books.google.fr).

Cette fonction de l'âme visant à l'harmonisation du corps trouve une allégorie dans la mythologie égyptienne où Isis rassemble les 14 morceaux du corps d'Osiris. Faire d'Isis l'âme d'Osiris trouve peu d'écho dans la documentation.

Au dire d'E. de Rougé, le zodiaque du temple de Dendérah nous montre : "Sothis (ou Sirius) représentée par la vache d'Isis couchée dans une barque, l'étoile en tête et le signe de la vie (ankh) pendu au cou. Sothis était en effet Isis dans le ciel. L'âme d'Osiris était censée résider dans un personnage qui marche à grands pas devant Sothis, le sceptre en main et le fouet sur l'épaule; il porte la couronne du midi" (Paul Casanova, De quelques légendes astronomiques arabes considérées dans leurs rapports à la mythologie égyptienne, 1903 - scans.library.utoronto.ca).

L'âme d'Osiris ne peut-elle pas cependant être symbolisé par Sothis, la représentation bovine d'Isis dans une barque ?

Les parties du corps d'Osiris sont dispersées aux quatre coins de l'Egypte, des temples les conservent. Le corps d'Osiris est une métaphore du pays Egypte, alors qu'Isis en est la reine et l'âme.

Marie Madeleine

Dès les premiers siècles, en effet, on a vu dans Marie-Madeleine, celle qui aime Jésus, celle que le Moyen Age appellera la bienheureuse amante du Christ (beata dilectrix Christi) ; la « sainte demoiselle pécheresse » sera aussi la « Veuve tourterelle », celle qui pleure son ami perdu, selon le commentaire d'Alain de Lille au verset du Cantique des Cantiques : « Vox turturis audita est », « Per turturem quae — ut dicitur — inconsolabiliter dolet amisso pari, figuratur Maria Magdalena quae maxime doluit viro spirituali, id est judese, audita fuit, quando resurrectionem anuntiavit. » Ce dernier trait est évidemment essentiel : Madeleine est celle qui annonça aux disciples la résurrection, car elle fut la première à voir le Ressuscité ; elle avait cru que c'était le jardinier, mais Il l'appela par son nom (Jean, XX, 11 à 17) et elle Le reconnut; son nom, à elle, c'est Marie, rien d'autre ; c'est important, le nom, surtout donné par celui qui a vaincu la mort. Alors Il lui dit telles et telles choses, et les chrétiens des premiers siècles et les gnostiques ont été frappés par ce privilège de Marie ; saint Epiphane nous rapporte d'ailleurs ce que certains gnostiques ont cru être cet enseignement du Christ ressuscité, enseignement réservé, secret, à la seule Marie (dite Madeleine) (Paulette Duval, Parallélisme entre un archétype féminin dans l'alchimie grecque et arabe et la figure de Marie-Madeleine, Marie Madeleine dans la mystique, les arts et les lettres: actes du colloque international, Avignon, juillet 1988, 1989 - books.google.fr).

Deja la colombe blanche / Dedans l'Arche est de retour / Auec une Verte branche, / Et la Tourtre fuit autour / Sa compagne qui s'aduance.

L'ame est aussi appellée Tourterelle, parce qu'elle a ressemblé en ce cas la Tourterelle quand elle a trouué sa compagne tant desirée. On dit que quand la toutterelle a perdu sa compagne qu'elle ne se perche jamais sur une branche verte, ny boit de l'eau claire ny froide, ny se met à sobre, mais l'ayant trouvée elle ioiiitde tout cela: toutes ces proprietez conviennent à 'ame, car auant que de paruenir à cette union spirituelle auec son amy, elle se prive de tous plaisirs de s'asseoir sur des branches vertes, des honneurs du monde, & du goust de l'eau claire & froide, des rafraichissemens &c saveurs du monde, qui est de fuir l'ombre, sans se vouloir reposer en chose que ce soit, gemissant apres la solitude de toutes choses jusqu'à ce qu'elle ayt rencontré son Espoux. Et d'autant que cette ame avant que de parvenir à cet estat, alla cherchant son amy comme la Tourterelle, sans vouloir prendre aucune consolation qu'en luy seul: le mesme Espoux chante icy la fin de ses trauaux, & l'accomplissement de ses desirs; disant que la Tourterelle a deja trouué son amy tant desiré sur les verds rivages, c'est à dire qu'elle s'assied deja sur la branche verte, s'esjouissant en son amy, & qu'elle boit deja de l'eau claire de la vie contemplative & sagesse de Dieu, & froide, c'est le rafraichissement qu'elle trouue en luy, se mettant aussi à l'ombre de la protection & faueur qu'elle avoie tant souhaittée, où elle est consolée & refectionnée savoureussement, même elle se resjouit és Cantiques : Ie me suis reposée à l'ombre de celuy que j'avois tant desiré, & ses fruicts sont doux à ma gorge (Jean de La Croix, Cantique d'amour divin entre J.-C. et l'âme dévote, traduit et commenté par René Gaultier, 1622 - books.google.fr).

Saint Jean de La Croix est le "premier Religieux de l'Ordre des Carmes deschaussez, & Coadiuteur de la saincte Mere Téreze."

Comme l'exprime Diego de Valera, les intellectuels castillans comme tous leurs contemporains occidentaux, sont imprégnés de la belle théorie-image paulinienne développée par saint Thomas d'Aquin, l'Etat est un corps, le roi en est l'âme et la tête, les catégories sociales en composent tous les membres, les uns et les autres s'entre équilibrant sous cette direction royale (Béatrice Leroy, Des Castillans témoins de leur temps: la littérature politique des XIVe-XVe siècles, 1995 - books.google.fr).

Tripartition

La citation des trois noms Isis, Madeleine et Notre Dame renvoie peut-être à une tripartition de la personne humaine. Du fait de son rôle d'harmonie, rassemblant les 14 morceaux du corps d'Osiris, Isis reste l'âme. Madeleine, elle, serait le corps, et Notre Dame le pneuma/esprit comme cela est précisé dans La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet : Etudes particulières de psaumes : Psaumes 54, 119 et 129 : Hautpoul et Noli me tangere et Autour de Rennes le Château : BERGERE PAS DE TENTATION QUE POUSSIN TENIERS GARDENT LA CLEF PAX DCLXXXI PAR LA CROIX ET CE CHEVAL DE DIEU J ACHEVE CE DAEMON DE GARDIEN A MIDI POMMES.

Le vase de potier, de terre et d'eau, est associé au corps comme chez Catherine de Sienne :

Tandis que j'étais inanimée, ma peur des démons, cependant, s'était évanouie. Soudain l'humble Agneau vint s'offrir à mon âme en disant : « N'en doute pas : j'accomplirai tes désirs et ceux de mes autres serviteurs, car je veux que tu voies que je suis un bon maître. J'agis comme le potier qui défait et refait des vases, selon son bon plaisir. Je sais faire et défaire mes vases. Aussi ai-je pris ce vase qu'est ton corps et je le refais dans le jardin de la sainte Église, mais d'une façon différente. » (Lettre 373 à Raymond de Capoue) (Catherine de Sienne, Lettres aux religieux et aux prêtres, 2017 - books.google.fr).

"Notre Dame des Cross" est le vrai nom de celle dont les effluves "imprègnent le sépulcre". Ce qui signifie que Madeleine et Isis ne sont pas les vraies dénominations.

Il y a d'autres effluves qui sont celles du pneuma :

Le pneuma désigne donc, d'une part, des effluves matériels, surtout de la terre, tandis que, d'autre part, il indique une lumière divine que entre dans l'âme et y occupe la place de l'intelligence. Le pneuma a été employé également pour désigner une force mystérieuse, dont les magiciens et les alchimistes s'emparent en vue d'obtenir un but pratique : pour les alchimistes, il s'agit de la fabrication de l'or ou de l'argent; pour les magiciens, il s'agit des réalisations les plus diverses (Gérard Verbeke, L'évolution de la doctrine du pneuma du stoïcisme à S. Augustin : étude philosophique, 1945 - books.google.fr).

Dans l'incarnation, le pneuma devient eau comme l'âme devient terreuse : eau et terre de la Stella luti (étoile de boue) (Autour de Rennes le Château : Stella luti : Eau, Terre, âme et pneuma).

Sépulcre

Or, dans la langue grecque, corps est synonyme de lien, et a beaucoup d'analogie avec un autre mot qui signifie tombeau de l'âme (Commentaire sur le Songe de Scipion, Livre 1, Oeuvres complètes de Macrobe, 1850 - books.google.fr).

Le lieu : Rieux-Minervois

A Rieux-Minervois, il existe encore, à l'une des extrémités du pont sur l'Argent Double, un oratoire dit Chapelle du bout du Pont dont la construction remonte au XVIème siècle et serait due à l'accomplissement d'un vœu formé au cours d'une tempête par un de Noailles, possesseur d'un fief situé a Rieux (Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude, Volumes 19 à 20, 1908 - books.google.fr).

La chapelle porte le nom de Notre Dame des 7 douleurs. Elle se trouve plus précisément à la limite du secteur du Cancer mais la plus grande partie de la commune de Rieux est dans le secteur du Lion.

Or en anglais "cross" traduit aussi bien croix qu'affliction comme en français.

La phrase tirée de l'évangile de Mathieu 11,27 "VENEZ A MOI VOUS TOUS QUI SOUFFREZ ET QUI ETES ACCABLES ET JE VOUS SOULAGERAI" est associée à la fresque dite de la "Montagne fleurie" qui ne serait autre qu'une carte de la région de Rouziers/Naucaze/Toursac (Troussac !) (Autour de Rennes le Château : La Montagne fleurie : Le Christ s’est arrêté à Vixalort).

La seigneurie de Rieux-Minervois, possédée au 12ème siècle par les vicomtes de Minerve, sous la suzeraineté des comtes de Carcassonne, est confisquée après la croisade albigeoise de 1210. Le roi Saint-Louis inféode cette seigneurie en 1230 à Raymond de Saverdun. Les héritiers des Saverdun vendent la terre de Rieux en 1372 à Nicolas de La Jugie, d'une famille du Limousin, établie dans le diocèse de Narbonne à la suite de Pierre de La Jugie, archevêque de Narbonne (de 1347 à 1375), neveu du pape Clément VI, ancien archevêque de Saragosse, futur archevêque de Rouen et cardinal. La famille de La Jugie est apparentée aux papes Clément VI, Grégoire IX et aux évêques de Saint-Pons, Mgr Pierre Roger et Mgr Pierre de Canillac. A partir de 1372, la terre de Rieux est transmise successivement, par alliances matrimoniales aux maisons de Puydeval (1375), de Morèze (1458) et de Monstiers de Mérinville (1642), hormis un intermède de 1707 à 1739 (la famille est alors dépossédée par des créanciers) (saint-pons-de-thomieres.pagesperso-orange.fr - Baronnie de Rieux).

Âme de Pierre de La Jugie emportée au ciel, fresque de la cathédrale Saint-Just de Narbonne - fr.wikipedia.org - Pierre de La Jugie

D'après la tradition, ce fut un des membres de la famille de Noailles, originaire de Rieux, qui, se trouvant en mer, assailli par une violente tempête, fit voeu d'élever une chapelle en l'honneur de Notre-Dame des Sept-Douleurs, si par l'intercession de celle-ci, il évitait le naufrage, et c'est à la suite de ce voeu que le sieur de Noailles, sorti sain et sauf de sa périlleuse situation, fit élever le sanctuaire que nous voyons encore aujourd'hui.

La famille de Noailles habitait déjà Rieux au quinzième siècle et ce n'est qu'en 1653 qu'elle s'éteignit le 15 du mois de septembre en la personne de Catherine de Noailles, veuve d'Antoine Rozières. La famille de Noailles jouissait d'une assez grande fortune et possédait un fief noble dans les territoires de Peyriac et d'Azille, et les trois domaines de la Rèse, des Homps et de la Borio naouto: ceci en 1556 et 1581, comme il en est fait mention dans les documents de cette époque.

De la maison habitée par la famille de Noailles, et que l'on montre encore à Rieux, on pouvait voir le monument élevé à la suite du voeu et tout donne à croire qu'il fut érigé sur un terrain lui appartenant. En effet, l'un des membres de cette famille, nommé Jean, dans son testament à la date du 4 mai 1599, fait mention d'un jardin qu'il possède attenant à la chapelle du bout du pont.

Le testament de Marthe de Gondail, lequel date du 9 avril 1670, contient un legs de 10 livres au profit de la chapelle du bout du pont; il déclare en propres termes que cette chapelle appartient à la testatrice. Or elle ne pouvait appartenir à l'épouse de noble Pierre de la Pucelle que parce que sa grand'tante, Jeanne de Gondail, dont son père avait été l'héritier universel (30 décembre 1605), en avait reçu la propriété de son mari Etienne de Noailles.

A-t-on besoin d'une dernière preuve ? Elle nous est fournie par les armoiries des Noailles que l'on voyait gravées à la clef de voûte de la chapelle avant qu'on y ait appliqué cette malencontreuse couche de peinture qui la dérobe aux regards. Ce privilège était, on le sait, réservé aux fondateurs des églises et des chapelles. Cependant dans une récente visite (octobre 1927) j'ai pu discerner sur cette clef de voûte le buste d'un personnage barbu, coiffé d'une tiare, accolé de deux figures d'anges, celui placé à dextre tenant une croix terminée au fond par une boucle. Au-dessous, un écusson avec bande, mais dont il est impossible de discerner les couleurs, qui étaient, sans doute, d'or et de gueules (Armorial des Etats du Languedoc. Noailles, p. 87). (G. Sicard, Rieux-Minervois, Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, 38ème année, Tome XXXII, 1928 - gallica.bnf.fr).

Les Noailles de Rieux et ceux du Limousin semblent porter les mêmes armes. Les La Jugie, baron de Rieux, étaient Limousins comme les Morèze. Une alliance entre Noailles et La Jugie a eu lieu entre Géraud de La Jugie seigneur de Puydeval et Françoise de Noailles dont Françoise (gw.geneanet.org - pierfit, La Jugie).

Il y a un Gondal à Palaja, château, nom d'un des anciens propriétaires. François Gondalh ou Gondailh, notaire, fut consul de Carcassonne en 1608; son fils Antoine, aussi notaire, décéda vers 1626; Jean de Gondail, docteur, était premier consul de Carcassonne en 1637 (basilique-saint-nazaire.over-blog.com - Palaja).

La famille de Noailles, d'origine limousine (Noailles près de brives-la-Gaillarde), acquiert peu-à-peu des biens en Haute-Auvergne, à partir du XIVe siècle. Elle y occupe une place éminente dans les domaines judiciaires, militaires, seigneuriaux, religieux, architecturaux. Parvenue, à partir des années 1660, au sommet des honneurs de la Cour (ducs et pairs, les Noailles deviennent maréchaux de France, ambassadeurs, ministres, cardinaux), elle conserve, jusqu'à la Révolution, des biens dans l’actuel Cantal.

En 1602, Henri de Noailles arrêta Monsieur de Morèse, complice de la conspiration de Biron, et le fit exécuter. Il était conseiller d'État, lieutenant général du Haut pays d'Auvergne, gouverneur d'Auvergne, habitait au château de Pénières à Montvert (Cantal) au nord de Rouziers. Il avait épouée en 1578 Jeanne-Germaine d'Espagne, fille de Jacques et de Catherine de Narbonne, fille de Jean seigneur de Salelles de Narbonne, seigneur de Sallèles d'Aude (1490-1557) (gw.geneanet.org - pierfit, Noailles, fr.wikipedia.org - Maison de Noailles).

Les guerres religieuses furent particulièrement féroces à Aurillac. En 1569 les protestants s'emparent de la ville et s'y installent pendant vingt et un mois, multipliant les destructions. Ils finiront par tirer au canon sur les voûtes de l'église. Charles de Noailles, fils d'Henri, 55ème abbé d'Aurillac en 1606 puis évêque de Saint-Flour de 1610 à 1646, entreprit la reconstruction, qui dura jusqu'en 1643. Encore ne reconstruisit-on pas tout : la nef fut arrêtée après la première travée (Pierre Moulier, Eglises romanes de Haute-Auvergne: La région d'Aurillac, 1999 - books.google.fr).

« L’action épiscopale de Charles de Noailles répond à deux exigences : le service de Dieu, le service du roi. Prélat réformateur et borroméen, malgré la tare originelle de tenir l’évêché de Saint-Flour d’un prédécesseur confidentiaire, Noailles entreprend d’introduire ordre et discipline dans un diocèse longtemps vacant et sous-administré, et de corriger insuffisances et dérèglements des clercs, mais aussi des fidèles. À cette double fin, il fait appel à des communautés religieuses et institue des conférences ecclésiastiques, sans aller, au moins dans le diocèse de Saint-Flour, jusqu’à la fondation d’un séminaire.

Noailles mêle tâches spirituelles et activités profanes, restauration diocésaine et ambition parisienne qui, loin de s’opposer, s’épaulent. Par désir d’honneur et de gloire, conforme aux valeurs de la noblesse de race, il rêve d’un grand rôle politique et d’un chapeau de cardinal. Il flatte et sert les hommes d’autorité, et d’abord le roi et Richelieu. Dès 1630, il milite dans la Compagnie du Saint-Sacrement, société dévote et secrète qui travaille à la réformation religieuse et morale du royaume. En 1632, il publie L’Empire du Juste, panégyrique du dédicataire, Louis XIII le juste. Dans ce traité de politique chrétienne, destiné à séduire le roi, il développe un code de bonne conduite du prince, d’un prince subordonné à Dieu, à l’opposé des pratiques réalistes et machiavéliennes du cardinal-ministre. Suffisante raison pour laisser Noailles dans un évêché crotté, dont il ne sort qu’en 1646, par transfert de Saint-Flour à Rodez, quatre ans après la mort de Richelieu. Il meurt en 1648 » (Joël Fouilheron).

Louis-Antoine de Noailles, petit-neveu de Charles de Noailles, évêque de Cahors entre 1679 et 1680, devint ensuite cardinal-archevêque de Paris (L’Empire du Juste, de Charles de Noailles (1632) - archives.cantal.fr).

Charles de Noailles, évêque de Saint Flour

Depuis la fin du XVIe siècle, les Noailles avaient soutenu la Contre-Réforme catholique de leur « pays ». En tant qu'abbé-comte d'Aurillac, Charles de Noailles, évêque de Rodez, avait implanté dans à Aurillac le monastère de la Visitation Sainte-Marie, dont sa nièce, Marie-Christine de Noailles, fut la supérieure. Avec son frère aîné François, comte de Noailles, Charles établit, en 1624, le couvent des Récollets de Brive. Outre les motifs purement religieux, cet engagement tridentin répondait à un souci de bien gérer leur « pays ». Louise de Boyer, duchesse douairière de Noailles, et son fils Anne-Jules, duc de Noailles, se sentaient obligés d'assurer la conversion des « hérétiques » dans leurs seigneuries. Tous deux fondèrent à Sarlat un séminaire de prêtres, pour évangéliser leurs vassaux. [...] Confié aux Lazaristes, le séminaire de Sarlat organisait au moins une mission tous les dix ans dans chaque paroisse appartenant aux Noailles, avec « prières publiques pour le Salut, santé et prospérité desdits fondateurs et de leur famille ».

A travers des mariages avec les enfants illégitimes de Louis XIV, ou avec des memebres des familles des favorites, les Noailles devenaient, par alliance, les cousins aux dixième et onzième degrés de Louis XV.

A l'instar de maints nobles auliques, les Noailles délaissèrent leur berceau originel au profit de Paris. Le choix des lieux de sépulture montrait aux yeux de tous ce rééquilibrage géographique. Anne, premier duc de Noailles, fut le premier qui demanda à être enterré à Paris, dans une chapelle de l'église Saint-Paul appartenant à son épouse. L'accession de son fils, Louis-Antoine, à l'archevêché de Paris permit aux Noailles d'ériger une chapelle de Noailles dans cette même église. En 1708, à la mort d'Anne-Jules, maréchal-duc de Noailles, la chapelle fut agrandie pour accueillir un mausolée contenant les corps de celui-ci et de ses « descendans en ligne directe [...] portants son nom et ses armes ». Ancrés désormais dans l'espace parisien, ces derniers se désintéressèrent de la gestion de leur « pays », confiée à des intendants et secrétaires (Agnès Ravel-Cordonnier, Les courtisans, le Roi et le gouvernement du « pays » : noblesse aulique et décentralisation dans la France du XVIIIe siècle, L'invention de la décentralisation XVIIe-XIXe siècle, 2009 - books.google.fr).

Le tableau de Jean saissac à Rieux

On sait, par la signature lisiblement apposée, que le peintre François Saissac réalisa le tableau en 1669. Il résulterait d'un don pour l'église de Rieux inscrit 147 ans plus tôt dans le testament d'Ambroise de Noailles, rédigé en 1552. Le peintre François Saissac résidait dans la région de Carcassonne. Il peignit un autre tableau dans l'église paroissiale de St-Polycarpe, près de Limoux et voisine de la célèbre abbaye de St-Polycarpe. Inclus dans un rétable, le tableau représente la présentation de Jésus au temple par ses parents, en présence du vieillard Siméon et de la prêtresse Anne. Un épisode rapporté dans l'évangile de Luc (2.22-38) et bien connu des chrétiens, ce qui permit au peintre de ne pas préciser les noms des personnages représentés, contrairement au tableau peint pour l'église de Rieux.

Toutefois plusieurs des personnages représentés sur le tableau de St-Polycarpe ressemblent fort aux quatre saints du tableau de Rieux : mêmes yeux, mêmes nez, mêmes mâchoires arrondies. A l'exception de la barbe qu'ils ne portaient pas dans le tableau de Rieux peint 19 ans plus tôt.

Le tableau de Rieux représente la Vierge couronnée, c'est-à-dire Reine du Ciel, présentant l'enfant Jésus à quatre saints. La Vierge et l'enfant sont éclairés par une lumière céleste, la lumière de la révélation que délimitent cinq anges. Les saints personnages, situés en dessous et encore dans l'ombre de leur vie terrestre, sont, de droite à gauche : St Jacques identifiable par les coquilles ornant son vêtement et son bâton (le bourdon) ; St Roch, affligé d'un bubon sur la jambe gauche accompagné d'un ange qui soigne sa plaie, à proximité se tient le chien portant le pain nourissier ; St Jean le Baptiste vêtu d'une peau de bête ; L'évêque St Eutrope.

Les saints représentent symboliquement le donateur et les personnes qui lui sont chères. On peut penser que la famille de Noailles avait une vénération particulière pour ces quatre saints, en particulier pour St Eutrope, particulièrement vénéré en Charente (www.aude.catholique.fr - Rieux).

Jean Saissac, La Vierge, reine du Ciel - www.ladepeche.fr

On retrouve Eutrope dans le Cantal, patron des estropiés, estroussats cantaliens d'où Estresses à Saint Julien de Toursac à côté de Rouziers (Autour de Rennes le Château : La Montagne fleurie : Le Christ s’est arrêté à Vixalort).