Partie XII - Arsène Lupin de Maurice Leblanc   Arsène Lupin et la Croix d’Huriel   Les soeurs Archignat   
ARSENE LUPIN MAURICE LEBLANC ILE AUX TRENTE CERCUEILS SAREK

Archignat de l'île de Sarek

Archignat est une commune juste à côté d'Huriel.

Quinze ans plus tard, Véronique arrive dans le petit village du Faouët. Elle a fait appel à un détective privé. Ce dernier a appris que Vorski était mort. Le détective a également appris qu’il y a dans un petit village, pas loin de Quimperlé, une maison avec sur la porte d’entrée une inscription, V d’H. Est-ce une coïncidence ? Dans le doute, Véronique se rend dans le village. C’est alors que des évènements curieux se succèdent à une vitesse étonnante. Elle arrive devant cette maison, entre, y découvre un cadavre. Elle trouve aussi un rouleau de papier qui représente quatre femmes crucifiées sur quatre arbres. L’une de ces femmes, c’est elle. Sur le côté du rouleau de papier, il y aussi une série d’inscriptions : « Quatre femmes en croix », « Trente cercueils », « La Pierre-Dieu qui donne mort ou vie… ». Puis le cadavre disparaît… (www.editionsdelondres.com - L'île aux trente cercueils).

Les quatres femmes en croix font bien penser aux quatre sommets de la Croix d'Huriel, Huriel, Fronsac, Rochemaure et La Cassaigne.

Le fils de Véronique d'Hergemont, François, a pour tuteur Stéphane Maroux. Le nom de Desmaroux est commun dans le Bourbonnais :

Gilbert Desmaroux de Gaulmin (11 février 1815, Montmarault, Allier - 19 août 1885, Saint-Gérand-le-Puy, Allier), est un homme politique français. Desmaroux (Dr Georges). — Né à Huriel, le 26 mars 1850. D. M. P. Médecin de l'hôpital civil de Vichy.

Miribel-Lanchâtre comprend le lieu-dit Pierre Dieu et se trouve près de l'axe du 28 novembre (Barcelonnette) sur lequel se trouve Huriel. Miribel correspond plus particulièrement à l'axe du 27 novembre où se trouve encore Huriel (en effet plus on est près du centre, plus les axes sont resserrés), à l'opposé de celui de Saint Michel en Grève (Côtes d'Armor) du 28 mai.

Un jour le Bon Dieu déguisé en mendiant est venu sur terre voir ce que devenaient les hommes. Il s’est arrêté à Bayannne (lieu dit actuel de Cassoulet). Il est alors passé dans toutes les maisons pour demander la charité, mais , partout, on l’a rejeté. Puis il est arrivé à la ferme des ALLIBERT. L’accueil y fut chaleureux. On lui offrit une soupe bien chaude et un lit. Le mendiant dit alors à ces braves gens: « Cette nuit, vous entendrez un grand bruit, mais surtout ne bougez pas…! » Effectivement au milieu de la nuit, un grand fracas réveilla les habitants de Bayanne. Au lever du jour, le mendiant était parti et la ville était anéantie. Les seuls rescapés étaient les paysans qui l’avaient accueilli. En quittant la ville engloutie, Dieu a laissé la preuve de son passage: on trouve, à une heure de marche de chez moi, un énorme rocher qui porte l’empreinte d’un pied gigantesque et qu’on appelle Pierre Dieu (miribel.lanchatre.free.fr - Légende).

La Pierre-Dieu se trouve à proximité de la Fontaine ardente, l’une des Sept Merveilles du Dauphiné.

Située au fond d’un ravin, en contre bas du hameau de la Pierre, entre Saint-Barthélémy et Miribel-Lanchâtre, la célèbre Fontaine a pour caractéristique de cracher en permanence des langues de feu. Dans la littérature, les marques d’intérêt, les descriptions, les tentatives d'explication concernant cette singularité dauphinoise ne manquent pas, et le premier témoignage authentique remonte à Saint Augustin (354-430) qui, dans son "Traité de la Cité de Dieu", mentionne la Fontaine Ardente, à côté d'une autre en Epire, pour mettre en évidence le toute puissance du seigneur". Mais il est probable que l'ont ait dès l'Antiquité vénéré Vulcain en ce lieu. D’ailleurs une légende rattachée au paganisme auréole ce phénomène naturel en contant les amours malheureuses de la nymphe Chloris pour le Dieu du Feu. A ce mythe païen, la tradition orale a préféré la légende de Bayanne, d'inspiration chrétienne. Au fil du temps, la Fontaine a souvent changé d'aspect : dans sa forme la plus spectaculaire, c'est une source d'où jaillit le feu lui-même ; et bien entendu, c'est cette union contre nature de deux éléments habituellement hostiles l'eau et le feu qui a surtout frappé les esprits.

On a découvert à proximité il y a deux siècles un autel avec une inscription : L. MATERNUS OPTATUS / VULCANO AUG. / SACRUM / P.

Vint ensuite, au XVIIème siècle, "l'incontournable Nicolas Chorier. La description qu'il en fit mérite d'être retenue : « [...] Elle est au pied d'une haute montagne, presque toujours recouverte de neige, et regarde le midy. Le feu ne sort que d'un espace d'environ quatre pieds en tous sens, où tombe d'en haut un petit ruisseau, dont les eaux ne s'y arrêtent qu'elles ne soient retenues par des gazons que l'on leur oppose comme une digue. On les voit après cela s'émouvoir et bouillonner. Et c'est une chose étrange que des flammes fréquentes passent à travers sans s'éteindre. Tantôt elles sont blanches, claires et transparentes, tantôt rouges, tantôt bleues, et souvent toutes ces couleurs y paraissent ensemble dans une admirable confusion. » L'historien réalisa une série de petites expériences. Il en nota quelques unes."

Selon un témoignage de ce même Nicolas Chorier (1612-1692) découvert en 1971, l'affaire des affiches rosecroix placardées à Paris en 1623, serait d'un canular lancé par un jeune étudiant en médecine, Étienne Chaume, avec quelques amis. Cette hypothèse était déjà avancée par Cyrano de Bergerac (1619-1655), dans son Histoire comique des états et empires du soleil, qui en parle comme d'« une certaine cabale de jeunes gens que le vulgaire a connus sous le nom de « Chevaliers de la Rose-Croix » »

Sylvain Eymard publiera dans l'Album du Dauphiné en 1836 l'explication gazeuse en sous-sol de ce phénomène (www.col-de-larzelier.fr - La fontaine ardente, fr.wikipedia.org - Rose-Croix, Claude Muller, Les mystères du Dauphiné, 2001 - books.google.fr).

La Fontaine ardente

5 ou 6 Vierges folles

Elles sont 5 dans l'évangile de Mathieu (XXV, 1-13), et dans L'île aux trente cercueils il y a 5 femmes proches de la folie où y ayant sombré : Honorine, l'aînée des soeurs Archignat, Gertrude, Clémence et Véronique elle-même : "La folie d’Honorine, d’ailleurs, qu’elle avait vue pour ainsi dire éclater, l’incitait à juger tous les événements comme provoqués par une sorte de déséquilibre mental dont les habitants de Sarek avaient tous été victimes", page 91 ; "Je deviens folle… folle comme François… mon pauvre François !" dit Véronique, page 86.

Dans plusieurs passages du Nouveau Testament, la lampe allumée signifie en effet l’attente. Toutefois, le texte le plus riche est sans conteste la parabole des vierges folles et des vierges sages, qui raconte l’histoire de dix jeunes filles, demoiselles d’honneur, chargées lors d’une noce d’accueillir l’époux. Cinq d’entre elles, dites sages, ont prévu de l’huile pour leurs lampes, ce que les cinq autres, dites folles, ont négligé de faire. Les vierges s’endorment, car l’époux tarde. Lorsqu’il paraît au milieu de la nuit, les cinq vierges sages peuvent allumer leurs lampes et entrer dans la salle de la noce. Les autres, qui ont perdu du temps à chercher de l’huile, trouvent à leur arrivée porte close, et la conclusion tombe comme un couperet. Lorsqu’elles lui demandent : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », l’époux (qui préfigure le Christ) répond : « En vérité, je vous le déclare, je ne vous connaît pas ». La morale de la parabole est une véritable exhortation à la vigilance : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Mt 25, 13).

L’allégorie des vierges sages et des vierges folles sert en dernier lieu à illustrer la séparation des bons et des méchants au jour du jugement dernier, rappelant le combat des vices et des vertus présent aux portails des églises romanes. L’immense lampe qui brûle dans le cimetière pour l’ensemble des âmes fidèles ne pouvait manquer de rappeler les petites lampes tenues par les vierges invitées à entrer à la noce et leur salvatrice vigilance.

La lumière qui se dégage de la lanterne préfigure également la clarté de la salle du festin de noce qui attend les justes. La parabole des dix vierges a aussi inspiré de nombreuses compositions euchologiques du Moyen Âge. Parmi elles, on peut mentionner la bénédiction des cierges de la chandeleur, qui développe, dans le même temps et la même région, le thème d’une lumière rédemptrice (crm.revues.org - Cécile Treffort, Les lanternes des morts : une lumière protectrice ? À propos d’un passage du De miraculis de Pierre le Vénérable, 2001).

Les lanternes des morts proches de l'axe de Saintes (24 mars) sont Antigny, Journet, Pers, Fenioux. Elles font penser aux menhirs creusés à l'intérieur pour le passage de la lumière qui éclairent l'intérieur des cryptes souterraines dans l'une desquelles se trouve la Pierre-Dieu.

Ainsi dit le Druide de L'île aux trente cercueils : "Sais tu d’où vient la lumière ? Car nous sommes dans les entrailles de l’île, et pas de fenêtres sur l’espace. La lumière vient des menhirs supérieurs, lesquels sont percés du haut en bas d’un canal qui va en s’évasant et qui dispense la clarté à pleins flots. À midi, avec le soleil, c’est féerique." page 297.

Le rôle de l'"Epoux" pour Véronique peut être joué par Vorski qu'elle retrouve dans l'île de Sarek, mais un époux maléfique digne d'une "vierge folle".

Si l'on compte Elfride, autre épouse de Vorski qui n'est citée qu'à partir de la page 320 du roman, on a 6 vierges folles : "– Et le rôle d’Elfride ? sa haine contre vous ? les menaces qu’elle vous a faites ? Paroles de folie, dont moi-même, ai-je dit à François, je n’ai pas compris le sens." page 381.

Elfride est un prénom qui connut une certaine vogue dans la littérature du XIXème sicèle et avant. Evariste-Désiré Desforges Parny écrivit une épopée dans laquelle la reine Elfride institue l'ordre des Rosecroix :

La sage Elfride , à ses pensers profonds / Long-tems livrée, affecte un front tranquille, / Promet au peuple une gloire facile, / Devant son trône assemble ses barons, / Et parle ainsi : « Soutiens de l'Angleterre, / Qu'à la victoire accoutuma mon père, / Un grand danger menace nos autels. / A des chrétiens ce mot seul doit suffire. / Mais des brigands l'audacieux délire / N'épargne rien : farouches et cruels, / L'amour encore envenime leurs ames. / Votre valeur protégera les femmes. / Dans ce moment, pour mériter leur choix, / Il faut savoir combattre et les défendre. / L'orgueil du rang n'a plus rien à prétendre : / Le brave seul sur le cœur a des droits. / Au brave armé pour le ciel et pour elles / J'offre en leur nom des écharpes nouvelles ; / La rose y brille au-dessous de la croix. / Pour leur donner un prix plus doux encore, / Présentez-les, belle et modeste Isaure. » (Evariste-Désiré Desforges Parny, Oeuvres complètes de Parny, Volume 1, 1824 - books.google.fr).

On pense avec cette Isaure à celle qui se prénommait Clémence, personnage médiéval légendaire, à laquelle on attribue la fondation des Jeux Floraux de Toulouse. Le premier concours de poésie eut lieu le 3 mai 1324. les jeux furent également instaurés en Catalogne, à Barcelone, en 1393 à l'initiative du roi Jean Ier d'Aragon et furent maintenus sous les auspices des monarques d'Aragon jusqu'à la fin du XVe siècle. En 1694, sous l'impulsion de Simon de La Loubère, la Compagnie des Jeux floraux devint l'Académie des Jeux floraux, nom qu'elle a gardé jusqu'à aujourd'hui. Louis XIV édicta les statuts de l'Académie, qui seront modifiés plusieurs fois par la suite. La langue des poèmes soumis à concours devint le français (fr.wikipedia.org - Académie des Jeux floraux).

Entre Pons et Cognac, près de Saintes et de son axe du 24 mars où se situe aussi Soulac, Pérignac offre une façade avec 6 vierges folles et six vierges sages.

Construite au XIIè siècle à l'emplacement d'une petite chapelle propriété de Guillaume Fier à Bras, Comte du Poitou, qui la donna en 989 à l'Evéché de St Jean-d'Angély, cette chapelle devient Eglise sous le nom de St-Pierre. De style roman et gothique, sa façade plusieurs fois remaniée et fortifiée au cours des siècles : suppression du pignon triangulaire, clocher modifié en tourelle de guet, portail plus petit qu'à l'origine, offre de magnifiques sculptures. Sur la façade la Vierge et les apôtres, la fenêtre à voussure décorée de têtes de chevaux. Le cordon inférieur orné d'un échiquier et le supérieur de douze figurines nues. Le grand motif de l'ascension dans une gloire en amande représente le Christ entouré de deux anges. Cette église était flanquée de deux monastères de Bénédictins au Sud, depuis disparus (www.perignac17.com).

L'église de Pérignac, vue de la place qui l'entoure et qui a remplacé, il y a quelques années, l'ancien cimetière, présente un aspect monumental imposant. Ses hautes voûtes, son clocher, peut-être un peu grêle à côté de la masse de la nef, sa façade très ouvragée, révèlent des maîtres d'oeuvres d'une autre envergure que ceux de Bougneau. Je ne parlerai pas du portail, déjà tout rongé par le salpêtre, bien qu'il ait été reconstruit au XV e siècle, mais la façade qui le surmonte, et qui est de la fin du XII e siècle, est remarquable. Un premier rang d'arcades, placé au-dessus du portail, contient les statues, malheureusement toutes décapitées, du Christ et des douze apôtres. Au-dessus, second rang d'arcades, dont les unes ont reçu les statues symétriquement et curieusement placées de cinq saints et saintes. Au milieu de cette seconde rangée s'ouvre une fenêtre originalement travaillée. Le plein cintre de son fronton est formé de tètes de chevaux sculptées les unes à côté des autres, au-dessus desquelles circule un cordon où sont représentées, finement sculptées, six vierges folles et six vierges sages (M. Musset, Pérignac, Recueil de la Commission des arts et monuments historiques de la Charente, 1904 - archive.org).

L'église Saint-Nicolas de Civray a été construite au 12e siècle sur la rive droite de la Charente à Civray (dans la Vienne). Elle possède une façade remarquable qui est, avec celles de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers et Saint-Pierre à Aulnay, au nord de Saintes et où se trouve un clocheton en forme de lanterne des morts, l'une des plus ornées du Poitou. Au rez-de-chaussée, la voussure du portail central pourrait être l’œuvre de sculpteur du portail occidental d'Aulnay, venu à Civray après ce chantier. Il reprend les mêmes thèmes : le Christ bénissant entouré par les symboles des quatre évangélistes et des anges, les Vierges sages et les Vierges folles, l'Assomption de la Vierge, les travaux des mois intercalés avec les signes du Zodiaque. Le décor n'est pas réservé à la seule voussure du portail. Les chapiteaux du portail central et des arcatures aveugles qui l'entourent sont décorés d'animaux fantastiques et de plusieurs scènes religieuses : Jésus marchant sur l'eau, Dalila coupant la chevelure de Samson, Samson combattant un lion... (decouverte.inventaire.poitou-charentes.fr - Civray).

Samson, les vierges folles, et les trente linceuls

Il ira dans la ville, et là les vierges folles / Le prendront dans leurs lacs aux premières paroles. /Plus fort il sera né, mieux il sera vaincu, / Car plus le fleuve est grand et plus il est ému (poesie.webnet.fr - Alfred de Vigny (1797-1863), La colère de Samson).

Un émule de Lupin fut créé, en 1937, par Roger-Francis Didelot dans l'entre-deux-guerres, encore proche de la forme de nostalgie enjouée pour la noblesse qui le caractérisait : Samson Clairval que Michel Lebrun considère comme la meilleure imitation du gentelman-cambrioleur (Paul Bleton, Armes, Larmes, Charmes...: sérialité et paralittérature, 1995 - books.google.fr, Jacques Baudou, Jean-Jacques Schléret, Le vrai visage du Masque : roman policier, espionnage, aventure, western, 1984 - - books.google.fr).

A l'Enigme que proposa Samson, le prix qu'on arresta fut que celuy qui pourroit satisfaire à la question, auroit trente linceuls, & tout autant de robbes ; & au contraire qu'on luy deuroit de donner la mesme recompense, si on ne pouuoit l'expliquer dedans l'espace des sept iours, pendant lesquels le festin se faisoit. Voicy donc le problème que proposa Samson : Celuy qui mangeoit a fourny dequoy manger, & du fort est sortie la douceur.

L'on ne doit donc pas s'estonner si les trente hostes de Samson, voyans qu'ils ne pouvoient trouuer le sens de son énigme, eurent recours aux artifices de sa femme, afin que par amour ou par finesse, par force ou par douceur, ou pour le moins par importunité, elle obligeast Samson de luy découurir son secret. Mais qui ne se lairroit surprendre aux artifices d'vne femme, tant leur malice est ingénieuse & leurs appas pleins de déloyauté ? Comme en effet, car les ayant quittez à mesme temps, il s'en alla tout droit à Ascalon, ville des Philistins, où d'abord ayant rencontré vne multitude de peuples, il s'en alla ietter tout au milieu, & il y tua trente hommes qu'apres il dépouilla, pour donner leurs habits à ceux qui auoient expliqué le sens de son Enigme.

Comme ayant esté à la ville de Thamnata, il avoit rencontré vne certaine femme qui luy auoit gagné si viuement le coeur, qu'il ne pouuoit iamais le donner à vne autre. [...] Enfin ces pauures gens tous affligez, & qui ne sçauoient pas que c'estoit Dieu, qui allumoit ce feu dans le cœur de Samson, furent contraints d'y consentir & s'en aller en la ville de Thamnata pour y marier leur fils. [...] Mais comme ils y alloient & qu'ils estoient desja pres des faux-bourgs de cette ville, voicy que pour je ne sçay quel sujet, Samson ayant laissé son pere & sa mere à l'écart, apperceut vn jeune Lion qui rugissoit épouuantablement, & qui battant íes flancs auec sà queue, & écumant de rage venoit à luy comme pour l'engloutir. Et en effet il l'eut deuoré, si Dieu n'eust animé ce ieune voyageur, pour attaquer cette beste farouche, & faire en ce rencontre comme vn effay de la guerre, qu'il deuoit faire aux Philistins. [...] Il se jetta le premier sur ce Lion, & le prenant à belles mains, le déchira en mille pieces comme il eust pû faire vn cheureau, s'en retournant apres sans dire mot, &c de mesme que si rien ne luy fust arriué. Bien est vray seulement que peu de temps apres estre arriué à Thamnata, & s'estre entretenu auec cette femme qu'il recherchent auec tant de passion, il s'en reuint au mesme lieu où il auoit laissé les restes du carnage de son Lion, où l'ayant rencontre, il vit dedans la gueule vn bel essain d'abeilles & vn rayon de miel, qu'il prit & mangea délicieusement durant son chemin, en gardant toutefois vn morceau qu'il présenta à ses parens, sans leur dire d'où il venoit, ny comment il l'auoit rencontré (Nicolas Talon, L' Histoire Sainte, Tome second, Cramoisy, 1650 - books.google.fr).

Le vêtement des trente morts d'Ascalon devient le vêtement des vivants. Vorski avec ses trente victimes a un air de Samson. Si la solution de l'énigme posée par Samson se trouve dans sa vie passée, il en est peut-être de même pour le troisième secret de la Cagliostro dans la vie passée de Vorski. Avec Samson il est encore question de noces.

Tout ce que les vierges sages possèdent, c'est justement leur sagesse. Elles sont qualifiées de sages, parce que cette huile de leur lampe est leur provision de sagesse. Cette sagesse, comme le disait le premier texte, c'est l'amour gratuit de Dieu pour les hommes. Les vierges qui ont leur provision d'huile dans la nuit, ce sont celles qui ont su accueillir cette révélation de l'amour gratuit de Dieu. Elles sont riches de cette huile du Saint Esprit, de cet amour de Dieu répandu dans leur cœur. Elles savent, elles attendent l'Époux. Elles savent que l'Épouse, c'est elles et elles savent qu'elles ne sont pas invitées comme des participants étrangers au banquet des noces, mais qu'il s'agit de leurs propres épousailles. Elles sont sages parce qu'elles se savent épousées (www.moinesdiocesains-aix.cef.fr - Homélie du Frère Jean-Miguel Garrigues, 2013).

Le Lychnis flos cuculi est dit aussi véronique des jardiniers, différent des véroniques proprement dites, qui fleurit au mois de mars quand le coucou chante. La dénomination de genre Lychnis signifierait « lampe » car une espèce voisine - la coquelourde des jardins - servait à faire des mèches pour les lampes à huile. Dans l'épilogue, Véronique, qui n'étant pas faite pour la vie de religieuse avait quitté le Carmel (chapitre 1), se trouve un nouvel époux, Stéphane (ou Etienne de "stephanos" : couronne) Maroux, alors que toutes les autres "vierges" sont mortes. Toute femme sensé qui n'a pas la vocation de religieuse attend un époux à défaut d'"Epoux" ? Véronique, qui se sentait devenir folle en plusieurs passage du roman, retrouve toute sa "sagesse".

"On sent qu’il y a entre eux, par l’affection qu’ils portent l’un et l’autre à l’enfant, un lien qui les unit étroitement, et qui se renforce de leurs pensées secrètes et de leurs sentiments confus. Pas une fois Stéphane n’a rappelé les aveux qu’il a faits dans la cellule des Landes-Noires. Mais Véronique ne les a pas oubliés, et la reconnaissance profonde qu’elle garde à celui qui éleva son fils est mêlée d’une émotion spéciale et d’un trouble dont elle goûte le charme à son insu." page 380.

Les soeurs Archignat de l'île de Sarek

Les trois soeurs Archignat : Clémence, Gertrude et la "folle" l'aînée qui est appelée, dans le feuilleton télévisé avec Claude Jade, Sidonie.

Sidonie

Sainte Sidonie n'est elle-même en effet qu'une autre incarnation du Saint-Suaire : sacra sindone, et l'Église, d'ailleurs, ne lui a pas reconnu de caractère historique (Jacques Bril, Le Masque, ou Le père ambigu, 1983 - books.google.fr).

Nous allons traverser la Dordogne après l'admirable paysage du « cingle de Trémolat » et arriver à l'ancienne abbaye cistercienne de CADOUIN. Elle fut fondée en 1115 et s'affilia l'année suivante à l'ordre de Citeaux. L'évêque du Puy, Adhémar de Monteil, rapporta d'Antioche un suaire trouvé dans un mur de l'église et considéré comme le saint Suaire du Christ. Cette relique fut donnée aux moines de Cadouin et assura la prospérité de l'abbaye (Janine Ducrot, Vers Compostelle: grandes routes et petits chemins touristiques, 1977 - books.google.fr).

On se souvient qu'Adhémar de Monteil était de la famille qui tenait Rochemaure et Montélimar, et qu'il est impliqué dans la légende de la lance de Longin qui aurait été découverte à Antioche et qui aurait galvanisé les troupes croisées. Cadouin se trouve proche de Sainte Croix de Beaumont (sommet de la Super-Etoile du 8 février) et de l'axe du 7 février où se trouve Montsérié (Mont Erge/Hergemont).

L'abbaye de Bonlieu, fondée par Géraud de Sales (mort en 1120), possédait la grange de La Croze à Huriel (Allier). Géraud de Sales est aussi le fondateur de Dalon et de Cadouin (Philippe Loy, Introduction, Abbaye de Bonlieu, Archives départementales de la Creuse, 2012 - archives.creuse.fr).

Cadouin dépendait de la châtellenie de Bigaroque dont les archevêques de Bordeaux devinrent seigneurs. Bigaroque se trouve sur le montant transversal de la Croix d'Huriel, entre Carsac de Gurson et Rocamadour, stations du chemin de la Croix d'Huriel (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Chemin et signe de croix, La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Le castrum de Bigaroque fermait la Dordogne, rive droite, comme Beynac dont il avait le même seigneur dès le XIème siècle. Le château fut successivement démantelé en 1393, 1405 et 1415. Il sera définitivement rasé en 1625 après avoir été utilisé par les troupes protestantes et catholiques au temps des guerres de religion. Le territoire de Bigaroque se prêtait à l'établissement des douanes terrestres et fluviales. La grange dîmière servait de magasin et de dortoir. On y assurait la surveillance du trafic, les relais de tire et l'aide aux bateliers (www.coux-et-bigaroque.fr).

L'une des plus intéressantes est assurément celle du fameux chef des Routiers, l'inséparable compagnon de Richard depuis son retour des Croisades, Mercader. Il expose lui-même avec complaisance ses titres : « Serviteur de Richard, illustre roi d'Angleterre, etc., ayant servi dans les guerres du même seigneur roi avec autant de fidélité que de vaillance, m'étant toujours conformé à sa volonté, empressé d'exécuter ses ordres, je suis par là devenu agréable et cher à un si grand roi et j'ai été mis à la tête de son armée. Noble homme Adémar de Beynac étant mort sans enfants pour lui succéder, le roi, en vertu de son autorité, m'a constitué héritier de ce seigneur, et sa royale munificence a conféré à moi et aux miens, pour en jouir à perpétuité, toute la terre dudit Adémar. » Il dit ensuite « qu'à force de temps, de travaux et de dépenses, il a fait faire et garnir de poissons une pêcherie à son château de Bigaroque, sur la Dordogne, et que ce travail terminé, Dieu lui a inspiré une idée, qu'il a trouvée juste, utile à son salut, au salut de ses parents et du vénérable Adémar, son prédécesseur, idée dont l'exécution contribuera à lui faire accorder par le ciel, il l'espère, une fin bonne et heureuse; c'est de donner aux frères de Cadouin, en toute perpétuité, la dîme de la pêcherie, et de confirmer les dons faits par Adémar.» Suivent des menaces ordinaires contre ceux qui troubleraient ses libéralités; et il est probable que l'abbaye dut jouir en paix pendant sa vie, car il terminait en disant « que celui qui s'aviserait de troubler ou de frauder les religieux serait au nombre de ses ennemis », et, pour assurer encore mieux l'effet de ses paroles, le terrible routier ajoutait, selon la formule énergique de Richard : « Teste me ipso. »

Les premières faveurs royales accordées à Cadouin sont restées inconnues; elles seraient antérieures à 1143, puisque cette année Innocent II confirmait à l'abbaye « les donations faites par les rois; » or, le plus ancien de ces actes qui ait été conservé est de 1188, et ne remonte pas au delà du roi Richard. L'indication fournie par la bulle justifierait la tradition qui raconte un pélerinage fait par Aliénor de Guyenne à Cadouin, et attribue le titre de fondatrice de l'abbaye à cette princesse, avant qu'elle ne devint reine d'Angleterre, par son mariage avec Henri II, en 1152 ; ce fait intéressant, qui n'a pas été recueilli par l'histoire, trouve un autre appui dans le témoignage de Mgr de Lingendes, qui déclare avoir eu sous ses yeux, à Cadouin, des documents dans lesquels il était fait mention des dons offerts par la reine épouse de Louis VII. Les lettres de Richard sont aujourd'hui le premier acte royal qui, selon l'antique droit régalien, sanctionne les possessions des religieux et leur exemption de tout impôt, dîme ou coutume. Le prince leur accorde cette concession en raison, dit-il, de ce que la renommée lui a appris sur leurs vertus, et il demande l'intercession de leurs prières » D'autres lettres de ce prince sont rappelées dans un vidimus donné par Raymond, évêque de Périgueux, dans l'église de Bourniquel, en août 1285. Il prend la maison de Cadouin, avec toutes ses dépendances, sous sa protection, et il établit que si quelque habitant de la Salvetat commettait une faute, la justice serait rendue par l'abbé. Aliénor, devenue reine après la mort d'Henri II, et étant à Poitiers au mois de juillet 1199, enjoignit à ses sénéchaux et baillis de ne lever aucun impôt, et de ne permettre aucune lésion au préjudice des hommes et des domaines de l'abbaye dont l'acte fait l'énonciation. Alphonse, roi de Castille, qui avait épousé une des filles d'Aliénor, renouvela ces ordres de sauvegarde en 1244; il reconnut « que l'abbaye avait toute justice et que le droit d'asile dont elle jouissait s'étendait jusques sur ceux qui se réfugieraient dans ses granges. » (Alexis de Gourgues, Le Saint Suaire: suivi d'un Essai sur les pélerinages à Jérusalem avant les croisades par Martial Delpit, 1868 - books.google.fr).

En 1200, Mercadier est assassiné à Bordeaux par un autre chef de bande, le château revient alors à la famille des Beynac, sans doute à des neveux d'Adémar de Beynac (www.louisbourdon.com - Beynac).

Aucune archive ne permet de retracer les origines du Suaire de Cadouin. Pendant des siècles, l'histoire se mêle de légende et l'héritage de cette relique de la Passion par les moines de Cadouin s'inscrit dans la lignée de biens des "reliques" médiévales. Une pancarte affichée dans l'abbatiale depuis le Moyen Age attestait de l'authenticité de cette relique. Ramenée de Terre Sainte après la 1ère Croisade, elle était destinée à la cathédrale du Puy, celle d'Adhémar de Monteil, légat du pape dirigeant cette Croisade, puisque c'est lui qui était l'heureux bénéficiaire de l'invention de cette relique pendant le siège d'Antioche. Mais les chanoines du Puy refusèrent de croire à l'histoire du prêtre périgourdin que le légat-évêque avait chargé de ramener la relique dans sa cathédrale. C'est donc naturellement dans sa paroisse de Brunet que le prêtre périgourdin décidait de conserver cette précieuse relique. Voisin des moines de Cadouin qui venaient de s'installer dans le vallon du Bélingou, en contrebas de Brunet, le prêtre ne tardait pas à rejoindre la communauté monastique. Son église en bois ayant brûlé, le Saint Suaire, miraculeusement épargné, était récupéré en 1117 par les moines de Cadouin qui accueillaient le malheureux prêtre dans les murs de leur abbaye fondée deux ans plus tôt. Le Saint Suaire était désormais cadunien, il le resterait pour toujours... malgré quelques épisodes extérieurs à Cadouin.

C'est ainsi que l'origine du Saint Suaire de Cadouin a été colportée pendant des siècles. Il faut pourtant se rendre à l'évidence des sources historiques qui ne mentionnent le suaire cadunien qu'à partir de... 1214 ! Soit un siècle après la fondation de l'abbaye. C'est au chef de la Croisade contre les Albigeois que nous devons cette première preuve de présence du suaire à Cadouin. Un texte de 1214 atteste que Simon de Montfort confie aux moines caduniens le soin de brûler des cierges en l'honneur du Saint Suaire et pour le salut de son âme. C'est donc au début du XIIIème siècle qu'il faut rechercher les origines caduniennes du Saint Suaire, bien loin de la rocambolesque histoire du prêtre de Brunet. Malheureusement aucun document ne nous permet de connaître les raisons pour lesquelles cette relique échoit aux mains des caduniens ni quel généreux donateur pourrait en être à l'origine (www.amisdecadouin.com - Saint Suaire de Cadouin).

Simon de Montfort, qui répandit en Languedoc tant de sang et tant de ruines, a mené deux fois en Périgord sa redoutable armée; il a, dans chacune de ces deux expéditions, infligé de terribles représailles aux puissants seigneurs qui, dans notre province, avaient embrassé la cause de l'hérésie. L'illustre chef de la croisade des Albigeois n'eut pas besoin de porter la guerre au delà des rives de la Dordogne ; il ne frappa qu'un très petit nombre de châtelains.

Simon de Montfort, le fléau des Albigeois, poursuivit ces hérétiques jusqu'en Périgord, et força, l'an 1214, lors de la seconde expédition, quatre châteaux où ils s'étaient retranchés : Montfort, Domme, Castelnaud et Beynac. L'asile donné à ces malheureux prouve la tolérance du Comte de Périgord Archambaud II, second fils d'Hélie V. Elle aurait pu lui être funeste, si sa conduite envers Simon de Montfort, et sa prudence, n'avaient détourné l'orage qui menaçait son pays, et qui ravagea les provinces méridionales (M. de Saint-Allais, Précis historique sur les comtes de Périgord et les branches qui en descendent, 1836 - books.google.fr, www.louisbourdon.com - Beynac).

Adhémar de Monteil est attaché à Rochemaure, et Simon de Montfort à La Cassaigne qui fut donné à son compagnon d'armes Guy Ier de Lévis (Saint Nom) et vendu au monastère de Prouille par Guy III de Lévis, vente confirmée par Philippe le Bel (après 1286). Il y avait aussi un suaire à Carcassonne dans le couvent des Augustins encore plus sujet à caution (Claude de Vic, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, Volume 4, 1872 - books.google.fr).

Véronique et sa "vera icona" ne déparent pas le paysage.

Clémence

Civray se trouve près de l'axe du 21 mars, fête de sainte Clémence d'Öhren (+ 1176). Elle était la fille du comte Adolphe de Hohenberg et la veuve du comte de Spanheim. Aussitôt après la mort de son mari, elle choisit la vie monastique et décida de prendre le voile dans le monastère d'Oehren près de Trèves (Rhénanie), où elle mourut (fr.wikipedia.org - Clémence d'Ôhren).

Le 21 mars est aussi la fête de saint Benoît de Nurcie, premier abbé du Mont-Cassin, fondateur de l'ordre des Bénédictins, à l'origine du prieuré de l'île de Sarek, et celle de Sérapion (parmi les quatre fêtés ce jour), surnommé le Sindonite à cause de sa robe de lin, moine en Égypte.

Gertrude (lance fidèle)

Gertrude (626-659) est la fille de Pépin de Landen, née dans le Brabant en Belgique, sans doute à Nivelles. Elle fut religieuse chanoinesse. Elle est invoquée contre les rats, les souris, les loirs et les mulots, pour les chats, pour un bon gîte en voyage, contre la fièvre et la folie. Elle est d'ailleurs souvent représentée avec des rats qui courent autour d'elle et qui montent sur sa crosse. Dans l'abbaye de Nivelles, autrefois, il y a avait un puits sous la crypte de l'Église. On se servait de son eau pour asperger les champs infestés par les rongeurs des campagnes. Elle est patronne des agonisants. On dit : "Madame Gertrude te prépare le chemin".

Sainte Gertrude, qui vécut à Nivelles de 631 à 659, et dont la Vita a fait l'objet de récits en latin dès le VIIe siècle, devient soudainement, dès le début du second tiers du XVe s., la patronne privilégiée des des rats et des souris, en Alsace, en Catalogne, en Brabant, dans tous les Pays-Bas, en Rhénanie et en Autriche.

Le Livre d'Heures du duc Louis de Savoie (1420-1440) s'apparente à l'art de l'école d'enluminure savoyarde (d'influence essentiellement franco-flamande) au service du duc Amédée VIII de Savoie, puis de son successeur, le duc Louis.

Au bas du folio du calendrier se rapportant à la seconde quinzaine de mars, dans le coin gauche, sainte Gertrude63 apparaît dans un médaillon marginal encadré dans le branchage d'un arbuste [fig. 9-10]. «Nichée» dans cet abri ménagé dans le feuillage des fioritures, elle est représentée assise en train de lire un livre pieux, sa crosse reposant sur son épaule, tandis que des rats sont en train de l'escalader.

Il s'impose selon nous que la Sainte-Gertrude du 17 mars a partie liée avec la fête de l'Annonciation du 25 mars. C'est à partir de cette perspective calendaire que nous interpréterons l'attribution des rats à sainte Gertrude. Ce qui se joue ici c'est la remémoration du rapport «typologique» traditionnel entre l'Eve-ratière et Marie qui oppose, en particulier lors de l'Annonciation, le temps de la chute et le temps du rachat. Ce rapport remémoré se trouve ici déplacé condensé sur la date initiale de la période des huit jours préparatoires avant la Fête de l'Annonciation du 25 mars.

C'est donc en regard négatif de l'iconographie traditionnelle de la fête de l'Annonciation qu'il faut comprendre l'apparition du motif iconographique de «sainte Gertrude aux rats», tel qu'il se donne à lire sur la planche calendaire du Livre d'Heures du duc Louis de Savoie et tel qu'il s'imposera par la suite durant tout le XVIème siècle. «Sainte Gertrude entourée de rats» fait ici allusion, de manière allégorique, et paradoxalement dans le champ béni de la sainteté, à un processus de rachat qui s'actualise symboliquement le 17 mars sous une forme annonciatrice, remémorant à cette occasion un attribut particulier (les rats), pour figurer précisément un ordre que viendra accomplir et abolir la Vierge «visitée» le 25 mars par l'Ange et le rayon de lumière : de la même façon que Marie accomplissait et effaçait le règne d'Eve-ratière dans le sermon pseudo-augustinien, ou de la même façon encore que les ratières présentes dans l'Annonciation du Maître de Flémalle faisaient allusion, elles aussi, à la venue d'un terme apporté au règne d'Eve et à l'ordre des muscipulae (Jacques Berchtold, Des rats et des ratières: anamorphoses d'un champ métaphorique de saint Augustin à Jean Racine, 1992 - books.google.fr).

Ce Louis de Savoie est le même que celui à qui fut donné le Saint Suaire. Clémence du 21 mars, Gertrude du 17 et véronique du 25 concentrent leur fêtes au mois de mars, mois de l'Annonciation (Pollex). L'épilogue du roman se passe à Arcachon, près de l'axe du 9 mars, sainte Françoise, toujours en mars.

Charles d'Anjou-Sicile, dit Martel, né en 1272, roi de Hongrie, 1er du nom, du chef de sa mère, n'en posséda que le titre, qui lui fut conféré avec la couronne, par le pape, le 8 septembre 1290, a Naples, où il mourut en 1295, laissant du mariage qu'il avait contracté, vers 1291, avec Clémence de Habsbourg, fille puînée de l'empereur Rodolphe Ier, et d’Anne, des comtes de Hohenberg, sa première femme, qui portait à l'origine le prénom de Gertrude, deux filles mariées; la première, Béatrix, le 25 mai 1296, dès l'âge de sept ans, à Jean II, dauphin de Viennois; la deuxième, Clémence, seconde femme, en 1315, de Louis X, roi de France, et Charles Robert, dit Charobert, qui a continué la branche royale de Hongrie, branche qui, après avoir donné quatre souverains à ce royaume, un roi de Naples en 1333, et un roi de Pologne en 1370, s’éteignit en mâles le 12 septembre 1382

Saints Suaires

Nous retrouvons le «sindôn» dans l'Ancien Testament : Samson promet à ses compagnons, s'ils résolvent une énigme, trente linceuls et trente tuniques, «...dabo vobis triginta sindones et triginta tunicas» (Jg 14,12). Le «sindon» se drapait, on le voit, sous la tunique et c'est un habillement complet qu'il leur donnera. Dans Jérémie, le sindon reparaît dans le grec des Septante, «perizôma linoun» (Jr 13,1) et saint Jérôme traduit ici par «lumbare lineum», ce qui évoque le même genre de vêtement. Ce sindon a donné en vieux français «sidone». Mais on a employé concurremment le mot «linceul», de «linteolus» qui, comme «linteamen», est dérivé de «linteum» (toile de lin). Il a donné en italien «lenzuolo», qui veut dire drap de lit. Et il n'y a pas si longtemps qu'on appelait encore les draps de lin des linceux. «Lineum» a donné «linge», tout cela est étrangement voisin, et le tissu de lin est à la base de tout ce vocabulaire. Mais, de plus en plus, linceul comme suaire, ont exclusivement à désigner le drap des morts (Pierre Barbet, La Passion de Jésus Christ selon le chirurgien, 1997 - books.google.fr).

Le Suaire est un drap de lin terrestre, dont le tissu s'est fait d'abord à Sidon; c'est delà que lui est venu le nom de Sindon que lui donnent les évangélistes Il est certain par les évangélistes saint Jean et saint Luc qu'il y eut plusieurs linges dans lesquels le corps de Jésus-Christ fut enveloppé lorsqu'on le descendit de la croix pour le mettre dans le sépulcre. Geoffroi de Charny, gouverneur de Picardie, ayant fondé en 1353 l'église collégiale de Lirey en Champagne, y fit don d'un Suaire qu'il déclara avoir été apporté des croisades et être conservé depuis longtemps dans sa famille.

Dans la suite en 1418 les guerres civiles furent cause que les chanoines de Lirey mirent cette relique en dépôt chez Humbert de la Roche qui avait épousé Marguerite da Charny, petite-fille et héritière de leur fondateur. Après la mort d'Humbert, les chanoines le redemandèrent à sa veuve qui refusa de le rendre soutenant que c'était un bien de famille dont les chanoines de Lirey n'avaient eu que la garde. Ce refus occasionna un procès, pendant lequel Marguerite de Charny fit donation du saint Suaire à Louis duc de Savoie, par acte du 22 juillet 1452. Le duc fit en 1464 un accord avec les chanoines de Lirey par lequel ceux-ci lui cédèrent tous leurs droits sur lu saint Suaire, et le duc leur donna un revenu annuel de cinquante écus d'or, en rétribution d'une Messe qu'ils célébreraient chaque année au grand chœur de leur église, et on dédommagement des oblalions que leur aurait pu procurer la sainte relique.

Le bienheureux Amé IX, duc de Savoie, fit bâtir à Chambéry une chapelle pour y déposer le saint Suaire. Elle fut érigée en collégiale par une bulle de Paul II, du 2 mai 1467, où il rend témoignage que cette relique est le véritable Suaire où le corps de Jésus-Christ avait été enveloppé. Sixte IV, en 1480, confirma le bref de son prédécesseur, et établit dans cette chapelle une confrérie. Ce Pape dit, dans son Traité du sang de Jésus-Christ, que ce Suaire est teint du sang du Sauveur et que son image y est imprimée. Jules II, en 1506, donna un bref, où il confirme ceux de ses prédécesseurs, permet de réciter l'office et de célébrer la Messe dans celle chapelle en l'honneur du saint Suaire le 4 mai, et dit expressément : « Sixte IV, notre prédécesseur, a voulu que cette chapelle fût appelée Sainte, principalement à cause de l'illustre Suaire dont Notre-Seigneur Jésus-Christ a été enveloppé dans le sépulcre... Que si nous vénérons et adorons la sainte croix, à laquelle a élé attaché Notre-Seigneur Jésus Christ, n'est-ce pas une chose couvenable et un véritable devoir de vénérer et d'adorer le saint Suaire, dans lequel on voil manifestement, à ca qu'on assure, les restes précieux de l'humanité de Jésus-Christ, que la Divinité s'était unie, c'est-à-dire les restes de son vrai sang. »

Le cardinal Borromée fit vœu, pendant que la peste désolait Milan, en 1576, de faire un pèlerinage à pied au saint Suaire. Comme il se disposait à l'accomplir, en 1578, le duc de Savoie, Emmanuel Philibert, pour lui épargner une partie du voyage, fit apporter la sainte relique de Chambéry à Turin. Ce fut là que saint Charles lui rendit ses hommages, et qu'il l'exposa avec une grande pompe à la vénération publique. Dès lors le saint Suaire est demeuré à la cathédrale de Turin dans la chapelle du roi, toute revêtue de marbre noir, et qui a pris le nom de Chapelle du Saint-Suaire.

Le saint Suaire de Besançon est long de huit pieds ; la représentation du visage de Jésus-Christ et de toute la partie antérieure de son corps y est imprimée. Il est d'un lin terrestre, commun et doux, comme celui d'Egypte, sans aucune marque de plis, quoiqu'il ait élé plié et replié tant de fois. Lorsque les croisés s'emparèrent de Constantinople, il y avait parmi eux un seigneur de Bourgogne, nommé Otton de La Boche, qui fit des prodiges de valeur. On croit que le saint Suaire tomba en sa possession, et qu'il l'envoya à sa famille, qui en fit présent à l'archevêque do Besançon ; du moins c'est depuis cette époque que l'Eglise de Besançon a commencé à exposer à la vénération des fidèles cette précieuse relique. L'Eglise de Saint-Etienne de Besançon, dans laquelle il était précieusement conservé, fut incendiée au mois de mars 1319. Le saint Suaire fut caché-dans le tumulte, et l'on ne se souvenait pas où on l'avait mis; mais il fut retrouvé quelque temps après, soigneusement examiné et reconnu. On assure que pour confirmer que c'était le même qu'on révérait auparavant dans l'église de Saint-Etienne, on l'appliqua sur un mort qui ressuscita. La ville de Besançon se croit redevable de la cessation de la peste de 1544 au voeu qu'elle fit de célébrer une fête du saint Suaire, avec Office solennel et procession, le 11 juillet de chaque année; on établit, en mémoire de cette délivrance, une confrérie du saint Suaire (Abbé de Baudry, Dissertation sur les saints suaires, Pièces inédites, Oeuvres complètes de saint François de Sales, 1862 - books.google.fr).

Le 4 mai est a aussi la fête de saint Lupin avec le 30 avril. C'est à Besançon que Véronique d'Hergemont à trouvé refuge au début du roman, et où elle occupe l'emploi de modiste. Sainte Véronique est patronne de la profession avec sainte Catherine (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien: Iconographie des saints, Volume 3, 1959 - books.google.fr).

M. R. Viney, associé résidant, a offert à la Commission le frottis d'un bouton ou enseigne de pèlerinage en métal blanc gravé, trouvé à Seurre, vers 1890, et actuellement en la possession de M. Joseph Royer, de Langres. Le sujet gravé représente le saint suaire de Besançon. Ce bouton, dont on connaît d'autres exemplaires, était porté au chapeau par les pèlerins (Mémoires, Volume 13, Commission des antiquités du Departement de la Côte d'or, 1895 - books.google.fr).

"C’est moi aussi, ne l’oubliez pas, qui, sur votre demande, et voyant combien il était utile de vous soustraire à la haine, et, disons le mot, à l’amour de votre mari, ai fait les démarches nécessaires à votre entrée au couvent des Carmélites. C’est moi enfin qui, votre retraite dans ce couvent vous ayant montré que la vie religieuse était contraire à votre nature, vous ai procuré cette humble place de modiste à Besançon, loin des villes où s’étaient écoulées les années de votre enfance et les semaines de votre mariage. Vous aviez du goût, le besoin de travailler pour vivre et pour ne pas penser. Vous deviez réussir. Vous avez réussi." lui écrit l'Agence Dutreillis, page 10.

Le Saint Suaire de Carcassonne est une pièce de soierie unie blanche, conservée au Trésor de la Cathédrale de Carcassonne, dans un reliquaire en argent du début du XIXe siècle. On peut faire remonter l'arrivée du Saint Suaire à Carcassonne à la première moitié du XIVe siècle, ou peut-être même à la fin du XIIIe. En effet En effet, le premier livre de la Confrérie du Saint Suaire qui ait été conservé, et qui est écrit en catalan, date de 1 397 et contient déjà une liste de 1 630 personnes. Ce qui rejoint la tradition selon laquelle ce seraient deux religieux Augustins, dont un chapelain du roi d'Aragon, qui, de retour de la ville de Ptolémaïde, en Palestine, après la prise de Saint-Jean d' Acre par les Turcs, auraient rapporté le Saint Suaire à Carcassonne vers 1298. Cela correspond également aux résultats de la datation du Saint Suaire par le carbone 14, qui le font remonter à une période comprise entre 1 280 et 1410 (avec 68% de certitude), et circonscrite, en tout cas, aux XIIIe-XVe siècles (1220-1474 avec 95% de certitude). Le Saint Suaire de Carcassonne, comme les autres Saint Suaires encore conservés de nos jours, semble donc bien être un tissu médiéval, fabriqué peu de temps avant son apparition en France. Mais c'est le seul Saint Suaire en soie connu. Curieusement, cette particularité n'avait pas été relevée jusqu'ici, et le R.P. Bouges.auteur, en 1722, d'une Histoire du Saint Suaire de N.-S. Jésus-Christ, gardé dans l'église des Augustins de la ville de Carcassonne, se contente d'en noter la prétendue étrangeté : «La matière dont il est composé nous marque d'abord son ancienneté : ce n'est point ni de la soye, ni de la laine, ni du chanvre, ni de l'écorce d'arbre, ni du lin, tels que nous les voyons en France, ni semblable aux toiles et aux étoffes qu 'on porte du Levant ; c'est une espèce différente, au rapport des voyageurs les plus curieux, qui asseurent qu'on en a perdu l'usage depuis longtemps. Je serais à ce sujet de l'opinion de Cornelius a Lapide (in Joann.) sur le drap que Joseph d'Arimathie acheta pour envelopper premièrement le corps de N.-S. J.-C. Il croit que ce linceul, qu'on appelle en latin «sindon», est d'une toile très fine et très déliée, qu'on faisoit à Sidon, ville de la Phénicie. » Cette dernière remarque n'est d'ailleurs peut-être pas si éloignée de la vérité, car il n'est pas du tout impossible que cette pièce de soie ait été tissée en Palestine. C'est la simplicité même de ce tissu, le taffetas de soie, relativement banal à l'époque, qui fait problème, car il aurait effectivement pu être réalisé dans n'importe lequel des centres de tissage de la soie alors répandus depuis la Chine jusqu'au Proche Orient, ainsi que dans tout le bassin méditerranéen. Seules, les deux lisières, qui sont conservées, révélant la faible largeur du tissu, sa réduction (nombre de fils au centimètre) en chaîne, supérieure à celle de la trame, et une certaine irrégularité de cette réduction constituent des éléments caractéristiques qui pourront peut-être, dans l'avenir, permettre des comparaisons significatives avec d'autres taffetas de soie contemporains (Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 24, Centre permanent de recherches et d'études préromanes et romanes, Association culturelle de Cuxa, 1993 - books.google.fr).

"Trente cercueils" vs "Trente pas"

En Roussillon ou en Catalogne, la protection des trente pas autour de l’église donne naissance, aux XIe-XIIe siècles, aux sacrarias La sauveté des trente pas délimite la "sacrée" (sagrera, en catalan), qui sera appelée au XIIe le cellier (celler), qui a favorisé le développement du village ecclésial.

Les soeurs Archignat sont bien enfermées dans leur cellier comme le raconte Don Luis à la page 355 : "Restent quatre femmes réservées au supplice, dont les trois soeurs Archignat, toutes trois enfermées dans leur cellier. C’est leur tour. Véronique d’Hergemont essaye bien de les délivrer : trop tard. Guettées par la bande, visées par Raynold, qui est un habile tireur à l’arc, les soeurs Archignat sont atteintes par les flèches (les flèches, ordre de la prophétie) et tombent aux mains de l’ennemi."

Au Synode d'Elne (dit concile de Toulouges, 1027) , "L’an de l’Incarnation vingt-sept après le millénaire, le dix sept des calendes de juin, vint Oliba, évêque de Vich, en remplacement de l’évêque d’Elne, Bérenger, en compagnie d’Idalguer, archiprêtre de la sainte église d’Elne et de Gaucelin, archidiacre, et d’Elmar, sacristain et de Gauzbert, le chantre, et tous les autres chanoines de la cathédrale, et ensemble avec les guides religieux, mais aussi la multitude non seulement les hommes, mais également femmes, se rassemblèrent dans le comté de Roussillon, dans le pré de Toulouges... C’est pourquoi l’évêque, conjointement avec tout le peuple des clercs et des fidèles décidèrent que personne habitant dans tout le susdit comté ou évêché, n’attaquerait son ennemi de la neuvième heure du samedi à la première heure du lundi, afin que tout homme s’acquitte de l’honneur dû au jour du Seigneur, et que personne n’attaque un moine ou un clerc marchant sans armes, ni un homme allant à l’église avec les siens, ou en revenant, ni un homme accompagnant des femmes, et que personne n’ose violer ou assaillir une église ou les maisons établies tout autour jusqu'à trente pas." (D’après E. JUNYENT, Diplomatari d’Oliba).

Après Elne, Oliba tient un synode à Vic (1033), son propre diocèse. Pendant la première assemblée, il a été question de "pacte , ou trêve (treuga, trewga), dans la deuxième, explicite : "..le pacte du Seigneur, que le parler vulgaire nomme trêve de Dieu (treuga domini)".

La trêve s'installe à Narbonne en 1043, renouvelée au concile de 1054. La trêve remontera par la vallée du Rhône, en Bourgogne elle est dynamisée par la ferveur du moine Raoul Glaber, se développe ensuite en Normandie (à Caen, de 1047 à 1062), introduite à Besançon avant 1050, puis établie au Royaume de Francie avant la première croisade de 1095.

Urbain II peut faire jurer la paix à Clermont (1095) pour la première croisade, à Latran I, on peut bien parler de la trêve, Harmut Hoffmann a bien montré qu'elle ne sera jamais universalisée en Occident. Paix de Dieu, Trêve de Dieu disparaîtront progressivement au XIIe et XIIIe siècles, quand les états redeviendront forts. La trêve s'effacera en cas de "guerre juste", sera rendue désuète par l'évolution du droit de l'Eglise, qui s'achèvera avec Grégoire IX vers 1230. D'ailleurs, à compter de cette date, il n'en est plus jamais (www.encyclopedie-universelle.com - Mutations).

La première consécration d’un cimetière dont on a gardé trace en Aquitaine est celle de la pointe de Grave, lorsque deux ermites demandent à entrer dans l’obédience clunisienne. La cérémonie est célébrée vers 1088 par l’archevêque de Bordeaux et le légat pontifical Amat d’Oloron. Le rite reçoit ensuite une réelle promotion lors du voyage, à la tonalité très clunisienne, du pape Urbain II en France méridionale entre 1095-1096. On sait qu’il consacre à cette occasion une trentaine d’églises et d’autels, en particulier à Saint-Jean-de-Montierneuf de Poitiers, Saint-Maixent, Saint-Jean-d’Angély, Saint-Eutrope de Saintes, Charroux et Saint-Martial de Limoges. Certains récits plus détaillés, en particulier ceux concernant Marmoutier et, plus au sud, Tarascon, Carcassonne ou Maguelonne, montrent également le réel désir de délimiter un espace sacré inviolable autour de l’édifice de culte par la bénédiction du cimetière. La volonté pontificale délibérée de sacraliser les espaces funéraires en France méridionale visait vraisemblablement à recouvrir ou absorber les modes traditionnels de sacralisation (par le contact avec les murs de l’église et par la protection héritée de la tradition wisigothique des trente pas, renouvelée par la Paix de Dieu). La faible attention portée au thème de la lumière dans le rite de consécration épiscopale du cimetière, qui ne laisse d’ailleurs pas d’étonner, s’inscrit à l’encontre de la richesse symbolique des lanternes des morts qui abondent dans la région parcourue par Urbain II à la fin du XIe siècle puis par Pierre le Vénérable lui-même au début du XIIe siècle. La différence de conception de l’espace, sensible dans le processus de sacralisation du cimetière, est peut-être à mettre en rapport avec les difficultés connues à la même époque par l’ordre clunisien pour implanter ou maintenir son autorité en Aquitaine (crm.revues.org - Cécile Treffort, Les lanternes des morts : une lumière protectrice ? À propos d’un passage du De miraculis de Pierre le Vénérable, 2001).

La pointe de la Grave se trouve près de Soulac, sur l'axe du 24 mars.

Comme pour l'"Epoux" maléfique, nous assistons à une inversion. La sauveté des trente pas protégeant les villageois devient avec l'île de Sarek un lieu de mort et de perdition. Il sera question de la Catalogne dans l'article procédant à l'ajustement de la carte de Sarek sur celle de la France et de la Catalogne.

Vorski

Worski en polonais se rattache au prénom Warcislaw : "Worski - od imion zlozonych typu Warcislaw." (www.stankiewicze.com).

Warcislaw est une version polonaise de Vratislav : "Vratislav, pommerisch Wartislaw, polnisch zwar als Wrocislaw vorkommt, aber häufiger, bis in das XV. Jahrhundert hinein, ist die Form Warcislaw, z. B. in kleinpolnischen Gegenden" (Adalbert Kuhn, Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung, Volume 42, 1967 - books.google.fr).

Vratislav/Wartislaw a rapport avec la gloire : "»vortiti« wenden, zurückgeben + »slava« Ruhm" (Christian Lübke, Das östliche Europa, Volume 2 de Die Deutschen und das europäische Mittelalter, 2004 - books.google.fr).

"Depuis des siècles, Vorski était désigné. Vorski était l’élu du destin. Vorski était inscrit sur le livre du temps. Vorski avait les qualités nécessaires, les moyens indispensables, les titres requis. J’étais prêt. Je me mis à l’action sans tarder, me conformant implacablement aux ordres du destin. Pas d’hésitation sur la route à suivre : à l’extrémité, le phare était allumé. Je suivis donc la route tracée d’avance. Aujourd’hui Vorski n’a plus qu’à recueillir le prix de ses efforts. Vorski n’a plus qu’à tendre la main. À portée de cette main, c’est la fortune, la gloire, la puissance illimitée. Dans quelques heures, Vorski, fils de roi, sera roi du monde. C’est cette royauté qu’il vous offre." page 227.

Alexis, du verbe grec alexein qui signifie protéger ou repousser, est fêté le 17 juillet en Occident ou le 17 mars en orient quand il est d'Edesse (ou de Rome où il meurt). Alexis Falconieri est le fondateur, en 1239, de l'ordre religieux, des servites de Marie, partagés entre la prière et la prédication, et que l'on célèbre le 17 février. Alexeï (nommé aussi Aliocha, Aliochka ou Aliochenka ou Alexis), 20 ans, est le plus jeune des frères Karamazov. Il en est le héros positif du dernier roman de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski (1879-1880) (fr.wikipedia.org - Les Frères Karamazov, fr.wikipedia.org - Alexis (prénom)).

Beaucoup de 17 comme "14 et 3" : "Un petit menhir se dressait à l’entrée. Sur ce menhir, il y avait l’inscription, suivie du numéro 17." page 23.

Vratislav est fêté en Slovaquie le 18 juin ("18.cervna"), mois où se passe l'aventure sur l'île de Sarek. Sainte Honorine, vierge et martyre, au IVème siècle, honorée en Normandie, au pays de Caux, et patrone du village de Conflans. Ste. Honorine près Paris, est fêtée le 27 février, et sa translation le 19 juin (Chastelain, Viton de Saint-Allais, Martyrologe universel, 1823 - books.google.fr, svatek.superia.cz - 18. cerven, fr.wikipedia.org - Fête du nom du calendrier slovaque) : "Ainsi donc, nous voici au mois de juin. C’est l’époque fixée pour l’exécution des trente victimes. Évidemment, elle a été fixée par le frère Thomas parce que juin rime avec Caïn et avec destin ; de même que l’année quatorze et trois s’accouple avec effrois et croix ; de même que le frère Thomas s’est arrêté au nombre de trente victimes parce que c’est le nombre des écueils et des dolmens de Sarek." page 353.

Mais le roman commence au mois de mai : "Le pittoresque village du Faouët, situé au coeur même de la Bretagne, vit arriver en voiture, un matin du mois de mai, une dame dont l’ample vêtement gris et le voile épais qui lui enveloppait le visage, n’empêchaient pas de discerner la grande beauté et la grâce parfaite." page 8.

L'épisode se passe en mai, le numéro 13 peut fair penser au 13 mai dont l'axe passe par les îles de l'archipel de Glénans, qui sont rattachées à la commune de Fouesnant avec sa plage de Beg-Meil, auxquelles appartient Sarek : "Ce n’est que le jour suivant que le numéro 13, fort effacé, lui indiqua la direction de Fouesnant. Puis elle abandonna cette direction, pour suivre toujours selon les signaux, des chemins de campagne où une fois encore elle s’égara. Enfin elle aboutit, quatre jours après avoir quitté le Faouët, face à l’Océan, sur la grande plage de Beg-Meil." page 23.