Partie XVIII - La Chouette d’Or   Pierrette ou l’errance en France   Les roses : Beaux Inconnus et Jolie Morte   
LA CHOUETTE D'OR PIERRETTE ROSES BEAUX INCONNUS JOLIE MORTE

Pierrette et le pot-aux-roses

En un lieu tout commence,
En un point tout s’achève.
Allant de l’un à l’autre, serrée entre ses mains,
La rose de Pierrette, présent de Valentin,
A semé ses pétales, tels petits cailloux blancs,
Tandis qu’hésitants, mesurés, cadencés,
Jusqu’au bout du chemin ses pas l’avaient portée,
Comme en un autre monde dont elle serait le centre,
Diligente et zélée, Pierrette vint à comprendre…
Par la Chouette d’Or, enfin elle se ferait surprendre.
(les-sans-hulotte.net, piblo29.free.fr).

De Jacques Roubaud au miracle des roses

La chapelle Sainte-Roseline est un édifice religieux construit au XIe siècle. Elle se trouve dans le département du Var, sur la commune des Arcs où elle jouxte un cloître. L'ensemble des bâtiments formait à l'époque l'ancien monastère de la Celle-Roubaud. Classée monument historique en 1980, la chapelle contient, entre autres trésors, la momie de Sainte Roseline. La chapelle est considérée comme étant l'abbatiale de l'ancien monastère de la Celle-Roubaud, le nom provenant d'un ermite venu s'installer en ce lieu. Une donation datée de 1038 au monastère de Saint-Victor mentionne le couvent de Salam-Robaldo devenu monastère de la Celle-Roubaud lorsque les Templiers investissent les lieux en 1200. Le lieu est placé sous le patronage de Sainte-Catherine du Mont Sion puis est cédé aux moniales Bénédictines avant d'être occupé à partir de 1260 par l'Ordre des Chartreux jusqu'en 1420. En 1504, le monastère est occupé par des Franciscains de la stricte Observance et devient le monastère de Sainte-Catherine d’Alexandrie. Le nom de chapelle Sainte-Roseline n'apparaissant qu'au XIXe siècle. Le bâtiment a été restauré en 1969 grâce au mécénat de Marguerite Maeght (fr.wikipedia.org - Chapelle Sainte-Roseline).

Roseline de Villeneuve, née en 1263 et morte en 1329, est une moniale chartreuse française, considérée comme sainte par l'Église catholique. Liturgiquement, elle est commémorée le 17 janvier. Roseline est rattachée à ce que l'on appelle «Le miracle des Roses». La généreuse fille du seigneur du village se cachait pour donner à manger aux pauvres qui la sollicitaient. Un matin, Arnaud, qui se doutait des largesses de sa fille, se cache près du cellier pour la confondre… Il ne tarde pas à la voir arriver, le tablier chargé de victuailles. Lorsqu'il lui demande de montrer le contenu de son tablier, Roseline (prenant, dit-on, Dieu à témoin) ouvre craintivement son tablier duquel dépasse une brassée de roses en lieu et place de la nourriture «subtilisée», miracle également attribué à la vie d'Élisabeth de Hongrie, d'Élisabeth du Portugal et de Germaine de Pibrac (fr.wikipedia.org - Roseline de Villeneuve).

C'est à la maladie de la pierre qu'elle aurait succombé si l'on en croit les médecins qui l'ont examinée lors de la plus récente translation de son corps (Hubert Larcher, Le sang peut-il vaincre la mort ?, Aux frontières de la science, 1957 - www.google.fr/books/edition).

Golf Juan est aligné sur la carte Mikelin 989 avec la Celle-Roubaud, Marseille-l'Estaque et Rennes-le-Château. Roseline (Celle-Roubaud) est fêtée le 17 janvier, date associée à Rennes-le-Château. Rennes-le-Château est aligné avec Albi, Figeac (Champollion et pierre de Rosette), Mer et Dieppe. Cette droite est orthogonale à Angers-Mer-Gérardmer et à Cherbourg-Dieppe.

Simon de Mouëze, dans les Beaux Inconnus, va jusqu'à Toulon et aux Îles d'Hyères pour cartographier la côte (page 191) :

Par un temps clair comme une vitre, il prit le chemin d'Aubagne afin d'étudier qulles fortifications conviendraient à la défense. Il dresserait la carte de la côte, depuis Marseille jusqu'aux Îles d'Hyères et sur une profondeur de dix lieues, enveloppant le massif de Sainte-Baume, les Maurelles, la forêt de Mazaugues et celle de Morières-Montrieux.

Au XVe siècle, les religieuses de la Celle-Roubaud avaient des biens à Hyères où Catherine de Villeneuve prit le voile à cette époque. La direction des religieuses de la Celle étaient confiée aux prieurs de la chartreuse de Montrieux ou à celle de Laverne. Un prieur de Montrieux (au nord de Toulon) vérifie la relique de Roseline en 1644 (H. de Villeneuve-Flayosc, Histoire de Sainte Roseline de Villeneuve religieuse chartreuse et de l'influence civilisatrice de l'ordre des chartreux, 1867 - www.google.fr/books/edition).

Chez Lartigue, Jean de Lacépède lit Ludoplhe le Chartreux (page 184).

Ludolphe le Chartreux ou Ludolphe de Saxe, né à Strasbourg à la fin du XIIIe siècle ou vers 1300 et mort le 10 ou le 13 avril 1377 ou 1378, est un frère dominicain, et moine chartreux originaire de Saxe. Il est l'auteur de La Grande Vie de Jésus-Christ, ouvrage qui connut, en son temps, une large diffusion. Il entre en 1340 chez les chartreux à Strasbourg, où il prononce ses vœux de religion. Il est élu ensuite prieur de la chartreuse de Coblence, où il reste de 1343 à 1348 (fr.wikipedia.org - Ludolphe le Chartreux).

Ludolphe le Chartreux au XIIIe siècle donne la signification suivante à ces trois femmes, les Trois Marie : «Marie-Madeleine figure le premier état, c'est-à-dire les commençants ou les pénitents. Marie-Cléophas représente le second état, celui des chrétiens qui progressent et qui s'adonnent à la vie active. Marie-Salomé désigne l'état des parfaits et des contemplatifs» (Laurence Riviale, Le vitrail en Normandie entre renaissance et réforme (1517-1596), 2007 - www.google.fr/books/edition).

Le roman se termine dans le journal de Simon au 22 juillet, fête de Marie-Madeleine, à laquelle est vouée l'église de Rennes-le-Château.

Il faut seulement ajoûter ici ce qu'il dit des corps de saint Simon & saint Jude. Sçavoir que le Roi qui s'étoit fait Chrétien les fit transporter à Babylone, & les plaça dans une belle Eglise qu'il avoit fait bâtir en leur honneur. On dit que depuis ils fureut transferez à Rome dans celle de saint Pierre. L'Empereur Charlemagne les a fait enfuite apporter à Toulouse, où on les voit en des châsses d'argent, dans l'Eglise de saint Saturnin sur l'Autel de Notre-Dame. Les chefs néanmoins sont en des Reliquaires séparez. L'un des bras de saint Simon eft dans l'Eglise de saint André à Cologne, & les Chartreux de la même ville prétendent posseder l'une de ses mâchoires avec trois dents. Saint Bernard avoit quelques Reliques de saint Jude qu'il portoit toûjours sur soi, & avec lesquelles il voulut estre enterré. Les Religieux Pénitens de Picpus, fauxbourg de Paris, en ont une côte dans un riche reliquaire. Leur feste est tres-célebre en cette ville Royale dans l'Eglise du Temple, qui est un grand Prioré de Malte. On ne sçait pas l'année du décez de ces glorieux Apostres: mais tous les Martirologes en font mention en ce jour 28. d'Octobre (François Giry, Les vies des saints, dont on fait l'office dans le cours de l'année, Tome premier, 1719 - www.google.fr/books/edition).

La fête de Simon et Jude le 28 octobre correspond à la dédicace de la nouvelle église de la Grande Chartreuse reconstruite après l'avalanche de 1132 et consacrée le 13 octobre 1133 (Dominique Mielle de Becdelièvre, Prêcher en silence: enquête codicologique sur les manuscrits du XIIe siècle provenant de la Grande Chartreuse, 2004 - www.google.fr/books/edition).

"diligente et zélée" : Simon et Jude

Simon le Cananéen ou Simon le Zélote, est un Juif du ier siècle et l'un des douze apôtres de Jésus-Christ. La tradition voit l'apôtre Simon comme un des quatre « demi-frères » de Jésus (Mathieu 13, 55 et Marc 6, 3). Selon la tradition chrétienne, après avoir évangélisé l'Égypte et les Berbères, Simon aurait rejoint l'apôtre Jude de l'autre côté de l'Euphrate pour prêcher en Perse, ce qui à l'époque correspond à l'Empire parthe. Dans l'Église catholique, il est fêté le 28 octobre avec l'apôtre saint Jude appelé aussi Thaddée (fr.wikipedia.org - Simon le Cananéen).

ÉPITRE DE JUDE.

Jude, esclave de Jésus Christ, frère de Jacques, aux appelés, sanctifiés en Dieu le père, et conservés en Jésus Christ, la miséricorde, et la paix, et l'amour vous soient multipliés. 3 Bien-aimés, quand j'usai de toute diligence pour vous écrire du salut qui nous est commun, j'ai été dans la nécessité de vous écrire afin de vous exhorter à combattre 4 pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints, car certains hommes se sont glissés [parmi les fidèles]; inscrits d'ancienneté à l'avance pour ce jugement, impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient a notre seul maître et seigneur, Jésus Christ (Les livres saints connus sous le nom de Nouveau Testament, 1859 - www.google.fr/books/edition, Hugues Oltramare, Version nouvelle du Nouveau Testament: réponse à M. W.-J. Lowe, 1873 - www.google.fr/books/edition).

Le mot "diligence" se trouve dans la version angalise de la British and Foreign Bible Society de la lettre de Jude traduit en regard en français (Le Nouveau Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ, British and Foreign Bible Society, 1817 - www.google.fr/books/edition, en.wikipedia.org - British and Foreign Bible Society).

Dans l'Évangile, saint Pierre est toujours appelé "petra", la pierre, le roc; tous les autres, "lithos", pierre, petite pierre. Le 10, la chrysoprase Jude ou Thaddée, qui, par sa science pénétrante, poursuivait les hérétiques. Le 11, l'hyacinthe, d'un rouge orangé mêlé de brun: Simon le Cananéen, à cause de la douceur de ses mœurs (Charles Rohault de Fleury, L'évangile: études iconographiques et archéologiques, Tomes 1 à 2, 1874 - www.google.fr/books/edition).

Une église Saints Simon et Jude sur trouve à Dinsheim-sur-Bruche, commune contiguë au sud de Flexbourg. Cet édifice de style néoclassique, érigé de 1828 à 1832, a été entièrement restauré après l'incendie de 1987 (www.dinsheim-sur-bruche.fr).

Pierrette et la danse

Dans les années 1880, Degas dessine la "Danseuse rattachant son chausson, buste de Pierrette" et, vers 1891-1892, la danseuse à droite des Trois danseuses nues au repos (Berne, collection Kornfeld), à l'équilibre précaire, aux bras tendus autour du genou plié, semblent revisiter l'Hermès à la sandale du Louvre (Henri Loyrette, Degas à l'Opéra, Musée d'Orsay, 2019 - www.google.fr/books/edition).

Pietro Mira, alias Petrouchka, en 1734 invite à Saint-Pétersbourg le Français Jean-Baptiste Landé (ou Landet) (?-1748), à l’époque maître de ballet à la cour de Stockholm, qui va introduire le ballet en Russie et enseigner la danse au corps des cadets. Le nouveau nom, Petrouchka, devait en outre sonner, en russe, comme un diminutif de Piotr (Pierre).

Petrouchka, alias Pietro Mira (Petrillo), protagoniste d’innombrables anecdotes et petites histoires, non seulement il devint le prototype du personnage du théâtres des marionnettes – équivalent, en ce sens, du Pulcinella italien – mais, s’il contribua à l’installation du ballet en Russie au 18e siècle, il finit, en fait, par se réincarner au 20e dans le personnage d’un ballet tout en ayant perdu complètement son côté comique et dérisoire.

La création du ballet Petrouchka est sans aucun doute redevable, en partie, aux souvenirs d’enfance d’Alexandre Benois. En effet, s’il affirme dans ses Souvenirs que les Arlequinades, les pantomimes, Pantalon, Pierrot, Arlequin et Colombine ne sont pas, pour moi, des personnages construits en faisant des recherches sur la commedia dell’arte mais des figures réelles, que j’ai vu de mes propres yeux, il confirme aussi, d’autre part, que «Petrouchka, le guignol russe, pas moins qu’Arlequin, était mon ami depuis mon enfance». Un autre élément à caractère autobiographique est bien évidemment la passion de Benois pour la danse et pour certains ballets en particulier : Coppelia (1870), en premier lieu, son préféré, puis La Bayadère, Giselle et La Belle au bois dormant, sans oublier, toutefois, Casse-Noisette (1892), où apparaît notamment un trio de poupées — le Soldat, Colombine et Arlequin — animé par Drosselmeyer.

Le le 6 décembre 1908, dans son théâtre Miniature, Meyerhold fait représenter par ses élèves du cours d’art dramatique une pantomime sur le thème de Petrouchka, nous conduisent en ligne droite vers la création du personnage du ballet. Toutefois, un autre élément d’envergure doit être pris en considération dans le processus créatif qui mène à Petrouchka. En 1910, dans la Maison des intermèdes, un cabaret ouvert par Boris Pronine, Meyerhold, sous le pseudonyme de dottor Dapertutto, monte une pantomime qui nous intéresse de près. Il s’agit de L’écharpe de Colombine, adaptation du Voile de Pierrette (1908) d’Arthur Schnitzler, pantomime à l’italienne que ce dernier avait réalisé à partir de sa propre tragédie en vers Le voile de Béatrice (1901). Meyerhold intervient directement dans le texte, le modifie, mais reste fidèle à la commedia dell’arte. Si la transformation de Pierrette en Colombine rappelle la pièce de Blok, on voit aussi apparaître un négrillon, lors de la scène du bal, sur une musique de piano déchainée.

L’apport d’Alexandre Benois est fondamental dans l’élaboration et la mise au point du sujet de Petrouchka, sans aucun doute l’un des ballets les plus significatifs, tant du point de vue de la tradition culturelle russe que de l’innovation en matière chorégraphique et de l’impact dans l’imaginaire collectif, parmi ceux présentés à Paris par l’entreprise de Diaghilev durant ses vingt années d’existence (et qui continuent, de nos jours, à être représentés et à être incarnés par les plus grands danseurs, avec l’Oiseau de feu, le Spectre de la rose et l’Après-midi d’un Faune) (Walter Zidaric, De la tradition populaire européenne et russe à la création de Petrouchka sur la scène parisienne - lamo.univ-nantes.fr).

Les Noces de Pierrette (Anglais : Le Mariage de Pierrette) ont été peints, par Picasso, en 1905, à Montmartre. Les Noces de Pierrette représentent six personnages, le marié, sa fiancée, un Arlequin et trois personnages indistincts. Ils sont photographiés, réunis autour de deux tables. Le clown s'incline et envoie un baiser à la mariée voilée, au grand dam du marié. La coloration trouble, bleue, verte de l'œuvre rend difficile la vision détaillée des sujets. Cependant, Picasso parvient à donner l'impression que le marié n'est pas à l'aise avec la situation, alors que la mariée semble apprécier l'attention. Il semble que la mariée ait conclu un mariage sans amour avec un homme riche. Ce faisant, elle a abandonné son ancien amant, l'Arlequin. Deux personnages sont assis à l'autre table, un homme avec son bras autour d'une femme. Ce couple apparaît presque comme un fantôme, avec des visages blancs sans émotion et des yeux noirs. La figure finale est une femme, vêtue d'une robe bleue, assise dos au spectateur. Elle regarde vers l'Arlequin. La peinture donne l'impression que cette cérémonie de mariage est une affaire déprimante et sans joie. Les experts disent qu'il s'agit d'une peinture autobiographique. Le clown est amer d'avoir été rejeté, pour un homme riche et puissant. La femme au dos tourné représente une ancienne flamme de l'artiste, dont on ne se souvient pas avec affection. Ce tableau est considéré comme l'une des œuvres les plus importantes de Picasso, en raison de son style et de son thème. C'était, également peint sur une toile inhabituellement grande, plus de six pieds de large (www.pablopicasso.net).

Ici, les protagonistes de l'histoire sont Arlequin, Pierrette, le patron qu'elle épouse et les trois acrobates. Tous les regards se portent vers Arlequin qui envoie un baiser à Pierrette. Celle-ci, en un geste étrange, semble renvoyer le baiser ou au contraire le garder précieusement. Le drame sous-jacent est suggéré par la composition en arc de cercle qui met Arlequin un peu à l'écart, par les figures seulement esquissées et par le côté nocturne de la scène. Presque monochrome à première vue, le tableau révèle pourtant d'innombrables bleus dont la matière est traitée avec beaucoup de liberté (www.devoir-de-philosophie.com).

La valeur sentimentale devenue nostalgique du bleu est attesté par Les noces de Pierrette que les carnets de travail conduisent à dater de la fin 1905 et dont nous verrons le rôle dans le roman d'Arlequin. Picasso avait déjà fait d'Arlequin son double dans les Deux saltimbanques de l'automne 1901 (www.rodoni.ch).

Le corps de sainte Roseline de Villeneuve, morte en 1329, se conserva intact aux Arcs, dans le Var, jusqu'en 1894, date à laquelle des insectes l'attaquèrent; il dut alors être embaumé. Ses yeux, que l'on avait placés dans un reliquaire, offraient un état de conservation tel que Louis XIV, en pèlerinage avec sa mère, demanda à son chirurgien de piquer l'un d'eux de sa lancette. Le liquide sclérotique se mit à couler. Depuis cette date, l'œil vide demeura terni et portait encore la cicatrice de l'opération lorsque, fait curieux, le processus de corruption frappa les yeux séparés du corps en même temps que celui-ci. A l'époque, Roseline fut embaumée par des professionnels. Aujourd'hui, son corps s'est noirci et momifié. L'œuvre des hommes s'est révélée moins efficace que celle qui présida à sa conservation pendant 565 ans (Miracles dans les couvents, Autrement, Numéros 80 à 85, 1986 - www.google.fr/books/edition).

Les tristesses de la patrie avaient retenti dans le cœur de Roseline depuis le jour où les Vêpres siciliennes avaient fait couler à flots le sang des guerriers de la Provence; ...les parents de la jeune fille avaient pu se trouver en danger. Le prince héréditaire, Charles de Salerne, avait été pris dans un combat naval: le conquérant lui-même, le redoutable Charles d'Anjou, venait de quitter la vie (H. de Villeneuve-Flayosc, Histoire de Sainte Roseline de Villeneuve religieuse chartreuse, 1867 - www.google.fr/books/edition).

Le soulèvement des «Vêpres siciliennes» débute le 30 ou 31 mars 1282 à Palerme avant de s'étendre progressivement à toute la Sicile, jusqu'au soulèvement de Messine le 28 avril Pierre III d'Aragon attend à Tunis que les Siciliens l'appellent à leur secours. La flotte aragono-catalane débarque à Trapani le 30 août 1282. Malgré plusieurs victoires navales, l'armée de Pierre III n'arrive pas à mettre le pied dans la partie continentale du royaume de Sicile ; c'est le début de la division entre les royaumes de Naples et de Sicile (fr.wikipedia.org - Vêpres siciliennes).

La mort de Roseline se situe sous les règnes de Frédéric II der Sicile et de Robert Ier de Naples.

Frédéric (Fadric) II de Sicile, connu également sous les noms de Frédéric III d'Aragon ou Frédéric III de Trinacrie (Barcelone, 13 décembre 1272 - Paternò, 25 juin 1337) est un roi de Sicile (1295-1337) (fr.wikipedia.org - Frédéric II (roi de Sicile)).

Robert Ier de Naples, à l'origine Robert d'Anjou, né en 1277 à Santa Maria Capua Vetere (actuelle province de Caserte, en Campanie) et mort le 20 janvier 1343 à Naples1, fils du roi Charles II de Naples, de la maison d'Anjou-Sicile, est roi de Naples et comte de Provence de 1309 à 1343. Il ne réussit pas à reprendre le contrôle du royaume de Sicile (fr.wikipedia.org - Robert Ier (roi de Naples)).

La Jolie Morte

Les oiseaux observés par Edouard Lacheroy, grand-père de Luce la danseuse, dont la chouette de l'Observatoire de Paris (page 121).

Le nom de la rose et ses dérivés ont servi également à désigner les personnes; on trouve déjà le nom Rosa et son dérivé Rosula dans des Actes fort anciens. Une sainte Rose, originaire de Sardaigne et mère d'un martyr, si elle ne le fut pas elle-même, vécut au 1° siècle; une autre sainte du même nom souffrit, dit-on, le martyre en Perse, peut-être au siècle suivant. Sainte Rosule de Filasa (Dacie) fut martyrisée en Afrique sous Dioclétien, avec le prêtre Simplice et saint Florence. Au XIIe siècle, sainte Rosalie de Palerme brille par sa piété; au siècle suivant vécurent sainte Rose de Viterbe et sainte Roseline de Villeneuve. Le nom de Rose, on le voit, prédestinait à la sain teté; il prédestinait encore plus aux légendes; celles de la rose occupent une place considérable dans la vie de presque toutes ces saintes; Roseline, en particulier, reçut ce nom, parce que sa mère, avant sa naissance, avait rêvé qu'elle portait dans son sein une rose sans épines. Mais c'est surtout dans la vie et dans l'iconographie de sainte Rosalie que la rose, emblème de ses vertus, a pris place. Elle était fille de Sinibaldo, seigneur de Rosas; au lieu de rester dans la maison paternelle, poussée par l'amour de Jésus-Christ, elle se retira, toute jeune encore, dans une grotte. Là elle vit dans la société des anges et des roses; elle offre à Dieu des corbeilles de ces douces fleurs, symbole de sa piété et de ses prières; c'est aussi couronnée de roses qu'un ange, lui-même le front ceint de roses, la conduira, divine épouse, "aux célestes noces". Porté d'abord uniquement par des femmes, le nom de Rose le fut aussi plus tard par des hommes : les Rosa d'Italie, les Rose de France et d'Angleterre, les Rosen d'Allemagne et de Suède sont connus. Les noms d'hommes toutefois ont plutôt été empruntés au mot rosier ou aux noms de localités, dans la désignation desquelles entre ou paraît entrer le vocable rose ou l'un de ses composés; tels sont Rosier, Rosiers, Rosenau, Rosenberg, Rosendal ou Rozendael, Rosenthal, Rosenhain, Rosenkranz, Rosenkreuz, Rosenmüller, Rozenzweig, etc., dérivations que la légende a cherché parfois à justifier, comme l'ont fait aussi les armoirie (Charles Joret, La rose dans l'antiquité et au moyen âge: Histoire, légendes et symbolisme, 1892 - www.google.fr/books/edition).

Au cas où Beaux Inconnus ferait allusion à sainte Roseline, La Jolie Morte continuerait dans la même veine. Sainte Rosalie y tient une place à la fin du roman : Zoé et Thomas se rendent à Palerme où les fêtes de la sainte commencent le 13 juillet (page 243).

De l'autre côté du tableau : LA JOLIE MORTE de Pierre Lartigue (Stock, 268 p., 110 F.)

Dans son essai, L’Art de la pointe (Gallimard, 1992), Pierre Lartigue interroge «la transparence des sources», de la Sylphide à Giselle: à la suite de Nerval, il voit dans le ballet la réalisation d’un rêve de poète, la traduction d’un original qui n’existe pas. A propos de Giselle, Gautier, qui l’imagina, écrit à Heine : «Voilà la jolie morte dont nous avions besoin.»

Dans le roman de Lartigue, la même phrase est reprise, à propos de Luce Lacheroy, une danseuse fine, tendue, diaphane, qui triomphe en interprétant le rôle de la jolie morte. Thomas l'a découverte peu avant, sur la scène d’un théâtre de province où il est entré par hasard. Thomas restaure des tableaux dans les musées : «Il expliqua qu’il auscultait les Vénus, les papes. Il faisait tousser les pietas, soignait les cuirassés blessés.»

Luce et Thomas, d’abord, ne se quittent pas, traversent ensemble des paysages, «comme un jeu de l’oie». Puis se perdent de vue, alors qu’ils sont, sans le savoir, à quelques kilomèties l'un de l’autre, près de Piriac. Thomas a été chargé par le professeur Marasquin, en vue d'un projet assez incertain d’exposition, d'analyser six tableaux, qui semblent constituer un mystérieux rébus. Luce, que Thomas a vu sur une scène, puis dans un miroir, lui apparaît désormais à travers les toiles peintes. La pâleur de la peau, le dessin du front : elle ressemble à l’Atala au tombeau de Girodet, ou bien à cette autre morte, dans la Toilette de la mariée de Courbet Quant à lui, il pourrait taire partie des spectateurs de la Scène de ballet d'un opéra de Meyerbeer, «Robert le diable», de Degas, ou s’identifier à l'Autoportrait de la mélancolie de Chasseriau.

Tandis que les tableaux proposent une sorte de conte tragique, à déchiffer comme les arcanes du tarot Marasquin meurt sans livrer la clé de l’énigme. C'est là que se terminerait la première partie d’un roman interrompu, dont le narrateur prétend avoir perdu le manuscrit. Il feint alors d’improviser, sous les yeux du lecteur, une suite improbable comme «le rêve d’un rêve». Luce, qui incarne ta tradition du «ballet blanc», passe de l'autre côté du miroir, sombrant dans la folie ou la mort. Tandis que Thomas, «songe-creux, amateur d’énigme» et amoureux d’une jeune photographe, Zoé, se livre en Sicile à une rêverie nervalienne : «Luce et Zoé dans un même corps ! Deux fois la vivante et la morte, (...) une même tresse de lumière !».

Ce roman élégant, à l'intrigue délibérément imprécise, est écrit dans la rapidité, dans la mobilité de menues phrases elliptiques, vibrantes d'exclamations : pour suggérer (agilité silencieuse des corps ou la lumière des tableaux, lorsqu'elle provient d’une source cachée. C'est un scintillement, entre apparition et disparition, entre danse et absence (Monique Petibon).

Pierre Lartigue publie également, sous le titre Un soir, Aragon, le récit d’une soirée au Théâtre Récamier en 1965, au cours de laquelle Aragon présentait plusieurs jeunes poètes (Belles Lettres, 156 p. 130 F.) (Le Monde diplomatique, 22 décembre 1995 - archive.org).

Etienne Marasquin : sainte Lucie

La fin du mois d'août approchait lorsque Thomas reçut un pli du professeur Marasquin. Il y a quinze ans, il était son élève. Etienne Marasquin étudiait le lien de la lettre et des figures dans les œuvres peintes du XVe, mais, à la passion de déchiffrer Carpaccio ou Giorgione, il ajoutait l'amour des toiles toutes fraîches dont il possédait une collection. Il dérangeait. Il surgissait où on l'attendait le moins. Il avait du style. La lettre était postée de Grez-sur-Loing. Fine, élégante, l'écriture courait sur papier bleu, de haut en bas de page, priant Thomas de donner la main pour une exposition dont il n'avait encore l'idée. Ce projet incertain serait son chant du cygne – il avait dessiné en marge un cygne au soleil couchant – et surtout, il suppliait qu'on ne lui demande rien de plus. Il ne pouvait dire davantage. «S'il eût fallu avancer un titre, ajoutait-il, j'eusse choisi peut-être Femmes.» Sur une autre feuille étaient calligraphiées quelques indications pour une première étape de travail. Il souhaitait que Thomas décrive et analyse, sans autre forme d'intention, cinq ou six toiles. A savoir :

1. La Toilette de la mariée. Gustave Courbet. Northampton. Smith College Museum of Art.
2. Atala au tombeau. Aimé Louis Girodet. Paris, Musée du Louvre.
3. Scène de ballet d'un opéra de Meyerbeer. Robert le Diable. Edgar Degas. Londres. Victoria and Albert Museum.
4. La Ballade de Lénore. Horace Vernet. Nantes. Musée des Beaux-Arts.
5. X. A déterminer. Réserve du Louvre ?
6. Autoportrait de Théodore Chassériau. Paris. Musée du Louvre.

Au-dessous de cette liste. Marasquin avait ajouté : «Je travaille à tout à la fois.» Ce projet enchanta Thomas par ce qu'il contenait d'ouvert et de mystérieux (pages 42-43) (Pierre Lartigue, ,La Jolie Morte, 1995 - www.google.fr/books/edition).

MARASCA. C'est, en Italie, le nom d'une petite espèce de cerise acide (la griotte), avec laquelle on fait la liqueur alcoolique qu'on appelle marasquin. C'est de Trieste, de Venise, et surtout de Zara, en Dalmatie, que vient le meilleur marasquin. On obtient cette liqueur en écrasant les cerises et leurs noyaux, en y mêlant un centième de leur poids de miel, et en les distillant lorsqu'elles commencent à éprouver le même degré de fermentation qu'on fait subir au raisin faire le vin. (LN.) (Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, par une Société de naturalistes et d'agriculteurs, Tome 19 : MAM-MED, 1818 - www.google.fr/books/edition).

Pour obtenir des quenouilles de cerisier, il faut greffer sur la Sainte-Lucie ou mahaleb. J'ai obtenu par cette greffe des quenouilles de cerisier de la plus grande beauté : ce n'est même qu'en greffant sur Sainte-Lucie qu'on peut avoir de belles quenouilles de cerisier, et c'est surtout une opération indispensable pour obtenir abondamment des cerises dans les terres marneuses et crayeuses les plus ingrates, terres dans lesquelles le mahaleb croît bien et toujours mieux que tout autre arbre. - Que pourrais-je ajouter sur les qualités et les usages du cerisier qui ne soit connu, si ce n'est d'insister sur ce point, que greffé sur Sainte-Lucie, cultivé en grand, il peut servir à utiliser les plus mauvaises superficies en sol crayeux et marneux, où peu de plantes prospèrent aussi bien que le mahaleb (Nouveau dictionnaire de la conversation, Tome 5, 1844 - www.google.fr/books/edition).

Le Mahaleb, aux très-petits fruits des plus amers, non comestibles, globuleux et noir rougeâtre, est le meilleur porte-greffe pour la multiplication, sous forme basse-tige, des espèces ou des variétés du genre qui nous occupe. Sa hauteur atteint cinq ou six mètres, et son port rappelle celui du Cerisier proprement dit, mais à tête plus arrondie. Très-touffu, il a de petites feuilles cordiformes, pétiolées, glanduleuses. Ses fleurs, blanchâtres, excessivement petites et disposées en très-courtes grapes, s'ouvrent dès l'apparition du printemps. C'est de semis que les pépiniéristes obtiennent cet arbre, mais on peut aussi le propager à l'aide de ses drageons, ou par la greffe sur Merisier. On le rencontre à l'état sauvage en différents pays : Allemagne, Autriche, Piémont, Crimée, Tartarie, et chez nous également, surtout aux environs de Commercy, puis de Sainte-Lucie (Meuse), hameau qui possédait avant la Révolution un couvent de Minimes dont les religieux s'étaient appliqués, jadis, à propager en France cette précieuse espèce; d'où vint qu'elle fut, au début, communément appelée cerisier de Sainte-Lucie; surnom qui, trompant aussitôt nombre d'auteurs, fit qu'on déclara le Mahaleb originaire de l'île de Sainte-Lucie, l'une des Antilles. Et de cette méprise, ajouterai-je, dut naître l'opinion que les cerisiers Sainte-Lucie et Mahaleb n'étaient pas identiques; opinion qui régnait encore en 1780 (voir Mayer, Pomona franconica, 1779, t. II, p. 5). Mais si Duhamel, lui-même, alors la partagea dans son Traité des arbres et arbustes cultivés en France en pleine terre (t. Ier, pp. 148, 150 et 151), aujourd'hui nos arboriculteurs reconnaissent tous la parfaite identité de ces deux cerisiers. Insister sur ce point, serait donc inutile. Disons plutôt, pour terminer, que le nom Mahaleb appartient à la langue arabe, et que le bois, très-odorant, de l'arbre qui le porte, sert à fabriquer maints objets de luxe : boîtes, coffrets, étuis, tabatières, etc.; ainsi que d'élégants petits meubles d'un prix souvent assez élevé. Quant aux feuilles du Mahaleb, également odoriférantes, elles sont utilisées chez les parfumeurs, et même chez les cuisinières, nul ingrédient ne donnant meilleur fumet au gibier, goût plus savoureux à certaines sauces, à certaines crèmes. Enfin le Mahaleb sert avantageusement à la décoration de nos jardins paysagers, soit groupé dans les massifs, allées ou berceaux, soit isolé sur les gazons. Il en existe une variété à feuilles panachées (André Leroy, Dictionnaire de pomologie, Tomes 5 à 6, 1877 - www.google.fr/books/edition).

Le couvent de pères Minimes de sainte Lucie fut fondé à Sampigny en 1625 (archives.meuse.fr).

L'arrivée de sainte Lucie, fille d'un roi des Scots, à Sampigny se rattache vraisemblablement à l'une de ces nombreuses migrations qui amenèrent tant de saints personnages d'Écosse dans les Gaules, vers le milieu du VIIe siècle. Les miracles que la tradition attribue à sainte Lucie sont, entre autres, qu'un jour étant descendue à Sampigny et venue y chercher du feu pour retourner en allumer chez son maître, elle reporta des charbons ardents dans son tablier sans qu'il fût aucunement endommagé (Nicolas Roussel, Histoire ecclésiastique et civile de Verdun, Tome 1, 1863 - www.google.fr/books/edition).

Elle est fêtée le 19 septembre. La chapelle Saint-Pierre-et-Sainte-Lucie au bois Sainte-Lucie est bâtie au-dessus d'une grotte dans laquelle se trouve un fauteuil taillé dans la roche, où s'asseyaient les femmes stériles invoquant Sainte-Lucie (fr.wikipedia.org - Lucie de Sampigny).

A Sampigny, pays de sa mère, le président Raymond Poincaré fit contruire un petit château de style Louis XIII (fr.wikipedia.org - Sampigny).

Etienne Marasquin : la dissolution du je et la mort

Étienne, qui a la même étymologie que Stéphane, est un prénom très en vogue au Moyen Âge. Stéphane, plus moderne, apparaît en France dans les années 1950 et son ascension est rapide. Il a disparu dans les années 1990. Steve, Steven, Steevy ont été très fréquents dans les pays de langue anglaise. Dans nos régions : Steben (Pays basque), Stefan, Stevan (Bretagne), Sitivena (Polynésie). À l'étranger : Staffan (Suède), Stavri (Albanie), Stavros et Stephanos (Grèce), Steafan (pays de Galles), Steefken (Flandre), Stephen, Steve, Steven (Grande-Bretagne, États-Unis), Stefan (Pologne, Scandinavie), Stefano (Italie), Stefanus, Stefer, Stöffel (Allemagne), Stepan (Russie), Stepka, Stepko (pays slaves), Stevenje (Pays-Bas), Stiobban, Stiopan (Irlande), Szczepan (Pologne) (Marie Ferey, Le Petit Larousse des prénoms, 2022 - www.google.fr/books/edition).

La problématique du sujet est également contradictoire : Mallarmé conçoit aussi bien le sujet comme universalité que comme singularité qui renvoie alors à son développement concret, psychologique et social. Le pont entre ces deux théories du sujet est assuré par une réflexion sur la mort, à l'occasion des poèmes-tombeaux. On verra comment cette réflexion est une idéologisation du problème de l'échange, ne serait-ce simplement que parce que la mort est l'interruption de tout échange social. On a déjà cité plusieurs textes de Mallarmé où la théorie du signe vient poser le sujet comme universalité. En fait, la théorie du signe tend idéalement à la disparition du sujet au profit de l'Idée, comme elle tendait à la disparition de l'objet. Le sujet s'énoncera alors comme disparaissant en tant qu'être singulier et comme moment où l'Etre vient à parler. Mallarmé a énoncé ce requisit dès 1867 : «C'est t'apprendre que je suis maintenant impersonnel, et non plus Stéphane que tu as connu, mais une aptitude qu'a l'Univers Spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi.» (A Henri Cazalis, 14 mai 1867). Mais c'est le style même de Mallarmé qui dissoud le sujet dans la substance. [...] Le cas le plus frappant est bien entendu celui du pronom qui décentre le propre vers le nom substantiel - on retrouve ici la difficulté de la théorie du signe à dire le propre, ici jusque dans le langage même. [...] Cette dissolution du sujet implique alors tous les jeux imaginables sur son nom, ceux-ci entrainant sans cesse la perte du propre en figure, selon la logique que nous avions vu fonctionner à l'occasion de la dialectique de la culture chez Hegel. Les anonymats réclamés dans Crise de Vers et pour le Livre; le nom d'Igitur qui fait du sujet un moment logique; les pseudonymes de la Dernière Mode (Benoît Finet, Essai sur le signe: Hegel-Mallarmé, 1990 - www.google.fr/books/edition).

Mallarmé y rédigeait tout; il signait «Marasquin», ou plus souvent de pseudonymes féminins : «Marguerite de Ponty», ou «Miss Satin». Mallarmé écrit, certes, littérature et poésie : sur des nouvelles de Coppée, de Daudet, de Catulle Mendès, de Cladel; sur les poèmes de Sully Prudhomme; sur le livre d'Emmanuel des Essarts, Les Chercheuses d'Idéal et les Elévations; surtout, sur le recueil des Princesses de Banville : ces princesses sont Sémiramis, Ariane, Hélène, Cléopâtre, la reine de Saba, Hérodiade... (Roger Bellet, Stéphane Mallarmé: l'encre et le ciel, 1987 - www.google.fr/books/edition).

Qu'est-ce à dire sinon que Mallarmé se croit (ou voudrait se croire) parfaitement mort à lui-même. L'individu a été sacrifié (Stéphane, le je) et il n'est plus question non plus d'artiste, de talent, mais de Conception Pure, de possibilité d'accueillir et de réfléchir l'Univers Spirituel, d'OEuvre. [...] Le poète est privé d'identité et de pouvoir surnaturel, il est le lieu, le tiers (Jacques Sojcher, La démarche poétique: Lieux et sens de la poésie contemporaine, - www.google.fr/books/edition).

Lénore

Lénore (allemand : Lenore) est une ballade de Gottfried August Bürger publiée en 1774 dans l'Almanach des Muses de Göttingen. Avec Lénore, c'est un nouveau genre qui accède à la scène littéraire allemande, celui de la ballade. Nerval a fait connaître ce poème en France à travers deux traductions. La première est en prose et paraît en 1829 dans le Mercure de France au XIXe siècle; elle est reprise en 1830 dans son volume de Poésies allemandes. La seconde est en vers et paraît dans la revue La Psyché en 1830 (fr.wikipedia.org - Lénore (Bürger)).

Nerval (1808-1855), dans Les Chimères (1854) comme dans Aurélia, engage la totalité de son expérience. D'après sa propre indication, la sainte de l'abîme désigne Rosalie. C'est le souvenir du voyage à Naples; Gérard pense à une statue de sainte Rosalie, décrite dans Octavie. Rosalie, très vénérée à Palerme, est patronne de la Sicile et passa sa vie dans des cavernes; c'est donc bien à la fois une sainte de l'abîme et une sainte de Sicile (Paru, Numéros 38 à 43, 1948 - www.google.fr/books/edition).

La «sainte napolitaine» n'est autre que Sainte-Rosalie, commémorée à Palerme, assimilée à Sainte-Gudule célébrée à Bruxelles : Nerval séjourne en Italie et en Belgique à plusieurs reprises. Le personnage de Rosalie, sainte ou sorcière, provient des Élixirs du Diable d'Hoffmann qui exerce une influence patente sur Nerval, en même temps que Novalis et le jeune Goethe. Le romantisme allemand développe la doctrine de l'analogie universelle, tout comme les poètes néo-platoniciens de la Renaissance en Italie (www.etudes-litteraires.com).

Horace Vernet, La Ballade de Lénore ou les Morts vont vite, Nantes, 1839 - fr.wikipedia.org

Les Chimères sont une suite de 12 sonnets qui parurent ensemble avec les Filles du feu. Gérard de Nerval y évoque ses expériences en vers souvent obscurs, mais très denses, où se mêlent des épisodes vécus, des réminiscences livresques des allusions à l'alchimie, à l'astrologie. Deux chefs-d'oeuvre, El desdichado dans lequel il se rémémore comme dans Sylvie les illusions d'un passé disparu et Artémis où il exalte la figure lumineuse qu'il a comtemplée dans les ténèbres de sa folie et qu'il a nommée ailleurs Aurélia (ma-planete.com).

La Treizième revient... C'est encor la première... (Artémis) (www.poesie-francaise.fr).

Aline, simple laitière provençale (au pot-au-lait), est devenue reine de Golconde : par un hasard aussi singulier, Saint-Phar, qui avoit aimé Aline, et avoit été obligé de la quitter, est nommé ambassadeur vers la reine de Golconde. La reine apprenant l'arrivée d'un ambassadeur francois, le reçoit couverte de son voile, reconnoit son amant, et jouit de sa présence sans en être reconnue. Un ministre ambitieux qui veut monter au trône et en chasser Aline, s'est rendu maître de la ville. Saint-Phar le brave et est fait prisonnier, mais la liberté lui est rendue, et il en fait usage pour rendre la couronne à Aline après avoir vaincu le rebelle. La reine toujours couverte de son voile, offre sa main à son libérateur qui la refuse pour être fidèle à sa bergère; alors Aline se fait reconnoître et proclame Saint-Phar son époux (theatre1789-1815.e-monsite.com).

Aline, reine de Golconde est un opéra-ballet en 3 actes de Michel-Jean Sedaine, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, chorégraphie de Jean-Barthélemy Lany, représenté pour la première fois à la Salle des Machines le 10 avril 1766. L'histoire s'inspire du conte éponyme du chevalier de Boufflers paru en 1761. (fr.wikipedia.org - Aline, reine de Golconde).

Dans la traduction de Bürger, Aline, alors marquise de Castelmont, doit passer par Palerme pour les affaires de sont défunt mari alors que Boufflers ne parle que de Sicile (Aline, reine de Golconde, Oeuvres du Chevalier de Boufflers, 1781 - www.google.fr/books/edition, Gottfried August Bürgers sämmtliche Werke hrsg. von August Wilhelm Bohtz, 1835 - www.google.fr/books/edition).

Robert le diable

Robert le Diable est un opéra en cinq actes sur un livret d'Eugène Scribe et Germain Delavigne, et une musique composée par Giacomo Meyerbeer. Adaptée de la légende médiévale de Robert le Diable, l’œuvre est le dixième opéra de Giacomo Meyerbeer, et son premier composé pour l’Opéra de Paris.

Le sujet est emprunté à une légende médiévale, dont le héros est Robert le Diable, fruit de l’union de Satan et d’une mortelle. La plus ancienne version connue remonte au XIIIe siècle et le roman fut ensuite diffusé en France par la Bibliothèque bleue et de nombreuses éditions populaires qui multiplient les variantes de l’histoire.

L’adaptation pour l’opéra est extrêmement libre et se contente de reprendre la situation de départ (les tribulations d’un chevalier issu de l’union d’une femme avec un démon) et la fin (le mariage du héros avec une princesse).

Edgar Degas, Ballet de Robert le Diable, Victoria and Albert Museum, 1876 - fr.wikipedia.org - Le Ballet de "Robert le Diable" (1876)

À Palerme, au début du XIVe siècle, Robert, duc de Normandie, est tombé amoureux d’Isabelle, la fille du roi de Sicile. Le père du jeune homme, un démon des Enfers dévoré par l’amour paternel, a pris les traits d’un chevalier mystérieux prénommé Bertram. Il tente de convaincre Robert de vendre son âme au diable et réussit à empêcher son fils de participer à un tournoi dont l’enjeu n’est autre que la main d’Isabelle. Il lui conseille d’utiliser la magie pour parvenir à ses fins : lors d’une bacchanale avec des nonnes damnées, Robert s’empare d’un rameau magique. Isabelle parvient cependant à convaincre Robert de briser le talisman et Bertram est englouti dans les profondeurs des Enfers, après avoir échoué à faire signer à son fils le pacte infernal. Robert finit par épouser Isabelle. L'histoire n'est pas sans rapeller celle de Jean de Procida durant les Vêpres siciliennes. (fr.wikipedia.org - Robert le Diable (opéra)).

La toilette de la jeune mariée

Non loin de Palerme il existe un couvent de Capucins, construit en 1621, très renommé dans toute la Sicile par la propriété merveilleuse dont jouit son caveau de préserver les corps de la corruption. Après six mois de séjour dans ce caveau, les corps, revêtus de leurs habits, sont rangés le long des murs des galeries souterraines qui en renferment ainsi des milliers; car, non seulement on y place les religieux décédés dans le couvent, mais encore tous les Palermitains de distinction qui, pour disputer quelque chose à la destruction, veulent reposer dans le caveau des fils de saint François. Voilà bien des siècles qu'on y enfouit les cadavres. Le baron d'Haussez, qui visita cet inmense charnier en 1833, a su d'un moine qui l'accompagnait, que, pour prévenir les effets inévitables de la putréfaction, on injecte une préparation de sublimé dans l'intérieur des corps, et qu'on les couvre d'une légère couche de chaux. Ce n'est donc plus à la nature chimique du sol, mais bien au sublimé corrosif (chloride de mercure) qu'il faut rapporter la faculté conservatrice du caveau des Capucins, bien que les bons pères croient fermement à la merveilleuse vertu de leurs souterrains (Léger-Marie Pioger, La vie d'après la mort ou la vie future selon le christianisme, la science et notamment les magnifiques découvertes de l'astronomie moderne, 1873 - www.google.fr/books/edition).

Gustave Courbet, La Toilette de la morte ou La Toilette de la mariée, Smith College Museum of Art (Northampton), 1850-55 - fr.wikipedia.org - Liste de tableaux de Gustave Courbet

Le chlorure de mercure est employé en pharmacie sous la forme du calomel. Rappelons en passant que lorsqu'on recourt au calomel, i] faut éviter de manger des aliments salés : car le chlorure de sodium le rend soluble et l'on meurt les intestins perforés et empoisonnés. Le bichlorure de mercure a des effets antiseptiques connus comme sublimé corrosif; de même que le chlorure de zinc, il conserve les matières organiques, pièces anatomiques, etc. L'embaumement des cadavres repose sur l'emploi des chlorures, qui sont tous d'énergiques désinfectants (Le Génie civil, Volume 25, 1894 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Chlorure de mercure(I)).

Rosalia Lombardo (née le 13 décembre 1918 à Palerme en Italie et morte le 6 décembre 1920), était une enfant italienne morte d'une pneumonie. Le père de Rosalia, Mario Lombardo, très touché par la mort de sa fille, contacta Alfredo Salafia, un embaumeur, pour préserver le corps de Rosalia. Son corps est l'un des derniers à avoir été accepté aux catacombes capucines de Palerme en Sicile (fr.wikipedia.org - Rosalia Lombardo).

Le ténor Louis Gueymard (1822-1880) fit ses débuts à l'Opéra de Paris en 1848 dans le rôle-titre du grand opéra de Meyerbeer, Robert le Diable (1831), qu'il interpréta également lors de la cinq centième représentation en 1867. C'est peut-être par l'intermédiaire du poète Fernand Desnoyers (1828-1889) que Courbet fit sa connaissance. Un de ses dessins de 1856, Pierrot et le bras noir, fut reproduit sous forme de gravure en frontispice de la pantomime homonyme en vers de Desnoyers (cat. 40). Dans une lettre de 1855 ou 1856, le peintre invite Gueymard à assister dans son atelier à la lecture d'«une comédie pantomime» de Desnoyers - très probablement Le Bras noir, dont la première eut lieu le 8 février 1856 - ajoutant : «Nous serions très flattés si vous pouviez venir, et moi spécialement.» En 1856, Courbet avait commencé un portrait de Gueymard, l'une des rares images d'artistes de la scène dans son œuvre. Il y travaillait encore début 1857, comme il l'écrivit à son père : «Je fais dans ce moment le portrait de Gueymard» Dans ce tableau, Gueymard rejoue un passage de sa célèbre interprétation de Robert, duc de Normandie, héros médiéval de Robert le Diable. Au premier acte, celui-ci déclare : «L'or est une chimère», et invite ses chevaliers à une partie de dés dans laquelle il perd perd sa fortune. Le paysage qui sert de fond au tableau de Courbet recrée le décor de la scène correspondante dans l'opéra de Meyerbeer, qui représentait le port sicilien de Palerme. Ce portrait «mis en scène» rappelle la vogue de l'époque pour les photographies d'acteurs en costume dans des rôles célèbres, genre popularisé par Julien Vallou de Villeneuve (1795-1866). Toutefois, la présence d'autres personnages dans la composition de Courbet s'écarte des conventions des photographies de Vallou de Villeneuve, centrées de manière caractéristique sur un seul se détachant sur un fond neutre. En figurant d'autres comédiens, Courbet contextualise sa représentation de Gueymard comme un acteur qui joue un rôle, accentuant l'artifice de l'image au lieu de le diminuer. Quand l'oeuvre fut présentée au Salon de 1857, les critiques furent déconcertés par cette théâtralité avouée, ainsi que le déplora Gautier : «...ce qui l'a rendu désagréable, c'est, avant tout, la manière dont le peintre l'a compris et, partant, l'a rendu; plutôt que le personnage créé par l'acteur, ce fut l'acteur dans le costume du personnage qui fut peint, rompant l'illusion théâtrale.» La caricature de ce portrait par Nadar, qui montre Gueymard pareil à une marionnette, reflète la réaction de Gautier devant l'artifice non dissimulé de l'œuvres. Ce tableau, dont le contexte médiéval évoque l'imagerie des troubadours au début du XIXe siècle, renvoie aussi à la période où le jeune Courbet explorait des sujets romantiques similaires, comme on le voit dans Le Guitarrero (1844, cat. 3) et Le Sculpteur (1845, cat. 2). Deux études préliminaires des têtes des acteurs costumés en chevaliers dans le portrait de Gueymard, dont l'une pourrait être un autoportrait de Courbet, confirment la persistance de l'attrait exercé par ce genre d'images sur l'artiste (Gustave Courbet, Réunion des musées nationaux, 2007 - www.google.fr/books/edition).

Louis Gueymard est né à Chaponnay (Isère puis Rhône) patrie aussi d'Antonio Bulifon (1649-1707), imprimeur-libraire installé à Naples (fr.wikipedia.org - Chaponnay).

Gustave Courbet, Louis Gueymard en Robert le Diable, Metropolitan Museum of Art (New York), 1857 - fr.wikipedia.org - Liste de tableaux de Gustave Courbet

Charles Lemercier de Longpré, ou Charles Le Mercher de Longpré, baron d'Haussez, né à Neufchâtel-en-Bray (Normandie) le 20 octobre 1778 et mort à Saint-Saëns (Seine-Inférieure) le 10 novembre 1854, est un homme politique français, baron de l'Empire, député sous la Restauration. Le baron d'Haussez accepte, le 23 août 1829, le portefeuille de la Marine en remplacement du vice-amiral de Rigny. Il signale son passage au gouvernement par le rôle important qu'il joue dans la préparation et la conduite de l'expédition d'Alger. Le 25 juillet 1830, le baron d'Haussez signe les ordonnances de Saint-Cloud, non sans avoir présenté quelques observations de forme. Le 28, il paraît, dit-on, dans les rangs des troupes royales. Quand la victoire fut acquise à l'insurrection, il se rend à Saint-Cloud auprès de Charles X, puis, via Saint-Saëns, gagne Dieppe et, de là, l'Angleterre. Impliqué dans le procès des ministres, il est condamné par contumace, le 11 avril 1831, à la détention perpétuelle. Il passe son temps d'exil à visiter l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, l'Europe centrale (Hongrie, Transylvanie), et rentre en France à la faveur de l'amnistie de 1839 (fr.wikipedia.org - Charles Lemercier de Longpré).

La création de Robert le diable eut lieu à l’Opéra de Paris, salle Le Peletier, le 21 novembre 1831 (fr.wikipedia.org - Robert le Diable (opéra)).

Atala

BUTERA (ANDRÉ), compositeur dramatique, est né en Sicile en 1822, et a fait ses études d'harmonie et de contrepoint au conservatoire de Palerme, sous la direction du savant professeur Ruggi. Il avait à peine vingt ans lorsqu'il fit représenter au théâtre du Fondo, à Naples, un opéra sérieux intitulé: Angelica Veniero, dont la musique a eu quelque succès. Ricordi, de Milan, en a publié quelques morceaux avec accompagnernent de piano. Au mois d'avril 1851, M. Butera a donné au théâtre de Palerme Atala, tragédie lyrique qui obtint un grand succès près de ses compatriotes, mais qui, écrite d'une manière simple et naturelle, très-opposée au goût actuel de l'Italie, aurait vraisemblablement moins bien réussi sur le sol de la péninsule (François Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique par F.J. Fétis, Tome 2, 1861 - www.google.fr/books/edition).

Il est mort dans la nuit du 10 au 11 novembre 1862 (Rivista italiana di scienze, lettere ed arti colle Effemeridi della pubblica istruzione, 1863 - www.google.fr/books/edition).

Anne-Louis Girodet, Atala au tombeau, Musée du Louvre, 1808 - fr.wikipedia.org - Atala au tombeau

Marie Caroline grandit à Palerme, dans le Palais des Normands, où se trouve la magnifique chapelle Palatine. Sa maman meurt alors qu’elle n’a que 3 ans. Son père, futur François II de Naples, appartient à la dynastie des Bourbon-Sicile. Il descend en ligne directe, et légitime, d’Henri IV et de Louis XIV. Sa mère, Marie-Clémentine, appartient à la dynastie des Habsbourg. Elle est la petite-fille de la grande Marie Thérèse d’Autriche, donc la nièce de Marie-Antoinette.

En habit d’homme et sous le nom de «Petit-Pierre», elle avait pris le maquis avec les rebelles dans le Midi et l’ouest du pays. L’objectif était de faire proclamer son fils roi de France sous le nom de Henri V. L’entreprise avait échoué. Trahie par un ami, traquée par les soldats, elle avait été retrouvée à Nantes, cachée dans une cheminée et à moitié asphyxiée. Emprisonnée dans la forteresse de Vauban, la duchesse n’en avait été que plus populaire. La naissance d’un bâtard, vérifiée de près, et dont l’annonce serait répandue dans toute la presse, discréditait à jamais la Jeanne d’Arc des légitimistes, la muse des romantiques, celle de Chateaubriand et de Lamartine.

Le père est le comte Hector Lucchesi-Palli de Palerme, rencontré un an auparavant en Italie et dont la duchesse est devenue l’épouse légitime. La petite Anne-Marie-Rosalie, qui vient de voir le jour, ne vivra pas longtemps mais elle ne sera pas née sans père. Chez les plus proches, on fait semblant de croire à cette version des faits. Chez les orléanistes, on rit : Hector, diplomate napolitain en poste à La Haye, n’aurait pas quitté les Pays-Bas depuis plus de deux ans… mais aurait fini par accepter un marché qui lui permettrait d’éponger ses nombreuses dettes… De la Sicile à Paris, on le surnomme saint Joseph (www.parismatch.com).

C’est à Prague que vivait en exil l’ex-roi de France Charles X. Après avoir abdiqué suite à la révolution de 1830, il s’est réfugié chez l’empereur d’Autriche, son ancien allié. La mission pragoise du grand diplomate est extrêmement délicate. Il vient pour plaider la cause de la duchesse de Berry, brebis galeuse de la Maison de France.

L’historienne Pavla Vošahlíková constate :

«Chateaubriand s’est rendu à Prague deux fois en 1833. Avant de venir, il s’est renseigné sur la situation dans le royaume de Bohême. Comme il ne disposait pas de sources d’informations tchèques, nous supposons qu’il cherchait à s’informer dans les milieux de l’émigration polonaise à Paris. Pourtant, en arrivant à Prague, il ne savait pas que déjà plus de vingt ans auparavant Josef Jungmann avait traduit en tchèque son roman Atala. C’était une information relativement importante que les émigrés polonais à Paris ne connaissaient pas.»

Le premier voyage de Chateaubriand à Prague en mai et juin 1833 se termine donc par un succès relatif. Le diplomate part avec un espoir de réconciliation entre Charles X et la duchesse de Berry.

L’écrivain cite dans ses mémoires les paroles du roi :

«Que Madame la duchesse de Berry se fasse oublier. A Palerme. Qu’elle vive maritalement avec monsieur Lucchesi à la vue de tout le monde, alors on pourra dire aux enfants que leur mère est remariée; elle viendra les embrasser. Je ne lui ferai aucun reproche, mais il faudra qu’elle se contente d’une réunion passagère.» (Václav Richter, Quand Chateaubriand partait au secours de la brebis galeuse de la Maison de France, 2018 - francais.radio.cz).

Le Mémoire sur la captivité de Madame la Duchesse de Berry, 1833 est une brochure de Chateaubriand qui prenait hautement la défense de la Duchesse de Berry, l'auteur ayant participé en sous-main au débarquement de la "Régente". La folle équipée que Marie-Caroline, duchesse de Berry, mère du Comte de Chambord, tenta en 1832 contre le tout nouveau pouvoir de son cousin Louis-Philippe se termina par son incarcération au château de Blaye. Après quelques mois en prison, la duchesse est libérée et expulsée à Palerme; elle est tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refuse la direction de son fils, confiée à sa belle-sœur, la dauphine (www.livre-rare-book.com, fr.wikipedia.org - Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870)).

Lebzeltern, ambassadeur d'Autriche à Naples écrit à Metternich, pour l'informer que Chateaubriand de retour de Prague doit se rendre à Palerme pour informer Marie-Caroline (9 août 1833) :

On me dit que M. le vicomte de Chateaubriand n'ayant pu aller à Palerme, y avait envoyé un de ses amis pour y rendre compte à S. A. R. des résultats de la commission dont elle l'avait chargé près de Charles X (Marie Jeanne Durry, La vieillesse de Chateaubriand, 1830-1848, Tome 2, 1986 - www.google.fr/books/edition).

Haussez était à Palerme en 1833 où il visite le couvent des Capucins et ses catacombes.

Autoportrait

Théodore Chassériau entretient une relation passionnée avec la comédienne Alice Ozy qui dure deux ans et lui vaut la jalousie de Victor Hugo, admirateur éconduit de la comédienne. Chassériau meurt à 37 ans, en 1856. Il est inhumé à Paris au cimetière de Montmartre, 32e division, avenue Saint-Charles

Théodore Chassériau, Autoportrait à 16 ans, Louvre, 1835 - https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Chass%C3%A9riau

Le duc d'Aumale (1822 - 1897), fils du roi Louis-Philippe, revenait — en triomphateur — de sa campagne d'Algérie, lorsqu'il vit pour la première fois, dans les derniers mois de 1841, Alice Ozy chez Mlle Adélaïde où elle jouait dans un vaudeville en deux actes, de Lockroy et Rosier, le Chevalier du Guet. [...]

Alice Ozy ne se piquait pas de constance. Elle savait que la constance pour une actrice est une mauvaise spéculation et que les jeunes amants, même princes, ne sont pas les plus avantageux. Courtisée par le banquier Perregaux qui lui offrait un attelage de vingt mille francs, elle voulut, avant d'accepter, prévenir le duc d'Aumale qui ne disposait guère pour ses menus plaisirs que de mille écus par mois, sur lesquels sa famille, dit-on, lui retenait une bonne part. Une rupture résulta de cette communication et quelque temps après le prince écrivait à son ex-maîtresse : «Ne trouvez-vous pas que je suis un peu Desgrieux ? Je vous aime davantage, depuis que vous ne m'aimez plus...» Elle l'aimait peut-être encore mais elle aimait encore plus l'argent. Lorsque le duc d'Aumale se maria, le 25 novembre 1844, l'actrice jugea convenable de lui faire remettre ses lettres. Il lui envoya quelques billets de mille francs. Elle en fut quelque peu humiliée «Je ne suis pas, dit-elle, dans la misère. J'aurais préféré un souvenir...» La duchesse d'Aumale, Marie-Caroline-Auguste de Bourbon, princesse de Palerme, les flatteurs, sans trop la flatter, la comparaient à une statuette de Tanagra. Elle en avait la grâce fragile. Elle était petite, frêle, avec des traits fins et délicats. Par sa douceur, par sa piété tout italienne, elle conquit très vite l'affection et même les préférences de la reine Marie-Amélie (Henri d'Alméras, La vie parisienne : sous le règne de Louis-Philippe, 1911 - archive.org).

Tableau anonyme

Une jeune fille, de dos, contemplait le couchant au bord de la mer.

La silhouette flottait au soleil, enveloppée de blancheur. On distinguait le lobe de l'oreille, la chevelure, les franges de l'étoffe. Ses pieds nus s'élevaient au-dessus d'un morceau de lande. De petits points rose clair éparpillaient un gui d'écume sur l'eau verte. Quelle brise soulevait ce corps au-dessus des couleurs terreuses mais pures : une argile grise et presque mauve entre les joncs ? La marée montante menaçait les liasses d'herbe et les bosses de vase. Les eaux rongeaient la terre. Thomas observa la petite paille hachée de la lumière : légère comme le liège, la jeune femme foulait avec agilité la fraîcheur de l'air. Prête à disparaître. [...]

L'analyse révéla que cette peinture en recouvrait une autre : le portrait d'un roi, le jour du sacre. L'image apparut d'un noir de cendre sur le cliché où l'on distinguait l'éparpillement des rectangles de toile rapportée, collées des deux côtés du support. Pourquoi ce rapiéçage ? En 1830, un beau matin de juillet, des hommes armés étaient entrés dans le Louvre au cri d'"En avant, Fanfan la Tulipe !".

Ils avaient criblé la toile de quarante-quatre coups de feu ! Un peintre, parmi eux, emporta le tableau.

Thomas l'imagine dans son atelier, devant le regard déchiré du roi. Et par-dessus, il avait peint une femme sans visage (pages 103-104).

Thomas hésitait au sujet du tableau anonyme. "Pourquoi ? demanda Antoine.

- La femme portée par le vent fait écran au soleil. La mort du roi est au coeur de l'effigie.

- Il y a la date, dit Antoine.

- Juillet 1830 !" (page 108).

Dates et la division de l'année non bissextile en 14

On peut dater le roman deux fois : dans l'Ouverture la victoire de l'Angleterre sur la France 26 à 7 donne le 3 février 1990, avec sa tempête Herta, qui vaut pour la deuxième partie puisque sont mentionnées la Grande Arche (inaugurée en 1989), la Grande Bibliothèque (annoncée en 1988 et inaugurée en 1995); tandis que pour la première partie, le numéro 59597 du Times que lit Mr Trobey donne le 9 janvier 1976.

«Févier 1990 : sept tempêtes se succèdent et touchent à divers degrés la France et une large partie de l’Europe. Celle du 3-4 février fut l’une des plus importantes connues dans le nord de la France, faisant 23 morts dont 13 dans la région parisienne. La tempête du 26 février au 1 mars coûta 65 vies dans l’ensemble de l’Europe» (Source : dossier Les Tempêtes du Ministère de l’Écologie et du Développement Durable, décembre 2002, page 14) (tempetes.meteo.fr).

14 ans et 25 jours soit 5139 jours d'intervalle ou 5140 jours en tout. Du début du 9 janvier à la fin du 3 février, on compte 26 jours en tout soit une division en 14 de l'année (26 x 14 = 364) à un jour près. 365 = 14 x 26,0714...

Dans des textes plus longs, la contrainte est en abyme, comme c'est le cas pour le cycle des trois romans d'Hortense de Jacques Roubaud, bâtis sur les permutations en escargot de la sextine, forme poétique inventée par le troubadour Amaut Daniel : «L'ordre de préséance parmi les Princes était modifié à chaque génération, suivant une permutation fixée immuablement depuis le XIIIe siècle [...]». En outre, plusieurs nombres de prédilection : 6 (évidemment); 14 (nombre de Roubaud); 37 et 73 (palindromes et nombres de Perec) ; et 366, sont inscrits dans la trame du récit, en une programmation apparemment compliquée. Le nombre 6 est un peu dans la trilogie ce que le nombre 5 était dans La Disparition de Perec : le nombre clé qu'il faut exhiber tout en l'entourant de mystère, car il porte en lui la solution de l'énigme qui participe à la structure même du récit (Marc Lapprand, Le point sur les proses à contraintes à l'Oulipo, Formules n° 3, 1999 - www.ieeff.org, www.gef.free.fr - Oulipo 14).

début du 9 janvier

3,0714 février soit début du 4 février

sainte Véronique, ayant essuyé le visage du Christ montant au Golgotha (Chemin de la Croix de 14 stations)

4 février

1,1428 mars soit le 2 mars

saint Simplice pape

2 mars

27,2142 mars soit le 28 mars

saint Sixte III pape, sixte de sextus d'où sextine

28 mars

22,2856 avril soit le 23 avril

saint Georges (dépôt dans la nuit du 23 au 24 de la contremarque)

23 avril

18,3570 mai soit le 19 mai

saint Pierre Célestin (pape Célestin V bien connu à Rennes-le-Château : Roubaud passe sa jeunesse à Carcassonne)

19 mai

13,4284 juin soit le 14 juin

saint Quintien et saint Quintilien, tout deux africains (actuelle Tunisie pour le premier)

14 juin

9,4998 juillet soit le 10 juillet

sainte Félicité mère de 7 martyrs (14/2)

10 juillet

4,5712 août soit le 5 août

ND des neiges; saint Viâtre dont la commune éponyme en Loir et Cher (Grande Sologne) possède une église au clocher tors (spirale)

5 août

30,6426 août soit le 31 août

saint Luce (mort en 579 évêque de Césarée en Cappadoce)

31 août

25,7140 septembre soit le 26 septembre

bienheureuse Luce de Venise (morte en 1400 tierciaire franciscaine à Salerne)

26 septembre

21,7854 octobre soit le 22 octobre

Trois Maries

22 octobre

16,8568 novembre soit le 17 novembre

depuis 1969 fête de Élisabeth de Hongrie (morte en 1240) membre du Tiers-Ordre franciscain, connue par son miracle des roses comme Roseline, avant le 19 novembre.

17 novembre

12,9282 décembre soit le 13 décembre

sainte Lucie

13 décembre

fin du 8 janvier - début du 9

saint Julien l'Hospitalier

La divison de l'année bissextile de 366 jours en 14 fois 26,142... jours fait que l'on tombe en fin d'année au 14 décembre, anniversaire de Nostradamus, mais ce n'est plus la sainte Lucie.

le 13 décembre est la fête des saintes Lucie et Luce, prénom de l'héroïne de La Jolie Morte, et d'une sainte Rose abbesse.

La Sainte-Lucie est une fête ayant lieu le 13 décembre en honneur de la sainte Lucie de Syracuse, en Sicile comme Palerme (cf. Rosalie). Elle marque, avec l'Avent, le début de la saison de Noël (fr.wikipedia.org - Sainte-Lucie (fête)).

22 octobre : fête des Trois Maries, les prétendues demi-soeurs Marie, Marie Jacobé et Marie Cléophas, filles issues de trois mariages d'Anne, grand-mère de Jésus (Adrien Baillet, Les vies des saints, Tome 6, 1739 - www.google.fr/books/edition).

5 août : saint Viâtre. Un clocher tors ou clocher flammé est un clocher dont la flèche est spiralée, souvent couverte d'ardoise. Le clocher d'une église se compose le plus souvent d'une tour carrée en pierre sur laquelle repose une pyramide coiffée d'une flèche. Il y a environ une centaine de clochers de ce type en Europe dont 65 en France, 22 en Allemagne et onze en Belgique. Ce nombre n'est pas définitif, l'Association des clochers tors d'Europe en découvrant de nouveaux chaque année.

A Saint Viâtre, la flèche octogonale surmonte une tour carrée, la torsion légère de gauche à droite ne concerne que le dernier tiers, elle semble due à une déformation naturelle (fr.wikipedia.org - Liste de clochers tors).

14 juin : saint Quintien. Au temps de l'invasion des Wisigoths, l'Eglise de Rodez resta pendant vingt-sept ans, veuve de son pasteur. Il est vrai qu'Alaric, fils et successeur d'Euric, en 485, rendit la paix aux églises d'Aquitaine; mais cette paix fut troublée plus d'une fois par les vexations et les pillages des Wisigoths hérétiques. Le monastère de Conques, qui s'était relevé de ses ruines plus florissant que jamais, et repeuplé de nombreux moines, fut détruit de fond en comble par les Wisigoths d'Alaric, l'an 500. Et comme cette vallée était d'une facile défense, Amalaric, fils d'Alaric, s'y établit, non loin de Conques, s'y fortifia et en fit son repaire inexpugnable. Enfin l'Église de Rodez put jouir de la présence d'un pasteur. Ce pasteur fut encore un Saint, et un Saint aussi célèbre dans l'histoire civile que dans l'histoire occlésiastique; ce fut Quintien. Saint Quintien (Quintianus), naquit en Afrique. Il était neveu de Fauste, évêque de Carthage, qui se rendit célèbre pour avoir ressuscité sa mère. La persécution des Vandales obligea Quintien, comme tant d'autres, à se réfugier dans les Gaules. Il vint s'établir à Rodez; sa haute sainteté le fit bientôt connaître et désigner pour remplir le siége épiscopal des Ruthènes, en 502 (Jacques Albin Simon Collin de Plancy, Grande vie des saints, Tome 11, 1878 - www.google.fr/books/edition).

Remettant de l'ordre dans mes livres, je tombai sur une plaquette de vers latins avec leur traduction anglaise : The Elegies of Quintilius. A la page de titre, une écriture élégante rappelait «a fine encounter in Venice. 1978. Peter Russell». Je le revois. C'était à Venise en effet, au Harry's Bar. Complet bleu, cheveux blancs, il buvait un Fernet Branca. Je lisais une revue consacrée à la sextine, une forme rare. Cela le fit sourire. Il était de Bath. Il avait écrit une sextine sur les cafés du Maroc. Le lendemain, il arriva du fond des Procuraties, un sac de papier glacé à la main. Il venait d'acheter des robes pour ses filles qui se trouvaient avec leur mère à Téhéran. Les choses là-bas tournaient très mal, à cause des religieux. Un monde était en train de disparaître. Il enseignait lui-même la philosophie islamique à l'université. Il voulait m'offrir un livre : les Elégies. Peter Russell donnait sa traduction avec des notes en appendice. L'une éclairait un problème de botanique historique. Une autre précisait qu'entre 1948 et 1956, il avait été en contact avec Ezra Pound et T.S. Eliot. Pour une seule élégie Pound avait suggéré soixante-dix corrections. Mais Quintilius ? Qui était Quintilius ? Ce Romain n'a jamais existé.Ses vers sont invention pure, un faux imaginé de toutes pièces par cet Anglais de Venise. Je n'y avais vu que du feu ! (Pierre Lartigue, La Jolie Morte, 1995 - www.google.fr/books/edition).

Quintilius — or, to give him his full name, Cittinus Aurelianus Quintilius Stultus first entered Russell's poetic life late in the 1940s. A poet called Quintilius was referred to by Horace (Ars poetica, ll. 438–444; Horace 1989, 73) as a friend, poet, and critic. But none of the poems by that Quintilius have survived. Russell's Quintilius is his invention (perhaps in both the modern and older senses of that word. Russell's The Elegies of Quintilius was initially presented as translations of Latin originals, complete with a pseudo?scholarly apparatus (see Russell 1954, 1975). The best of these elegies (such as “The Dispossessed” and “The Golden Age”) are highly accomplished pastiches of precisely the kind of poems a late Roman poet might have written in imitative admiration of earlier masters of the elegy (he was perhaps a reader of Tibullus in particular). For Russell's Quintilius does not belong to the Augustan era; he is rather a kind of vagabond poet of the fifth century. He “lived,” thus, in one of the most remarkable periods in European history (Glyn Pursglove, British and Irish Poets Abroad/in Exile, A Companion to Contemporary British and Irish Poetry, 1960 - 2015, 2020 - www.google.fr/books/edition).

Du Bellay parle du critique Quintilius dans sa Deffense et illustration de la Langue française (1549) sous la graphie Quintilie, et sera l'objet de la critique acerbe de Charles Fontaine (Quintil censeur) (Gaëtan Hecq, Louis Paris, Notices sur les traités de poétique, Annales de la Société Royale d'Archéologie de Bruxelles: mémoires, rapports et documents, Tome 8, 1894 - www.google.fr/books/edition).

The earlier numerals were less frequent; but Quintus, Sextus, Septimus, Octavus, were very common, with their derivatives, Quintius, Quintianus, Quintilius, Octavius, Octavianus. Aurelius appears to be connected with aurum, gold (Names of persons, Chambers's Miscellany: Vol. XIV, 2022 - www.google.fr/books/edition).

Il existe de nombreux dérivés latins masculins et féminins de Quintus, donnant par la suite des variantes dans les autres langues. Ainsi, le dérivé Quintinus a donné par la suite le prénom Quentin (fr.wikipedia.org - Quintus).

Quintilius, born in Sfax in North Africa and having travelled much of the Mediterranean world (the Hadramaut is a region of modern Yemen, in the pre-Islamic age a significant staging post on the trade route to and from India) finds himself in exile in Italy.

The poem’s title “Exsules damnatique” is a phrase from Julius Caesar’s De Bello Gallico (V.55). That might seem sufficient to account for Russell’s identification of his source as “a Gaulish text”. But in fact Russell has translated a ‘Gaulish’ text of rather more recent vintage, understanding ‘Gaulish’ in its jocular sense of ‘French’, for it is a nineteenth-century French poet who has here been appropriated by the ancient poet Quintillius. “Exsules damnatique” is a largely faithful translation of part of “L’Exil des Dieux” by Theodore de Banville (1823-1891). Russell / Quintilius has made use of lines 141-160 of Banville’s poem (Glyn Pursglove, FAKERY, SERIOUS FUN AND CULTURAL CHANGE : SOME MOTIVES OF THE PSEUDO-TRANSLATOR, Hermeneus. Revista de Traducción e Interpretación Núm. 13, 2011 - www5.uva.es).

23 avril la saint Théodore renvoie à Chasseriau, à Banville et à l'aïeul de Luce Lacheroy : "Théodore appartient au parti noir. Il porte le deuil du roi d'où naissent toutes ces machineries de rêve avec envolée de fantômes à la scène, à la ville" (La Jolie Morte, page 137).

28 mars (le 19 août à Rome) : l'an 432, Sixte succéda au saint Pape Célestin Ier. Saint Sixte III mourut en l'an 440, après un peu plus de huit ans de pontificat; il fut enterré le 28 mars, dans la grotte de Saint-Laurent. Il combattit les pélagiens et les nestoriens (Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Grande vie des saints, Tome 6, 1873 - www.google.fr/books/edition).

Sixte III consacra, le 5 août 434, la basilique Sainte-Marie-Majeure, sous le nom de Vierge Marie, l'une des trois avec Saint Pierre et Saint Jean de Latran. Elle est appelée aussi Notre Dame des Neiges en raison d'un miracle qui présida à sa fondation par le patrice Jean sous le pontificat du pape Libère : il neiga un 5 août à son endroit (fr.wikipedia.org - Sixte III, Alban Butler, Vies des Pères, des martyrs et des autres principaux saints, Tome 7, 1785 - www.google.fr/books/edition).

Sixte Ier, en réalitée s’appelle «Xyste», un nom probablement d’origine grecque, qui ensuite fut confondu avec Seste, confirmé par erreur aussi pour le fait qu’il sera le septième pape, c’est-à-dire le sixième après Pierre (www.vaticannews.va).

Les trois premiers papes Sixte de l’Antiquité semblent avoir porté le nom grec de Xystos qui signifie étymologiquement «lisse», ou peut-être le prænomen (prénom latin) Sextus signifiant «sixième (né)». Les deux ont été confondus en un nom unique, Sixtus, et ce nom a ensuite été repris par deux autres papes durant la Renaissance (fr.wikipedia.org - Nom de règne des papes).

2 mars : SIMPLICE OU SIMPLICIUS (Saint). Pape de 468 à 483, né à Tusculum (Tivoli), il établit en Orient l'autorité du concile de Chalcédoine, replaça sur les sièges d'Antioche et d'Alexandrie les évêques légitimes, qui en avaient été chassés par les Eutycheens, mais ne réussit pas aussi promptement à étouffer les troubles en Occident.

SIMPLICIUS, philosophe grec du VIe siècle, natif de Cilicie ou de Phrygie, reçut les leçons d'Ammonius, fils d'Hermias, enseigna quelque temps à Athènes, quitta cette ville après la défense que fit Justinien d'enseigner la philosophie (529), et se réfugia en Perse auprès de Chosroès; ce prince obtint son retour en Grèce, vers 533 selon les uns, en 545 selon d'autres. On a de Simplicius des commentaires sur plusieurs traités d'Aristote : Physique, Venise, Alde, 1526; Traité de l'âme, Venise, 1527; Catégories, Bâle, 1541; et sur le Manuel d'Epiclète (publiés à Venise, 1528, à Leyde, 1640, et à Deux-Ponts, par Schweighauser, 1800 ce dernier ouvrage a été traduit en français par Dacier, avec le Manuel d'Epictèle, 1715. Simplicius est un éclectique néoplatonicien, qui incline au péripatétisme. Ses commentaires sont, avec ceux d'Alexandre d'Aphrodisie, les meilleurs de cette école (Louis-Gontran Gourraigne, Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Tome 1, 1893 - www.google.fr/books/edition, Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Grande vie des saints, Tome 5, 1873 - www.google.fr/books/edition).

L'Abominable Tisonnier de Roubaud expose la foi en plusieurs «mondes possibles» et permet à l'auteur de confirmer son intuition d'une éternité conservatrice . Dans les «Sept derniers sages de la Grèce» (p. 43-71), l'attention de Mr Goodmann, double de l'auteur, est attirée par un passage du Corollarium de tempore, du néoplatonicien Simplicius qui relève chez Damascius l'affirmation reprise en gras, selon laquelle «le temps dans sa totalité existe simultanément dans le réel» (p. 44). Ces affirmations sont la toile de fond sur laquelle se déploie la spirale, dont la forme, selon Simplicius, dit l'éternité et le renouvellement : «de même que le devenir est une espèce de déploiement, de déroulement autour [hors] de l'être, de même le cercle, la spirale autour de l'être, est un déploiement de la permanence de l'être» (ibid.). Dans le «ballet cosmique spiraloïde sacré cosmogonique et escargotier» de la sextine (EH p. 278), la géographie des lieux, les événements, les personnages s'inscrivent de façon rêvée apparentée à une renaissance, thèmes récurrents des autres œuvres de Roubaud. Les spirales qui entrelacent leurs lignes, deviennent vers, versus de la répétition dans les romans d'Hortense, répétition démultipliée en six mondes «compossibles». La voie du conte fait place à la voix de l'écrivain et, lointain écho amoureux, le roman comble le manque, l'obsessionnel désir de retour inscrit la rémanence de l'amour et de la mort de la femme aimée (Elisabeth Lavault, Jacques Roubaud: contrainte et mémoire dans les romans d'Hortense, 2004 - www.google.fr/books/edition).

3 février : la cathédrale de Palerme possède un reliquaire du bras de saint Blaise (Geneviève Bresc-Bautier, Artistes, Patriciens et Confréries. Production et consommation de l'œuvre d'art à Palerme et en Sicile Occidentale (1348 - 1460) Rome : École Française de Rome, 1979 - www.persee.fr).

Nous allons énumérer une très-petite partie des innombrables reliques qui portent le nom de saint Blaise, évêque de Sébaste. 1°. Son corps est à Maratée au royaume de Naples. Il en sort continuellement une liqueur salutaire qui guérit les paralytiques. Ce même corps est aussi dans l'église de Saint-Marcel à Rome; ce qui n'empêche pas qu'on en montre des parties considérables dans six autres églises de la même ville, à Brindes, à Raguse, à Volterre, à Anvers, à Malines, à Lisbonne, à Palerme. Plusieurs grands ossemens du même saint recevaient un culte à Mende, à Melun, dans deux églises de Paris (Saint-Sauveur et Saint-Jean-en-Grève), à Luxembourg, à Maubeuge, à Cambrai, dans la plupart des abbayes du Hainaut, de l'Artois et de la Flandre, à Tournai, à Gand, à Bruges, à Utrecht dans quinze ou seize églises de Cologne, etc., etc.; et cependant il paraît que le corps de saint Blaise n'est jamais sorti de Sébaste en Arménie. 2°. Quatre principales têtes de saint Blaise sont à Naples, à Saint-Maximin en Provence, à Montpellier, à Orbitello où elles ont fait des merveilles surprenantes. Une cinquième était et n'est plus à la Sainte-Chapelle à Paris. Nous ne parlons pas des mâchoires qui se montraient à Douai, à Vintimille près de Gènes, à Bourbon-l'Archambaut, et dans une multitude d'églises. 3°. Mais nous citerons huit bras détachés de saint Blaise, le premier à Rome, dans l'église des Saints-Apôtres, le second à Milan, le troisième à Capoue, le quatrième à Notre-Dame de Paris, le cinquième à Compostelle en Galice, sixième à Dilighem en Brabant, le septième à l'abbaye de Basse-Fontaine près Brienne en Champagne, le huitième à Marseille. Avec un peu de recherches, on trouverait saint Blaise armé de cent bras, comme le géant de la fable. Les doigts, les dents, les pieds de ce saint volumineux, sont trop dispersés pour que nous puissions entreprendre d'en faire le rassemblement (J.-A.-S. Collin de Plancy, Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses, Tome 1, 1821 - www.google.fr/books/edition).

Le culte de Saint Julien l'Hospitalier, fêté le 9 janvier, s'est répandu en Sicile (Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - www.google.fr/books/edition).

L'ancien nom grec d'Erice était Eryx, et sa fondation a été associée au héros grec éponyme Eryx. Ce n'était pas une colonie grecque, car ce sont les Phéniciens qui l’ont fondée, mais elle a été largement hellénisée. La ville a été détruite par les Carthaginois pendant la Première Guerre punique, et par la suite son importance a décliné. Eryx a été conquise par les Aghlabides en l’an 831 et a été rebaptisée Cebel Hamid (Gebel Hamed selon les sources occidentales, ce qui signifie montagne d'Hamid). Elle a été dirigée par les Arabes jusqu'à la conquête normande. Ségeste, un site archéologique; Nubie et les salines à Trapani, qui vous montrent la côte sicilienne et son paysage et sa nature magnifiques; et Erice, une ville médiévale. La route est vraiment jolie avec des vues inoubliables depuis la vieille rue qui monte de Trapani au mont Erice (ancien mont San Giuliano). Les trois sites ne sont pas loin de Palerme. En 1167 les Normands l'on renommée Monte San Giuliano. La ville a été appelée Monte San Giuliano jusqu'en 1934 (www.mylittleadventure.fr).

Théodore Chassériau, Ste Marie l'Égyptienne portée en terre, Fresque Église Saint-Merri, Paris, 1842 - fr.wikipedia.org - Marie l'égyptienne

A Notre-Dame de Paris Marie l'Egyptienne partageait une chapelle avec saint Julien l'hospitalier. La rue de la Jussienne, au quartier Saint-Eustache, lui doit son nom. [...] Une chapelle Sainte-Marie l'Egyptienne à l'église Saint-Merry, reconstruite au XVIe siècle, a été décorée par Chassériau. Il fait de son héroïne une belle créole romantique entourée d'anges et de démons semblables à elle (Albert Garreau, Calendrier parisien : ou, Mémoire des saints personnages de l'Église de Paris pour chaque jour de l'année, 1951 - www.google.fr/books/edition).

Certains auteurs se sont demandé si Marie-Madeleine et Marie l'Égyptienne n'étaient pas une seule et même personne, et si La vie érémitique de Marie Madeleine (récit du ixe siècle) n'était pas directement inspirée de celle de la pénitente du désert, eu égard aux nombreux points communs que l'on retrouve dans leur hagiographie (fr.wikipedia.org - Marie l'égyptienne).

Le roman Beaux Inconnus se passe en partie à Aix en Provence, il se termine sur la page du journal consacré au 22 juillet.

Danse et marionnettes

Les plus anciens directeurs de fantoches, dont le nom soit resté dans la mémoire des amateurs, sont les deux Brioché. Suivant une tradition recueillie par Brossette, Jean Brioché exerçait, dès le commencement du règne de Louis XIV, la double profession d'arracheur de dents et de joueur de marionnettes au bas du Pont-Neuf, en compagnie de son illustre singe Fagotin.

Leduchat, commentant un passage de Rabelais, nous révèle le goût assez malséant que nos petites délurées avaient pour une ancienne danse fort peu modeste «la Housarde, assez semblable à l'Antiquaille, que Panurge voulait sonner à sa dame et que, depuis peu d'années, on fait danser aux marionnettes françoises.» Il ne nous reste de cette sarabande soldatesque que la scène du housard, qui, à chacune de ses pirouettes, se débarrasse d'un de ses membres. Mais ces gaillardises n'empêchaient pas les plus honnêtes gens d'avouer hautement leur goût pour ces babioles. Un des plus spirituels académiciens du grand siècle, Perrault, n'a-t-il pas fait cet aveu dans Peau d'âne ?

Pour moi, j'ose poser en fait
Qu'en de certains moments l'esprit le plus parfait
Peut aimer sans rougir jusqu'aux marionnettes,
Et qu'il est des temps et des lieux
Où le grave et le sérieux
Ne valent pas d'agréables sornettes ?

Les gais propos que Brioché prêtait à ses petits acteurs étaient fort goûtés des Parisiens. Un mécanicien anglais, étant venu à Paris montrer des marionnettes qu'il faisait mouvoir par des ressorts et sans cordes, «On leur préférait, dit Brossette, celles de Brioché, à cause des bonnes plaisanteries qu'il leur faisoit dire.» (Commentaire sur la VIIe épitre de Boileau) (Charles Magnin, Histoire des marionnettes en Europe depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, 1862 - www.google.fr/books/edition).

André Tahon, né le 15 août 1931 à Saint-Maur-des-Fossés et mort le 28 août 2009 à Paris, est un marionnettiste français. Il est connu pour avoir montré l'art de la marionnette dans les music-halls, au cabaret, à la télévision et dans les théâtres.

Ses marionnettes étaient des marottes. Au début de ses spectacles, Tahon expliquait avec humour devant le public avec une marotte dans la main, comment cela fonctionnait. Ce type de marionnette manipulée au bout d'un bâton descend en ligne directe de la marotte utilisée par les bouffons des rois. En plus de l'humour de ses spectacles, André Tahon utilisa beaucoup la danse folklorique pour animer ses marottes (fr.wikipedia.org - André Tahon).

André Tahon, Menuet aux chandelles, 1979 - andre-tahon.blogspot.com

Jacques Chesnais fut à la fois inventeur, metteur en scène, scénariste, scénographe, technicien, poète de la marionnette à fils, chercheur, écrivain et historien. Jacques Chesnais a été intimement mêlé avec sa femme Madeleine et sa fille Marion à la vie culturelle et artistique des années 1930-1970. La marionnette lui apparaît comme le mode d’expression idéal en 1929 lors de la présentation à Paris du spectacle du marionnettiste italien Podrecca. Elle devient alors la passion de sa vie. C’est une affaire de famille où chacun tenait son rôle et exerçait ses talents.

Dans la Collection Chesnais, on remarquera particulièrement un ensemble de marionnettes provenant du Théâtre des Nabots de Madame Forain (qui a donné des représentations à Paris autour de 1904) dans lequel on peut admirer une danseuse dont la tête a été modelée par Edgar Degas (Une famille de marionnettistes LES CHESNAIS, Passion et Collection, 2014 - www.takey.com).

Dame Gigogne, personnage de théâtre, qui succède à Dame Perrine (Perrine variante de Pierrette), deviendra marionnette (Charles Magnin, Histoire des marionnettes en Europe depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, 1862 - www.google.fr/books/edition).

Dans Pierrot hypnotiseur (1892) du Viennois Richard Beer-Hofmann, le Doctor Pierrot circonvient Colombine par l'hypnose.

L'hypnose appliquée à Colombine ne sert pas à révéler ses désirs inconscients, mais au contraire à les juguler, à manipuler la jeune femme. Cette manipulation rapproche la pantomime du théâtre de marionnettes, lien également suggéré par la scène V de l'acte II, où Arlequin réapparaît pour reconquérir Colombine. Déguisé en colporteur, enveloppé dans un long manteau de Slovaque, il propose une corbeille de jouets en bois, dont des poupées à l'effigie des personnages de la pantomime : «Des Pierrots, des Arlequins, ainsi qu'une grande poupée en bois brut, habillée en Pierrette, avec des membres articulés.» Le motif des poupées – «Puppe» désigne en allemand à la fois la poupée et la marionnette – file la métaphore de la manipulation. L'hypnose met ici entre parenthèses le langage des corps et des sentiments (Catherine Mazellier, La nostalgie de la transparence, Pantomime et théâtre du corps: Transparence et opacité du hors-texte, 2019 - www.google.fr/books/edition).

Tout amateur de danse rêve de ces automates et de la poupée douée d'harmonie, agilité, souplesse, à un degré supérieur. «Et quel serait l'avantage de cette poupée sur les danseurs vivants ?» demande Kleist (Sur le théâtre de marionnettes). «L'avantage» répond son interlocuteur, «serait d'abord négatif, c'est-à-dire que la poupée ne ferait jamais la mijaurée». La machinerie introduit au secret de ce qui bouge. Pas seulement à propos d'automates. Fixant le mouvement dans une succession d'images le fusil chronophotographique de Marey permit de constituer l'étonnante sculpture des phases du vol du goéland. Cela conduit au nu descendant l'escalier de Marcel Duchamp et à la machine animale qui franchit la Manche. L'aéroplane de Tatlin avait des hélices comme des ailes de moulin... On rencontre en poésie cet échange entre vivant et artificiel. Mais la croyance que cet art relève du naturel fit oublier longtemps l'œuvre des troubadours où ce rapport est évident. Les surréalistes n'ont pas modifié cette opinion. L'attention détournée des problèmes du rythme, on est conduit sur le terrain du vers libre et de la prose. Depuis quelques années pourtant le goût pour la lyrique courtoise se développe. Artificielle cette poésie ? Sans doute, comme le blé, comme l'hélice ou les prairies. Mais on ne gagne rien à revendiquer la simplicité : mieux vaut attirer l'attention sur la sextine fabriquée par Arnaud Daniel en un siècle où les moulins à vent commencent d'apparaître sur les collines d'Europe. En février 1984, dans une causerie, au cercle Polivanov, j'ai tenté d'expliquer que cette sextine était un nautilus parce qu'elle est propulsée par une hélice, parce qu'elle est rare, parce qu'elle apparaît et disparaît. La sextine est propulsée par une hélice. J'ai intitulé l'hélice d'écrire les deux pages d'introduction à «ce que je vous dis trois fois est vrai» qui est une méditation active sur la sextine. Il s'agissait de présenter de manière imagée ce travail poétique qui constitue une exploration de propriétés combinatoires. Pour voyager dans la langue, Arnaud Daniel a inventé cet enroulement subtil (Pierre Lartigue, De la sextine, Action poétique n° 99, 1985 - www.google.fr/books/edition).

Pour le Nautilus de Jules Verne et le nautile voir l'énigme 560 (nonagones.info - La Chouette d’Or - Chouette vignette : énigme 560).

Les mouvements de la marionnette sont immédiatement simples, harmonieux et spontanés. «Qualité exceptionnelle que l'on cherche en vain chez la plupart de nos danseurs !» La marionnette incarne une grâce perdue pour le danseur qui, quant à lui, s'est dépouillé de toute spontanéité pour se complaire dans une conscience aiguë de soi-même et de son expression en mouvement (Laurent Van Eynde, Les formes du tragique dans l'œuvre d'Heinrich von Kleist : de la dialectique au néant, Les Etudes philosophiques, 1994 - www.google.fr/books/edition).

Au chant XXXIV de l'Enfer, Lucifer est l'exemple par excellence des gardiens infernaux plus ou moins automatisés, ou pour mieux dire instrumentalisés dans l’exercice de leur office. Archétype du mal (en même temps que figure du non-pouvoir du mal) immobilisé au centre de la terre et générant éternellement les glaces du Cocyte du battement de ses ailes, Lucifer est en effet décrit comme un monstrueux automate. Aussi Dante le prend-il tout d’abord de loin pour un gigantesque moulin à vent, aperçu dans la brume à la tombée du jour (Dante Alighieri, L'Enfer du Dante, traduit en vers par Louis Ratisbonne, Volume 2, 1859 - www.google.fr/books/edition, Isabelle Battesti, Problématiques de la terreur dans l’Enfer de Dante, PRISMI n° 2, 2021 - journals.openedition.org).