PAX
« La monnaie d'Albi (raimondins) a joui d'une grande faveur. Elle a circulé tongtemps, dans les diocèses d'Albi, Rodez, Cahors, Carcassonne. Mentionnée pour la première fois en 1037, elle fut d'abord d'un assez bon métal et de poids élevé, mais toujours de fabrique grossière, d'alphabet bizarre ». Blanchet et Dieudonné, Manuel de numismatique française, IV, Paris 1936, 237. En 1248, la pièce de monnaie portera dans le champ Pax en triangle. Déjà , en 1215, Simon de Montfort, à Toulouse, avait fait frapper une monnaie ayant, au revers, un grand A et croisette, abrégé de P.A.X. Ibidem, 235. (Paix de Dieu et guerre sainte en Languedoc au XIIIe siècle, Volume 4 de Cahiers de Fanjeaux, 1969 - books.google.fr).
Traditionnellement, les raimondins sont donnés aux trois comtes qui se sont succédés entre 1148 et 1249. Notre denier est encore très proche typologiquement de ceux d'Alphonse Jourdain (1112-1148). Raymond V lui succéda (1148-1194) ainsi que sur le comté de Saint-Gilles. Raymond VI (1194-1222) et Raymond VII (1222-1249) suivirent. D'après son style, son poids et sa typologie, ce denier ne peut être postérieur au début du XIIème siècle, voir le trésor de Verdalle, Tarn
Denier ou Raimondin, (1148-1194-1222), c. 1150-1200, Toulouse A/ RAMON COMES. Croix pattée cantonnée d'un S au 2ème canton. R/ + TOLOSA CIVI, S couchée. Déformation de PAX dans le champ. - vso.cgb.fr
La croix de l'"ARX" de la dalle horizontale de Marie de Nègre se trouve sur la commune de Montclar (Autour de Rennes le Château : La dalle horizontale de Marie de Nègre : vers Montolieu).
La terre de Montclar, dans la châtellenie de Montréal, fut une de celles données par Simon de Montfort à Philippe de Colon, ou de Goloinh, sénéchal de Carcassonne. Elle advint ensuite à une branche des vicomtes de Montclar, en Quercy. Divisée entre plusieurs conseigneurs, la part principale appartint, du 15e au 16e siècle, à la maison de Boyer (Boerii), qui, au 16e siècle, donna une série de juges-mages à la cour du sénéchal de Carcassonne. Enfin, de ces Boyer Montclar passa, par les femmes, dans la maison de Bellissens, branche de Cailhavel. celle branche éteinte de nos jours. En 1789, le nom de Monlclar et les droits seigneuriaux de la terre appartenaient a la branche de la maison Adam (de Goudoffre) établie à Montpellier ; une autre branche, restée dans la contrée, possède encore aujourd'hui la terre de Goudoffre dans le territoire de Montclar et porte depuis plus d'un siècle le nom de La Soujeole (Alphonse Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassone, 1857 - books.google.fr).
Il y a un rapport entre "pax" et "montclar" mais il ne s'agit pas du Montclar d'Aude et sans lien apparent.
La famille majorquaine de Pax apparaît dans la généalogie de Marie Thérèse de Pons de Montclar, fille du général catalan de Louis XIV Joseph de Montclar qui ravagea le Palatinat sous les ordres de Louvois et qui est mort en 1690 à Landau. Il s'agit, non pas du Montclar d'Aude, mais du Montclar d'Urgell en Catalogne qui intervient dans l'interprétation du roman L'île aux trente cercueils, aventure d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc, selon la Croix d'Huriel. Marie Thérèse de Pons de Montclar fut mariée à Claude Hyacinthe de Rebé mort en 1693 à Namur des blessures reçues à Nerwinden, petit-neveu de l'archevêque de Narbonne Claude de Rebé mort en 1659 (Arsène Lupin de Maurice Leblanc : Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Sarek, Pro illustri ac nobili Theresia de Pons et de Monclar, marchionissa de Rebé & baronissa de Monclar, 1705 - books.google.fr, ca.wikipedia.org - Montclar d'Urgell).
Claude de Rebé était baron d'Amplepuis, un des sommets de la Rose kabbalistique. Il acheta en 1646 la baronnie de Couiza à la dernière héritière des Joyeuse, Henriette Catherine, duchesse de Guise. La seigneurie d'Arques, qu'il acquit en même temps, lui donnait droit de prendre place aux États de Languedoc.
L’archevêque de Narbonne vivait le plus souvent à Paris, fréquentant, chez son parent le comte de Rebé, une société choisie où l'on voyait figurer, à côté de Godeau, évêque de Vence; Jean de Lingendes, évèque de Mâcon, et l'anti-antimoine Guy Patin, le très caustique historien des grands et menus événements de ce temps (La Rose kabbalistique : Introduction, La Rose kabbalistique : Amplepuis, Autour de Rennes le Château : La dalle horizontale de Marie de Nègre : vers Montolieu).
PAX et des Ă©pines
Il semble que les épines et la paix (PAX) soient associées aux trois angles du triangle de la dalle verticale de Marie de Nègre.
La Roque Mude
La Roque Mude est vue comme RUPEM PACS (RUPEM PAX) la roche muette, roche du silence, "pax" en latin voulant aussi dire "silence !" (Autour de Rennes le Château : PSPRAECUM ou PS PRAECUM : le petit frère des pieuvres).
La chapelle du Sacré Coeur de l'église de Saint Sulpice se trouve près de la Roque Mude, sur le côté "âme" du triangle allant à Prouille, et la couronne d'épine de l'ange dans la chapelle des Âmes du Purgatoire. Si le plan avait été à l'endroit, la chapelle du Sacré Coeur ne se trouverait pas de toute façon à l'emplacement de "NOBLe" (Prouille).
Il y a deux couronnes d'épines à Saint Sulpice correspondant au sommet "NOBLe" et près d'"ANTE" et une à Comigne sur la carte du département de l'Aude.
M. Languet de Gergy en composa aussi une relation détaillée qu'il fit magnifiquement imprimer et qu'il distribua aux principaux habitants de la paroisse et à d'autres personnages distingués, entre autres au Roi de Prusse, Frédéric II, avec qui deux de ses frères avaient été en rapports pendant leur long séjour en Allemagne, et qui lui répondit de Potsdam, le 1er octobre 1748, par la lettre suivante : « Monsieur, j'ai reçu avec plaisir le procès-verbal de la consécration de votre église; l'ordre et la magnificence de ces cérémonies ne peuvent que donner une grande idée du Temple qui en a été l'objet et suffiraient pour caractériser votre bon goût. Mais ce qui, je le sais, vous distingue bien plus encore, c'est la piété, la « charité et le zèle que vous faites éclater dans la conduite de votre Église, qualités qui, pour être de nécessite dans un homme de votre état, ne lui en méritent pas moins l'estime et l'attention de tout le monde. « C'est à elles que vous devez, Monsieur, le témoignage que je veux bien vous donner ici de la mienne. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait dans sa sainte et digne garde. »
A cette époque, il avait formé le projet de quitter sa cure. Mais auparavant il voulut donner un témoignage éclatant de sa dévotion au Sacré Cœur de Jésus, en lui consacrant une chapelle de son église et en y faisant célébrer, pour la première fois, la fête solennelle du Sacré-Cœur. Il choisit la première de la nef, à côté du portail Saint-Pierre, qui était placée sous l'invocation de saint Etienne, de saint Laurent et de tous les martyrs, et qui avait été bénite, le 9 avril 1724, par M. l'abbé Abraham d'Harcourt, vicaire général du cardinal de Noailles. Il lui donna la décoration sévère , toute en chêne foncé , qu'on y admire encore : ses hautes boiseries sculptées, avec moulures dorées, ses deux confessionnaux du même style : son autel, sur le devant duquel est un pélican, et le retable qui le surmonte , orné de deux colonnes cannelées avec bandeaux de pampres de vigne , et divisé en deux parties : supportant dans Tune un superbe Christ en croix, de grandeur naturelle, et montrant dans l'autre un cœur enflammé et ouvert, qui se détache d'une couronne d'épines et d'où s'échappent des gouttes de sang, recueillies dans un calice que tiennent dans leurs mains deux anges agenouillés et en adoration devant lui. Et le dimanche, 1er septembre 1748, l'autel de la nouvelle chapelle du Sacré-Cœur fut consacré par le Nonce du Pape , Mgr Durini, archevêque de Rhodes. L'après-midi, le prélat assista au sermon Sur la dévotion au Sacré-Cœur, prononcé par le Père Griffet, jésuite, et officia ensuite pontificalement aux vêpres et au salut.
Quelques jours après, M. Languet crut pouvoir ajouter à l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement une seconde adoration perpétuelle au Sacré-Cœur de Jésus. Il s'y inscrivit le premier; et son exemple fut aussitôt suivi par un grand nombre de prêtres et de pieux fidèles. Il fixa les lieux de cette adoration aux trois autels de l'église où repose le Saint-Sacrement : devant le maitre-autel, dans la chapelle de la Sainte Vierge et dans celle du Sacré-Cœur; et il fixa la fête de l'Association au dimanche après l'octave de la Fête-Dieu, jour de la fête du Sacré-Cœur de Jésus.
Deux mois plus tard, il résignait sa cure à M. Dulau d'Allemans, son vicaire, et l'en mettait lui-même en possession, le 19 novembre 1748. Il n'en continua pas moins de rendre à la paroisse tous les services qui dépendaient de lui, faisant habituellement le prône du dimanche, et travaillant toujours à l'affermissement de son œuvre de l'Enfant-Jésus (Charles Hamel, Histoire de l'église Saint-Sulpice, 1900 - archive.org).
La chapelle du Sacré Coeur remplace donc celle de Saint Etienne et de Saint Laurent qui ont un rapport avec le cerveau, associé au sommet "ANTE" du triangle de la dalle verticale de Marie de Nègre.
Saint Laurent, diacre fêté le 10 août, guérit la veuve Cyriaque (du grec "kurios" : seigneur) de ses maux de têtes et est enterré après son martyre dans un champ qui appartenait à elle (François Giry, Les vies des saints, 1719 - books.google.fr).
À simple lecture, même superficielle, des Épîtres pauliniennes, il apparaît clairement que la personne du Kyrios domine toute la vie de la communauté chrétienne que fréquente l'Apôtre. Il est la tête du corps que forme cette communauté (Charles Guignebert, Le Christ, 2015 - books.google.fr).
On invoquait aussi Etienne, premier diacre et protomartyr fêté le 26 décembre, lendemain du jour associé à la Roque Mude, et le 3 août, contre les maux de têtes.
A Josselin (Morbihan), devant le buste en argent de saint Etienne, les teigneux déposent en offrande de petits sacs de blé. On l'invoquait, à cause des cailloux de sa lapidation, contre la maladie de la pierre, le mal de tête (Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien: Iconographie des saints, 1958 - books.google.fr, Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - books.google.fr).
Les âmes du purgatoire et la Paix
Du côté de Prouille, angle "NOBLe" de la dalle de Marie de Nègre, la paix accordée aux âmes des morts accompagne la couronne d'épines de l'ange de la chapelle des Âmes du Purgatoire de l'église Saint Sulpice de Paris.
Les âmes du purgatoire gémissent dans les ténèbres de cette nuit mystérieuse «où personne ne peut travailler». C'est cette lumière que les inscriptions des catacombes souhaitent à l'envi aux âmes qui ont quitté ce monde : « AETERNA TIBI LUX TIMOTHEA IN (CHRISTO)», «LUX TIBI CHRISTUS ADEST», «CUJUS SPIRITUS IN LUCE DOMINI SUSCEPTUS EST». C'est pourquoi l'âme (l'orante) paraît entourée de deux lumières. L'inscription suivante, systématiquement illustrée, est particulièrement intéressante à cet égard : «CUJUS SPIRITUS (COLOMBE) IN LUCE (CIERGE) DOMINI (MONOGRAMME) SUSCEPTUS EST». « Et pacis ». Le ciel est le séjour de la paix inaltérable, de la paix qui passe tout sentiment. Cette paix sera bientôt le partage des âmes souffrantes qui qui furent de bonne volonté. « In pace », telle est l'inscription classique, gravée dans tous les coins et recoins des galeries souterraines des catacombes romaines. «VALE IN PACE», « TECUM PAX CHRISTI », « SEMPER VIVE IN PACE », « DORMIT IN SOMNO PACIS », «IN PACE REQUIEVIT», «L(A)ETARIS IN PACE». «SUSOEPTUS IN PACE». Le repos éternel, la lumière indéfectible, la paix inaltérable dans le Christ — quel contraste entre la splendide liturgie des défunts et « la perte cruelle et irréparable» de nos annonces de décès, noir de jais (Auguste Croegaert, Les rites et les prières du Saint Sacrifice de la Messe: plans pour sermons et leçons, Volumes 2 à 3, 1948 - books.google.fr).
Comigne
C'est à Comigne, à côté de Douzens, juste au sud, que l'on trouve le mot PAX dans une couronne d'épines surmontée d’une fleur de lys et soutenue de trois clous de la passion sur le blason de la commune, en souvenir de l'ordre des Bénédictins de Saint Maur. Communauté issue de la paroisse de Douzens, le village de Comigne fut créé par l'abbaye de Lagrasse, confisqué par Simon de Montfort lors de la croisade contre les Albigeois qui y établi un poste militaire. L'abbaye de Lagrasse fut seigneur de Comigne de 1210 à 1790 (fr.wikipedia.org - Comigne, Alphonse Jacques Mahul, Cartulaire et Archives des Communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, vol. 1-6, Partie 1, 1857 - books.google.fr).
Les Mauristes
Les mauristes s'installent à l'abbaye Sainte-Marie de Lagrasse et l'abbaye de Caune, diocèse de Carcassonne, à partir de 1663.
La congrégation de Saint-Maur, souvent connue sous le nom de Mauristes, était une congrégation de moines bénédictins français, créée en 1621, et connue pour le haut niveau de son érudition.
La maison mère était à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, c'était la résidence du Supérieur général et le centre de l'activité littéraire de la congrégation [cf Serpent rouge]. La plupart des monastères bénédictins de France, à l'exception de ceux qui appartenaient à Cluny, rejoignirent peu à peu la nouvelle congrégation, qui atteindra son apogée dans les années 1690-1700 avec 190 monastères répartis en 6 provinces (France, Normandie, Bretagne, Gascogne, Chezal-Benoît et Bourgogne) (fr.wikipedia.org - Congrégation de Saint-Maur).
Vers la fin du XVIIIe siècle, rationalisme et libre-pensée semblent avoir envahi quelques-unes des maisons.
Mauristes et vannistes apprécient dans la philosophie moderne son rationalisme, son effort d'intellectualisation qui s'inscrit en réaction contre la vie affective et les excès d'une piété théâtrale et trop extériorisée, en pleine recrudescence par exemple en Lorraine et en Franche-Comté. Les Lumières ont d'autre part suscité un intérêt croissant pour les questions scientifiques. De la pensée des philosophes, les religieux retiennent enfin son profond attachement à la tolérance, à la liberté et à la raison. [...] L'impact des Lumières peut aller jusqu'à nourrir un véritable courant d'antimonachisme monastique. [...] En 1765, les mauristes de Saint-Germain-des-Prés adressent au roi une requête, aussitôt rendue publique et diffusée à Paris et en province, dans laquelle ils réclament un changement d'habit, l'introduction du gras et la remise des mâtines à une heure plus commode. [...] Ainsi donc, le XVIIIe siècle paraît marqué, au moins dans certaines familles religieuses et dans certaines régions, par un changement de registre de la vie intellectuelle, qui s'oriente vers une culture utile. Le cloître n'est plus considéré seulement comme un moyen de sanctification et un lieu de méditation. C'est une immense bibliothèque, un foyer d'échanges intellectuels, une source de culture et d'érudition qu'il convient d'ouvrir largement à toutes les influences extérieures. La production littéraire connaît elle aussi une orientation nouvelle. Les ouvrages de théologie et les études scripturaires cèdent le pas à l'histoire et aux sciences humaines et techniques. Cette évolution n'est pas sans rapport avec l'esprit réformateur des Lumières, mais elle correspond également au profil des nouveaux religieux qui animent cette vie intellectuelle : souvent jeunes, issus de la moyenne bourgeoisie rurale et urbaine, ils joueront pour certains d'entre eux un rôle actif dans l'Eglise constitutionnelle. Pour l'heure, ils se veulent les thuriféraires d'une culture utile au service du public (Gérard Michaux, Le clergé régulier et les défis du siècle des Lumières, Traditions et innovations dans la société française du XVIIIe siècle, 1995 - books.google.fr).
L'introduction des Mauristes à l'abbaye de la Grasse (1663), fut l'occasion d'une véritable coalition de membres de la noblesse et du clergé contre la Congrégation. Bien qu'elle sortit avec honneur du procès intentée contre elle, l'affaire fit du bruit, provoqua des démarches auprès de la Cour et ne fut pas étrangère à l'enquête générale sur le revenu des monastères du royaume ordonnée par Colbert en 1664. D'ailleurs, à cette date et sous l'influence de ce dernier, des mesures étaient prises en vue de restreindre désormais les nouvelles fondations et de « diminuer doucement et insensiblement les moines de l'un et l'autre sexe. » (Archives de la France monastique, Volume 35, 1931 - books.google.fr).
D. Bernard de Montfaucon, le célèbre bénédictin, fils de Timoléon de Montfaucon, seigneur de Roquetaillade et de Couilhac-de-Razès, naquit au château de Soulatgé, le 13 janvier 1655. Il fit ses premières études au collège de Limoux, et professa successivement dans les abbayes de La Grasse et de Sorèze. Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, il fut le chef incontesté des érudits Mauriste et publia les précieux «Monuments de la Monarchie Française». Il fut confesseur de Louis XIV et l'un des créateur de l'école des Chartes (René Quehen, La Seigneurie de Peyrepertuse: son histoire, ses châteaux, 1975 - books.google.fr).
Dom Claude de Vic (Sorèze, 1670 - Paris, 1734) et Dom Joseph Vaissete (Gaillac, 1685 - Paris, 1756) sont les auteurs de l'Histoire générale du Languedoc avec des notes et pièces justificatives, dont le premier volume sortira in folio en 1730 sur les presses de Vincent à Paris et le second à la fin de 1733, étaient des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur. Ils sont mort tous deux à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés (fr.wikipedia.org - Joseph Vaissète, fr.wikipedia.org - Claude Devic).
Au XVIIe siècle, l'abbaye de Saint-Germain-des-Près constitue un véritable «laboratoire» de la recherche historique, avec des hommes tels Luc d'Achéry ou Mabillon, sans oublier les représentants de la grande école de la congrégation de Saint-Maur. Parmi les habitués de ces cénacles se trouvait Bossuet. En tant que précepteur du dauphin, ce dernier avait rédigé deux ouvrages : Le Discours sur l'Histoire Universelle et La Politique tirée des propres paroles de l'Écriture sainte. Dès 1675, Bossuet est en relation étroite avec des bénédictins comme Dom Martène, Dom Michel Germain, l'auteur du Monasticon Gallicanum, et Dom Bernard de Montfaucon. Il correspondait également avec Dom Jean Mabillon. Quand Bossuet s'intéressa à l'histoire du catharisme, il ne fît pas des vaudois les ancêtres des albigeois, mais, par une erreur opposée, il voyait dans ces mêmes vaudois les successeurs des cathares, les considérant tous comme les précurseurs de la réforme protestante. Les recherches qu'il effectua pour rédiger son Histoire des Variations l'amenèrent à changer d'avis. Il laisse de côté la filiation des églises protestantes par rapport au catharisme et au valdéisme. Dans l'Histoire des Variations, Bossuet précise qu'en 1119 le pape Calixte II tint un concile à Toulouse lors duquel les hérétiques sont condamnés car «ils rejettent le sacrement du corps et du sang de Notre- Seigneur, le baptême des petits enfants, le sacerdoce et tous les ordres ecclésiastiques, et le mariage légitime...». On trouve moins de précisions quant à la nature exacte de cette hérésie. Dans le tome III de l'Histoire Générale de Languedoc, avec des notes et les pièces justificatives publié à Paris en 1737, Dom Vaissette qualifie ses prédécesseurs de «déclamateurs plutôt que d'historiens». En ce qui concerne les origines du catharisme, Dom Vaissette écrit «Des manichéens d'Arménie qui, cherchant à faire des prosélytes, pervertirent vers la fin du IXe siècle une partie des Bulgares nouvellement convertis à la foi chrétienne». L'auteur analyse également la nature du catharisme : «... ils ne croyaient pas que Jésus-Christ eût été vrai homme, qu'il eût véritablement bu et mangé, qu'il eût souffert la Passion, qu'il fût ressuscité... mais que toutes ses actions rapportées ne s'étaient passées qu'en apparence...». Ces exemples témoignent des recherches réalisées par Dom Vaissette qui publie un certain nombre de documents. [...] on peut voir se dessiner une évolution chez certains clercs qui se sont intéressés à l'histoire du catharisme. Si l'on rencontre des propos réducteurs jusqu'au milieu du XVIIe siècle ; on constate par la suite le souci de l'historien qui veut rechercher les sources. C'est le grand mérite des historiens appartenant à la congrégation de Saint-Maur, qui ont ouvert la voie aux ecclésiastiques du XIXe siècle qui ont produit beaucoup de travaux d'érudition (Jean Blanc, Vision critique des clercs face au catharisme, Cathares: au-delà des mystères, Les temps médiévaux, 2003 - books.google.fr).
Les dominicains Percin et Saint-Géry ne sont pas des Mabillon que l’histoire aurait laissés dans l’ombre, mais ils subissent l’influence de l’érudit mauriste et de ses confrères, et s’essayent aux mêmes pratiques, à leur niveau (Christine Gadrat Christine, L’érudition dominicaine au XVIIe et au début du XVIIIe siècle : André de Saint-Géry et l’histoire du couvent de Rodez. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2003, tome 161 - www.persee.fr).
Jacques Martin est né à Fanjeaux, le 11 mai 1684, et mort Paris, le 5 septempbre 1751. Il débute ses études chez les Doctrinaires à Limoux avant d'être confié à un oncle paternel, curé de Saint-Symphorien de Tours, qui lui inculque l'amour du travail et l'exercice d'une application soutenue. Après la mort de son père, il entre dans la congrégation de Saint-Maur, fait son noviciat et prononce ses vœux à Toulouse en 1709. Après avoir donné quelques cours de philosophie et de rhétorique à Saint-Sever et à Bordeaux, il est envoyé comme professeur au collège de Sorèze, où il reste deux ans. Appelé à Saint-Germain-des-Prés par Bernard de Montfaucon, il travaille d'abord, avec Dom Carré, à une nouvelle édition des œuvres de saint Ambroise. Mais, très vite, il se passionne pour l'histoire de la Gaule et des Celtes et y consacre tous ses travaux. Il publie notamment une étude sur La religion des Gaulois (1727), des Eclaircissements historiques sur les origines celtiques et gauloises (1744), et le premier volume de l'Histoire des Gaules et des conquêtes des Gaulois (1752), achevée par son neveu Dom Jean-François de Brézillac. Il donne aussi en 1741 une excellente traduction française des Confessions de saint Augustin. Prodigieux érudit, au savoir immense et à l'imagination féconde, il s'attire toutefois des inimitiés à cause d'une trop grande franchise et d'une pugnacité exacerbée dans l'art de la polémique. Malgré son entêtement dans les opinions, parfois singulières, qu'il soutenait, il savait être charitable envers les autres. Apprenant son décès, dû à de terribles crises de goutte et à des calculs rénaux, Louis XV déclara : "Je le regrette, c'était un savant" (Rémy Cazals, Daniel Fabre, Dominique Blanc, Les Audois: dictionnaire biographique, 1990 - books.google.fr).
Jacques Martin est cité par l'abbé Henri Boudet, sous le nom de Dom Martin dans le domaine de pages 143-144 :
Le savant Bénédictin, Dom Martin, à qui les auteurs modernes ont emprunté les détails les plus curieux sur les moeurs, le gouvernement et la religion des Celtes, comprenait que cette production de magnifiques chevaux avait eu une grande influence sur le nom donné à l'Aquitaine. Aussi avance-t-il que ce pays s'était d'abord appelé Equitaine, du latin, equus, cheval. La sagacité remarquable du docte religieux n'était guère en défaut, car c'étaient encore de hardis dompteurs de chevaux, que ces Aquitani – hack, cheval, – to cow (kaou) intimider, – to hit, frapper, – hand, main, – hackcowhithand. – (VLC, pp. 143-144)
Contrairement à Pezron et à tous ses prédécesseurs, le Mauriste Jacques Martin qui publie en 1727 La religion des Gaulois, est le premier à utiliser la critique scientifique (Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771): un Alsacien de l'Europe des Lumières, traduit par Bernard Rolling, 1999 - books.google.fr).
Le mauriste Montfaucon et les Hautpoul
LE P. De Montfaucon, l'un des plus grands ornemens de la Congrégation de S. Maur, étoit fils de Timoleon de Montfaucon Seigneur de Roquetaillade & de Conillac au diocèse d'Aleth. Il naquit le 13 de Janvier 1655, dans le château de Soulage au diocèse de Narbonne. Sa famille avoit pour tige les anciens Seigneurs de Montfaucon-le-Vieux en Gascogne, qui étoient les premiers Barons du Comté de Cominges. Dom Bernard fut élevé fous les yeux de son pere au château de Roquetaillade jusqu'à l'âge de sept ans, qu'on l'envoya au collège de la Doctrine chrétienne à Limoux; mais il n'y resta pas long-tems. Son pere le garda chez lui, & se contenta de l'y faire étudier avec ses frères sous un précepteur particulier. Le premier livre qui lui tomba fous la main fut un Plutarque en françois, & cette lecture fit naître en lui le goût qu'il a toujours conservé pour l'histoire. Il n'avoit pas encore dix-sept ans, qu'il connoissoit déja dans un grand détail la situation de presque tous les pays, les coutumes & les mœurs' de presque toutes les nations. Une mémoire prodigieuse lui faisoit retenir avec la même facilité les noms, les dates & les faits historiques, & le mettoit en état d'en bien parler. Par surcroît de bonheur M. son pere, qui étoit fort lié avec M. Pavillon Evêque d'Aleth, le menoit souvent chez ce S. Prélat, qui lui prêtoit des livres, à condition de lui en rendre compte : il lui exposa un jour avec tant d'ordre & de netteté le système & les singularités des Antiquités judaïques de Joseph, que ce saint Evêque lui dit en l'embrassant : Continuez y mon fils , & vous serez un grand homme de lettres.
Cependant, épris de la gloire des armes, par l'impression que firent sur lui, dans cet âge tendre, les descriptions de sièges & de batailles, dont les histoires sont pleines, il se destina au service; & en 1671 il fut mis aux Cadets de Perpignan. La mort de son pere, qu'il perdit sur la fin de la même année, le rapella à Roquetaillade ; mais dès l'année suivante, M. le Marquis d'Hautepoul son proche parent & Capitaine de Grenadiers au régiment de Languedoc, le mena en Allemagne, où il servit deux ans en qualité de Volontaire dans l'armée de M. le Maréchal de Turenne, & à la bataille que ce Prince donna à Montccuculli Général des Impériaux. Cependant la santé de M. de Montfaucon ne répondant pas à son courage, il tomba dangereusement malade à la fin de fa seconde campagne ; & M. d'Hautpoul, qui l'avoit fait transporter à Saverne, fut blessé dans une action qu'il y eut peu de tems après, à la vue de Strasbourg. A la première nouvelle que le jeune guerrier eut du danger où étoit son parent, il l'alla joindre. Celui-ci lui dit: Vous qui êtes né foible, & dont la convalescence est si difficile, je vous conseille de retourner chez vous & de prendre un autre parti. Il suivit ce conseil; mais à peine fut-il arrivé à Roquetaillade, qu'il eut encore le malheur de perdre sa mere. Les tristes réflexions qu'il fit fur ces événemens lui donnèrent du goût pour la retraite, & la grâce de Dieu tourna son cœur à la piété. Il résolut de se consacrer à lui par la profession religieuse, & se détermina pour la Congrégation de S. Maur, où il avoit un cousin germain. Il fit ion noviciat au monastère de la Daurade à Toulouse ; & il y remplit les devoirs de ce nouvel état avec une ferveur qui le faisoit proposer pour modelé. Après y avoir fait profession le 15 de Mai 1676, il fut envoyé à Soreze, diocèse de Lavaur, pour y vaquer aux exercices spirituels que la Réforme de S. Maur a établis pour les nouveaux Profès. Les livres grecs qu'il trouva dans cette abbaye lui donnèrent envie d'en étudier la langue, qu'il ne connoissoit pas encore, & bientôt il se la rendit familière. De l'abbaye de Soreze on l'envoya à celle de la Grasse, diocèse de Carcassonne, pour faire son cours de Philosophie & de Théologie, sans abandonner l'étude du grec & la lecture des Historiens. Sa piété cependant étoit toujours la même ; & elle étoit si généralement reconnue, qu'une famille des plus accréditées du pays, sachant qu'il devoit être ordonné Prêtre, vint le suplier, les larmes aux yeux, de faire un jeûne de trois jours avant sa première Messe, pour la guérison d'un fils unique, qui étoit couvert d'écrouelles. Touché de la foi de cette pieuse famille, il promit de faire & fit exactement ce qu'elle lui demandoit; & on ajoute que la guérison fut si prompte si entière, qu'il eut ensuite toutes les peines du monde à empêcher qu'on n'en dressât un procès-verbal dans les formes. D. de Montfaucon passa huit ans dans l'abbaye de la Grasse, y lut de fuite les auteurs ecclésiastiques des quatre premiers siécles, & rassembla tous les matériaux nécessaires pour composer un corps de Théologie historique. Il s'occupa encore à corriger les versions latines de quelques auteurs grecs, & envoya une partie de son travail à Dom Claude Martin, dont il connoissoit le zèle pour les Lettres. Ce Religieux, alors Assistant du P. Général, jugea favorablement de ces premiers travaux de Dom Bernard de Montfaucon, & lui fit donner une place dans l'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, où il y a une bonne Bibliothèque, en attendant qu'il pût le faire jouir de celle de S. Germain des Prés. Dom Bernard ne demeura guère qu'un an à Bordeaux. On le fit venir à Paris en 1687 (Histoire litteraire de la Congrégation de Saint Maur, Ordre de S.Benoît, 1770 - books.google.fr).
Dans le témoignage de Montfaucon rapporté par Emmanuel de Broglie, il n'est pas parlé de "marquis" :
Je pris alors congé de ma mère, de mon aîné et de nies autres frères en 1673, et je partis pour l'Allemagne avec mon proche parent, nommé M. d'Hautpoul, capitaine au régiment de Languedoc. Je servis deux ans, en qualité de cadet volontaire, dans l'armée de M. de Turenne. Je me trouvai à la plaine de Mariendal, lorsqu'il présenta bataille à Montecuculli. Mais ce général de l'Empereur, qui craignait, disait-on, notre infanterie, n'en voulut pas tâter; il se retira avec son armée au delà du Mein. J'y fis encore une autre campagne en 1674, à la fin de laquelle je tombai malade à Saverne. Pendant ma maladie, il y eut un combat auprès de Strasbourg, où mon capitaine et proche parent, M. d'Hautpoul, fut blessé à mort; c'était le plus grand homme pour la taille de notre armée. On disait que le soldat allemand qui lui avait porté ce coup de mousquet avait tiré trop haut, et que la balle, ayant passé par-dessus un bataillon, avait donné dans sa mâchoire et dans sa gorge ; le coup était mortel (Emmanuel de Broglie, La société de l'abbaye de Saint-Germain des Prés au dixhuitième siècle: Bernard de Montfaucon et les Bernardins, 1715-1750, Volume 1, 1891 - books.google.fr).
Montolieu et Mabillon
En 1706, le mauriste Jean Mabillon publie le troisième volume des Annales de l’ordre de saint Benoît. La table d’autel de Montolieu, déplacée de son emplacement originel, a été récemment « retrouvée » dans la chapelle Saint-Michel du monastère. Le mauriste évoque les circonstances de sa fabrication au Xe siècle, la dessine et la décrit. C’est là le seul souvenir que nous en conservons, la table étant aujourd’hui invisible, introuvable, perdue depuis des décennies (Autour de Rennes le Château : La dalle horizontale de Marie de Nègre : vers Montolieu).
La table d’autel de Montolieu selon Jean Mabillon, Annales ordinis sancti Benedicti, t. III, Paris, 1706, p. 496
Des Hautpoul furent seigneur de Montolieu. Bertrand-Bonhomme de Hautpoul est mentionné dans l'acte de fondation de la ville et du château en l'an 1146. Hyacinthe deuxième fils de Blaise de Hautpoul, baron de Rennes, a un fils Pierre, marquis d'Hautpoul, qui est seigneur de Montolieu, et de Seyres, Prajols, Saint-Just et autres lieux, baron de Ganac, vivant en 1786, baptisé en 1726 (Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume, et des Maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la Maison de France, Volume 3, 1824 - books.google.fr).
Jean Ceva fait une apparition dans une lettre de Florence du 22 avril 1687 de Magliabechi (1633 - 1714), Ă©rudit et bibliophile florentin, Ă Mabillon :
Il sig. Gio. Ceva, dotto matematico, mi ha trasmesse le seguenti orazioni di monsig. Ceva, suo cugino, ristampate appunto adesso : Illustrissimi et Reverendissimi B. D. Caroli Francisci Ceva, Episcopi Dertoniensis, Marchionis Comitis et cœt., olim in Ecclesia Metropolitana Mediolanensi Canonici Ordinarii, Pœnitentiarii Majoris, Orationes quas in Romana Curia habuit corani Innocentio X, Pontifice Maximo, in sacello Pontificum Quirinali, iterum typis impressai, sub auspiciis Emin. Cardinalis Federici, Vicecomitis Archiepiscopi Mediolani. Dertoncti, lijpit Nicolai et Fratrum de Violis, 1687 in-8. (Correspondance inédite de Mabillon et de Montfaucon avec l'Italie, contenant un grand nombre de faits sur l'histoire religieuse et littéraire du 17e siècle: suivie des lettres inédites du P. Quesnel à Magliabecchi, Volume 2, 1846 - books.google.fr).
Le père camaldule Guido Grandi, qui faisait partie du cercle qui perpétuait l'héritage de Galilée en Toscane, correspondait avec les frères Ceva. Il eut l'occasion de louer le De lineis rectis où est donné le théorème dit de Ceva, et le Geometria motus. Ce dernier ouvrage fut peut-être l'objet d'une lettre de Leibniz à Magliabechi, très proche de Grandi, du 29 décembre 1694 (Marco Bianchini, Bonheur public et méthode géométrique: enquête sur les économistes italiens (1711-1803), 2002 - books.google.fr).
Relations entre Mauristes et Darmstadt : Jean-Daniel Schoepflin
Aux relations avec Versailles et Vienne, les deux grandes puissances au XVIIIe siècle, s'en ajoutent d'autres auprès des cours princières. En tout premier lieu, il convient de mentionner le landgrave de Hesse-Darmstadt qui en 1736 hérite du comté de Hanau-Lichtenberg, territoire situé en partie en. A ce titre, il est vassal du roi de France. Pour assurer les titres d'héritier de ce comté, Louis VIII (1739-1769) envoie Louis, son fils aîné à Bouxwiller, lieu de résidence des comtes de Hanau-Lichtenberg. Celui-ci y réside avec ses deux frères Georges-Guillaume et Jean-Frédéric-Charles. Ils profitent de leur séjour à Bouxwiller pour suivre des cours à l'Université de Starsbourg où Schoepflin est leur principal professeur. Doté d'un tel héritage, Louis VIII séjourne plusieurs fois en Alsace (Schoepflin a donc l'occasion de le rencontrer) et, en 1738, se rend à Darmstadt. Pendant plus de dix ans, Schoepflin échange avec lui une correspondance où il est surtout question de sujets politiques (Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771): un Alsacien de l'Europe des Lumières, traduit par Bernard Rolling, 1999 - books.google.fr).
Jürgen Voss cite une lettre de Schoepflin à Louis VIII landgrave de Hesse-Darmstadt du 19 février 1744, où il écrit : « Le nombre de francs-maçons augmente prodigieusement à Starsbourg » (Pierre-Yves Beaurepaire, L'espace des francs-maçons: Une sociabilité européenne au XVIIIe siècle, 2015 - books.google.fr, Partie XVI - Darmstadt).
Comme Voltaire, Schoepflin adopte les idées de tolérance prônées par l'Aufklärung. Il garde ses distances vis-à -vis des Jésuites. Pour autant, il n'est pas ennemi de l'Eglise catholique. En effet, il a d'excellentes relations avec les évêques de Strasbourg, avec les Mauristes et les Bénédictins allemands. Pour appréhender les idées de Schoepflin, il faut connaître sa position à l'égard de la philosophie de l'Aufklärung. Isaac Iselin, historien bâlois de l'Aufklärung, dit que Schoepflin est un « esprit assez philosophique ». Schoepflin lui-même se qualifie de philosophe, adepte de nouvelles idées. Mais d'après des témoignages personnels, Schoepflin réfute les « systèmes d'une philosophie stérile scolastique ou pédantesque » ; il prend par contre la défense de «celle qui éclaire l'esprit forme le cœur, qui est utile à la société et nécessaire pour l'usage du monde, ... ». Ainsi décrit-il les thèses de la Fruhaufklärung élaborées par Wolff et adoptées par la plupart des universités allemandes. [...]
Un livre de Schoepflin est devenu très rapidement célèbre, car le Mauriste Jean Colom écrit, le 30 mars 1760, à Dom Housseau : « ...M. de Lorchere a eu la bonté de me faire présent du Vindiciae typographicae de M. Schoepflin. » (Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771): un Alsacien de l'Europe des Lumières, traduit par Bernard Rolling, 1999 - books.google.fr).
Il est resté toute sa vie, particulièrement dans ses recherches historiques, un disciple de la réflexion philosophique et scientifique de C.Wolff, elle-même héritière de Leibniz. Ancien élève à l’Université de Bâle de D.J. Bernouilli, Schoepflin applique une méthode démonstrative qui vise à donner à ses affirmations savantes la vérité la plus proche de la certitude du raisonnement mathématique. Il collecte le maximum de sources et de pièces archéologiques pour sa monumentale Histoire de l’Alsace. Il soumet sa documentation à l’examen critique le plus rigoureux possible pour l’époque, en associant les procédés de la diplomatique de Mabillon et les avancées dans les sciences auxiliaires de l’Histoire réalisées par C. Gatterer et ses collègues à Göttingen (Elisabeth Sablayrolles, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771). Un Alsacien de l'Europe des Lumières, de Jürgen Voss, Revue d’histoire moderne et contemporaine 2/2003 - www.cairn.info).
Gengenbach est une abbaye bénédictine située sur la rive droite du Rhin, dans le pays de Bade, cercle d'Offenbourg. Elle faisait partie, au XVIIIe siècle, du diocèse de Strasbourg et de la congrégation bénédictine d'Alsace. En 1739, son abbé se nommait Paul Seger. Celui-ci, né à Gengenbach en 1691 , avait fait profession dans l'ordre bénédictin en 1709 et il était abbé de Gengenbach depuis 1726. Il mourut le 16 janvier 1743. Dom Seger fréquentait les milieux cultivés de Strasbourg, l'historien Jean-Daniel Schoepflin, le médecin naturaliste Gilles-Augustin Bazin. Celui-ci écrivait à Réaumur le 22 mai 1737 : « Nous avons passé, monsieur Schoepflin et moy les festes de Pasques chez l'abbé de Gengenbach. Cet abbé qui a bon esprit aime la nouvelle philosophie ». Dans une autre lettre au même, du 20 mai 1738, Bazin parle de l'abbé de Gengenbach « mon grand amy, homme d'esprit, amateur d'histoire naturelle ». Dom Seger entretenait également des rapports épistolaires avec ses confrères bénédictins, tant avec ses voisins, les bénédictins de la Congrégation de Saint-Vanne et en particulier avec dom Augustin Calmet, le savant abbé de Senones, qu'avec ceux de la Congrégation de Saint-Maur. Ainsi, en 1737, il remerciait Montfaucon d'une de ses lettres que lui avait apportée un religieux de Gengenbach, le Père Jérôme au retour d'un séjour à Saint-Germain-des-Prés. En 1738, il exprimait à un confrère de Montfaucon, dom Guillaume Le Sueur, son vif désir de venir à Paris. Ce souhait se réalisa l'année suivante. Un autre témoignage de la présence de dom Seger à Paris en 1739 s'ajoute à celui fourni par l'inscription de la gravure, qui fournit le nom de l'auteur de cette peinture, un bénédictin comme Montfaucon, et qui se déchiffre ainsi : Paulus, abbas Gengenbacensis, ejusdem ordinis, cultu et amicitiae causa, fecit Parisiis 1739. On conserve, en effet, une lettre qu'il adressait de Gengenbach, le 12 décembre 1739, à un académicien parisien, sans doute l'abbé Claude Sallier, garde des livres imprimés de la Bibliothèque du roi, qui était à la fois membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et membre de l'Académie française. Il rappelait à son correspondant qu'à la suite du discours que celui-ci avait prononcé « à la dernière ouverture de l'Académie », il avait eu avec lui une conversation sur les premiers livres imprimés. D'autres documents attestent ses talents de peintre. Dans sa lettre à Réaumur du 22 mai 1737, Bazin lui indique que « cet abbé dessine très bien, estant bon peintre ». On sait d'une autre source que dom Seger avait offert à l'église abbatiale de Gengenbach un tableau représentant la Nativité de la Vierge, dont il était l'auteur. Le portrait de Montfaucon doit donc être ajouté à son œuvre peinte. On ignore ce qu'est devenu ce tableau (Pierre Gasnault, L'érudition mauriste à Saint-Germain-des-Prés, 1999 - books.google.fr).
En avril 1726, Schoepflin quitte Strasbourg pour Paris, en passant par Lunéville, Nancy, Metz et Reims. Il a ainsi l'occasion de voir de très nombreuses bibliothèques et collections privées. Ce voyage fera de Schoepflin un membre à part entière de Cette première expérience lui sera utile pour les nombreux autres voyages qu'il va entreprendre par la suite. Pour la vie professionnelle de l'ensemble des érudits de cette époque, ces voyages d'études s'avèrent du reste incontournables. Son collègue Bartenstein, dont le fils acquiert une solide formation d'historien chez les Mauristes en 1710 et 1711, lui adresse une lettre de recommandation pour Montfaucon (1655-1741), leur chef de file à cette époque. Lors de son séjour de cinq mois à Paris, Schoepflin assiste régulièrement aux conférences de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il va ainsi faire connaissance d'autres Mauristes : Dom Edmond Martène (1654-1739), Dom de la Rue (1684-1739), l'orientaliste Dom Anselme Banduri (1692-1782), Dom François Jourdan (1692-1782) et Dom Lesueur. Ce dernier occupe des fonctions à la Cour de Rohan. D'après la correspondance de Schoepflin, découverte et expertisée par Pfister, l'érudit strasbourgeois est en relation avec Montfaucon jusqu'à la mort de ce dernier. Comme on vient de la voir, Schoepflin connaît l'abbé Bignon, directeur de la Bibliothèque royale. Il rencontre aussi Le Courrayer (1681-1776) qui à l'époque dirige la Bibliothèque Sainte-Geneviève. Grâce à l'abbé Bignon, il est présenté à de nombreuses autres personnalités, toutes membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Citons en premier lieu Claude Gros de Boze (1680-1753), un numismate éminent. De Boze est secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, auquel Schoepflin restera attaché sa vie durant. Lors de ses séjours à Paris, les deux hommes vont se rencontrer ; Schoepflin ne manque jamais d'informer de Boze de ses découvertes c'est ce dernier qui autorisera la publication de YAlsatia Illustrata. Parmi les autres membres de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il convient de citer Camille Falconnet (1671- 1761), médecin, philosophe et médiéviste, et l'abbé Claude Sallier (1685- 1761), bibliothécaire de l'Académie. D'ailleurs Lamey, le secrétaire de Schoepflin, fait allusion dans son récit de voyage à l'amitié qui lie Schoepflin à Falconnet lorsqu'il accompagne Schoepflin à Paris en été 1751. Dans une lettre à Ring en 1759, il écrit que Falconnet est « le meilleur et le plus ancien de ses amis dans cette ville ». Et lorsque Schoepflin tombe malade en 1752, Falconnet recommande des médicaments à Lamey. En plus de ses amis de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Schoepflin va avoir, en été 1726, l'occasion de faire la connaissance d'autres personnalités comme Louis de Sacy (1654-1727), philologue, l'abbé Jean Terrasson (1670-1750), professeur au Collège de France (Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771): un Alsacien de l'Europe des Lumières, traduit par Bernard Rolling, 1999 - books.google.fr).
Il y avait quatre livres sur la quadrature du cercle dans la bibliothèque du lyonnais Camille Falconnet lors de l'établissement de son catalogue à sa mort (Catalogue de la bibliothèque de feu M. Falconet, Volume 1, 1763 - books.google.fr).
Schoepflin quitte Paris pour un voyage en Italie par Lyon et le Mont Cenis. Il en reviendra par Toulon, par bateau depuis Gênes, puis passe par Marseille, Aix, Salon de Provence, Arles, Avignon, Carpentras, Orange, Pont du Gard. Nîmes, Montpellier, Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Poitiers, Amboise, Blois, Orléans pour arriver à Paris (Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771): un Alsacien de l'Europe des Lumières, traduit par Bernard Rolling, 1999 - books.google.fr).
Avec De Wailly qui, comme architecte, travailla à Port-Vendres, Schoepflin se rapproche un peu de Rennes-le-Château.
Mauristes et Codex Bezae
Le Codex Bezae, qui a servi à la rédaction du grand et du petit parchemins, était connu au moins par un mauriste : Dom Sabatier
C'est le fameux Codex Bezae, dont une copie fut envoyée à Sabatier par Richard Bentley. Publié en 1793 par Kipling. il a été réédité en 1864 par Scrivener (Revue Bénédictine, Volume 15, Abbaye de Maredsous, 1898 - books.google.fr, en.wikipedia.org - Richard Bentley).
Le Mauriste Pierre Sabatier, se consacra à son tour, à partir de 1716, à la Bible latine, et plus particulièrement aux versions antérieures à Jérôme. Son oeuvre monumentale ne parut qu'après sa mort: Bibliorum Sacrorum latinae versiones antiquae, seu Vêtus Italica, Reims, 1743-1749. Déjà le Cardinal J. Tommasi (Rome, 1697), puis J. Bianchini (Rome, 1740-1749) avaient rassemblé les restes manuscrits des premières versions latines, mais le « Sabatier » reste la collection de loin la plus complète et la plus utile à consulter (Studi medievali, Centro italiano di studi sull'alto Medioevo, 1961 - books.google.fr).
Sabatier, parvenu au terme de son travail, put, grâce à la munificence du duc d'Orléans, en suivre l'impression. Déjà deux volumes en étaient imprimés lorsque la mort enleva l'estimable éditeur (24 mars 1742). Ses nombreuses veilles et ses austérités, disent ses biographes, avaient hâté sa mort. L'humilité, une stricte obéissance, une grande affabilité à l'égard de chacun étaient les traits principaux de son caractère. La suite de l'impression de l'œuvre de D. Sabatier fut surveillée par ses confrères D. François Baillard d'Inville et D. Vincent de la Rue (Heinrich Joseph Wetzer, Dictionnaire encyclopédique de la thélogie catholique, Volume 21, 1870 - books.google.fr).
D. Sabatier avait l'intention de faire des démarches analogues dans tous les pays où il trouverait des correspondants, et déjà même on lui avait fait espérer d'une bibliothèque étrangère les deux livres des Paralipomènes. S'il essuyât parfois de durs refus et s'il ne put obtenir l'autorisation de faire copier le texte de certains manuscrits, ses démarches ne furent pas toutes inutiles, et il reçut de Richard Bentley une copie du Cantabrigiensis ou Codex Bezæ exécutée avec tant de soin et d'exactitude qu'elle pouvait remplacer l'original même. Le texte latin de ce manuscrit bilingue du VIe siècle passait dans l'opinion des critiques pour le texte de l'Italique. C'était le sentiment, nous l'avons vu, de Pierre Pithou, de R. Simon, de Jean Morin et de Martianay; c'était également celui de D Calmet (Préface sur les livres du N. T., 1724, tom. Vil, p. IV). D. Le Chevallier en doutait. Dès qu'il l'eut examiné, D. Sabatier qui'avait consulté D. Calmet à ce sujet reconnut qu'il différait autant de l'Italique que de la version, de saint Jérôme et il n'en tint pas grand compte. On sait, en effet, que ce texte est simplement la traduction littérale du grec mis à côté, et n'a aucune valeur critique (Revue des sciences ecclésiastiques, 1888 - books.google.fr).
Pierre Sabatier (Poitiers, 1682 – Reims, 1742) è stato un letterato francese. Benedettino amico di Thierry Ruinart, del quale curò gli Annales bénédectines, fu presto relegato nell'abbazia di Saint-Nicase perché sospettato di giansenismo. Tutti i suoi meticolosi studi sulla bibbia pregeronimiana furono raccolti in Bibliorum sacrorum latinae versiones antiquae, seu vetus Italica (1743, postuma), spesso attaccata nel corso degli anni (it.wikipedia.org - Pierre Sabatier).