Partie IX - Synthèse   Chapitre LVIII - Autour de Rennes   Les Bergers des Abruzzes : Crognaleto   
LES BERGERS D'ARCADIE CROGNALETO

Crognaleto

Nous avons vu que le lieu appelé Cranite l'était en raison des cornouillers qui poussaient dans la région. Il s'agissait de retrouver un site en rapport avec cette végétation mais aussi qui reproduisait le décor inversé des Bergers d'Arcadie. Crognaleto semble se conformer à ses contraintes (Les Bergers d'Arcadie, ts, ts !, nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Lourdes et la Croix des Prophètes - Mantinée, Crognaleto et psycho-psaumatique).

Le nom de Crognaleto provient d'un terme dialectal "crognale", par corniolo, en italien cornouiller.

Crognaleto se trouve dans l'antique pays des Prétutiens (Pretuzi en italien). Ceux-ci étaient les alliés des Samnites dans la troisième guerre qui porte leur nom, tandis que les Piceni (du pays Picenum) avaient fait alliance avec les Romains qui écrasèrent la coalition qui comptait en plus des Gaulois, des Etrusques et des Ombriens, à la bataille de Sentinum en -295. Les Samnites capitulèrent en -290. Le pays prétutien fut annexé à Rome qui y fonda les colonies d'Hadria et de Castellum novum.

Les consuls : P. Cornelius Rufinus II et C. Junius Bubulcus Brutus II, entrent en charge en avril 277 avant J, C. et sont tenu en échec dans les montagnes du Samnium révolté. Chacun des consuls rejeta sur son collègue la cause, de leur défaite; ils séparent leurs armées. Junius ravage le Samnium, la Lucanie et le Brutium. Est-ce que Cranite ne serait que le lieu de refuge, en pays prétutien, des Samnites chassés de leur pays dévasté, ou le lieu de la bataille perdue par les Romains mal placé par l'historien Zonaras dans le Samnium ? En 269, les Piceni se révoltent à leur tour contre Rome, mais seront définitivement défaits en 268.

Sur la commune de Crognaleto, sur la Colle del Vento à Piano Vomano, se trouve des vestiges antiques sur une surface de 1200 m2, une "arx" renfermant une petite construction, avec murailles polygonales remontant au IIIème siècle avant J.-C. Ces murs cyclopéens sont appelés "Murs des Paladins". Il n'est pas certain que cela soit un vicus romain, mais certains pensent que cette installation antique est la plus ancienne des Abruzzes. Dans le périmètre de la forteresse, un édifice à plan rectangulaire possède à l'intérieur une mosaïque à tessons de 1,5 cm de côté. Sa dimension (8,5 m x 4,5 m) laisse penser à un petit temple. Près de là se trouvait l'église de San Martino de Campanea datant du haut Moyen âge. Des éléments de la bâtisse ont servi à construire l'église San Nicola de Piano Vomano. La forteresse contrôlait la vallée du fleuve Vomano et se trouvait aux confins des Safini des Abruzzes et des Sabins du Latium (www.provinciateramo.net - Crognaleto).

Pour plus de précisions sur le site de Colle del Vento :

(www.youtube.com, giannidimuzio.blogspot.com/)

Crognaleto, à 1105 m d'altitude, est dominé par le Monte Corvo de la chaîne du Gran Sasso et par le Monte Gorzano de la chaîne des Monte della Laga. La commune fut instituée en 1813, durant l'occupation napoléonienne, faisant avant partie de l'"Università" di Piano Roseto. La commune regroupe les localités de Alvi, Cervaro, Cesacastina, Frattoli, Macchia Vomano, Nerito, Piano Vomano, Poggio Umbricchio, San Giorgio, Santa Croce, Senarica, Tottea, Valle Vaccaro, Aiello, Aprati, Mastrisco, Paladini, Tintorale.

Il y avait une église San Salvatore dans les années 1300, et la Fonte San Salvatore. L'église de Crognaleto est dédiée à sainte Catherine. La petite église de la Madonna della Tibia, construite en 1617 comme ex-voto de Bernardo Paolini, est à l'origine un refuge pour pèlerins. A Aiello, la Chiesa dei Santi Silvestro e Rocco des années 1539-1581, remaniée en 1631 (le " Rientro " de San Rocco est fêté à San Salvo au bord de la mer toujours dans les Abruzzes le 18 septembre) ; à Alvi la Chiesa di Santa Maria Apparens de 1516 ; a Cervaro la Chiesa di Sant'Andrea, avec des fresques du XVIIème siècle; à Cesacastina, la Chiesa dei Santi Pietro e Paolo, ombragée par un orme séculaire; les maisons de Colle Morello évoquent la présence importante des Jésuites avec leur monogramme gravé.

Nicolas Poussin était lié plus ou moins avec cet ordre religieux au sein duquel s'étaient formées les fameuses Aa. "Aa aeterno" sont les lettres communes du palindrome du Carré SATOR et de ET IN ARCADIA EGO (Le Carré SATOR - Les Bergers, SAUTRAN vs SFUTRAN).

Corvaro a son Palazzo Nardi du XVIème siècle et sa Chiesa di San Giovanni Battista gothique avec portique du XVIIème dit "le logge", la Chiesa della Madonna del Soccorso, la Chiesa di Sant'Antonio Abate. Macchia Vomano a sa Chiesa di San Silvestro du XVIème siècle ; Poggio Umbricchio, la Chiesa di Santa Maria Laurentana avec un portail de 1570. A Santa Croce, le pont romain est attribué aux Paladins, héros de Charlemagne (www.galappenninoteramano.it - Crognaleto).

Panorama de Crognaleto

Panorama depuis la Colle del Vento

La Valle delle Cento Cascate est située au pied du Monte Gorzano (2.458 m., le sommet le plus élevé du massif de la Laga), au-dessus du bourg de Cesacastina, fraction de la commune de Crognaleto. La Vallée est formée par le torrent Fosso dell'Acero (www.avventurosamente.it - Monte Gorzano).

Poussin et Crognaleto

Il bien difficile d'affirmer que Nicolas Poussin avait connaissance de ce lieu des Abruzzes appartenant à l'époque aux Aragonais du Royaume de Naples. Mais le tableau des Bergers d'Arcadie comparé aux vues depuis Crognaleto laisse perplexe.

Le monte Camicia peut être remplacé par une autre vue inversée du Gran sasso, bien intéressante :

Capestrano se trouve dans la province de l'Aquila, dans la vallĂ© du Tirino, près du Gran Sasso. A gauche du Tirino, dans un mur de l'Ă©glise San Pietro ad Oratorium, fondĂ©e par Didier, dernier roi lombard, en 756 après J.-C., est encastrĂ© un carrĂ© magique ROTAS : "ROTAS OPERA TENET AREPO SATOR". Les lettres communes du carrĂ© SATOR et d'ET IN ARCADIA EGO ont fait l'objet d'une Ă©tude dans Le carrĂ© SATOR : les Bergers.

Le carré ROTAS de Capestrano

www.inabruzzo.it - San Pietro ad Oratorium

L'homme qui compta énormément dans la vie de Poussin est Marino Marini, le Cavalier Marin, qui vint à Paris en 1615, alors que Nicolas y était depuis 1612. Une amitié les unit qui se poursuivit jusquà Rome où ils se retrouvèrent. Poussin s'installa dans la ville éternelle en 1624, et Marini l'avait rejointe l'année précédente, date à laquelle son Adonis avait paru. Les retrouvailles furent de courte durée, car le Napolitain - le Cavalier était en effet né à Naples - meurt toujours à Naples le 24 mars 1625, ce qui ne l'empêcha pas de mettre en relation le peintre avec Marcello Sacchetti, lui ouvrant les portes des Barberini. Poussin dut rencontrer le Cardinal Francesco, être présenté au pape lui-même ; il noua très vite des relations directes avec Cassino Dal Pozzo. Du coup, il se trouvait au contact de tout un milieu brillant, cultivé, ami des lettres et des arts, s'intéressant à l'Antiquité dans ses diverses formes tout en restant proche du pouvoir, parfois même directement mêlé aux affaires politiques (Jacques Thuillier, Nicolas Poussin, p. 120).

Nicolas Poussin avait peint pour des amateurs de Naples, dont il s'était fait une clientèle à la fin des années vingt, comme Geronimo Gosman ou Gusman chez qui Fabrizio Valguarnera avait vu des toiles du maître. Fabrizio, d'une grande famille de Palerme, était impliqué dans une affaire de vol de bijoux perpétré par Manuel Alvares Carapeto, jeune portugais qui avait été chargé de les convoyer. Fabrizio sera arrêté à Rome en 1631 et Poussin inquiété, on le soupçonnait d'avoir été payé avec des pierreries, ce qui ce révéla faux car sa rétribution était constitué d'argent liquide.

Crognaleto se trouvait donc à l'époque dans le Royaume de Naples. Des grands seigneurs de la région faisaient partie les Acquaviva qui reçurent le privilège d'ajouté d'Aragon à leur nom. Famille noble illustre du royaume de Naples, son fondateur fut Rinaldo (Renaud), seigneur d'Atri, Forcella, Cantalupo, Castelvecchio et Acquaviva. Rinaldo est aussi le nom d'un ermite inhumé à Fallascoso dans les Abruzzes, fêté le 7 mai et le 28 août, et le 18 septembre selon Pétin et Collin de Plancy, mais cela reste sujet à caution.

Au XVIème et XVIIème siècles, des membres de la famille entrèrent dans l'ordre les Jésuites avec Claudio (1543-1615), premier général italien et l'un des plus grand, Rodolfo (1550-1616), son neveu mort martyr et béatifié (fête le 25 juillet), et Ottavio (1609-1674).

Ottaviano Acquaviva, neveu de Claudio, sera abbé commendataire de l'abbaye bénédictine de Crognaleto vers 1580. Il sera par la suite nommé cardinal en 1591 par Grégoire XIV. Légat de la Campagne de Rome, cardinal-légat à Avignon en 1594, il est mort en 1612 archevêque de Naples, et est inhumé à Montorio al Vomano, où se trouvent les vestiges d'un temple dédié à Hercule, à côté de Crognaleto. Il protégeait les savants et les gens de lettres.

Ottavio Acquaviva d'Aragon, cardinal

www.vaticanhistory.de

Giangirolamo II Acquaviva d'Aragon, né vers 1600 et mort en Catalogne le 26 juin 1665, la même année que Poussin, 20e comte de Conversano, 3e duc de Noci, 12e Comte de San Flaviano, 7e duc de Nardò et comte de Castellana (en 1623) était un militaire et un homme politique italien du XVIIe siècle. Gianirolamo succéda à son père en 1626.

Ă€ l'Ă©tĂ© 1647, il fut envoyĂ© par le roi de Naples pour dompter la rĂ©volte de Nardò et de Lecce, consĂ©cutive Ă  la rĂ©volte de Masaniello, jeune marchand de poisson, Ă  Naples le 7 juillet 1647. Poussin sera tenu au courant de cette affaire par AndrĂ© FĂ©libien, alors secrĂ©taire de l'ambassadeur de France Ă  Rome Fontenay-Mareuil. Après une mĂ©diation par l'Ă©vĂŞque Pappacoda de Lecce, Acquaviva envahit du 3 au 6 aoĂ»t 1647 les campagnes de Nardò avec 4000 hommes armĂ©s et fit arrĂŞter et juger les chefs de la rĂ©volte. Il en profita pour Ă©liminer quelques adversaires parmi lesquels l'archiprĂŞtre Filippo Nuccio et 4 abbĂ©s, tous dĂ©capitĂ©s le 20 aoĂ»t 1647. Henri de Guise, petit-fils du BalafrĂ©, s'Ă©tait prĂ©cipitĂ© et se fit proclamĂ© duc de la RĂ©publique de Naples. CapturĂ©, il sera transfĂ©rĂ© en Espagne. Le duc de Montesarchio partisan de la rĂ©bellion sera torturĂ© Ă  mort. Poussin Ă©crira au sujet des Ă©vĂ©nements de ces temps : " C'est grand plaisir de vivre en un siècle-lĂ  oĂą il se passe de si grandes choses, pourvu que l'on puisse se mettre Ă  couvert en quelque petit coin pour pouvoir voir la comĂ©die Ă  son aise… "

Acquaviva fut surnommĂ© le Guercio des Pouilles par les siens de par sa tendance Ă  semer la discorde, mais son nom est aussi associĂ© Ă  la culture, car il fut le mĂ©cène des Ă©crivains et des peintres. Parmi eux, Paolo Domenico Finoglia, peintre de l'Ă©cole napolitaine, qui peigna dix toiles consacrĂ©es Ă  la JĂ©rusalem LibĂ©rĂ©e Ă  sa demande. Ces toiles sont conservĂ©es Ă  la Pinacothèque communale. Poussin peindra aussi des tableaux portant sur cette Ĺ“uvre du Tasse : Armide dĂ©couvrant Renaud endormi (deux toiles, l'une vers 1625 et l'autre vers 1630); Les compagnons de Renaud (vers 1632); Armide transportant Renaud endormi (1637 pour Jacques Stella) ; Tancrède et Herminie (l'une vers 1625, l'autre vers 1635) (fr.wikipedia.org - Giangirolamo II Acquaviva d'Aragon).

Végétations

Rhus coriaria, corroyère, sumac ou rouvre des corroyeurs (Sicilian sumac en anglais), de la famille des Anacardiaceae, est un arbuste de 3 à 4 mètres, qui adore le calcaire, dont les rameaux sont écartés, presque dichotomes fragiles et cassants contenant de la mœlle. L'écorce est brune et velue. Le feuillage est caduc, brillant sur le dessus, revers velu, vert moyen virant orange-rouge en automne avec de grandes feuilles (10-20cm) imparipennées à cinq à sept paires de folioles sessiles, ovales-lancéolées à marge dentée, le pétiole ocre clair est velu. Les feuilles déjà jaunies du Rhus coriaria ne passent pas au rouge lorsqu'elles sont abritées du contact de la lumière. La floraison se déroule du printemps à l'été (mai-août suivant le climat) avec de minuscules fleurs nectarifères, étoilées réunies en denses panicules (15 à 20cm) érigées, pyramidales sur des tiges velues ocre claire de couleur blanc-jaune. Les fruits sont de petites drupes aromatiques rousses hirsutes. Coriaria vient de "corium" qui désigne le cuir. Sumac vient du mot arabe "summaq" ou du mot persan "somagh" qui désigne l'espèce. Le feuillage riche en tanin est encore récolté à la fin de l'été (juillet-septembre). On le cultive en Espagne et en Italie pour, au moyen de ses feuilles, tanner les cuirs, et surtout pour préparer les peaux de chèvres, dont on fabrique le maroquin noir, d'où son nom commun de Sumac des corroyeurs (Les Bergers d'Arcadie, ts, ts !). Le tannage au sumac rend le cuir souple et léger. Pour cela on coupe tous les ans, à la fin de l'été, ses jeunes branches pour, après les avoir fait sécher, les réduire en poudre. Le commerce de cette poudre est un objet de produit considérable pour quelques cantons. Il paraît que sa culture ne consiste qu'à planter ses rejetons dans les sols les plus arides, et à les abandonner à eux-mêmes.

Les feuilles des branches du tableau sont indifférement imparipennées ou paripennées.

Quant Ă  l'Ă©corce, elle donne un pigment jaune Ă  jaune-orangĂ© et celle des racines un pigment brun. F. Tammaro [Flora Officinale d'Abruzzo. Chieti : Centro Servizi Culturali Regione Abruzzo; 1984.] note dans les Abruzzes, l'utilisation de Rhus coriaria L. avec l'Ă©corce de la tige (jaune : couleur de la tunique de la dame des Bergers) et l'Ă©corce des racines (marron).

Ses feuilles et ses fruits sont astringents et antiseptiques. On a employé les feuilles utilement en décoction contre les maladies causées par la détente des fibres, comme certaines diarrhées ou pour les maladies de l'œil. On employait anciennement les baies qui ont de plus une saveur acide agréable comme assaisonnement; les Turcs ont seuls conservé cet usage. En France même on le met quelquefois, ainsi que les fleurs, dans le vinaigre pour le fortifier. Il est originaire des parties méridionales de l'Europe. En France, il remonte jusqu'au département du Lot.

Pline, Histoire Naturelle : Le sumac mâle (rhus coriaria, L.) de Syrie porte une graine; le sumac femelle est stĂ©rile; la feuille ressemble Ă  celle de l'ormeau, un peu plus longue, velue; les pĂ©tioles en sont toujours opposĂ©s ; les branches sont minces et courtes. On emploie cet arbre Ă  prĂ©parer les peaux en blanc. La graine est semblable Ă  une lentille, elle rougit avec le raisin; on la nomme rhus; elle est nĂ©cessaire dans les mĂ©dicaments (xxiv, 79).

(François Arago, Dictionnaire universel d'histoire naturelle, Volume 12, François Rozier, Antoine Augustin Parmentier, Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, Volume 12, fr.wikipedia.org - Rhus, nature.jardin.free.fr - Rhus coriaria, Paolo Maria Guarrer, Household dyeing plants and traditional uses in some areas of Italy)

18 septembre

L'ombre du bras du berger agenouillé forme la lame d'une faux. Il est bien question du temps, et donc du calendrier qui en fait la mesure. Le berger désigne le R, qui désigne sur les monnaies romaines la ville de Rome, qui est déterminée dans ce miroir de l'Arcadie comme la destination. Le fondateur de Rome est Romulus qui a à voir avec le 18 septembre...

On convient généralement que Rome fut fondée le onzième jour avant les calendes de mai… On prétend que le jour où Romulus fonda la ville se trouva être exactement le trentième jour du mois, et que la conjonction de la Lune et du Soleil produisit ce jour-là une éclipse du Soleil, qu'on croit être celle qui fut observée par le poète épique Antimaque de Téos, la 3e année de la 6e olympiade. Varron, le plus savant des Romains dans l'histoire, avait un ami nommé Tarutius, philosophe et mathématicien, qui s'occupait, par curiosité, à tirer des horoscopes par le moyen des tables astronomiques, et qui passait pour y être très habile. Varron lui proposa de déterminer le jour et l'heure de la naissance de Romulus, Tarutius fit ce que Varron demandait. Après avoir attentivement considéré et comparé ce que Romulus avait fait et subi, la durée de sa vie et le genre de sa mort, il affirma, avec une singulière hardiesse, que le fondateur avait été conçu la première année de la 2e olympiade, le 23 du mois égyptien Choïac, à la troisième heure du jour, pendant une éclipse totale de soleil. Il ajouta qu'il était né le 21 du mois Thoüth, au lever du soleil, et qu'il avait fondé Rome le 9 du mois Pharmouthi, entre la deuxième et la troisième heure. Ces astrologues prétendent que la fortune d'une ville, comme celle d'un particulier, dépend du moment de sa naissance, déterminé suivant la position exacte des astres (Plutarque, Vies parallèles : Romulus).

Le nom de Firmanus dénote un natif de Firmum, in Picenum, la ville moderne de Fermo, dans la Marche d'Ancône, mais Tarutius est une appellation étrusque.

On considĂ©rait jusque-lĂ  comme chose indubitable que la fondation de Rome avait coĂŻncidĂ© avec une Ă©clipse de soleil, et le système annalistique rĂ©formĂ© avait tenu compte de cette exigence. Mais il Ă©tait plus certain encore, et plus conforme au caractère lugubre du phĂ©nomène, qu'une Ă©clipse de soleil avait couvert de son ombre la mort de Romulus. A l'aide du cycle chaldĂ©en, l'astronome Lucius Tarutius Firmanus put marquer une Ă©clipse Ă  la date de juillet 717 avant J.-C. Les autres donnĂ©es furent fournies par des traditions qu'il Ă©tait prudent de ne pas Ă©branler. En conservant Ă  Romulus ses trente-sept ans de règne, la fondation de Rome tombait en 753 ou 754 avant J.-C., suivant que l'on considĂ©rait le règne comme finissant dans sa trente-septième annĂ©e ou après trente-sept ans rĂ©volus. Tarutius paraĂ®t s'ĂŞtre dĂ©cidĂ© d'abord pour les trente-sept ans rĂ©volus, et les avoir mĂŞme allongĂ©s de trois mois pour conserver Ă  la fondation de Rome l'anniversaire traditionnel des Parilia (21 avril) ; car, d'après CicĂ©ron, il avait fixĂ© Ă  ce jour le dies natalis de Rome et dressĂ© un horoscope oĂą figurait la Lune dans la Balance, le Soleil Ă©tant en opposition, c'est-Ă -dire dans le Taureau. Or le calcul montre que cette opposition ou pleine lune n'a pu avoir lieu au 21 avril 753, mais seulement aux environs des Parilia de 754 (exactement le 24 avril). Mais Plutarque cite des dates qui ne s'accordent pas avec ces conclusions tirĂ©es du texte de CicĂ©ron. Suivant lui, Tarutius, Ă  la demande de Varron, avait fait des calculs extrĂŞmement prĂ©cis et fixĂ© "sans nulle hĂ©sitation" la conception de Romulus en 772/1 av. J.-C., le 23 du mois Ă©gyptien Choiak, Ă  la troisième heure du jour, pendant une Ă©clipse totale de soleil; la naissance de Romulus au 21 Thoth de l'annĂ©e suivante, vers le lever du soleil; et la fondation de Rome le 9 Pharmouthi, entre la deuxième et troisième heure. La donnĂ©e qui manque ici, Ă  savoir l'âge de Romulus au moment de la fondation, se retrouve dans Solin 10. Romulus avait dix-huit ans, ce qui met la fondation en 754/3 avant J.-C. Le texte de Plutarque ne rĂ©sout pas les questions qu'il pose. Faut-il prendre ces mois Ă©gyptiens dans l'ancienne "annĂ©e vague" comme le font Petau, Unger, Matzat ou dans l'annĂ©e alexandrine, rĂ©formĂ©e Ă  la mode julienne vers l'an 26 avant J.-C. ? Avec l'annĂ©e vague, le 9 Pharmouthi tombe, en 753 avant notre ère, le 4 octobre (julien), c'est-Ă -dire fort loin des Parilia, et l'on ne voit pas pourquoi Tarutius aurait fait naĂ®tre Romulus au mois de juin. En dates alexandrines, au contraire, le 9 Pharmouthi tombe le 4 avril julien qui correspondait probablement, pour Tarutius, Ă  la date des Parilia de 753 avant J.-C. dans le calendrier lunisolaire et Romulus naĂ®t le 18 septembre, c'est-Ă -dire sous le mĂŞme signe et le mĂŞme jour qu'Auguste, le second Romulus. L'astronome courtisan avait donc remaniĂ© son premier calcul, de façon Ă  identifier dans le mĂŞme horoscope le fondateur de Rome et celui de l'Empire (Dictionnaire Daremberg et Saglio).

Le rapprochement de Metz et de Rome fait au Moyen Âge par des lettrés comme Paul Diacre justifie le placement du tableau de Nicolas Poussin aux environs de Metz, à Ban-Saint-Martin, où fut inhumé le roi d'Austrasie Sigebert III, père de Dagobert II (Calendrier de Rennes-le-Château).

Athéna

Athéna Aléa est la déesse dans le temple de laquelle sont assassinés de jeunes gens, crime à l'origine du "Jugement de Mantinée".

Le Mur des Paladins

Au Colle del Vento à Crognaleto se trouve un mur cyclopéen (géants) : "la Muraglia dei Paladini" (Le Mur des Paladins). Le mot de "paladin" a été rapproché de Pallas, nom qu'Athéna prit après son combat contre le géant Pallas de la peau duquel elle se fit une cuirasse. Le poète anglais Spencer appelle Palladine (III, 7,52 depuis "paladin") de The Fearie Queene. Britomart y est comparée à Minerve (IX, 22,1).

Le roman espagnol Florando da Inglaterra place son hĂ©ros sous le signe de Pallas : s'il se nomme Paladiano, c'est qu'un prodige contemporain de sa naissance a fait apparaĂ®tre en plein Londres trois statues gardant trois colonnes, dont l'une est surmontĂ©e d'un Ă©cu d'acier qu'une inscription attribue Ă  la dĂ©esse, Ă©cu destinĂ© Ă  ĂŞtre dĂ©crochĂ© par le meilleur chevalier du monde ; la statue d'homme sauvage qui en dĂ©fend l'accès se charge de corriger les autres prĂ©tendants. Il est clair que le chevalier en question sera ou celui qui vient de naĂ®tre, ou «un qui sortira de luy». D'oĂą le nom de Palladien donnĂ© Ă  l'enfant ; ce n'est pourtant pas lui (le nom ne fait pas l'homme), mais son fils qui obtiendra l'Ă©cu. Or les deux autres statues (l'une encore d'homme sauvage, l'autre de femme) montent la garde au pied, l'une d'une image de Cupidon, l'autre d'une image de VĂ©nus. La première ne pourra ĂŞtre dĂ©crochĂ©e que par le plus loyal des amants, et l'autre (plus exactement la couronne que tient l'image de la dĂ©esse) par la plus belle femme du monde. Ce dĂ©but emblĂ©matique montre bien ce que le roman veut faire avec la logique du Jugement de Pâris : il ne s'agit plus de choisir, mais de combiner la plus haute prouesse guerrière, la plus parfaite loyautĂ©, et la plus parfaite beautĂ© ; soit l'amour et les armes, en effaçant le conflit latent (au profit toutefois d'un seul impĂ©trant, le meilleur), et en ne maintenant la structure triple qu'au prix du nĂ©cessaire dĂ©doublement du choix «venĂ©rien» entre la beautĂ© de la dame (qui se choisit en quelque sorte elle-mĂŞme, sans intervention masculine) et la loyautĂ© de l'amant.

Le roman espagnol publié à Lisbonne en 1545 sera traduit par Claude Colet dans l'Histoire palladienne (1553), elle-même source de l'édition anglaise de Munday Palladine of England (1588) (Spenser, The Faerie Queene (1596), publié par A. C. Hamilton, 2007 - books.google.fr, (François Cornilliat, Le plaisir du roman d'après l'Histoire palladienne, Renouveau d'un genre dans le contexte européen, 2005 - books.google.fr, (Autour de Rennes le Château : Les Bergers des Abruzzes : Crognaleto).

Ce jeu de décrochage d'écu sur une colonne s'apparente assez au jeu du papegai.

Athéna et le cornouiller

Et c'est d'un bâton bleu sombre (kuaneon) cornouiller (kraneion) (on se demande encore quel est des deux mots celui qu'Ă©crivit Apollodore) que fit don AthĂ©na au devin TirĂ©sias [...] Et ce qu'il avait vu, c'est la vĂ©ritĂ© divine non pas telle qu'elle avait jailli du crâne de Zeus, c'est-Ă -dire vĂŞtue en guerrière, mais absolument nue. La titulature divine du devin TirĂ©sias n'Ă©tait pas suffisante pour qu'il supportât la prĂ©sence de la vĂ©ritĂ©-lumière absolue, AthĂ©na (-AlèthĂ©ia), laquelle alors «lui couvrit les yeux avec ses mains et lui Ă´ta la vue». Apollodore rapportant le dire de PhĂ©rĂ©cyde prĂ©cise : Chariclo [nymphe, mère de TirĂ©sias] la pria de rendre Ă  son fils l'usage de ses yeux : la dĂ©esse n'avait pas le pouvoir de le faire, mais, purifiant les oreilles du jeune homme, elle le rendit capable de tout comprendre du langage des oiseaux, puis elle lui fit don d'un bâton de cornouiller (ou bleu sombre) Ă  l'aide duquel il pouvait marcher comme les gens qui voient (Bibliothèque d'Apollodore, p. 96).

Quels poètes se sont chargĂ©s des animaux ? La Fontaine, l'auteur des Fables ; Perrault, l'auteur des Contes, l'un et l'autre Ă©couteurs et transporteurs de la fable ou parole, langage mĂŞme de la Nature, qui se souvient de la RĂ©vĂ©lation première faite directement Ă  Adam, langage qui a subi la Chute, puis, après le DĂ©luge, a pu reconduire, bien qu'altĂ©rĂ©e, cette mĂŞme rĂ©vĂ©lation. C'est le langage de MĂ©moire et des Muses, lesquelles, nous le rappellerons grâce aux trouvailles ou extractions de Jean-Paul Savignac qui a su souffler Pindare en notre langue, lesquelles, sous le nom de PiĂ©rides furent d'abord des Oiseaux, ce qui nous Ă©claire sur le don qu'AthĂ©na fit Ă  TirĂ©sias puisqu'il est Ă©vident que la dĂ©esse confia au voyant-aveugle le moyen (langue des oiseaux) d'accĂ©der au secret, cache du sacrĂ©. Les neuf oiseaux-muses ou PiĂ©rides avaient pour nom : Colymbas, petit grèbe ; Lynx, torcol ; Cenchris, petit faucon ; Cissa, geai ; Chloris, verdier; Acalanthis, linotte; Nessa, canard; PipĂ´, pic; Dracontis, pigeon. Jean-Paul Savignac rappelle que les noms des PiĂ©rides sont fĂ©minins comme en grec sont fĂ©minins les noms des oiseaux ; que les PiĂ©rides, filles de PiĂ©ros, sont aussi les sĹ“urs de Linos, personnification du lin, inventeur du rythme et de la mĂ©lodie. Vers le jardin de la RĂ©vĂ©lation n'est-ce pas un oiseau qui dicte la voie Ă  Jehan de la Fontaine, le poète de La Fontaine des amoureux de science ? Ce fut au temps du mois de may Qu'on doit fouir dueil et esmay, Que j'entray dedens un vergier Dont Zephirus fut jardinier. Par devant le jardin passoye, Mais pas n'etois vestu de soye, Ains estoye povres et nus, Et de drap bien mal pourvĂ©us : Et m'esbattant avec dĂ©sir De chasser loing mon desplaisir J'ouy le chant d'un oyselet Devant le joly jardinet. Adonc je regarday l'entrĂ©e Du jardin, qui estoit fermĂ©e ; Mais comme ma veuĂ« estima, Zephirus tost la defferma. EyrĂ©nĂ©e Philalèthe, dans un mĂŞme esprit, intitulera son ouvrage de de praticien et d'adepte : L'entrĂ©e ouverte au palais fermĂ© du roi. «Ce ne sont point des fables», Ă©crit-il en sa prĂ©face (Robert Marteau, La rĂ©colte de la rosĂ©e: La tradition alchimique dans la littĂ©rature, 1995 - books.google.fr).

Tous ces noms semblent provenir d'une même racine, celle que l'on retrouve dans tous les mots qui signifient tête, "kar", "kara" ou "karè", kareion" (poét.) "karènon", "kranion", "kranos", et dans les mots, dérivés probablement des précédents, qui désignent un arbuste, le cornouiller, "kraneia", "krania", "kranos". Une épithète bien connue "kranaos", "è", "on" se rattache à cette racine. Suivant Hésychius "kranaos" signifie "élevé", et par suite aride. C'est en ce sens que Pindare appelle la ville d'Athènes "Athènas kranaas", et Aristophane "kranaèn polin". "Kranaèn" sans le mot "polin" suffit même une fois à désigner la citadelle athénienne, l'acropole. On passe en effet très facilement de l'idée de tête à celle de sommet montagneux, et, surtout lorsqu'il s'agit de la Grèce, de l'idée d'élévation à celle d'aridité. On comprend de plus que le mot "Kranaoi" en soit venu à désigner les Athéniens; ce sont les descendants du roi "Kranaos", personnification des hateurs rocheuses et desséchées de l'Attique. Cela dit, devrons-nous prétendre que le nom "ai Kranai" signifie : la montagne, la montagne aride, ou bien : les cornouillers, la montagne des cornouillers ? Nous ne le croyons pas, attendu que le pluriel serait dans le premier cas assez difficile à expliquer, et que dans le second il faudrait admettre une forme à part et locale du mot qui désigne l'arbuste. Nous sommes plutôt d'avis que "en Kranais" n'est que la forme dorienne de "en Krènais", et que le mot "krènè" est ici employé avec son sens ordinaire de source. Nous avons dit que tout autour du pic où s'élevait le temple les replis de montagnes cachent de frais torrents, et que tout près du sommet, à l'endroit où a été signalée plusieurs fois une vasque de pierre au milieu d'une petite construction en ruines, s'échappe du roc une eau vive et claire. Cette source bienfaisante, où venaient sans aucun doute s'approvisionner les prêtres et les servants du temple, a bien pu suffire à donner son nom à la montagne (Pierre Paris, Élatée: la ville, le temple d'Athéna Cranaia, 1892 - books.google.fr).

Manches d’outils, barreaux d’échelles, échasses, et dans l’Antiquité, javelots et hampes de lances étaient faits en bois de cornouiller. Cet usage était si répandu qu’en latin, «cornus» est souvent employé pour désigner une lance ou un javelot. Le cheval de Troie passe pour avoir été fait de bois de cornouiller, comme aussi l’arc d’Ulysse, comme encore bien plus tard la lance de saint Georges avec laquelle il terrassa le dragon. (ailly.com - Le cournouiller).

La peau et les os

Le sumac des corroyeurs qui pourrait être représenté dans Les Bergers d'Arcadie porte ce noms en raison de son utilisation par les travailleurs du cuir.

Elle mit à mort entre autres le Géant Pallas, et de sa peau épaisse elle se fit une cuirasse, d'où son surnom de Pallas Athéna. Le plus souvent cependant elle combattait revêtue de la célèbre égide, la cuirasse en peau de chèvre de Zeus, qu'il prêtait volontiers à sa fille bien-aimée (Odile Gandon, Dieux et héros de l'Antiquité - Toute la mythologie grecque et latine, 2009 - books.google.fr).

C'est d'une peau de veillard qu'Athéna revêt, habille, Ulysse lorsqu'il est enfin parvenu à Ithaque (Marcello Carastro, L'antiquité en couleurs: catégories, pratiques, représentations, 2009 - books.google.fr).

Les 12 paladins de Charlemagne sont des combattants comme Athéna est déesse de la guerre, de la stratégie et de la tactique.

Il y a aussi à Crognaleto une Madone della Tibia, chapelle construite en 1617. Près de là un certain Achille di Giorgio découvrit un trésor de 167 monnaies en argent de la République romaine (quand ? XIXème siècle) (G. de Petra, Crognaleto, Notizie degli scavi di antichità, Volume 25, 1901 - books.google.fr).

La tibia romaine est la flûte reprise du grec aulos ou du subulo étrusque (Jean-Noël von der Weid, Le flux et le fixe: Peinture et musique, 2012 - books.google.fr).

Hygin dans ses fables résume l'affaire :

Minerve (Athéna), dit-on, fut la première à confectionner une flûte avec de l'os de cerf et vint en jouer au banquet des dieux. Junon (Héra) et Vénus (Aphrodite) s'étant moquées d'elle car elle avait les yeux tout gris et les joues gonflées, Minerve (Athéna), ainsi enlaidie et moquée pendant sa prestation, se rendit près d'une fontaine, dans la forêt de l'Ida, se regarda jouer dans l'eau et comprit qu'on s'était moqué d'elle à juste titre. Elle jeta donc là sa flûte et jura que qui s'en emparerait subirait un affreux supplice. L'un des Satyres, Marsyas, berger, fils d'Oéagre, la trouva et, à force d'entraînement, obtint de jour en jour un son plus agréable, au point de provoquer Apollon et sa cithare en un concours musical. Quand Apollon fut arrivé, ils prirent les Muses pour juges et comme Marsyas repartait vainqueur, Apollon retourna la cithare et ce fut le même son. Et Marsyas ne put en faire autant avec la flûte. Aussi Apollon remit-il Marsyas vaincu à un à un Scythe qui l'écorcha membre par membre... et son sang donna son nom au fleuve Marsyas (Luc Ferry, La sagesse des mtyhes, apprendre à vivre, 2014 - books.google.fr).

Athéna lui concéda également une vie plus longue que le commun des mortels et le pouvoir de garder ses dons aux Enfers. Dans d'autres versions, Tirésias est sujet à changements de sexes répétitifs. Tirésias devient le devin officiel de Thèbes et prédit l'avenir glorieux d'Héraklès né d'Alcmène, épouse d'Amphitryon, et de Zeus (fr.wikipedia.org - Tirésias).

Lorsque Thèbes capitula devant les Épigones, la fille de Tirésias Manto fut emmenée à Delphes auprès d'Apollon. Certain qu'elle avait hérité des dons exceptionnels de son père, le dieu lui confia un de ses propres oracles, à Claros, en Asie Mineure. Elle conçut Mopsos de sa liaison avec le dieu. Selon Virgile, elle aurait donné son nom à Mantova (Mantoue) en Italie (fr.wikipedia.org - Manto fille de Tirésias).

La Lettre sur l'origine de Mantoue (1418) de l'historien florentin Leonardo Bruni destiné à Gianfrancesco Gonzaga, capitaine de Mantoue (1407-1433) puis marquis jusqu'en 1444, rappelle l'origine de la ville donnée par Virgile. Le fondateur de la ville de Mantoue est Ocnus, le fils du fleuve Toscan (le Tibre) et de Mantô. Toscan parce qu'étrusque, et fils de Mantô car devin lui-même (Mantô du grec "manteia" la divination). Pour Bruni, il s'agit de favoriser une alliance entre Florence et Mantoue que certains disent avoir été fondée avec la participation des Gaulois et des Vénètes (Laurence Pradelle, La Lettre sur l'origine de Mantoue de Leonardo Bruni, Le rivage des mythes: une géocritique méditerranéenne, le lieu et son mythe, 2001 - books.google.fr).

Ulysse à Mantinée

Si Pénélope finit ses jours à Mantinée, y devant mère de Pan par Hermès, Ulysse serait aussi passé dans la région.

Dans un passage de la "Nekuia", l'un des morceaux les plus anciens de l'OdyssĂ©e, l'âme de TirĂ©sias y dit Ă  Ulysse :

«Après avoir tué les prétendants, tu parcourras les terres en portant une rame facile à manier jusqu'à ce que tu parviennes chez un peuple ignorant des choses de la mer, ne mêlant point de sel à ses aliments, ne sachant ce que c'est qu'un vaisseau aux flancs coloriés, ni une rame, aile d'un navire. Je vais te dire à quoi tu reconnaîtras ce peuple : souviens-t'en. Tu rencontreras un autre voyageur qui croira que tu Portes sur ton épaule une pelle à vanner le blé; à ce moment tu planteras ta rame en terre et tu sacrilieras solennellement à Poséidon Anax un bélier, un taureau et un sanglier, puis tu retourneras en ta demeure et tu immoleras, selon leur rang, à tous les dieux immortels, de saintes hécatombes.»

Ce voyage doit être interprété comme une expiation et une réparation due par Ulysse à Poséidon. [...] Nul autre peuple que les Arcadiens laboureurs, mangeurs de glands, et signalés dans l'Iliade pour leur ignorance des choses de la mer, n'était mieux qualifié pour commettre l'erreur annoncée par Tirésias. Comme, en outre, Ulysse se rencontrait chez eux associé à Poséidon Hippios, il est permis de croire, à première vue, que le devin a voulu les désigner. Pourtant, les anciens tranchaient la question en faveur des Épirotes.

Puisque d'une part la Télégonie place dans le Péloponnèse la rencontre d'Ulysse avec son homme; que, d'autre part, les traditions de Phénéos et d'Aséa nous montrent Ulysse installé en Arcadie, on est autorisé à conclure que les Arcadiens se considéraient comme le peuple désigné par Tirésias. Le poème mettait Ulysse en contact avec Agamédès et Trophonios, les héros minyens introduits dans les généalogies arcadiennes, les fondateurs de l'abaton de Poséidon Hippios à Mantinée et du trésor d'Augias en Élide (Gustave Fougères, Mantinée et l'arcadie orientale, 1898 - digi.ub.uni-heidelberg.de).

Poussin et Minerve, nom romain de la grecque Athéna

On attribue quelques Minerve au Poussin :

Le Poussin, par une licence hardie, dans un dessin du cabinet Albani, a peint Minerve se couvrant la tête de son bouclier pour ne pas appercevoir l'horrible assassinat des enfants de Médée (Cambry, Collection de lettres de Nicolas Poussin, 1824 - books.google.fr).

Un croquis représentant une Minerve de profil à gauche, entourée d'un serpent et d'une chouette et tenant une Victoire ailée, est conservé dans une collection particulière belge. Il porte l'inscription N. Possino en bas à droite (Nicolas Poussin: la collection du Musée Condé à Chantilly, 1994 - books.google.fr).