Partie XV - Le Cercle et la Croix des Prophètes   Lourdes et la Croix des Prophètes   Mantinée, Crognaleto et psycho-psaumatique   
LE CERCLE ET LA CROIX DES PROPHETES LOURDES PSYCHO-PSAUMATIQUE

Les Bergers du Guerchin

L'inversion du tableau du Guerchin permet de tracer un L avec l'antique tombeau à gauche et les deux bâtons des bergers en V : LV ou 55 en numération romaine.

Le psaume 55(56) dela Vulgate cacatholique donne à la fin un rappel de l'aventure de Bernardo Paolini :

13. Quoniam eripuisti animam meam de morte, et pedes meos de lapsu : ut placeam coram Deo in lumine viventium. (Car vous avez délivré mon âme de la mort, et mes pieds de la chute, pour que je plaise au Seigneur à la lumière des vivants). (La Sainte Bible: Texte de la Vulgate, traduction française en regard, avec commentaires théologiques, moraux, Tome 12, 1883 - books.google.fr).

Comme dans Ps. 57, «Prière secrète» figure aussi dans le titre du psaume 56(55) avant le titre «historique» : Quand les Philistins s'emparèrent de lui à Gat. Ce titre évoque 1 Sm., 21,11-15, récit aussitôt suivi de la mention de la grotte d'Adullam (21, 1) où David se réfugie après avoir quitté les Philistins. C'est là où il est censé dire le psaume sans bruit. Depuis longtemps, des contacts verbaux ont été notés entre les deux textes; ainsi hâlal «louer» (Ps. 56,5,11), «être fou» (1 Sm., 21,14), jeu de mot encore fait à propos de Ps. 34,3, rapporté par son titre «historique» au même épisode. De plus, d'après Ps. 56,4, David a peur, exactement comme dans 1 Sm. 21,15. Ces contacts expliquent l'addition du titre «historique»; quant à miktâm, il s'explique par le v. 7 où David dit que ses assaillants se cachent, épient ses traces comme pour surprendre son âme; il les a sur ses trousses et ne peut donc trahir sa présence en chantant un psaume à haute voix. Il en est de même pour Ps. 16,1. Au v. 7, David est censé parler des «nuits» durant lesquelles il est instruit et gardé par Dieu; il espère «reposer» en sécurité. D'autre part, il commence par les mots «garde-moi», qui supposent un danger menaçant. David récitera donc cette prière nocturne dans le secret, pour ne pas alerter ses ennemis. Moins probable serait une explication qui donnerait à miktâm le sens de poème (Travaux, Numéro 4, Institut catholique de Paris, 1957 - books.google.fr).

La simulation de la maladie mentale est décrit dans I Samuel 21, 13-15. Il s'agit de David craignant la colère de Saül et s'enfuyant chez Akish, roi de Gath. David eut peur que Akish ne le tuât et il simula la folie, comme il est écrit : "Il se montra comme fou à leurs yeux, et fit devant eux des extravagances; il faisait des marques sur les battants des portes, et il laissait couler sa salive sur sa barbe. Akish dit à ses serviteurs : vos voyez bien que cet homme a perdu la raison, pourquoi me l'amenez-vous ? Est-ce que je manque de fous pour que vous m'ameniez celui-ci et que vous me rendiez témoin de ses extravagances ? Faut-il qu'il entre dans ma maison ?» Selon le Midrash sur les Psaumes, la femme et le fils de Akish étaient des malades mentaux (Jacques Postel, Claude Quétel, Nouvelle histoire de la psychiatrie, 2012 - books.google.fr).

La simulation de la folie a existé de tout temps, David, Ulysse, Solon, Brutus auraient usé de ce moyen; Shakespeare, dans le drame d'Hamlet, a présenté une forme très curieuse de simulation de la folie, dont le type clinique a été déterminé seulement dans les dernières années. Si la simulation de la folie est ancienne, il aut arriver à Paul Zacchias, 1688, pour trouver un véritable traité de la simulation de la folie et des moyens de la dépister. A l'examen du délire, qui, chez le simulateur, ne reproduit généralement pas un cas clinique connu, Zacchias ajoutait des moyens directs, tels que menaces ou bastonnades, ayant pour but d'obliger le simulateur à avouer sa feinte. Ces moyens étaient encore admis au commencement du XIXe siècle; inutile d'ajouter qu'ils ne le sont plus aujourd'hui (M. Giroud, Histoire de la simulation de la folie, Précis analytique des travaux de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, 1909 - books.google.fr).

Contrairement à David, Solon est plutôt démonstratif :

Selon Plutarque (Vie de Solon IV), Solon simule la folie pour attirer l'attention de ses compatriotes et soudain sur l'agora chante un poeme de cent vers afin d'entrainer les Atheniens à se saisir de Salamine alors qu'un decret avait interdit de ne jamais rien proposer qui tendit à la conquête de l'île (Pierre Angrand, Génèse des travaux d'Eugène Delacroix, Archives de l'art français, Volume 25, 1978 - books.google.fr).

Notons dans la pièce de Shakespeare, Hamlet, la pièce de théâtre du nom de la Souricière (cf. la souris du Guerchin), dans laquelle est représenté un assassinat à Vienne, inspirée de celui du duc d'Urbino commandité selon certains par un Gonzague de Mantoue en 1538.

Dans l'Hamlet de Saxo grammaticus, on fait donc l'épreuve amoureuse. Hamlet se rencontre avec la jeune fille, et il est sur le point de céder à la tentation, lorsqu'il voit venir à lui une grosse mouche ayant une paille attachée aux pattes. Hamlet le subtil comprit que c'était un avertissement que lui envoyait un de ses amis, et que cette mouche avec la paille aux pattes signifiait obstacle attaché à son désir, traquenard, espionnage. On voit par parenthèse que ce n'est pas d'aujourd'hui que la mouche est le symbole de l'espionnage, que tout est vieux comme le temps, et qu'il n'y a de neuf que notre naïve prétention à faire de l'inédit (Emile Montégut, Œuvres complètes de Shakespeare, Tome 9, 1877 - books.google.fr).

La deuxième partie de la vie du Tasse est marquée par le drame d'une folie d'autant plus pénible qu'elle est le plus souvent consciente, et qu'elle va user son âme aussi vite que son corps. Il passe plusieurs années à changer sans cesse de résidence, comme pour se fuir lui-même : il va chez sa sœur à Sorrente, puis à Rome, Mantoue, Padoue, Venise, Turin. Il rentre à Ferrare en 1579 pendant qu'on célèbre les noces du duc avec Marguerite de Gonzague et fait un tel scandale que le duc le fait arrêter et interner à l'hôpital de Sainte-Anne. Il y restera sept ans, d'abord enchaîné comme un prisonnier plutôt que comme un malade. Puis ce régime rigoureux s'assouplit et Le Tasse peut travailler, recevoir des visites (c'est là que Montaigne le rencontre), écrire à tous les personnages influents pour implorer sa libération. Il peut enfin sortir de cette longue réclusion en 1586, grâce au prince de Mantoue qui le recueille à sa cour. Entouré d'honneurs et de sympathie, il peut terminer sa tragédie Le Roi Thorismond en 1587. Mais bientôt les fugues recommencent, et les accès de désespoir que l'accueil bienveillant de nombreux princes ne parvient plus à calmer. Il meurt le 25 avril 1595 dans le couvent romain de Saint-Onuphre où il s'était fait conduire peu avant. La légende s'empara aussitôt de cette vie tourmentée, qui fut interprétée de façons diverses. Sa folie fut même considérée comme pure simulation, comme une protestation contre l'injustice d'un monde insensible à la poésie; ou encore comme le symbole d'un génie poétique d'inspiration divine (Armand Monjo, La Poesie italienne, 1964 - books.google.fr).

C'est habillé en berger des Abruzzes que Torquato Tasso rendit visite à sa soeur Cornelia en 1577 à Sorrento (La Rivista abruzzese di scienze, lettere ed artin 1895 - books.google.fr).

L'Aminta a un rapport avec l'Arcadie comme pastorale et par le fait qu'Aminta est un descendant du dieu Pan comme le fait remarquer Gilles Ménage en 1655 (Françoise Lavocat, Le temps des bergers, Tempus in fabula: topoï de la temporalité narrative dans la fiction d'Ancien Régime, 2006 - books.google.fr, Gilles Ménage, Aminta fauola boscareccia di Torquato Tasso con le annotationi d'Egidio Menagio accademico della Crusca, 1655 - books.google.fr).

Tasso cite Epaminondas dans le chant XVII de sa Jérusalem délivrée auquel Boniface d'Este est comparé dans son combat mortel contre les Goths en soutien à Bélisaire. Comme Epaminondas, Boniface - blessé d'une flèche dans le front - trouve du réconfort par la présence de son bouclier (Eugenio Camerini, La Gerusalemme liberata de Torquato Tasso, 1882 - books.google.fr).

17. Le Soudan d’Égypte fait défiler devant lui sa puissante armée et la dirige ensuite contre les Chrétiens. – Armide, qui appelle de ses vœux la mort de Renaud, se réunit à cette armée avec ses troupes, et, pour satisfaire plus sûrement son cruel désir, elle s’offre pour prix de la vengeance. – Renaud se couvre de l’armure redoutable où sont gravés les exploits de ses illustres aïeux dont ceux de Boniface (ebooks-bnr.com - Le Tasse, La Jerusalem Délivrée).

La délivrance des Goths est le sujet de l'Italie libérée du Trissino (1548) mais elle passe sous la domination byzantine (Les belles infidèles de la Jérusalem délivrée: la fortune du poème du Tasse, XVIe-XXe siècle, Tome 1, 2004 - books.google.fr).

Le chevalier Renaud a été endormi grâce aux sortilèges envoyés par la magicienne Armide, qui se trouvait à l’affût, ayant envoyé au-devant d’elle, dans la rivière, une sirène. Armide s’approche maintenant de Renaud pour le poignarder, conformément à la mission qui lui a été confiée par les puissances de l’Enfer pour empêcher le succès du siège de Jérusalem par les Croisés. Mais au moment de tuer Renaud, Armide découvre son visage et en tombe amoureuse. Elle l’enlèvera sur son char ailé pour l’enfermer dans son château des îles fortunées. Voir Le Tasse, La Jérusalem délivrée, XIV, 65-67.

Le moment de la scène est suspendu avant un meurtre qui ne se fera pas. Il est construit sur le modèle de Médée s'apprêtant à tuer ses enfants, un tableau de Timanthe décrit par Pline, et une composition à laquelle Poussin s'essayera en 1645. Mais Médée tue réellement ses enfants (utpictura18.univ-amu.fr).

Médée, sorcière et magicienne, avait fait tuer Pélias par ruse, et ses filles durent s'exiler de Iolcos pour Mantinée où se trouve leur tombeau et d'où est originaire la Diotime de Platon, autre magicienne (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale: contenant quatre-vingts gravures dans le texte, 1898 - books.google.fr).

Nicolas Poussin, Renaud et Armide, 1628 - www.hicsum-hicmaneo.com

Nous sommes un peu étonnés que l'austère Poussin, le pur classique, se soit inspiré du Tasse. Mais n'oublions pas que les premiers modèles à se présenter au jeune artiste avant son départ pour Rome étaient précisément les maîtres de l'Ecole de Fontainebleau, qui s'étaient souvent inspirés de la Jérusalem délivrée. Dans l'impossibilité de dater exactement les œuvres de jeunesse de Poussin, les critiques restent d'accord pour assigner une date entre 1630 et 1637 aux peintures tirées de la Jérusalem, dont certaines dénoncent encore cette première influence maniériste. De plus, le premier mécène de Poussin avait été le cavalier Marino, pendant son séjour à Paris, et de lui aussi le jeune peintre a pu apprendre à aimer le Tasse. Enfin, le cardinal Francesco Barberini, frère d'Antonio, était son premier patron à Rome. Nous comprenons qu'avant de trouver le style et les sujets classiques de sa maturité, Poussin ait passé par un moment d'enthousiasme pour le Tasse (Joyce G. Simpson, Le Tasse et la littérature et l'art baroques en France, 1962 - books.google.fr).

L'Arcadie au service de la politique

Au Ier siècle avant J.-C., Rome est frappée par une crise grave qui touche les institutions, les croyances religieuses, les usages, les valeurs et la concorde civique. Cette violente remise en question de leur modèle culturel conduit les Romains à revenir sur leur histoire et à s’interroger sur les origines et l’évolution de leur cité. Ce retour sur le passé prend la forme d’un vaste mouvement d’enquête, menée sur plusieurs fronts (ethnique, mythographique, linguistique, juridique) qui vise à retrouver les fondements de la culture romaine dans la perspective de la régénérer. Or, parmi les récits d’émigration à propos des populations qui se seraient primitivement établies en Italie, il y avait celui d’une venue d’Arcadiens dans le Latium. [...]

À la fin du Ier siècle avant J.-C., l’art des jardins fait partie de la culture romaine. Son succès est alors concomitant de l’engouement pour les tableaux de paysages, et en particulier pour ce qui devient une mode : les fresques dites sacro-idylliques. [...]

On peut user du mot mythe à propos des différentes représentations et phénomènes associés directement ou indirectement au nom d’Arcadie, à cause de leur origine (la mise en question du modèle culturel romain), de leur fonction qui a été de permettre de débattre des questions suscitées par cette crise et de leur visée qu’on peut caractériser globalement comme refondatrice (Jacqueline Fabre-Serris, Un usage romain d’un mythe grec : l’Arcadie, un nom et des images ?. Mythe et fiction, 2010 - books.openedition.org).

Le concept de la libertas Italiae jouira d’une grande fortune au seizième siècle, une époque particulièrement trouble de l’histoire de la péninsule où les historiens se souviendront avec nostalgie de la paix qui semblait rétrospectivement avoir régné en Italie pendant tout le Quattrocento, alors qu’elle n’était pas soumise aux compromis avec les puissances étrangères. Il est d’autant plus intéressant de voir naître cette idée à l’occasion des louanges de François II Gonzague, qui saura fort bien en tirer parti pour sa propre propagande. François de Gonzague avait souhaité définir son action lors de la bataille de Fornoue sur les deux médailles commémoratives qu’il fit graver. La première, composée par un élève de Mantegna, Bortolo Talpa, porte au revers l’inscription «VNIVERSAE.ITALIAE.LIBERATORI» («au libérateur de l’Italie entière»); la seconde, du célèbre graveur Sperandio, porte l’inscription «OB.RESTITVTAM.ITALIAE.LIBERTATEM» («pour avoir rendu sa liberté à l’Italie») (Georges Tilly, Un manifeste posthume de l’humanisme aragonais : le De hortis Hesperidum de Giovanni Pontano, 2021 - theses.hal.science).

Remarquons qu'au XIXe siècle l'indépendance de l'Italie intervint après celle de la Grèce.

La croisade en Morée, objectif limité, aurait put servir à l'unité italienne.

Version 1 des bergers de Poussin

Dans la version 1 inversée des Bergers de Poussin, les bâtons de bergers forment un "X" et la forme du tombeau marque un "S", selon le même principe imaginé pour le tableau du Guerchin.

En numération latine le S vaut 90 (Louis Nicolas Bescherelle, Dictionnaire national, Tome 2, 1851 - books.google.fr).

Un "abjad" numérique latin se trouve dans un manuscrit de l'Astronomie d'Hermann de Carinthie où "S" vaut 90 (Richard Lemay, Un essai d'abjad latin avorté, Sic Itur Ad Astra: Studien Zur Geschichte Der Mathematik und Naturwissenschaften, 2000 - books.google.fr).

Soit 90 + 10 = 100.

Au psaume 100(101) s'écrit le programme d'exercice de la justice royale de David :

1. Votre miséricorde et votre justice, je les chanterai devant vous, Seigneur. [...]
7. Celui qui profère l'iniquité n'a pu se rendre agréable sous le regard de mes yeux.
8. Dès le matin je mettais à mort tous les pécheurs de la terre, afin d'extirper de la ville du Seigneur tous ceux qui commettent l'iniquité. (Louis-Claude Fillion, Les psaumes: commentes d'apres la vulgate et l'hebreu, 1893 - books.google.fr).

Le crâne surmontant deux tibias croisés se voit sur la reliure d'un Psautier destiné au roi de France Henri III (Yves Devaux, Dix siècles de reliure, 1977 - books.google.fr).

La folie dans le Abruzzes

San Donato est réputé agir contre la folie et l'épilepsie. D'Arezzo, le saint a vu son culte se répandre dans le royaume de Naples (Montesano, Lecce).

Dans les Abruzzes un sanctuaire est construit à la même époque que la Madonna della Tibia de Crognaleto dans la même région, à Castelli (début XVIIe siècle) (Marialuce Latini, Abruzzo: History and Art Guide, traduit par Angela Arnone, 2020 - books.google.fr).

Bâti sur un promontoire boisé au pied du mont Camicia, Castelli est connu depuis le 13e s. pour ses céramiques. Le plafond du 17 s. de l'église San Donato en offre un exemple admirable. Le village abrite plusieurs ateliers et le Museo delle Ceramiche, qui illustre l'histoire de l'art de Castelli du 15e au 19e s. à travers les œuvres de ses plus grands maîtres (Guide Vert Italie du Sud, Michelin, 2024 - books.google.fr).

Giambattista Visconti, O.S.A. (died 11 May 1638) was a Roman Catholic prelate who served as Bishop of Teramo (1609–1638). While bishop, he was the principal co-consecrator Giovanni Michele de Varolis (né en 1574, de Brescia), Bishop of Cefalonia e Zante (deux îles à l'ouest du Péloponnèse) (1625) (en.wikipedia.org - Giambattista Visconti).

Monteverdi dans une lettre de 1627 à un chancelier du duc de Mantoue mentionne la pièce du florentin Giulio Strozzi (1583 - 1652) la finta pazza Licori, innamorata d'Aminta. Lycoris par sa folie simulée obtient le mariage qu'elle convoitait (Correspondance, préfaces et épîtres dédicatoires de Claudio Monteverdi, traduit par Annonciade Russo et Jean-Philippe Navarre, 2001 - books.google.fr).

Girolamo Bargagli publie sa pièce La Pellegrina en 1589, que traduira Rotrou (La Pélerine amoureuse, 1636), et où Lepida, amoureuse et enceinte, refuse en simulant la folie le mariage imposé par son père (Mireille Celse-Blanc, Du travesti à la folie simulée ou les jeux du masque dans la comédie siennoise, Visages de la folie : 1500-1650, domaine hispano-italien, 1981 - books.google.fr).

Lycoris est un nom arcadien issu de Virgile : églogue X. Amyntas y est une femme (bcs.fltr.ucl.ac.be).

Jean-Louis Hourquet, « Que philosopher, c'est apprendre à mourir» : une autre lecture des Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin, Dix-septième siècle, 2014/2 (n° 263) - www.cairn.info).

La folie en Arcadie littéraire

Unquestionably Tirsian comedias with wholly Italian settings are : Amor y celos hacen discretos, Celos con celos se curan, Del enemigo el primer consejo, la fingida Arcadia, Palabras y plumas (Naples and environs), Privar contra su gusto (Naples), Quien no cae no se levanta, Santo y sastre, and Ventura te dé Dios, hijo (John Joseph Reynolds, A Study and Critical Edition of Tirso de Molina's El Condenado Por Desconfiado, 1956 - books.google.fr).

Dans La fingida Arcadia de Tirso de Molina, la comtesse Lucrecia s'est retirée de la cour pour s'adonner à la lecture de comédies. Inspirée par l'Arcadia de Lope, elle investit le rôle de Belisarda et exprime son amour à Felipe, soldat espagnol qui se fait passer pour le jardinier Anfriso depuis six mois. Quand son oncle Hortensio lui fait part de son souhait de la voir se marier avec l'un des riches gentilshommes de la région, Lucrecia lui remet une lettre dans laquelle elle expose sa quête de la perfection et par conséquent, sa volonté d'en épouser aucun. Mais peu après, Lucrecia surprend sa cousine Alejandra tenant la main de Felipe dans la sienne. Excessivement jalouse, Lucrecia feint la folie pendant que Felipe s'éloigne de l'Arcadie. Prêts à la guérir et dans l'espoir de l'épouser, ses soupirants investissent à leur tour un rôle de la comédie. Felipe, qui s'est enquis de la folie de sa bien-aimée, retourne chez elle accompagné de Pinzón, un ami qui se fait passer pour un médecin. Lucrecia se repent alors d'avoir douté de lui. Cependant, elle surprend une nouvelle fois une conversation entre Alejandra et Pinzón où il est fait allusion au mariage de cette dernière avec Felipe. Menaçant alors d'épouser Carlos, Lucrecia révèle à tous les raisons qui l'ont poussée à feindre la folie et, sur le point de donner la main à Carlos, Felipe descend d'un nuage et prend la sienne (Nadine Laublé, L'érotisme dans les "comedias de Tirso de Molino": essai de lecture socio-dramatique, 2004 - books.google.fr).

La comédie de Tirso de Molina est contemporaine du tableau du Guerchin.

En 1621, la Fingida Arcadia de Tirso de Molina évoque l'assaut de Verceil mené en 1616-17 par Charles-Emmanuel Ier de Savoie contre le contre le gouverneur de Milan (Andrée Manseau, Charles Emmanuel Ier, duc de savoie : de Maynard aux historiens, Cahier, Numéros 1 à 6, Société des amis de Maynard, 1972 - books.google.fr).

La succession de Montferrat, conflit qui se déroula de 1613 à 1617 entre le duché de Savoie à l'Espagne et au duché de Mantoue, fournit au duc un prétexte de faire la guerre aux Espagnols, dont la présence à Milan et à Naples gênait ses projets ambitieux (M. de Robaulx de Soumoy, Histoire générale des guerres de Savoie, de Bohême, du Palatinat & des Pays-Bas, 1616-1627 de Louis de Haynin (seigneur du Cornet), 1868 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Guerre de succession de Montferrat, Alda Croce, Tirso de Molina e Italia. In: Bulletin Hispanique, tome 65, n°1-2, 1963 - www.persee.fr).

Nada tan revelador a este respecto como La fingida Arcadia (Aguilar, tomo II, p. 1390-1431), en que Tirso desprestigia la idílica ilusión pastoril y el ideal de la vida aldeana. A pesar de las repetidas afirmaciones de los protagonistas (28), la Arcadia de Lucrecia y Felipe no es más que "famosa maraña" (p. 1416a) que transforma el valle del Po en une "Creta aldeana" (p. 1417b), hermana de la "Creta encantada" del Madrid tirsiano (S. Maurel, o.c., p. 513). El mismo Tirso da la clave de su interpretación del tópico del Menosprecio... con la fábula del señor que, en invierno, pasea por las calles desnudo y helado para apreciar mejor el calor de su cama "sazonado por el calentador" (p. 1394b). Felipe explica luego a la condesa el sentido del cuento : Ya que su excelencia sabe tanto de Corte y grandeza, pruebe aquí vuestra llaneza más humana y menos grave y sabrále allá más bien el trato y soberbia real, que quien no ha probado el mal [Arcadia] poco o nada estima el bien. [Corte] (28) "¡ Ay, quién transformar pudiera / vida y traje cortesano !" (P. 1393b). "En las cortes vive el vicio, y en el campo el desengaño, la sencillez viste paño / si sedas el artificio" (p. 1394b) (Marc Vitse, La descripción de Lisboa en El burlador de Sevilla, Criticón, Numéros 1 à 2, Université de Toulouse-Le Mirail. Institut d'études hispaniques et hispano-américaines, 1978 - books.google.fr).

Dans le domaine littéraire au XVIe-XVIIe siècles, quand il s'agit de mariage et d'amour, la simulation de la folie paraît plutôt féminine.

La version 2 des Bergers de Poussin

La montagne du centre du tableau serait plutôt le Monte Gorzano et non le Corno Grande : on corrige 15 ans plus tard (www.alltrails.com).

Le Monte Gorzano vue de la Madonna della Tibia (Crognaleto)

Le nom de Crognaleto provient d'un terme dialectal des Abruzzes "crognale", par corniolo, en italien cornouiller. Crognaleto se trouve dans l'antique pays des Prétutiens (Pretuzi en italien). Ceux-ci étaient les alliés des Samnites dans la troisième guerre qui porte leur nom. Ceux-ci se réfugient dans un lieu appelé CRANITE. Le tableau reflété donne la phrase (en français) "O GE AIDA CRANITE". On ne connaît Cranita, nom en rapport avec "cornouiller" en grec, que par Jean Zonaras, historien, théologien et canoniste byzantin du XIIème siècle d'après le livre X de Dion Cassius.

La valeur du N inversé formé des trois bâtons des bergers et qui serait la lettre tsan de l'alphabet arcadien de Mantinée (le sampi correspondant a pour valeur 900 dans la numération grecque hors numérotation des psaumes) a son homologue dans le tsadé hébreu qui a pour valeur 90 (nonagones.info - Autour de Rennes - Les Bergers d’Arcadie ts ts !, nonagones.info - Autour de Rennes - Les Bergers des Abruzzes : Crognaleto).

Le tsan, lettre découverte ou redécouverte avant la restauration de l'église Sainte Marie Madeleine de Rennes le Château, se retrouverait dans le tracé de la lecture des statues du choeur dans l'ordre Germaine/Roch/Antoine/Marie-Madeleine/Antoine (de Padoue) : GRAMMA (translitération latine du mot grec signifiant "lettre") (nonagones.info - La Croix d’Huriel - La Croix d’Huriel et Rennes le Château - GRAMMA : les initiales de statues de l’église de Rennes le Château).

Le psaume 90 renvoie aussi à 1 Sam 21,10-15 avec les mille de Saül et les dix-mille de David qui sont tombés.

Lilius Gyraldus in historia de diis gentium Syntagm. 15. fol. 624. ait, quod in Parthenio Arcadia monte Panos templum fuit, in quo locus dictus Aula, quod velut asylum animalibus fuit: eo enim adire non audebant leones, nec lupi, dum ea confectarentur, sed protinus subsistebant, ipsáque animalia relinquebant: id quod & in Dianæ Ætoliæ luco factum fuisse fabulabuntur. Quid censebimus, nos de Deo vero ? Lege dicta psalm. 90. 1. & seqq. (Thomas Le Blanc, Psalmorum Davidicorum analysis, Tome 3, 1669 - books.google.fr, Giglio Gregorio Giraldi, De deis gentium, 1548 - books.google.fr).

Ps 90,13 : tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon (www.aelf.org).

Lilio (ou Giglio) Gregorio Giraldi, né à Ferrare le 13 juillet 1479, mort dans la même ville en février 1552, est un humaniste italien Issu d'un milieu modeste, il n'en fit pas moins de bonnes études dans sa ville natale, d'humanités latines et grecques et de droit. Il gagna ensuite Naples, où il fit la connaissance de Giovanni Pontano et de Jacopo Sannazaro. Revenu en Émilie, il se lia à Mirandola à Jean-François Pic de la Mirandole, neveu du fameux Jean Pic de la Mirandole (fr.wikipedia.org - Lilio Gregorio Giraldi).

D'après le récit de Pausanias, l'Hiéron de Pan était, selon l'usage, placé à l'endroit même où Pan avait apparu à Phidippidès; que, d'après ce même récit, l'Hiéron était sur le mont, et non aux environs (circa) ou près du mont Parthénium. Sans recourir aux cartes, on ne sait si le Parthénium domine Tégée au midi ou au nord (Jean-Baptiste Gail, Recherches historiques, militaires, geographiques et philologiques. Specialement d'apres Herodote, Thucydide et Xenophon, avec cartes geographiques, Tome 20, 1826 - books.google.fr).

Le Mont Parthenius confinoit avec l'Arcadie, & l'Argolide. On soupçonne qu'il fut appellé de la sorte, parce qu'un certain nombre de vierges, appellées par les Grecs "parhenos", s'y assembloient pour faire des sacrifices à Minerve, à qui la Grèce donnoit le surnom de Parthenos. C'est sous le titre de Parthenon, que les Athéniens érigérent un Temple à cette Déesse (François Catrou, Histoire romaine depuis la fondation de Rome, Tome 10, 1727 - books.google.fr).

Tégée et Mantinée sont deux Cités rivales d'Arcadie, dans une vallée à côté du Mont Mainalon, à environ 15km l'une de l'autre Les deux Cités apparaissent toutes les deux dans le Catalogue des Vaisseaux de l'Iliade (II, 604-606), même si Mantinée a été synoecisée (en absorbant les villages aux alentours) plus tard : "et ceux qui habitaient Tégée et l'heureuse Mantinée" (anniceris.blogspot.com).

Il n'est pas impossible aussi que le «démon de midi», Dæmonio meridiano (Ps 91 [Vg 90], 6) soit une allusion à ces démons tentant et agressant sexuellement. On a montré en effet que ces êtres maléfiques agressant sexuellement à midi dans le monde antique gréco-romain étaient des incubes comme Pan, les Sylvains et les Faunes, ou des succubes comme les Nymphes ou les Sirènes. L'auteur sacré a probablement cet univers culturel en mémoire, alors que les Pères le commentant n'avaient plus tout ce folklore antique en mémoire. En revanche, les Pères et auteurs du Moyen-Âge connaissent ces démons de midi, comme dans la vie de saint Antoine, et l'identifient souvent à Diane-Artémis, comme succube ou démon violent. Implicites, ces six indices scripturaires (Is 34, 14 et Jb 18, 15; Ps 91 [90], 6; Gn 6, 2-4; Jude 6-7; Gn 19, 4-5) expliquent la tradition théologique postérieure dont hérite saint Thomas et qui se prolongera après lui (Jean-Baptiste Golfier, Philippe-Marie Margelidon, Tactiques du diable et délivrances: Dieu fait-il concourir les démons au salut des hommes ?, 2018 - books.google.fr).

La forme de la montagne centrale des Bergers 2 de Poussin s'apparente à des montagnes calcaires du Massif central ou du Vercors. Le Monte Gorzano n'est pas calcaire mais fait partie des Montagnes de la Lagha

  

Le Mont bouquet à gauche - www.tripadvisor.fr; et la Roche de Solutré à droite - crapahut.fr

Marius Bernard, Saint-Jeannet au pied de son Baou - fbpg.fr/saint-jeannet

Barres rocheuses imposantes comme le "baou" de Saint-Jeannet choisi par Poussin pour servir de toile de fond à son célèbre tableau des bergers d'Arcadie, couches sédimentaires de calcaires gris sagement empilées, pliées en chapeaux de gendarmes par le plissement alpin ou arc-boutées en pendages où s'accrochent les arbres et arbustes de la végétation méditerranéenne et les sumacs rougeoyants de l'automne ? (Colette Bourrier-Reynaud, Un espace à percevoir : les Alpes d'azur, Tourisme et Milieux, 1995 - books.google.fr).

Résumé du psaume 33 : Pan

Les psaumes 55, 90 et 100 sont synthétisés par le 33.

Le psaume 33 a pour titre la mention de l'épisode de la folie simulée de David chez Abimélec, qui est en fait Akish le Philistin (55, 90); (Hèt) 8 ange gardien (11 du 90); (Kaph) 11 lionceaux (13 du 90) (Shin) 21 aucun os du juste n'est brisé (14 chute du 55) ; (Tav) 22 les méchants sont punis (8 du 100, justice).

Et aussi le psaume 34 est alephbethique complet et se trouve au verset 18 le tsadé avec "Quand les justes crient, l'Eternel entend et il les délivre de toutes leurs détresses", reprise des verset 7 (Zaïn) et 16 (Aïn).

C'est en passant près de Paxos que, selon Plutarque, le pilote égyptien d'un navire entendit une voix venue de l'île qui criait son nom («Thamous») et lui demandait d'annoncer que «le grand Pan est mort». (fr.wikipedia.org - Paxos).

Le bruit s'en répandit bientôt dans Rome et Thamous fut mandé par Tibère César. L'empereur ajouta tant de confiance à ce récit qu'il ordonna une enquête au sujet de Pan. Les nombreux philologues de son entourage opinèrent qu'il s'agissait du fils d'Hermès et de Pénélope. (Salomon Reinach, La mort du grand Pan. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 31, 1907 - www.persee.fr).

L'existence du culte de Tammuz-Adonis à Bethléhem est bien connue grâce à St Jérôme : ce dernier signale un culte de Tammuz-Adonis comportant un bois sacré et une grotte cultuelle, celle-là même où la tradition place la Nativité de Jésus : lucus inumbrabat Thamus, id est Adonidis et in specu ubi quondam Christus parvulus vagiit Veneris amasius plangebatur (Mathias Delcor, Le Problème des jardins d'Adonis dans Isaïe 17,9-11 à la lumière de la civilisation syro-phénicienne. In: Syria. Tome 55 fascicule 3-4, 1978 - www.persee.fr).

Reinach a fait le rapprochement entre Thamus et Tammouz/Adonis qui aurait entendu "Thamous le très grand est mort". Marso en 1497 identifie Pan au Christ comme le fera Rabelais. Selon Borgeaud, le nom de Pan n'a pas de rapport avec "tout" mais est un ancien mot grec qui signifie "berger" (Françoise Lavocat, La syrinx au bûcher: Pan et les satyres à la Renaissance et à l'âge baroque, 2005 - books.google.fr).

Il y a une croix qui surmonte le tombeau de la version 1 des Bergers de Poussin.

D'Hermès, déguisé en bouc, elle a engendré Pan [qui est présenté aussi comme le produit de tous les prétendants]. Evidemment, cette maternité résulte d'un jeu de mots, dont la forme "Panelopa" a fourni le motif. Mais, si cette fable a pu trouver crédit en Arcadie, c'est que le caractère personnel de Pénélope n'y répugnait pas. Pan et Arcas sont donnés, par les légendes lycéennes, comme jumeaux, fils de Callisto. Il en résulte que Pénélope, mère de Pan, d'après les légendes du Cyllène, est une hypostase d'Artémis-Kallisto (Gustave Fougères, Mantinée et l'arcadie orientale, 1898 - digi.ub.uni-heidelberg.de) (nonagones.info - Autour de Rennes - La dalle horizontale de Marie de Nègre : vers Montolieu).

On se rappelle de la folie simulée d'Ulysse pour ne pas partir à la guerre contre Troie.

En gagnant en universalité, Pan s'est parfois affadi : à Lykosoura, Pausanias rapporte que "Pan ne le cède en rien aux autres dieux pour exaucer les prières et pour traiter les méchants comme ils le méritent". Ce dieu secourable et justicier, qui n'est pas sans analogie avec le Pan du désert oriental égyptien à l'époque hellénistico-romaine, a perdu sa spécificité arcadienne au profit d'un humanisme un peu vague. On aurait tort néanmoins de voir là un phénomène général : la tradition qui faisait du dieu chèvre-pied l'humble protecteur des pâtres était, à l'époque romaine encore, la plus répandue en Arcadie (Madeleine Jost, Sanctuaires et cultes d'Arcadie, Études péloponnésiennes, Numéro 9, École française d'Athènes, 1985 - books.google.fr).

Lycosoura ou Lycosure est une ville de la Grèce antique, dans le Sud de l’Arcadie, au pied du mont Lycée et au sud-ouest de Mégalopolis; elle fut fondée par le roi Lycaon. D’après Pausanias, Lycosoura passait pour la ville la plus ancienne de la terre, et avait servi de modèle pour la construction des autres villes (fr.wikipedia.org - Lycosoura).

Pan a ici une personnalité de dieu secourable et justicier qui ne correspond pas à ses attributions les plus fréquentes dans la région. En revanche, le pouvoir oraculaire et prophétique qui lui est reconnu n'est pas sans parallèle : Pan aurait eu un manteion (lieu de divination) sur le mont Lycée (scholie à Théocr. I, 123c); voir aussi pour cette fonction oraculaire, Ps.-Apollod. I, 4, 1 et Ménandre, Dyskolos, 571-572. L'acropole de Lykosoura est à l'Ouest du sanctuaire; à mi-pente, P. rencontre le mur Est de l'enceinte fortifiée. La situation de la ville habitée par rapport à l'enceinte n'est pas possible à préciser. Le tableau que fait P. est corroboré par les témoignages épigraphiques. Au II s. apr. J.-C., Lykosoura a encore une existence autonome, mais elle a manifestement peu de ressources. [...] Lykosoura sert à P. de point de départ pour des excursions complémentaires vers le mont Lycée et vers Phigalie.

Quittant le sanctuaire de Despoina, P. prend à gauche et se dirige vers le mont Lycée situé au N.-O. Par «mont Lycée», P. désigne sans doute l'ensemble des deux sommets, le mont Stéphani (1420 m) et le mont Saint-Élie (1334 m), avec le vallon cultivé de Marmara qui les sépare. Les appellations d'Olympe et de Sommet sacré devaient s'appliquer plutôt (Michel Casevitz, François Chamoux, Madeleine Jost, Jean Pouilloux, Jean Marcadé, Description de la Grèce de Pausanias, Tome 8, 1992 - books.google.fr).

Un Pan justicier se met en rapport avec le jugement de Mantinée, mais n'a pas de rôle à ce sujet.

La syrinx de Pan est composée de divers auloi de longueurs différentes qui, toutefois, fonctionnent comme une seule flûte. Mais à la différence de la flûte d'Athéna, l'instrument de Pan ne se joue pas avec les doigts. [...] Le son produit par la flûte de Pan est donc pensé comme le cri poussé par une vierge dont le dieu «embrasse» les membres, melê (Edoarda Barra-Salzédo, En soufflant la grâce: Eschyle, Agamemnon, v. 1206 : âmes, souffles et humeurs en Grèce ancienne, 2007 - books.google.fr).

Au delà des écarts entre le mythe de Pan et celui d'Athéna, leurs instruments respectifs ont en commun de mettre en jeu le corps dans la mesure où ils sont liés au souffle; la flûte d'Athéna déforme le corps de la déesse, la flûte de Pan est le corps de la nymphe que le souffle du berger métamorphose en plaintes. L'aérophone relève de l'immédiateté : il prolonge la voix, il est porte-voix. Dans la Chanson de Roland le cor du héros ne fait qu'un avec son souffle et il est signe de sa mort imminente (Jean-Marie Fritz, La cloche et la lyre: pour une poétique médiévale du paysage sonore, 2011 - books.google.fr).

Pour Tommaso Benci, Diotime [de Mantinée] devient l'ange de Denys l'Areopagite. Le démon Amour est né dans le jardin de Jupiter, qui est la fécondité de l'esprit évangélique, de Poros, qui est la raison de Dieu, et de Penia, qui est le principe de la privation; de par sa mère, Amour est sans maison (la maison de la pensée humaine est l'âme), il dort à la porte (les yeux et les oreilles sont la porte de l'âme), il gît sur la route (la beauté du corps est la route de la beauté de l'âme); de par son père Amour, est astucieux, sagace, industrieux, prudent, philosophe, civil, audacieux, véhément, éloquent, sophiste et mage. La dialectique de la femme de Mantinée se transforme en ascension du corps à l'âme, de l'âme à l'ange, de l'ange à Dieu. Dieu est la fin suprême. En l'aimant, nous aimons les corps ombres de Dieu, les âmes ressemblances de Dieu, les anges images de Dieu. Dans les Disputationes camaldulenses de Cristoforo Landino, Leone-Battista Alberti commente, selon une méthode semblable, les six premiers livres de l'Enéide de Virgile. Les voyages qui amèneront Enée jusque dans l'Italie, qui représente la vraie sagesse, symbolisent l'ascension graduelle du terrestre à la contemplation de la pure divinité. C'est la Vénus ouranienne qui conduit Enée aspirant à la beauté divine, tandis que c'est la Vénus terrestre qui conduit Pâris obéissant encore aux impulsions basses. Pâris meurt à Troie, soit dans la jeunesse dominée par les sens. La lutte d'Anchise et d'Enée représente le combat engagé entre la sensualité et l'âme. La Thrace, où s'arrête Enée, est la cupidité. Junon est l'ambition ennemie; Didon, la vie active; le voyage à Carthage, la diversion de la vie contemplative à la vie active; et la descente aux enfers veut enseigner que l'esprit doit connaître les vices et s'en purifier avant d'atteindre à Dieu (Philippe Monnier, Le quattrocento: essai sur l'histoire littéraire du XVe siècle italien, Tome 2, 1912 - books.google.fr, it.wikipedia.org - Tommaso Benci).

Nicolas Poussin (1594–1665), Saint Denis l'Aréopagite couronné par un ange, 1620-1621, Rouen - fr.m.wikipedia.org

S'il a employé des concepts et des termes platoniciens et néoplatoniciens, s'il a même intégralement transporté dans sa synthèse tout le fameux passage du Banquet sur le Beau souverain, en le prenant «directement» de Platon, comme l'observe Müller en une juste et fine remarque, il faut cependant franchement reconnaître qu'à ces concepts et à ces termes il a donné une valeur nouvelle, que la métaphysique sublime de la femme de Mantinée a une autre vibration dans la bouche de Denys, que la synthèse qu'il a construite n'est pas celle des grands penseurs de la Grèce. Sa position vis-à-vis d'eux est une relation non de dépendance génétique mais d'opposition victorieuse ce n'est pas pour rien qu'il dit, et il n'y a aucune raison pour mettre en doute sa sincérité, avoir été accusé comme parricide, parce qu'il se servait non pieusement des Hellènes contre les Hellènes (Ceslas Pera, Denys le mystique et la Theomachia, Revue des sciences philosophiques et théologiques, Volume 25, 1936 - books.google.fr).

Nicolas Poussin (1594–1665), La mort de la Vierge, 1626-1627 - www.latribunedelart.com

Comme de frere Jean Baptiste Mantuan, lequel au liure second de la vie S. Denys Areopagite, escrit que les Parrhasiens qu'Hercules tira d'vn coin d'Arcadie, vindrent en France, y habiterent, & donnerent à la nation ce nom de Parisiens pour Parrhasiens (Jacques Du Breul, Le Theatre Des Antiqvitez De Paris, 1612 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Baptiste Spagnoli).

Arcas et Callisto étaient qualifiés de Parrhasis.

Entre -425 et -422, Mantinée conquit la Parrhasie qui appela à son secours Sparte (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie, 1898 - books.google.fr).

Folie ou panique

En 387, après la Guerre du Péloponnèse et la Guerre Corinthienne, Sparte ravage la cité arcadienne qui s'oppose le plus à elle, Mantinée (anniceris.blogspot.com).

En 373, lorsque Thèbes rétablit la Confédération béotienne, Athènes craint une hégémonie thébaine et décide d'entamer des négociations de paix avec Sparte. Thèbes, invitée à se joindre aux négociations, exige alors la reconnaissance de son hégémonie en Béotie. Jugeant ses conditions inacceptables, les Spartiates montent une nouvelle expédition contre Thèbes, dont Cléombrote prend la tête.

Leuctres, bien que marquant un tournant par la victoire tactique de Thèbes sous commandement d'Epaminondas en 371, ne peut se transformer immédiatement en un succès stratégique, car Sparte n'est pas abattue et détient encore d'importants moyens militaires. Il faudra attendre une nouvelle campagne thébaine en 370 pour que Thèbes impose enfin sa volonté à Sparte.

La lutte va toutefois se poursuivre entre les deux cités jusqu'à la victoire finale de Thèbes à Mantinée, en 362. Epaminondas de Thèbes (allié d'Argos et de Megalopolis) bat la coalition de Sparte, Athènes, Elis et Mantinée. Un succès éphémère, car la cité perdra dans la bataille le brillant Épaminondas et ne sera pas en mesure d'imposer son hégémonie dans une Grèce qui restera profondément divisée jusqu'à ce qu'elle tombe sous le joug macédonien (fr.wikipedia.org - Bataille de Leuctres, anniceris.blogspot.com).

De leur côté les Arcadiens dirigés par le stratège Lycomèdes forment une ligue dont se désolidarise Orchomène (à ne pas confondre avec la plus célèbre Orchomène de Béotie, la cité d'Orion).

L'armée thébaine et ses alliés, Phocéens, Eubéens, loniens des deux Locrides, Acarnaniens, Héracleotes, Maliens, peltastes et cavaliers thessaliens arrivent à Mantinée, sous la conduite d Épaminondas et de Pélopidas. Aussitôt les Arcadiens abandonnent Héraia qu'ils avaient ravagée par la punir de sa défection et viennent rejoindre leurs alliés. L'armée concentrée à Mantinée présentait un des plus puissants rassemblements de forces helléniques qu'on eût encore vus. Elle comptait 70,000 hommes dont 40,000 hoplites. Près des deux tiers appartenaient aux pays au-delà de l'isthme jamais force étrangère aussi considérable n'était encore entrée dans le Péloponnèse. Épaminondas, entraîné par les Arcadiens, se décide à envahir la Laconie. Les Arcadiens forcent brillamment un passage de la Skiritis, à Oion, défendu par le Lacédémonien Ischolaos. Une fois en plaine, ils ravagent les villages de la Laconie, avec les Argiens et les Éléens, tandis que les Thébains, renonçant à attaquer Sparte, vont assiéger Gythion. Sparte, acculée dans sa vallée, faillit être réduite aux abois, et la cause première de cette détresse était l'attentat contre Mautinée.

Les Arcadiens, chargés de butin, rentrent chez eux. Épaminondas, ayant dépassé la limite de son commandement, ne pouvant plus subsister sur un territoire dévasté, et averti qu'Athènes avait envoyé Iphicrate pour lui barrer le passage de l'Isthme, reprit en hâte le chemin de la Béotie (fév. ? 369) (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie, 1898 - books.google.fr).

En 363, la Ligue arcadienne de Megalopolis explose en un camp pro-tégéen et le camp pro-mantinéen. Dans un renversement d'alliance, la démocratique Mantinée s'allie à Sparte (anniceris.blogspot.com).

For pseudopanika Polyaenus (3.9.10) offers an example. Iphicrates perpetrated a false panic to distinguish the brave from the cowardly and thereby to facilitate his selection of officers. Another kind of false panic is also conceivable : a feigned retreat simulating the flight of a demoralized army to entice the enemy into an unfavorable situation (M. Wheeler, Stratagem and the Vocabulary of Military Trickery, 2018 - books.google.fr).

XXXII Iphicrate exerçoit continueltement ses Soldats par de faux bruits, fausses marches, de fausses fraïeurs, de fausses embûches de fausses trahisons, de fausses désertions, de fausses attaques, & de fauses nouvelles de secours arrivé aux ennemis, afin qu'on fût moins surpris quand ces choses arrivoient véritablement (Les Ruses De Guerre De Polyen, Tome 1, traduit par Guy Alexis Lobineau, 1739 - books.google.fr).

Pan, déjà cause des cauchemars, des visions (hallucinations) et des crises d'épilepsie, c'est-à-dire Pan en tant que créateur d'illusions ("phasmatopoios"), ne pouvait manquer d'être tenu également responsable des maladies mentales. À cela venaient s'ajouter deux choses, tout d'abord l'expérience qu'une frayeur soudaine et violente ("aiphnidios", "phobos") telle qu'ont coutume de la provoquer les visions dues à Pan, entraîne fréquemment non seulement des attaques d'épilepsie, mais aussi de graves troubles mentaux, en second lieu le fait que l'on voyait dans la terreur panique des bêtes comme des humains une folie, une déraison, un délire, ("mania", "anoia", "oistros"), et donc aussi le résultat des agissements de ces mêmes démons que dans l'Antiquité, on tenait par ailleurs responsables de la folie et de l'aliénation mentale. Ceci apparaît très nettement d'une part dans les célèbres évangiles synoptiques (Marc, Mathieu, Luc) où l'on relate l'histoire de la guérison d'un homme possédé par plusieurs démons maléfiques et dont les souffles impurs ("pneumata", "akatharta"), une fois exorcisés par Jésus, se répandirent dans un troupeau de 2000 porcs et y suscitèrent une telle frayeur panique que tous se jetèrent d'une falaise abrupte ("krèmnos") dans l'eau pour y périr noyés, d'autre part dans le récit que fait Pausanias de la terreur panique qui s'empara des Gaulois menés par Brennus en l'an 278 avant J.-C. aux portes de Delphes, et que Pausanias qualifie tout simplement de déraison et de folie. Pour justifier davantage cette identité de la peur panique et de la folie dans l'Antiquité classique, j'attire en outre l'attention sur le fait qu'il n'est pas rare que la folie et le cauchemar se manifestent de façon épidémique, c'est-à-dire touchent un grand nombre d'individus en même temps, semblables à cet égard aussi à la terreur panique. La Pastorale de Longus nous fournit l'exemple d'un de ces cas d'épidémies de folie également attribués à Pan, en l'occurrence, il s'agit de ce qu'on appelle cynanthropie ou lycanthropie. [...]

Les bergers grecs, pour expliquer et rendre à peu près compréhensible le caractère effectivement démoniaque de ce phénomène fréquent dans la vie d'un berger, comme nous l'avons déjà dit, l'attribuaient à l'action démoniaque et pernicieuse de Pan dieu des troupeaux et des bergers, et se gardaient d'attirer sur eux la fureur divine, le ressentiment, la folie ("kaotos", "mènas") pour qu'il préserve leurs troupeaux de cette folie néfaste (cf. Théocrite, 1, 16). C'est ainsi que Pan devient aussi un dieu guerrier parce qu'il envoie souvent aussi à des masses entières de gens, notamment des armées, la terreur panique, qui a joué à maintes reprises dans l'histoire des guerres antiques, par exemple à Marathon et Delphes, un rôle néfaste. Il ressort d'ailleurs de la remarque explicite d'Enée (Poliorcete) que l'idée de la terreur panique à son origine en premier lieu dans les expériences et les observations de la vie de berger, remarque d'après laquelle l'expression peurs paniques ("maneia") est un terme péloponnésien ("onoma peloponnèsion"), car l'Arcadie et le Péloponnèse en général ont depuis toujours étés considérés comme le véritable berceau du culte de Pan (W. Roscher, Ephialtès, étude myhto-pathologique des cauchemars et démons du cauchemar de l'Antiquité, Le Cauchemar: mythologie, folklore, arts et littérature, 2003 - books.google.fr).

Le psaume 33(34) a été utilisé comme préfiguration de la transsubstantiation : "Gustate et videte quoniam suavis est Dominus beatus vir qui sperat in eo" (Jaroslav Pelikan, Imago Dei: The Byzantine Apologia for Icons, 2023 - books.google.fr).

Pan de son côté aussi, comme Chez Calderon, El verdadero Dios Pan (1670), ce qui est traité de manière burlesque en Italie en 1518 par Angelo Beolco (Padoue 1496-1542) dans Il Ruzzante. Pan, né de Zeus dans un champ de blé, se rapproche du latin "panis", pain. Rabelais faisait passer dans Pantagruel du Pan-Univers (Macrobe) au Pan-Christ (Françoise Lavocat, La syrinx au bûcher: Pan et les satyres à la Renaissance et à l'âge baroque, 2005 - books.google.fr).

La religiosité païenne du jardin romain s'acclimate sans difficulté au mysticisme chrétien. Certains éléments «bucoliques» scripturaires, tels les bestiaires, les sources et eaux vives, les bons pasteurs et brebis égarées, les vignes et figuiers des Évangiles, la terre promise des Psaumes, les jardins du Cantique des Cantiques, trouvent des échos si évidents dans le monde des jardins arcadiens qu'il devient difficile de distinguer entre les deux sources d'inspiration. De fait, l'art chrétien se «convertit» à la culture antique et surtout à Virgile (Anne Rolet, L'Arcadie chrétienne de Venance Fortunat. Un projet culturel, spirituel et social dans la Gaule mérovingienne. In: Médiévales, n°31, 1996. La mort des grands - www.persee.fr).

Pendant les dix dernières années de sa vie (1655-1665), Poussin fit une part d’autant plus large au paysage qu’il poursuivait son interrogation sur l’âme du monde et les forces à l’œuvre dans la nature. On a parlé de “panthéisme” (Terme à relier au néo-stoïcisme, mais aussi à l’œuvre d’un philosophe peu orthodoxe comme Tommaso Campanella, La Cité du Soleil date de 1602), comme Anthony Blunt, puis plus tard Sheila MacTighe, pour faire de Poussin, non sans exagération, un libre-penseur dégagé du christianisme, un vrai “libertin”. Mais d’autres, comme Willibald Sauerlànder ou Marc Fumaroli, ont insisté sur la persistance, jusqu’à la fin, d’une iconographie catholique marquée en particulier par l’idée de salut et de rédemption. La question est loin d’être résolue. Car si certains tableaux témoignent d’une volonté d’allégoriser les éléments, les forces à l’œuvre dans le monde et dans le cycle de la vie, d’autres, comme les ultimes Saisons, n’en restent pas moins tributaires d’une pensée chrétienne, à défaut d’une foi tout à fait orthodoxe (Alain Mérot, Nicolas Poussin et la notion de nature. In: Le Fablier. Revue des Amis de Jean de La Fontaine, n°16, 2005. Le musée imaginaire de Jean de La Fontaine - www.persee.fr).

Faunus, le Faunus siluicola de Virgile, est en quelque sorte le Silvanus du site romain et les écrivains de Rome apportent des confirmations de cette communauté des deux destins. Quand Faunus-Évandre envoie Énée, secondé par Pallas, fils d'Évandre, chercher du secours auprès des Étrusques, Énée fait halte dans un ingens lucus consacré par les antiques Pélasges à Silvanus. Rutilius Namatianus ne se prononce guère sur le nom même de la divinité du lieu et propose en hésitant Inuus, en bon représentant du syncrétisme tardif qui a confondu Inuus avec Pan, Faune et Silvain. Mais Virgile dit Silvain, par souci de rapprocher, comme dans le culte et à son époque, la figure de Faune-Évandre et celle de Silvain. Même confusion dans l'épisode de la silua Arsia, rapporté plusieurs auteurs, qui indiquent, lors d'une bataille contre les Étrusques, qu'on aurait entendu sortir des bois une grande voix précisant qu'un Étrusque de plus était tombé dans le combat et que la victoire appartenait donc aux Romains. C'est la voix de Silvanus pour Tite-Live, suivi par Valère-Maxime; Denys d'Halicarnasse estime en revanche que les paroles sont prononcées par le héros de l'enclos sacré voisin - hellénisme de Denys - ou par celui que l'on appelle Faunus. Ces divergences sont dues sans doute à l'hésitation des sources annalistiques des Ie et IIe siècles; mais cette hésitation même est significative, comme au reste l'attitude de Virgile; il n'y a pas fusion réelle, mais, sensibles au rapprochement, à la juxtaposition, très romaine, des deux divinités, au remplacement de l'une par l'autre dans le culte quotidien, les écrivains de l'époque augustéenne et leurs sources soulignent la place prise à Rome par Silvanus à côté de Faunus. C'est finalement dans ces rapports étroits et complexes qu'il faut chercher la la raison de l'absence iconographique de Faunus. A la différence initiale de localisation s'est ajouté le décalage chronologique dans leur évolution respective. Faunus fut hellénisé par le mythe de fondation plus tôt que le latial Silvanus, qui arrive sans doute relativement tard à Rome, et l'hellénisation fut de plus inégale. Silvanus apporte en fait dans la perspective du culte quotidien les éléments originels et les aspects oubliés de la divinité romaine, offre, dans le même domaine et sur la foi d'une communauté de nature, ce que Faunus de par ses métamorphoses ne pouvait plus donner. Faunus n'était plus ce que Silvanus était encore. Ce qui fit de celui-ci au fil des temps le dernier dieu véritable de cette communauté nombreuse de divinités fécondantes (Pierre Pouthier, Pierre Rouillard, Faunus ou l'iconographie impossible, Iconographie classique et identités régionales, 1986 - books.google.fr).

La bataille d'Arsia est conduite pour les Romains par Lucius Junius Brutus et Publius Valerius Publicola (consul en -509) dont la vie est mise en parallèle avec celle de Solon par Plutarque (Vie de Solon et Vie de Publicola) (fr.wikipedia.org - Publius Valerius Publicola (consul en -509)).

Ce Brutus simula la folie ou l'idiotie pour échapper aux assassins, commandités par Tarquin le Superbe souverain de Rome, qui tuèrent son père, beau-frère du roi, et son frère (Henri Dillon, Histoire universelle, Tome 3 à 4, 1814 - books.google.fr).

Crâne

Céphale est fils d'Hermès et de Hersé. Hermès est né en Arcadie sur le Mont Cyllène (fr.wikipedia.org - Céphale fils d'Hermès).

Né en 1598, a Dammartin; mort à Gaillon, en 1659. Connu sous le surnom de "Gros Lemaire", à cause de sa corpulence et pour le distinguer de son frère Pierre dit «le petit Lemaire». La confusion entre les biographies et les oeuvres des deux frères est d'autant plus fréquente que tous deux ont gravité autour de Poussin et l'ont imité, Jean ses architectures, Pierre ses personnages. Jean Lemaire alla à Rome, en 1613, et y demeura plus de 20 ans. Il s'y spécialisa dans la décoration et dans des paysages imaginaires meublés de monuments antiques. Il semble avoir créé son type de fantaisie architecturale sous l'impulsion des peintres des «vedute» et de perspective romains, tel que Viviano Codazzi, mais avec cette différence capitale qu'il empruntait rarement ses monuments à la réalité et qu'il les animait non pas de scènes de la rue romaine mais de personnages antiques. Cette conception anti-naturaliste lui fut sans doute inspirée par Poussin dont il était l'ami et pour qui il peignit parfois des fonds d'architecture. Lemaire rentra, en 1639, en France, y exécuta des commandes pour Richelieu, collabora avec Poussin à la décoration de la Grande Galerie du Louvre, puis rentra avec son maître à Rome (1642) mais pour peu de temps. Il travailla ensuite à Paris et à Gaillon, mais garda le contact avec l'art de Poussin, dont il suivit l'évolution vers une couleur et une composition sevères. Il semble que les petits personnages de ses tableaux aient été peints par d'autres artiste. Jean Lemaire est un peintre mineur mais il inventa un décor d'une poésie personnelle pour mettre en scène la fable de l'Antiquité.

HERMÈS ET HERSÉ Toile, 100X134. Sur la place d'Athènes, devant le temple d'Athéna, les jeunes filles dansent et assistent au sacrifice, tandis qu'au premier plan Hersé et ses deux soeurs, Aglaure et Pandrose, sont arrêtées devant une fontaine. Du ciel descend Hermès, frappé d'amour pour Hersé. Selon A. Blunt, peint entre 1648 et 1659 (Le XVIIe siècle européen: réalisme, classicisme, baroque, 1956 - books.google.fr).

Jean Lemaire here depicts the Mysteries of the goddess Minerva in the kind of architectural setting for which he was renowned and that he contributed to several compositions by Poussin. These rites had their origin in the birth of Minerva’s ward, Erichthonius, son of the god Vulcan. Erichthonius was born a snake-like creature and the goddess hid the child in a basket of flowers to safely carry him to her temple on the Athenian Acropolis, where he was raised. Her Mysteries, their secret hidden in baskets of flowers carried by young virgins, re-enacted the story

Although Ovid set his tale in Athens, Lemaire’s most obvious liberty was to transpose the location to Rome, which he knew well. At the centre of the work stands Rome’s iconic Arch of Constantine, drawn recognisably and with exacting description. Its accuracy and imposing monumentality lend a gravitas and structure to the otherwise fantastical and theatrical scene (www.stairsainty.com).

Jean Lemaire, Mercure et Hersé - paintingz.com

Claude Vignon est né le 19 mai 1593 à Tours. Issu d’une famille protestante aisée, il serait devenu catholique en 1609-1610 à l’occasion d’un voyage à Rome. Il y rencontre Simon Vouet, peintre déjà reconnu à cette époque, avec qui il se lie d’amitié. Celui-ci jouera un rôle décisif dans la formation artistique du jeune Claude Vignon qui multiplie petits portraits, images tirées de la vie quotidienne et des natures mortes qui connaissent un franc succès. Dal Pozzo était le premier et principal protecteur de Vouet en Italie. Vignopn s’initie également à l’art de l'eau-forte, procédé de gravure en taille-douce sur plaque métallique. Ce long séjour romain qui durera dix ans, fut entrecoupé de séjours à Florence, Venise mais aussi de voyages en Espagne et de brefs retours en France. Ces pérégrinations permettent à Vignon de multiplier les rencontres artistiques qui influenceront son œuvre et ses goûts propres. Le style de l’artiste évoluera, attiré qu’il est par le coloris vénitien, les lumières à la Bramer (1596-1674) ou le maniérisme tardif vénitien. Il revient en France en 1623. Il est porté par un marché de l’art en plein renouveau et jouit de la protection royale jusqu’à la disparition de Louis XIII (1643). Vignon trouve également de nombreux clients dans les milieux religieux et dans certaines confréries comme celle des orfèvres dans les décennies 1620-1630. A côté d’une production religieuse institutionnelle à destination de Gaston d’Orléans ou de Richelieu, Vignon compose des toiles de dimensions plus modestes, à thème historique, moralisant, mythologique ou biblique. C’est dans le cadre de cette activité que s’inscrit Crésus réclamant son tribut à un paysan de Lydie, daté de 1629. Son activité fléchira à partir de la Fronde, période peu propice aux commandes institutionnelles ou des grands princes. Par la suite, il continuera de travailler pour de nombreuses églises, couvents et particuliers. Après avoir refusé de participer à la fondation de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1648, Vignon s’y rallie pour assurer une fusion harmonieuse avec l’ancienne Communauté des Peintres et Sculpteurs dont il avait été l’un des membres les plus influents. Claude Vignon meurt le 10 mai 1670 (Les chefs d’œuvre du musée, Claude Vignon (1593-1670), Crésus recevant le tribut d’un paysan de Lydie, 1629) (Éliane Roux, Simon Vouet et la commande de la chapelle Raggi. Nouvelles considérations sur son œuvre et son entourage entre Gênes et Rome, Revue de l'art, 2019/1 (N° 203) - www.cairn.info).

Claude Vignon, Crésus présentant ses richesses à Solon, vers 1630, Bowes Museum - fr.m.wikipedia.org

Vignon et son atelier, Le Roi Crésus montrant ses richesses à Solon, huile sur toile, 146 x 112,5 cm : 21 avril, hôtel Drouot, Maîtres Chazette et Cheval (estimée de 80.000 à 100.000 F, adjugée 112.000 F). Cette œuvre du peintre Claude Vignon, natif de Tours (1593-1670), est à rapprocher autant par son thème que par de nombreux détails de l'huile sur toile conservée au Musée des Beaux-Arts de Tours, Crésus éclamant son tribut à un paysan de Lydie, réalisée au début de la période parisienne du maître (1629). On retrouve en effet dans ces deux tableaux la même richesse de couleurs et de matières, le miroitement de l'orfèvrerie et la couronne du roi presque identique (Bulletin de la Société archéologique de Touraine, Volume 46, 2000 - books.google.fr).

L'intérêt du tableau consiste dans Solon et surtout le crâne, sans mâchoire inférieur, et les trois index pointés. (Philippe Hamon, Chapitre II. Le paramètre monétaire. L’or des peintres, 2010 - books.openedition.org).

Pour l'ambiance de la croisade, Claude Vignon produit aussi un Godefroi de Bouillon avoué du Saint Sépulcre (que l'on retrouve dans l'Enigme sacrée, 1983).

Il s’agit d’une commande vraisemblablement destinée à l’hôtel parisien de Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, dont on voit les armes sur le bouclier formant blason, aujourd’hui conservée dans l’église parisienne Saint-Roch. Claude de Lorraine en était le descendant, et s’était illustré en 1599 et 1608 en Hongrie en combattant les Turcs. Il avait eu comme précepteur Robert Fludd. L’oeuvre appartient assurément aux années 1620, et constitue l’un des nombreux chefs-d’oeuvre du maître jalonnant cette période particulièrement féconde en la matière (dhistoire-et-dart.com).

L’édition des textes de référence du corps de droit romain par les frères Senneton est, en 1548-1550, le terrain de diffusion d’un langage iconique inédit, inventé par une communauté de juristes férue d’épigraphie et d’archéologie.

L’ensemble de la page de titre, que j’attribue à Pierre Vase, mérite un examen approfondi. Au sein d’une architecture feinte ornée en haut de quatre renommées, deux au profil d’ignudi contorsionnés, deux autres présentant un raccourci maniériste audacieux, le graveur a figuré trois registres, liés par la figuration de la chaîne dorée d’Homère. En dessous de l’inscription cathena Homeri, un cartouche en forme d’hémicycle accueille la figure de Jupiter/Yahvé, nimbé d’une auréole pentagonale et assis au milieu de la nuée ardente, entre deux putti, l’un chauve, l’autre chevelu et ailé. De la senestre, il agrippe un monde, tandis qu’il transmet de la destre les tables de la Loi à Moise qui les reçoit, la main tendue vers le haut, en assurant ainsi un lien de réciprocité autre que celui, coercitif, de la chaîne d’or. Aux pieds de Jupiter divin, trônent les quatre vertus associées au bon gouvernement (Force, Tempérance, Clémence et Foi).

Au pouvoir de l’ordre divin, matérialisé par Jupiter, qui par la cathena aurata homérique, affirme son ascendant sur les Dieux, obéissent le registre intermédiaire, représentant quatre figures de législateurs dans des niches latérales, et le registre inférieur, celui des juges des Enfers, entre Tartare, à droite et Champs Elysées, à gauche. La figuration dans les niches de quatre types d’emblématisation de la Loi repose sur une logique d’opposition binaire : Moise vs Solon surmontent Dracon vs Cérès. La Justice de Solon (L’inscription du stylobate le lie à Nomos) est fondée sur les lois humaines plutôt que sur l’autorité scripturaire, dont Moïse est le représentant. Tandis que Moise reçoit le droit divin par l’intermédiaire des tables de la Loi hébraïque, Solon, législateur athénien, tient de la destre une férule : sa pose en contrapposto, pied droit appuyé sur un crâne, semble propice à signifier une de ses actions de législateur : peut-être veut-on ici souligner que, par la seisachtheia (remise du fardeau), Solon supprima la contrainte par corps pour dettes dont avaient été victimes beaucoup de petites gens (Valerie Hayaert, MENS EMBLEMATICA et humanisme juridique : l'insertion d'emblemata dans l'édition Senneton du Corpus Juris Civilis (1548-1550), 2021 - www.researchgate.net, drouot.com, memoiredudroit.fr).

Dans la première édition de l'Iconologia de Ripa parue à Rome en 1593, l'image d'une femme ayant un crâne sous le pied est associée soit à l'Amitié, soit à l'Action vertueuse (Paulette Choné, Historia ou vanitas ?, La représentation de l'histoire au XVIIe siècle, 1999 - books.google.fr).

Presque toujours une abolition de dettes entraîne à sa suite des troubles et des dissensions. Solon, au contraire, en appliquant à propos la mesure, comme on fait un remède périlleux mais énergique, parvint à apaiser la sédition qui s'était élevée dans Athènes; et il fit taire, par le seul ascendant de sa vertu, les reproches et les murmures qu'aurait pu exciter la loi (Vies des hommes illustres de Plutarque, Tome 1, 1877 - books.google.fr).

Solon s'était habitué à ne pas faire dépendre son bonheur des circonstances extérieures; il vit, sans en être jaloux, le triomphe de ses adversaires, et l'ingratitude même du peuple ne put lui enlever cette sérénité d'âme qu'il garda jusqu'au bout et qui se reflète avec une netteté admirable dans ses poésies.

Nombre de méchants sont riches, alors que de braves gens sont pauvres :
Mais nous, nous n'échangerons pas avec eux
La vertu contre la richesse; car la vertu est chose à jamais stable,
Les biens, au contraire, tantôt l'un, tantôt l'autre les possède
(Ernst Curtius, Histoire grecque, Tome 1, traduit par Auguste Bouché-Leclercq, 1883 - books.google.fr).

ALCMÉON, fils de Mégaclès, vivait vers 590 avant J.-C. Il appartenait à la famille des Alcméonides, une des plus illustres parmi les Eupatrides d'Athènes : elle remontait à Alemæon qui, chassé de Pylos par les Doriens, vint s'établir à Athènes vers l'an 1100 avant J.C. Le fils de Mégacles eut à souffrir des divisions qui agitaient son pays, et fut même exilé, sous prétexte que sa famille s'était souillée du meurtre de Cylon et de ses partisans. Il se trouvait à Delphes, lorsque Crésus envoya des ambassadeurs pour consulter l'oracle. Alcméon leur rendit des services. Crésus reconnaissant le fit venir à Sardes et lui promit tout l'or dont il pourrait se charger. Alcméon pénétra dans le trésor royal avec une chaussure et des vêtements très amples, qu'il remplit d'or; il garnit du même métal sa chevelure et même sa bouche. Crésus, ne pouvant s'empêcher d'en rire, doubla la somme. Grâce à cet or, Alcméon put concourir aux jeux olympiques pour la course des quadriges, et remporta la victoire. Le mariage de son fils Mégaclès avec Agariste, fille de Clisthène de Sicyone, mit au comble la fortune des Alcméonides. L. J. Pausanias II, 18, 7. Hérodote, VI, 125-126.- Back, ad Pindari Pyth., VII. (Nouvelle biographie générale, Tome 1 : Aa-Alf, 1853 - books.google.fr).

Cylon, dont Thucydide ne donne ni le patronymique ni la région d'origine — ce en quoi il se conforme à l'ensemble de nos sources — est cependant présenté par lui comme le gendre de Théagène de Mégare, tandis qu’il précise qu'outre le soutien de ses amis, il reçut, pour réaliser son coup d'État et prendre l'Acropole d’Athènes, une force (dunamis) qui lui venait de Théagène. Les conjurés, victimes de la vindicte populaire à Athènes, en 636 ou 632, étaient donc non seulement des Athéniens, mais aussi des Mégariens. Il en résulte que — quoique Thucydide ne le dise pas, mais son texte ne l’infirme pas non plus — le massacre dut avoir non seulement des conséquences religieuses, mais aussi politiques. Les modernes supposent généralement qu'elles consistèrent dans la prise de Salamine par Mégare au détriment d’Athènes, ce qui est d’autant plus vraisemblable que, selon Thucydide, Cylon et son frère s’étaient échappés avant la reddition des conjurés, ce qui permet de supposer qu'ils avaient rejoint Théagène. Pourtant si l'on tient compte du rapport que, dans l’élégie sur l'Eunomie, Solon établit entre l’agos, cette plaie inguérissable qui s'abat sur Athènes, et la domination mégarienne dans laquelle il voit la conséquence de cet agos, on en déduira que le massacre des Cyloniens, parmi lesquels il y avait des Mégariens, eut pour conséquence non seulement la domination mégarienne sur Salamine, mais aussi sur Éleusis qui lui fait face. C'est non seulement nie, mais aussi le continent, face à elle, qui passa alors aux Mégariens, en ce qui apparut aux Athéniens comme une première conséquence non pas de leur massacre des partisans de Théagène, mais de Yagos proféré à la suite de ce massacre. Tel est notamment le point de vue de Solon qui voit dans la doulosunè qui s'exerça sur Eleusis la conséquence de cet agos qu'il désigne, sans oser le nommer, comme un elkos aphukton. [...]

Et alors que, dans le trajet, certains d'entre eux s'étaient assis sur les autels des Semnai théai, ils les tuèrent (Thucydide). [...]

Cylon reçut son sanctuaire à l'endroit du massacre et sa statue dans le Parthénon, car Athéna elle aussi avait été offensée de ce qu'on avait pas protégé ses suppliants. C'est cette statue que voit Pausanias sans qu'il comprenne pourquoi on l'érigea. Cylon restait ainsi présent sur le lieu même de son coup d'État, témoignant par sa présence dans le temple d'Athéna que celle-ci avait accédé à sa supplication, sinon les Athéniens. Sa statue dans le Parthénon était une sorte de doublet du sanctuaire qui lui avait été édifié auprès de celui des Semnai. Ainsi Athènes reconnut-elle sa faute en des fondations religieuses qui remontent à Solon.

La déesse de l'agos est-elle celle qui trône sur l'Acropole et sur l'autel duquel les Cyloniens se réfugient en suppliants, c'est-à-dire Athéna ? Ou celle qui leur donne accueil dans le sanctuaire des Semnai, au moment où la corde se brise et où ils s'y réfugient pour une seconde supplication aussi vaine que la première ? Les textes ici sont clairs qui distinguent deux sanctuaires et deux supplications, tout en reliant la proclamation de l'agos à la violation de la seconde seulement. Or c'est à Déméter et à la Terre qu'était consacré le sanctuaire situé à l'entrée de l'Acropole

On peut cependant se demander si la légende de Mélanion, qui fait couple avec l'Atalante arcadienne et renvoie au cadre géographique du village frontalier de Mélangeia, en Arcadie — dans un contexte, il est vrai, de terres noires qu'il s'agit de défendre à leur frontière —, présente un rapport direct avec le port de la chlamyde noire par les éphèbes athéniens. Celle-ci, par contre, est directement reliée au mythe, lui aussi frontalier, du duel entre Mélanthos et Xanthios ou Xanthos, dans le cadre de la défense des frontières de l'Attique, et particulièrement de celles de la Terre Noire d'Eleusis, puisque Oinoè et Panacton sont construits au Ve siècle pour en défendre l'accès à partir de la frontière béotienne

La Déméter mélaina de Phigalie, en Arcadie, a Poséidon comme parèdre dans un culte qui la désigne comme déesse Terre (Louise-Marie L'Homme-Wéry, La perspective éleusinienne dans la politique de Solon, 1996 - donum.uliege.be).

La comparaison de l'affaire relaté par le jugement de Mantinée avec le meurtre des Cylonides peut être utile. A Athènes, les Alcméonides maudits sont bien rentrés, on ne sait exactement ni quand, ni comment. Mais la souillure, l'agos, subsistait et les ennemis d'Athènes cherchèrent parfois à en rappeler l'existence. A Mantinée, il y eut aussi deux temps dans l'affaire, on l'a reconnu. Le crime n'a sans doute pas été une simple rixe, une affaire de brigandage comme certains l'ont pensé, mais bien un assassinat politique. Après un certain temps, le vent avait dû tourner. Des meurtriers, d'abord bannis, ont pu revenir, voire se justifier, passer pour les défenseurs d'une bonne cause ! (Henri Van Effenterre, Françoise Ruzé. Nomina. Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec. II. Rome : École Française de Rome, 1995. - www.persee.fr).

Le premier culte qu'on rencontre sur l'Alésion dans la région de Mantinée est celui de Dionysos et d'Aphrodite Mélainis. Ils demeurent au pied de la colline, près de la source des Méliastes, à quelque distance du bourg de Mélangéia. Ce couple est en liaison étroite avec Poseidon Hippios et Déméter. [...] Le Dionysos arcadien est un Zeus infernal. Par là même, il se rapproche de Poseidon, le dieu des eaux souterraines. A Mélangéia, comme à Mégalopolis, il habite près d'une source, et son sanctuaire est un "megaron". On trouve d'autres indices de son véritable caractère dans l'étymologie de Mélangéia, les Terres noires, c'est-à-dire ombreuses, et dans le nom de ses prètres, les Méliastes, qui peut être dérivé de "melia", frêne (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale, 1898 - books.google.fr).

Stobée IV, p. 191 (éd. Hense) : «Zaleucos disait que les lois sont semblables aux toiles d'araignée; si une mouche ou un moucheron tombe sur elles, ils restent pris, si c'est une guêpe ou une abeille, elle les déchire et s'envole; de même, si un pauvre tombe sous le coup d'une loi, il reste pris, si c'est un riche ou un orateur habile, il les déchire et s'en va.» J. Tzetzes, Chiliades V, 355-360 : «Tandis que Solon rédigeait ses lois, Thalès lui dit : "Solon, tu te donnes inutilement du mal pour une entreprise malheureuse. Les lois ressemblent en effet aux toiles d'araignée : elles sont capables d'arrêter les petits et les faibles mais sont facilement déchirées par les plus puissants."» (Michèle Ducos, Les Romains et la loi: recherches sur les rapports de la philosophie grecque et de la tradition romaine à la fin de la République, 1984 - books.google.fr).

L'image est reprise par saint Basile, à l'ordre duquel Moschetti appartenait, dans l'Homélie sur l'ouvrage des six jours :

"La science des astrologues ressemble aux toiles d'araignées lorsqu'il y tombe un cousin ou une mouche ou quelque autre insecte aussi faible, il y est retenu prisonnier; mais, quand il s'en approche un animal plus fort, il passe facilement à travers, met en pièces et dissipe les faibles tissus." C'était là, sans doute, une comparaison courante qui remontait probablement à Solon. Les lois, d'après le législateur athénien, ressemblent à des toiles d'araignées où les petites mouches restent prises, mais d'où les grosses s'échappent en passant à travers. Nous retrouvons le même rapprochement chez Grégoire de Nysse (Yves Courtonne, Saint Basile et l'hellénisme: étude sur la rencontre de la pensée chrétienne avec la sagesse antique dans l'Hexaméron de Basil le grand, 1934 - books.google.fr, Homélies et lettres choisies de Saint Basile le Grand, 1788 - books.google.fr).

Elien raconte que les très bonnes lois de Mantinée furent données par l'athée Diagoras par l'intermédiaire de l'athlète Nicodore qui étant vieux s'était retirer pour faire du droit (Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, Tome 5, 1820 - books.google.fr).

Mantinée était l'état démocratique le plus célèbre de l'Arcadie. Polybe rapproche son gouvernement de ceux de Lacédémone et de la Crète il le met au-dessus de ceux d'Athènes et de Thèbes, et ajoute que tous les écrivains en ont fait ressortir les mérites (M. Delacoulonche, Moeurs et coutumes des peuples de l'ancienne Arcadie, Archives des missions scientifiques et littéraires, Volume 1, Numéro 7, 1858 - books.google.fr).

Dans toute la constitution de Solon, trois mesures semblent avoir été particulièrement favorables aux progrès de la démocratie: d'abord et surtout, l'abolition de la contrainte par corps pour dettes; ensuite, la faculté donnée à chaque citoyen de poursuivre les auteurs des injustices commises au détriment de qui que ce fut; enfin le droit d'en appeler au tribunal. Ce fut, dit-on, ce qui donna dans la suite tant de puissance au peuple; car, rendre le peuple maître du vote, c'est mettre toute la constitution à sa merci. Ajoutons que, ses lois étant d'une rédaction obscure et compliquée, comme par exemple la loi sur les héritages et sur les épiclères, il en résultait nécessairement nombre de contestations, si bien que le règlement de tous les différends, privés et publics, appartenait aux tribunaux. Certains pensent que Solon a recherché cette obscurité pour ses lois, afin d'attribuer au peuple le droit de décider en cas de conflit. Mais cette explication est peu vraisemblable. La vérité est qu'il lui était impossible d'atteindre la perfection, étant donné le caractère général des lois (Aristote, Constitution d'Athènes, 1891 - books.google.fr).

Si on ne trouve rien sur Solon et les souris, quelque chose sur le parfum (cf. musc).

Les parfums étaient bien connus du temps d'Homère, car il les cite à chaque instant. Hésiode les recommande pour le culte divin. Chez les Grecs, la parfumerie jouait un grand rôle dans la médecine; les iatraliptes prescrivaient les aromates dans la plupart des maladies. Aussi les boutiques des parfumeurs étaient un lieu de réunion comme le sont aujourd'hui nos cafés. En vain Solon proscrivit la vente des parfums; en vain Socrate railla ceux qui s'en servaient; rien ne put triompher du goût des Athéniens et de leurs compagnes pour les parfums (Grand dictionnaire universel du XIXe siècle Larousse, Tome 12, 874 - books.google.fr).

Basile fait encore appel aux trésors accumulés par la sagesse antique. Mais cette fois, ce n'est plus à Platon, ou à l'école platonicienne qu'il s'adresse. Il recourt aux péripatéticiens, à Aristote et à ses successeurs. Lorsqu'il arrive à la création des animaux, il reproduit une foule de ces données, tantôt exactes et précieuses, tantôt imaginaires et souvent un peu folles, qui, depuis l'Histoire des animaux d'Aristote, n'avaient cessé de s'accumuler dans les recueils de ses élèves, et plus encore dans les ouvrages de vulgarisation qui se sont multipliés à l'époque hellénistique et romaine; dans des livres comme le traité sur l'intelligence des animaux de Plutarque; comme les ouvrages d'Élien, comme les écrits d'où est dérivé finalement le Physiologus, par l'intermédiaire duquel toutes ces historiettes extravagantes sont parvenues jusqu'à notre moyen âge. C'est ainsi que Basile raconte à ces artisans qui l'écoutent les merveilles de l'instinct chez l'éléphant, chez l'abeille, chez la vipère, chez certains poissons ou certains insectes. La VIIe et la VIIIe homélies sont faites pour une bonne partie de cette matière. Tels sont les rapports que l'Hexæméron de Basile présente avec la philosophie et la littérature profanes. Mais il dérive aussi d'une tradition chrétienne. Il constitue sans doute le premier commentaire d'ensemble que nous possédions sur l'œuvre des six jours, et il inaugure pour nous tout un genre littéraire qui a eu un très long développement (Aimé Puech, L'éloquence chrétienne au IVe siècle, Revue des cours et conférences, Volume 29, 1928 - books.google.fr).

Chez saint Basile nous trouvons des grenouilles et des souris engendrées par la terre elle-même (Homélie IX, 2). Thomas de Cantimpré accueille et diffuse cette croyance. Pour le Stagirite, la cause de la génération spontanée est toujours la même il s'agit d'un souffle chaud (pneuma) qui joue un rôle analogue à celui de la chaleur «psychique» du sperme dans la conception. Ce peut être un vent tiède, mais en fait, c'est presque toujours le soleil qui exerce son action déterminante et «rien ne naît d'une putréfaction, mais tout vient d'une coction». L'influence de la chaleur apparaît peu dans les textes médiévaux, qui, de préférence, ne s'attachent qu'à l'idée de putréfaction (Claude Alexandre Thomasset, Commentaire du dialogue de Placides et Timéo: une vision du monde à la fin du XIIIe siècle, 1982 - books.google.fr).

Mantinée est slavisée au VI-VIIe siècles et devient Goritza (de "gora" colline) (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale, 1898 - books.google.fr).

Appelée Gorize dans le récit de voyage de Jean Zuallart qui fait un exposé sur l'Arcadie, d'Epaminondas - qui faisait le guet à Némée avant la bataille de -363 - et parle du lion de Némée (Jean Zuallart, Le très devot voyage de Jerusalem, avec les figures des lieux saincts, et plusieurs autres, tirées au naturel, 1626 - books.google.fr, (fr.wikipedia.org - Jean Zuallart).

Cf. le lion de Gérasime dont le couvent au bord du Jourdain fut visité par Zuallart en 1586 puis par Quaresmius une trentaine d'années plus tard (Victor Guérin, Description géographique, historique et archéologique de la Palestine: Partie 2 - Samarie. Tome Premier, 1874 - books.google.fr).

Le Midas se lavant dans le Pactole de Poussin avait son pendant dans la version 1 de l'Arcadie, ce qui peut faire penser que le personnage à l'urne représente le Pactole et non l'Alphée.

Crésus était un roi de Lydie et a régné d'environ 561 à environ 547 av. J.-C. La Lydie est un ancien pays d'Asie Mineure, situé à proximité de la mer Égée. Le pays était très riche. Il était placé sur de nombreuses routes commerciales. Sa richesse venait aussi des sables aurifères de la rivière Pactole, ce qui a donné naissance aux expressions «riche comme Crésus» et «toucher le pactole» (Paul Saegaert, Je révise ma culture générale au toilettes, 2022 - books.google.fr).

On fait remonter à Crésus, que Solon rencontra, la création de la monnaie d'or et d'argent (Ernest Babelon, Les origines de la monnaie considérées au point de vue économique et historique, 1897 - books.google.fr).

Pour alléger les charges des débiteurs, devenues insupportables, pour diminuer celles des producteurs et stimuler les exportations, Solon a fait glisser la monnaie attique du système d'Égine au système de l'Eubée (575 av. J.-C.). C'est une dévaluation de près d'un tiers - la première dévaluation de l'histoire (René Sédillot, Histoire morale et immorale de la monnaie, 1989 - books.google.fr).

Gustaf Gründgens in der Rolle des Hamlet, 1936 - www.wz-newsline.de

Samnites - Arcadiens - Abruzzes

L'Hirpinie faisoit anciennement partie du Samnium. C'est ce païs que l'on appelle présentement, la principauté ultérieure. Strabon l.5, emprunte le nom des Hirpiniens, d'un de leurs chefs nommé Lupus parce qu'en langue Samnite, Hirpus avoit la même signification que Lupus (Histoire romaine, depuis la fondation de Rome, Tome premier, 1726 - books.google.fr).

La généalogie qui fait descendre les Œnotriens des Lycaonides ne date que de la seconde moitié du Ve siècle, quand ces antiques peuplades avaient déjà presque disparu, et que descendaient progressivement vers le sud les tribus sabelliques : Samnites, Lucamens et Bruttiens. Or ces peuples de pasteurs avaient des dieux-loups : le Soranus des Hirpins, à la fois dieu solaire comme Apollon Lycien, né sous la forme d'un loup, et divinité infernale comme Hadès qui se coiffe d'une dépouille de loup; la Flora, déesse sabine des Enfers; le Jupiter Lucetius, qui correspond exactement au Zeus Lycaios des Arcadiens, et qu'invoquaient à Rome les Saliens, prêtres de Mars; or Mars avait pour animal le loup, et on le voyait sur la Voie Appienne accompagné de loups; Silvain, le "forestier", était peut-être lui aussi un loup. Romulus, nourri par la louve, et les soldats italiques se couvrent de peaux de loups, disent les poètes, en cela interprètes des plus anciennes traditions (Jean Bayet, Les origines de l'arcadisme romain. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire, tome 38, 1920 - www.persee.fr).

On pourrait comparer l'Etrurie à la Thessalie, province qui n'a joué aucun rôle remarquable, les clans samnites à ceux de l'Arcadie, de l'Etolie ou de l'Acarnanie, les cités de la côte ausonienne à celles de l'Achaïe; mais on chercherait en vain les analogues de Sparte et d'Athènes (Joseph Marc Hornung, Essai historique sur cette question: pourquoi les Romains ont-ils été le peuple juridique de l'ancien monde?, 1847 - books.google.fr).

Tandis que les Ombriens succombaient dans une lutte inégale, et que les rejetons occidentaux du même rameau s'amalgamaient avec les populations latines ou helléniques, les rameaux sabelliens prospéraient dans l'isolement de leur contrée montagneuse, également protégée contre toute attaque des Étrusques, des Latins et des Grecs. La vie urbaine se développa chez eux peu ou point leur position. géographique les empêchait presque complètement de nouer des relations commerciales, et les sommets des montagnes avec les citadelles suffisaient à leur défense, tandis que les paysans continuèrent à habiter dans des villages ouverts, ou partout où chacun d'eux trouvait les sources, les forêts ou les pâturages qu'il cherchait. Leur constitution resta ainsi ce qu'elle était; comme dans l'Arcadie grecque, placée dans une situation analogue, leurs communes ne s'amalgamèrent pas en un seul État : elles formèrent tout au plus de petites confédérations plus ou moins unies. Dans les Abruzzes surtout, l'écartement des vallées semble avoir éloigné les cantons de toute relation entre eux ou avec le monde extérieur.

Ce qui est clair, c'est que, dans le Samnium, aucune commune particulière ne prédomina, et qu'il y eut encore moins une ville capable de servir de centre aux populations samnites, comme Rome le devint pour les Latins: la force de la nation se maintint dans les communes de paysans, la puissance dans l'assemblée formée de leurs représentants, et qui, en cas de nécessité, nommait le commandant de la ligue (Théodore Mommsen, HISTOIRE ROMAINE, Tome 1, 1882 - books.google.fr).

La vieille statue d'Athéna Aléa de Tégée avait été préservée de l'incendie et était considérée comme le Palladium de la ville. Cette statue chryséléphantine avait été exécutée par Endoios, dans le dernier tiers du VIe siècle. Elle fut enlevée par Auguste et transportée à Rome. Endoios travailla surtout à Athènes, et l'on voit, par là encore, le lien qui existait, dès cette époque, entre Athéna Aléa et l'Athéna d'Athènes c'est à Athènes que les Tégéates sont allés chercher le prototype de leur Athéna Aléa.

Evandre qui joua un si grand rôle dans les origines légendaires de Rome, venait de Pallantion et était le petit-fils du héros Pallas. Comme beaucoup d'autres villes arcadiennes Pallantion émit de rares monnaies après la paix de Nicias, en 421 av. J.-C. Ce monnayage s'arrête à l'arrivée d'Epaminondas et des Thébains en Arcadie, en 371. L'année suivante, la ville de Pallantion fut dépeuplée et ses habitants transportés dans la nouvelle capitale de l'Arcadie, Mégalopolis (Ernest Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines, Partie 2, Volume 3, 1914 - books.google.fr).

Le fils d'Evandre allié d'Enée, appelé aussi Pallas, est à moitié Arcadien et Samnite (Virgile, L'Enéide, Tome 2, traduit par Nicolas Ruault, 1806 - books.google.fr, Nicholas Horsfall, Virgil, Aeneid 11: A Commentary, 2017 - books.google.fr).

"mère sabellique" (Enéide Livre 8, 510). Il n'a pas encore été question jusqu'ici de la mère de Pallas. Pour Virgile, elle serait, sans plus de précision, une Italienne, l'adjectif «sabellique» s'appliquant à un certain nombre de populations de l'Italie centrale (cfr 7, 665). Évandre aurait donc épousé une indigène, dont il aurait eu un fils, Pallas. Aucune autre source ne nous parle de l'épouse du héros arcadien, et on a l'impression que Virgile la fait surgir du néant pour les besoins du récit (bcs.fltr.ucl.ac.be).

Le rameau Sabellien comprenait les Marses, les Maraccins, les Samnites dont se détachaient les Sabins, les Lucaniens, etc. (Jacques Ellul, Histoire des institutions: L'Antiquité, 1984 - books.google.fr).

Sidoine Apollinaire parle de samnite pour la mère de Pallas (OEuvres de Sidoine Apollinaire avec le texte en regard et des notes par J.F. Grégoire et F.-Z. Collombet, Tome 1, 1836 - books.google.fr).

Au début du onzième siècle, racontent les anciennes chroniques, une découverte admirable eut lieu à Rome. Dans un coin du Palatin, la bêche d'un paysan avait découvert un sépulcre. Il s'y trouvait, intact, le corps d'un jeune héros, gigantesque; c'était Pallas, fils d'Evandre, et l'un des compagnons d'Enée; à côté de lui brûlait depuis des siècles une lampe votive. Symbolique légende ! Espoir tenace d'une résurrection ! Les plus grands poètes de la Renaissance l'ont invoquée, la patrie italienne; dans les vers d'un Pétrarque, il y a des larmes, Le lagrime del popol doloroso, en même temps qu'un appel aux armes : Virtù contro furore Prenderà l'arme; e fia il combatter corto Chè l'antico valore Ne l'italici cor non è ancor morto. (Pétrarque, Canzone CXXVIII.) Au seizième, au dix-septième, au dix-huitième siècle même, il s'est trouvé des poètes pour répéter éloquemment et cette plainte, et cet appel (Paul Bazard, la psychologie du peuple italien, Revue politique et littéraire: revue bleue, 1932 - books.google.fr).

Cf. la vaine tentative d'union italienne par le duc de Mantoue Ferdinand II.

Il y avait une ville de "Krania", près d'Ambracie, et un lieu appelé "Kranè" en Arcadie. "Kraneioi" ou "Kranioi", ville de Céphalonie, est mentionnée par Strabon et Thucydide; près de Corinthe se trouvaient un bois et un gymnase portant le nom de "Kraneion", et en Laconie Pausanias signale un "temenos Kraniou". La ville d'Ephyra, en Thessalie, s'est d'abord appelée "Krannôn"; enfin Etienne de Byzance dit que Tarse s'est appelée "Krania"; nous pouvons aussi mentionner la montagne de l'Hélicranon, en Chaonie. Tous ces noms semblent provenir d'une même racine, celle que l'on retrouve dans tous les mots qui signifient tête, "kar", "kara" ou "karè", "kareion" (poét.) "karènon", "karnion", "kranos", et dans les mots, dérivés probablement des précédents, qui désignent un arbuste, le cornouiller, "kraneia", "kranea", "kranon", "kranos" (Pierre Paris, Élatée: la ville, le temple d'Athéna Cranaia, 1892 - books.google.fr).

Le sumac, peut-être représenté dans la version 2 de Poussin, est connu à Teramo (Annali del Ministero di agricoltura, industria e commercio. Parte 1 : agricoltura, 1873 - books.google.fr).

Les rameaux sabelliens prospéraient dans l'isolement de leur contrée montagneuse, également protégée contre toute attaque des Étrusques, des Latins et des Grecs. La vie urbaine se développa chez eux peu ou point : leur position géographique les empêchait presque complétement de nouer des relations commerciales, et les sommets des montagnes avec les citadelles suffisaient à leur défense, tandis que les paysans continuèrent à habiter dans des villages ouverts, ou partout où chacun d'eux trouvait les sources les forêts ou les pâturages qu'il cherchait. Leur constitution resta ainsi ce qu'elle était; comme dans l'Arcadie grecque, placée dans une situation analogue, leurs communes ne s'amalgamèrent pas en un seul État : elles formèrent tout au plus de petites confédérations plus ou moins unies. Dans les Abruzzes surtout, l'écartement des vallées semble avoir éloigné les cantons de toute relation entre eux ou avec le monde extérieur. Ils ne maintinrent donc que des liens peu solides les uns avec les autres, et persistèrent à s'isoler complétement du reste de l'Italie (Théodore Mommsen, Histoire romaine, Tome : 1, traduit par E. de Guerle, 1863 - books.google.fr).

Près de Crognaleto, Seranica avait obtenu son autonomie et au XIVe siècle était régie par une république qui prit fin en 1701 quand Philipe V d'Espagne en fit un fief pour les Nordangelis (Abruzzo, Volume 1, Istituto enciclopedico italianon 1998 - books.google.fr).

Un drôle d'oiseau

Arcadie ? Que dit cet ego inscrit dans l'épitaphe du tombeau : "Et in Arcadia ego ?". Pour tenter de répondre à cette question, il faut chercher l'origine du motto. Il aurait été suggéré par le Cardinal Rospigliosi, futur pape Clément IX, au Guerchin qui peint avant 1630 un tableau, «une vanitas à figures dans un paysage et un décor de plein air dont l'inscription donne le nom Arcadia» (galerie Corsini, Rome). Giulio Rospigliosi, poète lui-même, avait écrit Dal male il bene, pièce représentée au théâtre Barberini, en 1653, inspirée de No siempre lo peor es cierto de Pedro Calderón de la Barca. D'autres tableaux allégoriques commandés à Poussin par Rospigliosi : La Danse sur la Musique du Temps (1639-1640) (Wallace collection, Londres) et Le Temps sauvant la Vérité de l'Envie et de la Discorde (1635-1640) montrent l'intérêt qu'il éprouvait pour la vie et sa subtile alliée, la mort. Rospigliosi ayant «inventé» le motto, le suggéra sans doute à Poussin pour Les Bergers d'Arcadie dont il était le commanditaire. Poussin avait peint une autre version avant celle du Louvre, entre 1629 et 1633; elle est en Angleterre à Chatsworth dans la collection Devonshire. Nous nous trouvons devant trois tableaux qui se situent dans une progression : du Guerchin à Poussin (version du Louvre), les métaphores de la mort s'appauvrissent et l'atmosphère mélancolique se met en place. Dans le tableau du Guerchin peint autour de 1623 (Palazzo Corsini, Rome), deux bergers à gauche du tableau contemplent, stupéfaits, une tête de mort que ronge une souris (le temps dévore toute chose), sur la tête de mort, une mouche, et dans l'arbre un oiseau étrange. La tête de mort posée sur une pierre tombale en ruine nous fait face, les bergers la voient de biais; mais ils ne peuvent voir l'inscription et in Arcadia ego que nous voyons de face. Donc, nous, spectateurs, hors du tableau, voyons quelque chose qu'ils ne peuvent pas voir le tableau s'adresse à nous. Dans Les Bergers d'Arcadie de Poussin, première version (Chatsworth), un sarcophage baroque, situé en diagonale par rapport au plan du tableau et dont nous ne voyons que l'extrémité, remplace la pierre tombale en ruine du Guerchin. Deux bergers, accompagnés d'une bergère dont on dirait volontiers que c'est une nymphe, sont arrêtés dans leur course et occupés à déchiffrer l'inscription écrite sur une tombe "et in Arcadia ego", que nous, spectateurs, pouvons lire aussi; au pied du tombeau le dieu-fleuve Pactole est assis. L'inscription n'est pas ici dans une position frontale, mais nous pouvons, nous aussi, lire comme eux le message et voir la tête de mort, beaucoup moins présente que dans le tableau du Guerchin, au-dessus du mot Arcadie. L'atmosphère du tableau paraît légère, se prêtant aux jeux d'une Arcadie pastorale, mais la tête de mort bien que petite, et comme fondue dans les couleurs du paysage, est là pour rappeler qu'au cœur de la félicité la mort existe. Dans la version du Louvre, le tombeau s'impose, non par sa taille, mais par le passé dont il est porteur, par tous les signes dont il charge le présent; il est en face de nous un cinquième personnage sur la paroi duquel, ils (les quatre personnages) déchiffrent et nous (spectateurs) lisons : «et in Arcadia ego». Il n'y a plus de tête de mort, il n'y a plus que ces mots inscrits sur la paroi réfléchissante où se voit clairement la faux de la mort. Nous sommes bien placés pour les voir eux, tous les quatre et nous nous posons la même question avec peut-être la même angoisse : quel est le sens de cette phrase ? Nous sommes nous aussi impliqués dans cette quête du sens (Revue de la Bibliothèque nationale, Numéros 31 à 34, 1989 - books.google.fr).

Le drôle d'oiseau du Guerchin présente la face caractéristique de l'effraie.

Les effraies sont des chouettes à grosse tête et au disque facial en forme de cœur. Le nom vernaculaire de ces chouettes vient d'orfraie (du latin ossifraga «[oiseau] briseur d'os») qui désignait certaines espèces de rapaces pêcheurs diurnes. Depuis le XVIe siècle et en particulier chez Ronsard, ce terme orfraie existe déjà, mais pour désigner un rapace nocturne. Sous l'influence du verbe effrayer, il s'est déformé en effraie (fr.wikipedia.org - Effraie).

En italien elle se nomme barbagianni (Jeannot barbu). C'est en français que son nom vient d'"ossifraga" ce qui pourrait renvoyer à la lecture inverse en français O GE AIDA CRANITE.

On se souvient que, selon la légende, Bernardo Paolini de la ville voisine d'Amatrice fit construire la chapelle de la Madonna della Tibia après s'être brisé une jambe à Crognaleto dont le paysage aurait pu inspiré la seconde version des bergers d'Arcadie de Poussin.

Nel bollario di Visconti (Vol. n. 12.) vi ha una concessione d'indulgenze per chi visitasse tale Chiesa nel dì 9. Agosto, in memoriam translationis iconae SS. Virginis a loco ubi prius retinebatur in dictum Sacellum sive Ecclesiam, per Nos solemniter factae, in data de'16. Agosto 1619 (Niccola Palma, Storia ecclesiastica e civile della regione più settentrionale del Regno di Napoli, Tome 4, 1834 - books.google.fr).

In realtà, come è già noto alla storiografia, “Tibia” – nome dato alla chiesetta già nella documentazione seicentesca – deriva certamente non dall’osso tibia, bensì da “Tibbla”, nome di un insediamento situato sul Piano di Crognaleto, a circa un chilometro di distanza dall’abitato attuale, nei pressi della Fonte di San Salvatore e della chiesa omonima un tempo colà esistente. L’insediamento è attestato da documenti del sec. XII, ma è molto più antico.

La documentazione conservata nell’Archivio Diocesano di Teramo, e recentemente scoperta, dà una spiegazione dell’insorgere della devozione mariana alla Tibia in epoca anteriore alla edificazione della chiesetta, e conferma l’esistenza di una immagine mariana collocata in situ e poi trasferita all’interno della chiesa. La nascita del culto mariano dei luoghi viene legata, dalla documentazione, al viaggio fatto dalla statua della Madonna delle Grazie da Aquila a Teramo, ove ancora oggi è venerata, sotto la guida del Capitano d’armi Angelo Montani, vissuto nel sec. XVI.

Paolini non era affatto un mercante di Amatrice, bensì il parroco di Crognaleto e di Valle Vaccaro al tempo della visita pastorale del Vescovo aprutino, Giovanni Battista Visconti, del 1619 (www.comune.crognaleto.te.it - Federico Roggero, Santuario Madonna della Tibia).

Même si la légende du tibia cassé de Paolini est plus récente que le tableau, "ossigrafa" contient le mot "os".

Le tibia est symbole de mort lorsqu'il se croise, en forme de X, avec lui-même derrière un crâne («cruxifixion») (Roger Laporte, Fugue, Obliques, Numéros 1 à 4, 1972 - books.google.fr).

On ne voit pas les jambes des deux bergers chez Guerchin.

ARCADES AMBO (Arcadiens tous deux) : Ambo florentes ætatibus, Arcades ambo (Tous deux jeunes, Arcadiens tous deux). Virgile (églogue VII des Bucoliques) représente deux bergers, Thyrsis et Corydon, parant au combat de la flûte. Comme l'Arcadie n'était pas moins célèbre par ses ânes (roussin d'Arcadie), on dit quelquefois d'un couple de sots: Arcades ambo, et, en général, de tout couple qui, dans une circonstance donnée, prête à la malice, à la plaisanterie. (Pierre Larousse, Fleurs latines des dames et des gens du monde, 1874 - books.google.fr, Lambert Isebaert, Et in Arcadia ego, Patrimoine littéraire européen, 2000 - books.google.fr).

Dans l'épanadiplose (ou épanaplèse) le même mot qui commence une préposition, est répété pour finir le sens total : Ambo florentes ætatibus, Arcades ambo (Cesar Chesneau du Marsais, OEuvres, Tome 5, 1797 - books.google.fr).

Giulio Rospigliosi, né à Pistoia le 27 ou 28 janvier 1600 et mort le 9 décembre 1669, est le 238e évêque de Rome et donc pape de l’Église catholique qu'il gouverne du 20 juin 1667 au 9 décembre 1669 sous le nom de Clément IX (en latin Clemens IX, en italien Clemente IX). Giulio Rospigliosi appartenait à une famille noble de Pistoia et fut élève au 'Collegio Romano' des Jésuites. Après avoir reçu son doctorat de philosophie à l'Université de Pise (1623), il y enseigna la théologie. Plus tard il fut le collaborateur intime du pape Urbain VIII (1623-44), un pape de la famille des Barberini, et il travailla dans la diplomatie pontificale comme nonce en Espagne, parmi d'autres postes. Il devint aussi vicaire de la Basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome (fr.wikipedia.org - Clément IX).

L'invention de l'aulos est attribuée à plusieurs personnages : d'abord Hyagnis, père de Marsyas, Marsyas lui-même - ou Olympos, fils et disciple de Marsyas, puis, à partir du Ve siècle av. J.-C., Athéna ou Apollon (fr.wikipedia.org - Aulos (instrument)).

Quand Pallas eut permis à Persée de tuer Méduse, "elle construisit la flûte, habile à rendre tous les sons, afin d'imiter, à l'aide de cet instrument, les plaintes et les cris effroyables, retentissans dans la bouche d'Euryale. Pallas inventa la flute; bientôt elle en fit don aux mortels, et l'appela le guide de leurs marches, l'organe qui meut les états en donnant le signal de la guerre." (Les Pythiques de Pindare, traduit par Jules Genouille, 1829 - books.google.fr).

Cf. le cournouiller du collège des fetiaux qui déclaraient la guerre chez les Romains (Pierre Gallais, Joël Thomas, L'arbre et la forêt chez Virgile, L'arbre et la forêt dans l'Enéide et l'Eneas: de la psyché antique à la psyché médiévale, 1997 - books.google.fr).

Selon Polémon d'Ilion, les Saliens, autre collège de prêtres, danseurs et sauteurs, avait été institué par Enée qui avait fait venir de Mantinée un certain Salius.

Polémon d'Ilion, également connu sous le nom de Polémon le Périégète ou Polémon le Géographe, est un philosophe stoïcien et un géographe grec qui a vécu sous le règne de Ptolémée V Épiphane, à la fin du IIIe siècle av. J.-C. Polémon présente pour particularité de s'intéresser avant tout aux épigrammes, c'est-à-dire aux inscriptions (au point qu'on le surnommera stèlokopas, c'est-à-dire le «rongeur de stèles»). Il les compile dans un recueil, peri tôn kata poleis epigrammatôn, classé par villes, aujourd'hui perdu, mais dont des citations sont préservées par des auteurs comme Athénée ou Diogène Laërce (fr.wikipedia.org - Polémon d'Ilion).

Chez Apulée (Florides), Marsyas, protagoniste infortuné d’un drame qui le dépasse, à la différence de Pan ou de Silène, n’est qu’un obscur acteur de la fable. Son ascendance est pour le moins incertaine, même si l’on s’accorde sur ses origines phrygiennes, et il trouve d’ordinaire sa place dans le cortège de Cybèle qu’il accompagne jusqu’à Nyse. Ce silène, pratiquement anonyme, s’approprie, par mégarde ou par sottise, un instrument qu’Athéna, dans sa sagesse, avait abandonné au bord d’une fontaine ou d’un marécage (l’hésitation philologique n’est pas en soi dénuée d’importance !) (Olivier Le Bihan, Variations animales sur le débat de la flûte et de la lyre: à propos de quelques tableaux de Titien. In: Figures de l'Art. Revue d'études esthétiques, n°8, 2004. Animaux d'artistes - www.persee.fr).

Les Acquaviva

Un certain Jean-Baptiste Poussin avait été chargé dans les années 1670 d'exécuter une reconnaissance des royaumes que l'on se proposait de conquérir. Il avait, pour le voyage, pris le nom de chevalier de Belmont. C'était évidemment le Poussin qui, «en relations étroites avec Bossuet», était le 21 octobre 1698 secrétaire du cardinal de Bouillon. (Correspondance de Bossuet, éd : Ch. Urbain, t. 10, p. 251.) Il fut aussi secrétaire de Rébenac et de Tallard, puis résident à Copenhague. (Legrelle, Succ. d'Esp.)

Il fit un état des dispositions de la noblesse du royaume de Naples et de Sicile dans la seconde moitié du XVIIe siècle :

[...] Abruzze, marquis de Pescara-Avalos (d'inclination espagnole), duc d'Atri-Acquaviva (lui et sa maison passent pour être de génie français), prince de Santobono-Caraccioli (homme d'esprit, ni français ni espagnol) (Émile Laloy, La révolte de Messine: l'expédition de Sicile et la politique franc?aise en Italie (1674-1678). Avec des chapitres sur les origines de la révolte (1648-1702), Tome 3, 1929 - books.google.fr).

Poussin serait mort à 108 ans en 1749 en poste en Basse-Saxe (Arthur André Gabriel Michel de Boislisle, Mémoires de Saint-Simon, Tome 8, 1891 - books.google.fr).

En France, les Doni renforcent le dispositif familial en s'alliant à une autre puissante famille de financiers italiens, celle de Ludovic Dadiacetto, comte de Châteauvillain, dont Octavien Doni est l'associé. Or, Dadiacetto ayant lui-même épousé en 1580 l'héritière de la famille napolitaine des Acquaviva, c'est un puissant clan napolitano-florentin associant la finance (Dadiacetto et Doni) et les armes (les fuorusciti Acquaviva-Atri) qui se constitue à la cour de France sous l'égide et avec la bénédiction des deux reines Médicis (Catherine pour l'alliance Dadiacetto-Atri, Marie pour l'alliance Doni-Dadiacetto). La cohésion du nouveau clan est remarquable. Sous la régence de Marie de Médicis, Octavien Doni, alors arrivé au faîte de son influence, se démène comme un beau diable pour obtenir la reconnaissance du titre ducal des Atri en faveur de son gendre Scipion Dadiacetto. En même temps, lui vient l'idée de pousser ledit gendre dans la carrière politique, ayant bien conscience qu'il lui faut profiter d'une position à la cour que le temps peut remettre en cause (Jean-François Dubost, La France italienne: XVIe-XVIIe siècle, 1997 - books.google.fr).

Louis de Gonzague (1539 - 1595), duc de Nevers, promoteur de la Saint Barthélemy et père de Charles Ier de Mantoue, défendait puliquement les Jésuites dont Claudio Acquaviva était général (Eric Nelson, The Jesuits and the Monarchy: Catholic Reform and Political Authority in France (1590-1615), 2017 - books.google.fr).

Inoltre sono soggette ai Duchi Acquaviva le chiese esistenti negli altri territori comprese quelle della Montagna di Roseto : Agnova, Alvi, Appignano, Aquilano, Bascianella, Cajano, Campagna, Cordisco, Cantalupo, S. Giorgio, Casalareto, Cervaro, Valle Vaccaro, Cesa Castina, Chioviano, Cimoforco, Cologna, Comignano, Cortino, Crognaleto, Elice, Follicolo o Macchia, Forcella, Fràttoli, Ginestra, S. Giorgio di Caporrizio, Villa Laura, Magnonamo, Monacisco, Montepietro, Monticolo di Giulia, Montone, Morello, Mosciano, Notaresco, Padule, Pagliarola, Penna S. Andrea, Peticciano di Giulia, Petraglia, Piane, Poggio Camarda, Puzella, Ripattoni, Ronzano, Sorbillo, Tobia, Torano, Totteja, Valviano, Venano, Zancano (Gli Acquaviva d'Aragona, duchi di Atri e conti di S. Flaviano: atti del sesto convegno, Volume 1, 1985 - books.google.fr).

Atri est une commune italienne d'environ 10580 habitants, située dans la province de Teramo dans la région des Abruzzes. Les ducs d'Atri (Acquaviva Dux Hatriae) est une lignée italienne, qui voit le jour avec l'attribution de ce titre à Antonio Acquaviva, en 1393. La juridiction du duché d'Atri s'étendait des frontières du Tronto jusqu'à Pescara et du pied du Gran Sasso jusqu'à la mer (fr.wikipedia.org - Ducs d'Atri).

Claudio Acquaviva, né le 14 septembre 1543 à Atri, dans les Abruzzes en Italie, et décédé le 31 janvier 1615 à Rome, était un prêtre jésuite italien élu en 1581, à l'âge de 38 ans, le cinquième supérieur général de la Compagnie de Jésus. Claudio Acquaviva est le plus jeune fils d'un noble du royaume de Naples, Giovanni Antonio Donato Acquaviva d'Aragona, duc d'Atri (fr.wikipedia.org - Claudio Acquaviva).

Georges Moschetti quitte Florence, le 3 août 1609, en compagnie d'André Skylitzis, et se rend à Livourne. Il s'y embarque, le surlendemain, pour Naples, où il arrive en cinq jours. Dans cette ville, il présente une lettre de recommandation du Grand Duc au receveur de l'ordre militaire de saint Étienne, afin qu'il lui fasse obtenir du vice-roi un passeport pour le Levant. Le receveur considère comme plus convenable de faire avoir ce passeport à Moschetti par l'entremise du duc d'Atri, très dévoué aux Médicis. Notre Grec est parfaitement accueilli par le duc, qui lui remet pour un sien cousin, gouverneur de Lecce, une lettre où il prie celui-ci de délivrer à Moschetti le passeport dont il a besoin. Parti de Naples le lendemain, Moschetti met sept jours à se rendre à Lecce; mais, n'y rencontrant pas le duc d'Acquaviva, cousin du duc d'Atri, il se décide à l'aller trouver dans une ville voisine. Il présente au duc d'Acquaviva la lettre du duc d'Atri, mais ne peut obtenir de passeport. Toutefois, sur le conseil du duc d'Acquaviva, il retourne à Lecce et s'y fait donner, par quelques marchands florentins qui y vivaient, une déclaration attestant mensongèrement qu'il arrive de Rome et se rend à Corfou auprès de l'archevêque. On évite de mentionner le Grand Duc dans ce document, afin que les Espagnols ne soupçonnent pas que Moschetti se rend dans le Levant pour les affaires de ce prince. Grâce à cette attestation, il obtient immédiatement un passeport, dans lequel André Skylitzis est désigné comme étant son domestique. De Lecce, Moschetti se dirige sur Otrante, où, après une attente de onze jours et plus, il trouve enfin, le 3 septembre, une felouque qui le conduit à Corfou. Il quitte cette île, le 10 septembre, passe à Céphalonie, puis à Zante, où il se sépare d'André Skylitzis (1), qu'il envoie à Candie avec une lettre adressée au chevalier Guidobaldo Brancadori (qui devait s'y rendre avec les galions du Grand Duc) et l'informant de la date probable où il comptait y arriver lui-même.

Moschetti affirme (Relation, p. 519) qu'il se sépara de lui, car André Skylitzis, qui était vraisemblablement un Grec catholique de Chios, devait parler le patois de cette île et peut-être avec l'accent des Chiotes «latins» (Emile Legrand, Bibliographie hellénique, ou Description raisonnée des ouvrages publiés par des Grecs au dix-septième siècle, Tome 3, 1895 - books.google.fr).

La position du temple de Zeus-Charmon sur le chemin de Pallantion suggère une autre interprétation. Charmas, héros pallantien, était père d'Évandre le Pélasge. Or, Évandre passe d'ordinaire pour fils d'Hermès. Charmas serait donc un équivalent ou une hypostase d'Hermès. Évandre lui-même,comme son nom l'indique, est un héros bienfaisant et civilisateur. Il a pour mère la nymphe arcadienne Carmenta qui s'expatrie avec lui. Il enseigne aux rustiques habitants du Latium l'usage des instruments de musique, la lyre, le triangle et la flûte, en même temps qu'il importe en Italie les cultes arcadiens de Déméter, de Poseidon Hippios et de Pan Lykaios. Charmas, Charmon, Zeus Charmon est donc un dieu musical agreste, l'héritier de Pan, le doublet mantinéen d'Hermès qui ne semble pas avoir pris racine sur le sol de Mantinée. C'est l'exact pendant d'Artémis Hymnia au pied du Ménale. L'association de Zeus et d'Artémis se retrouve dans la légende lycéenne de Zeus-Kallisto (Gustave Fougères, Mantinée et l'Arcadie orientale, 1898 - books.google.fr).

On a vu que le fils d'Evandre, Pallas, est fils d'une Samnite.

Crognaleto était dans le pays des Prétutiens, dont Hadria et Interamnum (Teramo) étaient les villes principales, et qui fut intégré dans le Picenum (V Regio).

Le Picénum fit d'abord partie du Samnium, territoire des Samnites comprenant, outre les tribus samnites des Pentri, Caraceni, Caudini et Hirpini ou Irpini (Hirpins), les Vestini (Vestins), les Marrucini (Marrucins), les Frentani (Frentans), les Pæligni ou Peligni (Pélignes) et les Marsi (Marses) (fr.wikipedia.org - Picenum).

Cependant :

La tecnica edilizia impiegata a Colle del Vento (Crognaleto) si discosta infatti fortemente da quella che vediamo adottata nelle molteplici cinte fortificate del Sannio Pentro e rivela la presenza di maestranze urbane o coloniali (Maria Paola Guidobaldi, La romanizzazione dell'Ager praetutianus: secoli III-I a.C, 1995 - books.google.fr).

Mantinée, Mantoue, folie et divination

La divination est désignée sous des noms différents, formés sur la même racine mantis manteia, mantikos, mantikè. Le terme manteia est rare au sens de "don prophétique"; on le rencontre à trois reprises dans le Banquet, où il sert à manifester la perplexité de Socrate et a des résonnances proverbiales; dans le Timée, à propos du caractère prophétique des songes; enfin, dans les Lois, l'Athénien proposant de comprendre et reconstituer la ruine de l'empire perse par une inférence prophétique. La plupart du temps, il est utilisé avec le sens de "prophétie, oracle", comme dans l'Apologie où il désigne la réponse de l'oracle delphique à la question de Chéréphon. À ces remarques, il faut ajouter que manteia au sens de "don prophétique" ne désigne jamais une technè. Le masculin mantikos est d'un emploi tout à fait exceptionnel : il n'est représenté qu'une fois, et sert à décrire les cygnes qu'Apollon a doués de la divination. Le terme s'apparente plus à un adjectif qu'à un véritable substantif, et s'explique par l'impropriété qu'il y aurait à appliquer à un animal un substantif qui désigne habituellement une fonction humaine ou divine. Les deux termes couramment utilisés pour signifier la divination sont donc mantis et mantikè. Suivant une configuration fréquente dans les Dialogues, à un nom commun d'agent, mantis, est associé un nom dérivé d'un adjectif en -kós pour désigner l'activité, mantikè. Or, mantikè ayant un doublet, manteia, le substantif en -ikna, on peut le supposer, toute sa connotation technique (Anne Balansard, Technè dans les Dialogues de Platon: l'empreinte de la sophistique, 2001 - books.google.fr).

Socrate fait appel à la mantique quand il ne comprend pas l'exposé de la prêtresse de Mantinée : «Il faut de la divination (manteia), pour comprendre ce que peuvent signifier ces paroles, et je ne devine pas !» (206b). L'origine même de la Diotime de Mantinée, «mantinikè» fait signe vers cet art divinatoire (mantikè) qui révèle au jeune Socrate le sens de l'amour. La parole philosophique est prophétique au sens où elle fait voir le monde (Philosophie, Numéros 57 à 60, 1998 - books.google.fr).

Il semblerait que Mantoue doive son nom à la prophétesse Manto, fille du devin thébain Tirésias – d'où est aussi tiré le mot mantique, du grec "mantikê technê", c'est-à-dire l'art de prédire l'avenir grâce à l'interprétation de signes de nature variée. En fuite depuis Thèbes, après une longue errance, ne sachant que choisir entre le soleil de la Turquie et la basse plaine du Pô infestée alors comme aujourd'hui de moustiques coriaces, Manto décida, nul ne sait comment, de fonder Mantoue en remplissant un lac marécageux de ses propres larmes. Inutile donc de faire appel aux services d'un devin pour comprendre sous quelle étoile Virgile est venu au monde. Selon certains, son père était potier; selon d'autres, paysan ou apiculteur (Andrea Marcolongo, L'art de résister, 2021).

Manto, fille de Tiresias, a été confondue avec une autre Manto, prophétesse d'Italie mère d'Ocnus fondateur de Mantoue (Marie Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel et classique d'histoire et de géographie, Tome 3, 1854 - books.google.fr).

L'étymologie platonicienne qui fait dériver manteia de mania, et la traduction latine par furor, favorisait la confusion qui évoquait le désordre mental (Marcel Borret, Contre Celse d'Origène, Livres 7 et 8, 1969 - books.google.fr).

Les chrétiens ne manquèrent pas d'attribuer au désordre mental, au délire de l'esprit provoqué par des influences démoniaques, les vaticinations de la Pythie (Charles Munier, À son épouse de Quintus Septimius Florens Tertullianus (Tertullien), Numéro 273 de Sources chrétiennes, 1980 - books.google.fr).

En latin "insania" désigne à la fois la folie et le don prophétique chez Horace (Odes 3, 4, 6) (Gaffiot).

Les De poetica libri tres de Giovanni Antonio Viperano (1579) distinguent à deux reprises la fureur de la folie (insania). Comme Horace dans les vers 295-301, il s'en prend aux poètes qui simulent la folie sous prétexte que Démocrite «croit le génie plus favorisé de la fortune que les misères de l'art et qu'il exclut de l'Hélicon les poètes favorisé de la fortune que les misères de l'art et qu'il exclut de l'Hélicon les poètes sains d'esprit» (trad. F. Villeneuve, CUF) (Théories poétiques néo-latines, 2018 - books.google.fr).

Comme il est écrit dans Osée 9, 7 : «Le prophète est fou, l'homme inspiré a le délire.» (Platon aussi, parlant de la «manie», y inclut la «manie prophétisante».) Il n'y avait pas de sanctuaires thérapeutiques ou d'institutions hospitalières dans la civilisation hébraïque antique . Si les malades menaçaient la paix ou l'ordre public, l'attitude de la société envers eux était cruelle. On pense qu'ils étaient chassés de la communauté ou que leur sort était semblable à ceux qui avaient en eux «l'esprit de divination ou l'esprit d'un mort», c'est-à-dire qu'ils étaient passibles de mort, à cause de ces esprits mauvais et de ces démons qui étaient en eux. Dans les sociétés menaçantes pour les malades mentaux, beaucoup de ceux ci s'enfuirent dans les forêts, où ils furent négligés, allèrent de mal en pis et devinrent un objet de terreur pour ceux qui les rencontraient. De là les histoires de lycanthropie et de boanthropie. On cite souvent un exemple de boanthropie tiré de la Bible, Daniel 5, 21. Il s'agit de Nabuchodonosor (Jacques Postel, Claude Quétel, Nouvelle histoire de la psychiatrie, 2012 - books.google.fr).

Le roi d'Arcadie Lycaon fut métamorphosé en loup pour avoir sacrifié un enfant à Zeus. Un de ses fils, Mantinéus, fonda Mantinée et sa fille Callisto fut catastérisée en la constellation de la Grande Ourse (Choses vues et entendues par Pausanias: Guide des croyances de la Grèce antique, 2022 - books.google.fr).

Cette même vallée d'Hébron voyait l'accomplissement de ces promesses : elle voyait le second roi d'Israël près de monter sur le trône, David, sacré roi par un prophète, prophète lui-meme, tige future d'une longue suite de rois, mais principalement de celui qui, Seigneur des rois et des prophètes, s'appellera néanmoins le fils de David et le fils d'Abraham, et en qui, depuis dix-huit siècles nous voyons bénies toutes les nations de la terre (René François Rohrbacher, Histoire universelle de l'église catholique, Tome 2, 1880 - books.google.fr).

Le résumé du sermon sur le psaume 33 d'Augustin d'Hippone donne un sens chrétien à la folie simulée du roi David.

David, qui chez Achis affecte la folie et contrefait son visage, est la figure de Jésus-Christ qui change de sacrifice, en répudiant les offrandes figuratives selon l'ordre d'Aaron, pour établir l'offrande de son corps et de son sang selon l'ordre de Melchisédech. Sa folie simulée est la figure de cette folie que les incrédules doivent voir dans l'Eucharistie (Oeuvres complètes de Saint Augustin, Tome 8, 1860 - books.google.fr).

Méton de Leuconoé, athénien, donna son nom au cycle luni-solaire de 19 ans au bout desquelles les phases de la Lune reviennent (imparfaitement) aux mêmes dates (sans lein avec le Saros et les éclipses). Il joue un grand rôle dans le comput ecclésiastique chrétien et sert à déterminer la date de Pâques : le rang d'une année dans le cycle est le nombre d'or. Il aurait, selon Elien, simulé la folie en incendiant sa maison pour que lui et son fils ne participent pas à l'expédition de Sicile dédicée par Athènes.

Chez Plutarque, Alcibiade 17, 5-6, 199 f-200 a, l'attitude de Méton est comparée à celle de Socrate : "On dit pourtant que Socrate le philosophe et Méton l'astronome n'espéraient rien de bon pour Athènes de cette expédition. Le premier avait sans doute entendu les avertissements de son Génie familier. Quant à Méton, soit que sa crainte de l'avenir vînt du raisonnement, soit qu'elle fût la suite d'une sorte de divination" (Richard Goulet, Dictionnaire des philosophes antiques, Tome 4, 1989 - books.google.fr, Paul Couderc, Les éclipses, 1971 - books.google.fr).

L’expédition de Sicile est une opération montée par Athènes en -415 pour aider la cité sicilienne de Ségeste contre Sélinonte, soutenue par les Syracusains. L'épisode s'inscrit dans la guerre du Péloponnèse, conflit qui oppose de -431 à -404 Athènes et la ligue de Délos à Sparte et la ligue du Péloponnèse. L'expédition se solde par un cuisant échec pour Athènes, qui mène à la reprise des hostilités avec Sparte et, en -411, à la révolution oligarchique des Quatre-Cents (fr.wikipedia.org - Expédition de Sicile).

De ceux à qui on rapporte l'observation du Solstice : il y en à qui pretendent qu'elle est deuë à Aristée fils d'Apollon Roy d'Arcadie. Mais d'autres en escrivent ainsi. C'est Meton l'Astronome qui observa le Solstice l'an de devant la guere du Peloponnese (Jean de Brisbar, Calendrier historique, Tome 1, 1697 - books.google.fr).

L’usage du fou au théâtre a une histoire. Il correspond à la Renaissance au personnage qui peut dire la vérité sans être puni, échappant à la censure royale et permettant au dramaturge de critiquer en toute impunité. Sa marginalisation lui permet d’être libéré de toutes les entraves que l’on croit nécessaires à l’adaptation sociale.

Si Hamlet ou Henri IV de Pirandello nous fascine, c’est, entre autres raisons, que nous restons dans l’incertitude de savoir si la simulation de la folie est chez eux le symptôme d’une folie réelle ou si elle est un artifice volontaire leur conférant la maîtrise de la situation et l’irresponsabilité des crimes projetés. Mais simuler la folie, n’est-ce pas déjà signe de folie ? Avec l’idée de simulation équivoque, nous sommes au plus près du théâtre et du jeu d’acteur, ce qu’exprime encore Michel Foucault : «dans l’échange du réel et de l’illusion, le théâtre développe sa vérité, qui est d’être illusion. Ce qui, au sens strict, est folie.» (Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1974 (1re éd. 1961)) (Isabelle Smadja, De la folie à la maladie mentale, Peser les mots, 2007 - www.lambert-lucas.com).