Partie III - Thèmes   Chapitre XXIX - Oiron   Le mythe d’Orion et l’Oiseleur   

« Mourir non mourir »

D'après Maurice Scève

Oiron fut appelé au Moyen Âge " Villa Orioni " plaçant ce petit village et son château sous les auspices du géant Orion.

Huygens

Nous avons vu qu'Artus Gouffier était en relation, pour l'assèchement des marais poitevins avec Huygens qui en 1656 observe la Nébuleuse d'Orion. La découverte de M42 remonte aux observations effectuées par Nicolas Claude Fabri de Peiresc à partir du 26 novembre 1610 où il nota ce jour là dans le manuscrit de Carpentras : " Coelum non erat serenum adeoque magna apparebat nubecula in Orionis media ut vix distingui potuerint duae stellae. Ac in suprema quoque stella apparuit nubecula. " (Dans le milieu d'Orion ... Composé de deux étoiles, une nébuleuse...). En revanche Galilée n'a jamais rapporté l'observation de M42 dans ses notes. Elle est retrouvée indépendamment sept ans plus tard par le mathématicien et astronome suisse Jean Baptiste Cysat (1588 - 1657) (Cysatus) qui l'observa également en 1618 ainsi que Giovanni Batista Hodierna qui dessina le Trapèze dès avant 1654. Mais c'est à Christian Huygens en 1656 que nous devons les premiers dessins détaillés de la nébuleuse et une représentation de la région du Trapèze. En décrivant la nébuleuse d'Orion, Huygens lui-même s'exprimait de la manière suivante : " On dirait que la voûte céleste s'est entr'ouverte dans cette partie et laisse voir par-delà des régions plus lumineuses ".

Utilisant un télescope, il subdivise le nuage en différentes étoiles. La région la plus brillante à l'intérieur est appelé région de Huygens en son honneur. La même année, il avait montré que les anneaux de Saturne étaient composés de roche et, l'année précédente, il avait reconnu, Titan, la lune de Saturne. Huygens argumenta la possibilité que la lumière soit composée d'ondes. Il publia avec les encouragements de Blaise Pascal le premier livre sur la théorie des probabilités.

Le mythe d'Orion et sa constellation

Plusieurs étymologies sont proposées pour le nom d'Orion. Orion serait l'Horus égyptien, nom que les Hellènes firent passer de Thèbes et de Memphis à Athènes. En langue phénico-hébraïque Hor signifie feu, lumière. En latin oriri signifie se lever, paraître. Orion fut chez les Grecs le Soleil personnifié, en même temps ou peut-être quelque temps avant Phébus, Apollon, Hypérion, Titan, noms donnés par eux à cet astre. Ce héros était un géant, sa tête touchait les nues et ses pieds la terre. Marchant dans la mer, sa tête dépassait le niveau de l'eau. Orion eut une première femme, du nom de Sidé, que Junon, ou Héra, jalouse, fit mourir. Orion recherche une nouvelle épouse; il demande à Œnopée sa fille Mérope. Le roi de Chio la lui refuse, et crève les yeux au héros, qu'il a enivré et abandonné sur une plage. Dans quelques écrits, Orion, fou de désire, viole Mérope, qu'OEnopée lui avait refusé malgré la mission accomplie de destruction des bêtes sauvages qui infestaient Chio. Parfois c'est Mérope qui résiste à Orion, tandis que le père lui est favorable. Par représailles, OEnopée en appelle à Bacchus qui envoie les Satyres contre Orion, et ce sont eux qui l'enivrent et lui crèvent les yeux.

Enfin, Orion, aveugle, se réfugie dans les forges de Lemnos. Là, le héros-géant saisit et charge sur ses épaules le jeune Cédalion. L'adolescent, c'est le jeune soleil, le soleil qui veut se faire voir dans quelques heures, c'est un dédoublement d'Orion lui-même. A l'aide de ce guide, Orion retourne vers les lieux où le soleil se lève. Eôs s'éprit de lui et son frère Hélios lui rendit la vue. Après avoir été à Délos en compagnie d'Eôs, Orion revint pour se venger d'OEnopée qui lui échappera, caché dans une chambre souterraine que lui avait construite Héphaïstos. S'étant embarqué pour la Crète où il pensait qu'OEnopée aurait pu s'enfuir pour se mettre sous la protection de Minos son grand-père, Orion rencontra Artémis qui, comme lui, avait la passion de la chasse. Elle le persuada bientôt d'oublier sa vengeance et de venir plutôt chasser en sa compagnie.

Orion Haroéri, Orion-Soleil, est donc un dieu jeune, un dieu beau. Il se mire dans les flots ; il aime la chasse ; il aspire à la possession de la Diane lunaire. Mais Eos, L'Aurore, passionnée aussi pour Orion, inspire une cruelle jalousie à Diane. Tantôt Orion tente de violer Diane, tantôt il la viole, tantôt la violence ne consiste qu'à forcer la déesse de jouer au disque avec lui, ou même à toucher son voile d'une main impure. Chez quelques poètes au contraire, c'est Diane qui est éprise du beau chasseur, et c'est par la jalousie qu'elle le tue : Orion s'est laissé enlever et porter dans Délos par l'Aurore. On narre aussi sa mort de diverses manières. Ici Diane tue Orion à coups de flèches ; la elle envole contre lui un scorpion. Certains mythologues appellent Opis l'objet des brutales tentatives d'Orion, et semblent faire de cette Opis une nymphe de la déité chasseresse.

Une variante du mythe raconte qu'Apollon sachant qu'Orion n'avait pas refusé l'invitation d'Eôs à partager sa couche dans l'île sacrée de Délos et craignant donc que sa sœur Artémis ne se montre aussi sensible à son charme, rendit auprès de la Terre-Mère et, lui ayant répété avec perfidie ce dont s'était vanté Orion, il fit en sorte qu'Orion fût poursuivi par un monstrueux scorpion. Orion attaqua le scorpion d'abord avec des flèches, puis avec son épée, mais pensant que la mer était l'armure la plus sûre, il plongea dans les flots et nagea en direction de Délos où il espérait qu'Eôs le protégerait. Apollon appela alors Artémis: " Tu vois, là-bas très loin, cette chose noire qui flotte sur la mer, près d'Ortygie ? C'est la tête d'un méchant appelé Candaon qui vient de séduire Opis, une de tes prêtresses. " Elle l'atteignit alors d'une flèche, et se lança à la nage pour retrouver sa victime. Lorsqu'elle vit que c'était Orion, elle implora Asclépios de le ressusciter. Celui-ci y consentit mais la foudre de Zeus anéantit Orion avant qu'il puisse intervenir. Artémis plaça alors l'image d'Orion et de ses chiens Sirius et Procyon parmi les étoiles où il est pour la nuit des temps poursuivi par le Scorpion.

Orion aimait la chasse avec fureur. Homère peint Orion chassant et pourchassant toujours avec la même ardeur dans les Champs-Elysées, après sa mort. A l'époque où vivait Orion, une peste horrible dépeuplait la ville de Thèbes; l'oracle, comme c'était la coutume dans les grands fléaux, fut consulté. Il répondit que les dieux infernaux demandaient deux princesses de naissance divine. Les deux filles d'Orion se dévouèrent ; leur sang inonda les autels altérés de ces impitoyables dieux. La patrie, sauvée par leur dévouement, leur dressa, avec des pompes magnifiques, un, bûcher dans la partie haute de la ville. Des flammes de ce bûcher, dit le mythe, sortirent deux beaux jeunes hommes, ayant chacun un diadème sur la tète ; on les nomma les Couronnés, Stéphanotes ou Stéphanéphores. C'est la fable du phénix hellénisée ! Le génie des Grecs joua sur le nom d'Orion. Ouron, dans l'idiome des Hellènes, signifie urine. Leurs poètes mythiques feignirent donc qu'un certain villageois, du nom d'Hyriée, ayant donné l'hospitalité à Jupiter, à Neptune et à Mercure, ces dieux, en récompense, comme en agissaient nos fées du moyen âge, lui dirent de former un souhait et qu'il serait accompli. Hyriée souhaita avoir un fils sans commerce de femme. Aussitôt les trois dieux urinèrent, et c'est le moins pour le plus, sur la peau du taureau que le bon villageois avait immolé pour le festin sacré. Ils recommandèrent à Hyriée de l'enfouir dans la terre, ce qu'il fit, et au bout de neuf mois Orion en naquit. Orion, né sans le concours d'un père et d'une mère, est le Soleil primordial, création de Dieu; la peau du taureau d'où il naît est le signe zodiacal ainsi appelé, et d'où l'astre du jour sort pour briller bientôt de tous ses feux sur l'hémisphère boréal.

On appela Orion une des plus brillantes et des plus étendues constellations du ciel, projetée moitié sur l'équateur et moitié au-dessous. Orion fut depuis cette magnifique constellation formulée dans la voûte céleste par un grand nombre de brillantes étoiles ; elle est située entre les Gémeaux et le Taureau, signes du Zodiaque, mais un peu plus bas qu'eux. Elle se dessine en un grand quadrilatère. Elle est composée de quatre-vingts étoiles, dont trois très-belles et scintillantes : Bételgeuse (de bayt al-jawza : la maison des jumeaux ou ibt-alghul : l'aisselle de l'ogre), Rigel (pied), Bellatrix (guerrière), et sur une même ligne, que l'on nomme baudrier d'Orion, les Trois-Rois, le bâton de Jacob, le Râteau. Ce sont les étoiles Alnitak (ceinturon), Alnilam (collier de perles) et Mintaka (ceinture). Virgile, entre autres, l'a appelé " nimbosus Orion " (le nuageux Orion : cum subito adsurgens fluctu nimbosus Orion - Enéide Chant 1, vers 530).[1]

17

Un bas-relief a été trouvé non loin de la petite ville de Blaubeuren, près d'Ulm, en 1979. Le professeur munichois Rappenglück a établi un parallèle entre cette figure et la constellation d'Orion. Sur l'une des faces d'une minuscule tablette rectangulaire en ivoire de défense de mammouth, on peut reconnaître une figure masculine bras et jambes déployés dans une pose similaire à celle des étoiles d'Orion. Cette image, l'une des plus anciennes représentations humaines jamais mises à jour datant de près de 32.500 ans, aurait été sculptée par les Aurignaciens, premiers hommes anatomiquement modernes, qui ont supplanté les hommes de Néenderthal en Europe. L'homme représenté sur la tablette a les bras levés en l'air et les jambes écartées. Selon Michael Rappenglück, sa taille fine correspondrait à la fameuse ceinture formée de trois étoiles alignées de la constellation d'Orion et sa jambe droite, comme celle du groupe astral, est plus courte que la gauche. Entre ses jambes, pend également une sorte d'épée, autre caractéristique visible sur Orion. Le bas-relief compte en outre 86 encoches, taillées sur les côtés et au dos de la figure. D'après les travaux de Michael Rappenglück, elles constitueraient un calendrier primitif destiné à estimer la date d'accouchement d'une femme enceinte. Car 86 correspond au nombre de jours que l'on soustrait à une année pour obtenir la moyenne d'une grossesse humaine, neuf mois. C'est aussi exactement le nombre de jours pendant lesquels l'une des étoiles les plus célèbres d'Orion, Bételgeuse, est visible. Les Aurignaciens sembleraient, selon les thèses de Michael Rappenglück, avoir lié la fécondité humaine avec les dieux du ciel et notamment Orion. Cette constellation, identifiée dans l'Egypte des Pharaons au Dieu Osiris, aurait été ainsi vénérée par des ancêtres encore plus anciens que ce que les chercheurs pensaient jusqu'à présent[2].

Eratosthène de Cyrène dans ses Constellations note sur Orion : " Hésiode dit qu'il était fils de Neptune et d'Euryale fille de Minos, et qu'il avait le don de marcher sur la mer comme sur terre. Étant allé à Chio, il abusa de Mérope, fille d'Oenopion, pendant qu'il était ivre. Oenopion irrité lui arracha les yeux et le chassa de l'île. Orion errant alla trouver à Lemnos Vulcain, qui lui donna par pitié un de ses esclaves, nommé Endalion, pour le conduire. Orion le prit sur ses épaules, pour qu'il pût mieux voir sa route. Allant ainsi vers l'orient, il rencontra le soleil qui lui rendit la vue. Alors il retourna sur ses pas pour se venger d'Oenopion, que ses gens cachèrent sous terre. Désespérant de le trouver, il alla en Crète, et se livra au plaisir de la chasse. Avec lui étaient Diane et Latone. Ilse promettait de détruire toutes les bêtes féroces, et la terre indignée envoya contre lui un gros scorpion qui, l'ayant piqué, le fit mourir; mais Jupiter, à la prière de Diane et de Latone, le plaça au ciel à cause de son courage, avec le scorpion en mémoire de cet événement. Quelques-uns disent qu'Orion, dans sa jeunesse, avait aimé Diane, qui l'en punit par le moyen du scorpion, par lequel elle le fit piquer, mais que les dieux, par commisération, le mirent au ciel avec cet animal, comme monument de ce genre de mort. Orion a trois étoiles obscures à la tête, une claire à chaque épaule, une au coude droit, une à la main droite, trois à la ceinture, trois obscures à son épée, une claire à chaque genou, et une claire également à chaque pied; en tout, 17 ". Il comptait donc 17 étoiles alors que l'Encyclopédie de Diderot, avec l'utilisation des lunettes, en donne 38[3]. Dans Le Messager des étoiles, Galilée écrit : " J'avais l'intention de représenter toute la constellation d'Orion, mais j'ai reculé devant la quantité d'étoiles qu'elle contient - plus de 500 - et devant le manque de temps. "

Un peu d'Alchimie par Dom Pernety (Dictionnaire mytho-hermétique)

Orion eut pour pères Jupiter, Neptune & Mercure. Ces trois Dieux voyageant fur la terre, logèrent chez Hyriéus, qui leur fit la meilleure chère qu'il put. Ils lui demandèrent ce qu'il voudroit pour récompense, & lui promirent de le lui accorder. Il leur répondit qu'il ne souhaitoit rien tant au monde que d'avoir un fils. Peu de teins après ils lui procurèrent un fils de la manière dont le racontent les. Fables. Ce fils, nommé Orion, s'adonna beaucoup à la chasse, & mourut enfin d'une flèche que lui décocha Diane, suivant le témoignage d'Homère. Orion est le symbole de l'enfant philosophique, né de Jupiter, ou de la matière parvenue à la couleur grise, de Neptune, ou de la mer des Philosophes, & du Mercure des Sages. La chasse à laquelle il s'adonne, est la volatilisation de la matière; & la mon que Diane lui donne, est la fixation d'Orion, ou da la matière volatilisée, & qui se fait quand la couleur blanche, appelée Diane, paroît.[4]

L'Oiseleur

A l'égard de Nemrod, Cedrenus et la Chronique paschale nous avertissent que ce héros ou géant n'est autre chose que la constellation d'Orion, identification pratiquée aussi par l'astronomie arabe. La constellation d'Orion est mentionnée dans un manuscrit célèbre Suwar al-kawâkib al-thâbita (Catalogue des étoiles fixes) de 'Abd al-Rahmân al-Sûfî. Chez les Hébreux, elle était connue sous le nom de Chesil (homme fort) et citée dans Job 9,9 : " Il a créé la Grande Ourse, l'Orion et les Pléiades, Et les étoiles des régions australes. "

" Nim " en pehlevi signifie côté, portion, moitié ; " rouz " signifie midi ; en sorte que Nimrouz, bien identique à Nemrod, est l'astre de l'Ethiopie, le fils de la saison brûlante. Guy Le Fèvre de La Boderie, (La Boderie, Sainte-Honorine-la-Chardonne, 1541 - idem, 1598) évoque " Nemrod, premier autheur de la rébellion, / Nemrod, fils du noir Cus de nature felonne... ".

Dans le récit de La Caverne des Trésors, compilation de textes fragmentaires remontant probablement au IVème siècle, le lien entre les Mages et Nemrod est accompli. En effet Nemrod est enseigné par le quatrième fils de Noé, Yonatan, à la science astrologique. C'est grâce à la Révélation de Nemrod, que les 12 rois Mages prendront connaissance de la naissance du Messie. Et c'est dans la caverne des trésors, à Nod, qu'ils iront chercher les trois offrandes destiné à l'enfant Jésus. La tradition les limitera à trois car les dons se comptent trois et aussi parce que les reliques des mages, conservées d'abord à Saint-Eustorge de Milan puis aujourd'hui à Cologne, sont celles de trois corps. Au VIIème siècle, on appelait les mages Bithisarea, Melchior et Gathaspa. Les noms de Gaspar, Melchior et Balthazar leur ont été donnés par saint Bède le Vénérable, moine à Jarrow où il est mort en 735.[5]

Le thème de l'Oiseleur apparaît diversement dans la littérature :

Psaume 91 :

Qui habite le secret d'Elyôn passe la nuit à l'ombre de Shaddaï,

disant à Yahvé Mon abri, ma forteresse, mon Dieu sur qui je compte!

C'est Lui qui t'arrache au filet de l'oiseleur qui s'affaire à détruire;

Il te couvre de ses ailes, tu as sous son pennage un abri. Armure et bouclier, sa vérité.

Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour,

ni la peste qui marche en la ténèbre, ni le fléau qui dévaste à midi.

Qu'il en tombe mille à tes côtés et dix mille à ta droite, toi, tu restes hors d'atteinte.

Il suffit que tes yeux regardent, tu verras le salaire des impies,

toi qui dis : Yahvé mon abri ! Et qui fais d'Elyôn ton refuge.

Le malheur ne peut fondre sur toi, ni la plaie approcher de ta tente

il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies.

Sur leurs mains ils te porteront pour qu'à la pierre ton pied ne heurte;

sur le fauve et la vipère tu marcheras, tu fouleras le lionceau et le dragon.

Puisqu'il s'attache à moi, je l'affranchis, je l'exalte puisqu'il connaît mon nom.

Il m'appelle et je lui réponds "Je suis près de lui dans la détresse, je le délivre et je le glorifie,

de longs jours je veux le rassasier et je ferai qu'il voie mon salut.

Jules Verne, De La Terre a La Lune :

" Un filet à maille serrée était tendu entre deux tulipiers gigantesques, et, au milieu du réseau, un petit oiseau, les ailes enchevêtrées, se débattait en poussant des cris plaintifs. L'oiseleur qui avait disposé cette toile inextricable n'était pas un être humain, mais bien une venimeuse araignée, particulière au pays, grosse comme un œuf de pigeon, et munie de pattes énormes. Le hideux animal, au moment de se précipiter sur sa proie, avait dû rebrousser chemin et chercher asile sur les hautes branches du tulipier, car un ennemi redoutable venait le menacer à son tour. En effet, le capitaine Nicholl, son fusil à terre, oubliant les dangers de sa situation, s'occupait à délivrer le plus délicatement possible la victime prise dans les filets de la monstrueuse araignée. Quand il eut fini, il donna la volée au petit oiseau, qui battit joyeusement de l'aile et disparut. "[6]

Au pied de la constellation d'Orion se trouve celle du Lièvre, proie du chasseur. Le " Christ au Lièvre " - si le lièvre sur le genou de Jésus n'est pas une illusion d'optique - renverrait donc à la position du Messie comme proie, victime de l'Oiseleur, l'Ennemi, qui pourrait bien être prosaïquement l'inévitable Mort. Mais comme le chante le Psaume 124 : " Notre âme s'est échappée comme l'oiseau du filet des oiseleurs ; Le filet s'est rompu, et nous nous sommes échappés ".

On retrouvera le thème de la chasse mythique le chapitre Homards Delacroix.

Pour en revenir à Oiron

La partie arrière du palier du rez-de-chaussée, située sous l'escalier, a reçu un décor peint découvert sous le badigeon en 1955. Au fond, la porte menant à la cave, surmontée des armes royales, est encadrée, en haut par un fou et une folle (" Mariette "), en bas par un lévrier, un oiseau de proie et un leurre. La peinture située en face, sur le mur-noyau, représente un paysage de bois et d'eau, très étendu. A droite, Diane sort de la forêt ; plus loin, un chasseur poursuit un cerf ; à gauche, une chasseresse tire à l'arc en visant le chasseur.[7]

La scène est accompagnée de deux emblèmes peints dans le ciel au-dessus de Diane : une balance sortant des nuages et un soleil rayonnant entouré d'une inscription incomplète :

SOL TEMPORIS AUTHOR OTI...

Author pour auctor. La formule se trouve en partie chez le néoplatonicien Macrobe - cela ne surprend pas car une idée néoplatonicienne inspire le programme iconographique de la galerie - et chez le jésuite Jacob Masen au sujet de crocodiles (en 1650) - " Navigium quibusdam pro sole est, quia per aerem humidum decurrit: aliis Crocodilus, quia sol temporis auctor, quod Crocodilus aenigmatice significat " (Speculum Imaginum Veritatis Occultae, http://www.uni-mannheim.de) -, animaux dont un exemplaire empaillé se trouve dans l'église d'Oiron.

Est-ce un épisode du mythe d'Orion ?

Le signe de la Balance était autrefois les pinces du Scorpion qui pourchassa Orion, chasseur émérite. C'est une flèche lancée par Artémis, abusée par son frère Apollon, dieu solaire, qui tua Orion.

Oti serait-il le génitif de " Otus ", le géant qui a de nombreux points communs avec Orion. Otus et Orion aimèrent tous deux Artémis. " N'aspirez point aux faveurs d'une déesse toujours vierge; Orion, Otus en ont trop éprouvé le danger. ", selon un hymne.

Iphimédie eut deux fils, le divin Otus, et l'illustre Éphialte, dont la vie fut de courte durée. Jamais la terre fertile ne nourrit, après le célèbre Orion, de héros aussi grands et aussi beaux que les deux fils d'Iphimédie ; car à neuf ans ils avaient neuf coudées de grosseur, et leur taille était de neuf brasses.

Un géant de quarante-six coudées fut, selon Pline, mis à découvert, en Crète, par un tremblement de terre, et était Orion suivant les uns, Otus selon les autres.

 


[1] William Duckett - http://books.google.com/books?id=scEFAAAAQAAJ&pg=PA5&lpg=PA5&dq=orion&source=web&ots=jQA4AJWLZD&sig=-tNfQiVuRO7Zdy6w_Ea3jp7tHBw#PPA6,M1

[2] Source : La Recherche - http://www.lunerouge.org/spip/breve.php3?id_breve=50

[3] http://remacle.org/bloodwolf/erudits/eratosthene/constellations.htm

[4] Dom Pernety - Dictionnaire mytho-hermétique - http://books.google.com/books?id=qiQOAAAAYAAJ&pg=RA1-PA357&lpg=RA1-PA357&dq=pernety+orion+fables&source=web&ots=qlKqu_oRsQ&sig=DHmT_EX6KF-zNdauOItsysbuR_A#PRA1-PA357,M1

[5] Su-Min Ri - Commentaire de la Caverne des Trésors - http://books.google.com/books?hl=fr&id=fUlt-OS0Y5EC&dq=caverne+des+tr%C3%A9sors&printsec=frontcover&source=web&ots=NbSMHW9itk&sig=haOqgQaEeKkNcP643h6yHZJyJqw

[6] Jules Verne - De la Terre à la Lune - http://ebooks.adelaide.edu.au/v/verne/jules/v52lu/v52lu.html

[7] Jean Guillaume - Le Château d'Oiron - Editions du Patrimoine, p. 32