Croix d'Huriel et Nonagones
Sont alignés sur le rayon du nonagone Neuillay-les-Bois - Rouziers :
La Pérouille, Tendu, Le Pêchereau, Le Menoux, Badecon-le-Pin, Gargilesse-Dampierre, Cuzion, Crozant, Maison-Feyne, Dun-le-Palestel, Naillat, Fleurat, Le Grand-Bourg, Gartempe, Montaigut-le-Blanc, Azat-Châtenet, Janaillat, Thauron, Mansat-la-Courrière, Saint-Pardoux-Morterolles, Saint-Martin-Château, Beaumont-du-Lac, La Villedieu, Rempnat, Toy-Viam, Bugeat, Bonnefond, Pradines, Saint-Yrieix-le-Déjalat, Rosiers-d'Egletons, Montaignac-Saint-Hyppolite, Le Jardin, Champagnac-la-Noaille, Marcillac-Croisille, Bassignac-le-Haut, Darazac, Saint-Privat, Saint-Cirgues-la-Loutre, Cros-de-Montvert, Rouffiac, Montvert, Siran, Glénat, Roumégoux, Parlan.
Le rayon se prolonge à Roziès (Noailhac près de Decazeville), ancien Rosarias du cartulaire de l'abbaye de Sainte Foy de Conques, à Salses, Saint Nazaire, Elne, Argelès puis en Espagne et se jette dans la Méditerranée vers Castello del Empuries dans le Golfe de Roses (Rosas en espagnol), ancienne colonie grecque de Rhodes ("Rose"), et jumelée à la ville grecque de Rodas. On peut remarquer que la rose se cache en "Crozant".
Salses et Elne (Illiberis) sont cités par Henri Boudet dans La Vraie Langue Celtique en pages 281 et 303, qui correspondent à la section 281-306 associée au signe du Capricorne. Or l'axe de Rouziers, à partir de Neuillay-les-Bois, passant par Crozant ou Fresselines, est daté du 12 janvier, jour dans le signe du Capricorne, et s'oppose strictement à l'axe passant par Bénouville, tout à côté d'Etretat, daté du 13 juillet, veille du 14 comme indiqué au chapitre IV "Face à face" de L'Aiguille creuse de Maurice Leblanc (Le Zodiaque de La Vraie Langue Celtique).
Sur ce rayon, la surprise est de trouver Rosiers-d'Egletons dont les Roger ou Rogier étaient les seigneurs. Ils portent le même nom que les seigneurs de Rouziers dans le Cantal. Il n'est pas possible de savoir s'ils faisaient partie de la même famille.
Pour trouver, au centre de la France, une autre famille noble du nom de Rogier ou Rosier, il faut aller en Limousin, au petit bourg de Rosier, en la châtellenie de Maumont, entre Ussel et Tulle. Encore n'est-ce que plus d'un siècle après la mort de notre Troubadour que surgit, seulement après 1300, une famille que le népotisme jettera brusquement au premier plan. Les généalogistes ont eu beau tout tenter pour « faire des aïeux » au Pape Clément VI, ils ne peuvent que supposer noble son grand-père Pierre Rosier, natif du bourg de Rosier en Limousin. Encore est-il plus probable qu'il était de même extraction que Maître Jean Rosier ou de Rosiers, son contemporain, juriste du lieu de Saint- Brice. Quoi qu'il en soit, le fils de Pierre Rosier, Guillaume, eut de Guillemette de la Monstre deux fils, autre Guillaume qui continua cette lignée qui devienl si brillante et Pierre Rosier dit Rogier, remarquent ses biographes, successivement Abbé de La Chaise-Dieu, archevêque de Sens, puis de Rouen, chancelier de France et finalement Pape en 1342 sous le nom de Clément VI. Grâce aux largesses de ce Pape, ses neveux deviendront Cardinaux ou Comtes de Beaufort et Vicomtes de Turenne, contracteront riches alliances, resteront jusqu'à leur extinction, au XVIe siècle, des seigneurs beaucoup plus considérables mais de race infiniment moins ancienne que leurs homonymes Auvergnats (Félix de La Salle de Rochemaure, Les Troubadours Cantaliens, 1910).
Les liens se renforcent d'un certain point de vue par l'intermédiaire de saint Robert de Turlande, le fondateur de la Chaise Dieu.
Quelques écrivains ont avancé que le château de Reilhac à Rouziers avait vu naitre saint Robert, fondateur de l'abbaye de la Chaise-Dieu, et que son frère, Guillaume, qui fit des dons à l'église de Brioude, était seigneur de Rouziers. Nous ignorons sur quelles bases ces suppositions ont été avancées (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, Volume 5, 1857).
Saint Robert ou la Chaise Dieu se retrouve sur ce rayon à Janaillat, par l'intermédiaire de la Toscane française de Jean-Baptiste Tristan-Soliers, frère de Tristan l'Hermite, natif du lieu, à La Villedieu, à Pradines.
Neuillay
A Méobecq, dont dépendait l'église de Neuillay, se trouvait une statue dite de saint Robert.
Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de voir un Robert d'Arbrissel dans la célèbre statue conservée dans l'église de Méobec (Indre). En 1856, une discussion animée mettait aux prises deux membres de l'Institut, M. de Bastard et M. de Pétigny. Une statue vénérée à l'un des autels de la belle église de Méobec, présentait aux hommages des fidèles l'image d'un Bienheureux Robert. Cette attribution était bien vague, étant donné que le nom de Robert a été porté par un certain nombre de pieux personnages. Deux concurrents se trouvaient surtout en présence : Robert d'Arbrissel et Robert de la Chaise-Dieu. La statue représentant un saint en costume de moine, M. de Bastard refusait de voir en elle une image de Robert d'Arbrissel qui, disait-il, « était de son vivant un brillant archiprètre. » — Oui, répondait M. de Pétigny, mais un archiprêtre qui devint dans la suite un tribun religieux, auquel on reprocha bien souvent l'étrangeté de sa mise et le négligé de son costume. » Ainsi posée, la question, semble-t-il, ne pouvait guère être résolue. Les peintres et les sculpteurs ont souvent donné aux saints dont ils reproduisaient l'image un costume de fantaisie. Nous savons par ailleurs, d'une manière certaine et et nous le redirons plus loin, que Robert d'Arbrisscl, fondateur des deux abbayes de la Roë et de Fontevrault, refusa énergiquement, jusqu'à son dernier jour, de porter aucun des insignes de sa dignité.
Selon l'archiviste de l'Indre, M. Hubert, « Si la statue de Méobec, écrit-il, avait été conservée dans un couvent de l'Ordre de Fontevrault, il eût été possible de l'identifier avec une représentation de Robert d'Arbrissel. Mais elle provient de Château-Robert, commune de Vendœuvre, et elle porte le nom de saint Robert à cause de la similitude du nom. » Cette statue n'existe plus actuellement dans l'église de Méobec. Elle était en calcaire, et une piété fort mal entendue avait établi l'usage de la gratter, afin de mêler la poudre ainsi obtenue aux remèdes et aux breuvages absorbés par les enfants malades. Cette absorption devait avoir pour effet immédiat et infaillible la guérison de la fièvre. Un autre résultat, non moins infaillible, devait être la détérioration complète de la statue. Il y a cinquante ans, le résultat cherché fut obtenu. La statue mutilée a été remplacée par un produit de la rue Saint-Sulpice, et l'énigmatique saint Robert se présente maintenant aux fidèles sous les traits d'un abbé mitre, crossé, peint et doré. J'ai vainement essayé de savoir ce qu'était devenue l'antique image. Elle a dû disparaître depuis longtemps ; elle n'était plus à Méobec, lorsqu'en 1908, M. Hubert publia son ouvrage sur le Bas-Berry. Elle ne devait pas avoir une grande nous le redirons plus loin, que Robert d'Arbrissel, fondateur des deux valeur artistique puisque M. Port, qui la mentionne, ajoute que la disparition de cette statue ne pouvait nuire à la gloire du B. Robert. « Elle était trop informe, ajoute-t-il, pour avoir rien conservé de sa ressemblance. » M. de Pétigny a, par bonheur, inséré dans l'un de ses travaux une planche qui la reproduit. Depuis la restauration de l'église abbatiale de Fontevrault par les Beaux-Arts, il n'y a plus en ce sanctuaire de statue du célèbre fondateur (Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d'Ille-et-Vilaine, Volumes 51 à 53, 1924).
Les rives de la Creuse avec Georges Sand
Gargilesse n'étant qu'à douze lieues de Nohant, George Sand y a fait, en compagnie de Manceau, plusieurs courts séjours: janvier, avril, mai, août et octobre 1858, juillet 1859, mai et juillet 1860, août 1861, juillet 1862, avril 1863.
Au début du XVIIe siècle, Charlotte de Rochefort vend le château à René du Bost du Breuil du Broutet, gentilhomme de petite noblesse mais fort riche, désireux de porter le titre de comte qui s'y rattachait. Partisan de la Fronde, il vient se réfugier au château avec 91 hommes d'armes, 29 serviteurs et 150 chevaux. Le château fut assiégé pendant 15 jours par un détachement des armées de Turenne puis pris d'assaut, incendié et démantelé. Gargilesse n'est plus que ruines et s'endort pour 100 ans.
George Sand présente un des derniers représentants de la lignée, Antoine Charles du Bost du Breuil : « un solide vieillard de quatre-vingts ans qui s'en va encore tout seul, à pied, par une chaleur torride, à travers les sentiers escarpés de ses vastes domaines. Riche de cinquante mille livres de rente, dit-on, il n'a jamais rien restauré que je sache ; mais il n'a jamais rien détruit ; sachons-lui en gré. »
L'arrière-petit-fils d'Antoine Charles est le comte Louis-Marie de Danne. Il participe à la Première Guerre mondiale et reçoit la croix de chevalier de la légion d'honneur à titre militaire, et la croix de guerre. Il va demeure à Gargilesse et fait quelques actions lors de la Deuxième Guerre mondiale en compagnie de son épouse Elizabeth, une américaine née à Chicago. Son fils Louis-Léon de Danne, homme de lettres, plus jeune élu de France en 1953
La résidence fortifiée de « Gargilesse» dépendant de la paroisse du Pin, appartenait à la famille de Naillac, dont on peut citer:
Hugues de Naillac (qui, autour de 1200, a octroyé une charte de liberté aux habitants de la "ville du Pin"), Guillaume de Naillac (dont la tombe, dans la nef de l'église, est datée de 1266), Pierre de Naillac (qui confirma en 1271 la charte de franchise de son ancêtre), Jean de Naillac (qui fut grand panetier de France et périt sous Orléans en 1429.
C'est Hugues de Naillac qui, vers 1200, éleva l'église Notre-Dame du Pin dans l'enceinte de son château. Jusqu'au XVIIe siècle, elle ne fut que l'annexe de l'église paroissiale du Pin; puis elle devint elle-même paroisse. Au-dessus de la porte, un grand Christ en bois peut être attribué au XIIIe siècle (absence de couronne d'épines, plis verticaux de la jupe, pieds non superposés). Dans le bas-côté sud, tombeau de Guillaume de Naillac (†1266), fils de Hugues II de Naillac. Les Berrichons ont voulu reconnaître dans cette statue le saint Guerlichon ou Greluchon dont la fonction était de donner la fécondité aux femmes stériles. Aussi les femmes venaient-elles toucher la statue et en prélever quelques fragments.
C'était il y a bien longtemps, à l'époque des croisades. Le seigneur du pays de Gargilesse, en bon Berrichon, fit comme tout le monde et, avec ses vassaux, il alla jusqu'à Constantinople. Là , un vieux moine, fort expert en sculpture, offrit à nos croisés du Bas-Berry une admirable Madone. Cette statue, en bois de tilleul, enluminée des plus riches couleurs, représentait la Vierge-Mère, assise et portant dans son giron un bel enfant Jésus. La statue fut revêtue d'un long manteau d'azur semé de léopards d'or (les armes de Gargilesse) et fut portée en tête de la petite troupe, pendant toutes les étapes qu'ils firent en Palestine. Ils revinrent par mer. Une nuit de tempête, croyant leur dernier moment arrivé, ils se tournèrent vers la statue et dirent: «Marie, sauvez-nous, nous périssons !» Il leur sembla alors que la statue étendait sa main sur les flots; la tempête s'apaisa et ce fut un grand calme jusqu'à leur arrivée sur la côte de Provence. A leur retour sur les bords de la Creuse, ils voulurent élever un temple digne de cette Vierge. Ils choisirent l'endroit le plus élevé du pays et creusèrent des fondations, jusqu'au roc. Puis ils se mirent à manier pierres, sable et chaux avec une telle ardeur que, le soir, les murs étaient à fleur de terre. Mais, le lendemain, au lever du soleil, plus de murs, plus de chaux, plus de sable! On recommença et, trois jours de suite, le même prodige se renouvela. Alors celui qui dirigeait les travaux, dans un mouvement de colère, jeta au loin le manteau qu'il avait à la main. Mais quand, calmé, il voulut le ramasser, il lui fut impossible de le retrouver. Or, au fond du ravin, entre deux torrents qui viennent s'y réunir, il y avait un énorme rocher presque inaccessible, tout couvert de ronces, d'épines et de genêts, sur lequel personne n'allait jamais. Pourtant, quelques jours plus tard, un petit berger dénicheur de nids s'y hasarda. Et, au sommet, près du nid convoité, il aperçut un manteau étendu sur un lit de roses parfumées. Il redescendit; il raconta sa trouvaille. On se précipita à travers les ronces: le manteau était bien celui de l'architecte; la Vierge Marie l'avait transporté sur la pointe du rocher, indiquant par ce miracle l'endroit où elle voulait qu'on construisît son sanctuaire. Et voilà pourquoi, dans la belle église qui fut vite construite, on vénère encore aujourd'hui la statue de Notre-Dame de Gargilesse, ayant l'enfant Jésus dans son giron.
Les voûtes de la crypte sont décorées de peintures du XVIe siècle. Sous les peintures du XVIe siècle, on a retrouvé en 1961 des peintures du XIIIe siècle: on reconnaît l'Annonciation, la Visitation, le Songe de Joseph, la Fuite en Egypte, l'Adoration des mages (l'écuyer des rois Galopin tient en main trois chevaux sellés). Sur la voûte en berceau, le Christ de l'Apocalypse accompagné du tétramorphe tient dans la bouche le glaive; des anges sonnent de la trompette au-dessus des morts qui ressuscitent.
Georges Sand fit des excursions dans ls ruines de Châteaubrun à Cuzion :
L'herbe haute et fleurie du préau était vierge de pas humains. Toutes choses, d'ailleurs, exactement dans le même état qu'il y a douze ans: la grande voûte d'entrée avec sa double he rse, la vaste salle des gardes avec sa monumentale cheminée, le donjon formidable de cent vingt pieds de haut d'où l'on domine un des plus beaux sites de France, les geôles obscures, et cet étrange débris de la portion la plus belle et la plus moderne du manoir, le logis Renaissance que, dans ma jeunesse, j'ai vu intact et merveilleusement frais et fleuri de sculptures, aujourd'hui troué, informe, démantelé et dressant encore dans les airs des âtres à encadrements fleuronnés d'un beau travail (Promenades autour d'un village).
et à Crozant :
Si l'on suit la Creuse jusqu'à Crozant, où elle est encore plus encaissée et plus fortifiée par les rochers en aiguille, on en a pour une journée de marche dans ce désert enchanté. Une journée d'Arcadie au coeur de la France, c'est tout ce que l'on peut demander au temps où nous vivons. (Georges Sand, Le Berry, IV)
Les premiers siècles de la féodalité ont vu construire peu de forteresses aussi bien assises que celle de Crozant. La montagne qui la porte tombe à pic de chaque côté, dans deux torrents, la Creuse et la Sédelle, qui se réunissent avec fracas à l'extrémité de la presqu'île, et y entretiennent, en bondissant sur d'énormes blocs de rochers, un mugissement continuel. Les flancs de la montagne sont bizarres et partout hérissés de longues roches grises qui se dressent du fond de l'abîme comme des géants, ou pendent comme des stalactites sur le torrent qu'elles surplombent. Les débris de constructions ont tellement pris la couleur et la forme des rochers qu'on a peine, en beaucoup d'endroits, à les en distinguer de loin. On ne sait donc qui a été plus hardi et plus tragiquement inspiré, en ce lieu, de la nature ou des hommes, et l'on ne saurait imaginer, sur un pareil théâtre, que des scènes de rage implacable et d'éternelle désolation. Un pont-levis, de sombres poternes et un double mur d'enceinte, flanqué de tours et de bastions, dont on voit encore les vestiges, rendaient cette forteresse imprenable avant l'usage du canon. Et cependant l'histoire d'une place si importante dans les guerres du Moyen Age est à peu près ignorée. Une vague tradition attribue sa fondation à des chefs sarrasins qui s'y seraient maintenus longtemps. La gelée, qui est longue et rude dans cette région, achève de détruire chaque année ces fortifications que les boulets ont brisées et que le temps a réduites en poussière. Cependant le grand donjon carré, dont l'aspect est sarrasin en effet, se dresse encore au milieu et, miné par la base, menace de s'abîmer à chaque instant comme le reste. Des tours, dont un seul pan est resté debout, et plantées sur des cimes coniques, présentent l'aspect de rochers aigus, autour desquels glapissent incessamment des nuées d'oiseaux de proie (Le Péché de M. Antoine).
Rappelons que c'est à Huriel que se situe un épisode du roman Les Maîtres sonneurs, écrit par George Sand, qui découvrit avec Mérimée les tapisseries de la Dame à la Licorne à Boussac, en 1853, où Jean Huriel, muletier et natif du bourg du même nom, est le fils de Bastien, le "grand bûcheux". Huriel a son collège "Georges Sand" nationalisé en 1976.
L'École de Crozant tient son nom du village de Crozant, situé à la limite nord du département de la Creuse. Elle est composée d'une pléiade de peintres paysagistes qui de 1830 à 1950 travaillèrent sur les rives des deux Creuses (Grande Creuse et Petite Creuse), de la Sédelle et de la Gargilesse à proximité des communes de Crozant et de Fresselines dans le département de la Creuse.
En un peu plus d'un siècle près de 500 peintres fréquentèrent ces lieux. Claude Monet, qui s'installera plus tard à Giverny, au cours d'un séjour à Fresselines de mars à mai 1889, réalisait une série sur le site du confluent des deux Creuses. Il réalisera 23 toiles dans la vallée (fr.wikipedia.org - Ecole de Crozant, www.bude-orleans.org - Sand et la Creuse, fr.wikipedia.org - Gargilesse-Dampierre).
Maison-Feyne
L'église Saint-jean de Maison-Feyne était une possession de l'abbaye berrichonne de Déols. Le plan présente une nef de quatre travées précédant la croisée d'un transept disparu, et le choeur à chevet plat. L'édifice se compose de deux bâtiments distincts. Le premier, composé de deux travées, était une petite chapelle voûtée avec coupole sur pendentifs et clocher sur la dernière travée. Une deuxième église s'ajoute à la première au 13e siècle. De grands arcs doubleaux reposant sur des pilastres avec demi-colonne en saillie séparent chaque travée. A l'intérieur, les chapiteaux sont décorés de feuillages, d'entrelacs et d'animaux. Au chevet, une rose tréflée décore le tympan (www.culture.gouv.fr - Maison-Feyne).
Dun-le-Palestel
L’ancien château de Dun-le-Palestel, qui n’était d’ailleurs qu’un donjon carré fortifié, semble avoir été situé à peu près sur l’emplacement actuel de la maison Bayon-Couret. Dans l’enceinte du château, il y avait une chapelle et la maison du gouverneur. Nous ne savons rien de l’agglomération de Dun à cette époque ; l’enceinte était entourée d’un fossé. La seigneurie à appartenu aux de Brosse puis est passé aux Chauvigny qui possédait aussi Châteauroux, aux Maillé de La Tour-Landry, et aux Aumont et aux Foucauld (Georges VERGEADE, Monographie de la commune de Dun-le-Palestel (Creuse)).
Naillat
L'église Saint-Médard date du XIIIe siècle, fut remaniée au XVe siècle en y ajoutant des croisées d'ogives, et le clocher tors actuel. Celui-ci est constitué d'une tour rectangulaire surmontant le porche, il est surmonté d'une flèche à base rectangulaire mais devenant très vite octogonale et tournant légèrement de gauche à droite. Philibert de Naillac, fut le 34ème grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de 1396 à sa mort, en 1421, fils de Périchon de Naillac, vicomte de Bridiers, seigneur de Naillac et autres lieux (fr.wikipedia.org - Naillat).
Montaigut-le-Blanc
La commune possède un chateau méconnu datant du moyen age (XIe siècle), très massif, énigmatique et austère dont le sommet culmine à 20 m et l'église paroissiale Saint-Pierre-ès-Liens. Edifié au XIVe siècle sur le site dominant d’un ancien château de bois (attesté dès l’an Mil) ce donjon aux lignes pures et sévères fut d’abord une tour de guet, puis après adjonction des remparts en 1415 une demeure seigneuriale, siège d’une garnison, ainsi qu’une halte pour les marchands et un refuge pour les paysans miséreux, victimes de l’insécurité des campagnes (www.tourismecreuse.com - Montaigut-le-Blancl).
Azat-Châtenet
L'église comporte une statue de la décollation de saint-Julien de Brioude (28 août).
Thauron
La montagne où se trouve le bourg de Thauron était jadis couronnée par un oppidum ; elle conserve encore des parties de murs vitrifiés, et de souterrains.
Dans le cimetière, on remarque une colonne terminée en, forme de chapeau portant un cône tronqué. On l'appelle le Chapeau des Anglais et qui doit être un cippe funéraire gallo-romain.
Un autel reconstitué de la pierre des morts à l'entrée de l'église et des fonds baptismaux présente une inscirption. Pas de difficulté pour les lignes 1 et 2 : Num(ini) Aug(usli)jel I(ovi) o(plimo) m(aximo). La ligne 3, d'une lecture difficile par suite de l'altération de la granulite et de la présence des lettres au ras de la cassure de la pierre, dont elles ont eu à souffrir, soulève un problème intéressant. Cette ligne semble évoquer, après la dédicace à la divinité d'Auguste et à Jupiter Optimus Maximus, un nom dérivé de Taranis, issu du mot celtique désignant le tonnerre (irl. toran, gai. taran), et l'on sait la rareté de ce nom dans l'épigraphie.
Le nom de Thauron, selon M. Raymond Sindou, (lettre du 28 août 1957), semble issu de torond, ancien nom de la source, interprétation vraisemblable du fait de la présence d'une source abondante près de l'oppidum. Celui de la rivière Thaurion ou Taurion, qui coule au pied de l'éminence où est perché le village de Thauron, doit avoir la même origine (Jean Perrier, L'autel de Thauron (Creuse)).
Thauron était partagé entre la Marche et le Poitou, le Thaurion constituant la frontière entre les deux provinces. La rive droite appartenait à la Marche, tandis que la gauche (comprenant notamment l'abbaye du Palais-Notre-Dame) était en Poitou. Thauron était une cure de l'ancien archiprêtré de Bénévent qui avait pour patrons saint Christophe et saint Jacques. On voit dans une Bulle du Pape Adrien IV, qu'en 1154 l'église de Saint-Christophe de Tauron était une possession de l'église d'Eymoutiers (www.gendep23.org - Thauron).
Janaillat
François L'Hermite, sieur du Soliers, dit Tristan L'Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche, 1601 et mort à Paris le 7 septembre 1655, est un poète et dramaturge français. Tristan L’Hermite a emprunté son prénom à Louis Tristan L'Hermite, grand prévôt de France sous Louis XI, qu'il prétendait être un de ses ancêtres. Descendant prétendument de Pierre l'Ermite, le prédicateur de la première croisade, sa famille est quasiment ruinée à l’époque de sa naissance (fr.wikipedia.org - Tristan l'Hermite).
Le frère de ce Tristan l'Hermite, Jean-Baptiste de Vauselle, note, dans sa Toscane française, une prétendue origine italienne du neveu de Clément VI, enterré à la Chaise Dieu, qui fut le pape Grégoire XI.
II est vray, que pas vn de nos Historiens François ne contredit ce sentiment, que le Pape Clément VI fut Moine en l'Abbaye de sa Chaise-Dieu, & ne porta jamais d'autre nom que celuy de Roger. Frison dans son Histoire des Cardinaux François, luy donne Vne condition assez médiocre, quoy qu'il le fasse Seigneur du Bourg des Rosiers en Limousin. André du Chene en son Traitté des Papes, s'accorde encorde plus auec nos Italiens, & rend son extraction moindre. 11 dit que ce Pape naquit à Malemont en Limousin, du mariage de Guillaume Roger & de Guillemette sa femme & qu'il fut Baptisé en l'Eglise Sainte Croix de la Parroisse des Rosiers, dont il prit depuis sujet de choisir des roses pour les armes. Le mesme du Chesne rapporte que quelques Autheurs ont écrit qu il avoit vn frère appelle Guillaume Roger, auquel il achepta la Comté de Beaufort, en Anjou. D'autres qu'il auoit vne sœur nommée Jeanne, laquelle il maria à Guillaume Comte de Beaufort; tant y a (dit-il) que de ces deux naquit Pierre Roger, ou de Beaufort, lequel il crea Cardinal, du tiltre de Sainte Marie la Neuve, l'an 1348. & qui fut depuis Pape, sous me nom de Grégoire XI.
Guillaume Comte de Beaufort pouuoit estre le fils du Prince italien Octavio Belforte, souverain de Volterre vers 1340, de Montefeltrio ou Feltreio & que c'est de luy que parle Nostradamus dans son Histoire de Provence.
La Maison de Beaufort, porte pour Armes, comme Clément VI d'argent, à la bande d'azur, accompagnée de six Rozes de gueulfes, posées en ourle, lesquelles Ãl est à croire que Guillaume commença de porter, en épousant la sÅ“ur de ce Pape, & que ses successeurs ont toujours gardées (Jean-Baptiste L'Hermite de Soliers, La Toscane françoise, 1661 - books.google.fr).
La Villedieu
Cette commune de 559 hectares est l'héritière d'un prieuré-cure créé en cet endroit par les moines de Port-Dieu et dédié à leur saint fondateur, saint Robert de La Chaise-Dieu, sur un fonds probablement donné par les Aubusson dans le dernier tiers du XIe siècle. Conquis sur la forêt de La Feuillade, le territoire de La Villedieu a été découpé sur les confins de deux grandes paroisses anciennes : Faux-la-Montagne et Nedde (Bernadette Barrière, Limousin médiéval, le temps des créations, 2006).
Saint Robert ou Sanctus Robertus vient du Bas latin Chrotbertus, Rotbertus, Robertus, hrod= gloire, et berht = brillant, illustre.
Saint Robert de Turlande est un saint catholique français, né vers 1001 à Paulhenc dans le Cantal, mort à La Chaise-Dieu le 17 avril 1067.
Fils de Géraud, seigneur de Turlande et apparenté aux Montclard, famille de la région de Mauriac, par sa mère Raingarde, elle-même sœur de l'évêque Rencon, le Turlande était une châtellenie relevant à l'époque de la vicomté de Carlat et donc en arrière fief de l'abbaye d'Aurillac (fr.wikipedia.org - Robert de Turlande).
Robert de Turlande devint chanoine-comte de Brioude. Ses relations avec le chapitre de Brioude étant exécrables et insatisfait de cette vie canoniale, il part pour Cluny afin d’y étudier la règle bénédictine et pour Rome, probablement pour présenter sa version du conflit qu’il avait avec le chapitre de Brioude. Le 28 décembre 1043, il arrive avec deux compagnons sur le rude plateau du Livradois où il s’installe afin d’y vivre, dans la solitude avec Dieu, à côté d’une petite chapelle dédiée aux saints Vital et Agricol. Il appelle ce lieu « Casa Dei », ce qui devint La Chaise-Dieu.
Le rayonnement de Robert était tel qu’en 1067, à sa mort, l’abbaye et les prieurés qui en dépendaient comptaient trois cent moines. Ce rayonnement tenait à sa foi (attachant en particulier un grand prix au culte marial), à sa charité (faisant de l’abbaye un lieu d’accueil et d’aumône, qui restera la marque de cette abbaye), et sans doute à son énergie (dès 1052, il avait obtenu la protection du roi de France Henri Ier et du pape Léon IX). Robert se fait enterrer sous le porche de son église : sa tombe n’a pas été déplacée et se trouve maintenant devant le jubé. Il est canonisé en 1070, et fêté le 24 avril, et sa tombe devient un lieu de pèlerinage. En 1095, avant de lancer la première croisade depuis Clermont, le Pape Urbain II tint à venir prier sur sa tombe. (www.abbaye-chaise-dieu.com - L'élan monastique).
La volonté du pape Clément VI de faire construire une église abbatiale monumentale pour abriter sa sépulture a conduit à de véritables tours de force. Le chantier fut conduit avec une extrême diligence : commencés en 1344, les travaux étaient pratiquement achevés à la mort du pape en 1352.
Bugeat
L'église Saint-Pardoux construite du 14ème au 15ème siècle a un style de transition : le chœur et le transept sont classés monument historique ainsi que la cuve baptismale de facture romane (XIIème siècle).
Sous la plume de l’académicien Henri Troyat, marié à une originaire de la commune, BUGEAT se trouva changé en LA CHAPELLE AU BOIS dans son roman "Les Semailles et les Moissons ".
Bonnefond
L'église Saint-Médard du XVème siècle recèle une Vierge de Pitié. On trouve à Bonnefond le tilleul de Sully, le menhir du Pilard, la fontaine de Saint Médard, la Croix de la Nocaudie, les ruines du château d'Anglard.
Pradines
La Chaise-Dieu patronne quatre prieurés-cures et autant de simples paroisses dans le diocèse de Limoges ; beaucoup plus loin vers l'ouest, elle gouverne des prieurés aux confins du Poitou et de la et de la Marche (à Lathus, au sud de Montmorillon) et en Saintonge (Trizay, au sud de la Charente, au bord du rivage médiéval) : probablement faut-il évoquer là la route du poisson et du sel. Les observations des historiens de l'art permettent d'ajouter l'exemple,relatif aux maîtres d'œuvre, de Guinamaud, moine de La Chaise-Dieu, à propos duquel les textes disent qu'il exécute mirabiliter les sculptures du tombeau de saint Front à Périgueux vers 1077-1081.
Les quatre prieurés-cures sont : Lafage s/Sombre (Corrèze, Tulle, Lapleau), La Vedrenne (commune d'Égletons, Corrèze, Tulle, chef-lieu de canton), Saint- Robert (Corrèze, Brive, Ayen), La Chapelle-Saint-Robert (commune de Javerlhac, Dordogne, arr. et canton de Nontron) ; les simples paroisses sont : Varaignes (Dordogne, Nontron, Bussière-Badil), Bonnefond (commune d'Yssandon, Corrèze, Brive, Ayen), Pradines (Corrèze, Ussel, Bugeat) et Lagleygeolle (Corrèze, Brive, Meyssac) (Jean-Luc Fray, Auvergne et Limousin, Construction de l'espace au Moyen Âge : pratiques et représentations, Publications de la Sorbonne, 2007).
Le village de Vietheil conserve l'une des croix les plus étranges de la Corrèze. Plantée sur un mur, cette croix s'apparente à un menhir retaillé avec deux bras courts en forme d'oreilles et un petit montant supérieur contre lequel s'adosse la tête du Christ. la datation de cette croix doit être antérieure à l'installation des Antonins à Lestards : une chapelle est mentionnée à Vetulo Tilio en 1154. La croix des Jaillants au col des Géants est de la même veine (Jacques Baudoin, Croix de Corrèze, 2006).
Rosiers-d'Egletons
Pierre Roger ou Rogier (1291-1352), né sur la commune de Rosiers d'Egletons, en Corrèze, et mort à Avignon, est le 198e pape sous le nom de Clément VI. Il est aussi le 4e pape d'Avignon. A l’âge de 10 ans, il devient novice à la Chaise-Dieu. Destiné à la vie monastique, il est surtout remarqué par sa prodigieuse mémoire, ses facilités d’expression et la justesse de son jugement. L’abbé de La Chaise-Dieu l’envoie étudier à la Sorbonne en 1307, alors qu’il n’a encore que 15 ans. Il y fait des études de philosophie, de théologie et sans doute de droit. Il est fait docteur en théologie en 1323 avant d’avoir achevé le curriculum complet. Ordonné prêtre, il se fait remarquer pour ses talents oratoires. Nommé Proviseur à la Sorbonne, il y enseigne jusqu’en 1327. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec le Cardinal de Mortemar (également du Limousin), ainsi qu’avec le fils du roi, le futur Jean le Bon, et avec le fils du roi de Bohême, le futur empereur Charles IV.
Pendant toute cette période, il garde ses attaches casadéennes, se faisant attribuer les fonctions (et les revenus) de prieur de Saint-Pantaléon (diocèse de Limoges), puis de Savigneux (diocèse de Lyon) et de Saint-Baudile (diocèse de Nîmes). C’est alors que se produit le fameux épisode au cours duquel il fût assailli dans la forêt de Randan et blessé au crâne, alors qu’il se rendait de Paris à La Chaise-Dieu, sans doute pour participer à un Chapitre général. Il trouva refuge chez l'abbé de Thuret qui lui prophétisa : "Lorsque vous serez Souverain Pontife, vous me rendrez la revenche".
En 1327, il quitte l’Université et commence une carrière épiscopale : évêque d’Arras, puis de Sens, enfin archevêque de Rouen, il est nommé cardinal en 1338. Parallèlement, il exerce des fonctions de Garde des Sceaux et de Président de la Cour des Comptes auprès du roi Philippe VI de Valois.
Dès qu’il eut connaissance du décès de Benoît XII, le 25 avril 1342, Philippe VI de Valois dépêcha Jean de Normandie pour influencer la Sacré Collège en faveur de son candidat le cardinal Pierre Roger. Malgré l’urgence, le prince héritier n’arriva que le 7 mai à Avignon au moment même où les portes du conclave se refermaient sur les cardinaux. Le nouveau pontife était à l’opposé de l’ascétique Benoît XII et son règne fastueux allait le faire surnommer Clément VI le Magnifique. Il le démontra dès le 19 mai, jour de son couronnement. Il fut plus que somptueux.
Clément VI était entré dans le palais construit pour Benoît XII. Cela ne parut point suffisant à celui qui savait être pape ! Jean de Loubières fut chargé d’édifier un Palais neuf digne du Magnifique. Avec sa nouvelle façade, le palais prit l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. Et Clément VI n’oublia pas de faire placer les armoiries des Roger sur l’entrée principale, au-dessus du nouveau portail des Champeaux.
Le 6 décembre 1352, vers midi, à la suite d’une dernière crise aiguë de gravelle, il expira. Le transfert du pape défunt à la Chaise-Dieu n’eut lieu qu’au printemps 1353. Le cortège funéraire, conduit par le cardinal de Beaufort, fut accueilli le 8 avril 1353 par son cousin Étienne d’Aigrefeuille qui dirigeait l’abbaye auvergnate (fr.wikipedia.org - Clément VI, www.abbaye-chaise-dieu.com - Clément VI).
Cet ancien moine bénédictin, archevêque de Sens, puis de Rouen, aurait déclaré, sitôt son élection, en jouant sur son nom de Rosiers : "Je planterai dans l'Église de Dieu un tel rosier de Limousin qu'après cent ans il aura encore des racines et dezs boutons." En effet, il comble d'honneurs ses proches, leur accordant évêchés, archevêchés et légations (Limousin Berry, Le guide vert, 2011).
Les armes de Clément VI (armoiries des Roger) sur la Porte Champeaux, Palais des Papes, Avignon
Jean-Marc Rosier de http://www.rosier.pro
Pierre Roger de Beaufort (né en 1329 ou 1331 sur la commune de Rosiers d'Egletons en Corrèze – mort le 27 mars 1378 à Rome) fut le 201e pape du 30 décembre 1370 à sa mort sous le nom de Grégoire XI.
Pétrarque, décédé le 28 juillet 1374, était intervenu à plusieurs reprises pour plaider le retour du pape à Rome. De même Catherine de Sienne est dite être venue à Avignon pour pousser Grégoire XI à ce retour. Le pape reçut d'abord son confesseur, Raymond de Capoue, puis la dominicaine qui arriva le 18 juin 1376. Elle venait tout simplement demander au pape d'organiser une croisade contre les infidèles et de faire la paix avec Florence. Ce qui n'était pas du tout dans les intentions de son interlocuteur.
De plus Grégoire XI, dès le 9 mai 1372, avait déjà annoncé son intention de rejoindre Rome, volonté qu'il avait à nouveau confirmée lors du consistoire de février 1374. Il demanda simplement à la Siennoise de lui confirmer que son intention était la bonne, ce qu'elle fit, et pour la remercier de son aval, il lui accorda, par privilège pontifical, l'octroi d'un autel portatif sur lequel la messe pouvait être célébrée là où elle se trouvait.
Comme le constate l'historien Jacques Chiffoleau, l'influence de Catherine de Sienne a été exagérée, la décision d'abandonner Avignon étant déjà prise depuis longtemps. L'intervention de Catherine de Sienne vient seulement raffermir le pape dans son choix.
Le voyage de retour est bien connu, grâce à un fidèle compte rendu établi par Pierre Amiel de Brénac, évêque de Sinigaglia, qui accompagne Grégoire XI durant tout le voyage. Le départ d'Avignon a lieu le 13 septembre 1376 à destination de Marseille pour s'y embarquer le 2 octobre. La flotte pontificale fit de nombreuses escales (Port-Miou, Sanary, Saint-Tropez, Antibes, Nice, Villefranche) pour arriver à Gênes le 18 octobre. Après des arrêts à Porto Fino, Livourne, Piombino, l'arrivée à Corneto a lieu le 6 décembre 1376. Le 13 janvier 1377, il quitta Corneto, débarqua à Ostie le jour suivant, et remonta le Tibre vers le monastère San Paolo. Le 17 janvier 1377, Grégoire XI descend de sa galère amarrée sur les berges du Tibre et pénètre dans Rome entouré des soldats de son neveu Raymond de Turenne et des grands seigneurs provençaux et napolitains.
Comme son oncle Clément VI, Grégoire XI avait souhaité une sépulture dans l'église de l'abbaye de La Chaise-Dieu, mais les Romains n'acceptèrent pas de laisser emporter le corps, et il fut enterré à Rome. Les clefs de voûte de l'abbaye de La Chaise-Dieu portent les armes de Clément VI aux premières travées et de Grégoire XI aux dernières.
Grégoire XI est le dernier pape français. Après sa mort, dans la nuit du 26 au 27 mars 1378, s'ouvre le Grand Schisme d'Occident (1378-1417) (fr.wikipedia.org - Grégoire XI).
Champagnac-la-Noaille
L'origine gallo-romaine est confirmée par l'archéologie : vestiges aux Fontanelles, à Sévezergue, à la Femme Morte et à la Vialatte-Basse. Le nom de Champagnac-la-Noaille tire son surnom (la Noaille) de la seigneurie qu'elle enfermait dans ses limites. Pendant la Révolution, elle porta le nom de Champagnac-le-Doustre, du nom de la seigneurie qu'elle enfermait dans ses limites.
La Noaille avait un château possédé successivement par les Mirambel, les Cardaillac et les Roquemaurel. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut acquise par la famille Lallé. Les armes des Mirambel sont d'argent aux trois miroirs de même, bordés de gueules (www.champagnac-la-noaille.com).
La Xaintrie
La Xaintrie est formée par 2 régions géographiques : la Xaintrie blanche, entre Dordogne et Maronne (canton de St Privat : 10 communes) et la Xaintrie noire, entre Maronne et Cère (canton de Mercoeur : 10 communes). Ici l'on est dans la blanche.
Le village de Darazac se situe en Xaintrie. Ancien mot signifiant une borne ou limite. La Xaintrie est un ancien territoire des pères abbés d'Aurillac et des Vicomtes de Turenne. C'est une région calée entre le Bas Limousin, l'Auvergne et le Quercy, sur un plateau entaillé de gorges profondes formées par le cours d'eau de trois rivières la Maronne, la Cère et la Dordogne. Sa situation très enclavée, jusqu'alors, lui a permis de préserver une qualité de vie rurale, un patrimoine traditionnel et architectural exceptionnel qui vous surprendra. Darazac a conservé un caractère architectural authentique.
Saint Cirgues La Loutre ne prit son nom définitif qu'en 1920. Pourquoi la loutre ? peut-être ce petit mammifère était-il très répandu pendant longtemps ? ou tout simplement un rappel de sa légende. La tradition locale rapporte qu'au moment de bâtir l'église le chef maçon était très embarrassé car tous les matins le travail de la veille était effondré. Alors pour conjurer le sort il décida de lancer son marteau et de la construire à l'endroit où il tomberait. En tombant le marteau tua une loutre dans un vivier. Cette légende fut inscrite dans la pierre en deux points : l'un dans la clef de voûte et l'autre entre les baies du clocher.
Saint Cirgues, terre des seigneurs de Merle et de Veyrac, eut à partir de 1218, il faut le signaler, un curé avec une situation exceptionnelle, il était seigneur de la paroisse et seigneur haut justicier. On voyait sa potence se dresser dans les Fraux une colline dominant le bourg. L'église Saint-Cyr est du du XVème siècle. La loutre et son marteau se trouvent sculptés entre les baies du clocher et à l'intérieur sur la clef de voûte. Travaillé dans la pierre, Saint Julitte et son fils saint Cyr sont à à côté d'une petite croix qui les sépare de Saint Jean (www.saint-cirgues.correze.net).
En Europe, le rôle de psychopompe accordé à la loutre est attesté. Le symbolisme de la loutre (irlandais doborchu ; gallois dyfrgi ; breton dourgy, littéralement chien d'eau, est complémentaire de celui du chien. Cuchulainn commence la série de ses exploits en tuant un chien et les termine, quelques instants avant de mourir, en tuant une loutre d'une pierre de fronde (Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles, lafont, p. 584).
Bassignac tient assurément l’une des plus belles croix Limousines à l’abri sous son Ouradou. Chef d’œuvre de la sculpture religieuse de la fin du XVeme siècle, son fût s’étage en douze tableaux représentant les scènes de la vie du Christ. Dans les angles, les douze apôtres et, au-dessus, les quatre évangélistes. La croix est biface : d'un côté, la crucifixion sous les yeux de Saint-Pierre et de Saint-Michel. Au dos, Notre-Dame de la Pitié, entre sainte Madeleine et saint Jean, présente le corps inanimé de son fils (www.ot-xaintrie-correze.com, www.grenooye.com - Bassignac-le- Haut).
Saint-Privat est placé au coeur de la Xaintrie Blanche. Autrefois appelé "Betegum", son bourg a été entièrement reconstruit suite à plusieurs incendies et notamment celui de 1885 qui n'épargna que l'Eglise, le Presbitère et quelques maisons du centre.
Malesse, connu dès le XIIIeme siècle, ancien château des Veyrac puis des Noailles au XVIeme siècle, a été le théâtre de guerres de religion. Guillaume de Malesse, familier du Pape Clément VI, nommé clerc de la Chambre apostolique, est « une fleur du rosier limousin » et est chargé de l'achat de la ville d'Avignon appartenant à la reine Janne de Naples (1349).
Il protège son neveu Guy de Malesse, qui obtient vite l'évêché de Lodève (1370) puis celui de Poitiers (1371). Guy devient le chapelain du Pape Urbain V et obtient le chapeau de cardinal, de son cousin, le Pape Grégoire XI (1374). Ce dernier l'emmène à Rome. Il fait partie de commissions théologiques, et écrit un ouvrage de valeur : Sermo Super Schismati. Après la mort de Grégoire XI, il lui manque 12 voix pour être élu Pape. Il meurt en 1412 (M.M. Macary, Châteaux en Limousin: La Corrèze, 1972).
Privat, est martyrisé par les Vandales de Chrocus au IIIème siècle, pour avoir refuser de livrés ses paroissiens. Il aurait été enterré vers le lieu où prit fin son martyre, son corps ayant été transporté par saint Ilpide. C'est là où fut enterré Privat que se sont construites plusieurs églises successives, jusqu'à ce que le pape Urbain V, pape français comme Clément VI et Grégoire XI, né à Grizac, décide de la magnifier, en érigeant la Basilique-cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende (fr.wikipedia.org - Privat de Mende).
Le Cantal (Déribier Du Châtelet, Dictionnaire statistique du département du Cantal, 1824, Jean Baptiste Déribier du Chatelet, Dictionnaire statistique: ou, Histoire, description et statistique du département du Cantal, Volume 3, 1853).
Rouffiac
Rouffiac, commune du canton de Laroquebrou, est à -peu-près en plaine, ayant beaucoup de bois et de bruyères au N. et à l’E.; elle produit du grain, des fourrages, et l’on y engraisse des troupeaux de moutons ; elle limite à l'O. avec le département de la Corrèze. L’église était un prieuré dédié à saint Martin. Assez vaste (31 m 50 x 14 m 50), l'église, précédée d'un massif clocher-porche, comprend trois travées accompagnées de chapelles latérales et un chœur couvert d'une voûte sexpartite. Au Sud est une petite crypte qui abrite une Vierge de pitié et qui n'est, peut-être qu'un ancien caveau funéraire.
On remarque le château de La Pachevie, qui passa de la famille du même nom, aux Carbonnières, Branquillanges puis Chapel de la Salle en 1637 par mariage. Edifice à l'architecture caractéristique des châteaux cantaliens qui allient conception classique et utilisation de matériaux traditionnels locaux. Le fief est mentionné pour la première fois en 1379. L'édifice présente une structure médiévale (XIVe-XVe siècle) une chapelle ornée de peinture du début du XVIIe et un corps de logis réaménagé au XVIIIe siècle après un incendie (La sauvegarde de l'art français: cahier 2, Volume 2, 1982, www.chateau-fort-manoir-chateau.eu - Château de la Pachevie).
Roumégoux
Roumégoux, commune du canton de Saint-Mamet, est un pays coupé de collines et assez boisé. On y voit plusieurs étangs et le ruisseau de La Mouleyre arrose ses pacages qui sont médiocres. Le produit en grains est faible. Il y a un château à peu de distance du bourg. Hugon de Roumegoux vivait en 1171. Cette terre a appartenu à la maison de Bourbon-Malause. L’église, sous l’invocation de saint Paul, est située sur une monticule. Non loin de-là est la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce.
La chapelle de Bournioux, du XVIIème siècle, au-delà de Roumégoux, est liée à la légende dorée de saint Géraud : de l'eau jaillit à l'endroit où l'on venait de déposer son cercueil et désaltéra les porteurs (Christian Marchi, Le Cantal, 1995).
Siran
Siran est une commune du canton de Laroquebrou. C’est un pays de bois en taillis considérables, de bruyères et de marais, produisant néanmoins des grains et des châtaignes, mais peu de fourrages. On y élève des moutons. L’église est dédiée à saint Martin. On voit à la Balbarie une chapelle, annexe de Siran, construite en 1750, sous l’invocation de saint Joseph. Cette commune limite avec le département du Lot.
Parlan
Parlan, commune du canton de Saint-Mamet, est située au pied des montagnes, dans la partie qui limite le département du Lot. Le sol produit peu de grains, et est souvent déchiré par les eaux pluviales. Il y a de bons pacages, quelques prairies, des bois et plusieurs étangs. Le ruisseau des Calmels fertilise cette commune. On remarque le château de M. de Sagne, qui autrefois était à la famille de La Garde de Parlan. Pierre de Sagne fut ambassadeur en Pologne en 1519. Le sieur de Parlan aida le dauphin Henri II à sortir de la prison de Montlhery, où son père irrité l’avait mis, et les réconcilia ; il fut chambellan d’Henri III et ambassadeur en Angleterre; il mourut en 1586. L'église était un prieuré sous l’invocation de saint Georges.
Montvert
Montvert était un prieuré dépendant de l'abbaye d'Aurillac et à la présentation de son abbé. L'architecture de son église est de l'ordre hyzantin; des colonnettes, faisant le tour du chœur et du rond-point, la rendent remarquable. Elle est sous l'invocation de saint Geraud. Il y a une chapelle souterraine, dédiée à Notre-Dame-de-Pitié.
Glénat
Glénat est une commune du canton de Laroquebrou et possède une église prieurale dédiée à Saint Blaise. On y remarque l'ancien château à la famille de Beauclair.
Le Cros de Montvert
Le Cros-de-Montvert possède une église vouée à Sainte Madeleine et possède un retable des XVIIème-XVIIIème siècles avec un panneau de bois représentant la sainte Famille devant un feu de bois et surmontée d'une colmbe tenant une couronne étoilée dans son bec.
Saint Nazaire près d'Elne
Le village de Saint Nazaire, sur l'axe du 12 janvier, se trouve près d'Elne et pourrait avoir un rapport avec un saint obscur roussillonnais.
"Propre de saint Michel de Cuxa :
5 janvier : s. Flamidien, obscur martyr du Conflent, dont le nom avait été donné, dès le Xème siècle, à une montagne proche du Mont canigou, le Mons Flamidinus.
12 janvier : Nazaire, prêtre du Roussillon. Ses reliques, ainsi que celles de saint Flamidien, furent déposées, entre 1010 et 1020, dans la « confession », c'est-à -dire la crypte connue aujourd'hui sous le nom de Notre-Dame de la Crèche, par les soins du célèbre abbé Oliba (Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 11, 1980 - books.google.fr).
En 1008, c’est le petit-fils du comte Seniofred, Oliba, qui est élu la même année abbé de Ripoll et de Cuxa. Il sera aussi évêque de Vic en 1017, et fondateur de Montserrat. Il va profondément transformer l’abbaye en construisant au-devant de l’église Saint-Michel les deux sanctuaires superposés de la Crêche (Pessebre) et de la Trinité, qui communiquent avec Saint-Michel par des galeries. Il augmente aussi le sanctuaire de trois absides, voûte les bas-côtés de la nef, construit les clochers, élève un baldaquin ouvragé au-dessus de l’autel de Garin. C’est un homme de grand prestige, qui s’est rendu au moins deux fois à Rome, et qui a proclamé la Trêve de Dieu dans le diocèse d’Elne en 1027. Il meurt à Cuxa en 1046.
L’abbaye, fondée à l'emplacement d'un très modeste oratoire dédié à Saint Germain, bénéficia de la protection des comtes de Cerdagne-Conflent, maintenant issus de la famille de Guifred le Velu (Wifredus), comte de Barcelone en 870, famille qui va consolider son emprise sur l’ancienne marca hispanica (marche d’Espagne de l’empire carolingien) et deviendra plus tard, en 1137, la maison royale de Catalogne-Aragon.
A partir de 956, on rebâtit donc l’édifice plus somptueusement, sur le plan d’une grande basilique, dont l’autel majeur est consacré le 30 septembre 974, sous l’abbatiat de Garin (Warinus), moine venu de Cluny vers 965 et placé à la tête de cinq abbayes méridionales. C’est cette basilique aux arcs outrepassés, couverte en charpente, qui survit jusqu’à nos jours, une des plus grandes grandes et significatives églises pré-romanes d’Europe. Garin, impliqué dans la grande politique de l’époque, provoquera la retraite à Cuxa du Doge de Venise Pietro Orseolo, qui abdique en 978, et mourra à l’abbaye en odeur de sainteté en 987 (www.cuxa.org).
Issu de la famille de S. Guillaume duc de Toulouse, Oliba étoit, l'an 819 et peut-être môme plus tôt, comte de Carcassonne et de Rasez. On le voit encore revêtu de cette dignité en 836. On conjecture qu'Oliba étoit frère de Sunifred, père de Wifred le velu, comte de Barcelonne (Art de vérifier les Dates : Chronologie historique des Comtes et Vicomtes de Carcassonne et de Rasez) (Alphonse Jacques Mahul, Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne, Volume 5, 1867 - books.google.fr).
Sunifred Ier de Barcelone né en 805 - mort en 849 fut comte de Barcelone, Gérone et Osona de 844 à 848, comte d'Urgel, comte de Besalu, comte de Cerdagne de 834 à 848, comte de Narbonne, de Béziers, de Nîmes, d'Agde et de Lodève, succéda à Bernard de Septimanie, époux de Dhuoda d'Uzès. Sunifred 1er est le troisième fils de Bellon, comte de Carcassonne. Il a pour fils Miron II comte de Cerdagne et d'Urgell. Sunifred II, mort en 968 à l'abbaye Saint-Michel-de-Cuxa, est le fils de Miron II de Cerdagne et d'Ava de Cerdagne. Il est le frère de Guifred II de Besalú, d'Oliba Cabreta et de Miron III de Cerdagne. Il est mort sans descendance. L'abbé Oliba de Cuxa est le fils d'Oliba Cabreta (fr.wikipedia.org - Sunifred II de_Cerdagne, pyreneescatalanes.free.fr - Guifred, Autour de Rennes le Château : Rennes les Bains, la Petite Ourse et le Dragon).
Conclusion
Rouziers se trouve sur la diagonale du petit nonagone Lussan - Sommet au large de La Rochelle qui fait partie de l'étoile DAN (YOR DAN). Il se trouve aussi sur la branche horizontale de la croix d'Huriel qui relie Rochemaure à Fronsac mais aussi Marcolès (9 janvier) et Carsac (23/24 février) de la Marguerite aux 24 pétales et 24 dates qui peut être aussi une Rose des vents. La Chaise-Dieu se situe près de La Chapelle-Geneste (9 décembre) (Diagonale Lussan - Sommet au large de La Rochelle, Super-étoile ou la Marguerite, YOR DAN, Deuxième étoile : DAN).
La Cassaigne se trouve sur la diagonale Rennes-le-Château - Edern et Huriel sur Rennes-le-Château - Vieille-Chapelle (La Belle étoile : Huriel/Uriel).
Jean de Rochetaillée ou Roquetaillade, né à Marcolès, raconte qu'en 1345 il fut emprisonné et mis aux fers dans le couvent de son ordre, à Figeac, par Guillaume Farinier, ministre provincial d'Aquitaine. C'est au mois de juillet de la même année, pendant qu'il est en prière au milieu de sa prison, que l'avenir se dévoile à son intelligence. Ses prophéties, fondées sur la sainte Ecriture, et particulièrement sur l'Apocalypse, sont relatives aux papes et aux princes chrétiens, aux guerres qui régnaient alors entre la France et l'Angleterre, aux tribulations de l'Eglise, mais surtout à l'Antechrist et à la fin du monde. Le premier Antechrist, dit-il, proviendra de Frédéric, empereur déposé, et de Pierre, roi d'Aragon; il sera ce Louis qui doit régner sur la Sicile avec le titre de roi de Trinacrie. Le nom de ce prince, en latin Ludovicus, contient, comme celui dela bête de l'Apocalypse, le nombre 666 (LVDVICV ou DCLVVVI). On cite (f. 132 verso) l'opinion du célèbre Arnaud de Villeneuve, qui parait à cet égard avoir partagé les erreurs de son siècle. Nous voyons, au recto du feuillet 51, qu'en 1346, le même Rochetaillée se trouvait en prison à Toulouse, dans le couvent des Frères Mineurs, lorsqu'il eut une seconde vision. Il est constant par son témoignage que le pape Clément VI le fit transférer ensuite à Avignon, dans la prison du Soldan, où il écrivit ces prophéties au mois de novembre 1349. Dans une lettre adressée au Frère Perot, religieux du même ordre et docteur en médecine, Jean de Rochetaillée rappelle qu'il avait prédit la prise du roi Jean et sa captivité en Angleterre. Les prophéties qui viennent ensuite sont tirées, en grande partie, du livre qu'il avait composé sous ce titre: Vade mecum intribulatione, Ve ab mi en tribulacio. Elles étaient d'abord en latin, comme les précédentes, et ont été traduites en roman par un autre Frère Mineur. Plusieurs historiens, notamment Froissart, Henri Sponde et Luc Wadding, prétendent que ce fut seulement en 1356 ou 1357, sous le pape Innocent VI, que fut mis en prison ce malheureux visionnaire. Les passages transcrits ci-dessus prouvent que sa captivité remonte à Clément VI. L'époque de sa mort est incertaine (C.-G.-A. Lambert, Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Carpentras, 1862).
Grizac se trouve sur la même diagonale que Rouziers : Lussan - Sommet au large de La Rochelle. Guillaume Grimoard y naquit. Il fit de brillantes études à Montpellier et à Toulouse. Puis il se fit bénédictin au monastère de Saint Victor à Marseille. Le Pape Clément VI le nomma abbé de Saint Germain d'Auxerre. Ensuite, il revint à Saint Victor dont il fut l'abbé. Puis il fut élu Pape sous le nom d'Urbain V et eut le dessein de ramener la papauté d'Avignon à Rome. Ce dessein s'accomplit en mai 1367, mais Urbain V prit le chemin du retour pour Avignon en 1370 au cours duquel il décéda (carmina-carmina.com - Dictons de décembre).
Dan, entre Jugement (Justice) et Paradis
Les découvertes de Ras Shamra qui, on peut le dire sans emphase, ont complètement renouvelé notre connaissance du Proche Orient en général, et du la Phéuicie en particulier, y seront éditées en deux séries, l'une contenant les documents épigraphiques, l'autre les monumenls archéologiques. Dans ce volume nous avons La Légende de Danel, indiquée par le sigle D, et dans le volume suivant La Légende de Keret, roi des Sidoniens, qui a pour sigle K. On ne saurait trop insister sur les titres que l'auteur s'est acquis à la reconnaissance des orientalistes, en s'allachant à la besogne ingrate de copier, transcrire, traduire des textes souvent obscurs, énigmatiques, écrits dans une langue dont la connaissance évolue en même temps que paraissent de nouveaux documents.
La légende de Danel, qui fait l'objet principal de l'ouvrage que nous analysons, n'appartient pas au cycle ordinaire des légendes épiques et mythologiques de Ras Shamra. Le nom du héros, Danel, ne reparaît pas dans la contevture des épisodes merveilleux où figurent les protagonistes du panthéon d'Ugarit. Nous avons affaire ici à une de ces légendes traditionnelles, analogue, selon nous, à celles d'Adapa, d'Etana, d'Atar- hasis, etc., dans la littérature de Su mer et d'Accad. ou mieux encore à l'épopée de Gilgamès qui fut diffusée dans tout/ l'ancien Orient. De Danel nous n'avons que des membra disjecta, à savoir qttatre tablettes ou fragments de tablettes. Or « les quatre documents réunis, s'ils étaient intacts, feraient un total de i .200 lignes, au moins ; mais, de ces 1.200 lignes, il en reste à peine 400. Il paraît superflu d'ajouter que rien n'autorise à penser que la légende tenait, tout entière, dans ces quatre tablettes ; il est, au contraire, bien vraisemblable qu'il y en avait d'autres encore, appartenant au même cycle » (p. 85).
La mise en scène est précédée de la présentation des personnages par M. Virolleaud (p. 87 ss.). Le nom du protagoniste est Dn-'él, lu Dan-El « El est juge », nom qui a été aussitôt rapproché par JM. Dussaud du sage Daniel mentionné dans Ezéchiel, xiv, 14 et 20, entre Noé et Job, puis (ibid., xxviii, 3) dans l'apostrophe au roi de Tyr : « Voici que tu es sage plus que Daniel ! » Le kethîb est partout Dn'l ; mais il est probable qu'on lisait Daniel, comme le suggère le Qeré, de même qu'on prononçait Élimélech le nom transcrit 'élmlk à lias Shamra (p. 87, n. 1 ; Syria, XV, p. 241). Le personnage n'a rien de commun avec le voyant légendaire Daniel, qui appartient à la littérature de basse époque, celle du temps d'Autiochus Epiphane.
Pour ma part, je serais assez porté à rapprocher Danel d'une autre figure légendaire, celle de Dan, l'ancêtre des Danites. Le nom de Dan, fils de Jacob, est hypocoristique de Dn-'êl, de même que Jacob provient de Ya 'aqobh-èl. Le Danel d'Ugarit est ainsi campé dans la légende (I D, V21-y25 et II D, 5, 6-8, trad. Virolleaud) :
I1 se dresse (puis) il s'assied devant la porte, sous les (arbres) magnifiques qui (sont) prés de l'aire (et là ) il juge le procès de la veuve ; il établit le droit de l'orphelin.
Cette allusion directe au nom de Danel « El est juge », je la retrouve dans la vieille bénédiction de Jacob, l'un des plus curieux morceaux poétiques de l'Ancien Testament (mon ouvrage, La poésie biblique, p. 99 ss.), tout en assonances, en jeux de mots, en figures étymologiques :
Dan juge son peuple Comme une des tribus d'Israël (Gen., XLIX, 16.)
Le rôle joué par les Danites dans la fondation du sanctuaire de Dan, avec son idole et son prêtre (Juges, wn-xvm), le changement du nom de la ville de Laïsh en celui de Dan « du nom de Dan, leur père » (ibid., xvui, 27-31), la survivance du culte idolatrique de Dan au temps des Rois, sous la forme du veau d'or (I,Rois, XII, 29)), autant de traits qui mettent les Danites à part des autres tribus et qui suggèrent de chercher des relations entre eux et Danel, ce dernier étant peut-être la figure mythique d'où serait issue celle de Dan. Le nom de Dan a survécu dans celui de tell-el-Qadi « tell du Juge » près de Banias. Un coup d'oeil sur la carte montre que Danites et Sidoniens ont pu être en rapports constants. Et c'est à Sidon que se sont élaborées les légendes de Danel et Kéret (cf. p. 123). L'étude de M. Dussaud dans Syria, 1936, p. 283 ss, met précisément en relief les cultes cananéens aux sources du Jourdain d'après les textes de Ras Shamra.
Il semble bors de conteste, d'après les passages alignés dans les pages 87-90, que le héros Danel porte un double nom et un double titre. C'est le procédé commun aux poèmes homériques et aux anciennes légendes accadiennes. Le Noé babylonien, Uta-napishtim est aussi Atarhasis, « le très intelligent. » Les deux appellations parallèles de Danel sont dn-'él mt rp'é et gzr mt hrnmy. L'élément gzr, comme le suggère l'auteur (p. 88, n° 3), équivaut à l'hébreu 'zr. Je vocaliserais volontiers 'gôzêr participe ou adjectif verbal « celui qui aide, l'auxiliaire ». On trouve quelquefois dans les textes de Ras Shamra la juxtaposition 'él gzr qui est interprétée u le dieu gezer » (p 89). 11 y a lieu de se demander si le dieu gzr n'est pas issu d'une équivoque. La locution où apparaît 'él gzr est constamment ydd 'él gzr, doublet de bn 'é Im Mt « Mot, le fils des dieux. » La composition de la seconde formule inciterait à comprendre la première « Gzr, aimé d'El », ou, dans le cas particulier de I'AB, I, 12b-14a, « Gzr, aimé du fils d'El. » Par un système d'équations dont raffolent les mythographes d'Ugarit, nous avons ainsi une nouvelle identification. Danel-Ghôzêr devient une figure de Mot sur la terre. Ainsi nous ne nous étonnerons plus d'avoir pour Danel le qualificatif Mt-rp é' « Mot qui guérit » et pour Ghôzêr celui de Mt-hrnmy « Mot de Hrnm. »
La forme Hrnm, supposée par l'ethnique hrnmy, est certainement un pluriel ou un duel, comme dans les noms géographiques hébreux Hermonim et Horônayim. Or, l'élément hrn rappelle singulièrement Haran qui est donné comme frère d'Abram (Genèse, xi, 26-49, 31), mais qui, à l'origine, a pu être un nom de ville comme c'est le cas pour Nahor (Gen., XI, 22 ss.) et même pour Laban.
L'une des plus curieuses parmi les scènes rituelles qui suivent est celle où sont mentionnées les Kosarôt (11 D, 11. 26 ss.). Leur nom les apparente avec Ksr, lu Koser, qui est déjà connu soit sous sa désignation simple, soit sous son binôme Koler-el-Hasis (p. 106). Elles sont appelées « filles de Hll », c'est-à -dire de Hélal, le croissant lunaire. On leur accole le nom de snnt dans lequel M. V. a reconnu l'accadien sinuntu « hirondelle». Dans le passage de Danel qui les concerne, le héros leur sacrifie un bœuf, puis il leur donne à manger et à boire durant sept jours. D'après celte dernière indication, il est possible qu'elles aient été au nombre de sept. 11 existe une relation entre elles et le dieu-lune (p. 103). Leur qualité de a filles de Hélal permet de voir en elles des divinités astrales (Edouard Dhorme, Charles Virolleaud. — La légende phénicienne de Danel, Syria, 1937).
Le mot éden se rattache probablement à la racine ouest-sémitique 'dn, qui exprime l'« abondance », la « prospérité », la « fertilité », le « plaisir », comme semble le confirmer l'inscription bilingue assyro-araméenne de Tell Fekherye (1. 4-5).
Le syntagme gan-'éden (Gn. 2, 15 ; 3, 23.24 ; Ez 36, 35 ; Joël 2, 3) peut être compris :
— soit « jardin d'Eden », 'éden étant un nom géographique ;
— soit « jardin de plaisir » ou « d'agrément », 'éden étant un nom commun.
Il est vraisemblable que le rédacteur yahviste a joué sur l'ambiguïté de ce terme, qu'il utilise tantôt comme un nom propre, tantôt comme un nom commun, reprenant alors le thème proche-oriental du « jardin ou parc de plaisance ».
Dans la Genèse (surtout 2, 8. 10 ; 4, 16), ce motif littéraire est lié à la tradition ancienne de 'éden, nom géographique. Ce pays d'Eden a été diversement situé. Sa localisation peut s'appuyer sur deux indications :
— le pays d'Eden apparaît lié à la tradition ancienne des noms des quatre sources ou fleuves : le Pishôn, le Gihôn, le Hiddèqèl et le Perât. Si l'identification des deux premiers semble très incertaine, les deux derniers désignent clairement le Tigre et l'Eu- phrate, et renvoient donc à la Mésopotamie ancienne ;
— le pays d'Eden peut être naturellement rapproché de la « maison d'Eden » (béyt 'èdèn Amos 1, 5 ; cf. 2 R 19, 12 ; Is 37, 12 ; Ez 27, 23), elle-même identifiée avec le bit adini de Haute-Mésopotamie. Ce pays, mentionné dans les annales assyriennes de la première moitié du ixe siècle, était situé dans la boucle de l'Euphrate, et son influence s'étendait jusqu'au Habur et au Haut-Tigre. Cette région, bien irriguée par le Tigre, l'Euphrate, et les sources du Balih et du Habur, était réputée pour sa fertilité, et on comprend qu'elle ait pu donner naissance au mythe du « jardin d'Eden », Paradis.
Cette région de Haute-Mésopotamie est par ailleurs attestée dans les traditions patriarcales les plus anciennes. L'Aram-Naharayim, avec pour centre Harrân, est le pays d'origine d'Abraham et de sa famille (Gn 11, 31-32 ; 12, 4-5 ; 24, 4.10), et c'est là que Jacob séjourne auprès de Laban l'Araméen (Gn 27-31) avant de se diriger vers les monts de Galaad (Gn 31, 21) et la région de Sichem. L'importance de cette tradition, probablement liée au groupe des Benê Jacob (cf. RB 85, 1978, p. 321-337), est soulignée par Jos 24 et Dt 26, 5, pour lesquels les origines d'un des groupes fondateurs de la confédération Israélite se situent « de l'autre côté du Fleuve », c'est-à -dire de l'Euphrate (Jos 24, 14). Les noms des patriarches Séroug, Nahor et Térah confirment ces indications géographiques, puisque ce sont en fait des noms de villes de la province de Harrân. Bien plus, plusieurs allusions pourraient indiquer que cette migration ou fuite du groupe à raméen des Benê Jacob a été liée à l'effondrement du Mitanni, et à l'invasion du Hanigalbat par Adadnirari Ier (1307-1275), dont il est dit explicitement qu'il conquit « la forteresse de Harrân jusqu'à /avec Karkémish, qui est sur les rives de l'Euphrate » {ARI, I, § 381, 393).
Ainsi, suivant la tradition israélite, le pays d'origine de l'humanité serait aussi le pays d'origine d'un des deux groupes fondateurs de la confédération israélite, celui des Benê Jacob. Exemple caractéristique d'un mythe des origines humaines, s'enracinant dans les traditions légendaires d'un groupe fondateur d'une nation (Bulletin de la société Ernest-Renan. In: Revue de l'histoire des religions, tome 200 n°4, 1983. pp. 461-479.).