Partie XVII - Le Prieuré de Sion   Prologue   La Grande Loge Alpina   
PRIEURE DE SION ALPINA JUNG BAUDOUIN VON SURY

« Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès Wisigoth » qui est signé sous le pseudonyme « Madeleine Blancasall » est édité, selon la page titre, par la Grande Loge maçonnique suisse Alpina. « Un trésor mérovingien à..... Rennes-le-Château..... » signé « Antoine l'Ermite » porte aussi la marque de l'Alpina (Michael Baigent, Richard Leigh, Henry Lincoln, L'Enigme sacrée, Pygmalion, 1983, p. 101).

Le Grand Prieuré d'Helvétie sympathisa, par son intermédiaire, avec un groupe de maçons français demeurés spiritualistes, les Frères Edouard de Ribaucourt, Rousseau, de Hirson, Georges Gruet, de Bordeaux, et Charles Barrois, qui devait devenir Grand Maître en 1919. Ce fut dans ce petit groupe qu'une idée féconde naquit: celle de ressusciter en France une Franc-Maçonnerie régulière, en y ramenant le Rite Ecossais Rectifié. C'était là le minuscule grain de sénevé dont parle l'Evangi1e. Edouard de Ribaucourt était le protagoniste. Cet homme de premier plan, d'une énergie extraordinaire, était né lui-même en Suisse, à Payerne, le 8 décembre 1865. Il était de souche picarde, pouvant remonter ses origines jusqu'au IXe siècle. Assistant à la faculté des Sciences, professeur à l'Ecole de chirurgie dentaire et de stomatologie, lauréat de l'Institut, il avait été l'élève de Karl Vogt à l'université de Genève et ses communications scientifiques demeurent remarquables. Nous savons par lui-même qu'il avait été initié le 1er juin 1896 dans une loge du Grand Orient, Les Amis des Allobroges, devenue plus tard Les Amis du Progrès. Citons-le, d'après une conférence qu'il donne le 5 mai 1936 à la loge Saint-Claudius : «Lors de la première Tenue qui suivit cette initiation, je fus douloureusement impressionné par une conférence dont le sujet était "Le nommé Dieu", conférence non seulement athée, mais haineuse. Dans les Tenues qui suivirent, ce fut sur le plan nettement politique que se déroulèrent les exposés, et cela me laissa rêveur. » La saine réflexion historique lui fit comprendre que «la Franc-Maçonnerie était l'héritière de l'Ordre ancien des francs-maçons constructeurs d'églises », bien qu'en 1907, son opuscule La Lettre G. montre que sa pensée n'était pas encore dégagée de la Voie substituée. Sa véritable conversion date de 1910, où il fut admis dans le Rite Rectifié, ce qui lui permit de se découvrir à lui-même et ce fut là sa véritable initiation maçonnique. Ayant résolu de passer aux actes, il obtint du R. F. Montchal, Grand Prieur d'Helvétie, le 29 septembre 1910, ainsi que ses compagnons, des lettres patentes, dont Jean Baylot nous a conservé le texte (Histoire de la G.L.N.F., p. 14) : Le Grand Directoire Ecossais en Helvétie, conformément au code maçonnique des Loges réunies et rectifiées de 1778 attribuant aux directoires écossais le droit exclusif de constituer par fondation, réveil ou rectification des loges symboliques es quatre grades, conformément aux lettres patentes élivrées à la première commanderie, à l'Orient de Paris, le samedi 10 juin 1910, Vu les lettres du Fr. E. de Ribaucourt, commandeur, décide : De délégluer son droit exclusif de de constituer en France des loges symboliques des quatre grades (soit loges bleues, soit loges de Saint André) à sa ou ses commanderies de Paris, et notamment au chef qu'elles ont élu en la personne du T.R.F. commandeur, in ordine Eques a Raimboldi Curte, au prof. Dr E. de Ribaucourt, CBCS, député maître et commandeur. Fait à Genève, le 29 septembre 1910 » (Alec Mellor, La grande loge nationale française: Histoire de la franc-maçonnerie régulière, ses principes, ses structures, 1993 - books.google.fr).

Lorsque la révolution de 1848 éclate en Allemagne, Vogt, né en 1817 à Giessen, Allemagne, qui a tout juste 30 ans, compte parmi les principaux chefs de la fraction démocratique. Elu au parlement de Francfort, il assure la charge de régent d’empire de façon éphémère avant que la Restauration ne le force à quitter le pays. Citoyen suisse depuis 1846, Vogt, qui a étudié à Berne et à Neuchâtel, rejoint Genève en 1852, à l’appel des radicaux. Il a la charge de professeur de géologie. Il y enseignera jusqu’à sa mort, soit pendant quarante-deux ans. Son recrutement et sa nomination à la tête de la chaire de géologie répondent au moins autant à des motifs académiques qu’à des raisons politiques. Car si l’Académie a besoin de sang neuf, il en va de même pour le nouveau régime mis en place par James Fazy. Vogt se lance dans la bataille publique avec un appétit d’ogre. Elu au Grand Conseil dès 1856, il y siègera près de quinze ans, tout en représentant durant une dizaine d’années Genève sous la Coupole fédérale. Polémiste doté d’un rare sens de la formule, à la fois drôle et sarcastique, Vogt se distingue notamment par la ferveur avec laquelle il défend la laïcité, n’hésitant pas à voter systématiquement contre son parti durant le Kulturkampf. Mais son principal cheval de bataille reste la politique universitaire. «Sur le plan académique, son but est de doter sa ville d’adoption d’une université moderne, ouverte aux étudiants étrangers et capable de former des scientifiques de haut niveau», résume l’historien des sciences Jean-Claude Pont. Il milite pêle-mêle pour une plus large autonomie de l’Université, pour l’introduction de mécanismes concurrentiels pour les enseignants, pour le développement des infrastructures (on lui doit notamment le bâtiment de l’Ecole de chimie ainsi que la création sur le site des Bastions de la bibliothèque universitaire et du Musée d’histoire naturelle). Il revendique également une transformation radicale de l’enseignement académique qui vise à associer plus largement les étudiants à la recherche. Ses efforts sont concrétisés en 1873, avec l’adoption d’une loi qui transforme officiellement l’Académie en université et qui entérine la création d’une Faculté de médecine. En 1874, Vogt est nommé recteur de l’Université. La mesure, que Vogt juge indispensable au rayonnement de l’institution et de Genève dans son ensemble, porte rapidement ses fruits. En quelques années, la Faculté de médecine genevoise devient l’une des plus fréquentées d’Europe avec un nombre d’étudiants qui passe de 142 en 1876, à 1638 en 1913. Le 5 mai 1895, il décède à Plainpalais, à l’âge de 78 ans (Vincent Monnet, Tête chercheuse, Carl Vogt, l’ogre matérialiste - www.unige.ch).

William Vogt, né en 1859 et mort en 1918, est un politicien, auteur pamphlétaire et conférencier antimaçonnique suisse. Il est le fils de Carl Vogt, qui lui était franc-maçon. Il va s’attaquer à la franc-maçonnerie suisse et genevoise en publiant de nombreux livres et brochures pamphlétaires. Ces écrits sont parsemés de documents provenant de la maçonnerie elle-même.

Le matin du 26 mars 1902 il annonça la mise en vente le lendemain d'un catalogue de francs-maçons genevois et à 16h, sur requête d'Édouard Quartier-la-Tente, juge d'instruction à Neuchâtel, la justice genevoise saisit les 900 exemplaires ainsi que des formes et caractères d'imprimerie. Par la suite, l'Union des loges suisses lui intenta un procès qu'elle perdit10. En avril 1902 la saisie est jugée illicite et la Grande Loge suisse Alpina se voit condamnée aux frais. Les catalogues sont alors rendus à Vogt. Par la suite, la Grande loge suisse Alpina contre-attaquera, en invoquant la violation du droit d’auteur. Le 10 novembre 1904, l’Alpina est finalement déboutée par la cour d’appel et condamnée aux dépens. Le journaliste Durrenmatt avait publié en 1898 déjà un catalogue de maçons sans aucune poursuite de l’Alpina.

William Vogt souhaite se distancer d'un antimaçonnisme primaire ou catholique. Pour lui la franc-maçonnerie est une duperie qui trompe avant tout les maçons eux-mêmes, en se dotant d'origines remontant avant le XVIIe siècle. Il la trouve ridicule dans ses rites et soumise à l'intérêt particulier de ses membres. Par contre, il ne lui reproche pas de tendance à la conspiration maçonnique, considérant que les maçons, par lâcheté, s'accommodent de toute tendance politique et de tout gouvernement. Il juge la hiérarchisation et l’obéissance maçonnique en porte-à-faux avec leur idéal d’égalité. Il attaque leur philanthropie, qu’il qualifie de façade, et lui reproche sa modestie, incompatible avec la publicité qui en est faite, de plus elle ne s’exercerait qu’au profit de ses membres. Il dénonce aussi les tentations arrivistes et intéressées de ces derniers. Pour Vogt, le maçon s‘épuise en un ritualisme ridicule et pompeux, dénué d‘action réelle, où il s‘épuise inutilement et impuissant à accomplir l’idéal maçonnique de régénération de l’humanité. Il condamne sévèrement le canular de Taxil et ceux qui s'en sont servis pour dénoncer la maçonnerie, jugeant qu'il a profité à celle-ci par les sympathies qu'une aussi grossière accusation a provoqué. Il considère que l'obligation du maçon à considérer n'importe quel affilié comme son frère vicie dans son principe d'appréciation le magistrat et n'offre plus de garantie pour un plaignant profane. Pour cette raison, il souhaite la récusation d'un magistrat maçon quand il a à décider entre un frère et un inconnu. Il s'attaque au terme maçonnique "profane", le jugeant comme un terme de "suprême dédain". Pour Vogt, le danger maçonnique se situe dans le nombre des maçons réunis, pas dans l’individu maçon, qui est le plus souvent une nullité (fr.wikipedia.org - William Vogt).

La plus ancienne loge de Genève, l'Union des Cœurs, fondée en 1768, fut dès l'époque de la Restauration un « milieu spirituel privilégié [...] qui compte dans ses rangs des pasteurs évangéliques que la théologie moralisante de leur Eglise ne satisfait plus. Ils cherchent, en même temps qu'une fraternité plus vraie, une foi vivante, fidèle à l'Evangile ». Ce sont Ami Bost, Marc Bost, Antoine Paul Demellayer, Ami Perey, Pierre Lutscher, Lucius Lutscher, César Malan, Moulinié, Caillat, Jean-Etienne Rimond. On conçoit aisément que dix pasteurs sur soixante membres que comptait cette loge ont exercé une influence décisive sur son orientation. L'Union des Cœurs a pris une part active à la création de la Société biblique. Encore aujourd'hui, l'Union des Cœurs est une loge chrétienne, dont seul un croyant peut faire partie. Elle a évidemment été du côté de l'Eglise évangélique libre. A côté de l'Union des Cœurs, la loge Fidélité et Prudence, produite par la fusion en 1871 de deux loges a rapidement pris un tour politique, proche du parti radical. Le 8 mai 1880 fut initié Georges Favon, le 26 avril 1883, Alexandre Gavard, puis le 15 mai 1884, Adrien Lachenal et Charles Page, le 20 novembre 1884, Adrien Babel, autant de figures éminentes du parti radical, qui rejoignirent Elie Ducommun, qui fut longtemps chancelier de l'Etat de Genève et secrétaire du parti radical. Par une décision de 1 879, cette loge avait admis des discussions sur des sujets politiques. Avec l'arrivée de figures de proue d'un seul parti, Fidélité et Prudence va très rapidement entretenir des liens étroits avec le parti radical. Dans les années 1880, il est fréquent que la loge « mandate les frères députés de déposer » un projet de loi sur le sujet des délibérations de la loge. Nombre de lois sociales sont nées des discussions au sein de cette loge. [...]

Le recrutement des francs-maçons genevois se fait exclusivement en milieu protestant. Toutefois, le 20 novembre 1879, pour la première fois, Fidélité et Prudence initie un candidat catholique. Un tel événement demeurera exceptionnel jusque dans les années 1950. A cette époque encore, un pasteur de l'Eglise nationale protestante votera systématiquement contre les candidats catholiques au motif ou prétexte qu'ils ne sont pas en ordre avec eux-mêmes dès lors qu'ils font une démarche que leur religion leur interdit. Depuis lors, l'évolution démographique de Genève et l'immigration de nombreux catholiques ont rendu ces cas plus fréquents. Dans son ensemble, la Franc-Maçonnerie était hostile à l'Eglise catholique : sans doute un prêté pour un rendu, mais aussi une idéologie. A cette époque, la Grande Loge Suisse Alpina, la fédération des loges de Suisse, finance la création et le maintien de la première école laïque en Valais. C'est une décision prise en assemblée des délégués, ce qui revient à dire que la majorité des loges de toute la Suisse approuve cette action et y participe, notamment l'Union des Cœurs (janvier 1906). La méfiance règne à l'égard des catholiques. [...]

Au cours des années 1905 à 1907, l'Union des Cœurs s'occupe de sujets d'actualité : le mouvement pour l'interdiction de l'absinthe, la lutte contre la tuberculose, la condition de la femme. En revanche, dans les procès-verbaux de ces années-là, il n'y a pas l'ombre d'une allusion à la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ce n'est certainement pas par indifférence, mais plutôt parce que la cause était entendue. L'Eglise évangélique libre avait déjà réalisé la séparation, ce qui ne l'empêchait nullement de se bien porter. Elle n'avait donc aucune raison de se passionner pour cette votation; l'Union des Cœurs, pas davantage. A Fidélité et Prudence, les procès-verbaux sont un peu plus riches. Tout d'abord, il convient de mentionner l'attitude à l'égard des événements qui ont agité la France à ce sujet. Le 29 mars 1906, « le frère orateur Oltramare remercie les frères des loges sœurs de leur présence et particulièrement les frères de Lille, May et le docteur Barras : il les félicite de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui est l'œuvre de la Franc-Maçonnerie ». Méfiants à l'égard des catholiques, hostiles à l'égard de l'Eglise catholique, les maçons de Genève ont dû apprécier les événements de France. Par des contacts très fréquents avec les loges françaises, ils savent quelle part la Franc-Maçonnerie a prise dans le combat pour la séparation en France. Cela ne veut encore rien dire quant à leur attitude sur le même problème à Genève. Mais est-ce le même problème ? A Genève, ce n'est pas l'Eglise catholique romaine qui est visée, puisqu'elle vit déjà la séparation : c'est l'Eglise nationale protestante et l'Eglise catholique nationale qui sont en cause. On constate que les esprits ont évolué entre 1880 et 1906. En 1880, on se préoccupe du sujet et les opinions sont partagées. Non seulement la loge consacre une soirée à débattre de ce thème, mais elle charge encore un frère de rédiger un rapport, qui sera lu à une séance ultérieure. Ce rapport « craint que la séparation ne soit pas à l'avantage de la société civile ; il croit nécessaire de conserver l'Eglise nationale à cause de la morale et du bien de la famille ». Au Grand Conseil les maçons ne parlent pas d'une même voix. Frédéric Gaensly, député à cette époque, Maître en chaire de la loge, vote avec Georges Favon, qui vient d'être initié, contre la séparation, alors que Claude Latoix vote pour elle. En 1907 règne probablement une lassitude à l'égard des conflits du Kulturkampf et un désir de paix. Il s'y ajoute l'exemple de la France et sans doute un changement de nombreux protestants eux-mêmes (Alain Marti, Franc-Maçonnerie et séparation Eglise/Etat, L'état sans confession: la laïcité à Genève, 1907, et dans les contextes suisse et français : actes du colloque organisé par la faculté de théologie de l'université de Genève, juin 2007, 2010 - books.google.fr).

De 1982 à 1984, Alain Marti (1944), avocat genevois, démissionne de sa charge de Grand Maître de la Grande Loge suisse Alpina en cours de mandat et de 1984 à 1986 la fonction est exercée par le grand maître adjoint, Rudolf Fischer (fr.wikipedia.org - Grande Loge suisse Alpina).

La loge de Genève « L'Union des Cœurs », fondée en 1768, qui le 23 août 1811 est installée dans le Régime rectifié par le grand chancelier provincial de Bourgogne, sous les auspices de Cambacérès, archichancelier de l'Empire et Grand-maître de tous les rites en France.

La Grande Loge suisse Alpina (GLSA) est une obédience maçonnique suisse fondée en 1844. Travaillant depuis son origine « À la gloire du Grand Architecte de l'Univers », elle est reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre. La particularité de l'histoire de l'obédience se trouve dans sa volonté au début du XXe siècle de tisser des liens entre la maçonnerie dite « régulière » et celle dite « libérale » ou « adogmatique » . En ce sens, en octobre 1921, la GLSA développe l'Association maçonnique internationale (AMI). Cette particularité prend fin entre 1950 et 1966 avec ses ruptures successives de relations avec les obédiences libérales ou non reconnues par la franc-maçonnerie « régulière ».

La GLSA a longtemps essayé d'être un pont entre les maçonneries anglaise et française, séparées par la querelle du Grand Architecte de l'Univers et elle a été dans ce sens à l'origine de la création, avec plusieurs autres obédiences européennes et américaines, de l'Association maçonnique internationale (AMI). Cette association a compté jusqu'à 38 obédiences européennes, a rassemblé plus de 500 000 membres et a été réprouvée par la franc-maçonnerie anglo-saxonne.

Après la Seconde Guerre mondiale, sous la pression renouvelée de la Grande Loge unie d'Angleterre, abandonnant les tentatives de rapprochement des deux courants maçonniques, le grand maitre Albert Natural dissout l'AMI et rompt toutes relations avec le Grand Orient de France et la maçonnerie libérale en 1950. Il en est de même en 1966, sur les mêmes demandes émanant d'Angleterre, qui amènent la GLSA à rompre également ces relations avec la Grande Loge de France. Ces ruptures successives sont à la source des créations du Grand Orient de Suisse en 1959 et de la Grande Loge de Suisse en 1967 (fr.wikipedia.org - Grande Loge suisse Alpina).

Le grand père du psychanalyste Carl Gustav Jung, Karl Gustav Jung, a été une personnalité de la franc-maçonnerie, vénérable maître de la loge bâloise "Zur Freundschaft und Beständigkeit", fondée sous Napoléon en 1808, et deuxième grand maître de la Grande Loge Suisse Alpina de 1850 à 1856. Son fils Ernst Karl (1841-1912), architecte, à son tour de 1884 à 1890. De 1935 à 1939, Kurt von Sury (1882-1977), psychologue bâlois, accède à la grande maîtrise (fr.wikipedia.org - Grande Loge suisse Alpina).

Charles Baudouin, founder of the Institut de Psychagogie, whose patrons were Freud, Adler, and Jung and whose program was correspondingly catholic, s'est retrouvé avec Carl Gustav Jung chez Kurt von Sury dans les années 1930 (C.G. Jung Speaking: Interviews and Encounters, 1987 - books.google.fr).

Je connaissais Jung par ses livres, je l'avais rencontré. Mais, dans cette semaine passée auprès de lui, il me semble l'avoir découvert. J'ai fait surtout, à vrai dire, deux découvertes. Premièrement, j'ai été frappé par le caractère fortement concret de cet homme et de cette pensée. Deuxièmement, j'ai mesuré tout ce qu'il doit à sa fréquentation des "primitifs" ; ces voyages ne sont pas dans sa vie un accident pittoresque ; ils sont un des aliments substantiels de sa pensée. J'ajouterai que le premier point et le second sont intimement lié Le caractère concret ressort à chaque instant de sa manière d'exposer les idées, de s'appuyer sur le fait, le geste, un geste sobre, réprimé, mais que l'on sent chargé d'énergie, et qui ne demanderait qu'à se débonder plus avant. Cela est particulièrement visible quand il raconte une de ses scènes africaines ; à vrai dire il la joue en raccourci, il la fait voir. Ainsi de cette anecdote destinée à illustrer le fait que les « primitifs » ne connaissent pas la volonté au sens où nous l'entendons mais doivent d'abord mobiliser l'énergie nécessaire pour tel acte, et c'est à quoi servent des rites précis, à la vertu incantatoire : le garçon chargé de porter le courrier à la ville (à je ne sais combien de lieues !) reste passivement assis quand l'européen lui demande tranquillement ce service, lui offre des récompenses ; c'est comme s'il ne comprenait pas mais le sorcier vient à passer, prend la chose en main — et le fouet aussi ! -, commence autour du garçon la danse de la course ; la tribu s'en mêle, le garçon est pris dans la ronde, et enfin décoché par elle comme par une fronde ; et il court encore ! Tout cela fut évoqué devant nous ; nous l'avons vu. Mais ce geste démonstratif, explicatif, se débonde plus librement dans la conversation familière. Ainsi, nous parlions un soir de ces rêves qui ont un caractère télépathique et où, entre personnes effectivement proches, il semblerait que les inconscients communiquent et se pénètrent. Le maître enfin, pour résumer sa pensée, eut cette mimique : d'un geste court et ferme, il toucha premièrement mon front, deuxièmement le sien, et décrivit troisièmement de sa main un grand cercle dans l'espace intermédiaire, et ces trois mouvements soulignaient les trois articulations de cette phrase : « Bref, on ne rêve pas ici, on ne rêve pas ici, on rêve là. Et là, la main tournait, à la manière de la fronde évoquée tout à l'heure, et l'idée, comme le courrier alors, était décochée. J'ai dit que ce caractère concret a partie liée avec l'expérience africaine. J'ai compris que Jung a un sentiment concret de l'âme ; quand il dit Wirklichkeit der Seele, ce n'est pas un vain mot ; or, cet aspect concret des choses de l'âme, il avait pu certes s'en convaincre chez ses malades, mais il est certain que les "primitifs" le lui ont fait toucher d'une manière plus serrée et plus convaincante, car c'est ainsi qu'ils sentent. Quand il me parlait l'autre jour, chez le Dr von Sury, de ces "esprits des ancêtres" qui vous tombent dessus quand on revient au lieu d'origine, qu'il sent bien quant à lui lorsqu'il revient à Bâle, j'ai connu que ces "esprits" avaient du poids, comme une atmosphère d'orage. Et quand Jung a été amené par là à considérer, au mur, le bel arbre généalogique de la famille von Sury, j'ai compris comme il sentait ces racines-là s'enfoncer et tenir dans une terre réelle et solide. Ces expériences me paraissent très instructives quant à la compréhension de la pensée de Jung (Charles Baudouin, L'œuvre de Jung et la psychologie complexe, 1963 - books.google.fr).

Pour l'importance de l'âme chez Charles Baudouin qui "a conçu un « gradualisme », percevant dans l'âme humaine des échos, des correspondances, des symétries qui permettent de relier l'expérience des psychologues aux théories de la philosophie contemporaine" (Les Etudes philosophiques, Société d'études philosophiques (Marseille, France), 1964), voir son ouvrage Christophe le Passeur (Paris, La Colombe, 1964), "le testament spirituel d'un penseur dont la pénétration, la culture et l'élévation furent exceptionnelles. Bien rares sont les hommes dont l'humanisme est contrôlé, fécondé, à la fois par la réflexion philosophique et par l'intuition psychologique, voire même la connaissance de l'âme humaine telle que la possède seul le clinicien le plus averti, au soir d'une longue vie riche d'observations multiples et de méditation (Revue de théologie et de philosophie, Schweizerische Geisteswissenschaftliche Gesellschaft, 1966) (Le Prieuré de Sion : Prologue : Serpentaire : Annemasse et Charles Baudouin, Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Introduction).

Le Prieuré de Sion implique donc l'Alpina dans les années 50, époque où se fait l'ouverture de la franc-maçonnerie genevoise, à dominante protestante, aux catholiques. Le catholicisme à Rennes le Château est incarné par l'abbé Bérenger Saunière et le mystère entretenu autour de sa personne et de son action en fait la publicité. Le Prieuré prenait-il une initiative isolé ou était-ce concerté avec des organisations plus importantes ? Qu'il s'agisse d'un dialogue ou de lutte d'influence. La situation de Darmstadt, par rapport aux trois portes définies par Plantard, entre en résonnance avec les conversions du luthérianisme au catholicisme de membres de la famille princière de Hesse-Darmstadt. Un retour à la spiritualisation de la maçonnerie a une visée anti-matérialiste et anti-communiste évidente. Le nom BURRUS emprunté par les auteurs du Prieuré de Sion font probablement référence à l'entreprise BURRUS qui subventionnait le CSAC (Centre Suisse d'Action Civique) de Mars-Edmond Chantre (1918 - 1985) dans ses activités anticommunistes. Chantre entretenait des rapports avec la police fédérale de Genève en la personne de l'inspecteur Ch. Knecht (Cent ans de police politique en Suisse, 1889-1989, Association pour l'étude de l'histoire du mouvement ouvrier, 1992) (Le Prieuré de Sion : Les documents secrets : 4 - Réponse à Monsieur Lionel Burrus : du rouge pour Charles Baudouin).