Partie XII - Arsène Lupin de Maurice Leblanc   Arsène Lupin et la Croix d’Huriel   La Demoiselle aux yeux verts   
ARSENE LUPIN CROIX HURIEL DEMOISELLE AUX YEUX VERTS

La Fontaine Ardente, une des 7 merveilles du Dauphiné, semble se trouver mentionnée dans le roman de Maurice Leblanc La Demoiselle aux yeux verts.

Spectacle étrange ! Au-dessous d’eux, dans une arène profonde d’où l’eau s’était retirée, sur tout l’espace allongé que limitait la couronne de roches, s’étendaient les ruines de monuments et de temples encore debout, mais aux colonnes tronquées, aux marches disjointes, aux péristyles épars, sans toits, ni frontons, ni corniches, une forêt décapitée par la foudre mais où les arbres morts avaient encore toute la noblesse et toute la beauté d’une vie ardente. De tout là-bas s’avançait la Voie romaine, Voie triomphale, bordée de statues brisées, encadrée de temples symétriques, qui passait entre les piliers des arcs démolis et qui montait jusqu’au rivage, jusqu’à la grotte où s’accomplissaient les sacrifices (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre XIV, 1926 - fr.wikisource.org).

C'est sur une carte d'"Auvergne" que Lupin situe la Fontaine de Jouvence.

Cornillon en Trièves se trouve dans le Dauphiné au sud-est de Miribel-Lanchâtre (à 25 km). Mais il existe aussi le Dauphiné d'Auvergne, partie de la région arverne. Cornillon-en-Trièves est dominé à l'O. par le Fay, petit sommet aux flancs boisés dont la situation isolée au milieu du Trièves fait un remarquable belvédère.

Le mont Aiguille, localisé à proximité sur la commune de Chichilianne, est une dent avancée de la falaise orientale du massif du Vercors, à la limite du Trièves, au sud du département de l'Isère. C'est aussi une des sept merveilles du Dauphiné, qui rappelle l'Aiguille d'Etretat (fr.wikipedia.org - Mont Aiguille).

Les sources d'eaux minérales d'Oriol, commercialisées sous le nom pour le moins inattendu d'Auvergne, se situent à la limite du Lias et du Bajocien (Bulletin. Nouvelle Serie, Numéros 5 à 6, Fédération Francaise d'Economie Alpestre, 1956 - books.google.fr).

La Source Auvergne, à l'eau bicarbonatée ferrugineuse, doit son nom à Monsieur d'Auvergne qui la possède au lieu dit Grand-Oriol, commune de Cornillon en Trièves (Isère), et qu'il demande à exploiter pour le service médical (en 1874). (Bulletin de l'Academie de médecine, 1874 - books.google.fr).

L'eau de la Fontaine de Jouvence de La Demoiselle aux yeux verts est riche en bicarbonate comme la source de Cornillon :

Dessous, plusieurs lignes qu’il eut du mal à déchiffrer, et qui constituaient évidemment la formule même de cette Eau de Jouvence : Bicarbonate de soude 1349 grammes — de potasse 0,435 grammes — de chaux 1000 grammes Millicuries, etc. (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre VIII, 1926 - fr.wikisource.org).

C'est à Cornillon en Trièves qu'ont été découvertes les fameuses Eaux minérales d'Oriol. Exploitées depuis 1639, elles étaient les seules eaux minérales naturellement gazeuses des Alpes Françaises (www.locations-trieves.com - Cornillon).

Les eaux (10°) ferrugineuses, gazeuses, bicarbonatées et magnésiennes de l'établissement d'Oriol, (sources Valentine, Amélie et Auvergne), sont employées comme eaux de table (débit : 5 millions de bouteilles) et avec succès contre la chlorose (Paul Joanne, Dauphiné, guides-Joanne, 1899 - books.google.fr).

Ainsi que je vous l'ai déjà appris plus haut, j'ai cru m'apercevoir que les cas de chlorose type, tels qu'ils sont décrits par tous les auteurs classiques, sont positivement devenus plus rares qu'autrefois. On ne voit plus si souvent, pas même à Spa, se traîner par les rues et dans les promenades, de ces jeunes filles au teint jaune, avec des reflets tirant sur le vert, au regard voilé par une inoubliable mélancolie, à la démarche languissante et, malgré cela, ayant conservé un embonpoint notable (Victor Scheuer, René Wybauw, Spa, passé, présent, avenir: causerie médicale, 1901 - books.google.fr).

Mélancolie que l'on retrouve dans les yeux d'Aurélie d'Asteux :

Durant deux heures ils déambulèrent dans la fabuleuse cité. Aurélie retrouvait ses sensations d’autrefois, éteintes au fond de son être, et ranimées tout à coup. Elle avait vu ce groupe d’urnes funéraires, et cette déesse mutilée, et cette rue aux pavés inégaux, et cette arcade toute frissonnante d’herbes échevelées, et tant de choses, tant de choses, qui la faisaient frémir d’une joie mélancolique (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre XIV, 1926 - fr.wikisource.org).

Les yeux sont cernés; les paupières, le pourtour des lèvres, les ailes du nez, la partie supérieure du cou, présentent une teinte pâle et blafarde, plus prononcée que les autres régions. Quelquefois la pâleur des téguments est remplacée par une teinte jaune, verdâtre, livide, terne ou terreuse; en un mot rien n'est plus variable que les colorations diverses que peut offrir la peau (Louis de La Berge, Edouard Monneret, Louis Fleury, Compendium de médecine pratique ou Exposé analytique et raisonné des travaux contenus dans les principaux traités de pathologie interne, Volume 2, 1837 - books.google.fr).

Enlaçant les rhythmes divers, / Je dis tes grâces de chlorose, / Et ces deux saphirs, tes yeux verts... / Et puis nous fîmes de la prose / Dans le boudoir de crépon rose (Fritz Darène, Rondels vieux système II, Almanach de l'Université libre de Bruxelles, 1891 - books.google.fr).

August Vermeylen, essayiste, romancier et professeur d'Université, écrivit d'abord sous divers pseudonymes : Kees Droes, Karel de Visscher, Karl-Christian-Friedrich Krause, Fritz Darêne, A. V. De Meere, Victor Lieber, Halieus, né à Bruxelles le 12 mai 1872, décédé à Uccle le 10 janvier 1945 (Biographie nationale, Volume 34, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1968 - books.google.fr).

August Vermeylen, rédacteur en chef de Van Nu en Straks, se révèle un farouche opposant à l’œuvre de Maeterlinck, et estime que le style envoûtant de ce dernier ne peut masquer le manque de contenu. Il y décèle une série d’inepties et de contradictions. Le chef de file socialiste n’apprécie guère les vaines méditations, l’assimilation de la morale et du bonheur et l’aveuglement social. Lorsqu’en 1902, à l’occasion de la commémoration de la Bataille des Éperons d’Or, Maeterlinck, dans un article du Figaro qualifie le flamand d’« informe et vaseux jargon », il sera traité de traître et de fransquillon. Maeterlinck s’opposera aussi à la néerlandisation de l’université de Gand. Pour lui, le flamand est l’équivalent du wallon, un dialecte sans statut culturel. [...] Le succès de Maeterlinck en Flandre a nettement diminué depuis que Vermeylen l’a démoli en tant que penseur (Sonja Vanderlinden, sur Maeterlinck in de Nederlanden. Annales de la Fondation M. Maeterlinck, t. XXXIII, 2003 - textyles.revues.org).

Maeterlinck était l'amant de la soeur Georgette de Maurice Leblanc.

La fée aux yeux verts désigne aussi l'absinthe (Jacques Villebrune, Sonnets mystiques, 1886 - www.hachettebnf.fr).

Les cheveux, sous la capeline un peu soulevée, étincelaient comme des boucles de métal, et lui faisaient une auréole de gaieté (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre IV - fr.wikisource.org).

Aurélie et auréole sont une déclinaison du latin aureum (or). Scaliger, sur l'Histoire des Animaux d'Aristote, dérive le mot loriot du Latin aureolus. On a aussi derivé le nom du loriot du mot grec chlorion, en latin, chlorion, chloris, chloreus, oriolus, merula aurea, turdus aureus, luteus, lutea, luteolus, ales luridus, picus nidum suspendens, avis icterus, galgulus (ces quatre derniers noms sont de Pline), galbulus, galbula, virco, vinco (Georges Louis Leclerc Buffon, Oeuvres completes de Buffon, Tome IV, 1837 - books.google.fr).

Chloris et Vulcain

Mais il est probable que l'on ait dès l'Antiquité, vénéré Vulcain en ce lieu; d'ailleurs, une légende rattachée au paganisme auréole ce phénomène naturel en contant les amours malheureuses de la nymphe Chloris pour le Dieu du Feu (Jean Boudon, Henri Rougier, Histoire du Dauphiné: Le Dauphiné contemporain, 1992 - books.google.fr).

Cette légende antique, mentionnée en 1992, est déjà évoquée en 1904 :"Elle fait de la Fontaine Ardente la personnification de la nymphe Chlorys éperdument amoureuse de Vulcain ; ses flammes attestent l'intensité de son amour, comme les larmes de ses ondes prouvent l'éternité de sa douleur" (Bulletin, Société de géographie du Cher, Bourges , 1904 - books.google.fr).

Rien, semble-t-il, n'est dit des amours de Chloris et de Vulcain (Héphaïstos).

Le nom d'Hébé et celui de Chloris (le vert de la végétation), conviennent également bien à la déesse qui verse le vin à Héra. La Chloris des Grecs, identique à Déméter Chloé, est la même que la Phloia des Grecs, la Flora des Latins, et la Phléré des Étrusques. Ici le rôle de déesse mère, est dévolu à Héra, et son acolythe est une véritable Hébé. Le lierre qui entoure sa tête rappelle la fête des Kissotomoi chez les Phliasiens. Dans le temple de Latone à Argos, on voyait la statue de Chloris auprès de celle de la déesse principale, de même qu'à Argos, Junon avait Hébé pour acolythe. Une médaille à l'effigie de Julia Domna, frappée à Argos, montre une déesse d'un maintien grave appuyée sur une jeune fille, que nous avons désignée par le nom de Chloris. Sur une médaille de Samos, du règne de Trajan Dèce, on voit une hiérodule qui porte le lebès destiné à laver le simulacre de la déesse. Les fonctions que remplit cette jeune fille, et celles qui sont attribuées à Hébé méritent d'être comparées. Et d'ailleurs, si on doit choisir un nom pour l'acolythe de la Junon Fluonia, celui de Flora ou Chloris, la déesse des fleurs, de la végétation, du printemps et de la jeunesse, ne peut guère être mieux appliqué (Charles Lenormant, Jean Joseph Antoine Marie de Witte, Elite des monuments céramographiques ; matériaux pour l'histoire des religions et des moeurs de l'antiquité, Volume 1, 1844 - books.google.fr).

La fête de Flore, commencée le 28 avril, achevait de se célébrer pendant les trois premiers jours de mai. On appelait cette déesse la Reine de mai, et on la confondait avec Maïa, fille de Faunus, révérée à Rome d'un culte particulier (M. Sulau de Lirey, Histoire des différentes religions depuis leur origine jusqu'à nos jours, 1843 - books.google.fr).

La fête de Majumée ou Majuma honorait Maïa et Flore, déesses des fleurs et de la jeunesse, et proviendrait des côtes de Palestine.

Les savants ne sont pas d'accord sur l'origine du mot majuma : les uns le font dériver du mois de mai, maius, parce qu'ils pensent que cette fête se célébrait en mai ; d'autres le font venir du nom d'une ville appelée Majuma, située près de Gaza (Denis Serrigny, Droit public et administratif Romain, Volume 2, 1862 - books.google.fr).

Dans les anciennes prières romaines, Maïa était invoquée sous le nom de Maïa Volcani, on en faisait la femme de Vulcain, une déesse de l'agriculture à laquelle vient s'associer, au mois de mai, la force vivifiante et fécondante du feu, pour produire les fleurs et les fruits (Louis Preller, Les dieux de l'ancienne Rome: mythologie romaine, 1866 - books.google.fr).

Deux mois étroitement liés entre eux étaient février et mai, tous deux consacrés aux morts. Le mois de mai était nommé d'après la déesse-terre Maia, la « Grande », dont le nom se retrouve dans la Mégalè grecque et la mahi de l'Inde ancienne. La tradition romaine rattachait février au dieu des morts, Februus, que l'on identifiait avec Dispater. Pendant neuf jours de ce mois on célébrait les Parentalia ; seul le jour de clôture de cette neuvaine, le 21, faisait partie des feriae publicae et, en cette qualité, il figurait seul au calendrier. Le 15 février, en pleines Parentalia, on célébrait les Lupercalia, fête de Faunus au cours de laquelle le peuple était purifié de tous les maux et dangers dont il était menacé à l'époque de la fête des morts. Au mois de mai par contre, les Lémuria du 9, 11 et 13, comme aussi l'Agonium du Veiovis du 21, étaient consacrés aux infernaux. Par ceux-ci et par la tuba, le Tubilustrium de Vulcain, associé au culte de Maia, est proche du culte des morts (Franz Altheim, La religion romaine antique, 1955 - books.google.fr).

Macrobe distingue Maia, qu'il dit femme de Vulcain avec Cincius, de Maia, mère de Mercure.

Maïa, dont on retrouve le nom dans celui du mois de mai : on disait Maia Candida, Maia la blanche; son culte devait remonter à une époque très ancienne puisque, suivant Festus, le mois de mai existait chez les Latins avant la fondation de Rome. Les Osques l'appelaient Mœsius. La fête de Maia se célébrait le ler mai. C'était donc encore une déesse calendaire, donc nouvelle lune et crépusculaire. Macrobe s'étend assez longuement sur son compte. Les anciens l'identifiaient à bona dea. Son caractère de déesse de la lumière se manifeste encore dans sa qualification d'épouse de Vulcain. On sait que tous les auteurs sont d'accord pour en faire la personnification du feu, donc un dieu lumineux. On disait : Maia Vulcani (Charles Ploix, La nature des dieux: études de mythologie gréco-latine, 1888 - books.google.fr).

La couronne et le chaperon de Heurs ont été utilisés de tout temps dans les cérémonies liturgiques, magiques ou religieuses et l'on ne se représente pas Maïa, Chloris ou Flore, ces antiques reines de mai, sans un chaperon fleuri (Les contes de Perrault et les récits parallèles: leurs origines (coutumes primitives et liturgies populaires), présenté par Pierre Saintyves, 1923 - books.google.fr).

La principale fête de Vulcain, divinité ancienne du feu et du métal, tombait dans le brûlant mois d’août, le 23 de ce mois. Un usage qu’on observait en ce jour, usage curieux et, sans aucun doute, fort ancien, c’est que les Romains, probablement chaque père de famille au nom des siens, jetaient certains poissons dans le feu du foyer domestique. C’étaient sans doute de ces petits poissons appelés mænæ, qu’on trouve désignés ailleurs encore comme tenant la place d’âmes humaines. Ces victimes importantes étaient fournies par les pêcheurs du Tibre, mais non pas au marché aux poissons ordinaire : c’était sur la place située devant le temple de Vulcain, dans le Champ de Mars. La ville récompensa les pêcheurs de ce service en faisant célébrer tous les ans le 7 juin, par le préteur urbain, des jeux spéciaux (ludi piscatorii) pour la corporation des pêcheurs. Quant aux jeux consacrés à Vulcain, les Volcanalia, on les célébrait à Ostie, non pas à Rome, et un préteur spécial, souvent cité, les présidait. Vulcain avait une autre fête [Tubilustria], le 23 mai, où l’on polissait les trompettes servant au culte et tout le métal employé au même usage. Vulcain était donc adoré, en cette occasion, comme le forgeron adroit et le chef de tous les métiers qui se sen vent du feu pour leurs travaux (Ludwig Preller, Les dieux de l'ancienne Rome mithologie romaine, 1866 - books.google.fr).

Vulcain, à l'origine un dieu proprement latin, a donné le mot volcan.

La jeune fille défaillit. Elle comprenait, elle aussi, la signification de son trouble. Les voix dupassé, de ce passé mystérieux qu'elle avait tout fait pour nepas oublier, retentissaient en elle et autour d'elle. Cela se heurtait aux remparts où le granit se mêlait à la lave des anciens volcans. Cela sautait d'une roche à l'autre, de statue en gargouille, glissait à la surface dure de l'eau, montait jusqu'à la bande bleue du ciel, retombait comme de la poudre d'écume jusqu'au fond du gouffre, et s'en allait par échos bondissants vers l'autre issue du défilé où étincelait la lumière du grand jour. Éperdue, palpitante de souvenirs, Aurélie essaya de lutter, et se raidit pour ne pas succomber à tant d'émotions (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre XI, 1926 - fr.wikisource.org).

La Fontaine de Jouvence de La Demoiselle aux yeux verts a encore un point commune avec la Fontaine Ardente.

De gros tuyaux de plomb, autrefois dissimulés sans doute et qui paraissaient venir d’un endroit de la falaise où devait se cacher la source, émergeaient du bassin. À l’extrémité de l’un d’eux, un robinet avait été soudé récemment. Raoul le tourna. Un flot jaillit, tiède, avec un peu de buée. — L’eau de Jouvence, dit Raoul. C’est cette eau que contenait la bouteille prise au chevet de votre grand-père et dont l’étiquette donnait la formule (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre XIV, 1926 - fr.wikisource.org).

Une inscription ou les deux mots "Annius Maternus" sont empreints en relief sur un conduit de plomb probablement de la fabrique de Lucius ou de Iulius Annius Maternvs. On trouve dans Reinesius, Appendix, n° 39, une inscription de Lucius Maternvs Optatvs, en honneur de Vulcain Auguste. Elle est tirée de l'histoire du Dauphiné, par Chorier, qui ne dit pas sur quoi elle est gravée. Peut-être ce Maternus Optatus était-il de la même famille que notre Annius Maternus, probablement affranchi de l'illustre famille consulaire Annia. Cette dédicace à Vulcain, le dieu des ouvriers en métaux, des fondeurs, des modeleurs, des mouleurs, lui aurait aussi bien convenu qu'à Maternus Optatus. Et qui sait si ce Lucius Maternus Optatus, ou le désiré, ne serait pas le fils de notre Maternus qui, après l'avoir longtemps désiré, lui aurait donné ce surnom; car les surnoms romains tenaient ordinairement à des circonstances qui avaient précédé ou suivi la naissance des enfans. Notre conduit de plomb provient de la collection Durand (Frédéric Clarac, Maury, Musée de sculpture antique et moderne, 1841 - books.google.fr).

Au Gua, près de la Fontaine-Ardente : L . MATERNVS OPTATVS / VVLCANO AVG. / SACRVM / P. : "Lucius-Maternus-Optatus, Vulcano augusto, sacrum posuit. Lucius-Maternus-Optatus a érigé cet autel à Vulcain auguste." (Bulletin, Volume 3, Société Scientifique du Dauphine, 1843 - books.google.fr).

En gare de Marseille, la nuit suivante, Raoul dégringola de son wagon de marchandises et prit place dans un express d’où il descendit à Nice, le matin du mercredi 28 avril, après avoir allégé un brave bourgeois de quelques billets de banque qui lui permirent d’acheter une valise, des vêtements, du linge et de choisir le Majestic-Palace, au bas de Cimiez (Maurice Leblanc, La Demoiselle aux yeux verts, Chapitre IV, 1926 - fr.wikisource.org).

Chez les Romains, on donnait, suivant Macrobe, le nom de Maïa, Maja, ou Majesta (grande, sublime), à une déesse fille de Faune et femme de Vulcain, que l'on croit être la même que la bonne déesse. Au mois de mai, on lui sacrifiait une truie pleine (Dictionnaire mythologique universel, Firmin Didot frères, 1846 - books.google.fr).

Le 28 avril est la date de début des fêtes de Flore (Maia, Chloris etc.) et Majesta, autre nom de Maia, se retrouve dans "Majestic".

La fête traditionnelle des Mais était liée à la déesse de la terre. On abattait un pin dans la forêt et on l'ornait de fleurs et de banderoles pour l’installer dans le temple. "Tourner les mais" signifie, depuis le moyen-âge, danser autour d’un tronc d’arbre surmonté d’une couronne de fleurs. Très développée durant la Restauration sarde, pendant la première moitié du XIXème siècle, les Mais connurent un temps d’éclipse avant d’être relancés, au début du XXème, par un groupe de Niçois attachés à la renaissance de ces traditions. En 1907, le chansonnier niçois, Menica Rondelly, et un journaliste, Léon Barbe, de l'Eclaireur de Nice et du Sud- Est, la firent revivre et de nouveau, dans chaque quartier, les mais furent organisés par un comité et dotés d'une reine et de demoiselles d'honneur en costumes niçois. Dès lors, les Mais de quartier, de plus en plus souvent urbains désormais, marquent le souvenir des Niçois du XXème siècle de leur caractère simple, joyeux, convivial, festif et familial. On décore de guirlandes et de lampions la place ou le carrefour principal du quartier, on y mange, on y joue au vitou, à la pignata ou au pilou, on y danse autour du mât de cocagne, symbole de l’arbre de mai, renouveau de la Nature aux origines païennes, si vira lou mai-on tourne le mai dit-on, dans la tiédeur des journées et des soirées de printemps. Une multitude de fêtes couvrent ainsi la ville, découpant clairement des quartiers, au cœur même du Vieux-Nice (www.chezpipo.fr - Histoire de Nice, Marguerite Isnard, Roger Isnard, Nouvel almanach du comté de Nice: memoria e tradicioun, 2006 - books.google.fr).

On trouve chez le poète "maudit" et normand Malfilâtre (Caen, 1732 - Paris, 1767) la réunion des nymphes Nise et Chloris (Narcisse dans l’île de Vénus où Nise est notée "Nice" quelques lignes plus loin) (Prosper Poitevin, Petits poëtes français depuis Malherbe jusqu'à nos jours, Volume 1, 1841 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jacques Clinchamps de Malfilâtre).

Nise, anagramme d'Inès (Eglogue III où le mot "verde" revient 13 fois) apparaît chez le poète et militaire Garcilaso, né à Tolède en 1506 et mort à Nice en 1536 à la suite de l'assaut de la forteresse de Muy, dont le marquis de Laurencin donnera des études, inspirée de Virgile (Eglogue VIII) (Florence Madelpuech-Toucheron, Temporalité à la Renaissance: L'écriture du temps dans les Eglogues et les Elégies de Garcilaso de la Vega, 2012 - books.google.fr, Georges Cirot, A propos des dernières publications sur Garcilaso de la Vega. In: Bulletin Hispanique. Tome 22, N°4, 1920 - books.google.fr).

"Je vous prends sans vert". Cette expression, employée comme une plaisanterie dans les sociétés, a une origine très ancienne et rappelle les fêtes qui se célébraient au printemps en l'honneur de Maïa, la bonne déesse, la divinité créatrice.

Locution proverbiale qui veut dire : pris au dépourvu. Elle tire son origine d'un ancien usage dont on trouve des traces dans les temps les plus éloignés. Pendant les premiers jours de mai, chacun étoit tenu de se parer d'une branche, d'une feuille, d'un brin de verdure. Si l'on étoit rencontré sans ce préservatif, chacun avoit droit de vous verser de l'eau sur la tête, en disant : Je vous prends sans vert. Après avoir été une coutume générale au moyen âge, cela finit par n'être plus qu'un jeu qui se jouoit entre un certain nombre de personnes ou de familles. Celui qui étoit pris sans vert payoit une amende; le produit de ces amendes étoit appliqué à célébrer quelque fête printanière. Ce jeu étoit encore en vigueur sous Louis XIV. Le proverbe a seul conservé jusqu'à nos jours le souvenir de l'usage antique. « Le diable me prendroit sans verd s'il me rencontroit sans dez, » dit Panurge (Rabelais, Pantagruel, liv. III, ch. IX) (Oeuvres complètes de Molière, Volume 1, annoté par Louis Moland, 1863 - books.google.fr, Georges Ducrocq, Les Marches de l'est (Alsace, Lorraine, Luxembourg, Ardennes, pays wallons, Suisse romande), Volume 1, 1912 - books.google.fr).

Le nom de la princesse Laurentini, dont les boucles d'oreilles ont fait la réputation de Marescal (Chapitre II), peut se rapporter à Acca Laurentina (Acca Larentia, Acca Laurentia), nourrice, parfois assimilée à la louve romaine et à une courtisane (lupanar), des jumeaux Romulus et Rémus.

La terre, c'est encore et surtout Cérés, Maïa, Bona Dea, Dia, Lua, Mater Larum, Acca Larentia, Flora, Féronia, Vénus. Joignez-y, a mesure que l'orient pénètre le monde romain, la Magna mater de l'Ida, la Grande déesse, Isis même (Compte rendu, Ludwig Preller, Les dieux de l'ancienne Rome, Revue de l'instruction publique de la littérature et des sciences en France et dans les pays étrangers, 1867 - books.google.fr).

La Terre-Mère divinisée était probablement adorée déjà à l'âge du Bronze, par les indigènes préceltiques. Mais elle a été rénovée, sous forme humaine, par des influences méditerranéennes venues d'Orient à partir de la fin du VIIe et du début du VIe siècle av. J.C. Elle devait être romanisée, sous la forme de Maia, Bona Dea, et les oreilles (Aures) de cette bonne déesse, Cérès, la Fortune, ou plus simplement, de Terra Mater, la Terre Mère (Raymond et Maryse Sabrie, Du clos de la Lombarde à Narbonne, Etudes languedociennes: actes du 110e Congrès national des sociétés savantes, Section d'archéologie et d'histoire de l'art, Commission de pré et proto-histoire, 1985 - books.google.fr).

A propos de la dans des tombes puniques d'un seul pendant d'oreille, on signale qu'aujourd'hui encore les enfants arabes, garçons et filles, portent un seul anneau, d'or ou d'argent, fixé à l'oreille droite. Parmi les nombreux ex-voto antiques d'oreilles, celles du dieu qui écoute les prières, quand l'oreille est unique, c'est en général la droite. [...] L'oreille du dieu écoute les prières des fidèles ; ici ce sont les oreilles de ces derniers qui écoutent, la langue du dieu qui leur parle. « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! »

Emile Espérandieu, dans son Recueil, IX, n° 6893 (1925), mentionne un relief de Narbonne, avec dédicace « Auribus Bonae Deae Ideae Magnae ». Les oreilles de la bonne déesse sont l'objet d'une inscription à Aquilée (Waldemar Deonna, Le dieu gallo-romain à l'oreille animale. In: L'antiquité classique, Tome 25, fasc. 1, 1956 - www.persee.fr, Johann Kaspar von Orelli, Johann Kaspar Hagenbuch, Wilhelm Henzen, Inscriptionum Latinarum Selectarum amplissima collectio ad illustrandam Romanae antiquitatis disciplinam accommodata cum ineditis, 1828 - books.google.fr).

Jeux de cartes

La Demoiselle aux yeux verts s'appelle Aurélie d'Asteux.

Asteux : joueur de carte (Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, 1851 - books.google.fr).

Nous ne croirons pas non plus, comme Cicognara, que les fragments du beau tarot possédé par la comtesse Aurélie Visconti Gonzaga puissent dépendre du jeu acheté par Philippe-Marie Visconti 1,500 écus d'or. Les figures de ce jeu incomplet appartenant à la comtesse Aurélia Visconti Gonzaga de Milan, épargnées par le temps, sont au nombre de onze. Elles sont dessinées et peintes à la main avec un grand luxe d'or et de couleurs. Sans doute le jeu de la comtesse Auiélie a appartenu a ce prince ou à sa femme, puisque le tableau n° VI (l'amour) les représente tous deux, un jeune homme et une dame debout, en costume italien du quinzième siècle, unissant leurs mains droites comme dans la cérémonie du mariage, sous le même dais chargé de leurs armoiries Sur les lambrequins de la tente sont placées alternativement les armoiries de la maison Visconti (la guivre) et celles de la dame (la croix de Pise) ; mais, s'il résulte de ce tableau la preuve que ce jeu a été a l'usage de ce duc ou de sa femme, il en résulte aussi que ce n'est pas celui de son enfance, puisque son mariage avec Béatrix Tenda, veuve de Facino Cane, tyran de Pise, eut lieu en 1413, et que le duc était né en 1391. On sait que Visconti pour s'assurer avec la principauté de Pise, les trésors et l'armée de Cane, épousa en 1413 sa veuve le jour même de la mort de son mari et qu'en 1418 le nouvel époux la faisait mourir sur l'échafaud sous le poids d'une fausse accusation d'adultère.

De plus, ce sont aussi des cartes tirées d'un tarot a points, et le tarot à points, ainsi que ses vingt-deux atouts, ne concorde pas avec la citation de Decembrio, qui mentionne dans ce jeu des dieux, des animaux et des oiseaux peints avec beaucoup d'art; or, presque tous les atouts du tarot sont des emblèmes chrétiens, et il n'y a que l'amour qu'on puisse y considérer comme un dieu (Journal général de l'instruction publique et des cultes, Volume 26, 1857 - books.google.fr, R. Merlin, Origine des cartes à jouer: recherches nouvelles sur les Naîbis, les tarots et sur les autres espèces de cartes, Volume 1, 1869 - books.google.fr).

Alexandre Zanetti publia en 1839 le Catalogue de la riche collection d'estampes du premier siècle de l'art en Italie et en Allemagne, des jeux de cartes à tarots et du précieux cabinet de nielles en planches originales, de feu M. le comte Léopold Cicognara (1767-1834).

Aurelia Visconti Gonzaga (1767-1857) est la fille de Francesco Nicolò Gonzaga, seigneur de Vescovato et d'Olimpia Scotti, épouse de Gaetano Visconti, VIIIème comte de Lonate Pozzolo et mère d'Uberto Visconti, duc de Modrone, Carlo Francesco Visconti di Modrone et Francesca Visconti di Modrone (www.myheritage.fr - Aurelia Visconti).

La lame de l'Amour dans le Jeu de la comtesse Aurélie Visconti Gonzaga

Tarot et Trièves

Trievo, Chemin qui a trois routes ; de trivium dit dans la basse latinité pour trivica. De là vient le nom d’un bourg de Dauphiné du côté des montagnes appelé Trièves, qui est sans doute le même que l'on appelait dans l’ancienne latinité Tricoriens d’un mot fait de ces deux grecs, treis trois, et chioros région, pays. En etfet, c’est le chemin qui menait aux Tricoriens, aux Tricastins et aux Mimènes qui étaient des peuples des Vocontiens qui sont aujourd'hui : les Tricastins, ceux de Saint-Paul-trois-Châteaux; les Tricoriens, ceux de Trièves, et les Mimènes, ceux du pays où est Sisteron, comme on peut le voir dans L'Histoire du Dauphiné, page 10 (Dictionnaire historique, chronologique, géographique, généalogique, héraldique, juridique, politique et botanographique de Dauphiné, publié par H. Gariel, 1864 - books.google.fr).

Le Trièves, dans son ensemble, de par ses conditions physiques incertaines, les traits contradictoires de son relief et de son climat, n'était pas assujetti à une économie rurale bien déterminée; ses aptitudes n'étaient pas évidentes. Aussi a-t-on cultivé un peu de tout dans le pays, sauf les plantes qui demandaient un sol vraiment trop riche, et encore aujourd'hui n'apparaît aucune spécialisation. Sans doute, c'était jadis la règle, et surtout dans les pays de montagnes, avec la précarité des transports ; mais le Trièves, en liaison très difficile avec les riches terres du Grésîvaudan, dut, plus que tout autre, s'habitue-r à ne compter que sur lui-même. La Réforme, en développant dans la région un centre protestant vigoureux, vint aggraver ce particularisme. Enfin, il est à noter que le Trièves, dans sa médiocrité, figurait cependant une région favorisée, au milieu des massifs qui le ceignaient : c'était la « vallée » débarrassée de neige bien avant la montagne, et où, malgré tout, le froment jaunissait chaque année, où le raisin même mûrissait ; aussi, par contraste, s'appliqua-t-il à fournir ce que ses voisins plus déshérités ne pouvaient cultiver : c'est une des causes qui peuvent expliquer la faible importance de la vie pastorale en Trièves (Charles Robequain, Le Trièves. Etude géographique. In: Revue de géographie alpine. 1922, Tome 10 N°1 - www.persee.fr).

Le consistoire, cette institution originale des églises protestantes, continue de fonctionner jusqu'à la Révocation dans nombre de communautés Leurs délibérations étudiées récemment par les historiens continuent jusqu'en 1683 et souvent jusqu'en 1685. Imperturbables, les anciens de Montauban, Nîmes, Die, Mens-en-Trièves, Le Havre, Beaune, etc., s'occupent de l'administration ecclésiale, « admonestent » les fidèles paillards, joueurs, danseurs, buveurs, organisent la charité (Janine Garrisson, L'édit de Nantes et sa révocation, 1985 - books.google.fr).

Le jeu des cartes est interdit par la Discipline comme par les ordonnances royales : Disc XIV 29 "Tous jeux défendus par les édits du roi, comme cartes, dés, et autres jeux de hasard, et ceux où il y aura avarice, impudicité, perte notoire de temps, ou scandale, seront réprimés et les personnes reprises et admonestées au consistoire, et censurées selon les circonstances".

Un arrêt du Parlement de Grenoble le rappelle aux Dauphinois. Mais les réformés de Mens n'y prêtent guère attention : quelle que soit leur condition sociale, le jeu les passionne. Les anciens les surprennent les cartes à la main dans une auberge comme chez un consul, chez un chapelier comme chez un noble. Ils jouent la nuit aussi bien que le jour. Les femmes de la meilleure société sont, elles aussi, saisies par cette passion (Pierre Bolle, Le Protestantisme en Dauphiné au XVIIe siècle: religion et vie quotidienne à Mens-en-Trièves, Die et Gap (1650-1685), 1983 - books.google.fr).

Sauf contre cette puissante famille de seigneurs du Trièves, le consistoire fait donc preuve d'une autorité certaine. Rares sont les révoltes ouvertes, même si on peut signaler, en 1663, le coup de colère du notaire Senebier ou, en 1670, les menaces et imprécations de Pierre Cuchet Jouvencel, de Menglas. Pourtant, la manifestation apparente de l'autorité du consistoire ne va pas de pair avec une efficacité réelle : l'admonestation, voire la sanction, sont docilement acceptées, mais la transgression se répète un peu plus tard. Nous avons vu le cas des cabaretiers ; ajoutons celui de joueurs de cartes impénitents, parmi lesquels figure, à deux reprises, la fille même du pasteur ! Le dimanche 22 mars 1670, elle joue aux cartes avec Madame Archer et avec le Sr de Magnin (son futur époux) ; la partie se corse ensuite avec la participation du curé du lieu, "ayant commencé le jour et fini entre onze heure et minuit, et ce qui avaient esté faites par l'article du synode dernier, dont la lecture en avait esté faite en chaire le mesme jour par Mre Borel nostre ministre". Faisant montre de contrition, les coupables "promettent de n'y restourner pas" mais sont dénoncés, six ans plus tard, pour avoir joué le jour de Noël chez M. de Beaufort, parent de Geneviève Borel. Le jeu leur est défendu pour l'avenir ! (Pierre Béthoux, Histoire des protestants de Mens et du Trièves en Dauphiné: de l'Édit de Nantes à la Révolution française, 1998 - books.google.fr).

Si le Tarot en question dans ce qui suit est originaire du Maine, la mise en relation avec le Trièves est cocasse.

L'accident singulier arrivé dans la Paroisse de S. Pierre-la-Cour, canton de Sillé-le-Guillaume, Diocèse du Mans, dans le courant de l'année derniere chez Tarot, Laboureur Fermier de la Jutonniere, m'autorise à vous faire part d'un évenement arrivé à Grenoble, qui a beaucoup d'analogie, tant par rapport aux circonstances qu'à la dénomination; des lieux. Voici le fait. Mr. de S. Guillaume, Gentilhomme de cette Province, demeurant à Grenoble, ayant le 22 Août dernier prémédité une partie de chasse aux faisans dans sa terre de S. Guillaume, avec M.M. Allemand de Brunière, Commissaire des guerres, & Duvaure, Auteur de la Comédie du faux Sçavant. Ce même jour vers le soir, Mr. de S. Guillaume & ses convives s'acheminerent à cheval pour effectuer leur partie de chasse. Mr. de Brunière montait une jument Napolitaine, qui avait, ainsi que la vache de Tarot, le tic de manger des cordes & des linges. Ces Messieurs arrivés au bas de la montagne de S. Guillaume, vers les deux heures du matin, firent halte; dans cet intervalle la jument de ce Commissaire mangea une redingote rouge, appartenant à Mr. de S. Guillaume qui était sur son cheval. Ces Messieurs se rendirent au point du jour au lieu indiqué pour la chasse , sans s'apercevoir de la redingote qui manquait. A leur retour, vers les cinq heures du soir, ce Commissaire trouva sa jument étendue par terre, les quatre membres roidis, & paraissant avoir des tranchées, il fit appeller le plus prochain Maréchal, lequel sur le champ lui donna un breuvage precédé de deux lavemens, & une heure après deux autres. Cette jument fit de si grands efforts pendant la nuit, & se vuida si considérablement par l'effet des remèdes qu'on lui avait administrés que le lendemain à midi on s'apperçut qu'il lui sortait quelque chose par le fondement, qu'on crut être les intestins, mais à l'inspection on reconnut que c'était une étoffe, & s'étant déterminés à la lui arracher, on sortit la redingote de Mr. de S. Guillaume par lambeaux. Ce qui parait le plus surprenant, c'est que cette redingote qui a été mangée de couleur écarlate, a été rendue ensuite de couleur verte. Toute la différence qu'il y a d'un accident à l'autre; c'est que la vache de Tarot a guéri radicalement, puisqu'elle a été vendue 50 écus, & que la jument de Mr. de Brunière en est morte au bout de huit jours. Mr. le Directeur de l'Ecole vétérinaire de Lyon, auquel on a fait part de cet accident, n'a pas encore répondu aUx questions qu'on lui a faites à ce sujet (XXXII Lettre de Mr. Bruner de Grenoble, Gazette littéraire et universelle de l'Europe, Volume 4, François Grasset & Comp., 1769 - books.google.fr).

Saint Guillaume est situé dans le Trièves au bas des falaises est du Vercors, dans l'Isère, au sud de Miribel-Lanchâtre (Pierre-Dieu) qui se trouve à la limite de cette région (saintguillaume.free.fr).

Jacques Duvaure est l'auteur de la pièce de théâtre Le faux açavant ou L'amour précepteur, comédie en trois actes.

On sait très-peu de chose sur cet Auteur. La France Littétaire nous apprend qu'il étoit né dans le Dauphiné, mais elle ne nous dit point quels furent ses parens, dans quel lieu de cette Ptovince il naquit, ni en quelle année. On ne sait rien de ce qui lui arriva jusqu'en 1728, qu'il fit jouer, au Théatre François, sa Comédie du Faux Savant; mais il nous apprend, dans la Préface qu'il a mise au-devant de cette Pièce, qu'il servit presque toute sa vie, et l'on sait qu'à-peu-près vers cette époque il étoit dans la Cavalerie, qu'il fut fait Chevalier de Saint-Louis, et Aide de Camp dans l'atmée d'Italie, pendant la guerre de 1733, entreprise par la France pour soutenir Stanislas Leczinski sur le trône de Pologne. Vingt-trois ans après, Du Vaure rentra dans la carrière dramatique, et donna au Théatre Italien une Comédie, en un acte, sous le titre de L'Imagination, avec un Divertissement, dont la musique étoit de Biaise. Cette Piece fut jouée le 11 Octobte 1756, et ne réussit point. Du Vaure la retira après la première représentation, et ne la fit point imprimer. De sorte que nous ne savons pas quel étoit le sujet qu'il avoit traité sous ce titre vague, ni de quelle manière il l'avoit traité. Quelques recherches que nous avions faites sur cela, nous n'avons pu en découvrir la moindre trace. L'Auteur du Mercure du mois de Novembte 1756, dit seulement que « le Spectateut impartial a trouvé cette Pièce bien écrite ; que plusieurs détails en ont été applaudis, avec justice, et que, si elle avoit été imprimée, elle n'auroit pu que gagnée à la lecture. » Du Vaure fit une autre Comédie, en un acte, intitulée Le Gentilhomme Campagnard. Elle fut reçue au Théâtre François, mais elle n'a pas encote été jouée, ni imprimée, et on n'en connoît que le titre. Il est mort en 1778, à ce que nous apprend le Chevalier de Mouhy, dans son Abrégé de l'Histoite de ce Théâtre, sans nous dire en quel lieu, ni à quel âge il mourut. (Chefs-d'oeuvre de Piron et de Duvaure, Volume 2, Billois, 1810 - books.google.fr).

Un roi sans divertissement est un roman de Jean Giono, publié en 1947.

L'action du roman se déroule dans une région que Giono connaît bien, le Trièves, entre les massifs alpins du Vercors et du Dévoluy, et qui lui a déjà fourni le cadre de Batailles dans la montagne et d'une partie des Vraies richesses. Cette action s'inscrit dans une période d'un peu moins de cinq années, rythmées par six hivers successifs, de 1843 à 1848 et a pour axe le capitaine de gendarmerie Langlois qui s'installe dans l'auberge d'un village isolé par la neige pour rechercher un tueur mystérieux qu'il finira par abattre (fr.wikipedia.org - Un roi sans divertissement).

Les villageois aimeraient bien que Langlois se contente de se livrer avec eux à ces divertissements sociaux tranquilles et bien réglés - jeux de boules, de quilles de cartes (p. 90). Mais il y a chez Mme V. une belle table de jeux qui manifestement n’a pas suffi à satisfaire feu son mari (p. 170 et 176). Et c’est l’habitude sociale des jeux de cartes que Saucisse reprochera précisément aux villageois : « [...] il y avait vos cartes » (p. 208). Les jeux de société sont de bien pauvres divertissements. Dans Les Grands Chemins, Giono imaginera pourtant un usage démesuré et passionné du jeu de cartes, mais en le transformant alors en jeu de vertige (Denis Labouret, Un roi sans divertissement de Jean Giono, roman « contemporain » ?, 2004 - lettres.ac-amiens.fr, Valérie Presselin, Un roi sans divertissement de Jean Giono, 2011 - www.lettres.ac-versailles.fr).

Si le tricheur des Grands Chemins mérite, entre tous les personnages de Giono, le nom d'artiste, c'est en raison de la perversion (sans nulle acceptation morale) qu'il introduit dans l'économie du jeu. Tricher, c'est d'abord inaugurer (clandestinement, certes) une règle différente de la règle communément reçue. Mais c'est, de surcroît, pour celui qui joue «sa peau», exclure la finalité normale du jeu qui est (éventuellement en trichant) de gagner et d'emporter la mise. Le jeu, pour le tricheur-artiste, devient une activité pure, dont la mise n'est plus l'enjeu véritable. Gagner, pour lui, c'est simplement tromper; perdre, c'est se faire prendre. Le jeu, cette activité éminemment sociale et intéressée, se pervertit en «exercice de style», pure création deformes, c'est-à-dire de valeurs esthétiques (Jean Decottignies, Ecritures ironiques, 1988 - books.google.fr).

Ordinairement un asteux est un habitué du jeu de cartes, surtout en Artésien, en Boulonnais, en rouchi — c'est ainsi qu'il est défini dans le dictionnaire picard et gaulois du Père Daire, au XVIIIe siècle. Le mot n'est donc pas nouveau. M. Cochet, dans son lexique de Gondecourt près de Lille le donne pour un tricheur. Je n'ai aucune certitude quant à l'origine d'asteux. Faut-il le faire dériver d'as comme le croyait Corblet ? A-t-il quelque patenté avec l'adjectif astut, très employé dans le vieux langage au sens de rusé, astucieux ? La chose est vraisemblable (Robert Emrik, Qualifications appliquées aux mauvais sujets en patois picard, Bulletin trimestriel, Société des antiquaires de Picardie, 1947 - books.google.fr).

"...une table de jeu d'un luxe inouï en marqueterie d'ivoire et d'ébène ; une chaise galbée avec des pieds soignés comme des crosses de violons..." (Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1947, Chroniques romanesques, Gallimard - books.google.fr).

Un violon

Un violon censé renfermé la fortune en actifs de la comtesse Faradoni apparaît au chapitre IV de La Demoiselle aux yeux verts. Il est disputé à Lupin par cette demoiselle et un complice du nom de Guillaume.

Taraud, ou plus ordinairement tarot, f. m. Grosse flûte qui sert de basse dans les concerts de musettes & de hautbois, & qui a onze trous. C'est ce qu'on appelle autrement basson (Antoine Furetière, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que modernes et les termes des sciences des arts, Volume 4, 1727 - books.google.fr).

On trouve chez Richelet : Tarot, gros violon (instrument à cordes), gravis decumana fidis, espression latine associée à la basse-contre de viole chez Pomey, et encore au tarot-flûte chez Antonini (Pierre Richelet, Berthelin, Dictionnaire de rimes, 1799 - books.google.fr, François Pomey, Le dictionnaire royal augmenté de nouveau et enrichi d'un grand nombre d'expressions, 1716 - books.google.fr, Annibale Antonini, Dizionario italiano, latino e francesen Volume 2, 1770 - books.google.fr).

Le nom de Faradoni fait penser à une italianisation du mot faradon ou faradou, métier à ferrer les boeufs ou les chevaux - ou travail - en Aubrac (L'Aubrac: Ethnologie contemporaine, 1982 - books.google.fr).

Comme Floriani est une italianisation de Florian. saint Florian, patron de l'Autriche et de la Pologne, est fêté le 4 mai comme saint Lupin (Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Introduction).

Ou du nom Farandon.

Louis Normant du Faradon, saint-sulpicien, supérieur du séminaire de Montréal en 1732, assura la pérennité de l'Hôpital Général de Montréal grpace aux Soeurs grises, qu'il contribua à fonder avec Marie-Marguerite Dufrost de Lajemmerais, veuve de François-Madeleine d'Youville de la Découverte. Le père de François, Pierre You, a été le compagnon de Robert Cavalier de la Salle lors de la découverte du Mississipi et l’annexion de la Louisiane, d’où son titre de sieur de La Découverte, accordé par Louis XIV. (L'histoire de sainte Marguerite d'Youville - www.sgm.qc.ca).

Louis Normant du Faradon est nommé en 1726 par le bien connu Monseigneur de La Croix de Saint Vallier vicaire général pour la région de Montréal (La Croix d’Huriel et pierres noires : Saint Jean Baptiste, Saint Sulpice et Sceau de Palaja).

Jeanne de La Croix de Chevrières, dame de Revel, était la soeur de Jean (IV) de La Croix de Chevrières (mort en 1680), père du second évêque de Québec, Jean-Baptiste. Enfants de Félix (II) de La Croix (mort en 1627), ils fondèrent ensemble la compagnie de la Propagation de la foi, paravent de la compagnie du Saint sacrement à Grenoble, dont Jean était membre, et qui intervenait en sous-main à l'Hôpital Général de la ville. La Propagation de Grenoble tenta de regagner le Trièves au catholicisme avant la Révocation, sans succès contrairement à la vallée de Pragela en Piémont, grâce aux subsides du second prince de Conti Armand de Bourbon, fils de Henri II de Condé, et dont le zèle fut fatal à la compagnie du Saint sacrement. Les La Croix de Chevrières donnèrent deux évêques à Grenoble, Jean (III) de La Croix (1607-1619), ancien président du Parlement de la province - c'est sous son épiscopat que, entre 1616 et 1618, saint François de Sales vint prêcher à la collégiale Saint-André -, et son fils Alphonse (1619-1620), mort en 1637, qui était frère de Félix (II) (P. Louis Lainé, J.J.L. Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, Volume 7, 1841 - books.google.fr, Catherine Martin , Les compagnies de la propagation de la foi (1632-1685): Paris, Grenoble, Aix, Lyon, Montpellier, 2000 - books.google.fr, Kathryn Norberg, Rich and Poor in Grenoble, 1600-1814, 1985 - books.google.fr).

Faradon portera le titre de "constructeur d'églises" tant il contribue à essaimer le Canada d'édifices religieux. Né le 18 mai 1681 à Châteaubriant, du médecin Charles Normant et de Marie Legrand, dame Du Faradon, il meurt le 18 juin 1759 (Antonio Dansereau, Louis Normant du Faradon, Les Prêtres de Saint-Sulpice au Canada: grandes figures de leur histoire, 1992 - books.google.fr).

Jean Girard (Bourges, 1696 - Montréal, 1765), musicien en Nouvelle-France, a souvent assisté de sa belle écriture Faradon, né en mai dans ses fonctions de vicaire général de l'évêque de Québec et, à ce titre, il devait produire un certain nombre de documents à l'intention de ses prêtres, leur faisant connaître les directives de l'évêque. Il avait reçu une formation complète de musicien à la Sainte Chapelle de Bourges. «L'orgue n'est pas le seul instrument dont je joue, écrit-il; je joue aussi du violon, de la basse, du serpent » note un clerc musicien de Béziers. Des commandes faites en France par les Sulpiciens en 1741 comprennent «8 cordes de violon [...] pour M. Compain». Y aurait-il eu au séminaire un ecclésiastique, autre que Jean Girard, qui s'adonnait à la musique ? (Elisabeth Gallat-Morin, Jean Girard, musicien en Nouvelle-France: Bourges, 1696-Montréal, 1765, 1993 - books.google.fr).

Le violon et le Tarot

C'est au dix-septième siècle que le futur « roi de l'orchestre » commence à dessiner sa voie triomphale.

Lully méprisait l'ignorance et la routine des violons de la Grande bande qu'il traitait de « maîtres aliborons ». Aussi, fermement soutenu par le roi, Lully parvint-il à créer une nouvelle bande de musiciens dont il assuma complètement la direction. C'étaient les « Petits violons » qui ne tardèrent pas à éclipser les vingt-quatre. La création des « Petits violons » semble antérieure au mois de février 1656, puisque le ballet de la Galanterie du Temps, dansé au Louvre, le 3 février 1656, fait, pour la première fois, emploi de cette bande d'instrumentistes. Couverts d'éloges par Loret^ les « Petits violons » figureront désormais dans tous les ballets à l'exclusion des vingt-quatre; leur office consiste à se faire entendre au souper et au coucher du roi, aux bals de la cour et durant les voyages du souverain. D'abord au nombre de seize, puis de vingt et un, ces violonistes devenaient, à la fin du dix-septième siècle, les « Violons du Cabinet ». Nous ajouterons que, dès 1664, Lully avait fait la paix avec les violons de la Grande bande et qu'il groupait ensemble les vingt-quatre et les Petits violons pour l'exécution des ballets.

En laissant dans ses ballets les violons se substituer aux violes et aux luths pour l'accompagnement des parties vocales, en multipliant les ritournelles et les symphonies caractéristiques, Lully rehausse la condition artistique du violon. Enfin, en dehors de l'exécution collective, les ballets laissent souvent s'élever la voix de solistes, et la musique de Lully va nous fournir un intéressant exem- ple de ce fait que nous emprunterons au fameux Ballet des Muses, dansé à Saint- Germain-en-Laye, en 1666. Or, c'est Lully en personne qui représente Orphée, et dans ce rôle, il nous est signalé, pour la première fois, tenant un violon sur lequel il exprime les sentiments les plus divers.

L'élégance et la netteté de style de nos violonistes étaient choses avérées et, par toute l'Europe, les Lullystes jouissaient d'une brillante réputation (Lionel de la Laurencie, L'école française du violon de Lully à Viotti, 1912 - archive.org).

Les répétitions du triomphe de l'amour, opéra-ballet de Quinault et Lully, qui renoue avec la tradition du ballet de cour, eurent lieu entre le 16 décembre et le 20 janvier, mobilisant chanteurs, danseurs, ainsi que les vingt-cinq « grands violons » et les vingt-deux « petits violons », vingt et une flûtes et hautbois (Buford Norman, Quinault, librettiste de Lully: le poète des grâces, traduit par Thomas Vernet, Jean Duron, 2009 - books.google.fr).

22 petits-violons comme 22 lames majeures du tarot.

La collection manuscrite "Saint Vallier", la plus complète puisqu'el1e regroupe en trois volumes la quasi-totalité de l'œuvre religieuse connue de Lully (à l'exception du grand motet Domine salvum fac regem), est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale de France. (La naissance du style français: 1650-1673, 2008 - books.google.fr).

G3 and its companions are the most complete collection of Lully's sacred music known to exist. The set takes its name from the inscription "St. Vallier" that appears once in each volume; this is probably the name of Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint-Vallier, second bishop of Quebec and presumably a former owner of the manuscripts (Quare fremuerunt gentes: LWV 67 ; Notus in Judaea Deus : LWV 77/17 ; Exaudiat te Dominus : LWV 77/15, Volume 5 de Collected works: Sacred works, Jean-Baptiste Lully, Rédacteurs Lionel Sawkins, Carl B. Schmidt, John Hajdu Heyer, Anne Baker, 1996 - books.google.fr).

Il exista un Gilles Tarot, maître joueur d'instruments, violon du prince de Conti (François de Bourbon), demeurant rue de la Savonnerie, qui, en 1611, apprendra son art, logera et nourrira Philippe, fils de Jeanne Parmentier, et de Jean Le Tellier laboureur à Bagnières près Clermont-en-Beauvaisis (Madeleine Jurgens, Documents du Minutier central concernant l'histoire de la musique (1600-1650), Archives nationales (France), 1967 - books.google.fr).

Voltaire

Le mot de Normant se retrouve dans celui de Lenormand, patronyme de la célèbre cartomanicenne, créatrice d'un tarot.

Ce n'est qu'an dix-huitième siècle que la cartomancie prit chez nous une grande faveur. Etteilla fut le plus renommé des cartomanciens et plus tard mademoiselle Lenormand acquit une grande célébrité (Jean Patrick Peyre, L'oracle parfait ou l'art de tirer les cartes, 2013 - books.google.fr).

Etteilla, maître incontesté de la cartomancie a appris les tarots dans le Monde primitif, ouvrage de Court de Gébelin dont les neuf-volumes reliés de maroquin rouge paraissent de 1773 à 1782. Le huitième est aux armes de Marie—Antoinette. On y retrouve le mot tarot, anciennement connu. Diderot, Franklin, d'Alembert, entre autres, l'ont lu avec intérêt. Etteilla était alors franc-maçon, membre de la loge des neuf sœurs qui avait compté Voltaire parmi les siens; le secrétaire en était, et ce jusqu'à sa mort survenue en 1784, Court de Gébelin lui—même (Dicta Dimitriadis, Mademoiselle Lenormand, Voyante de Louis XVI à Louis-Philippe, L'Harmattan, 1999).

Romillaud, à proximité de Beaucourt, a des airs de Rommilly (sur Seine dans l'Aube) dont le nom est attesté sous la forme latinisée Romeliacum en 1163. Il s'agit d'un archétype gallo-roman *Romiliacu, formé sur le nom de personne latin (porté par un Gaulois) Romilius, suivi du suffixe gallo-roman *-acu, issu du gaulois *-ako. Homonymie avec les nombreux Romilly, Rumilly, Remilly, Romillé, etc.

Le corps de Voltaire décédé en 1778 à Paris, y a été inhumé pendant quelques années dans l'abbaye de Sellières dont le prieur était son neveu, avant que sa dépouille ne soit ramenée à Paris et transférée au Panthéon : l'épisode explique l'appellation des lieux-dits portant le nom de Voltaire-Sellières. Au cours de la Révolution française, la commune porta provisoirement le nom de Romilly-Voltaire (fr.wikipedia.org - Romilly-sur-Seine).

Voltaire a le caractère d'un joueur. Passionné du jeu, il estime que les cartes rendent les hommes libres et égaux : « Nous n'avons dans le monde de loi parfaite que pour régler une espèce de folie, qui est le jeu : les règles du jeu sont les seules qui n'admettent ni exception, ni relachement, ni variété, ni tyrannie" (Voltaire, cité par Dusaulx, 1779). Voltaire qui, en 1729, crée une société qui achetant tous les billets d'une loterie mal conçue à chaque tirage gagne un million de livres. Voltaire, ami et correspondant des souverains, forme des monarques éclairés ou, en tout cas, essaie de le faire, ce qui n'est une tâche facile ni avec Frédéric le Grand, ni avec Catherine II (Aleksandr Stroev, Les aventuriers des Lumières, 1997 - books.google.fr).

« Mêler les cartes, c'est l'occupation de ceux qui n'ont point d'âme ; ceux qui en ont doivent se donner des plaisirs dignes d'eux. » Cette phrase de Voltaire nous rappelle opportunément que la passion pour le jeu de cartes était loin de faire l'unanimité. Mais parlait-il peut-être de la cour où les gens de la noblesse dépensaient des fortunes à des jeux de cartes soumis uniquement au hasard (Marc de Smedt, Jean-Michel Varenne, Zéno Bianu,, L'Esprit des jeux, 1990 - books.google.fr).

Cependant, invité en Lorraine avec Emile du Châtelet, "Voltaire passe des heures à bavarder avec le duc de Lorraine, à jouer au trictrac ou au tarot. Il écrit, il envoie des lettres flatteuses pour son bienfaiteur : « Le roi de Pologne m'a reçu à peu près comme le roi de Prusse. »" (Michel Caffier, Les Grandes Heures de la Lorraine, 2011 - books.google.fr).

Mallepart

Quel rapport avec Beaucourt ?

Beaucourt, près duquel Constance Bakefield meurt assassinée dans le train qui la conduit à Monte Carlo, n'existe pas près d'Auxerre où il est sensé se trouver.

François Beaucourt, Mère d’Youville, 1792, Collection des Sœurs Grises de Montréal - www.sgm.qc.ca

François Beaucourt est un peintre, né à Laprairie (La Prairie, Québec) le 25 février 1740, fils du peintre Paul Malepart (Mallepart) de Grand Maison, dit Beaucour, et de Marguerite Haguenier, décédé à Montréal le 24 juin 1794. François Malepart de Beaucourt est surtout connu comme le premier peintre canadien à avoir étudié en Europe mais certaines périodes de sa vie demeurent obscures. En 1784, il exécute pour l’église Saint-Genès-de-Fronsac (Fronsac, dép. de la Gironde) le Martyre de saint Barthélemy. Toutes les œuvres de Beaucourt à Bordeaux sont aujourd’hui disparues, sauf le Martyre de saint Barthélemy, qui serait d’ailleurs trop abîmé pour qu’on puisse juger de son mérite. A partir de 1792, les œuvres de Beaucourt abondent dans la région de Montréal. Il peint plusieurs portraits dont ceux de la mère d’Youville [Dufrost] (daté de 1792, réplique d’un premier portrait non signé), de la mère Marguerite-Thérèse Lemoine Despins (1792), de l’abbé Claude Poncin (1792) et ceux d’Eustache-Ignace Trottier Desrivières-Beaubien (1792 ou 1793) et de son épouse ; Marguerite-Alexis Malhiot (1792 ou 1793). La production religieuse de François Beaucourt est assez considérable (www.biographi.ca - Beaucourt).

Avant 1840, les imprimés autres que le livre représentés dans la peinture, la gravure et l'aquarelle sont de trois types : la carte à jouer, le journal et le placard. La carte à jouer, présente dans le portrait (Beaucourt, Trottier), suggère le loisir bourgeois, le jeu de société favori durant les longues soirées d'hiver. Chez Beaucourt, le bourgeois joue seul, s'adonnant sans doute à un jeu qui ne requiert pas de partenaires (Yvan Lamonde, La représentation de l'imprimé dans la peinture et la gravure québécoises (1760-1960), Portrait des arts, des lettres et de l'éloquence au Québec (1760-1840), 2002 - books.google.fr).

François Beaucourt (1740-1794), Eustache-Ignace Trottier dit Desrivières Beaubien - commons.wikimedia.org

Bakefield est en français un "champ de cuisson".

Beaucoup de guides nomment le château du duc de Lesdiguières ; Zinzefling, en 1616, indique la Grande Chartreuse, "la tour sans venin", et "la fontaine qui brûle où tu peux cuire les oeufs" (Marc Boyer, Histoire générale du tourisme du XVIe au XXIe siècle, L'Harmattan, 2005, p. 22).

Le peintre canadien qui signait Paul de Beaucourt, père de François, s'appelait en fait Malepart (Mallepart), et fut baptisé à Paris à Saint-Eustache.

François Arouet, sieur de la Motte-aux-Fées, et marchand drapier à Paris, n’eut de Marie Mallepart que deux enfants : une fille née le 25 mars 4647, qui épousa Mathurin Marchand, pourvoyeur de Monsieur, frère de Louis XIV, et François, le futur tabellion, qui donna le jour à Voltaire. Ce François naquit à Paris le 24 août 1649, et avait été tenu, le 29 du même mois, sur les fonts baptismaux par une de ses parentes, Marie Arouet, au nom de sa tante Françoise, l’infatigable providence de la famille. Cette tendre protectrice veille sur lui jusque par de là le tombeau, car, trois ans après la mort de sa marraine, le 7 juin 1683, François Arouet épousait à Paris une jeune, spirituelle et aimable fille que Mme de la Cantière lui avait fait connaître dans l'une de ses visites au drapier de la rue Saint-Denis (Henri Beaune, Voltaire au college sa famille, ses etudes, ses premiers amis, 1867 - books.google.fr).

Marie Mallepart, mariée à Paris, paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois, le 28 janvier 1626, fille d'André Mallepart, marchand bourgeois de Paris, mourut le 14 octobre 1688 et fut inhumée à Saint-Etienne-du-Mont.

L'acte relevé par Jal ne donne pas les noms des père et mère de Marie de Mallepart. Elle appartenait vraisemblablement au commerce parisien. André Mallepart (son frère peut-être) parrain d'André Arouet, le 31 mars 1631 se qualifie marchand et bourgeois de Paris. A la Bibliothèque Nationale il existe pourtant aux pièces originales 1813 un dossier Malepart, bien peu fourni il est vrai, mais renfermant pourtant une pièce intéressante. Cette pièce du 4 septembre 1602 nous apprend qu'il existait à cette date un Nicolas de de Malepart, marchand à Francfort-sur-le Mein. Ce marchand, qui devait être banquier, refuse d'accepter une lettre de change tirée sur lui par un confrère parisien. Un lien de parenté reliait-il Nicolas et Marie de Malepart? C'est bien probable. Voltaire compta peut-être des ascendants de l'autre côté du Rhin. On pourrait trouver là une explication de sa haine des « Welches » et de sa sympathie pour les Allemands (Guy Chardonchamp, La famille de Voltaire: les Arouet, 1911 - books.google.fr).

Nous n'avons que peu de données sur les parents de Marie Mallepart. Toutefois, l'acte de décès d'un Claude Mallepart, inhumé en 1673, « marchand bourgeois de Paris, » frère ou cousin de celle-ci, indique assez une famille de commerçants dont tous les membres n'étaient pas commerçants sans doute, car voici un neveu de madame Arouet, Philippe Mallepart, qui figure dans un autre acte avec le titre de prêtre prieur de Saint-Marc (Gustave Desnoiresterres, Voltaire et la société au XVIIIe siècle, Tome 1, 1867 - books.google.fr).

Rien cependant n'indique précisément que Beaucourt soit de la famille de Voltaire.

Voltaire et le Trièves

Armand & Berton du Clot rendirent hommage, en 1426, de la maison-forte du Clot, au vicomte de Clermont, en Trièves; Ponfon du Clot & Sébastienne d'Arzag, fa femme, vivaient en 1555. Cette famille possédait aussi des biens dans les environs d'Allevard & en Savoie. Lancin & Jean du Clot, combattirent en Bourgogne, au service du comte Amé de Savoie, en 1417. Cette famille a fourni plusieurs autres officiers distingués. Antoine & Claude du Clot, avocats au parlement, vers 1670, appartenaient aussi à cette famille. Pierre du Clot de Beaulieu, conseiller au parlement, en 1696, marié en 1708, avec Agnès de Pélisson; noble Antoine du Clot Duvernay, conseiller du roy, trésorier de France; Louis du Clot de Champy, avocat au parlement & noble Bernard du Clot de la Rénie, capitaine d'infanterie, étaient tous cousins germains de Pierre du Clot, conseiller du roi, secrétaire en la chancellerie du Dauphiné, par provisions de l'an 1742. Ce dernier laissa de Melle d'Abon de Montfort : Benoît-Bruno du Clot, conseiller-maître en la cour des comptes de Dauphiné, pourvu en 1778, lequel eut d'Angélique de Vaujany; Hippolyte du Clot, qui a trois enfants de feu Melle Louise-Estelle Dijon de Cumane, sa cousine. Il avait épousé en premières noces Mlle de Châtillon, de Savoie.

D'argent à trois flammes, chacune de trois pointes, de gueules. Une branche brisait : d'azur à trois flammes d'or (Gustave de Rivoire de La Bâtie, Armorial du Dauphiné, 1867 - books.google.fr).

Les armoiries que Voltaire se donna étaient les mêmes que cette dernière branche (fr.wikipedia.org - Armorial du Trièves, Charles Grandmaison, Dictionnaire héraldique: contenant l'explication et la description des termes et figures usités dans le blason, Volume 13 de Nouvelle Encyclopédie Théologique, J.P.Migne, 1861 - books.google.fr).

Né à Genève le 29 décembre 1734 et baptisé le 3 janvier 1735 au Temple Neuf, Edouard Luya est le fils des réfugiés [de Mens] Pierre Luya et Jeanne Soiron. Devenu maître horloger, il acquiert une certaine notoriété en prenant une part active au mouvement politique inspiré par les Natifs. Rappelons que les résidents de Genève se divisaient alors en quatre catégories : les habitants, les natifs, les bourgeois et les citoyens. Seuls les bourgeois et les citoyens disposaient du pouvoir politique, et les natifs, qui formaient une catégorie sociale aussi nombreuse que la bourgeoisie, souhaitaient pouvoir accéder à des conditions moins onéreuses à ce statut envié. Les natifs étaient particulièrement ulcérés de voir de riches étrangers à peine installés à Genève accéder immédiatement à la bourgeoisie grâce à leur fortune. En 1765, Edouard Luya et Georges Auzière étaient allés exposer leurs griefs à Voltaire, le champion des nobles causes : "Apportez-moi, leur avait-il dit, un mémoire instructif sur vos griefs et je vous servirai de tout mon crédit". Ces vifs espoirs furent bientôt anéantis : le 15 février 1770, une émeute éclata à Genève, le sang coula et la répression s'abattit sur les chefs du mouvement, bannis de Genève sous peine de mort, comme le rappelle un pamphlet écrit par Edouard Luya et probablement imprimé à Versoix où il s'était réfugié (Pierre Béthoux, Histoire des protestants de Mens et du Trièves en Dauphiné: de l'Édit de Nantes à la Révolution française, 1998 - books.google.fr).

Malgré le danger qu'il encourait, il arriva à Mens un jeune pasteur du nom de Jean Bérenger en l'an 1766. Il prêcha mais dut se cacher dans la forêt de Tréminis. Il prit femme dans le pays. Dès lors, il trouva facilement des retraites sûres. Le Parlement ne put parvenir à le faire arrêter. Il le condamna par contumace à être brûlé en effigie sur la place du Petit-Breuil. Emile Arnaud ne cache pas que des curés du Trièves trouvaient que cette persécution devait cesser. Ils n'hésitèrent pas à désobéir à leur évêque dont le zèle était toujours excessif. Ils furent condamnés par le Parlement à des amendes pour n'avoir pas exécuté les ordres de Mgr de Die. Ces ecclésiastiques étaient au nombre de six. D'autre part, à Paris, sous l'impulsion de Voltaire et des Encyclopédistes, le parti de la tolérance progressait. L'ordre des jésuites, responsable en partie de la révocation de l'Edit de Nantes, était dissous par une bulle du Pape. Les jésuites furent chassés de divers Etats d'Europe. Ces événements eurent un retentissement indirect sur la situation des religionnaires du Trièves. L'histoire touchante de Marie Robequain le prouve. Elle s'était mariée avec Jacques Roux, meunier, âgé de 30 ans, dans une assemblée du Désert où un prédicant leur avait donné la bénédiction nuptiale. De cette union, illégale pour les autorités civiles et ecclésiastiques, deux enfants étaient nés. Le meunier Roux, s'étant épris d'une domestique qu'il voulut épouser, imagina de se convertir au catholicisme et de répudier Marie Robequain. Il soutenait que le mariage au Désert était nul et qu'aucun lien conjugal n'existait entre lui et la mère de ses enfants. Il y eut procès devant le Parlement du Dauphiné. L'avocat général Servan, admirateur de Voltaire et des Encyclopédistes, se prononça en faveur de Marie Robequain, de Mens. La cour souveraine de justice, sans se prononcer sur la question de la légalité des mariages contractés au Désert, condamna Jacques Roux à verser des dommages-intérêts à Marie-Roquebain. Il dut en outre restituer la dot. Cet arrêt provoqua, à Paris, de l'enthousiasme parmi les intellectuels de la capitale. Voltaire envoya une lettre de félicitations à Servan pour son courage civique. Ce procès reste une date dans l'histoire du protestantisme. Il eut lieu en 1767 (François Vermale, Dialogues sur l'histoire de Mens et du Trièves, 1966 - books.google.fr).

Cartiers en Dauphiné

L'industrie des maîtres cartiers ou « cartailliers » était particulièrement prospère à Grenoble; au début du XVIIIe siècle, elle venait immédiatement après la ganterie, ce qui n'est pas peu dire. On fabriquait annuellement dans notre ville pour plus de 200 000 livres de cartes, dont la plus grande partie était vendue à l'étranger. D'après le Mémoire général sur le Dauphiné de l'intendant de la Porte, il était sorti des ateliers grenoblois au cours de l'année 1754 (pourtant depuis 1746 la production avait baissé en raison d'un droit établi sur les cartes) 159 073 jeux de cartes. La seule ville qui en fabriquait davantage, à la même époque, était Romans (211 558 jeux) (René Fonvieille, Le Vieux Grenoble: ses artistes, ses trésors d'art, Volume 3, 1970 - books.google.fr).

Le premier maître cartier que nous connaissons à Grenoble est Jehan Bouilhon, natif d'Ambre (Ambert), et il épousa dans la capitale du Dauphiné Susanne Cardinal le 10 janvier 1612 (Edmond Maignien (1847-1916), Recherches sur les cartiers et les cartes à jouer à Grenoblen, 1887 - gallica.bnf.fr).

Bouilhon est noté Rouillon par ailleurs.

L'un des cartiers ambertois, Jehan Rouillon, partit s'installer à Grenoble en 1612. Un peu plus tard, d'autres cartiers du Livradois, les Garret, de Marsat, allèrent également, en 1647, exercer leur art dans la capitale du Dauphiné.

En 1662, il y avait seulement dix villes en France autorisées à fabriquer ce genre d'article, dont deux sur la Loire, Orléans et Angers et une dans la vallée de l'Allier, Thiers (Pierre Mondanel, L'ancienne batellerie de l'Allier & de la Dore: de Langeac à Nevers, 2000 - books.google.fr).

Il y avait en 1745, 115 villes en France où existaient des ateliers de maîtres cartiers. Parmi ces villes, il y en avait quatre appartenant au Dauphiné : Grenoble, Romans, Valence, Crest.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des témoignages nous montrent que les cartes sont toujours en grande faveur chez les Dauphinois. Ainsi, Mme de Sévigné reproche à sa fille de trop jouer à Grignan, au hoca, et surtout d'y trop perdre d'argent. Les héros des Liaisons dangereuses, Valmont, Prévan, Mme de Merteuil, dont les prototypes sont Grenoblois, sont aussi des joueurs passionnés de piquet, de whist, de macédoine.

Le préfet Fourier, au commencement du XIXe siècle, réagit contre le déplorable penchant de ses administrés. Il pouvait écrire en 1808, au Ministre de la police, qu'à part quelques étudiants en droit qui se livraient encore au jeu de la bouillotte la passion du jeu avait beaucoup perdu de son activité (Le jeu de cartes en Dauphiné, Contribution à l'histoire de la papeterie en France, Volumes 1 à 5, 1933 - books.google.fr).

C'est à cette époque que les jeunes frères Champollion passaient une partie de l'année à Vif, près du Gua, où se trouve la Fontaine Ardente, au nord de Mirible-Lanchâtre.

Un alignement ou un nom pour un autre

Il y avait une vicomté de Clermont dans le Trièves. Les ruines du château de Clermont se trouve à Monestier-de-Clermont (Isère) (Louis Valentin de Goezmann, Les quatre ages de la pairie de France, 1775 - books.google.fr).

On peut remarquer que Monestier-de-Clermont pour Clermont, Miribel-Lanchâtre (Pierre-Dieu), Vinay, Royas (Isère) pour Royat, Talencé (à Dénice à côté de Villefranche sur Saône - Rhône), écrit parfois Talençay ou Talançay pour l'ami du grand-père d'Aurélie, sont alignés avec Etampes, Gaillon, Rouen, Cany-Barville et Veulette-sur-Mer (Antoine Barbat, Charlieu pendant la Révolution, 1913 - archive.org, Pierre Louvet, Mémoires de Louvet: histoire du Beaujolais, manuscrits inédits des XVIIe et XVIIIe siècles, Volume 1, 1903 - books.google.fr).

Sous l'inspiration de M. Fais, curé de Vinay, Mme Jeanne de la Croix de Chevrières, dame de Revel, persuada aux directeurs de l'Association, établie à Grenoble, pour la propagation de la foi, d'acquérir le terrain où était planté l'osier miraculeux et elle mit à leur disposition la somme nécessaire pour cette acquisition. L'achat eut lieu 8 jours avant que Port-Combet ne tombât malade, c'est-à-dire le 6 du mois d'août 1656. Et l'on résolut aussitôt d'ériger une croix près de l'osier, en attendant qu'il fût possible d'y bâtir une chapelle. Lacroix fut plantée le 14 septembre. A partir de cette époque le pèlerinage prit un essor tout à fait inattendu... Après avoir prié à l'ombre de l'osier, les pèlerins allaient visiter le coin du champ des Plantées où le laboureur avait conversé avec la Vierge. De bonne heure, une chapelle fut érigée en cet endroit, sous le vocable de Notre-Dame-de-Bon-Rencontre Les relations du temps attestent que les miracles devinrent nombreux et éclatants devant l'osier miraculeux. Peu après, le marquis de l'Estang, seigneur de Vinay, pressé par les sollicitations de son épouse, Marguerite de Montagny, fit édifier un petit oratoire, dans lequel on enferma l'osier miraculeux, qui, parait-il, s'était desséché à la suite du prodige dont il avait été l'instrument. Mgr Scarron, évêque de Grenoble, donna l'autorisation de célébrer la messe dans cet oratoire et dès le mois de décembre 1656, les cérémonies du culte commencèrent. Le marquis de l'Estang voulut que ses vassaux se rendissent a l'oratoire de l'osier, en procession solennelle aux prochaines fetes de Noel, pour honorer le mystère du verbe incarné. II en eut fallu moins pour exciter la piété des populations, « déja puissamment éveillée par les nombreux miracles qui s'opéraient » (Albert Albertin, André Albertin, Histoire contemporaine de Grenoble et de la région dauphinoise, Volume 2, 1900 - books.google.fr).

A Luz-Saint-Sauveur, près de Lourdes où la Vierge est apparue à Bernadette comme à Port-Combet, Aurélie d'Asteux jette des pommes de pin dans une corbeille d'osier (Chapitre VI).

Jouvence et Bayan

Le tapis du musée de Cincinnati a été exécuté pour le sanctuaire de l'imam Reza a Mashhad, comme le démontre le poème persan publié ici pour la première fois. Ensemble, les images et les vers qui leur font écho célèbrent la quête de la connaissance ésotérique dans l'univers. Le long panneau rectangulaire central est réservé au monde d'ici-bas. Un arbre en fleurs sur lequel sont perchés des oiseaux et, au—delà (plus haut selon la perspective conventionnelle), un platane représentent le paysage du monde dans un éternel printemps. L'espace céleste est signifié par la présence des oiseaux en vol. Un Simorgh, symbole royal dans le Shah—Nâme et Maître des oiseaux dans le Discours des Oiseaux (Manteq ol—Teyr), longue parabole soufie de Sheykh 'Attar Neyshaburi, tournoie autour d'une oie sauvage. Sur les bordures, l'Arbre parlant (Derakht—e Guya) qu'Eskandar (Alexandre le Grand) trouve en chemin selon le Shah-Name alors qu'il poursuit à travers le monde la quête qui doit le mener à la Source de Vie dans le Pays des Ténèbres, est représenté comme il l'était déjà au début du XIIIème siècle sous la forme de rinceaux. Les volutes portent les têtes de tous les êtres du monde visible (humains et animaux) et du monde invisible (génie et démons), développant ainsi le motif du Shah—Name. Le long poème persan forme un contrepoint avec les motifs figuratifs. Composé sur le mètre Mozâre, c'est un morceau de circonstance (en persan, qet'e). Il célèbre le pèlerinage au sanctuaire en des termes qui en font une quête ésotérique et proclame que l'édifice du monde a été créé pour qu'existent les "Compagnons du Manteau". Le couplet d'ouverture nomme d'emblée le sanctuaire, désigné par le nom persan qui est encore le sien de nos jours, Astân—e Qods, "Le Seuil sacré". Il en fait le terme de la quête des rois comme des créatures vivantes des "deux mondes", pour reprendre l'expression coranique qui désigne l'univers entier dans sa dimension existentielle, le monde visible qui est le nôtre et le monde invisible où demeurent les anges et les démons :

Ce Seuil sacré sur le chemin poussiéreux duquel les rois / Glorieux posent la couronne de la raison sur leur tête. / Humains et génies, oiseaux et bêtes sauvages, anges et démons / Ont pris plaCe à la cour de Sa Majesté. / Sans doute, ô merveille, ont—ils déposé / Leur allégeance sur le Seuil du descendant du Prophète. / Ils réussissent à satisfaire leurs désirs du fait. / Qu'ils touchent de la main du suppliant la robe d'Ali. / Pour l'arrivée des pèlerins, désireux de s'assurer les faveurs divines / On a déposé l'eau des ablutions et l'exposé du caractère sacré de la plume de l'ange. / C'est pour la présence et l'existence des Compagnons du Manteau / Qu'a été édifiée cette voûte des neuf rotondes. / C'est pour la louange du guide des pèlerins de sa cour / Qu'a été placé le soleil éclatant dans la main du ciel. / De la poussière de la route et de la terre sous leurs pieds, les pèlerins / Ont fait une une nourriture de musc et de volaille. / Ils se sont enivrés du vin de l'union avec l'âme de l'Ami. / Comme s'ils avaient posé le pied dans l'autre monde. / Sans souffrir les peines de la route, ils sont parvenus à la Fontaine de Vie / Ils ont fait des ténèbres, de Sekandar le lot / Ils prennent davantage plaisir à l'Eau de Jouvence / Ceux qui ont donné leur âme [litt. : « cœur »]à l'Échanson du Kowsar [= Ali].

Le pèlerinage est ainsi présenté comme une quête ésotérique sous l'égide d'Ali. L'univers entier a pour fin ultime l'existence de la famille du Prophète (les « Compagnons du Manteau »), dit le couplet n°6, et c'est à la louange du chef du cortège des pèlerins que le Soleil a été placé dans le ciel, poursuit le couplet n°7. Le sanctuaire est comparé à la source de Vie (sar cheshme-ye hayat). Le Pays des Ténèbres, précise le couplet n° 10, est le lot de l'infortuné Sekandar (Alexandre le Grand). Les pèlerins parvenus à la fontaine de Vie, eux, connaissent un bonheur encore plus grand s'ils ont consacré leur âme à l'imam "Ali, « Celui qui verse l'eau [de la rivière] du [Paradis appelé] Kowsar ». Une nuance soufie discrète mais claire est donnée au symbolisme du pèlerinage. Au couplet n° 9, le poète célèbre l'union de l'âme des croyants et de Dieu, désigné par le vocable souvent employé par les soufis, l'Ami (Dust). C'est la notion du towhid ou unification avec Dieu qui est ainsi évoquée. C'est encore à la symbolique soufie qu'a recours le poète au couplet n°5, quand il évoque plus allusivement l'« exposé » ou l'« élucidation » (bayan) de la plume (shahpar) - qui est celle de l'ange dont la présence dans l'image trouve ainsi un écho dans le texte (Assadullah Souren Melikian-Chirvani, Le chant du monde: l'art de l'Iran safavide : 1501-1736, 2007 - books.google.fr).

Bayan, qui rappelle le nom de la ville, détruite par la Fontaine Ardente suite à la colère de Dieu apparu en mendiant pour éprouver la charité de ses habitants, Bayanne, est un des Noms de Dieu et désigne la Cause Première ainsi que son apparition terrestre, l'Imam attendu, dans les écrits de Jabir (Les sommets de La Croix d’Huriel : Scolastique).

Une Fontaine Ardente au Canada

En remontant dans le haut Canada, au delà de Montréal, M. Hall visita une fontaine ardente, que l’on trouve à neuf milles de Cumins Daigua. Elle est située dans un ravin, d’environ quarante pieds de profondeur, et de trois cents de large à l’entrée, taillée entre des bancs verticaux d’ardoises, et se terminant à deux cents pas de son embouchure par un rocher perpendiculaire couvert de mousse, à travers laquelle suintait une faible source, qui formait un filet d’eau serpentant au fond de cette crevasse. Vers le milieu de son cours, l’eau est stagnante, et n’a que quelques pouces de profondeur. M. Hall vit briller au-d'essus une légère flamme rouge. Elle produit la combustion, et embrase de petits morceaux de bois à une certaine distance (J. MacCarthy, Choix de voyages dans les quatre parties du monde: ou, Précis des voyages les plus intérassans, Tome 5, 1821 - books.google.fr).