Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et le loup   La Croix d’Huriel et la Bête du Gévaudan   
CROIX HURIEL BETE DU GEVAUDAN

A l'aide des sites suivants, cet article met en relation la Croix d'Huriel, les attaques de la Bête du Gévaudan, et les acteurs de l'affaire : plus.google.com - Patrick berthelot - Chasseurs de la Bête du Gévaudan, www.loupsdugevaudan.com - La Bête du Gevaudan, La bête du Gévaudan mythe et réalité, Alain Bonet, La Bête du Gévaudan, Chronologie et documentation raisonnées).

Le sujet est encore abordé dans Voyage dans le temps : La Bête du Gévaudan.

Des attaques précédentes présentent de nombreux points communs avec celles de la Bête du Gévaudan.

« Le 25 octobre 1763, Anne Taquet, fille de Jean Brunat, revenait à la paroisse [de Laval] chargée du surplis, de l’étole, du fanal et de la sonnette; tout quoi avait servi au sieur Raphaël, curé, qui venait d’administrer son mari. [Elle] fut dévorée au soleil couchant par la bête féroce. Cette femme était âgée de 60 ans. Sa mort accéléra celle de son mari. 2 jeunes enfants qui se cachèrent dans une grange peu éloignée furent témoins de son malheur. Ils dirent que l’animal avait saisi au col cette misérable femme, qu’il lui mangea d’abord le ventre, ensuite tous les membres, ensuite la tête dont on a trouvé les os quelque temps après dans les bois. »

Attestation de M. Darsac, maître des comptes à Grenoble, seigneur en partie de Ste.-Agnès: « Sur la fin du mois d’octobre 1763, le même animal parut à 200 pas de [son] château; [il] traversa au milieu de plusieurs troupeaux de moutons qui n’en furent point effrayés; il se jeta sur un petit berger, âgé de 14 ans, qui fut délivré par sa camarade; traversa le ruisseau avec une légèreté surprenante, monta avec la même vitesse la montagne au haut de laquelle est située la montagne de St.-Mary qui est en face de celle de Ste.-Agnès, et se saisit d’une bergère, âgée de 15 ans, qui eut la présence d’esprit d’entourer son col de ses bras, ce qui lui sauva la vie, parce que le secours arriva promptement. »

Ici encore, des similarités évidentes.

Pour la Bête proprement dite, tout commence le 1er juin 1764.

La première personne qu'elle attaqua, fut une femme près de Langogne ; mais des bœufs qui arrivèrent à temps la secoururent; elle n'eut d'autre mal que ses habits déchirés. La seconde victime, quelques jours après, est une femme dont les habits sont déchirés.

Une fillette de 14 ans, Jeanne Boulet, des Ubas, paroisse de Saint-Etienne de Lugdarès, non loin de Langogne, fut tuée par une « Bête féroce » le 30 juin 1764. Cette attaque est la plus orientale. La petite victime devait être ensevelie le 1er Juillet 1764, dit le registre de la paroisse. On parla beaucoup de ce meurtre, mais les nouvelles n’allaient pas vite il y a deux siècles et plus, et l’on ne fit pas tout de suite le rapprochement avec un second meurtre : une fille de 15 ans tuée le 8 août au Mas Méjean, paroisse de Puylaurent.

A la fin de ce mois c’est un garçon de 15 ans de Cheylard l’Evêque qui est tué ; le 1er septembre, un autre garçon de 15 ans est trouvé mort ; il était de Chaudeyrac.

Cinq jours plus tard, le premier meurtre circonstancié se déroula le 6 septembre, jour de la saint Millefort, à Arzenc de Randon. Vers 7 heures du soir, une femme de 36 ans fut surprise dans son jardin des Estrets : la Bête lui sauta au cou, lui perça la veine, se mit à laper son sang. Des gens accoururent, armés de haches et de fourches, et la mirent en fuite.

Il s’agit probablement de Marianne Hébrard : Marianne était en fait originaire des Estrets, mais fut attaquée au Cellier. Seule la liste de la B.N. indique que l’attaque a eu lieu aux Estrets.

C’était le début d’une longue série de meurtres. Pendant trois années, jusqu’au 19 juin 1767, la Bête tua une centaine de personnes, et probablement davantage. Sa dernière victime, un enfant fut tué la veille de cette date.

Sur le tracé de la croix d'Huriel on trouve Saint Etienne de Lugdarès, Arzenc de Randon (voir ci-dessus) mais aussi :

Chaudeyrac

Le 16 avril 1765, elle attaqua un homme à cheval auprès de Chaudeyrac, et aux environs des mêmes endroits, où l’année dernière pendant les mois d’août et de septembre elle dévora 2 garçons de 15 à 16 ans.

Quoique pas impossible, la présence de la Bête en ces lieux à ce moment semble étrange, puisqu'elle semble être momentanément revenue sur son ancien territoire, près de Chaudeyrac. Indice d’une possible multiplicité ?

Serverette

Le 9 avril 1765, on aperçut ou on crut apercevoir la Bête à Serverette. Le 2 juillet, le courrier de Mende allant au Malzieu fut attaqué sur les midi entre Serverette et St.-Amans par la bête féroce.

Sourniac

« Argens » identifié comme Ste.-Geneviève-sur-Argence, dans l’Aveyron dispute à Sourniac (13/01) le titre d’apparition la plus occidentale de la Bête. Sourniac se trouve près de Mauriac sur le montant vertical de la Croix d'Huriel.

Saint Urcize et Grandvals

En février 1765, à Grandvals, la Bête enlève un enfant devant la porte de sa maison. Le père accourt aux cris une hache à la main, lui fait lâcher prise et la poursuit avec plusieurs paysans. Elle se jette dans le Bès, qu’elle passe sur ses pattes de derrière. Un enfant est dévoré à Pennavayre près de là, sur Saint Urcize, "sans empêchement".

L'église de St-Urcize est sous l'invocation de saint Michel et de saint Pierre. Elle a appartenu, suivant la tradition, à un couvent d'ursulines. La commune de Saint-Urcize, dont le nom dériverait par corruption de celui de Sainte-Ursule , fait partie du canton de Chaudesaigues et de l'arrondissement de St-Flour.

L'origine du bourg de Saint-Urcize semble liée à celle de son propre nom, qui dériverait avec recul de l'accent de Ursicinus, évêque de Cahors de 583 à 624.

Saint-Urcize, dit Audigier. près de la Roche-Canilhac, est du ressort et de la sénéchaussée de Riom. II est passé de la maison de St-Urcize dans celles de Canilhac, de Roger-Beaufort et de Beaufort-Montboissier, avec la Trinité de St-Remy, dont les églises sont autant de prieurés Celle de St-Urcize est une hôtellerie de la Chaise-Dieu ; celle de la Trinité est à la nomination du prévôt de Montsalvy, et celle de St-Remy est au chapitre de St-Flour.

Dès le XIème siècle, Saint-Urcize est le siège d'une seigneurie considérable, l'une des plus puissantes de l'Aubrac. La branche aînée de la famille de Saint-Urcize s'éteint en la personne de Pons, dont la fille unique Miélher ou Mettir épouse avant 1238 Déodat de Caylus, issu d'une illustre famille du Gévaudan. Déodat relève le nom et le titre de Canilhac qu'il tient de Béatrice, sa grand-mère maternelle. Guérine de Canilhac, héritière de la baronnie de Saint-Urcize, épouse un frère du pape Clément VI, inhumé à La Chaise-Dieu, Guillaume Roger, Seigneur de Roziers en Limousin, veuf en premières noces de Marie de Chambon et père de cinq enfants.

Le prieuré de Saint-Urcize, dépendant de la Chaise-Dieu est créé vers 1167. Une bulle du Pape Lucius III, datée du 27 mars l184, le mentionne parmi les possessions de la célèbre abbaye fondée par Saint Robert de Turlande (Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet, 1852 - www.cantalpassion.com).

Si l'on plaque la carte du ciel avec la Grande Ourse calée sur celle projeté sur le département de l'Aude (Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse), Saint Urcize se trouve sur la constellation du Corbeau (Corvus).

Le ciel astronomique fût, pendant un temps, vers le XVIIème siècle, peuplé des personnages de la Bible, Corvus fût représenté sous la forme de l’Arche d’Alliance par Julius Schiller dans son Coelum Stellatum Christianum, daté de 1627 (astrologievulgarisee.wordpress.com - Constellation Corvus).

www.lindahall.org - Julius Schiller, Ark of the Covenant formerly Crater & Corvus

La Peyre-Arche est un lieu-dit de Saint Urcize (montagne à vacherie). Description Ancienne : La Peyre de Larche, 1686 ; La Peyre de l'arche, 1730 (terrier de la Garde-Roussillon) ; Commentaires : Une des bornes du territoire de Chaumenchal portait également ce nom. Références : Dictionnaire Topographique du Cantal - Emile Amé (1897) (www.serve.aprogemere.fr - Saint-Urcize - Peyre-Arche).

Sur Geoportail, on y trouve Sogne Arche.

La paroisse de Saint Urcisse dans le Tarn a sa fête patronale, saint Urcisse, le 13 décembre. L'ancien martyrologe de la ville de Cahors place sa fête au 13 décembre aussi (Maurice Bastié, Département du Tarn, Monographies des villes et villages de France, 1992 - books.google.fr, Guillaume Lacoste, Histoire générale de la province de Quercy, Volume 1, 1968 - books.google.fr).

Il y a aussi plusieurs Saint-Urcisse (ou Urcize) dont le patron est Ursicinus, ermite bizarre établi sur les bords du Doubs et vénéré du côté suisse sous le nom de saint Ursanne où, dans le sanctuaire qui porte ce nom, il est représenté couché avec un ours à ses pieds. Comme encore sainte Ursule, vénérée à Bâle (Jean Paul Clébert, Bestiaire fabuleux, 1971 - books.google.fr).

Saint Ursanne est fêté le 28 décembre pour Miche Pastoureau et Louis Réau, ce qui correspond en effet à l'un des axes nonagonaux passant à Saint Urcize, mais il doit s'agit d'une erreur car généralement c'est le 20 décembre (le 16 à Bâle).

D'autres lieux en rapport avec le loup ou Loup se placent sur la croix d'Huriel : Eglise Saint Loup de Mercuer (près d'Aubenas) ; Lieu-dit Saute Loup à Jaujac ; Au sud de Saint Etienne de Lugdarès : Loubaresse.

La question des "dragons"

Selon certains auteurs, les nobles du Gévaudan commencèrent alors à s'émouvoir, et les dragons furent enfin rappelés, fin février. Le capitaine Duhamel, était aide-major des dragons du régiment de Soubise, et fut dépêché sur place avec une soixantaine d'hommes, il se révèle bien vite incapable d'attraper le monstre qui vagabonde maintenant de Gévaudan en Auvergne. Les dragons de Soubise seraient arrivés dans ce pays où les dragonnades du début du siècle (1702-1705) avaient laissé le pire des souvenirs : sous le commandement de l'aide major Duhamel, ils s'installèrent chez l'habitant, exigeant fourrage et nourriture des paysans.

Cependant, il est plus souvent parlé des Volontaires de Clermont Prince dans la chasse à la bête. Pour des raisons indéterminées, Duhamel, des cavaliers de Clermont Prince, alors en station à Langogne et à Bourg-Saint-Andéol, qui étaient une formation distincte de ceux de Soubise au moins depuis la réorganisation militaire des années 1762-63, a pu commander aux Soubise (Richard H. Thompson, Wolf-hunting in France in the Reign of Louis XV: The Beast of the Gévaudan, 1991 - books.google.fr, Eugène Thomas, Inventaire sommaire des archives départementales Hérault, 1865 - books.google.fr, plus.google.com - Patrick Berthelot - Chasseurs de la Bête du Gévaudan).

Les Volontaires de Soubise sont cités dans le registre paroissial d'Aumont Aubrac, sur la barre transversale de la Croix d'Huriel, au sujet du meurtre de Catherine Vally :

« Buffeyrettes - mortuaire - Catherine Vally - Le 25 novembre 1764 Catherine Vally, veuve du lieu de Buffeyrettes en cette paroisse, âgée d'environ 60 ans, fut dévorée par la Bête féroce qui roulait dans ce diocèse et qui la surprit à 4 pas dudit lieu où elle avait conduit une vache qu’elle avait, et qu’elle avait conduite à une petite sagne pour faire boire et y brouter l'herbe et les vertes. Son corps après avoir demeuré exposé pendant 2 ou 3 jours au susdit endroit où elle était gardée de loin par une cinquantaine de soldats de M. Duhamel, capitaine du régiment des volontaires de Soubise qui étaient venus pour chasser la susdite Bête comme il sera dit ci après, fut enterré au cimetière du susdit bourg et paroisse le 28. Présents Jean Pigeire et Pierre Proueze dudit Aumont signés avec nous Pigeire, Proueze, Trocellier curé » (Registre Paroissial, mairie d'Aumont, A.D. Lozère EDT 009 GG 4).

L’abbé Trocellier, curé d’Aumont-Aubrac, a organisé de nombreuses battues dans sa paroisse et au-delà. Il a également été témoin oculaire de la Bête, dont il a fait la description dans sa multiple correspondance. Il écrit ainsi que : « … la Bête se redresse sur ses deux jambes de derrière, et, dans cette position elle badine de ses deux pattes de devant, pour lors elle paraît de la hauteur d’un homme de taille médiocre » (Robert Dumont, Notes sur « LA BETE DU GEVAUDAN » de Pascal Cazottes - books.google.fr).

Trocellier, curé d'Aumont, rédige une relation des ravages de la Bête de 1764 à 1767 dans les registres de sa paroisse. Au sujet des Soubise, Patrick Berthelot (plus.google.com - Chasseurs de la Bête du Gévaudan) est de l'avis que c'est une erreur et que seuls les Volontaires de Clermont Prince ont chassé la Bête :

"L'abbé Trocelier, comment le blâmer, car il ne s'agissait pas de dragons du roi mais de cavaliers de la Maison de Clermont-Prince-Condé, issus d'un régiment léger, cousin direct, presque jumeau, de celui de Soubise, de Flandres, du Haynault, etc.

Monsieur Allyot avait une théorie à ce sujet : il prétendait que les personnes de la région avaient un malin plaisir a vouloir faire passer les Volontaires de Clermont-Prince pour ceux de Soubise, car, comme ils les détestaient, c'était un peu le moyen des les humilier par rapport au colonel-propriétaire de cet autre régiment léger (le Prince de Soubise) que la rumeur plaçait alors comme responsable de la déroute de l'armée française durant la Guerre de Sept Ans".

Aumont-Aubrac se trouve sur la transversale de la Croix d'Huriel.

Les Volontaires dits de Soubise sont créés en 1762 à partir des volontaires étrangers levés par le maréchal de Soubise : 1762, Volontaires étrangers de Würmser ; 1762, Volontaires de Soubise ; 1763, 6e Légion de Soubise (cavaliers.blindes.free.fr).

Hercule-Mériadec de Rohan de Soubise eut pour descendant Louis-François puis Charles qui fut maréchal de camp puis ministre de Louis XV. Assez peu préoccupé des ruines du château de Rochemaure, Hercule fit vendre sa toiture pour recouvrir une grange en 1730. Il menait en effet grand train de vie à la cour. On peut visiter son hôtel particulier dans le quartier du Marais à Paris. En 1784, Charles de Rohan-Soubise vendit Rochemaure et son château à Claude-Louis Ier de Garnier des Hières, baron de Miraval. (www.rochemaure.fr).

Coïncidence

Fronsac, sommet de la Croix d'Huriel est aussi le nom du personnage principal du film Le Pacte des Loups.

Synopsis : 1765. Le chevalier Grégoire de Fronsac (Samuel Le Bihan), naturaliste au jardin du Roi, est envoyé en Gévaudan pour dresser le portrait de la Bête du Gévaudan. Il est accompagné de Mani, son frère de sang Indien rencontré en Nouvelle-France. Au cours de sa traque, Fronsac se heurte au conformisme d'une noblesse locale qui semble avoir de troublantes affinités avec le monstre qui massacre les paysans... (fr.wikipedia.org - Le Pacte des loups).

Après la réapparition de Fronsac passé pour mort, mettant fin aux agissements du Pacte, le père Sardis, le chef de la conjuration, fuit dans la forêt mais est bientôt dévoré par une meute de loups.

Sardis est le nom anglais, contraction de Sardeis, ville connue en français sous celui de Sardes, apparaissant dans l'Apocalyspe de Jean. On suppose que Sardes possédait un dieu-loup, Kandaulas, mot du langage maeonien (Lydie) assimilé par Hesychius et Hipponax à Hermès et Héraklès. Ce dieu était un égorgeur de chiens (skullopniktès d'après un texte byzantin, c'est à dire puppy choker), probablement ceux des bergers, craignant le loup. Hipponax parle en effet d'égorgeur de chiens : kunagchès, terme repris par Gaignebet, dans A plus hault sens, au sujet du chien sanctifié Guignefort (Guinefort) qui a un certain rapport avec saint Millefort fêté le 6 septembre (Crawford Hallock Greenewalt, Ritual Dinners in Early Historic Sardis, 1978 - books.google.fr, David Gordon White, Myths of the Dog-Man, 1991 - books.google.fr, Le Calendrier de La Vraie Langue Celtique : 6 septembre - Sancien - Sens).

Ce nom de Sardis donne une connotation apocalyptique au scénario du film (Autour de Rennes le Château : Les Bergers d’Arcadie et le Sceau de Palaja).