Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   L’axe Cheverny - Huriel : saint Gervais   
CROIX HURIEL HERGE TINTIN CHEVERNY GERVAIS MIETTES REINE DE SABA MICHEL CHARITE ROSEAUX

L'alignement Cheverny - Huriel passe par Lion sur Mer, Ouistreham, Saint Pierre sur Dives, Exmes, Le Merlerault, Courtomer, Bellême, Le Theil, Arville (commenderie) Selommes, Brioude, Saint Etienne de Lugdarès, lieu du premier meurtre de la Bête du Gévaudan, Lussan - un des sommets du petit nonagone associé au 18 décembre -, près du Pont du Gard, Beaucaire, Fontvieille (Moulin de Daudet), Arles, et Fos sur Mer. Il traverse la Manche pour atteindre Bournemouth, Wardour Castle, Bristol, et le Pays de Galles, dans la direction de Caernavon.

Plus à l'ouest

René Lepelley envisage, à la suite d'Auguste Longnon et de Louis Guinet, une étymologie par le vieil anglais westre « ouest », en se basant sur la régularité des formes Estreham ou Etreham attestées pour ce lieu jusqu'au XVIIIe siècle. À cela s'ajoute un argument topographique : ouest ne peut signifier qu'« à l'ouest de l'embouchure de l'Orne ».

Au cœur de Ouistreham se dresse l’église paroissiale Saint-Samson. Elle fut construite durant les années qui précèdent 1150, sous l’égide de la sixième abbesse de la Trinité de Caen, Jeanne de Coulonces, elle fut dédiée à saint Samson en 1180.

Saint Samson de Dol, mort à Dol vers 565, et fêté le 28 juillet, est l'un des nombreux saints bretons que les traditions font venir des pays celtiques d'outre-Manche. Il est l'un des sept saints fondateurs de Bretagne. Il serait né dans la région du Glamorgan actuel (sud-ouest du pays de Galles). Selon sa Vita, Amon et Anna, ses parents, avaient longtemps attendu d'avoir un enfant. Pour le consacrer à Dieu, ils l'envoyèrent au monastère de Llaniltud Fawr, aujourd'hui Llantwit Major (près de Cardiff). Après un séjour en Irlande, il fut consacré évêque par saint Dubrice et émigra vers les Cornouailles où il s'installa à Golant, dans une caverne dont il avait chassé un serpent. Il franchit ensuite la Manche en direction de la Bretagne continentale où il s’établit à Dol (aujourd'hui Dol-de-Bretagne en Ille-et-Vilaine).

Au IXe siècle, suite à une querelle entre le pouvoir politique breton et les évêques francs placés à la tête des évêchés de Bretagne, Nominoë remplaça ceux-ci par des évêques bretons. La résistance des évêques francs soutenus par leur archevêque de Tours mena les rois bretons à soustraire à celui-ci l'obédience de ces évêchés au profit de Dol, érigé pour l'occasion en archevêché (fr.wikipedia.org - Ouistreham, fr.wikipedia.org - Samson de Dol).

Reboursin

A Reboursin (Indre, près de Vatan), la fontaine St-Pierre, était jadis dédiée à saint Greluchon. Son eau possédait la réputation de rendre les femmes fécondes. Parfois les deux époux se rendaient ensemble à cette source. Autrefois, les femmes descendaient dans la crypte de l'église, et simulaient l'acte sexuel avec la statue — nue — du saint (disparue). Elles grattaient ensuite le bois de la statue et buvaient, mélangée à l'eau de la source, la poussière obtenue (André Pelletier, La Médecine en Gaule: villes d'eaux, sanctuaires des eaux, 1985 - books.google.fr).

Le château de la Beaupinière ou Abeaupinière avait une chapelle vouée à saint Augustin (www.chateau-fort-manoir-chateau.eu - Reboursin).

Dans les Chroniques gargantuines, Arthur et Merlin font leur apparition. Gargantua s'en va aider le roi Arthur dans sa guerre contre les Irlandais et les Hollandais. Reboursin, qui se trouve être aussi une communde du Berry (Indre), est déclaré capitale de l'Irlande.

Dans trois des chroniques gargantuines (Ce sont les Grandes et Inestimables Cronicques (GI), Le Grand Roy de Gargantua (GR) et Le Vray Gargantua notablement omelye (VG), ces trois chroniques ne possèdent que l'épisode des « citoyens » avalés sous Reboursin (GI et GR, ch. 16 ; VG ch. 25), il s'agit de péripéties militaires. Nous sommes sous les murs de Reboursin et Gargantua, qui vient de conclure une trêve avec le roi d'Irlande, s'endort, à l'écart de la ville, après un copieux déjeuner de poissons salés : « Après que Gargantua eut desjeuné, il eut tallent de dormir, et s'en alla a ung quart de lieue de la ville, en une vallée ou il se coucha, et se endormit. Aulcuns de la ville l'avoyent veu endormy, lesquels en firent le raport dont il fut dict par le conseil que ilz le yroient assaillir la nuyt, et que il le turoyent endormy ; et quant ilz furent au lieu, ilz cuydoient devallez la vallée, et ilz tumboyent dedans la gueulle de Gargantua qui dormoit la gueulle ouverte, et y tombèrent deux cens et cinq justement. Et quant Gargantua fut esveillé, il eut si grant soif, a cause de ces macqueraulx sallez que il avoit mengé, il alla a la rivière pour boire, et beut tant que il mist ladicte rivière a sec. Lors les citoyens qui estoyent tombez en sa gueulle furent tous noyés ». (Rolland Antonioli, Le motif de l'avalage dans les chroniques gargantuines, Études seiziémistes: offertes à Monsieur le Professeur V.-L. Saulnier, 1980 - books.google.fr).

Dontenville attribue Les Grandes et inestimables chroniques du grand et énorme géant Gargantua de 1532 à Charles Billon, basochien berrichon, et l'accuse d'avoir plagié l'évêque de Paris François Poncher : "Narrant sur le ton bouffon la geste de Gargantua, la chronique de 1532, dérobée à François Poncher, "mis en taule et carcer au donjon de Vincennes par nostre bon roy François Ier", se donne des des garanties de véracité par ces mots : « et le puis prouver par plusieurs Micheletz » (Henri Dontenville, Histoire et géographie mythiques de la France, 1973 - books.google.fr).

« Né légendairement du Mont Tombe, appelé aussi Mont Gargan, devenu le Mont Saint-Michel, ou du Monte Gargano des Pouilles, changé lui aussi en Monte San Michele, le géant Garguantua semble être en fait, un dieu, un héros, voire une sorte d'Hercule celte. Transformé en Satan par les chrétiens, le Gargant perdra beaucoup de son soufre au fur et à mesure que la chronique populaire s'en emparera. Car, là encore, nous sommes en face d'une tradition orale qui remonte au haut Moyen Age et paraît n'avoir été fixée pour la première fois que vers 1520 par l'évêque de Paris, François Poncher. Les « miquelots », pèlerins au Mont Mont Saint-Michel, allaient vers le Mont du Géant comme vers une pierre tombée du ciel (une lapsit exillis), ce qui explique la facilité avec laquelle de Gargant on soit passé à l'archange. L'enchaînement thématique « météorite – ange – pierre dressée – mont» est constante ». (Note de Sompayrac) (Frédérick Tristan, La Geste serpentine, 2003 - books.google.fr).

François Poncher, né en 1480 à Tours, et mort le 12 septembre 1532, est un ecclésiastique français, évêque de Paris (fr.wikipedia.org - François Poncher).

La nuit, d'ailleurs, ne favorise pas seulement la méprise. Comme le sommeil, qui est une nuit de la conscience, dans l'épisode du berger avalé, elle facilite et prépare le passage dans ce monde ténébreux qu'est la gueule du géant où l'engloutissement reproduit l'instant où l'ombre dévore le jour et où le soleil « s'avale » et descend au fond du val. Dans ce dernier épisode, toutefois c'est par « le vouloir de Dieu » que le berger se trouve arrêté dans sa chute par le jeu de paume, et réussit à y subsister, en attendant que le géant ne se rendorme, car « il avoyt si tres grant fain que plus n'en povoit, et y fust mort de fain, ce n'eust esté que ung jour que ledict Gargantua mengeoit du pain et avoit si tres grant fain qu'il le avalloit tout entier, tant qu'il en alla ung de travers, lequel cheut en ce jeu de paulme auquel estoit le povre bergier ».

Aussi la descente au fond de la bouche du géant est-elle décrite comme une longue et cruelle épreuve, aggravée par la faim et les termes d'« abisme » et d'« abismement » évoquent-ils, ou la gueule béante de l'enfer chrétien ou les peines de ce purgatoire auquel on accède, selon certains livres de piété populaire du temps en descendant, par une « merveilleuse fosse et espouvantable » au fond du Puits Saint Patrix : Le voyage du puys sainct Patrix auquel lieu on veoit les peines du purgatoire, et aussi les joies du paradis (Début du XVIème siècle, B.N. : Rés. Y 2 677-79) : « Le noble chevalier entra hardiment dedans ceste merveilleuse fosse et espouvantable en faisant le signe de croix devant soy et commença à devaller soy confiant en la puissance de Dieu et incontinent perdit toute clarté et commença à entrer en obscures ténèbres » (Rolland Antonioli, Le motif de l'avalage dans les chroniques gargantuines, Études seiziémistes: offertes à Monsieur le Professeur V.-L. Saulnier, 1980 - books.google.fr).

Si Merlin et Arthur sont complétement absents de l'oeuvre de Rabelais, le Purgatoire de saint Patrice ne lui est pas inconnu. Il le mentionne dans le Gargantua (ch. 2) sous la désignation de «trou de sainct Patrice»: "Leur propos fut du trou de sainct Patrice, De Gilbathar, et de mille autres trous : S'on les reduire à cicatrice Par tel moyen que plus n'eussent la toux" (Philippe Walter, Ce dixseptième jour du mois de mars, Etudes rabelaisiennes: Tome XXXIX, 2000 - books.google.fr).

Château du Moulin, Gombaud et Macée

Le château du Moulin à Lassay, possède une tenture représentant La noce de Gombault et Macé, la préparation du repas, 6ème panneau d'une tenture de 8 panneaux qui raconte "La vie et les Amours de Gombault, le berger et de Macé, la bergère" a été tissée en Flandres à la fin du XVIè siècle. Le manque de bordure ne nous permet pas de l'attribuer à un atelier, mais ses coloris jaune clair, vert et bleu font penser qu'elle a été tissée à Bruxelles. On pense, sans avoir la preuve formelle, que l'auteur serait Henri Baude, auteur du XVè siècle, contemporain de François Villon, qui a laissé un recueil de poèmes "Dicts moraux pour mettre en tapisserie". En effet, on retrouve une similitude d'époque, de langue et de rythme. Henri Baude était compagnon de Charles VIII, comme Philippe du Moulin.

Dans le coin en bas à gauche un jeune garçon chasse le chien qui a renversé une marmite alors que la viande cuit sur les tournebroches, ce qui rappelle une mésaventure de Milou sur le Sirius.

Les Amours de Gombault et Macé furent tissées par de nombreux ateliers.

La tenture du Musée de St Lô comporte huit tapisseries sorties des ateliers de Bruges à la fin du XVIe siècle. S'y ajoute une autre tapisserie sur le même thème (La Mort de Gombault), d'Aubusson. La production ultérieure de Bruges (fin XVIe – début XVIIe siècle) était nettement orientée vers une clientèle française: en témoignent les nombreuses éditions de Gombaut et Macée, et les tentures de choeur ultérieures tissées pour Rouen (Vie de St. Vincent, Vie du Christ) (fr.wikipedia.org - Amours de Gombault et Macée, chateaumoulinfraise.hautetfort.com - Gombault, Guy Delmarcel, Tapisseries de choeur, 2004 - www.arts.kuleuven.be).

Les amours de Gombaud et de Macé, leurs fiançailles, leurs noces, etc., y sont représentés sur huit toiles. Des quatrains qui ont la liberté du temps expliquent les sujets. Ces amours de Gombaud et de Macé forment toute une pastorale. Un personnage, placé entre Gombaud et Macé qui se donnent la main, leur dit :

GOMBAVLT. TV. PROMETS. DE. PENSÉE. / ET. DE. FAIT. DESPOVSER. MACÉE. / QVE. V0ICY. ET. LA. PRENDRE. A. FEMME. / ET. VOVS. MACÉE. LA. HOVZEE. / VOVS. N’EN. SEREZ. PAS. COVROVCÉE. / SI. GOMBAULT. VOVS. VEVT. POVR. SA. DAME. / ENEZ. ON. VOVS. DONNERA. LE. TERME. / A. CETTE. FIN. QVE. CHACVN. CHOME. / POVR. ESTRE. PREST. AVX. EPOVSAILLES.

On distingue sur les toiles, des bergers, des bergères, des ménestrels. Sur une d’elles se trouve un pèlerin qui dit :

VOYLA. COMMENT. FINIRA. / AINSI. TOVT. PLAISIR. FINIRA. / LHOMME. DEVIENT. MALADE. OU. VIEUX. / MAIS. SIL. PEVT. PARVENIR. AVX. CIEVS. / APRES. LA. MORT. LORS. FINIRA.

Cette tapisserie fut apportée par le grand Turgot dans son château de Laulne. Le prince Le Brun en devint propriétaire, et son petit-fils, M. le comte de Plaisance, l’a donnée au musée de Saint-Lô, dont elle n’est pas le moins curieux ornement (le50enlignebis.free.fr - Laulne).

On peut poser comme une règle à peu près constante que la légende courante de l'histoire de Gombaut et de Macée est formée, sur chaque panneau, de sept strophes enfermées, dans sept écriteaux espacés irrégulièrement en haut et en bas de la tapisserie (Jules Guiffrey, Les Amours de Gombaut Et de Macée: Étude Sur Une Tapisserie Française Du Musée de Saint-Lo, 1882 - books.google.fr).

Dans les Dictz moraux pour mettre en tapisserie de Baude, on ne voit pas le rapport avec Gombaut et Macée (Henri Baude, Les vers de maitre Henri Baude: poète du XVe siècle, annoté par Jules Quicherat, 1856 - books.google.fr).

Rémy Belleau (vers 1527 - 1577) dans la version de 1572 de sa Bergerie cite Combaut et Macée d'après une tapisserie qu'il aurait pu voir chez le secrétaire d'Etat Robertet (Alexandre Eckhardt, Rémy Belleau: sa vie, sa Bergerie, 1917 - books.google.fr).

Nos deux bergers furent très en vogue à la fin du XVIème siècle et de nombreuses séries de leur histoire furent tissées sous les règnes d'Henri IV et de Louis XIII, a Paris, Tours, etc. La variété des tissages réalisés pour la plupart en 1590 et 1650 à Bruges comme à Aubusson permet d'apprécier la finesse avec laquelle cette vie paysanne, sa faune, sa flore, furent l'occasion pour les lissiers d'apporter leurs touches. L'histoire prend sa source lointaine dans l'abondante littérature mettant en scène des pastoureaux dans leur vie et leurs travaux campagnards : leur adolescence et leurs jeux insouciants dans une nature idyllique, les fêtes de leurs accordailles et de leur mariage puis la maturité, les épreuves qu'ils affrontent ensemble jusqu'à leur mort ; tout ceci un peu comme dans une bande dessinée avec des cartouches contenant le dialogue des personnages. Il s'agit donc d'une fable bucolique, souvent égrillarde qui possède pourtant une morale (artistelicier.free.fr - Gombault).

Ce thème s'inscrit dans la tradition de la littérature pastorale, et notamment du roman pastoral, à la mode tout au long du XVIe siècle et qui connaît son couronnement en France avec L'Astrée d'Honoré d'Urfé, en 1607.

Le banquet (Repas de Gombault et Macée) a un rapport évident avec l'avalage, d'aliments, à l'instar de Gargantua, par le trou de la bouche.

Des Gondebaud

Gondebaud et Carétène de Burgondie

L'Astrée d'Honoré d'Urfé, autre pastorale, se place sous le règne du roi de Bourgogne Gondebaud mort en 516, autrement appelé Gombaut d'où le nom de son recueil de lois : la Loi Gombette. Gondebaud fut législateur comme le roi Salomon, poète et moraliste.

Gondebaud, dans l'histoire de Chryséide, est un roi passionnément amoureux, qui emploie toute sa puissance pour faire rechercher sa prisonnière, dont il s'est épris et qui lui a échappé. Il respecte les traditions religieuses et sait pardonner. Mais, dans l'histoire de Dorinde, il est un vrai tyran, rival de son fils, jaloux et violent. Il met toute sa force au service d'une passion qui n'est qu'une fantaisie, mais dans laquelle il s'entête par dépit et par orgueil, persuadé que tout doit céder à un roi. Ces deux faces de son caractère représentent assez fidèlement le roi Gondebaud tel que l'histoire nous l'a fait connaître: d'une part, le législateur bienfaisant et généreux, d'autre part, le roi ambitieux et cruel qui, pour être maître de son royaume, a fait tuer ses deux frères. Sigismond, son fils, a des sentiments plus doux, mais assez d'énergie et de raison pour sopposer aux mauvais desseins de sou père. Clotilde, nièce de Gondebaud, est sage et bonne conseillère (Henri Bochet, L'Astrée, Ses origines, son importance dans la formation de la littérature classique, 1923 - www.forgottenbooks.com).

Le fils de Gondebaud, Sigismond, mourut martyr à Columna qui devint Saint Sigismond près de Patay, dans le Loiret. Son corps ainsi que ceux de sa femme et de ses enfants furent jetés dans un puits au-dessus duquel on bâtit une église.

Les Burgondes sont un peuple germain venu de la mer Baltique et installé en 413 sur la rive gauche du Rhin comme "fédéré", lié par un fœdus qui en fait un allié militaire de l'Empire romain. Le territoire dévolu aux Burgondes s'étend alors de Mayence à Strasbourg sur la rive gauche du Rhin, avec Worms comme capitale. Les Burgondes doivent garder la frontière rhénane et reconnaissent la suprématie de l'Empire. En 436 ou 437, Gondicaire, voulant élargir les frontières de ses domaines, envahit avec ses Burgondes la province de Première Belgique. Le patrice Aetius, dont les troupes comportent des mercenaires hunniques, inflige aux Burgondes une grave défaite qui anéantit presque totalement leur armée ; Gondicaire y perdit la vie. En 443, les Burgondes survivants, sous la direction de Gondioc, fils de Gondicaire, sont déportés en Sapaudia (région située vers le Jura) avec pour mission de stopper les Alamans. C'est la raison pour laquelle cette région s'appelle aujourd'hui Bourgogne. Les Burgondes se joignent en 451 aux armées impériales afin de combattre Attila. On constate que la liste des rois burgondes présente des similitudes nettes avec les noms apparaissant dans la Chanson des Nibelungen. En particulier, le code burgonde appelé "loi Gombette" cite le nom des ascendants de Gondebaud, roi à la fin du Ve siècle et au début du VIe.

La Chanson des Nibelungen (Nibelungenlied en allemand) est une épopée médiévale allemande, composée au XIIIe siècle et rédigée dans la langue vulgaire de l'époque : le moyen haut-allemand. La Chanson des Nibelungen est la version originale germanique d'une légende également attestée en Scandinavie par des contes danois ou islandais. Redécouverte en Allemagne au XIXe siècle, elle y a été considérée durant deux siècles comme une épopée nationale décrivant la construction du pays. Elle raconte les exploits de Siegfried, prince détenteur du trésor des Nibelungen, pour aider le roi burgonde Gunther à conquérir la main de Brunehilde, puis son mariage avec Kriemhild, la sœur de Gunther. Son assassinat par le traître Hagen initie une longue vengeance menée par Kriemhild et dont l'issue est le massacre des Burgondes sur les rives du Danube (fr.wikipedia.org - La Chanson des Nibelungen).

Arthur, Gondebaud et Patrice sont contemporains.

Patrice, romain d'origine, est né en Angleterre. Sa mère aurait été nièce de saint Martin de Tours. Saint Prosper dit que notre Saint reçut sa mission pour l'Irlande du pape saint Célestin, qui le sacra évêque de ce pays. Rempli de l'esprit apostolique, Patrice, de retour dans sa patrie, abandonna généreusement sa famille; il vendit, comme il le dit lui-même, sa noblesse, pour servir une nation étrangère. Il passa donc en Irlande, pour travailler à l’extinction de l’idolàtrie. Il parcourut toute l’île, et pénétra jusque dans les endroits les plus reculés sans craindre les dangers auxquels il s’exposait. Ses prédictions, fortifiées par sa patience angélique dans les souffrances, produisirent des effets étonnants; avant sa mort, il eut la consolation de voir presque toute l’Irlande adorer le vrai Dieu. Sa bienheureuse mort arriva l’an 464.

Des mains de Patrice, le flambeau dg l’Évangile passa dans celles d’une jeune princesse, conservée par miracle au milieu du massacre de sa famille. Ce nouvel Apôtre, qui, en convertissant les Français, devait leur assurer plus de gloire et de bonheur que toutes les conquêtes de leurs vaillants capitaines, fut sainte Clotilde. Clotilde était fille de Chilpéric, frère de Gondebaud, roi des Bourguignons. Ce dernier trempa ses mains dans le sang de son frère, de sa belle-sœur, et des princes leurs enfants, pour s’assurer la possession de leurs domaines; il épargna néanmoins les deux filles de Chilpéric, qui étaient d’une rare beauté, et qui, à cause de leur extrême jeunesse, ne pouvaient être redoutables. L’ainée fut renfermée dans un monastère, où elle se fit religieuse. Clotilde resta à la cour de son oncle; elle eut le bonheur d’être élevée dans la Religion catholique, bien qu’elle fût obligée de vivre parmi les Ariens. Elle s’accoutuma de bonne heure à mépriser le monde, et ces sentiments ne firent que se fortifier par la pratique des œuvres de piété. Son innocence ne reçut aucune atteinte des charmes séduisants de la vanité qui l’environnaient de toutes parts. Clovis, roi des Francs, destructeur de la puissance romaine dans les Gaules, l’envoya demander en mariage. Sa prière fut accueillie, mais à condition que la princesse aurait la liberté de, professer sa religion. Il l’épousa solennellement à Soissons en 495 (Jean Gaume, Catéchisme de persévérance, Volume 5, 1845 - books.google.fr).

Carétène fit restituer par Gondebaud un vase sacré que des Burgondes avaient pris comme butin quand ils avaient pillé Saint-Julien-de-Brioude et qu'ils lui avaient donné pour être bien en cour. Une fois de plus elle suggère une décision à son mari (fideliter insinuans regi) et se conforme à ce que dit d'elle son épitaphe : elle partagea les soucis de son mari et lui donna conseil (Principis excelsi curas partita mariti / Adiuncto rexit culmina consilio) ". Grâce à son épouse catholique Gondebaud obtint donc l'adhésion des catholiques. Ceux-ci avaient en elle un appui et un moyen sûr pour atteindre l'oreille du prince (Reinhold Kaiser, L'entourage des rois du regnum burgundae, A l'ombre du pouvoir: les entourages princiers au Moyen Age, 2003 - books.google.fr).

Troisième reine de cette génération au catholicisme indiscutable, la propre femme de Gondebaud, Caretène, connue par son épitaphe conservée dans un manuscrit du IXe siècle, qui la célèbre comme une reine pieuse et une fondatrice d'église. Son action est également attestée par la Vie de saint Marcel de Die. La reine y apparaît comme une catholique engagée, fondant une église, soutenant l'évêque contre son mari et utilisant un crachat du saint homme, pieusement recueilli, pour une guérison miraculeuse. Gondebaud et Caretène formeront, jusqu'à la mort de la reine en 506, un couple politique particulièrement efficace dont la complémentarité permettra à la politique royale de s'adapter à la réalité multiconfessionnelle et pluriethnique du royaume (Bruno Dumézil, Les racines chrétiennes de l'Europe: Conversion et liberté dans les royaumes barbares Ve - VIIIe siècle, 2005 - books.google.fr).

Vers l’actuelle Place A. Vollon, à proximité d’une voie transversale reliant deux ponts de bateaux sur le Rhône et la Saône (l’actuelle rue St-Hélène), la reine Carétène, épouse du roi burgonde Gondebaud, fait construire une belle basilique de plan centré, dédiée aux Saints Anges appelée plus tard « Saint Michel ». La cérémonie de la dédicace est présidée par Avit, évêque de Vienne, qui, dans son homélie, justifie le choix de Saint-Michel comme patron de l’église. La fondation en 500 de cette église St-Michel a été validée par la découverte d’une version mérovingienne de la Vie de Saint Marcel, présent lors de la cérémonie de la dédicace. Ainsi, le culte de St-Michel venu de Constantinople s’installe à Lyon peu de temps après son apparition en Italie au Mont Gargano et bien avant le Mont-Saint Michel en Normandie. Quelques années plus tard, Caretène meurt. Son épitaphe placée dans St-Michel à côté de son tombeau précise en vers latins :

Eglise Saint Michel d'Ainay à Lyon au XVIIème siècle

Appui du sceptre, ornement de la terre, splendeur rayonnante sur l'univers, Carétène s'est préparé ce tombeau. De cette puissante souveraine, Christ! tu as fait ta servante; tu l'as appelée de son royaume mondain à ton royaume céleste, où elle a suivi, dans une fin heureuse, le riche trésor que, par le soulagement des pauvres, elle a apporté à Dieu. Depuis long-temps, châtiant son chaste corps, elle portait de rudes vêtements cachés sous la pourpre éclatante, et, le visage toujours souriant, observait des jeûnes rigides et livrait secrètement sa royale chair à d'austères pratiques de pénitence. Partageant les soucis du très haut prince, son mari, elle l'aidait par ses conseils à diriger les affaires de l'Etat, heureuse d'entraîner vers la vraie foi, dans laquelle ils s'instruisaient, ses enfants et petits-enfants. Brillante de tant de dons, elle ne dédaigna pas, sous l'impulsion d'une inspiration sublime, de déposer le diadème pour se soumettre au joug spirituel. S'efface devant elle la reine des Sabéens parfumés, qui autrefois vint admirer le merveilleux ouvrage de Salomon ! Carétène a fondé ce présent temple, dont la voûte retentit de l'harmonie des cantiques, et l'a dédié au chœur des Anges. Elle peut maintenant t'offrir, ô Christ, ces prières que si souvent elle présentait au roi pour l'acquittement des accusés. Lorsque, son dixième lustre déjà rempli, la mort envieuse l'a ravie et qu'un jour meilleur et sans fin l'a reçue, l'année marquée du nom du consul Messala franchissait le seizième jour de septembre ».

L'opinion qui fait de Carétène la femme de Gondebaud est celle de Duchesne, de Valois, de Pagi, de Troya, de Pétigny et, parmi les Allemands, de Grimm, de Derirchsweiler, de Jahne ; avec elle se trouvent être d'accord les données fournies par l'inscription aussi bien que par l'histoire : la convenance d'âge, la résidence à Lyon, les marques de la souveraineté, le règne glorieux et long, la différence des croyances du mari et de l'épouse, le zèle de celle-ci à pousser vers la foi véritable ses enfants : Sigismond et Godomar, et ses petits-enfants : Sigéric et Suavegotha le fils et la fille de Sigismond, enfin une mort paisible et douce (A. Allmer, P. Dissard, Musée des beaux-arts, Inscriptions antiques, 1888 - archive.org, amisdainay.free.fr - Carétène).

Epitaphe de la reine Carétène (an 506) en latin :

Sceptrorum columen, terrae decus, et jubar orbis, / Hoc artus tumulo vult Caretene tegi; / Quin famulam, tu, Christe, tuam rerumque potentem / De mundi regnis ad tua régna vocas. / Thesaurum ditem felici fine secutam / Totis pauperibus quem dédit illa Deo / Jam dudum castum castigans aspera corpus / Delituit vestis murice sub Rutilo / Occuluit laeto jejunia sobria vultu / Secreteque dédit regia membra cruci. / Pincipis excelsi curas partita mariti, / Adjuncto rexit culmina consilio. / Praeclaram sobolem, dulcesque gavisa nepotes / Ad veram doctos sollicitare fidem. / Dotibus his pollens sublimi mente subire, / Non sprevit sacrum post diadema jugum / Cedat odoriferis quondam dominata Sabacis / Expetiit mirum quao Salomonis opus, / Condidit hoc templum praesens, quod personat orbe, / Angelicisque dédit limina colsa choris. / Laxatura reos Régi quae saepe ferebat / Has offerre preces nunc tibi, Christe, potest, / Quam cum post decimum rapuit mors invida lustrum / Accepit melior tune sine fine dies. / Jamque bis octona septembrem luce, movebat, / Nomen Messalae consulis annus agens. (Jean-Baptiste Monfalcon, Histoire monumentale de la ville de Lyon, 1866 - books.google.fr).

L’épitaphe de Carétène attribuerait à cette reine burgonde, au tournant des Ve et VIe siècles, la fondation de la première église dédiée en Gaule à l’Archange. L’église Saint-Michel d’Ainay, détruite au XVIIIe siècle, existe certainement au IXe siècle (Autour de l'archange saint Michel, Actes du colloque Saint Michel d'Aiguilhe (2009), 2012 - www.cahiersdelahauteloire.fr).

Saint Gombaud : 18 décembre

Winebaud ou Guinebaud, vulgairement Gombaud (saint), abbé de Heidenheim, né vers le commencement du VIIIème siècle, était fils de saint Richard, roi des Saxons occidentaux (Wessex) et frère de saint Guillebaud et de sainte Walburge. Son père ayant entrepris le pèlerinage de Rome, vers l'an 721, emmena ses deux fils avec lui ; mais une maladie l'avant surpris en route, il mourut à Lucques, où il est honoré comme patron de la ville le 7 février. Les jeunes princes, après avoir rendu les derniers devoirs à leur père, continuèrent leur route jusqu'à Rome, d'où Guillebaud se rendit en Palestine pour y visiter les saints lieux. Winebaud ne l'accompagna pas, à cause de la faiblesse de sa santé, mais il passa sept ans à Rome, n'appliquant à l'étude de l'Ecriture sainte et de la science ecclésiastique. II quitta cette ville après avoir reçu la tonsure cléricale, et retourna en Angleterre. I1 fit, l'an 728, un second pèlerinage à Rome avec plusieurs de ses compatriotes, parmi lesquels se trouvait saint Boniface, son parent. Celui-ci l'engagea à le suivre en Allemagne pour le seconder dans ses travaux apostoliques. Winebaud, ayant été ordonné prêtre, fut chargé de l'administration de sept églises qui venaient d'être fondées dans la Thuringe. Guillebaud, son frère, à son retour de la terre sainte, avait pris l'habit monastique au Mont-Cassin. Saint Boniface, ayant fait un voyage à Rome, l'an 738, l'obtint du pape Grégoire III pour coopérateur dans sa mission d'Allemagne, et après l'avoir ordonné prêtre, il le sacra évéque d'Aischstadt; Guillebaud appela son frère dans son diocèse. Celui-ci bâtit un monastère dans la forêt de Heidenheim, pour des religieux, et un autre pour des religieuses, à la tête desquelles il mit sa sœur, sainte Walburge. Winebaud, tout en gouvernant sa communauté, aidait son frère et travaillait avec zèle et succès à la conversion des idolâtres de la Franconie. Sa constitution avait toujours été faible, et il fut éprouvé par diverses maladies. Lorsque sa santé ne lui permettait pas d'aller à l'église, il disait la messe dans une chapelle qu'il avait fait construire prés de sa cellule. Ayant été atteint d'un mal si grave qu'on désespérait de sa vie, il fut miraculeusement guéri par l'intercession de saint Boniface, qu'il avait invoqué avec une grande dévotion. Il mourut cinq ans après ce saint martyr, le 18 décembre 760, et fut enterré dans le cloître de son monastère. Les miracles opérés à son tombeau lui ont fait rendre un culte public dans plusieurs églises d'Allemagne, quoique son nom ne se lise pas dans le Martyrologe romain. — 18 décembre (L.-M. Pétin, Dictionnaire hagiographique ou Vies des saints et des bienheureux, 1848 - books.google.fr).

Miettes

Les miettes et la reine de Saba sont associées dans La Vie de Saint Martin de Sulpice Sévère (Chapitre VI), au cours d'un repas de saint Martin de Tours avec l'impératrice, femme de Maximus à Trêves :

« Puisque, cette fois, nous sommes entrés dans le palais, je raconterai encore une chose qui s'est également passée dans le palais, mais en d'autres temps; car je ne crois pas devoir omettre un exemple mémorable d'admiration pour Martin, exemple donné par une impératrice chrétienne. L'empereur Maxime gouvernait alors l'État : un homme dont toute la vie mériterait l'éloge, s'il avait pu refuser le diadème dont le couronnaient illégalement des soldats en révolte, ou du moins ne pas prendre les armes pour une guerre civile. Mais un si grand pouvoir n'aurait pu ni être refusé sans péril, ni être gardé sans prendre les armes. Cet empereur faisait souvent appeler Martin et le recevait dans son palais, en le vénérant et l'honorant. Tous ses entretiens avec lui portaient sur les choses présentes, sur les choses futures, sur la gloire des fidèles, sur l'éternité des saints. Pendant ce temps-là, jours et nuits, l'impératrice était comme suspendue à la bouche de Martin. A l'exemple de cette femme dont parle l'Évangile, elle arrosait de ses larmes les pieds du saint et les essuyait avec ses cheveux. Martin, que jusque-là aucune femme n'avait jamais touché, ne pouvait se dérober à ses hommages empressés, ou plutôt serviles. L'impératrice ne songeait ni au pouvoir impérial, ni à son rang dans l'empire, ni au diadème, ni à la pourpre : prosternée sur le sol, elle ne pouvait s'arracher aux pieds de Martin. « Enfin, elle demanda à son mari d'insister avec elle auprès de Martin pour qu'il acceptât une invitation à dîner : on écarterait tous les serviteurs, et elle seule le servirait à table. Malgré sa fermeté, le bienheureux dut céder. L'impératrice, de ses propres mains, fit pieusement tous les préparatifs. Elle-même couvrit d'un tapis un petit siège, approcha la table, versa de l'eau sur les mains, servit les mets qu'elle-même avait fait cuire. Elle-même, pendant que Martin mangeait, restait à distance, selon la règle imposée aux serviteurs; elle se tenait debout, comme fixée au sol, immobile, montrant en toute chose la réserve d'une femme servant à table et l'humilité d'une esclave. Elle-même fit le mélange pour la boisson; elle-même tendit la coupe. Quand le petit dîner fut fini, elle recueillit les fragments de pain et les miettes, préférant, dans sa foi ardente, ces restes aux banquets impériaux. « Bienheureuse femme ! Par ces témoignages d'une si grande piété, elle fut vraiment comparable à cette reine qui vint des extrémités de la terre pour entendre Salomon. Comparable, si l'on s'en tient au fait essentiel du récit. Mais, si l'on compare la foi des deux princesses, qu'on me permette de remarquer ceci, abstraction faite de la majesté du mystère : la reine de Saba a simplement désiré entendre un sage, tandis que l'impératrice, non contente d'avoir entendu un sage, a mérité encore de le servir ». (www.saintmartindetours.eu - Les écrits de Sulpice sévère).

Cette impératrice, femme de l'empereur Maxime, porte un nom dans les légendes galloise Elen Luyddog, qui fut parfois confondue avec Hélène, mère de l'empereur Constantin. Elen Luyddog, fille d'Eulaf, eut elle aussi un fils de ce nom. Elle était la soeur de Conan Meriadec dont parle l'abbé Henri Boudet dans La Vraie Langue Celtique, page 167. Elle est appelée sainte Hélène de Caernarfon où elle serait née. Elle est fêtée le 22 mai et le 25 août. Or le 22 mai est le jour de naissance de Georges Rémi, 1907. Quand Hélène rencontre Hergé.

S'il faut en croire une tradition dont Grégoire de Tours s'est fait l'écho, Martin aurait accepté, de l'empereur Maxime, le don d'une patène qui était conservée à Tours à la fin du VIe siècle (Jean Jacques Bourassé, Casimir Chevalier, Recherches historiques et archéologique sur les églises romanes en Touraine du VIe au XIe siécle, 1869 - books.google.fr).

Un conte indépendant du Mabinogion, Le Rêve de Maxen Wledic [Breuddwyd Maxen Wledig], raconte comment Maxen (épelé aussi Macsen), ou Maximus, « empereur de Rome », vit en rêve, un jour où il se reposait d'une partie de chasse, la plus belle fille du monde [réminiscence de l'Hélène de Troie]. Il partit à sa recherche et finit par la trouver dans les montagnes du Pays de Galles, dans le château de son père. Quoiqu'il en soit le Magnus Maximus historique se fit proclamer empereur en 383, conduisit l'essentiel des troupes romaines jusque sur le continent, où il défit l'empereur légitime, Gratien, le fit périr, et régna durant quatre ans, reconnu par l'empereur légitime, Gratien, le fit périr, et régna durant quatre ans, reconnu par l'empereur d'Orient Théodose, fils de son ancien commandant-en-chef. En 387, il commit l'erreur de s'emparer de l'Italie, chassant le frère de Gratien, Valentinien II, gagné à l'hérésie arienne. Théodose, pourtant orthodoxe comme Maxime, leva une armée immense, assiégea son rival dans la ville d'Aquilée, puis, à sa reddition, le fit décapiter en 388 (Marc Rolland, Le roi Arthur: de l'histoire au roman, 2007 - books.google.fr).

L'histoire britannique rejoint celle des Burgondes à travers le personnage de Riothamus un siècle plus tard.

Ce personnage de Riothamus ("grand roi") est narré par l'historien Jordanès, dans son Histoire Gothique (551), et son envergure - prince capable d'organiser le débarquement amphibie d'une puissante armée - surprend dans le contexte de l'époque. En effet, le nouvel empereur romain installé à Ravenne, le grec Anthémius, décidé à résister à l'expansion du roi des Visigoths Euric, sollicite l'aide des Bretons. Leur roi, avec 12000 guerriers, débarque alors chez les Bituriges (Bourges) par voie maritime et se heurte aux Saxons, installés sur la Loire depuis 464 sous la conduite d'Odoacre, qui sera plus tard roi d'Italie après avoir destitué Romulus Augustule. Dans un premier temps, les Saxons sont défaits près d'Angers. Mais à Bour de Déols, en 470, nous apprend Grégoire de Tours dans son Histoire des Francs, Riothamus est vaincu par Euric. Il ne meurt pas au combat, mais se replie avec ses troupes chez les fédérés des Romains que sont les Burgondes (en Avallon, nom aux résonances arthuriennes !), et on ne saura pas s'il retourne en Bretagne. [...] S'agit-il d'Ambrosius, ou d'Arthur lui-même, ou bien de quelque duc breton ? On ne saura sans doute jamais qui était Riothame, mais la démonstration est faite de l'existence d'une force armée bretonne nombreuse, capable des plus grandes audaces tactiques, fidèle à une certaine idée de l'Empire, et intervenant dans les grands mouvements géopolitiques de l'époque, même si leur intervention fut une victoire sans lendemain suivie d'une défaite (Marc Rolland, Le roi Arthur: de l'histoire au roman, 2007 - books.google.fr).

Macée et Miettes

Les grecs "massô", "magô" pétrir semblent être des variantes de "migô" mêler et signifier en fait mélanger, réduire en pâte — maceria le torchis — maie, mie, miette, miche, masser. Le miché ou michet est celui qui a de la galette, des ronds, la miche étant ronde; le macaron l'huissier, le notaire dont l'enseigne a la forme d'un macaron, pâtisserie faite avec une matière pâteuse comme la miche (Adrien Timmermans, L'argot Parisien: étude d'étymologie comparée suivie du vocabulaire, 1892 - books.google.fr).

Masio ou Mazio se dit du pain ou des fruits, lesquels, en se dessèchant, deviennent ridés et flétris. Son origine dérive de macius qu’on, trouve dans le glossaire de du Cange, en ce sens. C’est ce que signifie ce mot dans l’endroit qu’il rapporte. Macius a été fait de macere, maigrir, devenir maigre, comme si l’on disait que les choses qui se flétrissent deviennent maigres, Quoi qu’il en soit, de macius on a fait le diminutif de macietus et de là le féminin macieta, épithète qu’on a donnée à une personne fort maigre; dont on a ensuite fait le français mazette qu’on appelle aussi haridelle, d'un mot fait d’aridula qui signifie sec, aride, comme je Pavais observé avant que de l‘avoir lu dans Ménage; c’est encore delà qu’est pris le nom de la fameuse Macette à la cour si connue, que décrit Régnier dans ses satires. Cette fameuse courtisane étant devenue vieille et maigre, ayant perdu son embonpoint (Guy Allard, Gariel, Dictionnaire historique, chronologique, géographique, généalogique, héraldique, juridique, politique et botanographique de Dauphiné, 1864 - books.google.fr).

N'a-t-on pas pu passer de macieta à miette ?

“Macie” (“maciette” or “polvere”-dust) means in Venetian dialect the spots, they gives color to the glass. (www.officinedelvetro.com).

Arnulfi (Alberto), poète italien né à Turin le 13 juillet 1849 a donné « Maciette turineise », Turin, 1879, publié sous le pseudonyme anagramme de Fulberto Alarni, charmant recueil de sonnets satyriques en dialecte piémontais (Angelo de Gubernatis (1840-1913), Dictionnaire international des ecrivains du jour, 1891 - archive.org).

Miettes et salive

On peut rattacher la salive de Marcel de Die qui sert au miracle de la guérison de la servante de la reine Carétène de Burgondie, avec les miettes par l'évangile de Marc. En effet, le miracle salivaire du Christ, en VII,31-37, par lequel il guérit un sourd-muet, omis par Mathieu, s'intercale chez l'évangéliste Marc entre le miracle des miettes VII, 21-30 et la multiplication des pains VIII,1-10.

La salive sort bien de la bouche, et si elle soigne c'est que, peut-être, le coeur est pur.

Alors des Pharisiens et des scribes venus de Jérusalem s'approchent de Jésus, disant: 2 " Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu'ils mangent. " [...] 10 Et, ayant appelé la foule, il leur dit: " Ecoutez et comprenez! 11 Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme. " [...] 17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche passe au ventre et est rejeté aux lieux secrets? 18 Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est là ce qui souille l'homme. 19 Car c'est du cœur que viennent des pensées mauvaises: meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes. 20 Voilà ce qui souille l'homme; mais manger avec des mains non lavées, cela ne souille point l'homme. " 21 Jésus, étant parti de là, se retira dans la région de Tyr et de Sidon. 22 Et voilà qu'une femme cananéenne, sortie de ce pays-là, se mit à crier: " Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par le démon. " 23 Il ne lui répondit pas un mot. Alors les disciples, s'étant approchés, le priaient en disant: " Renvoyez-la, car elle nous poursuit de ses cris. " 24 Il répondit: " Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. " 25 Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: " Seigneur, secourez-moi! " 26 Il répondit: " Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. - 27 Oui, Seigneur, dit-elle; mais les petits chiens mangent des miettes, qui tombent de la table de leurs maîtres. " 28 Alors Jésus lui dit: " O femme, votre foi est grande: qu'il vous soit fait comme vous voulez. " Et sa fille fut guérie à l'heure même. (bible.catholique.org - Mathieu XV).

Suit la multiplication des 7 pains sur la montagne de la mer de Galilée.

Cette histoire de miettes est pour certains l'affirmation de la primauté des enfants d'Israël dans la réception des enseignements de Jésus. Les Gentils passent après. C'est le premier miracle destiné aux païens.

Charles Nodier intègre le protagoniste de La Fée aux miettes dans la "république de charpentiers" (fr.wikipedia.org - La Fée aux miettes).

"Oh! ne troublez pas les méditations de Michel, du plus sage et du plus savant des charpentiers du Renfrew! Si vous le voyez ainsi refrogné et absorbé dans ses pensées, c'est qu'il rêve incessamment à la princesse Belkiss dont il est le galant..."

Michel se trouve réinstallé dans les fonctions de Hiram, roi de Tyr, qui fit descendre pour Salomon du Liban «des bois de cèdre et des bois de cyprès» (l Rois 5,22-24) (9), mais destinés uniquement à la construction du palais de la Reine de Saba et non pas à celle du temple de l'Eternel. L'édifice toujours à refaire, à reconstruire et à terminer est celui qu'habite toujours la Reine des songes, la Reine de Saba. L'amant-architecte, véritable Anti-Piranèse, a la charge de terminer l'œuvre laissée inachevée par Salomon.

Le départ précipité du conteur au début de La Fée aux miettes s'explique par des fantasmes géographiques et biographiques dont se trouvera banni l'Orient. Il va à Glasgow visiter, le jour de la St-Michel, la maison des lunatiques (Herman Hofer, L'Orient de Charles Nodier, Exotisme et création: actes du colloque international, Lyon, 19-21 mai 1983, 1985 - books.google.fr).

Ce qui justifie la liaison de saint Michel à la lune, comme il est aussi vu celle avec les lycanthropes (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Michel en vert et la mélancolie).

Charles Nodier s'interroge, dans « De quelques phénomènes du sommeil » [1831], sur « la perception prolongée d'une sensation acquise dans cette vie fantastique dont se compose la moitié de la nôtre, la vie de l'homme endormi ». On peut aussi penser à La Fée aux miettes [1832] de Nodier: dans ce conte, un patient, nommé Michel, interné dans un asile psychiatrique de Glasgow, mène une double vie, partagée entre la vie diurne avec sa femme, vieille et laide, appelée la « Fée aux miettes », et la vie nocturne où elle apparaît sous son véritable visage, qui est celui de Belkiss, la reine de Saba (Keiko Tsujikawa, Nerval et les limbes de l'histoire: lecture des Illuminés, 2008 - books.google.fr).

Macée, chez Marot, est aussi une vieille femme laide : "Macée me veut faire accroire, / Que requise est de mainte gent, / Plus envieilli plus a de gloire, / Et jure comme un vieil sergent." (épigramme 247)

L'âme de Michel est incarné par un homme à tête de danois, nommé Japp Muzzleburn (anglais : yap japper ; muzzle museau ; burn brûlant), le bailli de l'Île de Man.

Un abraxas, une gemme gnostique conservée semble-t-il, au British Muséum et reproduite par Charles-William King dans son ouvrage The Gnostics and their remains, 1887 présente un personnage à tête de chien entre la Lune et une étoile, tandis qu'au dos est indiqué son nom MIXAE (pour Mikaël). L'étoile figurée sur la gemme est très probablement Sirius, la brillante étoile de la constellation du Grand Chien (Jean Richer, Têtes d'animaux, Charles Nodier: Colloque du deuxième centenaire, Besançon, mai 1980, 1981 - books.google.fr).

Dans la gravure Melencolia I de Dürer, l'ange, identifié à saint Michel, est accompagné d'un chien endormi.

Charité

La légende raconte qu'il n' y avait pas de pauvre à Caernarfon.

From ca. 80–380 Segontium, a fort built on a hilltop above the site of modern Caernarfon was garrisoned by Roman troops; a smaller fort, of which some walls remain still, was built in the time of Constantius (292–304), the father of Constantine, on a cliff above the river Roads led east to Chester, south to Carmarthen and Caerleon, parts of which are still known as Sarn Elen (Elen's Causeway). After the Romans left in the 380s the deserted fort may have been used by invading Britons from the north or left to decay. Segontium was named by Nennius, together with Caerleon and Caerwent, as one of the three ancient cities of Britain that were situated in Wales, and tells the legend that Constantine's son was buried there and that Constantine sowed there three seeds of gold, silver, and brass so that no poor man should ever dwell there. It was to the name of Nennius that the idea became attached that the medieval Welsh princes were descended from Roman emperors and even that Saint Helena, the mother of Constantine, was Welsh (Tony Davenport, Wales and Welshness in romances, Authority and Subjugation in Writing of Medieval Wales, 2008 - books.google.fr).

Ce Constantin qui planta trois graines est parfois aussi fait fils d'Elen et de Maxime. Il était le frère de Saint Peblic (Publicus) (www.earlybritishkingdoms.com).

Sulpice souligne à plusieurs reprises l'humiliation volontaire et la dévotion soumise envers le saint homme de l'épouse de l'empereur Maxime [Elen]; il prenait soin de demeurer dans un domaine proprement religieux, en comparant l'hommage respectueux de la reine à Martin à la venue de la reine de Saba auprès de Salomon, et aux attentions de Marie-Madeleine envers le Christ.

Le dossier martinien de Sulpice offrait à ses lecteurs un idéal de sainteté de la regina ancilla bien antérieur à celui des dernières années de Clotilde, vers lequel le chanoine Delaruelle a orienté non sans justesse l'attention, à la recherche des antécédents de la « sainteté active » de Radegonde. C'est le très curieux exemplum laissé par la femme de l'empereur Maxime, dans le second livre des Dialogues. Nouvelle Madeleine, nouvelle Marthe et nouvelle Marie, elle est aussi comparée par Sulpice à la reine de Saba se rendant auprès de Salomon : « elle ne considérait point les richesses de la royauté, ni la dignité du pouvoir suprême, ni le diadème ni la pourpre ». Elle servit entièrement Martin attablé chez elle, « avec la modestie et l'humilité d'une servante ». Quel exemple plus proche de leur propre conversion, et de leur propre condition, Clotilde et Radegonde ont-elles pu puiser tour à tour dans leur lecture du dossier martinien de Sulpice ? Quel exemple de conversion évangélique d'une souveraine pouvait être plus répandu et plus populaire, dans la Gaule post-martinienne, que cet abaissement de la regina de Trêves au service diaconal des tables, et en particulier de la table d'un saint évêque ? L'affection particulière que Radegonde eut pour ce que l'on pourrait appeler toutes les formes de la « diaconie » évangé- lique trouvait là comme un relais particulièrement exemplaire et décisif — je veux dire : poussant à une décision totale de rompre avec la cour et le monde — .

Le dossier martinien fournissait ainsi non seulement comme un « négatif » de ce que devait être un prince chrétien ; il ne définissait pas seulement une certaine vision de l'inévitable affrontement entre le pouvoir temporel des souverains et le pouvoir spirituel volontiers violemment « prophétique » des évêques ; il laissait aussi un modèle en forme, simple et radical, de ce que pouvait et devait être la conversion évangélique totale d'une regina qui, pour Dieu et le service des siens, inversait totalement sa position sociale et son style de vie en se faisant passionnément la dernière des ancillae : serua seruorum Dei.

Dans sa Vita merlini, la transposition poétique de l'épisode de Maxime et de l'impératrice, tiré des Dialogues de Sulpice, est pour Paulin de Périgueux l'occasion de souligner, pour commencer, que « le faîte de la royauté est soumis aux mérites des saints ». Addition non moins significative : Paulin exprime la supériorité de la regina sur son époux. « Mais la reine n'était point inférieure à un mari d'une telle dignité : elle l'emportait sur la dévotion du souverain par l'empressement de ses hommages ». Appel à l'héroïsme, voire à une sorte de transfert spirituel de la volonté de puissance, susceptible de piquer un jour au vif une âme vraiment royale ; l'appel aux humiliations de la sainteté en recevait comme une couleur que nous appellerions cornélienne : « aimant mieux servir le bienheureux que de surpasser totalement l'univers entier, elle reportait l'honneur de la royauté sur son renom de servante ». Ainsi, « foulant aux pieds les obstacles du monde », devint-elle une femme que son mérite égale aux antiques héros ». Radegonde à Poitiers a-t-elle lu ces vers écrits à Périgueux ? On se plaît à le penser ; on peut même le croire vraisemblable, étant donné les liens étroits qui ont uni la reine à Grégoire aussi bien qu'à Fortunat, tous deux lecteurs de Paulin de Périgueux ; mais on ne peut malheureusement que le conjecturer.

Venance Fortunat donnera quatre chants pour Sur la vie de saint Martin et il dit de Martin, lors du souper chez Maxime, qu' « il impose son empire à l'empereur en personne ».

Dans sa De uita sanctae Radegundis, Fortunat a choisi et présenté un certain nombre d'épisodes de sa « biographie ascétique » selon les catégories d'une « imitation de saint Martin ». Le souvenir de la femme de Maxime est particulièrement net, dès que Fortunat évoque le service des pauvres : « reine par sa naissance et son mariage, maîtresse du palais, elle assurait en servante le service des pauvres » ; en particulier, comme la femme de Maxime, le service à table des « serviteurs de Dieu », c'est-à-dire, probablement, des prêtres et des évêques passant par le monastère. Elle leur lavait les pieds et les essuyait, puis, « sans que le serviteur de Dieu opposât de résistance, elle leur servait aussi à boire dans une large coupe » : le parallèle avec les scènes martiniennes de Trêves est ici relativement étroit, mais sans qu'aucune comparaison soit instaurée avec un époux souverain, dont il eût été, en l'occurrence, inopportun de rappeler le souvenir (Jacques Fontaine, Hagiographie et politique, de Sulpice Sévère à Venance Fortunat. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976 - www.persee.fr).

On suppose que Venance Fortunat a pu être l'auteur de l'épitaphe de la reine Carétène de Burgondie.

L'épouse de Gondebaud, la reine Carétène, d'origine germanique et dont le nom gotique Karistina signifie « celle qui se soucie, celle qui prend soin », faisait figure de grande dame. Charitable, elle était considérée comme la mère des pauvres (Louis Gondre, Les Burgondes nos ancêtres, Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 1998 - books.google.fr).

Macée et pauvreté

Macée désigne une bergère ou une paysanne dans l'ancienne langue (Amours de Gombaud et de Macée), mais qui a aussi le sens d'une vieille laide femme (lat. Matheiea?) : cf. Marot, Epigrammes, De Lesbia. Voir aussi La Macée, une vieille bigote, dans la Légende de Pierre Faifeu, de Charles Bourdigné, 1532 (Georges Doutrepont, Les types populaires de la littérature française, Mémoires: Collection in 80, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Volume 22, 1926 - books.google.fr).

On trouve une Macée dans La Légende de Maître Pierre Feifeu de Charles de Bourdigné.

Lorsque Faifeu enferme une fille amoureuse chez une vieille bigote, la Macée, Bourdigné ne se rappelle-t-il pas le Testament où Villon s'en prend, d'une part (CXXII) à un lieutenant du bailli de Berry, Macé, qu'il féminise pour dénoncer ses propos méchants et ses mœurs anormales, d'autre part (CXLIV) à une dévote qui scet sa Bible, Mademoiselle de Bruyères, à qui il demande d'admonester les coureuses, les villotières, qui ont le bec si affilé (Jean Dufournet, Villon et sa fortune littéraire, 1970 - books.google.fr).

Henri Lefebvre, rapprochant les cheveux de pâtre de Gargantua des marques de cendres qui indiquent la fin de Carnaval (le mercredi des cendres) conclue : « Gargantua, dans l'imagination populaire, a les cheveux blanchis non pas par la vieillesse mais par un rite ouvrant ou clôturant la fête paysanne, rite de fécondité ou de mortification. » (Henri Lefebvre, Rabelais, 1955) (Charles de Bourdigné, La légende joyeuse de maistre Pierre Faifeu, annoté par Francis Valette, 1972 - books.google.fr).

Régnier aussi reprend son bien où il le trouve ; il s’est souvenu sans doute encore de la vieille Scapha, dans le Revenant de Plaute, laquelle essaye, comme Macette, de détacher une jeune fille de son amant; le langage est a peu près le même, et l’amant, comme Régnier, se trouve la pour entendre tout.

Voici le portrait que Macette trace de Régnier, pour détacher la jeune fille de ce pauvre hère qui ne lui rapporte rien : Et ce poète crotté, avec sa mine austère, / Vous diriez à le voir que c’est un secrétaire. / Il va mélancolique et les yeux abaissés, / Comme un sire qui plaint ses parents trépassés (Emile Deschanel, Les parents de Tartuffe, Liberté de penser, Volume 3, Bureau de la Revue, 1819 - books.google.fr).

Gombaut et Macée chez Molière

Si la charité est l'antithèse de l'avarice, on trouve mentionnée la tapisserie de Gombaut et Macé dans la pièce de Molière L'Avare, Acte II, Scène I, compris dans le contrat de prêt que Cléante, fils d'Harpagon, doit souscrire : « Des quinze mille francs qu'on inscrit sur les livres, On ne compte en argent que douze mille livres ; Et pour les mille écus restants, notre emprunteur « Prendra nippes, bijoux dont s’ensuit le mémoire, Lesquels, de bonne foi, sont mis par le prêteur Au plus modique prix... » (La Flèche à Cléante).

Roseaux

Caernarfon se trouve en face de l'île d'Anglesey (Ynis Fon), et était un marché de la production de l'île en cordes et tapis faits à partir des roseaux de mer.

Newborough, which is three miles from the shore, was the manor of our princes, and the seat of justice for the whole comot of Menai, and was formerly called Rhosfair. Edward the 1st erected the town into a corporation, and gave it a guild mercatory ; from that time it was called Newborough. The Crown had its steward for this district, at a salary of ten pounds a year ; it was also the county town of Anglesey, until the time of Edward the 6th, when the honour was transferred to Beaumaris. It is now a small but populous village, and is celebrated for the manufacture of mats and ropes from the sea-reed grass (bent môrhesc ou rhosir morshesg), which are brought to Carnarvon market in great abundance (William Pritchard, History of Carnarvon castle, and the antiquities of Carnarvon, with a guide for the tourist to the surrounding scenery, 1849 - archive.org).

The marram grass of the nearby dunes of the warren was the basis of a local industry - the making of mats, nets, and ropes - but because of dune erosion attempts werre made to limit the cutting of the grass. The industry was still active in the nineteenth century (Adrian Henry Wardle Robinson, Roy Millward, The Shell book of the British coast, 1983 - books.google.fr).

This plant grows in most places near the sea, and is known to the islanders by the name of murah: to the English, by that of bent star, mat grass, or marram. Linnaeus calls it arundo-arenaria. The Dutch call it halm. This plant hath stiff and sharp-pointed leaves, growing like a rush, a foot and a half long: the roots both creep and penetrate deeply into their sandy beds: the stalk bears an ear five or six inches long, not unlike rye, the seeds are small, brown, and roundish. By good fortune, no cattle will eat or touch this vegetable, allotted for other purposes, subservient to the use of mankind (Joseph Taylor, The wonders of trees, plants, and shrubs, recorded in anecdotes, 1823 - books.google.fr).

— Dieu tout-puissant, dit maître Finewood, il ne me manquoit plus que cette douleur! Vous ne me le ramenez, Seigneur, que pour me le prendre, et vous percez la main du pécheur avec le dernier roseau sur lequel elle s'est appuyée ! — N'importe, pauvre Michel, je ne t'abandonnerai pas dans la misère de ton esprit foible et malade; et tant qu'il restera un morceau de pain à gagner au chantier, je le romprai avec toi. Va travailler, mon fils, car j'ai remarqué que le travail te distrait des fantaisies qui t'offusquent, et rend le calme à ta raison troublée par de mauvais songes. Va travailler, Michel, et ne te fatigue pas ! (La fée aux Miettes, p. 291).

Le roseau qui perce la main est une image tiré de Isaïe XXXVI,6 (François Alexandre de La Bouillerie, Etude sur le symbolisme de la nature interprete d'apres l'ecriture sainte et les peres, 1864 - books.google.fr).

Les liens entre Macée (Macette), le roseau et la charité sont abordés dans (22 v’la l’Tarot : Chapitre I - Passe-moi le celte : Introduction).

M. Boeswilwald, architecte de l'église de Saint-Germer (Saint Germer de Fly dans l'Oise), vient enfin de faire poser dans la chapelle abbatiale l'autel depuis 40 ans promis et attendu. Ce travail, du plus pur XIIIème siècle, a été exécuté, aux frais du gouvernement, par la maison Delalande, Mozette et Cie à Paris. Élevée de trois degrés, suivant les prescriptions liturgiques, la pierre d'autel, qui a de long, est soutenue par quatre gracieuses colonnettes aux chapiteaux différents, empruntés eux-mêmes à l'édifice. Il était en effet difficile de trouver ailleurs plus heureuse inspiration. Mais ce qui fait surtout la valeur de cet autel, c'est la reproduction fidèle de l'ancien retable, mutilé pendant la Révolution et déposé aujourd'hui au Musée de Cluny. Elle est l'œuvre de Geoffroy. On y voit saint Ouen bénissant le monastère de Flay ; saint Germer, encore laïque, donnant à Archasius la charte de dotation. Plus loin, il demande au roi Dagobert l'immunité temporelle. Enfin, devenu lui-même abbé, il guérit un malade qui tient le bras droit en écharpe. Viennent ensuite l'Annonciation et la Visitation, ainsi que saint Pierre et saint Paul, patron du premier monastère de Lisle. Au milieu, devant le célébrant, est le Crucifiement avec la sainte Vierge et saint Jean. La Synagogue, les yeux bandés, s'appuyant sur un roseau brisé chancelle et laisse tomber les tablettes de la loi, pendant que l'Eglise, la tête couronnée, recueille dans un calice le sang vivificateur de N.-S. JésuS-Christ (A. B. - Bulletin religieux du diocèse de Beauvais.) (Revue de l'art chrétien, 1891 - archive.org).

Le roseau brisé fait référence au Christ aux outrages, où il remplace le sceptre par dérision.

Pour d'autres la Synagogue de Saint Germer s'appuie sur un étendard brisé : "Pour la Synagogue, les tables de la loi qu'elle laisse tomber prouvent que sa foi défaille; le bris de sa bannière, que son espérance n'a plus d'objet; son manteau détaché, que sa charité s'éteint." (Histoire et description des stalles de la cathédrale d'Amiens , par MM. les abbés Duval et Jourdain, Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, Volume 7, 1844 - books.google.fr).

L'église des Saints Anges fondée par la reine burgonde Carétène, femme de Gondebaud, était dans le quartier d'Ainay à Lyon, ancienne île Canabae. Ce nom désigne des cabanes et on fait remonter son origine aux roseaux qui leur servaient de couverture.

L'acte précieux que je viens d'analyser nous apprend, en outre, que les Ibères logeaient dans des cases en roseaux — cannabae, d'où Cabanes, par métathèse, — ce que nous savions déjà par ailleurs (Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne, Volume 10, 1908 - books.google.fr).

Déjà du temps d'Auguste, existait à Lyon un curator corporis negotiatorum vinariorum, in canabis consistentium. Le mot canaba exprime donc une cantine ou un cabaret où l'on vend du vin. Suétone, dans sa vie de Néron, chapitre XXVII, appelle ces canabae Diversoriae Tabernae. Ce sont donc des tavernes, des auberges. Dans l'origine, en Italie, sur les bords de la mer, on élevait quelques pieux, couverts d'un toit de roseaux, que le pampre ombrageait. C'était sous ces huttes où la brise de mer se faisait sentir, que le voyageur s'arrêtait pour se reposer et se désaltérer. Le toit de roseaux donna son nom à ces rustiques abris (De Ring, Inscription romaine à Strasbourg, Messager des sciences et des arts, de Belgique, 1853 - books.google.fr).

Le fils de Carétène, saint Sigismond, fut martyrisé dans un lieu dépendant de Rozières, qui plutôt qu'une roseraie, doit être une roselière.

La Macette de Régnier lit saint Bernard de Clairvaux qui était cistercien.

Citeaux dont le nom proviendrait de Cistels (« roseaux » de la Saône) avait été créé en 1098 par des moines novices issus de l'abbaye de Molesme en Bourgogne. On assistait à un véritable essaimage bénédictin de Molesme vers Citeaux et de Citeaux vers La Ferté (Saône et Loire), Pontigny (Yonne) et Clervaux à la source de l'Aube dans le voisinage de cette curieuse forêt du Grand Orient au symbolisme extraordinaire, soit encore les abbayes de Trois Fontaines en Champagne (1118) de Fontenay dans le voisinage de Montbard d'Igny. Bientôt plus de 350 monastères filiales de Citeaux naîtront dans tous les pays de la Chrétienté.

Bernard était fils du seigneur Celestius Tescelin et d'Aleth de Montbard, cousine des Comtes de Tonnerre deux vieilles familles bourguignonnes, c'est-à-dire burgondes (Alfred Weysen, L'île des Veilleurs: le message exceptionnel d'une civilisation supérieure à la nôtre anéantie il y a des milliers d'années, 1972 - books.google.fr).

Caeterum tu, frater, cui firma satis propria salus nondum est, cui caritas adhuc aut nulla est, aut adeo tenera atque arundinea, quatenus omni flatui cedat, omni credat spiritui, omni circumferatur vento doctrinae ; immo cui caritas tanta est, ut ultra mandatum quidem diligas proximum tuum plusquam teipsum: et rursum tantilla, ut contra mandatum favore liquescat, pavore deficiat, perturbetur tristitia, avaritia contrahatur, protrahatur amhitione , suspicionibus inquietetur, conviciis exagitetur, curis evisceretur. honoribus tumeat, livore tabescat: tu, inquam, ita, in propriis teipsum sentiens, quanam dementia, quaeso, aliena curare aut ambis, aut acquiescis ? Sed enim audi quid consulat cauta vigilque caritas (In cantica sermo XVIII, Sancti Bernardi opera genuina, Volume 3, 1854 - books.google.fr).

Matthieu XII : "9. Étant parti de là, il vint dans leur synagogue. 10. Or, voila qu'un homme avait la main desséchée, et ils l'interrogeaient, disant : Est-il permis de guérir les jours de sabbat? afin-de l'accuser. 11. Mais il leur répondit: Quel sera l'homme d'entre vous qui, ayant une brebis, si cette brebis tomhe dans une fosse le jour du sabbat, ne la prendra pas pour l'en retirer? 12. Or combien un homme vaut mieux qu'une brebis ? Il est donc permis de faire le bien les jours de sabbat. 13. Alors il dit à cet homme: Etends ta main, lll'étendit, et elle devint saine comme l'autre. 14. Tependant les pharisiens étant sortis tinrent conseil contre lui comment ils le perdraient. 15. Mais Jésus le sachant, partit de là, et heaucoup le suivirent, et il les guérit tous. 16. Et il leur ordonna de ne point le révéler. 17. Attaque fût accomplie la parole du prophète Isaïe, disant: 18- Voici mon serviteur que j'ai choisi, l'objet de ma dilection , en qui mon âme a mis toutes ses complaisances. Je ferai reposer mon esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations. 19. Il ne disputera point, il ne criera point, et personne n'entendra sa voix dans les places publiques. 20. Il n'achèvera pas de rompre un roseau à demi brisé, et n'éteindra point une mèche encore fumante, jusqu'à ce qu'il assure le triomphe de la justice. 21. Et les nations espéreront en son nom. 22. Alors on lui présenta un démoniaque, aveugle et muet, et il le guérit, en sorte qu'il parlait et voyait. 23. Et tout le peuple, frappé de stupéfaction, disait : Vestce point là le fils de David ? 24. Or, entendant cela, les pharisiens disaient : Celui-ci ne chasse les démons que par Belzebub, prince des démons. 25. Mais, Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera pas."

Ces dernières paroles, au reste, peuvent s'appliquer d'une manière littérale à la Synagogue, lumignon fumant d'un flambeau désormais éteint, que le Sauveur laissa se consumer seul ; roseau brisé, qu'il n'acheva pas île rompre, attendant qu'il se rompît de lui-même au premierévénement (Isaïe, Encyclopédie théologique, Volume 24, 1852 - books.google.fr).

Scène du mariage de Gombault et Macé sur une des tapisseries : En avant le prêtre et le seigneur; le joueur de cornemuse précède les époux. Au fond, à gauche, église et paysage; à droite les apprêts du festin : poulet à la broche, etc. Bordure de fleurs, entremêlées d'oiseaux et de vases (Bulletin trimestriel de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Volume 13, 1905 - books.google.fr).

On notera que "maceta" en espagnol désigne un pot de fleurs.

Michel

Michel, Gombaut et Macée

Dans l'église Saint Denis - Saint Hilaire de Lassay sur Croisne où se trouve le château du Moulin et sa tapisserie de Gombault et Macé, Philippe du Moulin serait représenté en Saint Christophe, qui, avant sa conversion portait une tête de chien. On se souvient du Bailli de l'Île de Man Japp Muzzleburn à tête de chien dans la Fée aux Miettes de Charles Nodier.

Selon Guiffrey, les tapisseries auraient pu être déposé au château de Laune (Laulne) déjà au XVIIème siècle. Il mentionne l'hypothèse d'une ancienne appartenance du duc de la Meilleraye mort en 1664 dont un inventaire note une tenture de la fabrique de Tours et non de Bruges comme celles-ci (Jules Guiffrey, Les Amours de Gombaut Et de Macée: Étude Sur Une Tapisserie Française Du Musée de Saint-Lo, 1882 - books.google.fr).

La seigneurie de Laulne, après avoir appartenu à la famille de Bricqueville pendant plusieurs siècles, passa successivement dans plusieurs autres familles. Ainsi on trouve, en 1696, le marquis Paul de Rassent, chevalier, seigneur et châtelain de Laulne, lieutenant-général des armées du roi, grand bailli de Caux ; en 1726 et 1740, Louis Le Cordier de Bigards, chevalier, seigneur, comte de la Londe, marquis de Laulne, brigadier des armées du roi, et, après lui, le président de la Londe. Le fils de M. de Turgot, qui était seigneur de Laulne, en 1789, vendit le grand domaine de Laulne au prince Le Brun, alors troisième consul, dans la famille duquel il est encore (Regnault, Histoire et antiquités, Annuaire du Département de la Manche, Volume 32, 1860 - books.google.fr).

Robert de Bricqueville, sire de Laulne, épousa Mahaud Paynel, qui appartenait à l’une des plus grandes familles de Normandie. II donna, par une charte du mois de juillet 1256, à l’abbaye de Lessay, pour le soulagement et le salut de l’âme de Thomas, son fils, mort dès 1214 et enterré dans l’église de Lessay, trois quartiers de froment à prendre sur son moulin du Pissot, tous les ans, le jour de la fête saint Michel au mont Gargan, c’est-à-dire le 8 mai, jour où, suivant le martyrologe romain, eut lieu l’apparition de l’archange saint Michel, sur le mont Gargan, dans la Pouille, au royaume de Naples. Il donna encore au monastère de Lessay une acre de terre dans la paroisse de Laulne, ses droits dans la forêt de Hupelande, et sa part dans la pêcherie des étangs de Mathon.

Richard de Bricqueville, chevalier, fut défenseur du Mont Saint-Michel au XVème siècle. Gabriel de Bricqueville de Colombières, d'une branche cadette de celle de Laulne fut gouverneur du Mont Saint Michel comme son père.

En 1642, le roi Louis XIII avait donné la place de gouverneur de la ville et du château du Mont-Saint-Michel à Gabriel de Bricqueville, marquis de La Luceme, âgé de 13 ans. Ce poste était vacant depuis la mort de son père, Henri qui venait d'être tué au cours d'une expédition militaire en Catalogne. Gabriel de Bricqueville vendit sa charge à la marquise d'Asserac. Ce gouvernement était alors offert gracieusement par le roi mais la marquise d'Asserac qui tenait absolument à obtenir ce titre pour son fils préféra l'acheter plutôt que de s'exposer à un refus du roi. En 1657, elle convint donc d'une somme avec Gabriel de Bricqueville et le vendit un an plus tard, "en recouvrant son argent", une somme de 10 000 écus, au surintendant des finances du Royaume, Nicolas Fouquet (45-46). Les faits étant présentés d'une manière simple, il s'agissait d'une vente traditionnelle. Pour un esprit soupçonneux, la marquise d'Asserac servait d'intermédiaire au surintendant qui dissimulait ses intentions profondes et souhaitait traiter avec un prête-nom plutôt qu'avec le Conseil du roi (Robert Sinsoilliez, Tombelaine: l'îlot de la baie du Mont-Saint-Michel, 2000 - books.google.fr, racineshistoire.free.fr - Bricqueville).

Michel et Elen

Sur l'île de Lundy, dans le Bristol Channel, les noms de saint Michel et de sainte Hélène, qui pourrait être Elen of Luyddog, sont associés au moins depuis 1533 dans le nom d'une chapelle, dite en 1325 Sancte Elene (Episcopal Registers, Stapledon, p. 232). "In documents between 1533 and 1670/71 the church is called St Michael the Archangel and St Elene (or St Helen)." La chapelle a été connue sous le nom de Saint Anne, et on a pu assister au changement de dédicace lors de la Réforme anglicane de Henry VIII. "The church is frequently, and mistakenly, referred to as the church of St Helena. This has arisen because the statue of the saint that is placed in a niche on the tower, above the entrance, carries an inscription in Latin: St Helena. The consecration document and the foundation stone both clearly show St Helen." (Myrtle Ternstrom, Questions concerning the ecclesial history of Lundy, Journal of the Lundy Field Society, 1, 2008 - www.lundy.org.uk).

L'île a été donné à l'Ordre du Temple par Henri II Plantagenêt en 1160. La possession de l'île lui a été disputée par la famille Marisco. William de Marisco fut impliqué dans l'assassinat d'un envoyé du roi Henri III en 1235, puis dans la tentative d'assassinat du roi en 1238. Réfugié dans l'île de Lundy, William de Marisco sera fait prisonnier et exécuté par les troupes royales en 1242 (en.wikipedia.org - Lundy).

The old Welsh name for Lundy was certainly Ynys Elen. The word elen, used in the sense of 'angle', 'corner' or 'elbow' is common to Welsh, Cornish and Breton (Robin F. Heath, Sun, Moon & Stonehenge: High Culture in Ancient Britain, 1998 - books.google.fr).

The old Welsh name for Lundy was Caer Sidi — " the fortress of the faeries " (John S. Amery, Devon & Cornwall Notes & Queries, Volume 23, 1949 - books.google.fr).

La Reine de Saba

Matthieu XII, 38-42 Quelques-uns des scribes et des pharisiens lui adressèrent la parole : « Maître, nous voudrions voir un signe venant de toi. » Il leur répondit : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne sera donné que celui du prophète Jonas. Car Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même, le Fils de l'homme restera au coeur de la terre trois jours et trois nuits. » Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas. Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que cette génération, et elle la condamnera ; en effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon. » (www.bibliques.com).

La reine de Saba est connue sous le nom de Balqis en pays musulmans, Belkiss chez Nodier ("beau baiser" ?), et Makeda en Ethiopie tel qu'il est mentionné dans les Annales d'Ethiopie ou d'Abyssinie (Philippe de Mornay, De la verit´e de la religion chrestienne, 1582 - books.google.fr).

Le festin à la mode de Judée qu'offrit Salomon à son hôtesse fut le plus somptueux qu'on servit jamais dans Jérusalem.

On notera la ressemblance entre Makeda et Macée ou Macette.

Des légendes arabes prêtent à Makeda (nom de la Reine du Midi, selon le Kebra Nagast, du XIVème siècle) des pieds d'ânesse et non de femme : pour l'obliger à les lui révéler, Salomon la fait passer sur un dallage de verre si limpide que, le prenant pour de l'eau, elle relève sa robe. » (Jean Doresse, Au pays de la reine de Saba: l'Éthiopie, antique et moderne : 104 photos. et documents, 7 cartes et 36 bandeaux, 1956 - books.google.fr).

Un contact inattendu avec le serpent mort transforme une jambe de la Reine en jambe d'animal, conférant ainsi à Makeda un aspect disgracieux et semi-démoniaque. Par cette transformation partielle de son corps elle a perdu un trait essentiel qui doit être propre au Roi : sa perfection physique, sa symétrie corporelle, grâce à laquelle il est capable de se maintenir en place, au centre. [...] L'état idéal de la royauté éthiopienne est tel que le roi représente le centre et il est entouré de dignitaires et de ministres de telle sorte qu'à une personnalité de gauche corresponde un ministre ou un autre dignitaire de droite. Cette disposition symétrique devait être telle à un certain moment que même les filles du roi Zar'a 'Yacob (1434-1468) ont été désignées selon leur position « de droite » ou « de gauche ».

Dans le Testament de Salomon elle est désignée comme sorcière.

La Reine Makeda est ainsi comparable aux Amazones, femmes dont un sein était mutilé, qui vivaient loin de tout état organisé, et en perpétuel mouvement (guerres et razzias). Elles aussi étaient considérées comme des êtres semi-démoniaques.

La Reine éthiopienne enlaidie ne pouvait plus assumer sa tâche comme axe d'une organisation symétrique et équilibrée, car ceci implique la nécessité de la perfection de la personne royale. Toute rupture d'équilibre provoque en ce cas un mouvement qui ne peut être arrêté, sinon par une substitution du personnage royal, ou par un rétablissement de sa perfection. Dans le cas de Makeda ce rétablissement s'effectuera, mais, pour y aboutir, elle sera forcée de franchir les limites de son royaume (mouvement) (Wilhelm Staude, Iconographie de la légende éthiopienne de la Reine d'Azieb ou de Saba, Journal de la Société des africanistes, Volume 27, 1957 - www.persee.fr).

On pourrait dire que c'est le défaut de la reine, enlaidie comme Macette, qui la met en mouvement, image de la souveraineté comme Guenièvre enlevée à Glastonbury, la cité de verre, et c'est aussi du verre qui révèle ce défaut de la reine de Saba chez Salomon, but de son voyage. Reine démoniaque "à corriger", la souveraine de Saba semble rejouer la légende d'Asmodée (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : ihEsu, Par ce signe tu LE vaincras, et le Mercure).

Reine de Saba, Gombaut et Macée

Ces deux thèmes sont réunis dans l'Inventaire, du 24 août 1711, des biens du président Etienne d'Aligre (1660-1725) à l'occasion de son mariage avec Madeleine de Boivin de Bonnetot, comprenant des tableaux, dont un original de Mignard, et des tapisseries, dont Gombaud et Macè et Salomon et la reine de Saba (www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr).

Saint Gervais

Saint Gervais 19 juin est à l'opposé de l'année du 18 décembre (Lussan).

Saint Jean - Saint Gervais (près de Jumeaux) se trouve près de l'axe ; Saint Gervais d'Auvergne (63) est placé dessus ; Saint Gervais la Forêt (où l'illusionniste Robert Houdin, près de Blois, à proximité ; Saint Gervais des Sablons (61) ; les églises Saint Gervais : Langogne, Courcy et Jort (61) à proximité.

L'abbaye Saint Gervais était installée à Fos-sur-Mer. Elle était située entre l'étang de l'Estomac et le grand marais de la Basse Crau. La première mention du lieu, en 923, ne fait mention que d'une église déjà dédiée à saint Gervais, citée comme une annexe à l'église Saint-Sauveur de Fos. Le privilège du pape Innocent II qui confirma en 1130 les possessions de l'abbaye Saint-Gervais mentionne 22 églises réparties dans au moins sept diocèses (fr.wikipedia.org - Abbaye Saint-Gervais de Fos).

Pour trouver un Gervais à Beaucaire et Arles, Gervais de Tilbury (vers 1155 - 1234) est un clerc puis chevalier, juriste, homme politique et écrivain. Gervais de Tilbury est né en Angleterre vers 1150-1155, probablement à Tilbury dans le Comté d'Essex. Il fréquente la cour d'Henri II Plantagenêt et fait partie d’un groupe de clercs passionnés par la philosophie naturelle, qui forment un cercle culturel autour de son fils, Henri le Jeune Roi. À sa mort brutale en 1183, Gervais quitte l'Angleterre et vit un temps en Italie du Sud, à la cour du roi normand de Sicile, Guillaume le Bon. Il quitte alors la cléricature pour la chevalerie.

En 1189, à la mort de ce dernier, Gervais émigre à Arles, où il exerce ses talents de juriste auprès de l'archevêque et du comte de Provence et il s’y marie. En 1207, il est nommé juge mage du comte Alphonse II de Provence, fils d'Alphonse II, roi d'Aragon, comte de Barcelone, de Roussillon et de Provence, et de Sancie de Castille. En 1209, il accompagne Otton IV de Brunswick à Rome pour son sacre, puis est nommé maréchal de la cour impériale pour le royaume d'Arles par l’empereur qui, formé dans sa jeunesse à la cour d'Angleterre, aime à s'entourer d'Anglais et de Saxons.

En 1214 après la bataille de Bouvines, l’empereur vaincu se retire dans ses terres de Brunswick, et Gervais le suit. Toutefois, le nom de maître Gervais apparaît une dernière fois à Arles dans une sentence arbitrale de juin 1221 où il est qualifié de Maréchal de la cour impériale du Royaume d'Arles. Gervais de Tilbury demeure en Allemagne après la disparition de son protecteur, et devient vraisemblablement prévôt d'Ebstorf, où il aurait supervisé la réalisation de la mappemonde, de 1223 à 1234, date probable de sa mort.

Les Divertissements pour un empereur (appelés également en latin : Liber facetiarum, Otia imperialia, Liber de mirabilibus mundi, Solatia imperatoris ou Descriptio totius orbis) sont un ouvrage encyclopédique de Gervais de Tilbury. Ils furent à l'origine destinés au prince puis roi d'Angleterre, Henri le Jeune, mais suite au décès de celui-ci, il est remis à l'empereur Otton IV de Brunswick, en 1214 ou 1215. Gervais de Tilbury le compléta durant toute sa vie, au début dans le but de distraire le prince anglais, d'où son premier titre, Liber facetiarum (Livre ou recueil de divertissements), un manuscrit aujourd'hui perdu. Puis Gervais, de 1210 à 1214, composa ses Otia Imperialia pour Otton. Cet ouvrage est contemporain d'autres sommes telles le Liber exceptionum de Richard de Saint-Victor ou les Speculum de Vincent de Beauvais (fr.wikipedia.org - Gervais de Tilbury, Les Divertissements pour un empereur, fr.wikipedia.org - Gervais de Tilbury).

Gervais et l'oeil

Vers 1210, Gervais de Tilbury a le premier évoqué le monstre aquatique serpentiforme. "Vivant dans les gouffres du fleuve", il en sort "ayant pris forme humaine" (ou invisible grâce à un onguent à base d'anguille) pour se mêler inaperçu à la foule en ville. Il se change en "anneau d'or ou en coupe de bois flottant sur l'eau", pour y entraîner ses proies, des nourrices qui allaiteront ses petits dracs avant de pouvoir remonter à la surface au bout de sept ans. L'une d'elles, qui reconnut le monstre dans la rue, s'avance vers lui mais le Drac lui crève l'oeil et s'éloigne (Bernard Sergent, Le guide de la France mythologique, Payot, 2007, p. 456).

Gisors, qui possède une collégiale Saint Gervais, est assez loin de cet axe, mais Robert de Bellême, seigneur d'Exmes, fut l'architecte du château fort. Bellême et Exmes se trouve sur cet axe.

Robert de Bellême fut aveuglé par une épée flamboyante dans sa prison du château de Warham par les ordres du roi Henri Ier Beau Clerc, qui avait vaincu à la battaille de Tinchebray son frère Robert de Courte-Heuse, dont Bellême était le sénéchal, en 1106, lui arrachant la Normandie. Le père de l'architecte de Gisors était Roger de Montgomery dont la liste du franc-maçon Anderson fait grand maître des maçons britanniques (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, 1969).

Les jumeaux Gervais et Protais intercèdent selon saint Augustin auprès des malvoyants.

Saint Augustin raconte, dans son livre La Cité de Dieu, qu'un aveugle recouvra à Milan l’usage de la vue auprès des corps des saints martyrs Gervais et Protais, et cela en sa présence, devant l’empereur et une grande foule de peuple. Augustin raconte encore, dans le même ouvrage, qu'un jeune homme qui s'occupait de son cheval près d'une rivière, fut tourmenté par le diable, qui le jeta dans l'eau, comme mort. Toutefois, attiré par les voix qui chantaient dans l'église l'office des saints Gervais et Protais, il réussit à s'y rendre, mais arrivé devant l'autel, il ne put s'en écarter. Il dut subir un exorcisme et le démon le quitta non sans lui avoir arraché un œil. Peu de jour après, l'œil guérit, par l'intercession de saint Gervais et de saint Protais (fr.wikipedia.org - Saint Gervais et saint Protais).

Des reliques de sang de Gervais et de Cécile ont été recueillies lors de leur invention ou translation (Joseph Alexandre Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 1865 - books.google.fr).

Nous retrouvons Charles Nodier, dont le héros de l'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux s'appelle Gervais, amoureux d'Eulalie, "les deux aveugles de Chamonix".

Dès les premières pages, Nodier se reconnaît plagiaire de Laurence Sterne.

L'histoire même du roi de Bohême et de ses sept châteaux est évoquée par Sterne dans La Vie et les Opinions de Tristram Shandy. Le récit est plus d'une fois annoncé sans que jamais il ne nous soit donné de savoir de quel roi de Bohême ni de quels châteaux il s'agit. [Chez Nodier] le narrateur commance par affirmer qu'il ira en Bohême. [...] Mais il est impossible d'aller en Bohême : il y a trop de choses à faire en chemin ! Le narrateur ne peut entrer en Bohême que par la Styrie, en Styrie que par la Carinthie, en Carinthie que par l'Istrie, en Istrie que par le pays de Venise, à Venise que par Mantoue, ou par Brescia ou par Bergame, en Italie enfin que par le mont Saint-Bernard et la vallée de Chamouny, où il vient de pénétrer à reculons, doublement distrait par le vertige et par le souvenir confus de Gervais et Carcilia. Entre deux digressions, Nodier nous livre par bribes et morceaux l'histoire de Gervais et de Caecilia. Mais comme Caecilia est aveugle, il faut qu'elle change de nom. [...] En guise de protestation contre ce cratylisme qui fixe d'avance le terme du récit, Caecilia, qui est aveugle, s'appellera désormais Eulalie [latin "caecus" : "aveugle"]. L'histoire de Gervais et d'Eulalie est des plus simple et témoigne en même temps de la survie d'un werthérisme qui s'accommode aussi bien de l'idylle champêtre que du mélodrame. Parmi leurs montagnes, Gervais et Eulalie sont aveugles tous les deux. Gervais est pauvre, Eulalie est riche. Les médecins guériront Eulalie, qui se laissera séduire par un aventurier. Le narrateur retrouvera Eulalie à Milan, au cours d'un bal. Au nom de Gervais, Eulalie s'évanouit. Le narrateur nous suggère qu'elle est peut-être morte. Gervais disparaît, sans toute noyé dans un torrent. L'histoire des deux amants finit sur cette lugubre incertitude (Albert Kies, La destruction du roman dans l'Histoire du Roi de Bohème et de ses sept Châteaux de Charles Nodier, Narration et interprétation: actes du colloque Université Saint Louis Bruxelles, avril 1984, 1984 - books.google.fr).

Étymologiquement, Eulalie est celle qui parle bien et beaucoup. Elle est la «bonne parole», une parole féminisée et allégorisé. Eulalie est la christianisation du nom de la fée Parole, même si son nom suggère avant tout la bonne nouvelle de l'Évangile. Pourtant, en tant que fée, elle garde le même pouvoir de métamorphose que ses congénères païennes. La Séquence de sainte Eulalie, premier texte littéraire en français, rappelle qu'après son martyre, la jeune sainte voit son âme s'envoler dans le ciel sous la forme d'une colombe, figure traditionnelle du Saint-Esprit : In figure de colomb volat a ciel / Tuit oram que por nos degnet preier.

Jusqu'au bout de son martyre, Eulalie sait bien parler. Après son martyre, lorsqu'elle est devenue colombe, ses prières deviennent incomparablement efficaces. Elle s'est transformée en oiseau Parole (l'oiseau du Saint-Esprit, c'est-à-dire, pour reprendre la triade indo-iranienne, celui de la bonne action). On note la concomitance de la métamorphose en colombe et l'apparition du Verbe efficace, comme si l'oiseau était isomorphe de ce Verbe sacré (Anna Caiozzo, Nathalie Ernoult, Femmes médiatrices et ambivalentes: Mythes et imaginaires, 2012 - books.google.fr).

Toute visuelle qu'elle soit, la déconstruction de la page de l'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux de Charles Nodier, aux lignes sans cesse coupées, interrompues par des blancs aléatoires ou des points de suspension inattendus, s'appuie en même temps sur une décomposition sonore du langage et un recours facétieux aux onomatopées dont Nodier use et abuse. Manière radicale, certes, de consommer la dérision liée à l'acte d'écrire, mais surtout moyen de rendre théâtralement visible une parole qui semble devenue "contagieuse" : il suffit d'évoquer ici le remplacement de l'onomatopée "brr" évoquant le froid par un "b" suivi d'une vingtaine de "r". Ce sont les jeux avec les sonorités du langage qui organisent l'architecture même de l'ouvrage, dont les soixante chapitres ont des titres choisis à l'évidence non pour leur cohérence logique, (ils ne cessent de se contredire), mais pour leur terminaison en " ion" ("introduction", "rétractation", "convention", etc.). Ils déploient une histoire sans queue ni tête hantée peut-être par la nostalgie toute poétique d'une écriture rendue à une pure matérialité sonore (Bruno Blasselle et Cécile Cayol, L'image en liberté, une expérience originale : l'Histoire du roi de Bohême - classes.bnf.fr).

Chamonix est proche de Saint Gervais les Bains. Il y a aussi le forestier Gervais, parrain de Tiennet Depardieu le narrateur, dans Les maîtres sonneurs, de Georges Sand, dont le héros est Huriel.

Le Vargèse de Tintin au Tibet serait Saint Gervais les Bains de la Haute-Savoie, pays burgonde, anagramme presque parfait.

Dans Cœurs Vaillant n°10 de 1939, on lit "... Jean Vaillant, qui visitait ... la Maison de Repos des Cœurs Vaillants, à Saint-Gervais, en Haute-Savoie, se promenait allègrement... sur les pentes enneigées du Mont d'Arbois, lorsqu'il vit venir à lui, à toute vitesse ... Jo, Zette et Jocko...).

C'est parce que Cœurs Vaillants possédait un établissement de repos à Saint-Gervais que cette ville a été choisie pour Jo & Zette et plus tard pour Tintin au Tibet.

Il semble que, malgré les états d'âmes de Georges Rémi, l'oeuvre d'Hergé présente une certaine continuité (T. Paparanic, Annonce prépublication Tintin au Tibet, 16 mai 2014 - www.forum-tintinophile.com).

Gervase

Llewelyn Ier, dit le Grand, est le premier prince du Pays de Galles au Gwynedd reconnu par le pouvoir anglais. Il se marie avec la fille Joan du roi Jean Ier d'Angleterre. Il était le fils de Iorwerth Drwyndwn, aussi connu comme Gervase, et eu, entre autres, une fille nommé Helen (vers 1207-1243). Né vers 1173, il meurt en 1240 et est enterré dans l'abbaye de Aberconwy où il s'était retiré. Le château que construisit Edouard Ier en 1283 à Caernavon succède probablement à celui de Llewelyn le Grand (www.princesofgwynedd.com - Llewelyn-ap-Iorwerth).

Gervais, Macsen et Ambroise

L'invention des reliques de Gervais et protais se fait dans un contexte politique où l'on retrouve Maxime (le Macsen gallois).

Selon saint Ambroise, Gervais et Protais, que quelques auteurs prétendent avoir été frères, et fils de saint Vital et de sainte Valérie, furent les premiers martyrs de l'église de Milan. Cela fait présumer qu'ils avaient été martyrisés dès le temps de la persécution de Néron (66 de l'ère vulgaire), ou au plus tard, sous celle de Domitien, c'est-â-dire dans la dernière moitié du premier siècle. On lit dans l'épître de saint Ambroise que les deux saints, aidés de la grâce, s'étaient préparés long-temps à la victoire qu'ils remportèrent par les exercices de la piété et par la constance avec laquelle ils résistèrent à la corruption du siècle. Le même père ajoute qu'ils furent décapités pour le nom de JésusChrist Milan dut à la découverte de leurs reliques la délivrance d'un des plus grands dangers qui ait jamais menacé son église, l'intrusion d'un évêque arien. Justine, veuve de Valentinien Ier et mère de Valentinien le jeune, qui régnait alors et faisait sa résidence à Milan, portait jusqu'au fanatisme son attachement pour la doctrine d'Arius, et méconnaissait les services que saint Ambroise avait rendus à l'empire en plusieurs occasions, et récemment encore en faisant avec Maxime un sage traité qui assurait la paix de l'Italie. Justine suscitait au saint évéque mille traverses et voulait même le chasser de son siège. Ambroise eut à lutter pendant plusieurs années contre l'audace et les intrigues des sectaires, contre les menaces et les persécutions de tout genre ; mais le ciel, qui se montra toujours favorable aux pieux desseins de cet intrépide défenseur de la foi, lui accorda enfin un triomphe que promettait sa fermeté et que faisaient désirer ses vertus. Une vision, dit saint Augustin dans sa Cité (lib. 11XII, cap. XVIII), ou un songe, écrit-il dans ses Confessions (lib. IX, cap. VII), révélèrent à saint Ambroise le lieu où furent trouvées des reliques que l'on croit être celles de saint Gervais et saint Protais, car la révélation ne lui apprit pointle nom des saints à qui elles appartenaient. Ce lieu était l'église de Saint-Nabor rt Saint-Félix, plus tard appelée de Saint François. Saint Ambroise était alors au moment de consacrer l'église appelée depuis de son nom Basilique Ambrosienne et aujourd'hui Saint-Ambroise-Ie—Grand. Le peuple désirait qu'il l'inaugurât avec la même solennité qu'il avait mise dans la dédicace de celle des apôtres, où il avait déposé des reliques de ces premiers ministres de Jésus-Christ. Mais Ambroise, n'ayant point de reliques de saint Gervais et saint Protais pour la nouvelle église, ne pouvait satisfaire aux vœux de ses fidèles. La révélation vint, dit-il lui-même, mettre fin à son incertitude ; et, ayant fait par ses ordres des fouilles devant les barreaux qui environnaient les tombeaux de saint Nabor et de saint Félix, on y trouva les corps de deux hommes, qui paraissaient avoir été d'une grande taille. Les os encore entiers étaient dans leur situation naturelle. Les têtes étaient cependant séparées du corps, ce qui fit supposer que ces hommes avaient été décapités. « Le fond du tombeau était couvert de sang, et l'on y voyait toutes les marques qui pouvaient faire conjecturer que c'étaient des martyrs. Peut-être y trouva-t-on aussi leurs noms gravés sur le cercueil ou sur une lame : au moins saint Ambroise n'a-t-il point marqué qu'il les eût appris par la vision. Avant que de lever les os de terre et de chanter des hymnes, on amena divers possédés au tombeau pour leur imposer les mains : ce qui était sans doute un effet de la coutume que l'on avait de vérifier les reliques des martyrs par les miracles. » Les épreuves satisfirent les assistans. Les reliques furent reconnues vraies. Les os ayant été levés de terre furent mis sur des litières dans leur position naturelle et couverts de plusieurs ornemens. On les transporta ensuite (le 17 juin, à ce que l'on conjecture) à la basilique de Fauste, aujourd'hui église de Saint-Vital et Saint-Agricole. Il se fit dans ces lieux un concours prodigieux de fidèles de la ville et des campagnes environnantes, qui passèrent la nuit à prier et chanter des hymnes. Le lendemain 18, on transféra les corps dans la Basilique Ambrosienne avec une grande pompe religieuse, qui fut suivie de réjouissances publiques. Durant la translation des reliques, divers miracles se manifestèrent aux yeux du peuple, dit saint Ambroise qui les raconte dans sa lettre à Marceline : un boucher, nommé Sévère, aveugle depuis long-temps, toucha le bord du voile qui couvrait les saintes reliques, et la lumière fut aussitôt rendue à ses yeux. Les martyrs ne furent remis en terre dans l'église Ambrosienne que le lendemain 19. Ces événemens accrurent encore l'amour du peuple pour saint Ambroise, et empêchèrent le saint évêque de succomber aux persécutions de Justine. Les chronologistes conjecturent que l'invention des reliques de saint Gervais et saint Protais eut lieu l'an 386 de Jésus-Christ; il est certain que depuis cette époque l'église de Milan a toujours célébré cette mémorable découverte par une fête solennelle, qui se communiqua bientôt dans les provinces voisines, et qui fut même introduite en Afrique dès le temps de saint Augustin et probablement par ses soins. Les reliques de saint Gervais et saint Protais furent dans peu de temps divisées et réparties dans beaucoup de diocèses, et elles se multiplièrent même bientôt au point qu'il est impossible d'admettre que toutes fussent véritables. Les restes du sang des martyrs furent aussi ramassés et partagés après qu'on les eut mêlés à une espèce de pâte pour les rendre solides... (Saint Gaudens, Brix. serm. 17.) On voyait encore dans plusieurs basiliques des morceaux de linge trempés dans ce sang, dit Grégoire de Tours, De gloria martyr. (cap. 47). Plusieurs églises furent édifiées en leur honneur en Afrique, et on dut déposer dans chacune d'elles une partie de leurs reliques conformément au 14e canon du 5° concile de Carthage (Labbe, t. II, col. 1217 ), qui défend de bâtir des églises aux martyrs sans avoir de leurs reliques certaines et reconnues. Saint Gervais et saint Protais ont été ou sont encore en France les patrons de quatre ou cinq cathédrales et d'un grand nombre de monastères et d'églises paroissiales. Une des plus anciennes églises de Paris, puisqu'elle existait déjà sous l'épiscopat de saint Germain, comme Fortunat nous l'apprend dans la vie de cet évêque, est dédiée sous l'invocation de ces saints. On ne sait à quelle époque elle fut érigée en église paroissiale. Son portail est fort remarquable : il se compose des ordres dorique, ionique et corinthien placés les uns au-dessus des autres. Les Grecs reconnaissent eux-mêmes Gervais et Protais comme saints, et les honorent le 14 octobre. Les Latins célèbrent la fête de ces saints le 19 juin, jour de l'ensevelissement, dans la Basilique Ambroisienne, des reliques qui leur furent attribuées. (Louis de Maslatrie) (Antoine Eugène Genoude, Biographie sacrée, Partie 2, 1844 - books.google.fr).

Ambroise serait né soit à Trêves, soit à Arles, soit à Lyon.

Un tableau attribué à Francesco Cairo (1607-1665), né à Milan, représente une Vierge de l'Apocalypse (2e quart 17e siècle), dans l'église Saint-Pierre de Lion sur Mer. La Vierge écrase du pied le mal avec l'aide de l'Enfant Jésus mettant son pied sur celui de sa mère. L'église savait en effet que la traduction grecque de Septante donnait dans ce passage le masculin au lieu du féminin et que dans certains manuscrits de la Vulgate on trouvait ipse au lieu de ipsa ; aussi avait elle concilié les deux interprétations de la façon la plus ingénieuse. Il y a, dit Jean de Carthagène, une lutte engagée entre la femme et le serpent, et c'est la femme qui triomphe, mais elle en triomphe par son fils (Emile Mâle). Dans ce tableau, l'iconographie traduit un compromis trouvé par l'Eglise, l'Enfant Jésus aidant la vierge à écraser la bête. Dans le tableau représentant Hérodias, exécuté avant 1635 (Metropolitan Museum of Art, New-York), Herodias renverse sa tête en arrière, d'une façon similaire à la Vierge de Lion-sur-Mer (www.culture.gouv.fr).

Par l'Apocalypse de saint Jean on retrouve saint Michel terrassant le dragon.

L'auteur d'un très ancien sermon, souvent attribué a saint Augustin, disait aux catéchuménes : « Vous avez reçu le symbole; c'est, contre le venimeux serpent, la sauvegarde de la femme qui enfante. Ce dont je parle est écrit dans l'Apocalypse de l'apôtre Jean : le dragon se tenait devant la femme qui allait devenir mère, afin de dévorer son fils, dès qu'il serait né. Le dragon est le diable, aucun de vous ne l'ignore. La femme signifiait la Vierge Marie, qui, sans souillure, a mis au monde notre chef immaculé, et qui, de plus, a présenté en elle-même la figure de la sainte Église... » Le vieil orateur chrétien semble dire que, dans la vision de saint Jean, la Sainte Vierge est directement montrée ; en cela, il se sépare de l'ensemble de la tradition et de l'exégèse. Mais il indique avec une parfaite sûreté de vue que, dans ce passage, la pensée de l'Église et celle de Marie s'appellent et se complètent, et que les deux personnages se tiennent comme la figure et la chose figurée. Et c'est là sans doute ce que veulent dire tant de Pères, de théologiens, de commentateurs, et la liturgie elle-même, en appliquant à la Sainte Vierge le douzième chapitre de l'Apocalypse.

Même vue sur la Sainte Vierge type de l'Église, dans l'apocryphe de saint Ambroise intitulé In Apocalypsin expositio (R. M. de la Broise, Mulier amicto sole, Essai Exégétique, Études, Volume 71, Pères Jésuites, 1897 - archive.org).

Diffusion du culte de saint Gervais

Le culte de saint Gervais s'est répandu dans les pays limotrophes de la Lombardie, en particulier dans les terres soumises aux Burgondes.

Une église Saint Gervais est construite à Vienne (Isère) aux pays des Burgondes à la fin du IVème ou a début du Vème siècle, une basilique funéraire à Genève sur la rive nord du Rhône au Vème siècle (Katalin Escher, Génèse et évolution du deuxième royaume burgonde (443-534): les témoins archéologiques, 2005 - books.google.fr).

Le culte de saint Gervais et de saint Protais se propagea à partir de la fin du IVème siècle, mais surtout dans la deuxième moitié du VIème siècle. saint Martin avait apporté ses reliques à Tours en même temps que celles de saint Protais, et une église leur fut élevée dans la ville au Ve siècle. saint Victeur, évêque du Mans, établit partout dans son diocèse le culte de saint Gervais et de saint Protais, c'est-à-dire à la moitié du Ve siècle. En Gaule, le culte de Saint Gervais s'est donc développé assez rapidement. Dès le VIème siècle, ils eurent, à Paris, une église sous leur vocable.

Tapisseries précieuses

Les pièces réellement précieuses au point de vue de l'art et de l'histoire, sont les tapisseries de Saint-Gervais, les Gombaut et Macé et quelques autres, dont le nombre n'est considérable. L'Histoire de saint Gervais et de saint Protais, monument de l'industrie parisienne au XVIIème siècle, doit être déposée dans un musée public : sa place est à Carnavalet. En 1645, la Paroisse de Saint-Gervais et Saint-Protais commande à Philippe de Champaigne, à Le Sueur et à Sébastien Bourdon les cartons cette suite de six tapisseries d'après les saints patrons de l'Église (Courrier de l'art, Volume 3, 1883 - books.google.fr, La Renaissance, Volume 3, 1920 - books.google.fr).

A la mort de Sueur en 1655, seuls les deux premiers étaient réalisés : Saint Gervais et saint Protais conduits devant Astasius refusent de sacrifier à Jupiter (Paris, musée du Louvre) et le Martyre de saint Protais (musée des Beaux-Arts de Lyon). Le Martyre de saint Gervais (musée des Beaux-Arts d'Arras) fut confié à Sébastien Bourdon. Philippe de Champaigne réalisa les trois dernières compositions (www.mba-lyon.fr).

Philippe de Champaigne est l'auteur du modello pour tapisserie La Vision de saint Ambroise (1657).