Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   L’Etoile mystérieuse : la tulipe, le lys et le miel   
CROIX HURIEL TINTIN HERGE ETOILE MYSTERIEUSE TULIPE LYS ISLANDE MIEL HUILE

Le lys et l'Islande

A l'époque de la domination catholique, Lilia, écrit par Eystein Asgrimson (1310–1360), chanoine régulier Augustin à Thykkvabo en Islande, est un poème consacré à la louange de la glorieuse Vierge Marie, dont le poète compare l'admirable pureté et la sainteté parfaite à l'éclatante blancheur du lys. La tendre dévotion de l'Islande envers celle que l'Eglise appelle l'étoile de la mer se montre dans Lilia sous les couleurs les plus vives. L'auteur, pour célébrer les grandeurs de Marie, emprunte à la nature qui l'entoure ces belles et grandes images, qu'on ne rencontre guère que dans les poésies du Nord. On voit dans ce poème la foi de l'Islande à la sainteté parfaite de Marie, et certaines expressions paraissent indiquer la croyance à l'Immaculée Conception (La civilisation et la littérature de l'Islande au Moyen Âge, Revue catholique : recueil religieux, philosophique, scientifique, historique et littéraire, Peeters, Louvain, 1859 - books.google.fr).

Ce Lilia fait écho au "lys" du nom du directeur de l'observatoire le professeur Calys, reflet inversé du docteur Tulp (Tulipe). Le professeur Dos Santos est physicien. ce terme de physicien désignait avant le XVIème siècle les praticiens de la médecine (physis : le corps).

Les savants de l'expédition de L'Etoile mystérieuse et L'Anatomie du Docteur Tulp de Rembrandt

Salamanque et Coïmbre sont deux universités qui admirent dans leur enseignement l'anatomie dès le XVIème siècle.

Les dissections anatomiques étaient encore regardées comme sacriléges sous François Ier. L'empereur Charles-Quint invita les théologiens de Salamanque à décider s'il était licite d'ouvrir un cadavre pour en connaître la structure. Mais déja ces préjugés étaient bien décriés du temps de saint François de Sales, puisque, suivant Bayle dans la critique de l'histoire du Calvinisme de Maimbourg, ce célèbre évéque légua son corps pour l'usage de la médecine (Emanuel comte de Laubespin et Batelle, Mémorial portatif de chronologie, d'histoire industrielle, d'économie politique, de biographie, Volume 1, 1829 - books.google.fr).

Très tôt aussi, des chaires d'anatomie furent créées dans les universités de la Couronne d'Aragon (en 1499, l'université de Valence créa une chaire "mixte" consacrée à l'anatomie et de botanique).[...] En 1550, á Valladolid, est réalisée l'une des premieres dissections, au sein d'un cours d'Alfonso Rodríguez de Guevara. Des chaires d'anatomie sont créées en 1550 a l'université d'Alcalá de Henares, en 1551 á Salamanque, en 1565 á Barcelone et en 1597 á Saragosse. En 1560, la chaire "mixte" d'anatomie et botanique de l'université de Valence se scinde en deux et l'anatomie obtient une chaire spécifique.[...] Vers la fin du XVIe siécle et pendant les deux premiers tiers du XVIIe, l'anatomie entra, en Espagne, dans une période de décadence. Sur le plan de l'enseignement universitaire, l'anatomie tomba peu á peu en désuétude et dans la plupart des universités on cessa de pratiquer des dissections. Cette situation fut particuliérement marquée dans les universités de la Couronne de Castille. En revanche, la Couronne d'Aragon surt ocnserver ou remettre à l'honneur la dissection et l'enseignement pratique de l'anatomie : les universités de Saragosse et de Barcelone se dotèrent en 1675 d'un amphithéàtre anatomique; quant à l'université de Valence, l'enseignement et la pratique de l'anatomie n'y furent jamais abandonnés (Jean-Louis Guerena, Image et transmission des savoirs dans les mondes hispaniques et: hispano-américains, 2007 - books.google.fr).

Plus tard, pendant longtemps, Salamanque fut la seule ville en Espagne, avec Valence, où l'on pratiqua des leçons d'anatomie.

On compte aujourd'hui, en Espagne, seize écoles où l'on enseigne la médecine; elles font partie de celles des universités de ce royaume. Chacune d'elles a un nombre plus ou moins grand de professeurs, qui dictent et qui expliquent à leurs écoliers les élémens de la médecine théorique et pratique. Leurs leçons se bornent à de simples explications, sans aucune démonstration des objets qui en sont susceptibles: celles de Valence et de Salamanque sont les seules où l'on fasse des démonstrations publiques d'anatomie Aucune de ces écoles, à l'exception de celle de Valence, n'a de prix d'encouragement pour les élèves. Aucune de ces écoles, à l'exception de celles de Valence et de Salamanque, n'a ni amphithéâtre , ni cours d'anatomie, ni bibliothèque en faveur des étudians (Alexandre de Laborde, Itinéraire descriptif de l'Espagne, 1834 - books.google.fr).

A Lisbonne, à Coimbra, on connaissait les travaux du Montpelliérain Guy de Chauliac. On connaissait aussi ceux d'Ambroise Paré, qui eurent, il est vrai, peu de diffusion. La chaire d'anatomie de l'Université de Coimbra fut donnée en 1556 à un professeur qui n'était pas tout à fait nul. Il s'appelait Afonso Rodrigues de Guevara et connaissait les recherches anatomiques de Vésale. Il était à la fois critique à l'égard du principe d'autorité, et entêté dans la défense de Galien, contre Vésale. Plus tard, en 1596, le Castillan Rodrigo Reinoso introduisit dans l'université et à l'hôpital de Coimbra la pratique de la dissection (Jacques Proust, L'Europe au prisme du Japon, XVI-XVIIIe siecle, 1997 - books.google.fr).

La création de la chaire d'anatomie à l'Université de Coimbra est en effet de juin de 1556. Un an après, en 1557, une chaire de chirurgie fut à son tour créée pour le même Guevara. Les documents révélés par le Professeur Rocha Brito Brito montrent que sous le gouvernement de la Reine Régente Cathérine, après la mort de Jean III, l'Université reçut le don d'un local approprié à l'enseignement pratique de l'anatomie (Trabalhos, Volume 17, Universidade de Lisboa. Instituto de Histologia e Embriologia, 1960 - books.google.fr).

Cinq ans après, Guevara se faisait transférer à Lisbonne, à cette même chaire, mais il n'enseigna pas bien longtemps et les études anatomiques furent interrompues pour longtemps. D'ailleurs, les successeurs de Gouvara à Coimbra laissèrent aussi tomber l'enseignement de l'anatomie et la pratique des dissections. Privée de la base anatomique, sans la bonne pratique clinique que aurait pu donner un grand hôpital, l'enseignement médical de l'Université de Coimbra, malgré quelques grands professeurs, allait s'enliser dans les méthodes livresques et théoriques qui étaient, d'ailleurs, aussi à l'honneur dans presque toutes les Universités de cette époque-là (Bulletin des études portugaises et de l'Institut français au Portugal, Volumes 6 à 7, 1939 - books.google.fr).

Jean Bravo-Chamisso, né à Serpa, dans la province transtagane de Portugal, étudia la philosophie à Evora, et la médecine à Coimbre, où il devint professeur d'anatomie, le 3 avril 1601 (Antoine-Jacques-Louis Jourdan, Dictionnaire des sciences médicales: biographie médicale, Volume 2, Panckoucke, 1820 - books.google.fr).

A Iéna, l'un des plus célèbres anatomistes est Werner Rolfinck, ayant écrit une critique de l'alchimie Chimia in artis formam redacta dont une partie est intitulée "De effectis seu operibus imaginariis, & non entibus chimicis" publiée séparément en 1670 à Iéna (Lawrence M. Principe, The Aspiring Adept: Robert Boyle and His Alchemical Quest, 2000 - books.google.fr).

Il était de Hambourg, où il naquit en 1599. A l'âge de dix-sept ans, il alla à Wittemberg, où il étudia la philosophie pendant deux ans, et commença ensuite la médecine sous le célèbre Sennert. Après avoir depuis étudié la médecine pendant deux ans à Leyde, il fit un voyage en Angleterre, en France et en Italie. Il se fit fort estimer à Padoue, et il lui fut permis à Venise d'enseigner publiquement l'anatomie. En 1625, il prit les degrés de docteur en philosophie et en médecine à Padoue, en présence du doge de Venise et d'un grand nombre de personnes de distinction. Il revint à Wittemberg, d'où on tenta inutilement de le rappeler à Padoue en 1628, pour occuper la chaire d'anatomie. L'année suivante, il accepta le poste qui lui fut offert à l'Université d'Iéna pour y enseigner l'anatomie, la chirurgie et la botanique; le jardin de l'Université fut confié en même temps à sa direction. En 1641, on lui donna la chaire de chimie, science qu'il cultivait avec prédilection, et qu'il enseigna avec le même succès que toutes les autres branches de la médecine dont il était était chargé. Il mourut à Iéna en 1673 (Jean Eugene Dezeimeris, Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, Volume 4, 1839 - books.google.fr).

Typisch für die Medizin der Zeit war Janus Cornarius (1500 — 1558, 1577 nach Jena berufen), den freilich der Tod um ein längeres Wirken an der Salana brachte. Er sicherte den Zugang zu den großen Werken der antiken Medizin, indem er Hippokrates und Galen mit philologischer Sorgfalt übersetzte. Wie auch dieses Anliegen des Cornarius zeigt, war die Jenaische Medizin ganz in der Tradition befangen; nur gelegentlich fanden des Paracelsus Werke ein Echo. Erst im 17. Jahrhundert faßte das neue naturwissenschaftliche Denken, das von Francis Bacon und Descartes eingeleitet war, auch in Jena Fuß. Sein bedeutendster Vertreter war Werner Rolfinck (1599—1673), der im Jahre 1629 die Professur für Anatomie, Chirurgie, Botanik und Chemie übernahm. Autopsie und Experiment waren die Grundlagen seiner Forschungen und seines Unterrichts, auch wenn er sich von der Autorität des Galen noch nicht völlig trennte. Die Anatomie war für Rolfinck „das Auge der Medizin". Er führte als erster regelmäßig Sektionen durch, wie er auch chirurgische Operationen vorführte. Von dem Engländer Harvey übernahm er sehr früh die Blutkreislauf-Lehre, die den bis dahin anerkannten Auffassungen Galens ein Ende machte, und führte sie in einem breit angelegten Werke fort. Er lieferte den anatomischen Beweis für die Linsentrübung bei grauem Star. Als Chemiker experimentierte Rolfinck und als Botaniker gründete er in Jena den ersten Botanischen Garten, einen bescheidenen Vorläufer des Botanischen Gartens, der ein Lieblingswerk Goethes war. Gemessen an der Zahl der Professoren und der Studenten, war die Philosophische oder Artisten-Fakultät die stärkste, doch ihrem Ansehen und ihrer Bedeutung nach die geringste. Sie war lange nichts anderes als die Vorbereitungsanstalt für die drei anderen Fakultäten, insbesondere die Theologische. In schulmäßigem Unterricht wurden die antiken Sprachen, die Denkmethoden und eine formale Bildung, wie die Beredsamkeit, gelehrt. Die Philosophie war die Dienerin der Theologie. Da die Grenzen zwischen ihnen beiden noch durchaus offen waren, suchten die Professoren der Philosophischen Fakultät nach Möglichkeit den Übergang zu einem höher geachteten und weitaus besser bezahlten theologischen Lehrstuhl. (Erich Maschke, Universität Jena, 1969 - books.google.fr).

Les 8 participants de L'Anatomie et les 8 membres de l'expédition polaire

Outre Nicolaes Tulp sont représentés également les chirurgiens Jacob Blok, Hartman Hartmanszoon, Adraen Slabran, Jacob de Witt, Mathijs Kalkoen, Jacob Koolvelt et Frans van Loenen.

Pour aller plus loin dans la mise en correspondance entre le cénacle de L'anatomie du Docteur Tulp et l'équipe de l'expédition polaire du professeur Calys, c'est dans le jeu des oppositions que la recherche se fera, même si elle paraît un peu spécieuse. Cette recherche se fait sur la signification des noms des anatomistes et les blasons des pays représentés par les savants de l'expédition et les caratéristiques de Calys, Tintin et Haddock (qui ne représentent pas de nationalité).

Nom des Anatomistes

Signification

Opposé

Correspondant

Tulp

tulipe

lys

Calys

Blok

blok/blokje : cube

rond

Tintin

Hartmanszoon

homme vigoureux

femme

Coïmbra

Slabran

slabber : salive

ambre

Iéna

De Wit

blanc

noir

Canton de Fribourg

Kalkoen

dindon

aigle

Suède

Koolvelt

champ de choux

rose

Haddock

Van Loenen

érable

figuier

Salamanque

Tulp et Calys : le tulipe et le lys

Une poésie du XIXème siècle marque bien l'opposition traditionnelle du lis et de la tulipe :

Fière de sa tunique, ouvrage du caprice, / Une tulipe osait le disputer au lis. / « Admirez les couleurs dont se peint mon calice, Disait-elle ; il ressemble à l'écharpe d'Iris; J'ai coûté mille écus : mon maître m'idolâtre. Tous les ans, par ses soins, mes caïeux sont détruits / Et vos anthères d'or, vos pétales d'albâtre, / Dans tous les jardins reproduits, / Inspirent le dégoût au zéphyre folâtre. » / Le lis la laissa dire et ne répondit mot. / Emblême heureux de l'innocence, / Il eût pu comparer au sot / La tulipe avec sa jactance. Comme le sot, l'impertinente fleur / N'avait qu'une vaine apparence; / Son éclat était sans odeur. / En se taisant, le lis agit en sage, / Qui sans orgueil connaît son prix. / Eh ! qui peut mieux réprimer un outrage, Que le silence du mépris ? / Cependant l'horizon se chargeait de nuages; / Leur vaste amas s'étend et s'empare des deux, / Et le muet éclair, précurseur des orages, / Sillonne leur flanc ténébreux. / Bientôt les aquilons, exerçant leurs ravages, / Aux bruits des foudres menaçants, / Mêlent d'horribles sifflements; / Les airs semblent se fondre en pluie. / Sur leur tige incertaine, agités en tous sens, / La tulipe et le lis, jouets des éléments, / En éprouvèrent la furie. / En butte à de tels ennemis, / La tulipe perdit ses feuilles diaprées; / Et comme elle, aussitôt, n'offrant plus que débris, / Le lis vit disperser ses fleurs décolorées. / Mais, survivant à son malheur, / Tandis qu'on oubliait la tulipe inodore, / Ce dernier parfumait encore / Les lieux qu'avait embellis sa blancheur, / Le sol qui l'avait fait éclore. / La mort n'épargne rien, et ce tyran affreux / Met la même persévérance / A frapper le méchant et l'homme vertueux; / Le mérite modeste et la vaine ignorance: / Mais tel brilla beaucoup, qui s'éclipse à jamais; / Et tel cacha son existence, / Qui vit toujours dans nos regrets (Henry Gauldrée de Boilleau de La Caze, Le Lis et la Tulipe, Fables choisies: dédiées à la jeunesse, Librairie ancienne et moderne, 1827 - books.google.fr).

Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau (15 juillet 1773 - 25 mai 1830) fut appelé comme Commissaire-Ordonnateur à participer aux campagnes napoléoniennes en Allemagne et en Russie. Il était sous les murs de Dantzick, sur les bords glacés de la Vistule, lorsqu'il apprit le rétablissement des Jeux Floraux, dont il fit partie, comme Mainteneur. Il est connu sous le nom de marquis de Lacaze, du fait d'un héritage de sa femme en 1798 Charlotte Émilie de Livron, petite fille du président Gillet de Lacaze (Eloge de Henry Gauldrée de Boilleau par M. Tajan, Recueil de l'Académie des Jeux Floraux (Toulouse), 1831 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Denis Charles Henri Gauldrée Boileau).

Salamanque : l'érable et le figuier

"Un pommier... Ma parole, c'est un pommier", dit Tintin, page 52, sur l'aérolithe.

En cherchant bien, on peut retrouver l'érable sous l'apparence du pommier :

Loenen est à rapprocher de hlun érable en ancien allemand. Et "apol-tra", dont vient "affolder", est un ancien nom de l'érable qui s'est souvent confondu avec "appel-ter", "pommier" (Revue internationale d'onomastique, Volumes 8 à 9, 1956 - books.google.fr, Eduard Müller, Etymologisches Wörterbuch der englischen Sprache: L - Z, 1867 - books.google.fr).

Escudo de la ciudad de Salamanca (España) : Escudo partido. 1.º, de plata con un puente de piedra, mazonado de sable, sobre el que está pasante un toro arrestado de sable, y tras él una higuera de sinople, arrancada. 2.º, de oro con cuatro palos de gules; bordura de azur con ocho cruces paté de plata. Mantelado en jefe de plata, con dos leones mornados, al natural, salientes de los flancos y afrontados (commons.wikimedia.org).

Puente, toro, y río, son los tres elementos básicos del escudo capitalino, junto a la encina de sus campos, que algunos dicen que es higuera (Santiago Juanes, Amando de Miguel, Salamanca: ciudad patrimonio de la humanidad de España, 1997 - books.google.fr).

Haré notar, sin embargo, que la custodia de la Catedral (primera mitad del siglo xv) y las filateras del zaguán de la Universidad (principios del xvi) efigían sobre el puente, en vez del toro, un árbol (higuera) y dos leones sentados á derecha é izquierda. (Revista de archivos, bibliotecas y museos, Cuerpo Facultativo de Archiveros, Bibliotecarios y Arqueólogos, 1904 - books.google.fr).

L’érable plane (Acer platanoides), de la famille des acéracées, se nomme également « faux sycomore », « érable blanc », « iseron » et porte un curieux surnom, « main découpée » L'érable faux-platane et l'érable sycomore sont un seul et même arbre, le géant de la famille d'ailleurs (plus de 30 m) : Acer pseudoplatanus (sycamore en Amérique) (www.onf.fr - Erable, www.futura-sciences.com - Erable plane).

Une des 150 espèces d'érable est donc appelé "faux sycomore" d'où par opposition sycomore, nom construit sur le nom grec sykon du figuier. Proprement le sycomore est un figuier-murier.

Le nom du savant espagnol "Bolero y Calamares" rappelle "la danse des calamars", élément des festivités de Hakodate, ville japonaise de l'île d'Hokkaïdo, ancienne Ezo ou Yezo, qui fut une éphémère république shogunale opposé aux forces impériales japonaises. Napoléon III avait enoyé Jules Brunet pour organiser les armées du shogun qui furent défaites à Hakodate, capitale du Yezo, en mai 1869 (fr.wikipedia.org - Bataille de la baie de Hakodate).

Il y a des "sycamores" dans l'île d'Hokkaïdo (Ezo) comme le faisait remarquer C. Pemberton Hodgson, consul de Grande Bretagne à Nagazaki et à Hakodate dans les années 1850 :

Chestnut, oak, pine, beech, silver birch, elm, cherry, prune, dwarf oak, elder, sycamore of several varieties, catalpa? magnoha, platanus, these were some of the natural beauties that nature offered us after our escape from our long imprisonment ; and was it not a bouquet ?[...] The forests in Yezo are as dense as the scrubs of AustraUa or the jungles of India. The nobler scions raise their glorious heads and tower over the humbler sycamore, chestnut, and maple tree, which in their turn seem to despise the more lowly hazel-nut, elder-tree, and Guelder rose (Viburnum tomentosum). Beneath these again the blushing rose peeps out, the tea-tree meets the eye, the myrtles scent the air, and the bramble forms a bower for the snake and lizard (C. Pemberton Hoggson, A Residence at Nagasaki and Hakodate in 1859-1860: With an Account of Japan Generally, 1861 - archive.org).

Coïmbre : l'home et la femme

Le serpent, c'est l'emblème de l'écu d'Ataces, roi des Alains, fondateur de Coïmbra. Le lion, c'est l'emblème d'Hermenerico, roi vainqueur des Suèves. La Vierge couronnée, c'est sa fille Cindazunda. La coupe c'est le symbole des symbole des cérémonies de son mariage avec Ataces, qui avait été le prix de la réconciliation des deux rois. Tout à Coïmbra est légende. Il est celle de la bergère martyrisée pour n'avoir pas voulu être reine, — reine qui aurait eu un roi maure pour époux. C'est la légende de Santa Comba. Il est celle de la reine Isabelle qui avait quitté secrètement Santa Clara, chargée d'aumônes qu'elle allait offrir à des prisonniers. — « Que portez-vous, avait demandé le roi Diniz, son époux. » — Et les plis de la robe de la reine s'étaient entr'ouverts, laissant choir vers le sol une pluie de pétales de fleurs. — « Sire, ce sont des roses. » Il est une légende que Camoens a immortalisée dans ses chants, c'est celle d'Inès de Castro que toujours rappelle, à l'ombre des lauriers, la fontaine des amours, née des larmes des filles du Mondégo. Là, sur l'ordre du roi Alphonse, elle avait été assassinée, — pour être, un an plus tard, exhumée de sa sépulture, — Don Pedro, son amant, devenu roi, ayant voulu que tous les seigneurs de la Cour (Charles Chesnelong, Salazar, 1939 - books.google.fr).

Armoiries de Coïmbre - ngw.nl - Coimbra

Joao Marques Dos santos (1880-1941), mathématicien, philosophe et médecin, a écrit sur la légende du blason de Coïmbra en 1926, notant que le calice symbolise le mariage (J. Marques dos Santos, Coimbra e arredores, Imprensa da Universidade, 1926 - books.google.fr, www.uc.pt - DOS SANTOS).

Le savant portugais de l'expédition se prénomme Pedro Joas. Joas est une forme de Joachim ("dieu prépare") selon nominis.fr mais traduit Jehoash "donné par le seigneur" selon wikipedia (nominis.cef.fr - Joas, fr.wikipedia.org - Joas (Juda)).

Blason du Canton de Fribourg - fribourg.anysetiers.org

Canton de Fribourg : blanc et noir

Les seuls éléments nommément "blancs" dans L'Etoile mystérieuse sont les nuages s'élevant de l'aérolithe : "... Un phénomène étrange. Le ciel est clair. Mais un point bien précis, situé à environ vingt degrés à l'est, s'élève une haute colonne de nuages blancs...", dit Tintin, page 33.

Le blason du canton de Fribourg ne réclame pas de plus amples explications que son affichage.

Alessandro Cantono publia en 1904 à Florence Un grande riformatore del sec. XVI (biographie, sans valeur originale, de saint Charles Borromée) avec une préface de Paolo (Paul) Arcari (Revue historique, Volume 89, 1905 - books.google.fr).

Paul Cantonneau n'est donc pas forcément protestant, avec le savant Suédois, comme on le supposait.

Cela n'est pas banal, car c'est l'exercice de ces libertés souveraines qui a fait prévaloir à Fribourg la religion chrétienne « à la façon de Rome » écartant délibérément tout droit de prédication aux tenants des idées réformatrices. Mesure-t-on la situation de ce Fribourg in Uechtland cerné par des régions ayant adopté des prédicateurs dissidents ? Ce n'est pas Pierre Canisius qui a convaincu les Fribourgeois, ce sont les Fribourgeois qui ont voulu la fidélité à la religion romaine. En appelant de leurs vœux un collège de prédicants sûrs par le Cardinal Charles Borromée, les Fribourgeois manifestaient leur souci premier : une formation solide dispensée aux jeunes générations (Marie-Anne Heimo, Les Ursulines et l'école des filles dans la ville de Fribourg, 2011 - books.google.fr).

C'est à Saint Charles Borromée que la ville de Fribourg doit la fondation du collège St-Michel. Déjà le 20 Janvier 1570, le cardinal Annulius fit demander aux Etats catholiques de la Suisse s'ils seraient disposés à admettre des Jésuites pour fonder des séminaires ou écoles. Le pape Pie IV, oncle de Saint Charles Borromée, venait de lui conférer le titre de protecteur des catholiques de l'Hélvétie et de la Rhétie, et Saint Charles jugea que l'établissement d'un collège de Jésuites serait un moyen efficace de maintenir la foi et de rétablir les mœurs. Ayant communiqué son projet au cardinal Bonhomius, on trouva bientôt les moyens d'exécution nécessaires dans la sécularisation du couvent des Prémontrés d'Humilimont (1579) dont les bâtiments et la plus grande partie du revenu furent affectés aussitôt au nouveau but. Bonhomius était venu lui-même à Fribourg et avait trouvé dans le célèbre prévôt Schneuwly un ardent champion du catholicisme et de la nouvelle institution. Le 16 Décembre 1579, le père Canisius (P. Hund) de Nimègue, accompagné du P. Andrew, jésuite anglais, arriva à Fribourg et cinq jours après il prit possession d'Humilimont au nom des Jésuites. Cependant l'admission formelle des disciples de S*Ignace ne fut accordée que le 11 Juillet 1581; la même année, le P. Canisius acheta le château de Lanthen-Heid, puis diverses autres propriétés des Fôgeli, Ruginet, Schneuwly, etc. Les premières classes furent organisées et ouvertes provisoirement à l'Autruche (rue de Lausanne), le 12 Mars 1582. Pendant ce temps, avec l'appui du gouvernement, à l'aide de puissantes protections et de nombreuses quêtes, on put commencer les travaux. Le 5 Août 1596, dix-neuf Jésuites prirent possession du collège et le gymnase s'ouvrit la même année. Le P. Canisius, qui fut le premier recteur, après avoir vu ses efforts ainsi couronnés d'un plein succès, mourut l'année suivante, en odeur de sainteté, à l'âge de 77 ans (Ferdinand Perrier, Nouveaux souvenirs de Fribourg, 1868 - books.google.fr).

Le général des jésuites est appelé le "pape noir", dans les Antilles les jésuites "pères noirs".

Suède : le dindon et l'aigle

Les protubérances solaires et la dinde

Les historiens de l’astrophysique (Hufbauer et Meadows notamment) ont souvent relevé que l’Astroniomie Physique s’est d’abord constituée à partir d’études solaires, sujet de recherches qui a connu entre 1860 et 1870 une accélération permise par l’irruption dans ce domaine de nouvelles techniques comme la spectroscopie ou la photographie. Durant cette période, les pionniers de la physique solaire sont en fait peu nombreux, et c’est en Angleterre que l’intérêt pour le Soleil semble le plus grand : Hufbauer évoque les travaux de Balfour Stewart, Huggins, Lockyer, De la Rue et Carrington, soulignant l’importance des savants amateurs, le rôle fondamental joué par la Royal Astronomical Society et les possibilités d’expéditions scientifiques permises par l’étendue de l’empire britannique. Aux Etats-Unis, à la fois des amateurs comme Lewis Rutherfurd, et des scientifiques professionnels comme Charles Young ont développé des travaux de physique solaire. Pour l’Europe, les précurseurs de cette discipline émergente que représente la physique solaire sont le père Angelo Secchi et Pietro Tacchini pour l’Italie, Schwabe, Wolf, Kirchhoff puis Spörer et Zöllner pour l’Allemagne, ou encore le suédois Ångström. en France, Faye, Janssen, Cornu et Rayet (Stéphane Le Gars, L'emergence de l'astronomie physique en France (1860-1914) : acteurs et pratiques - tel.archives-ouvertes.fr).

Le Français Jules Janssen inventa un révolver photographique, précurseur du cinéma.

Notons que "tacchino" désigne en italien la dinde.

Pietro Tacchini, né le 21 mars 1838 à Modène (Émilie-Romagne) où il est mort le 24 mars 1905, est un astronome italien. En 1865 il fonde avec Angelo Secchi, jésuite, le Memorie della Società degli Spettroscopisti (Memoire de la société de spectroscopie) dont il reste l'éditeur jusqu'en 1905. Ce bulletin est devenu le Memorie della Società Astronomica Italiana depuis 1920. Voulant assurer des observations spectroscopiques quotidiennes du Soleil il organise, avec Angelo Secchi de l'observatoire du Vatican et Lorenzoni de l'observatoire de Padoue, la mise en place d'un réseau d'observatoires. (fr.wikipedia.org - Pietro Tacchini).

Le spectroscope permet au professeur Calys et à son adjoint de découvrir le calystène (page 11 de L'Etoile mystérieuse).

Dans les éclipses de 1870, 1882, 1883, 1886, Tacchini a reconnu que souvent les protubérances, pendant la totalité, apparaissaient plus hautes et plus larges qu'en dehors de l'éclipse et qu'elles offraient des colorations variables du rouge vif au blanc rose; même, en 1886, il a signalé une protubérance très haute, appelée par lui blanche à cause de sa couleur et non visible après l'éclipse, car elle ne donnait pas le spectre de l'hydrogène; par contre elle émettait fortement les raies H et K du calcium et un spectre continu (Annales de l'Observatoire d'astronomie physique de Paris, sis Parc de Meudon, Volume 3, 1906 - books.google.fr).

Le dindon

Le Dindon sauvage (Meleagris gallopavo) est une espèce d'oiseaux appartenant à la famille des Phasianidae. Son nom scientifique d'espèce se réfère au coq (genre Gallus) et au paon (genre Pavo) et celui de genre (Meleagris) au héros grec Méléagre, dont le nom signifie "chasseur noir", dont le destin est placé sous les couleurs du feu, du charbon et de la braise (couleurs de la dinde rouge vif sur fond noir). Quand Méléagre parvient à l'âge adulte, il participe à la chasse du monstrueux sanglier de Calydon qui dévaste les terres d'Œnée, tuant hommes et bêtes sur son passage. (fr.wikipedia.org - Dindon sauvage, fr.wikipedia.org - Méléagre (mythologie)).

On remarque les noms rapprochant de Calydon et de Calydna (célèbre pour son miel, voir ci-dessous), lui même proche de Calys, qui se prénomme Hippolyte.

L'échec final de Méléagre marque son échec à l'initiation qui devait le faire passer de l'adolescence à l'âge adulte. Le héros s'est laissé prendre par un sentiment amoureux à un moment où il devait justement dominer le monde "sauvage" et celui de la féminité. De surcroît, ses oncles maternels, ses maîtres d'initiation donc, lui ont refusé l'attribution du trophée sanctionnant ainsi l'échec de leur neveu. Dans la tragédie d'Euripide qui porte son nom, Hippolyte, fils de Thésée, est présenté comme un chasseur plein d'expérience, mais qui s'adonne uniquement à la chasse et qui honore la seule Artémis, méprisant Aphrodite, déesse de l'amour. Or, il est un temps pour chaque chose: si le jeune homme doit s'aventurer dans la vie sauvage et marquer qu'il s'en sépare et la domine en tuant un gibier important, il doit ensuite revenir dans la cité pour y exercer ses prérogatives de citoyen et de guerrier et aussi pour fonder un foyer. En s'obstinant à rester au stade de la chasse et en méprisant l'amour de la femme, Hippolyte rate l'épreuve dans la mesure où il ne s'en détache pas. C'est une sorte d'adolescent attardé. La sanction viendra tout naturellement d'Aphrodite : la déesse inspirera à Phèdre, la belle-mère d'Hippolyte, un sentiment amoureux pour le jeune homme, sentiment qui provoquera la mort du héros.

Hippolyte est effectivement présenté comme un chasseur. On peut imaginer qu'il a tué du gros gibier, mais apparemment le mythe n'insiste pas sur un gibier remarquable dont il serait venu à bout, comme c'est le cas pour Ulysse ou pour Méléagre. Le seul monstre qu'affronte Hippolyte, mais qui le tuera, est celui que Poséidon a envoyé à la demande de Thésée (Jean-Michel Renaud, Le cas d'Orion, Les espaces du sauvage dans le monde antique: approches et définitions, 2004 - books.google.fr).

Le dindon et l'aigle

Le dindon porte encore le nom de "jésuite" :

Qui ne connaît cet oiseau de l'ordre des gallinacés, répandu dans nos basses-cours par les jésuites, dont il porte encore le nom dans quelques cantons de France. Les premiers dindons qui furent vus en Europe y furent introduits vers 1524, c'est-à-dire peu après la conquête du Mexique, d'où les oiseaux de ce genre sont originaires (Encyclopédie moderne, Volume 2, P. Duménil, 1841 - books.google.fr).

La beauté de cet oiseau est telle que le philosophe Franklin, l'un des fondateurs de la liberté américaine, regrette que l'Union n'ait pas plutôt pris pour armes de la confédération le dindon sauvage que l'aigle chauve, qui est devenu le signe héraldique des Etats-Unis (Encyclopédie Canadienne, Volume 1, Bibaud, 1843 - books.google.fr).

Au centre des armoiries actuelles de la Suède on peut voir les armoiries de la famille régnante : les Bernadotte, c'est-à-dire, le blason configuré dans la seconde décennie du XIXe siècle par le prince héréditaire récemment élu, le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte, qui a adopté le nom de Charles XIV Jean de Suède. L'écu est coupé au premier une gerbe qui rappelle la dynastie Vasa (1523–1654), et au second un pont qui représente la principauté de Pontecorvo en Italie (cadeau de l'empereur Napoléon Ier à Bernadotte en 1806), avec l'aigle napoléonienne. En 1826, le roi Charles XIV Jean de Suède décida de changer l'aigle napoléonienne en un corbeau de sable surmonté d'un chef cousu d'azur semé d'étoiles d'or pour les blasons des Princes du Royaume. En 1844, le roi Oscar Ier de Suède réglementa officiellement les armoiries de l'Union Suède-Norvège et supprima le chef cousu d'azur semé d'étoile en le remplaçant par un chef la constellation d'étoile de la Grande Ourse (Ursa Major) d'or ces armoiries restèrent identiques jusqu'en 1885, où le corbeau laissa sa place à un aigle de sable becquée et membrée d'or. À la suite de l'indépendance de la Norvège en 1905, une nouvelle loi sur les armoiries du Royaume fut promulguée en 1908 où l'aigle est de nouveau en or (fr.wikipedia.org - Armoiries de la Suède, fr.wikipedia.org - Maison Bernadotte).

Le blason de la Maison Bernadotte comporte la représentation de la Grande Ourse au-dessus de l'aigle napoléonienne dorée. Cette aigle a été noire et parfois remplacée par un corbeau, noir aussi.

Dans bien des tribus autochtones amérindiennes, le Dindon était considéré comme l'Aigle du don ou l'Aigle du Sud (Les cartes médecines de Jamie Sams et David Carson au Ed. du Roseau) (cheyenne49.e-monsite.com - Le dindon).

Chez les Aborigènes d'Australie, l'aigle est du côté des non-violateurs, et s'oppose dans le mythe au dindon qui est en conséquence du côté violateur (Alain Testart, Des Classifications dualistes en Australie: essai sur l'évolution de l'organisation sociale, 1978 - books.google.fr).

Ce que A. Testart parvient à démontrer ce n'est pas une opposition entre deux éléments en deux états, mais entre deux attitudes : celle des violateurs et celle des non violateurs. Ainsi il y a des animaux comme la corneille qui transgressent les interdits et d'autres comme l'aigle qui les respectent. Ces interdits peuvent être d'ordre divers : sexuel (sur la belle-mère, par exemple), alimentaires (manger seul tout le produit d'une chasse), meurtre d'un proche consanguin (en particulier le neveu utérin).[...] Par ailleurs, les documents analysés par A. Testart nous enseignent que le chasseur doit faire couler le sang des animaux pour pouvoir manger et faire manger sa famille, ne doit pas être en contact avec le sang dans la vie quotidienne et en particulier éviter le sang menstruel des femmes. Le chasseur est associé à l'aigle qui est un non violateur et son activité de chasse est entourée de nombreux interdits. La corneille est un charognard et appartient à la moitié des violateurs comme l'echnidé et l'ocre rouge qui est associé au sang. Cette opposition entre l'aigle et la corneille n'est pas gratuite; elle est fondée sur les observations que les Australiens ont faites sur le comportement de ces animaux dans la nature. [...] A la base des systèmes dualistes on trouve une partition de l'univers entre ce qui est semblable et ce qui est différent et la possibilité ou non de cumul de l'identique ou d'association des contraires. On a l'impression que cette façon de concevoir l'organisation du monde et d'élaborer les principes sur lesquels sont fondés le comportement en société est aussi vieille que l'humanité; on peut même se demander si ce n'est pas sous cette forme que s'est manifestée la faculté de symbolisation qui a marqué le passage de l'animal à l'homme. En particulier c'est ce même jeu sur le semblable et le différent que l'on retrouve à la base de la prohibition de l'inceste comme l'a remarquablement montré F. Héritier1 en mettant en évidence l'horreur du contact avec le sang du consanguin que l'on retrouve jusque dans notre propre culture (Claudine Friedberg, Classifications rituelles, classifications profanes : les exemples australiens. A propos Des classifications dualistes en Australie d'Alain Testart. In: Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée. 26e année, bulletin n°2, Avril-juin 1979 - www.persee.fr).

"L'aigle marche toujours seul, le dindon fait troupe." (Jean-Paul Marat) (www.linternaute.com).

Une chanson de Louis Festeau allie le dindon à la légende napoléonienne :

Sur l'Air de la gripette : Cher prince Mirmidon ! / Ah quel dommage, / Dans votre cage : / Cher prince Mirmidon, / Votre AIGLE se change en DINDON. / Pour nous exhiber votre oiseau, / Vous passez la Manche au plus vite : / Et pour l'AIGLE de Marengo / Vous nous apportez un Jésuite !.. (L'Aigle et le Dindon, chant napoléonien, par le Chansonnier du peuple Louis Festeau, 1848 - sur le futur Napoléon III réfugié à Londres avant 1848 - gallica.bnf.fr).

Skjoldborg

Si en renverse borgenskjold en Skjolborg, un auteur danois Johan Skjolborg (1861-1936), appelé le poète des petits fermiers, ami du prix Nobel de littérature 1917 Henrik Pontoppidan, utilise le dindon (kalkun) dans le dialogue d'un de ses romans : „Dine Penger! Dem skal du nok faa, din Kalkun," sluttede Søren og forlod Stuen. (Johan Skjoldborg, En stridsmand: fortaelling, 1896 - books.google.fr).

C'est son premier roman Un combattant (En Stridsmand) paru en 1896 qui lui valut la célébrité. Un poème ne laisse aucun doute sur les intentions de l'auteur qui a voulu dresser un monument à la peine obscure du « Journalier, toi qui défriches la terre rebelle ». Le roman couvre l'espace d'une vie, celle de Soren Brander et de sa femme Ane qui avec un courage quotidien tentent de cultiver les étendues sablonneuses de la côte ouest. Au terme de cette lutte contre les éléments et aussi contre la tentation de la boisson, Soren est gagné par le remords de n'avoir pas davantage songé au ciel ; mais, songeant à son combat de tous les instants en ce bas monde, il parvient à une conclusion qui peut faire songer à celle de Marie Grubbe : « Ah oui, chacun a sa tâche à accomplir; et j'ai eu la mienne. Nous sommes de vrai un peuple de tâcherons, tous autant que nous sommes; puis vient pour finir le jour du grand déménagement » (Frédéric Durand, Histoire de la littérature danoise, Volume 2 de Bibliothèque nordique, 1967 - books.google.fr).

Skjoldborg est fils de paysan pauvre, de journalier agricole et fait vivre dans ses romans les détails qu'il a connus, vécus lui-même : la salle, pièce unique, qui sent le moisi, la nourriture insuffisante de pain de seigle et de lait écrémé ; les difficultés insurmontables pour acheter des vêtements ou des chaussures à cause des salaires infimes, le travail des femmes et des enfants dès l'âge de huit ans et leurs conséquences dramatiques (Jacqueline Le Bras-Barret, Martin Andersen Nexö: écrivain du prolétariat, Volume 2 de Bibliotheque nordique, nouv. sér, 1969 - books.google.fr).

Skjoldborg parlera aussi d'aigle (ørnen) dans Jens Jakob Sønner (1921) :

Nu rejste den gamle Herre tæt ved sig atter og sang, fuld af Livsglæde, saa han ikke kunde tie stille: „I Skoven skulde være Qilde, alt hos den gamle Ørn". „Det er altsaa mig, der er Ørnen." „Selvfølgelig!" sagde den unge Forfatter og rejste sig. „Du er Ørnen, han dér med de store Briller er Hornuglen, og jeg er Lærken, der slaar sine Triller i Sky." (Johan Skjoldborg, Romaner og fortaellinger, Volume 3, 1921 - books.google.fr).

Unquestionably the word shield means defence and protector ; hence anything that defends is a shield, therefore a rampart of earth, a tower, wall, or castle. The proper name of a fortress is "borg or hwrg^ from hergian, to "protect" or " hide"; jjut a tower of defence, a military post, was called a soUd burg in English; skjoldborg in Icelandic and Swedish ; and schildburg in German (James Frederick Hodgetts, Older England: Illustrated by the Anglo-Saxon Antiquities in the British Museum, 1884 - archive.org).

Undismayed by the sudden appearance of the enemy, Harald Hardrade drew up his forces in a circular line, bending back the wings, with shield touching shield, and lances firmly fixed in the earth, and pointed outwards towards the enemy. This formed what the Northmen called a 'Skjold-borg,' or Fortress of Shields (Henry Wheaton, History of the Northmen: Or, Danes and Normans, from the Earliest Times to the Conquest of England by William of Normandy, 1831 - books.google.fr).

Cette forme circulaire hérissée de lances est comparable au soleil dardant ses rayons. Mettons en rapport soleil et bouclier/protection :

The parallel images of "sun and shield" attributed to God in Psalm 84:1 1 might be a biblical echo of the solar disk imagery found in some ancient Near Eastern religions, with the circular shape of the sun, an image of power and protection joined with an image of warfare, a circular shield. The description of the woman in Song of Songs 4:4 provides a striking instance of shield imagery: Your neck is like the tower of David, built with elegance; on it hang a thousand shields, all of them shields of warriors. (Song 4:4 NIV) The familiar joining of fortress and shield imagery in this case suggests the woman's regal beauty and inaccessibility to all but her lover. Behind the image of "a thousand shields" may lie a "literal" picture of layers of beaded necklace worn around the woman's neck. The image of shields hung on fortress walls is also found in Ezekiel 27:10-11, where the shields and helmets of Tyre's mercenary soldiers are depicted as hanging on the city's walls and are said to bring Tyre's "beauty to perfection" (NIV) (Armor, Dictionary of Biblical Imagery, InterVarsity Press, 2010 - books.google.fr).

Le psaume 84,4 (Vulgate 83) nous renvoie sur les oiseaux : "Le passereau même a trouvé une maison et l'hirondelle un nid pour elle où elle pose ses petits". Certes ce ne sont ni dindon ni aigle. Mais le psaume 84 (83) est particulièrement adapté à la fête de Thanksgiving.

Happy are the people whose strength is in you! whose hearts are set on the pilgrims way. (Psalm 84:4) Pilgrimage is at the heart of every religious tradition and one of the rich treasures of the Christian experience. In the past pilgrimages were undertaken for a variety of purposes — for the deepening of one's faith, for penitence for thanksgiving, for special petitions and intercessions and for healing. The Psalmist implies that special joys await those whose hearts are set on the pilgrims way. Jesus himself was a pilgrim, making the long journey to Jerusalem to pray in the temple. He did this first as a boy with his family and later in life with his disciples. The last journey of his life was as a pilgrim to Jerusalem for the Feast of the Passover. While pilgrimage is travel, it is more than a tour. It is educational, but more than study. It is devotional, but more than spoken prayers. Pilgrimage reminds us that all of life is a journey, a journey that Jesus expressed as "coming from God and going to God." (Cathedral Age, Volumes 70 à 71, Protestant Episcopal Foundation, Washington, D.C., 1994 - books.google.fr).

Dans la traduction latine, l'hirondelle est remplacée par la tourterelle (turtur), voisine du pigeon.

Le verset 4 du Psaume 83 : "Nam et passer inuenit sibi domum et turtur nidum sibi, ubi ponet pullos suos", fournit une double représentation de l'homme, du moins suivant l'exégèse augustinienne, où ce verset est précédé de cet autre : "Cor meum et caro mea exsultauerunt in Deum uiuum" ; le prédicateur en conclut que la double image d'oiseaux doit s'entendre du dualisme âme/corps, le passereau étant l'âme et la tourterelle le corps. Le passereau, rappelle-t-il, émet un chant plaintif "querulus passer". Comme le passereau l'âme doit s'exercer au vol pour rejoindre sa maison : "Il exerce ses ailes dans les vertus de ce temps, dans la foi, l'espérance, l'amour, avec lesquelles il s'envole vers sa maison. Et quand il y sera parvenu, il y restera et on n'entendra plus là-bas la voix plaintive qu'il émet ici". Le gémissement du passereau fait écho à la nostalgie plotinienne de la "chère patrie" ; nous touchons ici au mythe de l' "Ame exilée", cette âme en peine qui soupire avec le Psaume : "Qui me donnera des ailes ?" Il faut quitter cette oisellerie familière et pacifique pour voir s'inscrire, dans le vol de l'aigle, une trajectoire épique qui nous ramène, de façon plus convaincante, vers les hauteurs. L'aigle est évoqué comme symbole de l'évangéliste "qui éleva sa prédication à une altitude beaucoup plus sublime que les trois autres et voulut, par son élévation, élever aussi nos coeurs". [...] L'aigle, oiseau solaire et royal, est le plus souvent pour Augustin, l'image traditionnelle de Jean l'évangéliste, parce qu'il vole haut, et qu'il est censé regarder fixement le soleil ; ainsi Jean a-t-il été capable de contempler le Logos (Suzanne Poque, Le Langage symbolique dans la prédication d'Augustin d'Hippone: images héroïques, Volumes 1 à 2, 1984 - books.google.fr).

En 1620, une centaine de dissidents anglais, nommés Pères pèlerins, débarquent du Mayflower dans la baie de Plymouth au Massachusetts. Ils y fondent la Colonie de Plymouth et la ville éponyme. Mais les débuts de la colonisation furent difficiles et la moitié des arrivants périrent du scorbut. Ces derniers ne durent leur salut qu'à l'intervention d'un autochtone nommé Squanto qui, avec l'aide de sa tribu, les Wampanoags, leur offrit de la nourriture, puis leur apprit à pêcher, chasser et cultiver du maïs. Afin de célébrer la première récolte, à l’automne 1621, le gouverneur William Bradford décréta trois jours d'action de grâce. Les colons invitèrent alors le chef des Wampanoags, Massasoit, et 90 de ses hommes à venir partager leur repas en guise de remerciement pour leur aide. Durant ce festin, des dindes sauvages et des pigeons furent offerts. Le repas de l’Action de grâce est traditionnellement composé d’une dinde, animal tout juste découvert par les premiers Européens dans le Nouveau Monde (fr.wikipedia.org - Thanksgiving).

Les Indiens ont été bien remerciés par la suite.

Tintin : le bloc et le rond

"Messieurs, je vous rapporte, enveloppé dans le drapeau de l'expédition, un bloc de calystène", dit Tintin, page 61.

Tintin ajoute à son visage rond et lisse un nom qui veut dire, littéralement, « rien », en coïncidence d'ailleurs totale avec son absence de personnalité (Serge Tisseron, Noms et Nomination dans la bande dessinée, Le nom et la nomination: source, sens et pouvoirs, Érès, 1990, p. 127).

Une dialectique connue oppose visuellement la sphère au cube.

La sphère est proprement la forme primordiale, parce qu'elle est la moins «spécifiée » de toutes, étant semblable à elle-même dans toutes les directions, de sorte que, dans un mouvement de rotation quelconque autour de son centre, toutesses positions successives sont toujours rigoureusement superposables les unesaux autres. [...] Le cube est au contraire la forme la plus «arrêtée» de toutes, si l'on peut s'exprimer ainsi, c'est-à-dire celle qui correspond au maximum de « spécification » ; aussi cette forme est-elle celle qui est rapportée, parmi les éléments corporels, à la terre, en tant que celle-ci constitue l'« élément terminant et final » de la manifestation dans cet état corporel (René Guénon, Le Règne de la quantité et les signes des temps, 1945 - books.google.fr).

Haddock : le choux face à la rose

Le choux est présent dans L'Etoile mystérieuse à travers la choucroute qui devait être garnie. Les saucisses, peut-être de Francfort, ville d'allemagne qui a sa correspondante dans la capitale du Kentucky, sont mangées par Milou qui les a chipées dans la cuisine du maître coq. Celles-ci ne ressemblent pas aux Frankfurter Würstchen mais plutôt aux Frankfurter Rindswürste ou Frankfurter Puppenwürstchen.

Quand parut Aurore aux doigts de rose... Le terme revient encore et encore, aux chants Il, VIII, XVII et suivants de l'odyssée. C'est sans doute la première épithète de nature qu'on apprend aux élèves de grec encore néophytes. De cette déesse de l'aube, Eos rhododaktulos, « Aurore aux doigts de rose », encore surnommée euthronos, « au beau trône », les apparitions sont assurément remarquées. Personnifiée et humanisée par ces doigts tout délicats, métaphore de la rosée, on en retrouve la trace chez Rimbaud, dans le poème « Aube ». Cette divinité, chargée d'ouvrir au char du soleil les portes du ciel, apporte aussi la lumière du jour (Stephen Batchelor, Marie-Dominique Porée-Rongier, La Grèce antique pour les Nuls, 2013 - books.google.fr).

De 1888 jusqu'en 1943, le bourbon Four Roses était exclusivement un « straight bourbon » fabriqué par la distillerie du même nom, fondée par Paul Jones, Jr. Le bourbon est un whiskey américain fabriqué à partir d'au moins 51 % de maïs, le reste étant généralement du seigle ou du blé. Le mot « whisky » est généralement employé pour désigner les productions écossaises, canadiennes et nippones ou bretonnes, alors que l'on utilise le mot whiskey pour les productions irlandaises et américaines. Aux États-Unis, on trouve l’American whiskey, et les Américains se battent pour conserver le monopole de cette appellation « whiskey » (avec le « e »). (fr.wikipedia.org - Four Roses, www.markenglas.de).

Les "Bourbon", famille royale française, arborent la fleur de lys comme blason.

Le prénom du capitaine Haddock, Archibald, est mentionné pour la première fois dans Tintin et les Picaros, le dernier album achevé des Aventures de Tintin, et l'est de nouveau dans l'album inachevé Tintin et l'Alph-Art (fr.wikipedia.org - Capitaine Haddock).

Or Archibald, Earconwald (germanique "ercan", naturel, et "bald", audacieux) en Angleterre où un saint du même nom fut évêque de Londres (fin du VIIème siècle), est traduit en français par Archambaud. D'où Bourbon-l'Archambaud, ancienne capitale du Bourbonnais avant Moulins, ville du département de l'Allier, comme Huriel. Bourbon-l'Archambaud est le lieu, le 25 juin 1715, le décès de l'amiral Jean-Baptiste du Casse. Le 16 mars 1686, il épouse Marthe Baudry (1661-1743) à Dieppe, après avoir renoncé tous deux à leur foi calviniste en 1685, à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes et de la proclamation de Édit de Fontainebleau.

Son intrépidité contre les flibustiers et pirates, anglais, hollandais et français, ce qui lui permet d'être nommé en 1691 gouverneur de Saint-Domingue après avoir délivré la Guadeloupe de l'étreinte des Anglais et les avoir chassés jusqu'à la Barbade au sud de l'arc antillais. Il reste gouverneur douze ans et est l'un des ardents promoteurs de la culture du sucre (fr.wikipedia.org - Jean-Baptiste du Casse).

Iéna : la bave et l'ambre

La bave et l'ambre

Le blason d'Iéna allie les contraires ange/dragon.

Johannes Henricus Schulze écrivit une Dissertatio de succino en 1734 (Dictionnaire des sciences médicales, STI-SYMPA, Panckoucke, 1821 - books.google.fr).

Le succin est l'ambre jaune. Selon les légendes chinoises, l'ambre grise (longxian) est produite par la salive de dragon (long ou loung).

Leipzig, Reichsgerichtsgebäude Großer Sitzungssaal Fenster mit den Wappen der Städte, die Sitz eines Oberlandesgerichts waren Stadtwappen Jena - Andreas Praefcke - commons.wikimedia.org

Le hareng et le plankton

"Oui... ça sent le hareng", dit Milou, page 22.

L'italien slabre (slabri) et le français slabre « petit bateau destiné, surtout en Hollande, à la pêche du hareng», est attesté à partir de 1722 du hollandais "slabber" (Benedek Elemér Vidos, Prestito, Volume 31 de Biblioteca dell'Archivum Romanicum." Ser. 2: Linguistica, 1965 - books.google.fr, Jacob Janszoon Kramers, Nieuw Nederlandsch-Fransch woordenboek, Volume 2, 1862 - books.google.fr).

Le bateau appelé "slabber" peut hypothétiquement être rapproché d'un mode de salage du hareng :

Quand les pêcheurs ne pouvant pas livrer leur poisson dans les vingt-quatre heures du tems qu’il a été pêcbé, ils lui donnent une demi—salaison qu’on appelle brailler : il est important qu’elle soit faite presqu’aussitôt que le poisson est tiré de l’eau. On braille aussi dans les ports le poisson qu’on se propose de saler en blanc ou de saurir. Quand on braille à la mer, cette préparation est en quelque façon provisoire, et met seulement le poisson en état d’être conservé deux ou trois jours sans se gâter, ce qui est ordinairement suffisant pour gagner le port. Cette opération se fait de différentes manières que nous nous dispenserons de rapporter, parce qu’elles reviennent toutes à couvrir le hareng d’une légère salive qui le conserve pour peu de temps. (Dictionnaire universel de commerce, banque, manufactures, douanes, pêche, navigation marchande, des lois et administration du commerce, Volume 1, Buisson, 1805 - books.google.fr).

Une expédition en 1889 fut menée par Viktor Hensen, qui passa par l'île Saint Michel aux Açores, portant sur l'étude du plankton. Les conceptions de Hensen (1835–1924) furent contestées par Ernst Haeckel (Potsdam, 1834 - Iéna, 1919), professeur à l'Université d'Iéna, propagateur des idées de Darwin, inventeur du terme écologie en 1866, et de celui de plankton en 1887, philosophe moniste (considérant que le monde physique et le monde vivant sont constitués de la même matière), qui conduit une expédition nationale en 1890 (de.wikipedia.org - Plankton-Expedition 1889, fr.wikipedia.org - Ernst Haeckel).

D'innombrables algues vertes microscopiques flottent à la surface des eaux, par les temps calmes et clairs. Elles viennent, à l'appel du Soleil, fabriquer les aliments qui leur permettent de se multiplier avec rapidité; elles sont elles-mêmes l'inépuisable provende vers laquelle accourt la prodigieuse légion des infusoires, des larves délicates, presque microscopiques d'animaux marins de toutes sortes : vers, étoiles de mer, oursins ; des menus crustacés qui forment l'interminable cohorte des Copépodes, en un mot de tout ce petit monde, sans cesse grouillant près de la surface des eaux toute pénétrée de lumière, auquel le hardi naturaliste d'Iéna, Haeckel, a donné le nom de plankton, en y comprenant les algues elles-mêmes. Friands de Copépodes, arrivent alors les harengs, les sardines et les maquereaux, poursuivis par les germons, les thons, les bonites auxquels les marsouins, les requins et même les dauphins donnent enfin la chasse (Henri Berr, L'Évolution de l'humanité; synthèse collective, Volume 1, 1920 - books.google.fr).

Au point de vue de la répartition géographique générale, Haeckel a divisé le plankton en pélagique, ou océanique et néritique ou littoral. [...] Les Diatomées, élément fondamental du plankton assimilateur, se développent en masses énormes dans les mers tempérées et froides jusque dans les latitudes les plus élevées, à l'exception complète, cependant, d'après Hensen, de la mer polaire (La nature: revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, Volume 37,Numéro 2, Masson, 1909 - books.google.fr).

Ernst Haeckel, Kunstformen der Natur (1904), Thalamphora

Leur beauté et leur diversité furent popularisées auprès du grand public en 1904 par le best-seller du biologiste et dessinateur naturaliste Ernst Haeckel, intitulé « Formes artistiques de la nature » (Kunstformen der Natur). Cet ouvrage eut un impact extrêmement important sur le courant de l'Art nouveau du début du XXe siècle, et notamment sur des artistes comme Constant Roux ou encore René Binet, auteur de la porte monumentale de l'exposition universelle de Paris en 1900 (fr.wikipedia.org - Plancton).

L'huile et le miel

Alors que les produits pétroliers sont tirés de l'"or noir", le nom de la société qui fournit le carburant dans toute l'Islande s'appelle Golden Oil, l'huile d'or ou dorée. L'épisode où ce carburant passe des réservoirs de la Golden Oil au Sirius puis à l'Aurore peut avoir une signification.

Déjà, dès le temps d'Olivier de Serre, on avait remarqué que les abeilles faisaient un miel bon ou mauvais, selon les plantes sur lesquelles elles butinaient ; et ce savant agriculteur cite les fleurs de l'orme, de l'euphorbe, du genêt, de l'arbousier, du buis, comme leur fournissant un miel de mauvaise qualité. M. Espinace [Issac Espinace ou Espinasse] a remarqué que le miel sécrété par les Tulipes était mortel pour les abeilles (Nouveau cours complet d'agriculture théorique et pratique, ou Dictionnaire raisonné et universel d'agriculture, Volume 1, Deterville, 1821 - books.google.fr).

"The Silver Ceres Medal of the Society was this Session voted to Isaac Espinasse, Esq. of Chancery Lane, for his method of Managing Bees." : La médaille d'argent de la Société a été votée, dans cette session, à Isaac Espinace, de Chancery-Lane, pour sa méthode de gouverner les abeilles.

Quant à la tulipe, je suis porté à croire qu'elle possède quelques qualités qui leur sont nuisibles, d'après la circonstance suivante : Au mois de mai 1817, étant descendu dans mon jardin où les tulipes étaient en fleur, et, regardant dans le corps des fleurs pour voir celles qui étaient bien colorées, je vis une abeille morte presque dans chacune d'elle, et deux dans quelques-unes. Il se trouvait à peine une fleur qui n'offrit pas la même chose (Extrait des Transactions de la Société établie à Londres pour l'encouragement des arts et manufactrues, année 1818, traduit par M. R. L., Annales de l'agriculture française, 1820 - books.google.fr).

Le miel tombe du ciel surtout au lever des astres, lorsque Sirius brille de tout son éclat et que les Pléiades se lèvent, au moment où surgit l'aurore. Alors on trouve, à l'aube, les feuilles des arbres baignées d'une rosée de miel. D'ailleurs si on se trouve dehors le matin, on sent bien qu'on a les vêtements imprégnés et les cheveux poissés par une gelée fluide, sueur du ciel, salive des étoiles ou suc de l'air en train de se purifier. On eût aimé qu'il restât dans toute sa pureté et sa limpidité originelle ; mais en réalité, en tombant de si haut, il est sali et souillé en chemin par les miasmes qui émanent de la terre, puis butiné sur les feuillages et sur les prés. Il va ensuite s'entasser dans les petits réservoirs des abeilles qui le revomissent par la bouche ; corrompu par le suc des fleurs, macéré dans la ruche et tant de fois transformé, il nous verse pourtant encore les délices qu'il doit à sa nature céleste. Les miels les meilleurs, de l'Hymette en Attique, de l'Hybla en Sicile, de l'île de Calydna, ont toujours séjourné dans le calice des meilleures fleurs. Au début, le miel est aussi liquide que l'eau ; dès les premiers jours, il fermente comme le moût de raisin et se purifie Au bout de vingt jours il épaissit et se recouvre d'une pellicule faite de l'écume solidifiée par la fermentation. C'est sur les chênes, les tilleuls, et les roseaux que les abeilles recueillent le miel le meilleur et le moins désagréablement affecté par par le goût du feuillage (Pline l'Ancien, Histoires de la nature, traduit par Danielle Sonnier, 1994 - books.google.fr).

On tirait une huile du miel :

Pour bien extraire cest huile,il faut mesler parmy le miel, ou du sable, ou de petis cailloux rompus : car le miel estant une fois eschauffé par la violence du feu, non seulement bout, mais aussi se pousse tout contre-mont. Voilà pourquoy il faut armer la courge dans laquelle on mettra le miel, d'un bon & ferme lut, & recouurir le récipient auec le chapiteau à bec, de linges mouillez en eau froide. Au reste la matiere qui doit couler de ladite courge, n'est pas toute semblable ; car la premiere n'est qu'eau blanche, & la seconde est une liqueur rougeastre, & huileuse; aussi les garde-t-on par fois separément pour s'en servir à divers usages. Elles se separent dans le bain mesmes, en faisant premierement sortit la partie la plus aqueuse ; apres laquelle celle qui est & rouge & huileuse demeure au fonds du vase.

L'huile de miel est fort bon pour appaiser les douleurs des gouttes, pour guerir les playes, faire renaistre le poil, & luy donner la couleur dorée (Les Oeuvres pharmaceutiques de Jean de Renou, traduit par M. Louys de Serres, Pierre Colombier, Lyon, 1626 - books.google.fr).

Conseil beauté : autant l'invention du caramel serait due aux Arabes qui en usaient comme crème dépilatoire, autant l'huile de miel servait à la repousse des poils.

Il y a trois choses, petra, mel, oleum. La pierre est le Christ : « Petra Christus; » (S. MELITONIS CLAVIS) « [Christus] scilicet fuit petra mollis vel infirma ante passionem,... petra vero firma et dura fuit post resurrectionem.» (PETRUS CAPUANUS, ad litt. XV, art. 69, Spicilegium Solesmense, II, 327.) Le Christ commença par donner au monde le miel de ses enseignements : «Mel, dulcedo divini eloquii;» (S. MELITONIS cLAVIS); puis il lui donna l'onction du Saint-Esprit: « Oleum, gratia Spiritus Sancti. » Tout ce symbolisme est le développement de ce verset du Deuteronome : « Mel de petra et oleum de firmissima petra. » (XXXII,13., dernières paroles de Moïse) (Œuvres poétiques d'Adam de Saint-Victor (poète latin liturgique mort vers 1146), Volume 1, présenté par Léon Gautier - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Adam de Saint-Victor).

L'huile de pierre c'est le pétrole qui peut ainsi avoir un sens spirituel : la grâce du Saint Esprit. Selon le Deutéronome, le miel est tiré de la pierre, et l'huile de la pierre très dure. On peut supposer une parenté entre ce miel et cette huile, une huile de miel (oleum mellis).

Il y avait aussi un miel-huile appelé dans l'antiquité elaeomeli, du grec, et en latin oleomel dont parle Pline ancore et qui était selon certain l'aeromeli de Disocoride.

Sponte nascitur in Syriae maritimis, quod elaeomeli vocant. Manat ex arboribus pingue, crassius melle, resina tenuius, sapore dulci, et hoc medicis. Veteri quoque oleo usus est ad quaedam genera morborum. Existimatur et ebori vindicando a carie utile esse. Certe simulacrum Saturai Romae intus oleo repletum est.

L'éléomèle se forme naturellement sur les côtes de Syrie : elle découle de certains arbres, est grasse, plus épaisse que le miel, mais moins que la résine; elle a une saveur douce, et sert aussi en médecine. La vieille huile est bonne dans quelques maladies; elle passe pour empêcher l'ivoire de se carier: aussi le dedans de la statue de Saturne, à Rome, est plein d'huile (Pline, Histoire naturelle, Livre XV, VII, Bibliothèque Latine-Française, Volume 79, C. L. F. Pancoucke, 1831 - books.google.fr).

L. Elaeomeli, quod in Syria ex ipsis oleis manare diximus, sapore melleo, non sine nausea, alvum solvit: bilem praecipue detrahit, duobus cyathis in hemina aquae datis : qui bibere, torpescunt, excitanturque crebro. Potores certaturi praesumunt ex eo cyatbum unum. Pissino oleo usus ad tussim et quadrupedum scabiem est.

L'éléomel qui coule des oliviers de Syrie, a la saveur du miel, mais fade et nauséabonde. Il lâche le ventre; à la dose de deux cyathes dans une hémine d'eau, il a une vertu particulière pour évacuer la bile; ceux qui en ont pris, tombent dans l'assoupissement, et ont besoin d'être souvent réveillés. Les buveurs qui veulent disputer la palme dans un banquet, commencent par avaler un cyathe d'éléomel. L'huile de poix s'emploie pour la toux et pour guérir la gale des quadrupèdes (Pline, Histoire naturelle, Livre XXIII, L, Bibliothèque Latine-Française, Volume 84, C. L. F. Pancoucke, 1832 - books.google.fr).

Si Pline parle de miel tombé du ciel et des étoiles, la manne est identifiée à un miel par les auteurs grecs.

Ni Dioscoride, ni Pline, qui font mention du sucre, ne parlent de la manne. Les Grecs la nommaient drosomeli ou aeromeli, miel de rosée nu miel de l'air; et Athénée décrit fort bien la manne sous le nom d'aeromeli. C'est le miel qui tombe avec la rosée sur les fleurs et sur les feuilles des arbres, et que les abeilles ramassent le matin et portent dans leurs ruches. En ce sens, on peut avancer qu'il tombe de la manne, pendant tout l'été, dans tous les pays du monde, si l'on veut ranger le miel dans la catégorie de la manne. Toute la différence qu'il y a entre le miel et la manne, c'est que celle-ci se durcit en grumeaux, et que le miel demeure liquide sur la fleur et s'évapore, ou se fond dans la fleur même, ou dans le fruit, si l'abeille ne vient pas le recueillir. Mais le bon miel se durcit aussi et se gruméle dans le pot, ou dans le tonneau. On appelle manne, ou saccharum, ou mel calaminum, dans les Indes et dans l'Arabie, ce que nous appelons miel. "Quod sacchari Indi appellani, mellis in arundinibus coagulum est, sole cogente rores ad mellis dulcedinem; quod idem in monte Libano fieri certum est", dit Aphrodysius. Néarque dans Strabon dit que, dans les Indes, on fait du miel tiré des cannes ou roseaux, sans le secours des abeilles; c'est sans doute celle manne dont nous parlons. El saint Isidore : Hujusque in Indi a el Arabia reperitur (saccharum) coagulatum, ramis inhœrens in similitudîne salis. Pline parle encore plus clairement de la manne d'Inde et d'Arabie, sous le nom de saccharum. Succharon et Arabia fert; sed laudatius India. Est autem mel in arundinibus collectum, gommium modo, candidum, dentibus fragile, amiplissimum nucis Avellanae similitudine, ad médicinae tantum usum. Suidas donne le nom de manne au miel sauvage dont saint Jean-Baptiste se nourrissait dans le désert. Le texte grec porte akris, qui signifie, selon plusieurs interprètes, les bourgeons des arbres qui, quand ils sont tendres, portent ordinairement une espèce de gomme, de miel, ou de manne (Histoire ecclésiastique depuis la création jusqu'au pontificat de Pie IX, Tome III, J-P. Migne, 1852 - books.google.fr).

L'association grâce du saint Esprit et manne se trouve dans la légende arthurienne alors que dans les textes religieux (Jean Chrysostome), la manne est associée à l'eucharistie, au corps du Christ.

Ainsi Lancelot demeura un mois et plus en la nef, sans jamais en sortir. Et si quelqu'un demande comment il vécut pendant ce temps, le conte répond que le Haut Sire, qui nourrit de la manne le peuple d'Israël au désert et fit sortir l'eau du rocher pour le désaltérer, le soutint en telle manière que, chaque matin, dès qu'il avait fini ses oraisons et requis le Haut Maître de ne pas l'oublier, mais de lui envoyer pain comme le père le doit faire à son fils, il se trouvait si plein, si rassasié et si garni de la grâce du Saint Esprit, que c'était comme s'il eût goûté toutes les bonnes nourritures du monde. (La Quete Du Saint Graal, traduction par Pierre Moisy, 1946 - books.google.fr, Clément Borgal, Les chevaliers de la Table Ronde, Fernand Lanore, 1973 - books.google.fr).

Déjà en 1937, on parlait du pétrole comme une manne :

Parmi les produits du sous-sol vénézuélien, un domine par son importance, c'est le pétrole. L'exploitation minière au Vénézuéla comprend en outre de l'or, du cuivre, du fer, du charbon, du diamant, des pierres précieuses et de l'asphalte. Mais c'est le pétrole qui constitue depuis peu, à peine quinze ans, la véritable richesse du Vénézuéla, puisqu'à lui seul il laisse au pays des sommes suffisantes pour assurer sa prospérité. Aussi cette huile, bienfaisante comme une manne, mérite-t-elle le nom de a oro negro », dont on la désigne habituellement (Jean Louis Lapeyre, Au pays de Gómez: pacificateur du Vénézuéla, 1937 - books.google.fr).

Le terme de "manne du pétrole" sera employé encore par le Belge Philippe Lippens en 1956 dans Expédition en Arabie centrale (Philippe Lippens, Expédition en Arabie centrale, 1956 - books.google.fr).

On doit à Philippe Lippens, ayant l'expérience des pays arabes, d'avoir repéré la grotte I de Qumrân que les Bédouins avaient commencé à exploiter (M.D.B. . Philippe Lippens. — Expédition en Arabie Centrale., Syria, 1958, vol. 35, n° 1 - www.persee.fr).

En Island, la Golden Oil de L'Etoile mystérieuse a le monopole de la distribution du mazout. Si celui-ci symbolise la "grâce du Saint Esprit", comment expliquer à un catholique que des réprésentants des confessions protestantes en soient le dispensateur ?

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande a rejoint le Danemark en affirmant sa neutralité. Après l'occupation allemande du Danemark le 9 avril 1940, l'Althing a remplacé le roi avec un régent et a déclaré que le gouvernement islandais devrait assumer le contrôle des affaires étrangères et d'autres questions déjà traitées par le Danemark. Un mois plus tard, les forces armées britanniques ont envahi et occupé le pays, violant la neutralité islandaise. En 1941, l'occupation a été reprise par les États-Unis, de sorte que la Grande-Bretagne puisse utiliser ses troupes ailleurs, un accord qui fut accepté à contrecœur par les autorités islandaises. L'Islande est devenue officiellement une république le 17 juin 1944, avec Sveinn Björnsson comme premier président.

Vers le milieu du XVIe siècle, dans le cadre de la Réforme protestante, le roi Christian III de Danemark commença à imposer le luthéranisme sur tous ses sujets. Jón Arason, le dernier évêque catholique de Hólar, fut décapité en 1550 avec deux de ses fils. Le pays est ensuite devenu officiellement luthérienne. Le luthéranisme est depuis resté la religion dominante. En 2013 seuls 3,4 % des Islandais sont membres de l'Église catholique romaine (fr.wikipedia.org - Islande).

Dans la mesure où le protestantisme se réveille au sens religieux sous la pression secrète des énergies chrétiennes qu'il renferme et sous l'influence de la grâce excitante de l'Esprit Saint, il faut s'en réjouir, car ce qui est bon vient de l'Esprit Saint. Et alors, le terme logique de ce mouvement, s'il suivait fidèlement l'inspiration de la grâce excitante et convertissante devrait être la conversion finale au mystère de l'Unité catholique. [...] La résurrection religieuse présente dans le protestantisme, tendue de soi par la grâce de l'Esprit Saint vers la conversion totale, serait bloquée par déviations humaines. L'élan vers la conversion cesserait d'être total pour se figer en protestantisme renouvelé, agrandi et unifié. C est le drame du protestantisme actuel. Il y a une tension entre le corps du mouvement œcuménique protestant, et une aile catholicisante Ou bien cette pointe entraînera le reste du mouvement vers le christianisme intégral ; ou bien elle seule continuera vers le catholicisme. Et alors, le reste du mouvement sous la pression des différences internes, de plus en plus sensibles, éclatera et retombera dans son divisionisme. ll y a donc, en somme, à choisir. Deux formules d'unité religieuse se proposent. De deux choses, lune. Ou bien l'œcuménisme protestant et les églises orthodoxes feront leur jonction avec l'Eglise catholique en participant au mystère de son Unité et alors, l'unité politique du monde aura la plus grande chance de trouver la base la plus ferme par rayonnement d'influence du bloc de tous les chrétiens sur le reste du monde ; ou bien, le monde religieux protestant essaiera de réaliser l'unité du monde politique (Bernard Lambert, L'unité de l'Eglise importe-t_elle à l'unité du monde ? Revue dominicaine, Volume 60, 1954 - books.google.fr).

Théologien et oecuméniste reconnu internationalement, Bernard Lambert (né en 1921 à La Pocatière) résida plusieurs années à la Maison Montmorency avec le père Lévesque. Confrère dominicain. Le R. P. Bernard Lambert, o.p., de la province dominicaine du Canada, est docteur en théologie de l'Angelicum et ancien professeur au Couvent d'Études des Dominicains, à Ottawa. Le P. Lambert a consacré ces dernières années à des études, recherches et rencontres d'ordre œcuménique, et vient de publier un important ouvrage en deux tomes : Le problème œcuménique.

Cela a été écrit plus de 10 ans après l'élaboration de L'Etoile mystérieuse. On peut penser qu'à cette époque, la conception des oecuménistes du côté catholique portant sur l'influence de l'Esprit Saint sur les tous croyants chrétiens était déjà la même. L'Eglise ne reconnaît officiellement le côté chrétien du protestantisme qu'en 1964.

Cependant, dès la fin du XIXe siècle et bien que pourchassé dans l'Église romaine, le modernisme appuie le renouvellement de l'exégèse biblique au sein de celle-ci, à l'instar de ce qui a cours dans le monde protestant depuis quelques décennies, approfondissant sa dimension philosophique et théologique pour en conclure à la réalité d'une unité des croyants au-delà des cloisonnements ecclésiastiques. Ce phénomène opère un profond renouveau biblique au sein du catholicisme et l'intensification des collaborations entre les exégètes catholiques et protestants engendre un véritable « œcuménisme biblique ». Par ailleurs, des expériences comme les « Conversations de Malines » (1921-1925), à l'initiative du cardinal Mercier - sur la suggestion du lazariste Fernand Portal et de l'anglican Lord Halifax - voient le jour mais demeurent sans suite, du moins dans l'immédiat.

Du côté des individualités, des théologiens comme Otto Karrer en suisse, Henri de Lubac et Yves Congar en France, Lambert Beauduin et Gustave Thils en Belgique ou encore Karl Adam et Romano Guardini en Allemagne repensent les positions traditionnelles catholiques vis à vis des églises protestantes. Congar - qui sera un des grands artisans de Vatican II - fait particulièrement œuvre de pionnier au sein de sa confession en étudiant tant la nature de l’œcuménisme que les conditions pour arriver aux principes d'un œcuménisme catholique, qu'il analyse dans un ouvrage éponyme publié en 1937 (fr.wikipedia.org - OEcuménisme).

The fullest, most careful, and best informed of the writings in this period was by a French Dominican, Fr M. J. Congar, at that time a friar of Le Saulchoir in Belgium, Chrétiens desunis: Principes d"un 'oecuminisme' catholique was published in 1937. Thus it was written before the two great ecumenical Conferences of Oxford and Edinburgh. (Oliver Stratford Tomkins, The Roman Catholic Church and the Ecumenical Movement 1910-1948, A History of the Ecumenical Movement: 1517-1948, 1967 - books.google.fr).

En 1905, des dominicains parisiens expulsés de France par la loi Combes, s'installèrent dans l'abbaye du Saulchoir située à Kain près de Tournai en Belgique. Ils rentrèrent en France en 1939 (fr.wikipedia.org - Kain, fr.wikipedia.org - Le Saulchoir).

De nombreux historiens conviennent que cette attitude intransigeante des papes du début du XXe siècle face au mouvement œcuménique naissant affaiblit la diplomatie vaticane et qu'elle constitue même une attitude consternante. Même le théologien catholique œcuméniste Yves Congar, l'admet en écrivant en 1937, l'année même de la tenue de deux nouvelles conférences de Faith and Order et de Life and Work qu' « au fond, le drame de l'Église catholique, c'est qu'elle a le sentiment et la certitude d'avoir la plénitude de la et précisément, parce qu'elle a cette plénitude, parce qu'elle est cette plénitude, l'Église catholique ne peut entrer dans le jeu de Stockholm et de Lausanne où d'une quelconque “conférence œcuménique”, parce que le jeu est un jeu de parties, et qu'elle est le tout » (Jean-François Zorn, La Conférence mondiale d'Edimbourg de 1910..., Concurrences en mission: propagandes, conflits, coexistences, XVIe-XXIe siècle : actes du 31e colloque du CREDIC tenu à Brive-la-Gaillarde, Corrèze, France, du 30 août au 3 septembre 2010, 2011 - books.google.fr).

Notons que les travaux du théologien Gustave Thils, né à Etterbeek (Bruxelles), comme Hergé, le 3 février 1909, en particulier sur l'oecuménisme, ont servi au Concile vatican II (années 1960). Il fut nommé membre du Secrétariat pour l’Unité et expert du concile en 1961 (thilschp1.blogspot.fr - Gustave Thils).

Si l'oecuménisme fait partie d'une tendance moderniste de l'Eglise catholique dans laquelle ne se reconnaît pas le milieu dans lequel évoluait Hergé, les besoins missionnaires dans les pays protestants justifient peut-être l'acceptation du caractère chrétien "inspiré par le Saint Esprit" des Eglises schimatiques, si bien implantées et puissantes. Le protestantisme aurait été ainsi, en Islande, le dispensateur principal de l'enseignement chrétien et des "grâces du Saint Esprit".

Le lait et le miel

La Terre Promise de Canaan est désignée, dès le Pentateuque, comme une « terre où ruissellent le lait et le miel » (Ex 3,8; Dt 6,3). Le malheur est caractérisé par l’absence « de lait et de miel » (Jb 20,17). La prophétie concernant l’Emmanuel annonce qu’« il mangera du lait caillé et du miel » (Is 7,22). Des explorateurs envoyés par Moïse et Aaron sont allés visiter le pays promis et reviennent en disant : "En vérité, il ruisselle de lait et de miel; en voici les produits." (Agripino Cabezón, ofm, Le lait et le miel dans la Bible, 2009 - www.interbible.org, home.citycable.ch).

Bien entendu, cette entrée dans la Terre promise doit être considérée elle-même comme symbolique d'une autre réalité qui n'est plus géographique, mais spirituelle. La Terre promise, c'est le Royaume de Dieu promis par Jésus. S'adressant aux juifs, Jésus leur avait dit : « Le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits » (Mt 21, 43). Pour le baptisé, la Terre promise c'est la nouvelle terre de la nouvelle création, « la vie éternelle » : « La promesse qu'il nous a faite, c'est la vie éternelle », enseigne Jean (1 Jn 2, 25). La promesse de de Dieu de donner une terre à son peuple se trouve donc à la fois assumée et transformée par la promesse de Jésus de donner le Royaume. La seconde lettre à Timothée résume bien la nouvelle situation : « La grâce de Dieu a été maintenant manifestée par l'apparition de Notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l'immortalité par le moyen de la Bonne Nouvelle » (2 Tm 1, 10). C'est le paradis retrouvé sous une forme spirituelle, céleste : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Le 23, 43 ; cf. Ap 2, 7). La terre de la promesse, c'est les cieux », comme on peut le lire dans Le Banquet de Méthode d'Olympe, affirmation qui exprime bien la foi chrétienne commune (Gérard-Henry Baudry, Le baptême et ses symboles: aux sources du salut, 2001 - books.google.fr).

Méthode d'Olympe est fêté le 18 septembre comme Ariane, dont le fil en fait une araignée (Le Serpent rouge : Le voyage de l’âme : Le messianisme des 7 boules de cristal : Alexandre le Grand).

Sucré

Fidji, Fidji, Fidji, Bouldou bouldou Bouldou, Aya, Aya, Ayayaaa ! Tel est le haka que pratique Chester et Haddock lors de leur rencontre à Akureyri.

Les émigrés indiens sont venus dans les îles Fidji au XIXe siècle, à la demande des autorités britanniques, pour cultiver le sucre. Aujourd'hui, le traitement du sucre compose un tiers de l'activité industrielle (fr.wikipedia.org - Fidji).

Originally, buldu refers to a type of small, sweet cake. Interestingly, in the sense of 'sweetheart', buldu is one of the very few Seychelles Creole words adopted by the expatriate English-speaking community in Seychelles (Chris Corne, Seychelles Creole Grammar: Elements for Indian Ocean Proto-Creole Reconstruction, 1977 - books.google.fr).

"bouldou" désigne un amoureux ou une amoureuse.

aya (ayaya) : "exclamation" guyanais aya! "enfin! (excl. marquant la lassitude)" (Laurent Tchang, Enquête en Guyane) ; mauricien +ah iah "exprime l'ironie, le doute" 1880, +aïa (sans traduction) 1888 (Baker/Hookoomsing, Diksyoner kreol morisyen), ayaya "oh dear oh dear! good gracious me!" (Ledikasyon pu Travayer, Diksyoner kreol-angle); sey . id. "exclamation d'étonnement et de dépit" (D'Offay/Lionnet, Diktyonner kreol-franse) (Annegret Bollée, Dictionnaire étymologique des créoles français de l'océan Indien, Partie 1, 2007 - books.google.fr).

Chester peut avoir partie liée avec le sucre :

Cette Angleterre elle-même, dont les vastes spéculations tendent toujours à s'approprier le commerce du monde, reconnaît l'importance qu'il y aurait pour elle à remplacer son sucre colonial par le sucre indigène; et bien qu'il soit question chez elle de l'imposer à la consommation, elle ne peut résister à la tendance générale qu'un intérêt bien entendu a constatée. Les fabriques du sucre de betterave sont prêtes à recouvrir tous ses comtés; on cite pour leur importance celles établies à Belfort et à Chester, sur les bords de la Tamise; et l'on a annoncé la formation d'une compagnie générale d'exploitation de l'industrie sucrière sur toutes les parties de la Grande-Bretagne, dont le capital s'élèverait, dit-on, à l'énorme somme de 250 millions. Cette entreprise dépasserait à elle seule la réunion de toutes celles du même genre existantes en ce moment sur le continent européen (Cours complet d'agriculture ou Nouveau dictionnaire d'agriculture théorique et pratique d'économie rurale et de médicine vétérinaire: rédigé sur le plan de l'ancien dictionnaire de l'Abbé Rozier, 1839 - books.google.fr).

Le but de la «Beet Sugar Founders Limited», fondée à Liverpool en juin 1910, est d'encourager l'extension de la culture de la betterave à sucre et la création de sucreries et de raffineries en Angleterre, particulièrement dans les comtés de Chester, de Warchester, de Hereford et dans le Pays de Galles (Bulletin de l'Office de reseignements agricoles, Numéro 5, 1911 - books.google.fr,

La ville de Chester est connue pour sa "Sugar House", établie en 1697 par le marchant Anthony Henthorn, qui aurait vu grandir l'architecte et auteur dramatique John Vanbrugh (1664-1726), dont le père Giles était d'origine flamande et se réfugia à Chester à la suite de la Peste de Londres en 1665 ou du Grand Incendie de 1666 (Philip Jones, Building Chester, 2010 - books.google.fr, en.wikipedia.org - John Vanbrugh).

Un jésuite, un !

Après le père jésuite et astronome Secchi, on peut noter l'existence d'un autre jésuite fort célèbre dans l'entre-deux-guerres, islandais.

Nonnahus, la maison natale du pasteur jésuite Jón Sveinsson (1857-1944), auteur de livres pour enfants sous le nom de plume Nonni. On peut y voir une collection de quelques objets personnels et ses éditions en plusieurs langues. La maison Nonnahús, construite en 1850, est une des plus anciennes d'Akureyri. (Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Islande 2012-13, Petit Futé, 2012 - books.google.fr).

Jon Stefan Sveinsson (surnommé Nonni), né le 16 novembre 1857 à Mödruvellir, près d’Akureyri (Islande, appartenant au Danemark à l'époque) et décédé le 16 octobre 1944 à Cologne (Allemagne), était un prêtre jésuite islandais. Il ne visite son pays natal que deux fois, en 1894 et en 1930. En 1930 il est au sommet de sa gloire et, invité à l’occasion du millénaire du parlement islandais (l’Althing) il est fait citoyen d’honneur de la ville de Akureyri. La ville de son enfance possède maintenant un musée Nonni (fr.wikipedia.org - Jon Sveinsson).

Akureyri fut fondée au Xème siècle par Helgi le Maigre qui lui donna le premier nom de cap du Christ (Kristnes) (Guy Bordin, Michel Breuil, Islande, 2006 - books.google.fr).

Massis, auteur en juillet 1919 du manifeste « Pour un Parti de l'Intelligence », est le secrétaire d'une revue qui, à partir d'avril 1920, veut permettre « aux écrivains de la Renaissance intellectuelle et nationale » de « rassembler les forces de l'intelligence contre les puissances de dissolution, d'ignorance et d'argent qui menacent la raison et l'ordre de l'univers ». La disposition de la revue, – à laquelle ne participent presque uniquement des hommes –, est d'emblée fixée : plusieurs textes de réflexion ou de fiction précèdent la vaste rubrique «Les idées et les faits » qui regroupe diverses chroniques sur l'étranger, les Lettres, l'histoire, les Beaux-Arts, la philosophie, la vie économique et sociale, les sciences ; enfin, une « chronique de la quinzaine » livre quelques comptes rendus. On note aussi qu'à la différence de La NRF, le domaine étranger est faiblement représenté à La Revue universelle : il l'est notamment par un extrait d'Orthodoxy et par La Sphère et la Croix de C. K. Chesterton, ainsi que par Nonni et Élis, le récit d'un prêtre islandais, Jon Svenson, qui vaut, d'après la rédaction, « sans doute à l'esprit du catholicisme répandu sur une imagination aussi septentrionale » (Michel Leymarie, Les Lettres dans la Revue universelle de 1920 à 1924, Maurrassisme et littérature L'Action française. Culture, société, politique (IV), 2012 - books.google.fr).

Henri Massis pensait que l’Occident pouvait trouver en lui-même, dans sa propre tradition, les éléments de sa régénération. Pour lui, « l’Inde de Gandhi, de Tagore, ne prêche la tolérance de toutes les religions que pour réveiller ses propres croyances et pour mieux dissoudre les nôtres. Notre force, ce qui nous reste de cohésion morale, nous vient de nos traditions, de notre culture ; et par un double effort, ils cherchent à les imiter chez eux, en revenant au passé contemplatif et mystique de leur race, et à les ruiner chez nous, en y faisant pénétrer les pires stupéfiants spirituels (Défense de l’Occident, 1926). Comment ne pas penser au trafic d’opium contenu dans les fameux cigares du Pharaon, dont l’un des centres se trouve étrangement sous le palais même du maharadjah de Rawhajpoutalah comme un des aspects obscurs d’une Inde folklorique et la représentation d’un Agarttha maléfique, Agarttha dont René Guénon parlera dans Le roi du monde (1927) (Thèmes - Tintin).

Pantoufles !

Pantoufles est une insulte proférée par Haddock à destination des marins du Kentucky qui a essayé d'éperonner l'Aurore.

Pour certains auteurs, l'origine de pantoufle serait à chercher dans le grec "pantophellon" de "pan" et "phellon" (tout, liège), par le napolitain "pantofola" (Nouveau dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1969). Si l'on prend le végétal pour la ville de Liège, un lien ténu peut être décelé chez les missionnaires belges aux Etats-Unis, en particulier dans le Kentucky précisément.

Charles Nerinckx (Herfelingen, Brabant, 1761 - Sainte Geeneviève, Mo, 1824), curé de Meerbeek-Everberg, refusa, en septembre 1797, de prêter le serment de haine à la royauté. Sous le coup d'un mandat d'arrêt, il dut entrer dans la clandestinité et se cacha à Termonde et ailleurs. Il partit pour les É.-U. en 1804, probablement influencé par une lettre que le P. Stanislas Cerfoumont avait envoyée le 20 juillet 1801 de Baltimore, Maryland, à son demi-frère, l'abbé Gouppi, secrétaire du Prince-Évêque de Liège. Embarqué à Amsterdam, le 14 août 1804, il était à Baltimore, Md, vers le milieu de novembre. A Georgetown, il se prépara aux missions américaines et y apprit l'anglais. Le 5 juillet 1805, il arriva au Kentucky chez M. Badin et résida pendant 7 ans près de l'église Saint-Étienne. Il s'établit près de l'église de Saint-Charles qu'il avait construite au bord du Hardin's Creek. De ces deux localités, il parcourut à cheval les forêts et les plaines du Kentucky, pour y exercer son apostolat. Il fonda de nombreuses paroisses, huit couvents et bâtit 15 églises. Il fut le fondateur (1812) de la Congrégation des Lorettaines ou Sœurs de la Croix (Sœurs de Lorette) « thé Loretto Society ». Très rigoureux, très sévère pour lui-même et les autres, il entra en conflit avec le missionnaire français Chabrat, son adjoint auprès des Sœurs de Lorette. Le 16 juin 1824, il quitta le Kentucky, reprit ses tournées de missionnaire ambulant dans le Missouri et y mourut le 12 août 1824. Il fut un grand recruteur de missionnaires catholiques, belges surtout, pour les É.-U. Il retourna deux fois en Europe. En 1815-1817, il il passa par la Belgique pour se rendre à Rome afin d'y discuter des statuts des Sœurs de Lorette. En 1821, il revint une seconde fois en Belgique. Au retour de ces deux voyages dans sa patrie, il ramena plusieurs candidats missionnaires dont la plupart sont entrés à la Compagnie de Jésus. Des lettres de Nerinckx sont conservées dans deux recueils manuscrits de la Bibliothèque des Bollandistes, Collège Saint-Michel, à Bruxelles (Mss 552 et 868). De nombreuses lettres de sa main furent, et sont encore conservées sans doute, aux Archives métropolitaines de Baltimore, Md. Des lettres et autres écrits ont été publiés par le Néerlandais Georges le Sage Ten Broek pendant le séjour du missionnaire aux E.-U. (Antoine de Smet, Voyageurs belges aux États-Unis du XVIIe siècle à 1900: notices bio-bibliographiques, 1959 - books.google.fr).

One of his friends, aware of his intention, procured him a copy of the letter, dated July 20, 1801, at Conewago, in the Diocese of Baltimore, where the presumed writer was stationed as a missionary priest. The letter was neither genuine nor accurate, as Rev. Nerinckx found out later, but it exposed a true want of missionary priests, and it prompted him to select the American mission in preference to any other (Rev. Camillus Maes, Life of Rev. Charles Nerinckx, 1880 - archive.org).

Les institutions créées par Nerinckx reçurent divers dons en provenance de Liège par exemple.