Hergé, de son vrai nom Georges Rémi, a commencé sa carrière de dessinateur dans le journal catholique le Petit Vingtième. On peut donc soupçonner chez lui une influence des idées des milieux catholiques qui ressortent même dans ses bandes dessinées. Celles-ci en seraient ainsi une illustration, au sens propre et au sens figuré, mais ne sont pas bien sûr que cela. Le débat qui s’éleva entre René Guénon et Henri Massis semble avoir imprégné les albums de Tintin, Les Cigares du Pharaon (1932-1934) et Le Lotus Bleu (1934-1935). Pour René Guénon, l’Orient était un recours contre le processus de matérialisation de l’Occident. Henri Massis pensait que l’Occident pouvait trouver en lui-même, dans sa propre tradition, les éléments de sa régénération. Pour lui, « l’Inde de Gandhi, de Tagore, ne prêche la tolérance de toutes les religions que pour réveiller ses propres croyances et pour mieux dissoudre les nôtres. Notre force, ce qui nous reste de cohésion morale, nous vient de nos traditions, de notre culture ; et par un double effort, ils cherchent à les imiter chez eux, en revenant au passé contemplatif et mystique de leur race, et à les ruiner chez nous, en y faisant pénétrer les pires stupéfiants spirituels (Défense de l’Occident, 1926).
Comment ne pas penser au trafic d’opium contenu dans les fameux cigares du Pharaon, dont l’un des centres se trouve étrangement sous le palais même du maharadjah de Rawhajpoutalah comme un des aspects obscurs d’une Inde folklorique et la représentation d’un Agarttha maléfique, Agarttha dont René Guénon parlera dans Le roi du monde (1927). Dans ce livre il fait le lien entre Agarttha et la ville, de la tradition juive, de Luz, ville souterraine et cachée, dans laquelle on pénètre par un souterrain dont l’entrée se trouve à la base d’un amandier (luz en hébreu). Or dans l’album Les Cigares du Pharaon l’entrée du centre du trafic se fait aussi par le tronc d’un arbre.
Le symbole du pharaon en question Kih-Oskh – le mot kiosque est d’origine oriental, turc, et signifie pavillon de jardin – est inspiré de la représentation du yin-yang, symbole extrême oriental, que René Guénon étudiera plus tard dans La Grande Triade. Il écrivait dès 1926 dans la revue catholique Regnabit que le symbolisme servait de support à la nature humaine pour accéder aux vérités supérieures.
Rastapapoulos, cerveau du trafic, dont le nom rappelle rastaquouère, l’étranger par excellence.
Un autre album, Le Sceptre d’Ottokar (1938-1939) semble donner des indications sur René Guénon dont le style était à la limite de l’alambiqué, aux phrases parfois interminables et qui prenait le recul et la hauteur de celui qui observe. De là à le retrouver dans le personnage du professeur Halambique, habitant 24, rue du vol à voile, versé dans la science de la sigillographie ou étude des sceaux, à moins que cela ne soit l’étude des sots. En effet un des sceaux qu’il possède est celui du doge de Venise ayant réellement existé, Gradenigo, jeu de mot avec nigaud. Soit qu’Hergé considère que René Guénon était dans l’erreur, mais le Cardinal Jean Daniélou avait un profond respect pour lui bien qu’il n’eût pas les mêmes idées, soit qu’il rappelait son combat contre les sectes et leur endoctrinement par lesquelles leurs membres étaient trompés. Dans Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion (1922) et L‘Erreur spirite (1923), René Guénon analyse leurs méthodes.
Giovanni Gradenigo fut doge de Venise de 1355 à 1356 et réprima le complot de Marino Faliero qui essaya de renverser le gouvernement patricien de la république avec l’aide du marinier Ixierello et du maçon Calendario. Faliero fut décapité et son histoire inspira un opéra d’Auber (Caen, 1782 – Paris, 1871) dont le livret fut écrit par Casimir Delavigne (Le Havre, 1793 – Lyon, 1843). Le frère de Casimir, Germain (Giverny, 1790 – Montmorency, 1868), auteur dramatique aussi, écrivit avec Scribe le livret de La Muette de Portici, opéra exaltant la révolte des Napolitains contre les Espagnols, créé à l’Opéra de Paris en 1828 et qui fut joué à Bruxelles le 25 août 1830 où il donna lieu à une émeute, prélude à l’indépendance de la Belgique.
Dans une vignette de l’album, page 15, on trouve la marque de cigarettes ISIS. Or René Guénon collabora depuis 1928 à la petite feuille Le Voile d’Isis, créée par Papus en 1889 et qui deviendra Etudes traditionnelles. Qu’Isis soit associée aux cigarettes peut signifier le caractère fumeux des thèses ésotériques du Voile d’Isis. Mais notons aussi, sachant que la culture des Indiens d’Amérique du Sud se rencontre dans plusieurs albums de Tintin (L’Oreille cassée, Le Temple du Soleil, Les 7 boules de cristal), que, chez les Tupinamba du Brésil, le chamane soufflait sur les guerriers de la fumée de tabac, pour qu’ils reçoivent l’esprit de force, ainsi que sur des patients afin de renforcer la puissance magique de leur haleine. De même, Isis ressuscita son frère Osiris en lui insufflant son haleine.
Page 61, une photo représentant Nestor Halambique et son frère jumeau, Alfred, qui se fit passer pour lui, porte la date du 25 juin 1934. Or une lettre de René Guénon en date du 17 juin 1934 stipule que « chaque fois que je me suis servi ainsi d’autres signatures, il y a des raisons spéciales, et cela ne doit pas être attribué à R.G., ces signatures n’étant pas simplement des « pseudonymes » à la manière « littéraire » mais représentant si l’on peut dire des « entités » réellement distinctes ». Guénon signifiait ainsi qu’il se « dédoublait ».
Le jumeau du professeur Halambique se rend complice de la tentative de renversement du roi Muskar XII de Syldavie, orchestré par un certain Müsstler, contraction des noms de Mussolini et Hitler. René Guénon, bien qu’éloigné de tout engagement politique, était en bon terme avec les mouvements nationalistes dans les années 1920. Il avait été reçu dans une loge swedenborgienne par Theodor Reuss qui se montra complaisant avec l’association Thulé qui eut comme membre Rudolf Hess et qui fut en partie à l’origine du nazisme.
La Syldavie est un pays dans lequel on aperçoit aucune église ou peut-être une seule page 59, mais où se dressent de nombreux minarets. Autrefois occupé par les Turcs, il fut libéré par Hveghi, chef de bandes slaves au XIIème siècle. C’est dire que la religion musulmane a perduré malgré la défaite turque et la longueur du temps. Si les décorations du roi Muskar XII portent des croix, et que le pays fête la Saint Wladimir – chrétienté apparente - la présence musulmane de fond est à mettre en relation avec l’attrait de René Guénon pour l’Islam. Il fut initié à l’ésotérisme soufi dès 1912, date à laquelle il se maria cependant à l’église, et se converti complètement lorsqu’il s’installa en Egypte en 1930, jusqu’à sa mort en 1951. Il se maria avec la fille du cheikh Ibrahim en 1934, abandonna son appartement parisien l’année suivante.
On peut remarquer que la Saint Wladimir tombe le 15 juillet, comme l’une des Saint Baudouin. Baudouin de Belgique naquit en 1930, quelques années avant la publication de l’album. Le lendemain du 15 juillet est le jour de l’abdication, en 1951, de son père Léopold III, abdication qui menace d’ailleurs Muskar XII s’il ne rentre pas en possession de son sceptre.
La Syldavie est le royaume du pélican noir. Selon la légende, le pélican se perce le flanc pour nourrir ses petits. Aussi il est devenu le symbole du Christ qui donna son sang pour sauver l’humanité et qui la nourrit de son propre corps par l’eucharistie. Qu’il soit noir semble se rapporter à la couleur des Vierges noires qui portent en général leur enfant de même teinte, donc un Christ noir - il existe un Christ noir dans la cathédrale de Saint-Flour en Auvergne. Jésus est parfois représenté en noir lorsqu’il est tenté par le diable, prince des ténèbres. Par cette couleur, il rejoint les dieux tels que Krishna, le sombre, Kali, Osiris et Saturne.
Le pélican est aussi le nom d’un appareil de distillation utilisé par les alchimistes, comme l’alambic qui renvoie au nom du professeur. L’œuvre au noir est une phase du Grand Œuvre alchimique. Le blason de la Syldavie joint le pélican noir à des doubles croissants, qui peuvent être pris comme symbole de l’Islam qui, joint à un christianisme d’adoration des vierges noires, offrirait un aspect ésotérique où traditions d’origines diverses voisineraient harmonieusement comme dans l’œuvre de René Guénon.
"Pélican noir" était le pseudonyme de l’Abbé Joseph-Adolphe Alzinger, connu aussi sous le nom de Josse Alzin. Auteur, aumônier s'occupant de la jeunesse, chroniqueur à la radio catholique belge depuis 1935, il fut aumônier des maquis du Sud du Luxembourg, fondateur d’un petit journal clandestin. Arrêté par la Gestapo en 1944, il est interné au camp de concentration de Neuengamme près d'Hambourg. Hergé évoluant dans le même milieu, il serait étonnant qu'il ne l'aie pas connu.
Le nom de Syldavie offre une certaine consonance avec celui des Poldèves, peuple inventé de toute pièce par un rédacteur de l’Action Française, Alain Mellet. Au mois de mars 1929, ce journaliste envoya un courrier à plusieurs parlementaires français leur décrivant les souffrances du peuple poldève, voisin de l’Ukraine en Europe de l’Est ou dans les Balkans, sous le joug d’infâmes propriétaires terriens. Après un échange de lettres, Mellet dévoila la supercherie en donnant des précisions en contradiction manifeste avec l’Histoire à un député demandant plus de détails. Un consul poldève apparaît même dans Le Lotus Bleu. Mais l’origine des noms de Syldavie et de Bordurie est due à un certain Richardson qui publia un article en 1937 dans le British Journal of Psychologie racontant un conflit imaginaire entre deux pays Syldavia et Borduria.
Avant son départ pour l’Egypte, René Guénon vint faire un pèlerinage dans les Alpes. Dans une de ces lettres, il fait mention de Cruzeilles et du Mont de Salève situé dans le cercle templier de Savoie.
Les lieux cités dans les albums de Tintin recoupent, en petit nombre, les nonagones. La commune de Cheverny - le château de Cheverny, sur la commune, sert de modèle au château de Moulinsart - se trouve sur la diagonale du grand nonagone Edern - Le Patchalet . Le nom de Moulinsart a été inspiré à Hergé par le hameau de Sart-Moulin sur la commune belge de Braine-l’Alleud sur le tracé des nonagones centrés sur Lindern en Allemagne et construits à partir du côté Vieille-Chapelle – Ban-Saint-Martin du grand nonagone français.
Le village de Saint-Triphon, au sud d’Aigle en Suisse dans le canton de Vaud est situé sur le côté du grand nonagone Le Patchalet – Ferrassières-de-Barret. Le village conserve sur une crête rocheuse un puissant donjon reste de fortification remontant au Xème siècle et qui dépendait de la maison de Savoie. Tryphon Tournesol apparaît en effet dans l’album Le Trésor de Rakham le rouge, suite du Secret de la Licorne où des parchemins donnent la situation du trésor sur lesquels est mentionnée la croix de l’aigle.
La Rochelle est le port inattendu de départ du Pachacamac emportant vers le Pérou Tournesol, qui cherchait un tombeau mérovingien avec son pendule dans les environs de Moulinsart au début des 7 boules de cristal, enlevé par les derniers Incas dont Chiquito, alias Rupac Inca Huaco. La Rochelle est sur le rayon reliant le centre au sommet du grand nonagone dans l’Atlantique ainsi que sur la corde du petit nonagone reliant le Sommet de la manche à celui au large de Mimizan. Elle était aussi un port templier depuis lequel des auteurs, notamment Jacques de Mahieu, ont pensé que des navires de l’Ordre faisaient voile vers l’Amérique.
On peut voir dans la pie voleuse de l’album Les bijoux de la Castafiore une référence aux Piérides de la mythologie grecque. Les neuf filles du riche Piéros qui les engendra dans les champs de Pella avec la Péonienne Euippé. Celle-ci invoqua neuf fois la puissante Lucine pour mettre au monde sa progéniture. Les Piérides lancèrent un défi aux neuf Muses, pensant les surpasser, dans un concours de chant. Elles eurent finalement le dessous, les nymphes prises comme juges les ayant déclarées vaincues, et se mirent à injurier leurs adversaires. Aussi furent-elles changer en pies, neuf pies. Dans une lettre datée du 4 juillet 1662 destinée à Jean de La Fontaine, Jean Racine, alors à Uzès chez son oncle Sconin, versifie leur destin en ces termes :
Ces filles étaient savantes
Coquettes et bien disantes
Au reste fort suffisantes
Elles furent si hautaines
Que de disputer le prix
Aux Muses qui sont les reines
Des arts et des beaux esprits
Mais il leur coûta bien cher
D’avoir été si hardies
…
Vous savez que toutes pies
Dérobent fort volontiers :
Celles-ci, comme harpies,
Pillent les livres entiers[1]
On trouve aussi des allusions directes aux Mérovingiens dans deux albums de Tintin : Le Sceptre d’Ottokar et Les 7 boules de cristal.
Le Sceptre d’Ottokar :
page 2
- Professeur Halambique : Une bien jolie pièce également, celle-ci : c’est une bague à intaille de l’époque mérovingienne…
page 7
Une enseigne porte le nom de RAOUL
Raoul était un duc thuringien ennemi des Francs, qui attira l’armée franque dans un piège et la massacra en 641. Le roi mérovingien Sigisbert III assistait à la bataille, il avait 11 ans.
Les 7 boules de cristal :
page 3
- Capitaine Haddock : Et quel bon vent vous amène ?
- Tintin : J’étais venu simplement vous dire bonjour… Tournesol… Comment va-t-il ?
- Capitaine Haddock : Oh ! Fort bien … Le voilà justement… Toujours passionné de radiesthésie, comme vous le voyez… Ce cher homme est persuadé qu’il y a un tombeau mérovingien dans les environs et il s’est mis en tête de le découvrir…
Des allusions indirectes aux Mérovingiens transpercent dans Les 7 boules de cristal. Les boules de cristal elles-mêmes renvoient à celle qui fut trouvée dans la tombe du roi mérovingien Childéric Ier, père de Clovis, en 1653 à Tournai en Belgique dont l'inventaire fut publié par Jean-Jacques Chifflet (Besançon, 1588 - 1660) à Anvers en 1655. D’autres objets rattachés à la magie l’accompagnaient telle une tête de cheval coupée, une tête de taureau en or ornée d'une roue ou d'un cercle à neuf rayons. Or dans l’album de Tintin, le capitaine Haddock se prend la tête dans une tête de taureau ou de vache en carton pâte au cours d’une représentation de music hall. Au cours de ce spectacle, le numéro du magicien Bruno, le changement de l’eau en vin, que suit le Capitaine Haddock depuis 15 jours, a pour décor de fond de scène une étoile de David, ou sceau de Salomon symbole de la Pierre philosophale, au centre de laquelle se trouve une chauve-souris surmontée d’un point d’interrogation. Chez les Mayas, sur le continent américain où les aventures de Tintin se prolongeront, dans le Popol Vuh, la maison de la chauve-souris est l’une des régions souterraines qu’il faut traverser pour rejoindre le pays de la mort. Dans un mythe des Indiens Chami, apparentés aux Chokos, dans la cordillère des Andes colombienne, le héros mythique Aribada tue la chauve-souris Inka pour s’emparer de son pouvoir d’endormir ses victimes. C’est justement le pouvoir des boules de cristal que de plonger les destinataires de leur projection dans une profonde léthargie. C’est par magie, voire sorcellerie, qu’ils en sont ponctuellement réveillés lorsque, dans le Temple du Soleil, un prêtre pique des épingles dans les poupées de cire qui les représentent. Mais quel rapport entre chauve-souris et le miracle des noces de Cana reproduit dans un music-hall ? La chauve-souris est aussi l’un des attributs de Saturne que l’on voit sur la lithographie de Dürer La Mélancholie associé au carré magique de 16 cases, dit de Jupiter associé à la jovialité antithèse mélancolique. Ce symbole du plomb constitue la pointe inférieure du sceau de Salomon dans la représentation hermétique des 7 métaux de base et des 7 planètes qui résument la totalité du ciel (argent-Lune ; fer-Mars ; étain-Jupiter ; cuivre-Vénus ; mercure-Mercure ; plomb-Saturne ; or-Soleil au centre). L’alchimie a pour but la transmutation de l’imparfait en parfait, et sur le plan matériel du plomb en or, couleur du décor du magicien des 7 boules de cristal. La transformation de l’eau en vin en serait un symbole. Et, en effet, les Icones Biblicae de Mathieu Merian reproduisent une gravure présente dans la Bible luthérienne de Strasbourg qui représente les Noces de Cana dans un décor qui évoque enseignements chrétiens et transmutation alchimique[2]. Dans le palais de Jacques Cœur à Bourges et dans la sacristie de la cathédrale Saint-Étienne donné par l’argentier réputé alchimiste, on trouve les lettres R.G. maintes fois reproduites, dont on ignore le sens mais qu’Eugène Canseliet interprète comme Recipe G, « prends G », concernant le choix de la matière première. Deux lettres qui entrent en assonance avec le nom d’Hergé, pseudonyme qui peut avoir un sens hermétiste.
On retrouve le chiffre 7 dans le fait que la décoration dont est gratifié Ragdalam, le fakir du music-hall, est le Grand Naja Rose. Le Naja d’Angkor avait en effet 7 têtes.
La survivance des Incas dans les Andes qui défendent âprement les reliques de leur culture rappelle celle des Mérovingiens dont se fit le promoteur le Prieuré de Sion. Un lien entre Incas et dynasties royales européennes est même fait dès le début de l’histoire par une rencontre de Tintin dans le train qui l’emporte vers Moulinsart, lui faisant remarquer qu’elle trouvait choquant que l’on fouille les tombes incas et que si cela se produisait avec nos rois cela ferait scandale. On entendit parler du Prieuré de Sion qu’en 1956, date à laquelle il se déclara à la préfecture de Haute-Savoie. Aussi ce mythe de la survivance des Mérovingiens semble avoir existé auparavant, qu’Hergé s’en soit servi comme argument transfiguré dans sa bande dessinée, pour s’en moquer ou non. Mais que des éléments des nonagones se retrouvent dans son œuvre indiqueraient qu’il y était plutôt initié et qu’il considérait que cette survivance devait rester secrète comme le fils du Soleil fait promettre à Tintin qu’il ne dévoilera jamais ce qu’il a su.
Est-ce un hasard si le Prieuré de Sion fut enregistré à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois fut domicilié à Annemasse, dans le cercle templier de Savoie ? Promoteur de la lignée mérovingienne il défend sa cause avec des documents qu’il voudrait authentiques. « La thèse du Prieuré de Sion, quel que soit réellement ce Prieuré, repose nécessairement sur quelque chose, même si certains documents présentés paraissent peu dignes de foi. [3]» Une part de vérité semble persister malgré tout avec les tracés des nonagones qui indiquent un rapport entre des événements séparés dans le temps sans lien apparent.
Notes
Que les « mondes souterrains » aient intéressé Hergé semble évident tant les vignettes consacrées aux caves, souterrains, grottes abondent. On peut penser que cela est lié en partie à ses lectures de C.G. Jung.
Tintin au Pays des Soviets
Page 98 Le repaire des bolcheviques est installé sous une cabane dans la steppe désertique et enneigée, où il emmagasine toutes leurs richesses dont ils privent leur peuple.
Tintin en Amérique
Page 5 : Tintin est kidnappé par une trappe qui s’ouvre dans le trottoir de Chicago.
Pages 23-28 : Il échappe à Bobby Smiles en tombant d’une falaise et se retrouve sur un repli de terrain sur lequel donne un souterrain conduisant à une grotte ornée de dessins.
Pages 50-51 : Des personnalités et Milou sont retenues après avoir été kidnappés dans les oubliettes d’un château médiéval reconstitué.
Cigares des Pharaons :
Pages 6-9 : Le tombeau de Kih-Oskh est enterré sous le sable.
Pages 53-57 : Le centre des trafiquants en Inde se trouve sous le palais du Maharadjah de Rawhajpoutalah.
Le Lotus Bleu
Pages 56-59 : Repaire de Rastapapoulos installé sous la fumerie d’opium du Lotus Bleu.
Le Sceptre d’Ottokar
Page 61 : Tintin apprend que le véritable professeur Halambique a été retenu prisonnier dans une cave depuis quelques semaines.
Le Crabe aux pinces d’or
Pages 51-56 : C’est dans une cave à vin de Bagghar que sont entreposées les boîtes de crabes contenant l’opium.
Le Trésor de Rakham le Rouge
Pages 60-61 : On retrouve la crypte du Trésor de la Licorne où est caché le trésor dans un globe de pierre au pied de saint Jean.
Le Temple du Soleil
Pages 43-46 : C’est sous la cascade qu’est creusé un souterrain parsemé de momies et de mobilier funéraire qui conduit au Temple du Soleil.
Page 55 : les Dupondt à la recherche de Tintin et de ses amis descendent jusque dans une mine indéterminée.
Pages 61-62 : C’est dans les profondeurs du Temple qu’est entreposé le Trésor des Incas.
Tintin au pays de l’Or Noir
Pages 48-54 : Le docteur Müller s’est installé dans une forteresse sur un piton rocheux à Wadesha et a aménagé dans les sous-sols un Decauville digne de la ligne Maginot.
On a marché sur la Lune
Pages 35-38 : Tintin et le Capitaine Haddock découvrent une magnifique grotte avec stalagmites et stalactites, et au fond un gouffre rempli de glace.
Coke en stock
Pages 28-32 : Ben Kalish Ezab s’est réfugié après le coup d’Etat de Sheik Bab El Ehr dans une ville qui ressemble fort à Pétra, creusée dans la montagne.
Tintin au Tibet
Page 30 : C’est dans une grotte de glace que Tchang a gravé son nom à l’intention d’hypothétiques sauveteurs.
Pages 31-33 : Tintin tombe dans une profonde crevasse.
Vol 714 pour Sidney
Pages 38-55 : Tintin est guidé par des voix à travers une grotte où a été aménagé un temple à la gloire des extra terrestres.
On pourra remarquer que le temps passant les mondes souterrains prennent une connotation positive, devenant lieux recelant des trésors (Temple du soleil), refuges (Tibet, Vol 714) - l’Or noir dénote mais il fut préparé bien avant sa parution - alors qu’auparavant en général ce n’était que repère de brigands (sauf peut-être pour la caverne indienne dans Tintin en Amérique, mais Tintin y est attaché à un poteau en attendant d’être supplicié).
[1] Jean Racine, « Ecrits d’Uzès », Préface de Rose Vincent, A la croisée, p. 117-118
[2] Antoine Faivre, « L’ésotérisme », PUF, p. 61
[3] Jean Markale, « Gisors et l’énigme des Templiers », Pygmalion, p. 88