Et si c'est pô ça, on aura appris des choses quand même
Rupert Rideec
Le chemin de Croix
Station I : Jésus est condamné à mort
Station II : Jésus est chargé de sa croix
Station III : Jésus tombe une première foi
Station IV : Jésus rencontre sa mère
Station V : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
Station VI : Une femme essuie le visage de Jésus
Station VII : Jésus tombe une deuxième fois
Station VIII : Jésus console les femmes de Jérusalem
Station IX : Jésus tombe une troisième fois
Station X : Jésus est dépouillé de ses vêtements
Station XI : Jésus est cloué à la croix
Station XII : Jésus meurt sur la croix
Station XIII : Jésus est descendu de la croix et rendu à sa mère
Station XIV : Jésus est mis au tombeau
Poursuivant sur la croix d'Huriel, l'idée est d'associer le chemin de croix au signe de croix en 14 étapes.
À partir du septième siècle, les chrétiens en Orient (le monde grec) et en Occident (le monde latin) se signent avec trois doigts. Exactement, comme se signent encore aujourd'hui les chrétiens orthodoxes. À partir du XIIe siècle et le schisme entre chrétiens orthodoxes et catholiques, le catholicisme fait évoluer le signe de croix (on ne signe ne plus avec trois doigts mais avec la main), pour les catholiques. Les orthodoxes continuant de se signer avec trois doigts.
Nous emprunterons à un chapitre de Guillaume Durand ce qu'il y a de pratique dans la matière qui nous occupe : « Le signe de la croix doit se faire avec trois doigts, parce qu'on le dessine en invoquant la Trinité. Aussitôt apres l'invocation de la Trinité, on peut dire ce verset : « Seigneur, faites avec moi un signe pour mon bien, afin que ceux qui me haïssent le voient et soient confondus, parce que, Seigneur, vous m'avez secouru et consolé. » Quelques-uns se signent depuis le front jusqu'en bas, pour exprimer mystérieusement que Dieu, ayant abaissé les cieux, descendit en terre. Ensuite ils vont de la droite à la gauche, premièrement pour montrer qu'ils préfèrent les choses éternelles, désignées par la droite, aux temporelles, signifiées par la gauche; secondement pour rappeler que le Christ a passé des Juifs aux gentils; troisièmement, parce que le Christ venu de la droite, c'est-à -dire de son Père, a vaincu sur la croix le diable, qui est désigné par la gauche, etc. Mais d'autres, faisant le signe de la croix de gauche à droite, s'autorisent de ce texte : « Il sort du Père, il descend jusqu'aux enfers et revient au trône de Dieu. » (Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel, Volume 5, 1869 - books.google.fr, Guillaume Durand, Rational ou Manuel des divins offices, traduit par Charles Barthélemy, Tome III, 1854 - books.google.fr).
Guy de Bayso, canoniste médiéval surnommé l'Archidiacre, écrit dans sa Glose sur le décret de Gratien : "Quoique certains fassent le contraire, il faut, lorsqu'on retrace la représentation du crucifiement du Christ infronte, achever la croix sur la sur la gauche : car ils crucifièrent la main droite du Seigneur avant sa main gauche... (Pierre Erny, Le signe de la croix: Histoire, ethnologie et symbolique d'un geste "total", 2007). Comme on peut le voir sur la station XI.
À partir du XIIe siècle en Occident donc dans le monde catholique, on trouve une tolérance à se signer de haut en bas puis de gauche à droite. Certains auteurs critiquent cette évolution, mais la hiérarchie de l'Eglise catholique ne la condamne pas. Mieux, petit à petit, la pratique de la signature de gauche à droite s'impose, et elle devient la norme. Les catholiques se signant de haut en bas puis de droite à gauche sont considérés comme étant dans l'erreur. Sous le faux concept, que la signature doit être faite de gauche à droite comme dans les temps antiques (fr.wikipedia.org - Signe de croix).
Ici, le signe de croix se termine à gauche à Rochemaure. Le chemin de croix est à voir en sens inverse.
Le chemin de croix de l'église sainte Marie-Madeleine de Rennes-Le-Château à fait couler beaucoup d'encre et de salive depuis de nombreuses années. Il est intéressant de remarquer qu'il est rétrogir. Ou si l'on préfère, il se déroule dans le sens opposé de ce que l'on rencontre habituellement dans les églises. A l'habitude le passage de la station I à la station II se fait dans le sens des aiguilles d'une montre ; dans le cas de l'église de Rennes-Le-Château son sens est dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (Cricri-FB, Ses travaux et ses constructions).
Marie-Joseph Chiron sur le tracé
Marie-Joseph Chiron, dit Père Marie, né le 19 novembre 1797 à Bourg-Saint-Andéol, ordonné prêtre le 27 avril 1823, fut nommé, le 6 juillet de la même année, curé de paroisse à Saint-Martin-l’Inférieur. Les quelques jeunes filles du pays qu'il détermine à se consacrer à la Sainte Vierge sont baptisées les Sainte Marie. Le 25 novembre 1824 naît la Congrégation Sainte-Marie de l’Assomption, soumis à la règle de Saint-Augustin, et dont Adélaïde Bernard (1801-1839) devient, sous le nom de Mère Agnès, la première Supérieure. Le 1er janvier 1827, le Père Chiron est nommé aumônier de la prison de Privas, où, comme souvent alors, des aliénés étaient mêlés aux prisonniers.
Le hasard d'amis communs lui fait connaître Paul de Magallon d'Argens (1784-1859), le restaurateur en France de l'ancien ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, créé par Juan Ciudad (1495-1550). Aidé par Joseph-Xavier Tissot (1780-1864), dit frère Hilarion, lui-même ancien aliéné, le R.P. de Magallon vient de fonder des hospices régionaux pour "aliénés d'esprit". Inspiré par Magallon, Chiron crée, avec les Sainte Marie venues le rejoindre, le premier asile Sainte Marie pour les femmes aliénées. C’est le début de l’Hôpital Sainte Marie de Privas, le 1er mai 1827. Son œuvre se développe, et s’ouvre en 1836 l’hôpital Sainte Marie à Clermont-Ferrand (Puy de Dôme), où frère Hilarion avait fondé un premier asile six ans auparavant.
En 1839, il installe à La Cellette (Corrèze) une communauté de frères servants dans les bâtiments qui avaient abrité un autre très éphémère asile fondé par frère Hilarion en 1831. Les bons frères de Sainte-Marie de l’Assomption y auront la charge de soigner les hommes aliénés. Près d'un siècle plus tard, leur communauté sera reçue dans le sein de l'ordre de Saint-Jean-de-Dieu (psychiatrie.histoire.free.fr - Chiron, www.ch-eygurande.fr - Presentation historique, reinedumidi.com - Chiron).
Saint Martin l'Inférieur incorporé aujourd'hui à Saint Martin de Lavezon est une commune contiguë à Rochemaure. Le centre hospitalier du pays d'Eygurande à La Cellette de Monestier-Merlines est proche de l'axe de la croix La Cassaigne - Huriel, à une quarantaine de kilomètrres de Crocq.
Certains ont cru reconnaître les traits du Père Chiron dans ceux de la statue de saint Antoine Ermite de l'église Sainte-Madeleine de Rennes-le-Château.
Les boucliers de maréchal
Le bouclier semble être un attribut des maréchaux de toutes les époques :
Longtemps on a cru que De Gaulle avait été l'épée de la France tandis que le Maréchal en était le bouclier. Une gravure de Bouteloup présente le Maréchal de Turenne couvrant de son bouclier les lys de la France. Sous l'Empire, les bâtons de maréchaux portaient l'inscription : TERROR BELLI, DECUS PACIS (Terreur pendant la guerre, bouclier pendant la paix). A Tours l'hôtel de ville est orné de la statue du maréchal Boucicaut avec bouclier et bâton par Louis Etienne Marie Albert Lefeuvre (1900).
Dans ce chemin de croix, il y a trois boucliers, deux portés haut : celui du maréchal Jean-Baptiste d'Ornano (Station II - Aubenas) chevalier du Saint-Esprit en 1919 et celui du maréchal de Saint-André (Station VI - Fronsac) ou du maréchal de Richelieu chevalier du Saint-Esprit en 1729 ; et celui sous le pied d'un soldat du maréchal Henri de Turenne (protestant) ou de son fils maréchal converti au catholicisme sur le tard qui ne sera jamais chevalier de l'ordre de Saint-Esprit (Station X - Crocq).
Station I - Rochemaure
Pilate et le Rhône
En quittant la station de Saint-Vallier, au delà d'un tunnel de 190 mètres, on franchit la Galaure sur un pont d'une seule arche de 30 mètres, et l'on s'éloigne du Rhône sur la rive droite duquel s'élève Ozon (belles vues); mais on ne tarde pas à le rejoindre à l'entrée d'une petite vallée arrosée par le ruisseau des Planards, près du village de Ponsas (470 hab.), que dominent les ruines du château Pilate, dans lequel fut, dit-on, enfermé ce gouverneur de la Judée (Ad Joanne, J. Ferrand, De Lyon à la méditerranée, 1866).
Les Origines de Fontager sont très Anciennes,On trouve encore sur place des vestiges remontants au V ème siècle avant Jésus-Christ et débris de poterie ayant bientôt 4000 ans d’âge. En effet, idéalement placé aux bords du Rhône, voie naturelle des infiltrations au cours des âges, Fontager a été de tout temps une étape renommée. La légende attachée au Château de Fontager veut que Ponce Pilate ait vécu dans ce lieu. D’ après Eusèbe de Césarée, historien chrétien de la fin du III ème siècle, Ponce Pilate fut envoyé en disgrâce dans la Gaule en l’an 37. Il fut gouverneur de la ville de Vienne et on raconte qu’il se suicida en l’an 39 en se jetant d’une tour dans le Rhône. Certains ont reconnu cette tour à Vienne, d’autres à Fontager (chateau-de-fontager.com - Château).
D'autres récits racontent qu'il se serait suicidé dans le Rhône à Vienne. Un monument de la ville, la « tombe de Pilate », en fait un monument marquant le centre du cirque romain, évoquerait ce récit. D'autres attribuent aussi le nom du massif du Pilat, qui commence à Vienne, à cette origine.
La plate-forme sur lequel pose le pied le négrillon
Cette petite ville est bâtie avec des matériaux dont les volcans voisins, éteints maintenant, ont fait autrefois tous les frais d'extraction. Elle est dominée par les ruines imposantes d'un vieux château féodal, dont la plate-forme est riche en points de vue magnifiques et variés (Jules Verne, Théophile Lavallée, Charles Ernest Clerget, Edouard Riou, Géographie illustrée de la France et de ses colonies, 1868).
Montons à deux cents mètres sur la plate-forme de ce roc qui porte les restes du château de Rochemaure (Mme Amable Tastu, Sabine-Casimir-Amable Voiart Tastu, Voyage en France, 1846).
Aussi, des ruines féodales importantes y apparaissent-elles encore au-dessus de Rochemaure et du Teil. C'est le château de Rochemaure qui paraît avoir tenu le plus grand rôle et qui est probablement le plus ancien. Ce lieu, écrit A. Mazon, est sans contredit un des plus pittoresques de l'Ardèche, par l'imposant aspect des ruines de son vieux castrum, adossé... à un dyke volcanique, dont son château couvre la plateforme et d'où s'élance une aiguille basaltique au sommet de laquelle a été jeté hardiment le fort (Hubert Cleu, La rivière Ardèche: géographie, géologie, histoire, 1972).
Après avoir gravi les quatre-vingts marches d'un escalier taillé dans les fissures du rocher, on arrive à la plate-forme qui sert do couronnement au donjon (Victor Adolphe Malte-Brun, La France illustrée: Géographie, histoire, administration et statistique, Volume 1, 1855).
Rochemaure la noire
La ville de Rochemaure porte les armoiries ci-après : Rochemaure ! « Rocho-Mauro la Negro » « Rochemaure la Noire », « la Gardienne du Rhône »
Un lion ailé à Rochemaure
Au nord-ouest de la chapelle des Anges de Rochemaure, c'est le lion ailé représentant saint Marc.
Station II - Aubenas
Aubenas est un chef-lieu de canton du département de l’Ardèche ; la vieille ville est perché sur un rocher calcaire dominant la vallée de l’Ardèche et est elle-même dominée par le château. Au pied du rocher passe la route du Puy-en-Velay à Montélimar : Aubenas est donc un point stratégique.
Il n’est donc pas étonnant que cette position ait été l’objet d’une rivalité prolongée entre les évêques de Viviers et ceux du Puy. L’évêque du Puy Adhémar de Monteil (1082 - 1098) l’emporte au XI° siècle et en 1084 inféode la place aux seigneurs de Montlaur.
C'est, selon certains auteurs, Adhémar qui porte la relique de la sainte lance lors du siège d'Antioche en 1098.
Le château est tenu au XIII° et XIV° siècles par la famille Allard, vassaux des sires de Montlaur, qui recupèrent ensuite la seigneurie. Ils ont fait allégeance au roi Philippe le Hardi en 1272 pour leurs possessions en Vivarais. Ils ont aussi des biens importants en Velay, Gévaudan et Uzège (région d’Uzès). Pons de Montlaur est gardiateur de Lyon en 1292-93 avant d’être sénéchal d’Agen en 1297.
Le château est dominé par un haut donjon carré remontant probablement au XIIIème siècle, muni de poivrières aux angles. Le bourg se serre autour du château comme encore aujourd’hui. Le château est complété et l’enceinte urbaine construite par le dernier des Montlaur, Louis (1397-1441) qui assite au couronnement de Charles VII à Reims. A sa mort la baronnie revient à sa fille épouse d’un dauphinois le sire de Maubec : les Maubec de Montlaur poursuivent l’embellissement (tour escalier du château) de 1441 à 1551. A cette date la seigneurie passe par mariage aux Raymond de Mourmoiron, barons de Modène jusqu’en 1611. Les arcades de la cour datent de cette époque, mais ville et château sont pris et repris au cours des Guerres de Religion : ils sont en triste état à la fin du XVIème siècle (Jean Charay - Une ville château, Aubenas en Vivarais - Lecuyer 1960).
Le bouclier de maréchal
Marie de Modène-Montlaur apporte Aubenas à son époux Jean-Baptiste d’Ornano. Ce dernier est le fils aîné du maréchal Alphonse d’Ornano (1548-1610), d’origine corse, gouverneur du Dauphiné sous Henri IV. La carrière du jeune Ornano sera courte ; en 1626 il est nommé maréchal de France, mais est aussitôt compromis dans les intrigues de Gaston d’Orléans frère de Louis XIII et arrêté : il meurt en prison avant la fin de l’année. Des Ornano datent les échauguettes du donjon, le portail à bossages de la façade et la terrasse de l’ouest. La veuve de Jean-Baptiste, la "maréchale d’Ornano" (+1672) fait établir un mausolée pour son mari et elle-même à Aubenas sous le dôme St-Benoit à l’époque chapelle de bénédictines. Elle promeut les eaux de Vals et lègue Aubenas à sa nièce Anne d’Ornano (fille de sa soeur Marguerite et Henri-François d’Ornano frère de Jean-Baptiste) et épouse de François de Lorraine-Elbeuf comte d’Harcourt. Un de leurs descendants vendra Aubenas aux Voguë (1716-1792) qui font établir les portes jumelles de la façade, l’escalier et les boiseries des salons (Jean Charay - Une ville château, Aubenas en Vivarais - Lecuyer 1960).
Sur une représentation, le blason du Maréchal Jean-Baptiste d'Ornano était entouré des colliers de l'ordre de Saint-Michel et de l'ordre du Saint-Esprit et surmonté d'une couronne de marquis ; l'ensemble est lui-même surmonté d'un casque taré de front, orné d'une couronne de marquis et de lambrequins de feuillages. C'est peut-être le casque doré tombé sur le sol de cette station.
On peut encore admirer le mausolée d'Ornano, mutilé mais impressionnant, au Dôme Saint-Benoît, ancienne chapelle des Bénédictines d'Aubenas, construite au temps de l'abbesse Louis-Jacqueline du Roure (1712-1744). Ce dôme est peut-être celui de cette station mais le mausolée du maréchal d'Ornano ne fut transféré du château au dôme qu'en 1965. Le mausolée est l'objet d'un projet de restauration dont fait partie un casque et une couronne, en 1838.
En 1612, deux ans après sa mort, on frappa une médaille à la mémoire du Maréchal Alphonse d'Ornano, à la demande sans doute de Jean-Baptiste d'Ornano, son fils aîné. Cette médaille fut gravée par Giovanni Paolo. Un exemplaire, qui a malheureusement souffert, en est conservé au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale (vitrine XC III, bronze, 108 mm). A l'avers, le Maréchal est représenté en buste à mi-corps à gauche, la tête nue, revêtu d'une cuirasse, sur laquelle il porte le cordon et la croix de Chevalier du Saint-Esprit ; il tient dans sa main droite le bâton de Maréchal de France. Inscription : ALFONSE.DORNANO.MARESCHAL.DE.FRANCE. Au revers, figure un guerrier vêtu à l'antique, debout devant un autel allumé ; il pose sa main droite sur un bouclier et il tient de sa main gauche une lance. Inscription : INSIGNIS.PIETATE.ETARMIS.1612. (Illustre par sa piété et ses exploits). Sur la base de l'autel, on lit : POL... FECIT (Jean Canault, Vie du maréchal Alphonse d'Ornano, 1975).
Un autre bouclier
En ce qui concerne les croisades, on sait pertinemment que de nombreux seigneurs vivarois y participèrent. Celui qui y trouva la carrière la plus prestigieuse fut Eustache d'Agrain des Hubas, compagnon de Godefroy de Bouillon à la première croisade, qui fut surnommé « le Bouclier de la Palestine » et fut, pendant la première croisade, prince de Sidon et de Césarée, connétable et vice-roi de Jérusalem. Il était parti de Languedoc, en 1096, avec Raymond, comte de Toulouse, qui conduisait une armée forte de cent mille croisés, à la tête desquels on voyait les plus illustres chevaliers du temps. Les brillants exploits de d'Agrain lui méritèrent, du roi Baudouin , les dignités dont nous venons de parier, et, de plus, la souveraineté de Sidon et de Césarée, qu'il transmit à ses enfants. Ce monarque ayant été pris dans une embuscade, le patriarche et les généraux de l'armée élurent d'Agrain, vice-roi d'Acre ; et les succès qu'il obtint contre le soudan d'Egypte, le firent surnommer l'épée et le bouclier de la Palestine (Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 1, 1811).
Les Hubas se trouvent à Saint-Etienne de Lugdarès, sur l'axe de la croix Rochemaure - Fronsac. C'est le lieu de la première agression de la bête du Gévaudan en 1764. Que le héros du Pacte des Loups, réalisé par Christophe Gans en 2001 avec Samuel Le Bihan, s'appelle Fronsac est curieux.
Les Agrains sont particulièrement concernés par l'affaire de la Bête puisque la première victime, Jeanne Boulet - 14 ans -, tuée par le monstre, à 3 lieues de Langogne le 3 juillet, était originaire des Hubas, près de Saint-Etienne de Lugdarès. Or Les Hubas sont le siège de la famille des Agrains des Hubas.
Les Volontaires de Soubise sont un régiment fondé en 1762 et seront envoyés en 1765 chasser la bête. Ce Soubise est Charles de Rohan, prince de Soubise, baron de Rochemaure du mois de mai 1724 jusqu'en avril 1784 (La Bête du Gévaudan).
Station III - Marcolès
Coquillage
Le buccin et le casque blanc (que porte un soldat de la station) sont des noms de coquillages : bulot et murex.
Les autres turbinées qu'on mangeait, étaient l'animal qui donne la pourpre, murex brandaris, divers Strombus, des rochers, la trompette, murex tritonis, Lin., ou la conque des Tritons, donne une chair dure ; le gyrin, ou murex gyrinus ; peut-être celui-ci est-il le murex de la côte de Baïes (Julien-Joseph Virey, Du régime alimentaire des anciens: et des résultats de la difference de leur nourriture avec celle des modernes, 1813).
Tous coquillages dont on tire la pourpre ou pierre rouge comme Jean de Roquetaillade, né à Marcolès, l'indique dans ses écrits (Livre de la quintessence, Liber luci).
Jean de Roquetaillade, né vers 1310 à Marcolès, religieux franciscain du couvent d'Aurillac, visionnaire, alchimiste et contestataire de la papauté d'Avignon. Il a laissé une œuvre assez considérable sur les astres, le ciel, les métaux, la médecine etc. Il est le théoricien de la « quintessence », substance subtile de tous les minéraux qu’il dit obtenir par distillations répétées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de prédictions sur l'avenir de l'Église et du monde politique de son temps. Il passa une grande partie de sa vie en prison religieuse et mourut à Avignon en 1364
La famille de Conquans est de vieille noblesse implantée depuis "la nuit des temps" en Haute-Auvergne. C'est aussi celle qui a le plus essaimé dans toutes les couches de la société. Le château de la Morétie, ancien châteaut-tour englobé dans une construction plus récente, appartenait à la famille de Conquans, lieu de naissance du général d'Estaing, général de Napoléon I, mort en duel, dont le nom est inscrit sur l'Arc de Trimphe de l'Etoile à Paris
Lieu d'un vicus où Saint Géraud d'Aurillac venait rendre la justice, "die Mercoris", près d'un ancien lieu de culte païen, sans doute un temple à Mercure (fr.wikipedia.org - Marcolès).
Les emblêmes traditionnels de Mercure sont la coquille, le casque ailé, le caducée.
Comme la Pierre Philosophale, comme le cinabre, sulfure de Mercure des alchimistes, C’est le pourpre, du latin purpurea, pur du pur, feu du feu, qui marque la perfection absolue.
Disons d'abord que X a comme correspondance grecque le c (soit chi), l'initiale des mots creuset, or, et temps, de même que Christ. On peut en rapprocher la croix de Saint-André X dont le résultat est cet entre-croisement qui signale [qui signe de ce scel] la préparation canonique du dissolvant.
La mérelle est l'une des inconnues du problème : il s'agit d'une coquille (testa = tuile, vase en terre cuite, écaille, carapace de tortue mais aussi concha = coquillage d'où l'on tire la pourpre de Cassius (1, 2, 3) ; calyx = coquille, carapace, corolle des fleurs). C'est aussi une ammonite (pour Jupiter Ammon). Elle désigne aussi un métier, celui d'enlumineur (argent en coquille) et elle est enfin assimilée à la mère de la lumière (DM, I, p. 414). Fulcanelli nous décrit bien sûr la mérelle de Compostelle (Myst., p.179) dont la symbolique renvoie au Mercure, voyageur ou pèlerin. Dans les DM, I, p. 339, la coquille Saint-Jacques, appelée aussi bénitier, est décrite comme le qualificatif appliqué à l'eau mercurielle (herve.delboy.perso.sfr.fr - Philalèthe).
Le cuir du fouet
Le fouet que tient le soldat romain est fait de lanières de cuir.
Des allers et venues étaient donc choses courantes entre Marcolès et Conques pour ces marchands du cuir. D’ailleurs le grand-père de la mariée, Bernard Boutaric, auparavant tanneur à Conques, avait lui-même tracé la voie en allant se marier et s’implanter à Marcolès, dès 1684, avec une fille Poncely de Marcolès dont le père était qualifié de « Maître-tanneur ». Avec d’abord les Poncely, puis les Boutaric et enfin les Falissard, nous avons là , trois familles distinctes de tanneurs qui se sont succédées en seulement quatre générations.
Sur les 21 moulins de Marcolès recensés à ce jour, un autre servait aussi au broyage des écorces de chênes pour le tannage : le moulin à tan du domaine de Croûtes. Il était en service à la même époque et se situait encore plus en aval sur cette rivière Rance, au lieu dit le Pont-Noir, entre le moulin du Carmentraire (disparu vers 1900) et le ‘Moulet del Prat’. En 1792 Mr d’Humières en était le propriétaire (voir son emplacement en encadré sur la carte). Tous ces moulins étaient uniquement « à eau », réparties sur huit cours d’eau de Marcolès, lesquelles se jettent tous dans la Rance, puis le Célé (Philippe Gautreau, Une famille de tanneurs).
Station IV - Rocamadour
Pour les stations de ses chemins de croix, Bernard Giscard [de la Maison Giscard, fabricant de mobilier religieux] s’inspira entre autres des petits monuments ornés de bas-reliefs formant le chemin de croix de Rocamadour (regardsdupilat.free.fr - Tarentaise).
Véronique et Zachée
Le premier qui ait fait mention de notre pèlerinage et de saint Amadour, qui lui a donné son nom, est le célèbre saint Antonin, archevêque de Florence, dans le livre de ses Chroniques. Nous rapporterons ici ses propres paroles: « Martial, cousin d'Etienne, premier martyr, n'étant encore âgé que de quinze ans, fut, d'après l'ordre de Jésus-Christ, baptisé par le bienheureux Pierre avec ses parents, et admis au nombre des soixante-douze disciples de notre Seigneur, auquel il demeura continuellement attaché. On prétend que c'est l'enfant qui avait les cinq pains d'orge et les deux poissons multipliés par Notre-Seigneur, ainsi qu'il est rapporté au sixième chapitre de saint Jean. Il vint à Rome avec le bienheureux Pierre, apôtre, et fut par lui envoyé en Gaule, ayant dans sa compagnie Amateur et Véronique son épouse, qui fut familière et amie de cœur avec la vierge Marie. Or, ce Zachée se consacra à la vie solitaire sur une roche appelée aujourd'hui Roc d'Amadour, et y finit ses jours. Quant à Véronique, elle suivit saint Martial dans ses prédications, et vint au territoire Bordelais, où elle atteignit une grande vieillesse. Le bienheureux Martial, primat de toute l'Aquitaine, éleva en ce lieu un autel à la bienheureuse Vierge Marie/
Saint Amadour avait été d'abord au service de la sainte Vierge Marie avec la fonction de porter et de nourrir son divin enfant. Devenu plus tard disciple de Jésus, sous le nom de Zachée, il le reçut dans sa maison ainsi qu'il est rapporté dans l'Évangile; après la mort du Sauveur, il s'attacha de nouveau au service de sa divine mère avec sainte Véronique son épouse, ta même qui fut guérie d'un flux de sang et présenta à Jésus-Christ, sur le chemin du Calvaire, un linge où s'imprima en caractères sanglants sa face adorable. Persécuté par Saûl, après le martyre de saint Etienne, et privé par le miracle de l'Assomption de la présence visible de son auguste maîtresse, il quitta la Palestine sur l'ordre qu'elle lui en donna dans une vision et s'embarqua dans une nacelle avec sa femme Véronique, se livrant à la merci des flots, résolu de s'arrêter où son petit vaisseau prendrait terre. Il traversa la Méditerranée, entra dans l'Océan et aborda enfin à la côte de Mcdoc , an lieu appelé Pas de Grave. Zachée et Véronique s'établirent aux environs.
Instruits que saint Martial était en Aquitaine, ils furent voir cet apôtre des Gaules qui, quelque temps après, consacra près de leur demeure un oratoire en l'honneur de saint Etienne. Les vertus et la piété de ces deux étrangers leur concilièrent l'amour et la vénération des peuples. Ils convertirent plusieurs personnes à la foi, et dans le nombre un grand seigneur du pays. Saint Martial conféra le baptême à ce néophyte; en même temps il ordonna à Zachée d'aller à Rome pour rendre compte à saint Pierre du succès de ses prédications en Aquitaine. Zachée obéit, et fut deux ans à Rome auprès de saint Pierre dont il vit le martyre. Il revint alors trouver sa femme Véronique, rapportant avec lui de précieuses reliques, et particulièrement du sang de saint Etienne et de saint Pierre, et même une chemise de la très Sainte-Vierge, comme on le lisait autrefois dans les leçons de la fête de saint Amadour. Pendant son absence son épouse s'était retirée au lieu de Soiac où elle mourut bientôt après. Zachée revint à sa première demeure où il bâtit deux églises en l'honneur de la Sainte-Vierge et de saint Pierre qu'il avait vu mourir.
Résolu depuis à passer ses jours dans la solitude, il vint dans le Quercy, et choisit sa demeure dans un lieu affreux, plein de bêtes féroces qu'il chassa par ses prières. il y construisit une église en l'honneur de la SainteVierge x, saint Martial la bénit à l'époque d'une visite qu'il fit à son ami dans sa nouvelle retraite. Ce fut alors que Zachée fut appelé Amadour, quasi amator solitudinis, comme qui dirait amateur de la solitude (Armand Benjamin Caillau, Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Roc-Amadour, 1834, Double Zachée).
A Rocamadour, derrière l'autel, on trouve une imitation de tour analogue, mais beaucoup plus grande et cette fois taillée dans le roc.
Le cerf-volant
Un jeune noble de Montpeyroux chassait le cerf. Il avait forcé la bête et cherchait à écarter ses chiens à force de menaces et de coups, quand l'un d'eux, le plus acharné, saute sur lui et le mord au bras. Il éprouva une telle douleur, non-seulement au bras, mais dans tout le côté droit qui enfla, qu'il crut qu'il allait mourir à l'instant. On le rapporta au château. Tous doutaient de sa guérison car aucun remède ne pouvait le soulager. Mais lui ne cessait pas de prier la Bienheureuse Vierge. Voulant cependant mourir chez lui, il se fit hisser sur un cheval et, soutenu de chaque côté par ses serviteurs, il prit la route de la Bienheureuse Marie de Rocamadour. Son bras était soutenu par une bande de toile attachée à son cou, il y ressentait toujours une douleur indicible. Cependant, soit que cette douleur s'apaisât un peu, soit fatigué de la route, il s'endormit sur son cheval. Et dans une vision, la Bienheureuse Vierge se tint devant lui, lui ordonnant de détacher son bras et l'assurait qu'il était guéri. Il s'éveilla aussitôt et se sentit guéri en effet ; il fit part à ses compagnons de la vision qu'il avait eue et arriva tout joyeux à l'église où il raconta le miracle.
En 1427, dans une supplique faite au nom du roi de France Charles VII et de la reine Marie, et adressée au pape Martin V pour la demande d'un Pardon exceptionnel à Rocamadour, il est identifié à Zachée, le percepteur d'impôts honnête que les récits évangéliques nous présentent comme un homme de petite taille grimpé dans un sycomore pour voir passer Jésus (Noëlle Godin, Joseph Godin, Rocamadour, 1982).
Enfin, par un monument qui ne souffre pas de discussion. Nous parlions de la bulle donnée avec indulgence, en faveur de la chapelle de Rocamadour, par le pape Martin V, l'an 10 de son pontificat, c'est-à -dire en 1427, « Martin, serviteur des serviteurs de Dieu. — Par le témoignage de notre très illustre fils en Jésus-Christ, Charles, roi de France et de notre frès chère fille en Jésus-Christ, Marie, reine de France, nous avons appris que la chapelle de la glorieuse Yierge Marie, à Rocamadour, diocèse de Cahors, a été construite dés les premiers jours du christianisme, par Zachée, disciple de notre Sauveur, appelé aujourd'hui Amateur, dont le corps, comme on nous l'écrit, y repose entouré de vénération; que cette chapelle construite en l'honneur et sous le vocable de la glorieuse Yierge a été dédiée par saint Martial; qu'elle est merveilleusement riche de reliques et de joyaux de la Sainte Yierge, puissante cause de dévotion; en sorte que, dès l'antiquité, une multitude de fidèles, des différentes parties du monde, ont coutume de s'y rendre, bien que dans derniers temps, à cause des guerres et des pertes dont ces pays ont été affligés, l'accès désiré à la dite chapelle n'ait pas été libre, etc." Ce roi est Charles VII. Ainsi, ce prince, aux prises avec les Anglais qui lui disputaient le dernier lambeau de son royaume, n'oubliait pas d'appeler à son aide un des puissants protecteurs de la France (Mgr Jean-Joseph Gaume, Biographies Evangeliques, 1881).
Les soleils d'or, les cerfs ailés et la couleur rouge sont en effet tous relatifs au roi Charles VII, ou un cerf ailé ou cerf-volant, orné ou non d'une ceinture portant le mot « Espérance ».
Dans la Ballade du sacre de Reims (1429), le roi est assimilé à un « noble cerf volant » « qui vient régner comme fort et puissant en la forêt de son noble domaine » ; on trouve encore le cerf comme incarnation du roi sous la plume de Christine de Pisan (Nicole Hochner, Louis XII, 2006).
Zachée et le cerf
Ne séparons pas de l'humilité du Centenier le saint empressement de Zachée ; qui ne dira avec David: un cerf altéré ne court pas avec plus de vitesse vers une eau vive [Psaume 41, 1], que je n'ai d'empressement à me rendre au pied des saints Autels ? (Athenase René Mérault de Bizy, Abrégé de l'enseignement de la religion, 1838).
Zachée a un désir ardent de voir Jesus... Comme le cerf alteré souhaite trouver une source d'eau claire; ainsi, mon Dieu , mon ame soupire après vous. Jesus vit Zachée tnonté sur l'arbre , & lui dit; Descendez vîte ; car il faut que je loge aujourd'hui chez vous. Zachée descendit au même instant ; & transporté de joie , il recut Jesus chez lui (Nicolas Sanadon, Retraites spirituelles: propres aux communautez religieuses, 1728).
Alvignac, près de Rocamadour, possède l'église Sainte-Madeleine, comme Madeleine est proche de Marie.
Station V - Carsac de Gurson
Dans le chœur de l’église de Carsac-de-Gurson sont, au XVe siècle, percées deux minuscules absidioles, cachées par un important retable en bois sculpté daté de 1714. Il est l’œuvre d’un sculpteur de Gourdon, Mathieu Durand, et coûte à l’époque 509 livres. On pense qu’il est dû à une libéralité du duc de Foix, dernier comte de Gurson de sa lignée, mort cette même année. Ne figurant pas dans son testament, ce don ne peut être fait que de son vivant. Deux grandes statues en bois polychrome de saint Pierre et de saint Paul ainsi qu’une petite de sainte Radegonde font partie du retable. Le pendant de cette dernière, un saint Roch, a été volé. Une grande toile représentant le Sacré-Cœur occupe le centre du retable. Elle remplace, vers 1900, la toile d’origine représentant un Christ en croix avec les saintes femmes. Cette dernière, très endommagée et incomplète, se trouve au musée de Villefranche (visites.aquitaine.fr - Retable de l'église Saint-Pierre de Carsac).
Cyrène
Diane de Foix avait épousé en 1579 Louis de Foix, comte de Gurson, et Montaigne, comme il l'apprend dans son De l'Institution des enfants, avait eu "grand part à la conduicte de ce mariage". La publication des dexu premiers livres des Essais date de 1580, et si d'autres parties de l'ouvrage ont été composées bien antérieurement, dès 1572, le chapitre XXV n'a pu être évidemment être écrit qu'en 1579, 1580, alors que Diane de Foix, à peine mariée, attendait la naissance de son premier enfant. On ignore d'ailleurs ce que fut cet enfant auquel Montaigne consacrait, un peu prématurément, son plan d'éducation.
Dans l'Institution, Montaigne emprunte d’Aristippe (Fondateur de l’école cyrénaïque au V° siècle av. J.-C) cette plaisante contrefinesse : «Pourquoi le délierai-je, puisque, tout lié, il m’empêche ?»
Les anecdotes concernant Aristippe de Cyrène remontent à une tradition ancienne et ce sont elles qui intéressent Montaigne. Il les trouve surtout chez Cicéron, parfois dans les Hypotyposes de Sextus Empiricus, car il ne lit Diogène Laerce qu'après 1588, mais cette lecture lui permet d'ajouter quelques anecdotes sur l'exemplaire de Bordeaux. Ainsi il aime une qui va à l'encontre de la morale traditionnelle: «Dionysius le tyran offrit à Platon une robe à la mode de Perse, longue, damasquinée et parfumée; Platon la refusa, disant qu'estant nay homme, il ne se vestiroit pas volontiers de robe de femme; mais AriStippus l'accepta, avec cette responce que nul accoutrement ne pouvoit corrompre un chaste courage. Ses amis tançoient sa lascheté de prendre si peu à cœur que Dionisius luy eust craché au visage : "Les pescheurs, dict-il, souffrent bien d'estre baignés des ondes de la mer, depuis la tesle jusqu'aux pieds, pour attraper un gouion." Diogenes lavoit ses choulx, et le voyant passer: "Si tu sçavois vivre de choulx, tu ne ferois pas la cour à un tyran". A quoy Aristippus: "Si tu sçavois vivre entre les hommes, tu ne laverois pas des choulx" (Essais, Livre II, chapitre XII)
Montaigne qui écrit dans le livre I une apologie du plaisir suggérant l'hédonisme d'un Aristippe de Cyrène ou d'un Diogène plus que la modération d'Épicure. "Il faut retenir à tout nos dents et nos griffes l'usage des plaisirs de la vie que nos ans nous arrachent des poings, les uns parès les autres" (Livre I, 39)
Cyrène est fondée par des Grecs venus, vers -630, de Théra (Santorin), sur les conseils de l'oracle de Delphes, conduits par Aristote (ou Battos Ier). Après plusieurs essais infructueux, ils s'installent en un lieu aux terres riches « où le ciel est percé » (signe de pluies abondantes). Dotée d'une constitution démocratique, après l'assassinat d'Arcésilas IV en -440, Cyrène fut, avec son port Apollonia, une ville phare de l'Antiquité pendant mille ans.
Cyrène est mentionnée dans le deuxième Livre des Macchabées, que son auteur dit avoir abrégé à partir d'un livre en cinq volumes, dû à un Juif hellénistique nommé Jason de Cyrène. Cyrène est aussi mentionnée dans les Évangiles. Simon de Cyrène porte la croix pendant la Passion (Marc 15:21). Voir aussi les Actes des Apôtres 6:9; 11:20; 13:1.
Ville de Cyrène (Libye) - Colonnade des Hermès
Quelques Figures Invariantes par Translation
Station VI - Fronsac
Sainte Véronique de Fronsac en Bretagne
Au XVIIème siècle, la seigneurie de Penhoët s'étendait alors sur huit paroisses du Léon (Saint-Thégonnec, Taulé, Plouvorn, Plougar, Guiclan, Pleyber-Christ, Plounéour-Ménez et Commana) , mais s'étendait aussi dans les évêchés de Tréguier, Vannes, Saint-Malo ainsi qu'à Fronsac en Guyenne.
L' ossuaire de Saint Thégonnec a été construit entre 1676 et 1682 par Jean Le Bescont. Dans la crypte de l'ossuaire, Mise au tombeau par Jacques Lespaignol, sculpteur à Morlaix, entre 1699 et 1702 :
Henri Moreau - fr.wikipedia.org - Saint-Thégonnec
Armand-Jean Duplessis, seigneur duc de Richelieu et de Fronsac, pair de France, chevalier d'honneur de Madame la Dauphine et seigneur était propriétaire de la Juridiction et Vicomte du Faou, Irvillac, Logonna et la Villeneuve et consentit à Lopérec " divers Contrats de féage de plusieurs piesces de terre dépendant du Nivot " au feu seigneur du Mains. Les Dangerès du Mains sont une famille du Vivarais qui portait : Echiqueté d'or et d'azur de 4 tires. Au bas du calvaire de Lopérec, en bas-relief, on trouve Notre-Seigneur portant sa croix, les quatre évangélistes, sainte Véronique et le Christ apparaissant à Madeleine. Après avoir été abattu par la tempête de 1987, le calvaire a été relevé (www.infobretagne.com - Lopérec.htm).
Soulac, là où serait mort sainte Vérobique, étant devenu pour ceux qui arrivaient par mer de Bretagne, de Normandie et d'Angleterre, l'étape d'une des voies secondaires du pèlerinage de Compostelle.
Le bouclier de maréchal
Au mois de décembre 1551, le roi, par lettres-patentes , érigea en comté, au profit de Jacques d’Albon, le vicomté de Fronsac: cette érection fut depuis changée en marquisat. En 1552, Jacques commanda l’armée avec les dues de Guise , d’Aumale et de Nevers, sous les ordres du connétable, et contribua, pour ‘une grande part, à la conquête des villes de Metz, Toul et Verdun. La défaite presque totale de l’armée de Charles-Quint, forte de cent mille hommes, fut due, en grande partie, à la valeur de Jacques d’Albon (Théodore Ogier, La France par cantons et par communes, Département de la Loire, 1856).
Le bouclier de parade du Maréchal Jacques d'Albon, dit le Maréchal de Saint André se trouve au Musée historique de Lyon (Musée Gadagne). Ce bouclier de parade en métal est orné d'un décor autrefois rehausse de dorures représentant des scènes de bataille et probablement de facture italienne. Il faisait partie de la collection de M. Comarmond de Lyon (L'art en province: histoire, littérature, voyages, Desrosiers, 1836).
Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis naît à Paris le 13 mars 1696. Arrière-petit-neveu du Cardinal de Richelieu, il porte tout d'abord le titre de duc de Fronsac. Marié à 15 ans avec Anne-Catherine de Noailles, plus âgée que lui, il multiplie les aventures galantes. Il se retrouve embastillé à trois reprises, en 1711 pour assiduités auprès de la duchesse de Bourgogne, en 1716 pour duel, et en 1719 pour sa participation au complot de Cellamare, ourdi par le roi d'Espagne. Diplomate, militaire, politique, il participe à toutes les affaires du royaume et incarne les grandeurs et misères du règne de Louis XV. Maréchal de France en 1748, après la désastreuse campagne du Hanovre il est rappelé en France pour cause de "pillages et exactions" (Nostradamus : La fortune du duc de Richelieu). Nommé gouverneur de Guyenne en 1755, il n'arrive à Bordeaux qu'en 1758, précédé par sa réputation de joueur et de libertin. Son entrée à Bordeaux, en juin 1758, s'accompagne d'un faste jamais égalé, selon certains historiens. Les jurats dépensent une somme considérable pour rénover et meubler le palais du gouvernement, future résidence du gouverneur. Sur une tribune réservée aux harangues de l'architecte Bonfin et du décorateur Camagne, trône une statue représentant Mars conquérant appuyé sur bouclier.
Désormais, il partagea son temps entre Bordeaux, Versailles et son château de Fronsac, où il reprend son existence de grand seigneur libertin (Histoire des Maires de Bordeaux, 2008).
Une coupole et une croix de Saint-André
Dans le Bordelais, les coupoles s'acclimatèrent médiocrement ; aussi rencontrons-nous peu d'églises qui en renferment sur les nefs. Les maîtres d'œuvre les montèrent tardivement ; comme cela s'est maintes fois produit, la plupart remplacèrent d'anciennes voûtes. Assez lourdement construites à Saint-Philippe d'Aiguille et à Sainte-Geneviève de Fronsac (postérieure sur pendentifs) — dépendant du monastère de femmes de Saint- Ausone d'Angoulême —, les coupoles ne sont élancées qu'à la collégiale de Saint-Émilion et à Pleineselve (Charles Daras, Les églises à file de coupoles dérivées de la cathédrale d'Angoulême en Aquitaine).
Une moulure d'imposte décorée d'une frise de Croix de saint André se trouve dans la chapelle Sainte-Geneviève de Fronsac (gael.gironde.fr).
Saint Amadour, mari de Véronique
Arrivons à Condat devant la chapelle, le nom vient du grec, signifie "confluent". Libourne en bout de course, ce confluent après celui de la Garonne et de la Dordogne, nées de la Gironde, dans l'estuaire. Condat, édifié à partir d'un camp romain, lieu chargé d'histoire, déjà présent dans les courriers d'Ausone et de Paulin, port fortifié et emplacement stratégique situé en toute fin de l'entonnoir de l'estuaire, pour surveiller celui ci, institué par Charlemagne, établi sur le tertre de Fronsac après avoir maté la révolte d'Aquitaine en 769. La petite chapelle à l'entrée de la palud ressemble à la Sainte-Chapelle de Paris, chapelle royale elle aussi, ayant bénéficié de la même restauration au XIXème par des médiévistes convaincus, élèves de Viollet-le-Duc, que les églises au Moyen âge étaient polychromes, l'intérieur et les façades, d'où voute étoilée bleutée, fleur-de-lysée, et surtout un délicieux bestiaire sculpté, 16 animaux du bestiaire chrétien, cher à François d'Assise, toute la création végétale et animale, des fleurs, des plantes, des moutons, des oiseaux, et aussi des griffons, par rangs de 4 x 4, soit seize petites sculptures en bois doré, délicieusement répartis tout autour de l'arc, jusque là invisibles à mes yeux. Comme la Sainte-Chapelle, Condat dispose de ses reliques, dans une chasse en verre, des os grisâtres, ceux de saint Amadour et un peu plus loin l'Epine, en bois noir, authentifiées en 1600 comme la centaine d'autres répertoriées dans le monde chrétien, récupérées par Charlemagne, qui sacré empereur en 800 a voulu récompenser les lieux qui ont compté pour lui, donc Condat, en leur offrant ces joyaux, le trésor de la chrétienté, les épines de la couronne du Christ. Elevons-nous nettement d'un cran, le jonc de la couronne d'épines du Christ serait lui à la Sainte-Chapelle. La vénération qui entoure à la fin du Moyen âge les saintes reliques est à l'origine de l'effervescence autour des cités les renfermant. On ne parle pas encore à l'époque de Libourne, mais donc de Condat - sans parler de Fozera, nom qui vient du mot "fougère", car marécages plein de fougères, Saint Jean de Fozera, l'église près du marché, dont les vitraux content l'histoire de la sainte épine, pendant quelques années avant de devenir Libourne, Condat sera Fozéra. Les ducs d'Aquitaine venaient en villégiature à Libourne trouver le calme et la nature, à côté d'un Bordeaux insalubre et rongé par les épidémies. En 1060, le grand père d'Aliénor c'est Guillaume VIII, l'an mil est passé et ses grandes craintes, les gens ont eu peur de la fin du monde, c'est le moment ou l'Europe se couvre d'un manteau d'églises (L'Aquaboniste atrabilaire, ou Princesse Rabiola, Visite guidée à Libourne, de la Paillette jusqu'à Condat).
Station VII - Ribérac
L'église dans le fond de la station ressemble à celle de Parcoul en Périgord, peut-être parce que Parcoul fut appelé Paracol comme un village de l'Aude : Saint-Jean de Paracol à côté de Puivert.
Eglise Saint-Martin de Parcoul est datée du XIIème. C'était un ancien prieuré de l'ordre de Saint-Benoît, dépendant de l'abbaye de Charroux, de nomination royale. De cette époque datent l'abside et la partie centrale de la nef. Le clocher porche du XIXème masque le proche du XIVème. Le portail a été remanié à partir du XIVème. Dans le vestibule, l'ancienne façade du XIV est toujours visible. A l'extérieur on peu voir l'élévation de l'église au XIXème. De l'époque romane il reste les parties basses des murs, le chevet avec les modillons ainsi que les ouvertures.
L'actuel château de Parcoul occupe le site de l'ancienne forteresse médiévale mentionnée dès 1337 lors de sa prise par les anglais et dont on devine quelques rares vestiges. A la Renaissance, le château fort incendié est remplacé par un rendez-vous de chasse destiné à François 1er. Le domaine est ensuite échangé contre la terre de Chambord qui appartenait alors au chambellan du roi, membre de la famille des Green de Marsault. Par la suite, le château de Parcoul est devenu, entre autres, propriété des Gamenson, des Maîstre et des la Bastide. C'est au 18e siècle que le rendez-vous de chasse est entièrement remanié pour offrir l'édifice visible aujourd'hui. On y remarque également quelques reprises à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle comme le pignon oriental, une des deux lucarnes et la porte d'entrée (www.actuacity.com - Château de Parcoul).
Porte du Périgord Vert, le village de Parcoul domine la vallée de la Dronne et s'ouvre sur le plateau de la forêt de la Double. Depuis les bords de Dronne, belle vue sur le château de Parcoul au sommet du coteau. Le village a conservé un plan avec des rues en damier... est ce que le village était une ancienne Bastide ?
A coup sûr, les lettres de Philippe VI ne sont pas du mois de janvier 1336 (1337, n. st.), car elles contiennent une allusion formelle à la trahison qui, vers la Toussaint 1337, livra aux Anglais la forteresse de « Paracol », située aux confins de la Saintonge et du Périgord1. Elles sont donc bien du mois de janvier 1338 (n. st.).
« Paracol » est Parcoul, Dordogne, arr. de Ribérac, cant, de Saint-Àulaye. — Voici le passage des lettres de Philippe VI qui rappelle cette trahison : « Toutevoies nous ne voulons pas que ceuls qui y sont (au Châtelet), pour le fait de Robert d'Artois, l'Ospitalier ne ses complices, ne celui ou ceuls de Paracol, ne autres, se il y en a pour cas semblable, soient délivrez... » Le château de Parcoul fut livré aux Anglais par Ernaut ou Renaud de Mirande, qui, étant tombé aux mains des Français, subit le dernier supplice avec tous les raffinements usités pour le crime de trahison (Continuatio chronici Guill. de Nangiaco, t. II, p. 157, 158; Grandes Chroniques, édit. P. Paris, V, 368, 369) (Roland Delachenal, Date de la naissance de Charles V. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 94-98.).
Jongleur
Le terme de jongleur est forgé au Moyen Âge du latin joculator (« amuseur »). Jusqu’au XIIe siècle, les « jongleurs » sont des artistes professionnels itinérants qui chantent ou récitent des œuvres littéraires ou de la poésie, composés par les troubadours et trouvères, dans les palais, les cours seigneuriales, sur les places publiques, dans les rues, les foires et marchés. Le jongleur se livre également à des manipulations d’objets, à des acrobaties (saltimbanque) et montre des animaux savants (fr.wikipedia.org - Jongleur).
www.mba-lyon.fr - Jongleur de Bourges - Maison Dumoutet, XIIème siècle
Le personnage levant le bras de cette station ressemble fort au jongleur de Bourges. Arnaut Daniel (1150-1200), né à Ribérac justement, fut un jongleur, poête, lanceur de feu. Dante, grand lecteur des poètes-chanteurs, le célèbre particulièrement, il est pour lui le plus grand, allant même jusqu'à composer des vers " à sa manière " dans Le Purgatoire, s'inspirant de l'art troubadouresque dans sa Vita Nuova.
Quand les théologiens décrivent le jongleur dans les sermons et les sommes, ils lui donnent vie à travers un corps déformé et contorsionné (Martine Clouzot, Un intermédiaire culturel au XIIIème siècle : le jongleur, 2008).
Les remparts
Libourne, bâtie dès 1268 selon le souhait d’Edouard Ier, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, par Roger de Leyburn, sénéchal d’Aquitaine, est une bastide portuaire destinée à doubler le port de Bordeaux. Les navires de haute mer pouvaient, à l’aide de la marée, remonter jusqu’à Libourne où le relais était pris ensuite par des embarcations qui remontaient la Dordogne ou l’Isle. De solides remparts entouraient la bastide ; ils étaient revêtus de pierre de taille de moyen appareil et construits avec des cailloux de lest. En 1794, la municipalité de Libourne décidait de la démolition des portes et tours considérées comme signe de la féodalité. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques pans de murs et la Porte du Grand Port (Monument Historique), seule rescapée des sept portes de Libourne qui facilitaient l’accès à la ville (www.tourisme-aquitaine.fr - Bastide de Libourne).
Station VIII - Bourganeuf
Au XVème siècle, le château comprend au centre une grosse tour carrée, corps de logis, à laquelle est accolée la Tour « Lastic ». Une muraille avec chemin de ronde, reliait la Tour Lastic à la Tour Zizim. On voit encore, à mi-hauteur, le relief de la porte qui permettait l'accès à la Tour où fut enfermé le prince Djidjim. C'est l'illustre chevalier, Jean de Lastic, élu Grand Prieur en 1427, qui fit construire la tour d'angle qui depuis garde son nom (www.le-limousin-medieval.com - Les Hospitaliers et les pèlerins à Bourganeuf).
Le petit saint Jean
Lors de la procession du Pardon de saint Jean-Baptiste (ou Fête de la Saint-Jean) le 24 juin à La Feuillée (à 10 km de Saint Thégonnec), le « Petit Saint Jean », jeune enfant de trois ou quatre ans, vêtu d'une robe du début du XXe siècle, mène, en compagnie d'un mouton dont la toison est ornée de fleurs, la procession à l'église, guidant un mouton enrubanné et fleuri. La tradition du "feu de la Saint-Jean" se maintient également (fr.wikipedia.org - La Feuillée).
Les turbans des stations IX et X
Après avoir soutenu victorieusement le siège de Rhodes, face à Mahomet II (1480), Pierre d'Aubusson sera fait cardinal en 1489. Mais, entre ces deux dates, il accueille magnifiquement le prince Zizim, fils de Mahomet II, tout d'abord à Rhodes (1482), puis à Bourganeuf (1484-1488). Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi les saintes Femmes de Chavanat sont coiffées de turbans orientaux : c'est l'un des tout premiers exemples d'une mode directement venue de Turquie :
histoirevuache.canalblog.com - Personnages marquants
L'église de Chavanat, dédiée à Saint-Jean-Baptiste, restauration d'un ancien édifice romain, abrite un remarquable groupe statuaire de calcaire. Il représente Sainte Anne, ses trois filles (les trois Marie) et ses petits enfants. La représentation de la "Sainte Parenté" est un thème peu employé en sculpture française. Le retable en bois aux colonnes torses est typiquement baroque (fr.wikipedia.org - Chavanat, www.ahun-creuse-tourisme.fr - Eglise de Chavanat).
Station IX - Huriel
Les tapisseries de la dame à la Licorne "viennent, on l’affirme, de la tour de Bourganeuf, où elles décoraient l’appartement du malheureux Zizim ; il en aurait fait présent au seigneur de Boussac, Pierre d’Aubusson, lorsqu’il quitta la prison pour aller mourir empoisonné par Alexandre VI. On a longtemps cru que ces tapisseries étaient turques. On a reconnu récemment qu’elles avaient été fabriquées à Aubusson, où on les répare maintenant. Selon les uns, le portrait de cette belle serait celui d’une esclave adorée dont Zizim aurait été forcé de se séparer en fuyant à Rhodes ; selon un de nos amis, qui est, en même temps, une des illustrations de notre province*, ce serait le portrait d’une dame de Blanchefort, nièce de Pierre d’Aubusson, qui aurait inspiré à Zizim une passion assez vive, mais qui aurait échoué dans la tentative de convertir le héros musulman au christianisme. Cette dernière version est acceptable, et voici comment j’expliquerais le fait : lesdites tentures, au lieu d’être apportées d’Orient et léguées par Zizim à Pierre d’Aubusson, auraient été fabriquées à Aubusson par l’ordre de ce dernier, et offertes à Zizim en présent pour décorer les murs de sa prison, d’où elles seraient revenues, comme un héritage naturel, prendre place au château de Boussac (Un coin de la Marche et du Berry : les tapisseries du Château de Boussac - L’Illustration (3 juillet 1847)).
La seigneurie de Boussac appartenait à la famille de Déols (parfois qualifiée de "princière", ce qui est abusif, sauf si l'on considère qu'en bas latin princeps peut tout aussi bien signifier "prince" que "seigneur"). Les descendants d'Ebbes Ier de Déols (mort vers 935) étaient en effet, à cette époque, les plus puissants féodaux du Berry. Au XIIème siècle, une alliance entre deux frères de la famille de Brosse et deux filles d'Ebbes III de Déols, mort sans postérité masculine vers 1256, fait passer la seigneurie de Boussac dans le giron de la famille de Brosse, dont le plus célèbre représentant sera Jean de Brosse, maréchal de France (1375-1433), compagnon de Jeanne d'Arc et seigneur d'Huriel.
La seigneurie de Boussac reste dans sa lignée directe jusqu'à Jean IV de Brosse, comte de Penthièvre et duc d'Étampes mort en 1565. Celui-ci fut le très complaisant époux d'Anne de Pisseleu, maîtresse de François Ier. Ses domaines, incluant le comté de Penthièvre, passent ensuite à sa sœur, Charlotte de Bretagne, épouse de Sébastien de Luxembourg, puis à leurs descendants, alliés successivement à la maison de Guise Lorraine, et à César de Bourbon, fils légitimé d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées (fr.wikipedia.org - Boussac (Creuse)).
Le cheval
Certaines foires, comme dans le canton d'Huriel la foire aux chevaux de Chambérat, le lundi suivant le 15 août, rassemblaient plusieurs milliers de personnes. On tient aussi à Chambérat une fête patronale de Saint-Marcel, signalée entr'autres jeux par des courses de chevaux exécutées par les jeunes gens à travers les rochers et les précipices (Théodore de Jolimont, L'Allier pittoresque: histoire, géographie, statistique et biographie du département, 1852).
Uriel et le cheval
A propos du cheval, on le trouve mentionné avec les noms des Archanges Michel, Gabriel et Uriel, sur une amulette contre l'envie publiée par Seyrig (1934), pp. 5-9, fig. 4. L'interprétation que celui-ci en donne (pp. 6-7) est un peu forcée. Le nom "ippos" semble plutôt être une sorte de synecdoque par laquelle on désignait Sissinios ou Salomon qui, sur de nombreuses amulettes contre l'envie, sont figurés à cheval, perçant une démone de leur lance (Jean-Benoît Clerc, Homines Magici: étude sur la sorcellerie et la magie dans la société romaine impériale, 1995).
Une amulette du musée de l'Université Américaine fait justement allusion à ce dernier saint (Sisinnius), et comme elle est inédite, l'occasion paraît bonne de la publier. Il s'agit encore une fois d'une feuille de bronze munie d'une bélière, mais ses bords sont rongés, de sorte qu'une partie de ce qui y était gravé a disparu. Les deux dernières lignes sont fort mutilées, et leur sens général m'échappe, ainsi que celui de la scène qui était gravée dans le cintre qu'elles dessinent: je distingue un buste barbu, puis un objet qui semble un fouet, et un autre objet de forme arrondie.
Quant aux deux premières lignes, elles contiennent une invocation fort curieuse où trois archanges se trouvent en une compagnie à laquelle ils ne sont pas accoutumés : Cheval, Michel, Gabriel, Uriel, au secours ! Le talisman est certainement chrétien, comme l'indique le nom de Christine, qui se lit au revers. En général, quand un nom précède celui des archanges dans une invocation de ce genre, c'est celui du Christ (Henri Seyrig, Bibliothèque archéologique et historique, Volume 125, 1985).
Le cheval et le saint esprit
Sur le Cher, dans le faubourg de la Presle (Proelium), Montluçon venait d'infliger aux Anglais une défaite, et l'on institua une confrérie du Saint-Esprit, dite des « Chevaux fugs » qui en conservait le souvenir, et dura jusqu'à la révolution de 1789.
La confrérie des Chevaux fugs célébrait cette cérémonie chaque année, à la Pentecôte. Vêtus en hommes d'armes du XIVème siècle, ils exécutaient une sorte de danse pyrrhique ; ils entrelaçaient leurs épées en cadence. Les uns tombaient à terre, comme blessés mortellement les autres prenaient la fuite. D'autres encore, qui semblaient montés sur des chevaux de carton attachés à leur ceinture, simulaient des charges de cavalerie; puis, musique en tète, ils parcouraient les rues de Montluçon, en s'arrêtant successivement chez le premier magistrat, chez les Cordeliers, qui les régalaient, à l'entrée du faubourg de Presle, et sur la place du château.
Ils poussaient même leur pointe jusqu'à Argenty et sur l'extrême frontière du Bourbonnais et de la Combraille. Le seigneur d'Argenty était dans l'usage de leur faire donner une certaine quantité d'avoine, qu'ils vendaient sur-le-champ pour en employer le produit en un festin; et, à Montluçon, les cordeliers les régalaient à leur tour (Alfred de Nore, Coutumes, Mythes et Traditions des Provinces de France, 1846).
Mise en croix, Esprit et triomphe à cheval
L'accueil du Christ est la réponse de l'homme à l'action rédemptrice : le Christ est mort en croix pour se charger de nos péchés (Ambr. in psalm. 118, 4,19 : « ut nostra delicta susciperet ») ; comme le dit Paul, « il est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Cor. 5,15). Cette méditation, si fondamentale dans la spiritualité chrétienne, sur l'accueil du Christ dans le cœur de l'homme (Eph. 3,17 ; Ambr. epist. 1 = 37 Maur., 22 : « qui Christum recipit ») est donc étroitement liée au mystère de la Croix. A celui qui l'accueille, qui le "porte" dans sa Passion, le Christ communique son "innocence" (innoxium) : pureté d'intention et rectitude morale consciente. Dans le deuxième temps de cet échange fondamental entre Dieu et l'homme (v. 7-8) celui-ci adresse à Dieu une prière d'offrande, mais aussi de demande instante et sincère pour obtenir le Saint-Esprit et devenir pleinement la demeure de Dieu. En cette troisième heure, l'homme doit revivre le mystère accompli à une autre troisième heure, celle de la Pentecôte, où les apôtres reçoivent l'Esprit Saint (act. 2,15).
La méditation d'Ambroise associe donc les deux moments étiologiques de de la prière de tierce : la mise en croix et la descente de l'Esprit. Vers 5. Suscipit indique plus qu'une simple réception. Il s'agit de "prendre" pleinement "en charge" le Christ et en particulier sa Passion et sa Croix (Lact. inst. 4,19,11 : il n' y a pas d'espérance d'immortalité pour l'homme).
Ambroise revient à l'image du Christ en Croix, présentée cette fois de manière explicitement triomphale (v. 17). Pour fonder la seconde partie de sa méditation théologique sur le mystère de la Croix - le sens profond de l'adoption de Jean par Marie, explicité dans la strophe suivante -, il s'appuie sur les paroles du Christ à sa Mère et à Jean, en les citant presque textuellement (v. 18-20). L'image du triomphe s'inscrit bien dans la spiritualité catholique romaine de l'âge théodosien. Le thème de la victoire de la Croix remonte à Paul (Col. 2,13-15) et à Jean (12,32).
Dans la mesure où triumphus conserverait quelque chose de sa valeur première ("cérémonie, célébration du triomphe"), le vers 17 pouvait évoquer pour un Romain la montée des triomphateurs au Capitole. Le Capitole était le sommet spatial et temporel de la cérémonie du triomphe, comme la Croix sur le Golgotha est le sommet spatial et temporel de la mission du Christ : triompher du péché et de la mort.
Le triomphateur chez Pline (nat. 7,27,1) est à cheval : « eques Romanus curru triumphali reuectus est » (Jacques Fontaine, Hymnes de Saint Ambroise, 1992).
Station X - Crocq
Quelques hypothèses fantaisistes ont été émises : ainsi, selon l'abbé Leclerc, Crocq serait le mot « croix » (crotz en auvergnat), que l'on retrouve dans Crouville, nom de la partie septentrionale de la colline3. En réalité, il se base uniquement sur la mauvaise latinisation de 1444 Curia croci, alors que d'après les autres formes anciennes régulièrement attestées, Crocq n'a pas de rapport avec le mot « croix », pas plus que Crouville d'ailleurs (fr.wikipedia.org - Crocq).
Cette ville n'a jamais été considérable par sa population ni par ses établissements; cependant, sa position, et un château assez bien fortifié, qui la défendait, ont dù la faire regarder dans les temps anciens comme une place de guerre importante. La tradition rapporte qu'elle doit son origine à des soldats de l'expédition de Crocus, roi des Allemands. On ne sait rien de ce qu'elle lut sous les Romains; sa position porte à croire qu'elle était une des places frontières entre les Lemovices et les Arvernes; on trouve aux environs des vestiges de monuments d'une haute antiquité, et non loin de là , dans un bois appelé le bois d'Urbe, un dolmin assez bien conservé.
On sait que Guillaume VI, Comte d'Auvergne, seigneur de Crocq, se rendit à la croisade en 1102, en revint en 1121 et mourut vers 1136. Avec Anne de Sicile, il eut un fils, Robert III, comte d'Auvergne, seigneur de Crocq de 1136 à 1145, qui, en 1140, fit bâtir le château fort d'Herment et, en 1145, son église et mourut en Palestine en 1145. Son fils Guillaume VII était avec lui et son oncle en profita pour s'emparer de ses états. Par un traité, Guillaume VII reprit la partie occidentale de l'ancien comté. Il prit les armes des Dauphins de Viennois, en mémoire de Guigues, Dauphin de Viennois, son bisaïeul. Son fils Robert Dauphin, en 1196, soutint Richard Coeur de Lion contre Philippe-Auguste.
Il bâtit le château de Crocq et il est connu pour avoir protégé les troubadours. Crocq était un village fortifié : les fortifications ont été édifiées au XIIe siècle lors de la construction du château fort. Il faisait partie d’un ensemble de sites fortifiés qui contrôlaient la route Clermont-Limoges. En 1209, le roi Philippe Auguste lui enlève Crocq qui lui est rendue en 1229.
La plupart des historiens s'accordent pour penser que la mère de Guillaume de Beaujeu, 21e maître de l'Ordre du Temple, était Catherine était petite-fille de Robert Dauphin.
La ville proprement dite fut entourée de murailles au commencement du XV siècle ; elle s'étendait vers le midi, sur le penchant de la montagne, au sommet de laquelle s'élève le château; réduite à cette enceinte, ce n'était, à proprement parler, qu'un fort correspondant a celui de Saint-Georges Nigremont, aujourd'hui détruit, et à celui de Sermur, dont la tour s'est parfaitement conservée. L'accès des murailles était défendu par un fossé large et profond qu'on voit encore, quoiqu'il soit à demi comblé. On y entrait par quatre portes.
Dès l'année 1423, les habitants de Crocq avaient obtenu la permission de clore leur ville de murailles, tours et fossés; et des lettres de Charles VII, de l'année 1426, portent affranchissement de tous subsides pour huit ans, à l'effet de leur donner les moyens de parachever les fortifications, ruinées par le passage des troupes.
En 1592, au commencement du régne de Henri IV, la ville de Crocq fut le berceau d'une insurrection qui s'étendit bientôt dans les provinces voisines, et qu'on ne put réprimer qu'avec des forces considérables, dirigées par d'habiles généraux. Les insurgés envoyaient dans les paroisses des espèces de manifestes. Les Croquants furent défaits en 1596, par Chambert ou Chamhaut, gouverneur du Limousin, aidé du sieur Alhain, gouverneur de la Marche, et du maréchal de Matignon.
Le château est rasé par Richelieu en 1630 alors que les fortifications sont tombées en ruines entre le XVe siècle et le XVIIe siècle ; elles avaient été anéanties au XIVe siècle par les Anglais après un siège de 18 mois.
L'église paroissiale de Crocq renferme le tombeau de madame de Montlaur, qui s'élève à hauteur d'appui entre une chapelle et le chœur; il est recouvert par une pierre très-large et très-unie, sur laquelle on ne trouve aucune inscription ni aucun emblème. Au-dessous de la chaire à prêcher de cette église, on remarque un phallus gravé sur une dalle de pavé; ce qui donne lieu de croire que le culte de Pan, de Faune, de Silvain ou de Satyre, a été autrefois célébré dans ce lieu.
L'église Saint Jean a été édifiée à la fin du XIIème siècle par les Hospitaliers, près de leur château. La nef comporte trois travées, la dernière est surmontée par une coupole sur pendentifs, cette nef n'a pas de bas-côté. L'édifice est sans transept, le chevet est plat. Au-dessus, le clocher est à huit pans (octogonal), il s'élève à 35 mètres de hauteur.
Jacques du Peschin meurt en 1420, mais Dauphine de Montlaur s'occupe de Crocq, fonde une vicairie en 1428, un Chapitre collégial en 1444.
Le triptyque de Crocq, dans la Creuse, est composé de 7 panneaux qui retracent la vie de saint Eloi. Les scènes sont tirées de la Vita sancti-Eligii de saint Ouen, archevêque de Rouen, ami et contemporain de saint Eloi. L’analyse des costumes, de la calligraphie, du style permet d’affirmer que ce triptyque a été réalisé entre le premier tiers et le milieu du XVI° siècle remettant en cause la thèse selon laquelle il aurait été « donné à l’église par Delphine de Montlaur, dame de Crocq, quand elle fonda le chapitre de cette ville, en 1444 ». Ce serait l’œuvre d’un artiste flamand et non pas d’un artiste italien (archives-hautevienne.com, Firmin-Didot frères, Panorama pittoresque de la France, 1839, fr.wikipedia.org - Crocq, fr.wikipedia.org - Robert Ier Dauphin, www.francebalade.com - Turenne, (www.francebalade.com - Ccreuse).
Le bouclier de maréchal
Pendant les Guerres de Religion, Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et seigneur de Crocq, tient dans la ville une importante réunion des chefs Protestants, en 1575.
A la fin du XVIème siècle, au moment des Guerres de Religion, le vicomte Henri de La Tour d'Auvergne soutient Henri de Bourbon (le futur Henri IV) et figure parmi les chefs du parti Protestant. Le vicomte de Turenne devient également duc de Bouillon et prince de Sedan dans les Ardennes par mariage avec Charlotte de La Marck en 1591, unique héritière du duché et de la principauté. Il reçoit le titre de maréchal de France en 1592. Il épouse en seconde noce Elizabeth de Nassau, de la maison d'Orange qui règne sur les Pays-Bas. Ils ont huit enfants, l'ainé est Frédéric-Maurice qui devient à son tour vicomte, il a activement participé à la Fronde contre Mazarin.
Le fils cadet du vicomte de Turenne est Henri de La Tour d'Auvergne (1611-1675), le célèbre Grand Turenne du règne de Louis XIV, il a remporté d'innombrables victoires et fut maréchal lui aussi (fr.wikipedia.org - Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon).
Le bouclier de l'Eglise
Pierre d'Aubusson s'illustre en sauvant Rhodes contre les Turcs en 1480. Plusieurs souverains le demandèrent pour le mettre à la tête de leurs armées contre Bajazet : d'Aubusson le remit par préférence entre les mains des agens d'Innocent VIII. En reconnoissance, ce pape, qui avoit donné au grand-maitre les noms de Bouclier de l'Eglise et de Libérateur de la chrétienté, l'honora de la pourpre en 1489, et renonça au droit de pourvoir aux bénéfices de l'ordre (Louis Mayeul Chaudon, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, Volume 2, 1810).
Le turban
Le Naberon, à Crocq, était la résidence du commandeur de Sainte Anne. Dans la liste des commandeurs, tous de noble extraction, on relève un nom très illustre, celui de Pierre d'Aubusson, grand-maître de l'ordre, en 1461, qui sera commandeur plus tard de Maisonnisses.
Bourganeuf est bâtie dans une position agréable, sur une éminence, près de la rive gauche du Taurion. Elle est célèbre par le séjour qu'y fit le prince Zizim, fils de Mahomet II, qui fut vaincu par Bajazet II, son frère puiné, auquel il disputa la couronne de l'empire ottoman. Le grand-maitre de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Pierre d'Aubusson , lui avait d'abord donné un asile dans l'île de Rhodes; ensuite, pour le mettre à l'abri des embûches de Bajazet, il le fit passer en France, et l'envoya au château de Rochechinard, en Dauphiné, d'où il fut transféré au grand-prieuré de Bourganeuf, dont Pierre d'Aubusson était commandeur. Zizim, arrivé dans ce lieu, y fut gardé jusqu'au moment où il fut remis, en 1489, entre les mains des agents du pape Innocent Vin. A la mort de ce pape, l'infame Alexandre VI, son successeur, au lieu de livrer Zizim au roi de France, ainsi qu'il s'y était obligé, l'empoisonna pour 300 000 ducats qu'il reçut de Bajazet. C'est à ce prince ottoman qu'on attribue la construction d'une grosse tour fort élevée qu'on remarque à Bourganeuf et qui porte son nom. Cette tour, toute revêtue de pierres taillées en bossage, est remarquable par sa forme et sa solidité; on a pratiqué dans l'épaisseur des murailles un fort bel escalier tournant, en coquille de limaçon, par lequel on monte jusqu'au sommet, qui est couronné par une plate-forme, que surmonte aujourd'hui une toiture conique. L'intérieur est divisé en six étages; au rez-de-chaussée étaient des bains que le prince Zizim avait fait construire à la manière des Orientaux (Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, 1838).
Les dés et la tunique
Il a été vu que les trois chiffres des dés avec lesquels se jouent la tunique du Christ se retrouvent dans les armes de la famille de Jean Molinet, anobli, émigrée en Espagne. Jean Molinet est l'un des derniers grands rhétoriqueurs qui s'est plu aux jeux de mots. Souvent, Molinet se joue de l'étymologie, vraie ou prétendue : l'abbaye d'Argenteuil se nomme ainsi parce qu’elle est pleine de femmes qui «ont loeil a largent». Or Argenteuil abriterait un des exemplaires de la tunique christique (Par ce signe tu le vaincras : Jeux de Meaux, jeux de mots, jeux de Molinet).
Selon la légende, la tunique aurait été retrouvée au IVe siècle par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, puis conservée à Constantinople jusqu'au VIIIe siècle. Néanmoins si Hélène évoque la croix et les clous de la passion, elle ne mentionne jamais l'existence de la Tunique de Jésus. En l'an 800, l'Impératrice de Byzance, Irène, l'aurait ensuite offerte à Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Et celui-ci l'aurait donnée en garde au monastère de l'Humilité-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille Théodrade était prieure. En 850, les Normands pillèrent le hameau d'Argenteuil et la basilique Saint-Denys. Avant leur arrivée, la tunique avait été cachée dans un mur. En 1003, l'abbaye a été reconstruite et la relique retrouvée. Elle est ensuite vénérée jusqu'au XVIe siècle, mais elle aurait brûlé partiellement ou aurait été cachée lors de la prise d'Argenteuil par les huguenots en 1567 (fr.wikipedia.org - Tunique d'Argenteuil).
Station XI - Rouziers (à côté de Naucaze) : l'échelle divine des troubadours
Les bras du Christ sont étendus sur la croix couchée sur le sol. Avant d'être élevé le corps du crucifié s'étend en direction des quatre horizons : à nouveau le grand carrefour d'unité ; voir la vision du patriarche Jacob dans (Genèse 28,14) : Jacob quitta Bersabée et partit pour Harân. Il arriva d'aventure en un certain lieu, et il y passa la nuit, car le soleil s'était couché. Il prit une des pierres du lieu, la mit sous sa tête et dormit en ce lieu. Il eut un songe : Voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient ! [... Il eut peur et dit : "Que ce lieu est redoutable ! Ce n'est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel !" (www.gallican.org - Chemin de croix).
Le retour des troubadours
Le Néo-Gothique, tendance culturelle et artistique florissante au XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle, fondée sur le renouveau du style gothique médiéval se développa au niveau architectural majoritairement en Grande-Bretagne et aux États -Unis, où elle prit le nom de Gothique Revival. Elle fut influencée par le Néo-Classicisme austère de l'architecture palladienne mais résulta également d'un intérêt romantique pour le Moyen Age. Parmi les premières constructions du genre, il faut citer Strawberry Hill(1747), la demeure campagnarde d'Horace Walpole, située à Twickenham, à l'ouest de Londres : l'auteur du Château d'Otrante fit en effet beaucoup pour la reconnaissance de ce style.
Au XIXème siècle, le Néo-Gothique acquit sa renommée grâce aux œuvres d'Augustus Welby Northmore Pugin et aux écrits de John Ruskin. Pugin considérait en effet que le Gothique était le seul style d'architecture qui convenait aux églises et qu'il devait aller de pair avec un renouveau religieux. Le plus grand monument Néo-Gothique est incontestablement le parlement de Londres (1840-1860), réalisé par Pugin et sir Charles Barry. En France, l'architecte Viollet-le-Duc contribua grandement à la diffusion de ce courant artistique.
L'expression style Troubadour est attestée et reconnue pour toute les constructions civiles unistyles et Néo-Médiévales faites autour de l'oeuvre de Viollet Le Duc. Pierrefonds n'est pas, comme on lui en fait le reproche, une restauration infidèle, mais une véritable oeuvre d'invention, typiquement de style Troubadour. Ce n'est pas non plus de l'architecture Eclectique Napoléon III. Le projet date de 1855, donc plus tard que le style Troubadour en peinture.
L'expression style Troubadour est plus utilisée pour les constructions civiles unistyles et Néo-Médiévales que religieuses. Dans ce cas, on parle plus de style Néo-Gothique ou Néo-Renaissance. En 1830, il n'existait plus de style particulier en architecture. Le Classicisme faisait référence. Néanmoins, quelques années plus tard, le courant de l'éclectisme voit le jour, s'inscrivant dans la démarche de l'historicisme.
Cet historicisme s'affirme par le retour à des styles non classiques. Le retour au style Gothique constitue la forme la plus utilisée. A Dreux, la chapelle royale Néo-Classique est agrandie et réaménagée entre 1839 et 1844 par Pierre-Bernard Lefranc (1795-1856). Il utilise le modèle gothique afin d'attribuer à l'édifice moderne le sens et les valeurs que représente ce modèle dans l'histoire (www.meublersonchateau.com - Architecture troubadour).
Les troubadours et jongleurs du signe de croix
On sait moins de choses de Pierre de Rougiers, né dans le second quart du XIIème siècle à Rouziers, selon toute probabilité car, dit La Salle de Rochemaure, il n'y a pas d'autres familles de ce nom en Auvergne. La famille Rouziers est connue au XIIe siècle, on vient de le voir, par les donations qu'elle fit à Notre-Dame du Pont, près Leynhac, vers 1151. Guillaume de Rouziers s'y retira comme moine ; son frère fit un don que le cousin Hugues de Rouziers contesta. Pierre, notre chanteur, était parent d'un de ces sires (Pierre Moulier, Pascale Moulier, Églises romanes de Haute-Auvergne: La région d'Aurillac, 1999).
Rouziers est tout proche de Naucaze.
la "Dame" de Pierre Rogier est Ermengarde de Narbonne qui épousa Bernard d'Anduze et qui s'allia avec Roger Ier Trencavel, vicomte de Carcassonne, Albi et Razès, pour s'opposer aux projets du comte de Toulouse. L'association de Narbonne avec la poésie des troubadours semble remonter aux premiers temps du mouvement, puisqu'elle est l’une des seules cours explicitement mentionnées, avec Poitiers et Ventadour, par Guillaume IX de Poitiers (1086-1127), le premier troubadour dont les chansons ont été conservées. À l’époque où Ermengarde gouverne Narbonne, la poésie lyrique du fin'amor connaît son apogée en Occitanie. Les nombreuses allusions positives à Narbonne contenues dans les œuvres des troubadours contemporains semblent témoigner du rôle de mécène que l'historiographie traditionnelle attribue souvent à la vicomtesse (fr.wikipedia.org - Ermengarde de Narbonne).
À cause de calomnies qui compromettaient la réputation de la vicomtesse, Pierre Rogiers reçut l'ordre de quitter sa cour et il se réfugia auprès de Raimbaud d'Orange où il restera jusqu'à 1173. Au décès de Raimbaud d'Orange en 1173, il va à la cour de Raymond V de Toulouse, qui lui fit le meilleur accueil. Il fréquente aussi celles d'Alphonse IX de Castille, puis d'Alphonse II d'Aragon. Il se retire avec un autre troubadour, Guilhem Azemar de Merueis, à l'abbaye des hommes de Grandmont, près de Lodève où ils prennent l'habit en 1194 et où il restera jusqu'à sa mort (fr.wikipedia.org - Peire Rogier).
Le Duc Anne-Louis-Hercule Félix de Rochemaure (né en 1856 et mort en 1915), grand seigneur mégalomane et majoral du Félibrige, est l'historien du pape Gerbert et des troubadours cantaliens. Ce Rochemaure se situe dans le Cantal à Lanobre. Il fit reconstruire le château de Clavières en style troubadour.
Gaucelm Faidit (vers 1185 - 1220) chantait plus mal qu’aucun homme au monde, mais il fit beaucoup d'excellentes mélodies avec de bonnes paroles. Et il se fit jongleur parce qu’il avait perdu tout son avoir au jeu de dés. C’était un homme qui était d’une grande largesse et il fut très glouton pour manger et boire ; pour cela il devint gros outre mesure. Très long fut le temps des désagréments, sans dons et sans honneurs à espérer, si bien que plus de vingt ans il alla à pied par le monde et que ni lui ni ses chansons n’étaient appréciés ni souhaités. Et il prit pour femme une prostituée qu’il emmena longtemps avec lui dans les cours ; elle avait nom Guilhelma Monja. Elle était très belle et très instruite, et elle devint aussi grosse et aussi grasse que lui. Avec soixante cinq poésies conservées (cansos, tensos, planhs, chants de croisade et une rotrouenge en français), son œuvre est l’une des plus abondante du répertoire des troubadours.
Gaucelm Faidit travailla pour Robert Dauphin, fils de Guillaume VI d'Auvergne réputé pour son amour des arts, étant lui-même troubadour à l'occasion, connu en Occitanie sous le nom d'el bons Dalfins d'Alvernhe. De nombreux autres troubadours ont travaillé pour lui ou chanté à sa cour: Peirol, Perdigon, Peire de Maensac, Uc de Saint Circ, le troubadour biographe des troubadours, qui connaissait les lettre de Peire Rogier : "Peire Rotgiers si fo d'Alvernhe, Canorgues de Clarmon; e fo gentils hom, bel avinens e savis de letras e de sens natural."
Le cousin de Robert Dauphin, Robert, évêque de Clermont, de même que Richard Cœur de Lion, ont échangé des vers érotiques avec lui.
Gaucelm s'éprit d'autres dames, dont Marguerite d'Aubusson qui le berna. Il trouva bon accueil près de la vicomtesse d'Aubusson, femme de Rainaud Vl. Elle souhaitait que, par ses chansons, "il la mît en prix et en valeur". Elle entretint habilement sa passion. Mais en réalité elle aimait Hugues de Lusignan (fils de Hugues IX le Brun, comte de la Marche) qui était ami de Gaucelm. Hugues ne pouvant venir au château d'Aubusson,la vicomtesse, pour se ménager une rencontre, feignit d'être gravement malade, et fit vœu d'aller à Notre-Dame de Rocamadour. Puis elle donna rendez-vous à Hugues dans la ville d'Uzerche où habitait Gaucelm Faidit. Les amoureus restèrent plusieurs jours ensemble, à deus reprises, en allant et en revenant, dans la maison même de Gaucelm, où, en l'absence du maître du logis, ils furent complaisamment accueillis par sa femme. Quand Gaucelm, à son retour, apprit par sa femme ce qui s'était passé, il faillit mourir de douleur, car il croyait être aimé de la vicomtesse. Il eut plus de succès près d'une dame d'Embrun, extrêmement belle et très généreuse, qu'il chanta.
Gaucelm Faidit franchit les Alpes et fut accueilli, en Lombardie, par Boniface de Montferrat, un des grands protecteurs des troubadours exilés : de cette période datent ses appels et sa participation à la quatrième croisade (1202-1204) (E. Bouillon, Revue de philologie française et provençale, Volume 6, 1892).
Gui d’Ussel (vers 1170 - 1225) fut du Limousin, noble châtelain, et lui, ses frères et son cousin Elias étaient seigneurs d’Ussel, qui est un bon château, et de bien d’autres. Et ses deux frères se nommaient l’un Ebles et l’autre Peire, et le cousin se nommait Elias. Et tous les quatre étaient troubadours. Gui trouvait des bonas cansos et Elias des bonas tensos, et Ebles des malas tensos et Peire chantait tout ce que les trois trouvaient… Mais le légat du pape lui fit jurer de ne jamais plus faire de chansons. Et pour lui il abandonna la poésie et le chant… (www.abeillemusique.com - Troubadours).
Dans ses poèmes, Guy d'Ussel fait de même clairement allusion à la vicomtesse Marguerite, femme de Rainaud VI, vicomte d'Aubusson. il était le mieux doué des quatre descendants de l'Antique maison d'Ussel qui illustrèrent la poésie occitane au Moyen-Age : Guy, Eble et Pierre, les trois frères et leur cousin Elias. Guy avait une âme idyllique. Il chevauchait à travers la campagne et s'arrêtait pour deviser avec les pâtres et les bergers. Ses pastourelles sont pleines de grâce, d'esprit et de naturel. Ce sont de petits tableaux d'un goût rare, de courts dialogues où, parfois l'amour s'exprime avec une spirituelle mélancolie. Comme les autres troubadours de sa fanrille. il séjourna souvent à Aubusson. Il s'adresse ainsi à la vicomtesse Marguerite, dans une de ses chansons :
« Je ferais bien des chansons plus souvent : mais il m'ennuie de dire chaque jour qu'amour me fait gémir et soupirer, car tous savent en dire autant ; c'est pourquoi je voudrais des paroles nouvelles sur une agréable mélodie, mais je ne trouve rien que l'on n'ait déjà dit. Comment vous adresserai-je donc mes prières, amie ? Je dirai même chose d'une manière différente, et je pourrai ainsi donner à ma chanson apparence de nouveauté. Je vous ai longuement aimée et même encore je n'ai pas le cœur d'y renoncer...
« Dame Marguerite. vous avez beauté et jeunesse et mérite, et courtoisie et intelligence ; et si j'ai trop parlé de l'autre, comme une homme irrité, de vous j'ai dit beaucoup moins que la vérité. »
Jaubert de Puycibot, dont le père était un pauvre chevalier, a aussi levé les yeux vers son beau visage ; il dit dans Une de ses chansons, a peu près comme Guy d'Ussel : « Vers Aubusson va ton chemin vers celle Qui est toujours supérieure aux meilleures en bonté. Elle sait tant et a tant de mérite que je ne saurais le dire dans mes louanges ; seulement, je proclame toujours sa renommée de loin et de près ». Puycibot fut un des admirateurs de Frédéric II, roi le Sicile et de Jérusalem, empereur d'Allemagne et grand protecteur de certains troubadours. Parmi ces derniers, l'on compte ce mystérieux Jean d'Aubusson, qui célébra dans ses vers l'empereur Frédéric. dont la Sicile, à la fois latine, arabe et grecque, nuança la merveilleuse intelligence. L'empereur Frédéric mourut en 1250. Dix ans ans tard, le vicomte d'Aubusson était vendu par un des descendants de Rainaud VI et de la vicomtesse Marguerite, à Hugues XII de Lusignan, comte de la Marche. C'est seulement à partir de cette époque qu'Aubusson fit partie du comté de la Marche. Après la vente de la vicomte, l'heure allait prochainement sonner où la poésie d'Oc, comme une belle au bois dormant, s'endormirait pour de longs siècles (Paul Louis Grenier, "Après les fêtes du 23 Août à Aubusson").
Jean d'Aubusson, qui vivait aussi dans la première moitié du XIII' siècle, en a composé une avec Nicolet de Turin ; il a laissé en outre une chanson et deux coblas, couplets satiriques adressés au troubadour Sordel, immortalisé par Dante dans sa Divine Comédie.
Dante et Pétrarque avaient sans doute leurs raisons pour faire si grand cas de cet Arnaud Daniel, surnommé par ses contemporains le grand maître d'amour, quand le moine de Montandon, Hugues de Saint-Césaire, Millot, Ste-Palaye, Ginguené, Fauriel, Galvani et autres ne le trouvent remarquable que par son obscurité.
On remarquera que le temps a manqué au bon poète Gui Guinicelli, placé dans le Purgatoire, tenu en haute estime par Dante, pour prononcer quelques noms parmi ceux des personnages qu'il avait sous les yeux, mais qu'il en trouve à suffire pour émettre son opinion au sujet de la supériorité de ce bienheureux style clus, qui est la préoccupation constante de Dante, et dont Arnaud Daniel devient ici la troisième personnification pour le Languedoc, à savoir Sordello, sous le rapport politique, Stace, couronné de myrthe, au point de vue erotique, le plus général, enfin, Arnaud Daniel sous te rapport mystique, car il a été désigné comme l'auteur du roman originaire de Lancelot, dont il ne reste qu'une reproduction plus ou moins altérée.
Je suis Arnaud qui pleure et chante dans ces lieux. / D'un œil triste, je vois du passé la folie, / Pour demain je souris à la joie, au bonheur. / Je vous en prie au nom de ce pouvoir sauveur. / Qui vous guide au sommet de l'échelle divine, / Veuillez vous souvenir à temps de ma douleur (Dante Alighieri, Eugène Aroux, La comédie de Dante : Le Paradis. Clef de la Comédie et du langage symbolique des fideles d'amour Volume 2, 1856).
Dans La leçon de Ribérac (1941), Aragon évoque le troubadour de Ribérac, Arnaud Daniel qui, au XIIIème siècle, chante l'amour et l'héroïsme dans un langage hermétique qui le rend hors de portée des non-initiés : langue codée qui permet d'échapper aux interdits et à la censure des ennemis de la liberté et de l'amour (Hamid Fouladvind, Aragon, cet amour infini des mots, 2010).
Les mouvements hétérodoxes étaient nés sur le même territoire que la poésie des troubadours. Leur popularité commune venait de ce qu'ils ont exprimé les aspirations d'une même société, troubadours et cathares vivant dans un même milieu social, tout imprégné du catharisme. On trouve des cathares jusque parmi les seigneurs et les mécènes des troubadours. La question de savoir s'il y eut des relations entre troubadours et cathares peut être éclairée aussi du point de vue des genres : celui de la canso, la poésie amoureuse d'un côté, et de l'autre celui des sirventès, la poésie moralisante.
Les poètes cités par la critique comme suspects de catharisme sont, pour la plupart, des poètes moralisants de second ordre. L'analyse devient délicate par le fait que la langue des cathares, nourrie du Nouveau Testament et en particulier de saint Paul, est quelquefois difficile à distinguer de la langue des catholiques. Dans son édition de Bernart de Venzac, Maria Picchio Simonelli simplifie les choses, en identifiant avec le catharisme l'exigence d'une vie évangélique et austère. Dans ce domaine, il n'y avait aucune différence entre les hérétiques des diverses confessions et beaucoup de catholiques. On ne peut évidemment pas considérer comme indice d'une conviction hétérodoxe une critique dirigée contre la dépravation des moeurs de l'Église, non plus que l'expression d'un sentiment anticlérical, très fréquent dans toute la poésie moralisante de l'époque, non seulement chez les troubadours, mais aussi chez les goliards de langue latine, comme Gautier de Châtillon ou Philippe le Chancelleur.
Pour les cathares, l'ancien Testament est tout entier inspiré par Satan ; les prophètes, Abraham, Moïse, Élie sont ses serviteurs, comme aussi saint Jean Baptiste. Seul le Nouveau Testament est vraiment inspiré par Dieu. Il n'est pas vrai que le Christ se soit incarné dans un corps humain. Toute corporalité est l'ouvre de Satan, et seule l'âme possède une origine divine. La position des cathares est un refus catégorique du monde matériel. C'était en tout cas le mode de vie des « parfaits », des initiés, même si la masse des croyants ordinaires ne les suivait pas dans l'ascèse. Nous trouvons là la raison profonde de l'antagonisme absolu entre catharisme et fin'amor. La théorie de cette dernière s'élabore dans un cadre platonique où l'amour apparaît comme la source de toutes les vertus et, comme le dit Rupprecht Rohr, "il est la marche la plus basse sur l'échelle montant directement à Dieu. Il y a donc chez Marcabru et ses successeurs une échelle divine ". Entre la beauté terrestre de la domna et la divinité il existe un rapport intime et permanent. L'amour éthéré, purifié de toute sensualité que chantent les poètes du dolce stil nuovo et Dante, est le résultat d'une longue évolution, et se manifeste seulement les troubadours tardifs. « D'amor môu castitatz », dit Guilhem de Montanhagol. Mais même à ce stade ascétique, il est impossible d'établir un rapport quelconque avec le catharisme. La fin'amor est, ici encore et toujours, un amour réel, la passion d'un homme pour une femme, où corps et âme sont inséparablement engagés. La grande invention des troubadours dans la philosophie universelle de l'amour est la sublimation, la reconnaissance du fait que le corps obéit à l'âme et que l'amour est plus qu'une attirance charnelle. L'élément physique, la sensualité, reste naturellement présent, même sublimé. L'autre grande trouvaille de la fin'amor est, naturellement, la qualité métaphysique de l'amour, l'échelle divine (Jacques Gourc, François Pic, Toulouse à la croisée des cultures: actes du Ve Congrès international de l'Association internationale d'études occitanes, Toulouse, 19-24 août 1996, Volume 1, 1998).
On ne peut qu'être d'accord avec Moshe Lazar lorsqu'il affirme, après Belperron, que la « fin'amor » est toute différente d'un amour platonique et lorsqu'il met en lumière son caractère érotique et sensuel. Celui-ci se révèle dans les chansons des troubadours à travers une série de motifs caractéristiques et il s'exprime dans un vocabulaire d'une brûlante sensualité : l'octroi du «surplus»; le baiser et les caresses dans le jardin ou la chambre; la contemplation du corps dévêtu de la dame; l'étreinte amoureuse; le rêve sensuel; l'imagerie érotique empruntée à la langue de la cavalerie et du jeu de dés; etc. Mais ce caractère d'érotisme et de sensualité peut-il être considéré comme une caractéristique constante de l'emploi de joi dans les chansons d'amour des troubadours? Il est indubitable que le terme joi possède la faculté de faire référence à jouissance physique. A preuve, par exemple, un jeu-parti entre Gui d'Ussel et son cousin Elias où est traitée la question de savoir s'il vaut mieux être amant ou mari de sa dame (G. Lavis, L'Expression De L'Affectivite, 1972).
Un troubadour à Aubenas
Pons V de Montlaur, appelé le troubadour, baron d'Aubenas en Vivarais de 1190 à 1226. Suivant l'engouement du temps, il composa des chansons d'amour et des sirventes ce qui lui a valu une place dans la poésie provençale au Moyen-âge. Mais il fut aussi mêlé aux plus grands événements politiques et militaires de son siècle. Dans le début du conflit des Albigeois, Pons V de Montlaur se rangea au côté de Burnon, évêque de Viviers, et lui rendit hommage pour son château de Marzel en présence de Pierre de Castelnau, légat du Pape. Au cours des premières luttes entre les partisans et les opposants de l'hérésie, le vicomte de Béziers, Raymond Roger, et Simon de Montfort, il garda une attitude prudente, mais quand Aragonais et Toulousains auxquels s'était joint Aymard de Poitiers, comte de Valentinois, envahirent le Vivarais, dévastant la région, Pons V de Montlaur sortit de sa réserve.En 1213, le Roi d'Aragon vint voir Montlaur en son château d'Aubenas et sur les instances du souverain, il se rangea au côté du comte de Toulouse. Cette lutte fut malheureuse puisque le Roi d'Aragon périt et que le comte de Toulouse dut s'enfuir de ses états. Pons de Montlaur en considération de l'appui qu'il avait, au début de l'hérésie, donné à l'évêque de Viviers, fut maintenu dans ses fiefs par Simon de Montfort et en 1216 Philippe Auguste ayant remis à Montfort le comté de Toulouse, Pons lui rendit hommage. Quand la guerre reprit sous l'instigation de Raymond VII de Toulouse qui souleva le marquisat de Provence placé sous la garde du Saint Siège, Pons de Montlaur agit comme médiateur. La guerre des Albigeois étant terminée par le Traité de Paris ( 12 avril 1229) Pons V eut de grands démêlés avec l'évêque du Puy à propos des péages sur la route du Languedoc. La lutte prit une telle importance, mettant en jeu des intérêts si considérables qu'il fallut faire appel au Roi Philippe Auguste lequel accorda les deux rivaux par un acte de novembre 1219 aux termes duquel les droits des parties étaient strictement définis. Mais les hostilités reprirent à la mort de l'évêque Robert de Mehun avec son successeur sur le siège épiscopal du Puy, Etienne IV de Chalencon. Guy, comte de Forez, fut alors médiateur et Pons de Montlaur dût payer à l'évêque 400 marcs et lui rendre hommage en août 1222. Les dernières années de Pons V furent consacrées à l'embellissement de son château d' Aubenas. Il y reçut plusieurs fois le Roi d'Aragon, le légat du Pape, le comte de Toulouse et les évêques de Viviers. Pons de Montlaur apparaît à sa mort en 1226 comme le plus important seigneur du Vivarais - sa bannière flotte sur cinquante paroisses (www.montlaur.com - Généalogie).
Station XII - Bleyssol
Par révélation François d'Assise a vu qu'un seul clou avait percé les deux pieds. Ici il y un clou par pied.
En plein Ségala, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Villefranche-de-Rouergue, trois paroisses, trois ''communautés'' avant la Révolution, ont été rassemblées pour constituer la commune de Vabre-Tizac.
Vabre, qui, dans les communications venant de Villefranche ou de Montauban, s'appelait, sous l'Ancien Régime, Vabré-en-Rouergue, figure sur la carte gallo-romaine de la région. Dans la pittoresque vallée, enserrée dans des pentes boisées, où, paisible coule la Serène, arrêtée un instant pour former, sous le bourg, un petit étang actionnant l'ancien moulin, Vabre de Rieupeyroux garde encore très nettement marqué son aspect primitif de bastide fortifiée. Autour d'une place en forme d'ovale irrégulier les maisons du bourg ont été construites de façon à former rempart à l'extérieur, toutes les ouvertures s'ouvrant sur cette place intérieure. Au pied de ce rempart avaient été creusés de larges fossés, encore aisément reconnaissables.
Tizac, dont la terminaison en ''ac'' permet de penser que probablement ce village comptait, comme Vabre, parmi les agglomérations gallo-romaines de la région, aurait été le siège, d'après de Barrau, d'un monastère peu important dépendant de celui de Rieupeyroux. On prétend qu'il y a eu un château au Moyen-Age à Tizac. Ce qui est certain, c'est qu'il y en eut un à Montramech, au sommet de cette montagne d'où l'on voit 21 clochers.
Bleyssol, petit prieuré de Saint Clair, qui ne comprenait que deux villages et quelques fermes isolées, fut supprimé avant la Révolution. L'église fut reconstruite vers 1460. Une belle croix en pierre du XVème siècle, classée par les Monuments Historiques, porte les armes des Morlhon, puissante famille du pays.
Dans le haut du "Couderc" commun du village de Bleyssol se dresse une croix ancienne pierre gothique assez remarquable précédée d'une table des morts. Il s'agit d'une croix très ornée avec une Piéta, où manque la tête du Christ, sur le fût au couchant, une crucifixion au couchant aussi entre deux saints dont saint Antoine, et une vierge à l'enfant sur la Croix au levant. Cette croix porte encore deux écussons accolés dont l'un porte nettement marqué un lion, de la Famille Morlhon, puissante famille du pays, l'autre diverses pièces peu lisibles dans l'état actuel. Le 12 août, un office religieux y est célébré.
www.vabretizac.fr - La Croix de Bleyssol - XIVe XVe siècle
La famille de Morlhon (se prononce actuellement "morlion" et autrefois "mourlillon") est l'une des principales familles nobles du Rouergue, dont toutes les branches nobles sont considérées comme éteintes. La famille de Morlhon compte parmi ses membres des sénéchaux et gouverneurs, des chevaliers des ordres du roi et des prélats. Ozil de Morlhon est cité en 1053 et le château de Morlhon en 12241.
On ne sait pas si la famille tient son nom de la paroisse de Morlhon dont ses membres étaient seigneurs jusqu'au milieu du XIIIe siècle, ou si c'est le contraire. Morlhon est la forme dialectale d'un gentilice roman: Morillon (en latin Maurilius), lui-même formé sur le prénom latin Maurus, littéralement : "famille des Maurus", porté par plusieurs générations d'une même famille. Il est associé au suffixe - onem, pour former un toponyme, littéralement : "lieu de la famille des Maurus". À cette époque, le lignage était déjà connu. Cette famille d'hommes de guerre identifiait son nom à son blason : "Mors lion !", cri de guerre ou figure belliqueuse qui se retrouvait dans leurs armoiries primitives: un lion mordant.
La famille de Morlhon est attestée pour la première fois dans un donation rédigée à Jérusalem en 1053 par Ozile II de Morlhon et sa femme Cécile qui font un pèlerinage au tombeau du Christ. Cet acte mentionne le prénom de son père Raoul et de son grand-père Ozile. La donation consistait à élever sur ses terres « rougeâtres » de l'Aveyron, dans la paroisse de Mauriac, un monastère en l’honneur du Saint-Sépulcre. La donation fut confirmée par son fils Raoul en 1070 et le monastère fut construit avec une église en forme de croix grecque. Le lieu prit de l’importance, s’entoura de fortifications, et devint deux siècles plus tard la bastide de Villeneuve d'Aveyron (fr.wikipedia.org - Famille de Morlhon).
Ozilis de Morlhon, avec sa femme Sauria, étant soupçonné d'être du parti des Albigeois et d'utiliser son château comme refuge d’hérétiques cathares, celui-ci fut détruit et brûlé en 1214 par une petite troupe envoyée par Simon IV de Montfort. En 1224, son héritier Pons de Morlhon, chevalier, transigeait avec Milon, évêque de Rodez, au sujet de la juridiction du château de Morlhon, en présence de Géraud de Balaguier, Raymond de Belcastel, Arnaud de Cardaillac, Guillaume Gasc, Aimeric de Cassagnes, chevaliers. En 1249, son fils Milon de Morlhon, reconnaît tenir en fief de l'évêque de Rodez le château de Morlhon. Puis, dans le même acte, il vend ledit château pour 12 000 sous rodanois à l'évêque Vivian qui n'en prendra possession que plusieurs années après. En 1260, l’évêque de Rodez était devenu le seul propriétaire du site et du château (fr.wikipedia.org - Morlhon-le-Haut).
Station XIII - Combefa
La station XIII d'un chemin de croix est intitulé "déposition et remise de Jésus à sa mère", remise qui est figurée par une piéta. La descente de croix et la déposition du Christ, désigne la scène des Évangiles qui racontent, après la Crucifixion, la descente du corps de Jésus-Christ de la croix par Joseph d'Arimathie et Nicodème pour être remis à sa mère Marie.
D’après le dictionnaire Le Robert, la descente de Croix est la représentation du Christ au moment de son enlèvement de la croix et la déposition de croix est la représentation du corps de Jésus-Christ après la descente de croix. Toutefois, ces deux termes sont souvent considérés comme des synonymes ; l'expression « descente de croix » serait cependant réservée aux représentations artistiques. On appelle aussi les représentations de cette scène « le dépôt ». Certaines scènes sont déduites de cette situation comme la Pietà , montrant Marie tenant Jésus mort dans ses bras, la Déploration ou les Lamentations sur le Christ mort.
Ce passage suit juste la mort du Christ et précède la mise au tombeau (fr.wikipedia.org - Descente de croix).
A travers cette mère qui reçoit le corps exangue de son fils, l'Eglise se voit recevant tous les défunts.
La Mise au tombeau de Combefa
Édifié au XIIIe siècle, pour protéger la route entre Rodez et Toulouse, le château de Combefa devient propriété des évêques d'Albi qui l'utilisent comme résidence d'été.
Christian Le Méhauté - www.panoramio.com
Lors de la construction de la chapelle de son château de Combefa, Louis Ier d'Amboise, évêque d'Albi (1474-1502), fait réaliser un ensemble de sculptures d'une mise au tombeau en calcaire polychrome pour décorer la chapelle. Dès la consécration de la chapelle, le 23 mars 1490, l'ensemble acquiert une grande réputation.
Lorsque l'archevêque de Choiseul commence le démantèlement du château en 1761 l'ensemble est jugé trop lourd pour être transporté. Les habitants de Monestiés obtiennent en 1765 de son successeur, François-Joachim de Pierre de Bernis1, l'autorisation de transporter les sculptures dans la salle de l'hôpital Saint-Jacques. Elles y sont toujours exposées (fr.wikipedia.org - Mise au Tombeau de Combefa).
Station XIV - La Cassaigne
La blessure de la lance est à gauche (côté Rochemaure) comme précisé par le Rational de Guillaume Durand (Par ce signe tu le vaincras).
Le Christ saigne encore étrangement sur cette station.
Christ purificateur
C'étoit un triomphe réservé à la croix de Jésus-Christ de renverser les idoles du paganisme, et de purger le monde de tant d'abominations.
Jésus est présenté comme Prêtre. Cette fonction sacerdotale de Jésus ressort en particulier de son rôle de purificateur, non seulement du Temple (Jo., II, 13 ss.) mais plus encore des fidèles.
Les évangiles comportent quelques mentions encore plus importantes d'un feu purificateur. Jean le Baptiste annonce ainsi la venue imminente de Jésus: «Lui vous plongera dans un souffle saint et un feu» (Mt 3,1 1; Le 3,16).
Tenez-vous fermes dans la foi en Jésus-Christ, en sa charité, en sa Passion et sa Résurrection, disait saint Ignace, Martyr, rompant le pain qui est le médicament de l'immortalité , un antidote qui nous est présenté pour ne point mourir, mais pour vivre en Dieu par Jésus-Christ, qui est un purgatif pour chasser les maladies : c'est Jésus-Christ qui nous l'a dit : « Vos pères ont mangé la manne » et sont morts ; qui mange ce pain, ne mourra » jamais (Jean, 6. 49) (Noel Courbon, Entretiens spirituels sur les principaux devoirs des personnes consacrées à Dieu et autres, qui tendent a la perfection, 1838).
Cette vertu purificatrice du Christ est à rapprocher de la vertu purgatoire de la casse, de la manne, du séné : "le séné, le grand purificateur, qui nettoie le foie et le cœur", "la casse, et le séné, qui purgent toute la mélancolie de mon ame".
La casse lancéolée (cassia lanceolata) donne le séné de la Mecque, d'Alexandrie ou du Levant. La casse d'Italie (cassia senna) donne le séné d'Italie. La casse à feuilles obtuses (cassia obovata) donne le séné des pauvres, de Barbarie, etc.
En identifiant Jésus à la casse on peut dire : "La casse saigne" (!).
La cathartine est le principe purgatif du séné : le catharisme a servi à cristalliser le manichéisme dans le sud de la France et la croisade des Albigeois l'en a purgé.
L'échelle noire
C'est tour à tour de la Sibylle et de l'Apocalypse, de Dante et de Tertullien, de Pétrarque et de Moïse, de Sénèque et de Savonarole, de Callimaque et de l'abbé Joachim, que Campanella se réclame dans ses prophéties. Ses propres observations lui ont montré dans les révolutions des astres d'inquiétantes anomalies, en même temps que de toutes parts apparaissaient sur conjonction est attendue pour le 24 décembre 1603. Le soleil s'est approché de la terre, qu'il veut consumer, jusqu'à une distance de 10.000 milles. Une échelle noire, surmontée d'un cyprès, a été vue dans le ciel. A Rome, le Tibre sort de son lit et inonde la ville et les campagnes. Un monstre est né à Crotone, et Babylone, en 1589, a donné le jour à l'Antéchrist (Leon Blanchet, Campanella, 1920).
L'échelle noire double, à sept marches : Grammaire, Rhétorique, Logique, Arithmétique, Géométrie, Musique, Astronomie, est présente dans les rituels de la franc-maçonnerie.