Partie XIII - La Croix d’Huriel   La Croix d’Huriel et l’alchimie   Carte du ciel   
CROIX HURIEL ALCHIMIE CARTE DU CIEL

Si l'on plaque la carte du ciel avec la Grande Ourse calée sur celle projeté sur le département de l'Aude (Autour de Rennes le Château : Saint Sulpice, Aude et Grande Ourse), Saint Urcize se trouve sur la constellation du Corbeau (Corvus) (La Croix d’Huriel et le loup : La Croix d’Huriel et la Bête du Gévaudan).

Le ciel astronomique fût, pendant un temps, vers le XVIIème siècle, peuplé des personnages de la Bible, Corvus fût représenté sous la forme de l’Arche d’Alliance par Julius Schiller dans son Coelum Stellatum Christianum, daté de 1627 (astrologievulgarisee.wordpress.com - Constellation Corvus).

www.lindahall.org - Julius Schiller, Ark of the Covenant formerly Crater & Corvus

La Peyre-Arche est un lieu-dit de Saint Urcize (montagne à vacherie). Description Ancienne : La Peyre de Larche, 1686 ; La Peyre de l'arche, 1730 (terrier de la Garde-Roussillon) ; Commentaires : Une des bornes du territoire de Chaumenchal portait également ce nom. Références : Dictionnaire Topographique du Cantal - Emile Amé (1897) (www.serve.aprogemere.fr - Saint-Urcize - Peyre-Arche).

Sur Geoportail, on y trouve Sogne Arche.

Plus loin se trouvait le Navire Argo qui fut rebaptisé par Schiller Arche de Noé. Deux arches pour deux alliances.

Nous trouvons dans l'Ancien Testament quatre alliances solemnelles que Dieu fait avec les hommes. La première est celle qu'il fit avec Adam, représentant toute la nature humaine, dans laquelle Dieu s'engageoit de lui donner une félicité éternelle, & à toute sa postérité, à condition qu'il lui obéiroit, & qu'il ne mangerait point d'un certain fruit. La seconde est celle qui est promise ici, & qui s'exécute aprés le Déluge dans laquelle Dieu s'oblige à préserver Noé & sa famille des eaux du Déluge, & à ne plus inonder toute la terre, il donne l'Iris pour assurance de sa promesse. La troisième alliance, est celle qu'il fit avec Abraham, lorsqu'il ordonna la Circoncision à ce Patriarche, & qu'il lui promit une nombreuse postérité, dont il vouloit faire son peuple choisi. La quatrième enfin, est celle que Dieu fit par l'entremise de Moïse, en donnant des Loix aux Israélites, dans le désert de Sinaï. Les autres alliances particulières dont parle l'Ecriture, ne font que des ratifications, ou des renouvellemens de celles-ci & elles-mêmes étoient toutes des symboles & des promesses de la grande alliance du Fils de Dieu avec la nature humaine, par laquelle il s'est chargé de satisfaire pour nous à son Père (Augustin Calmet, Commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Rédacteur Pierre Emery, 1707 - books.google.fr).

Le Corbeau

Le Corbeau se trouve sur le tracé de la Croix d'Huriel, au niveau de l'oeuvre au noir. Cela tombe bien :

Le corbeau, en termes de Science Hermétique, signifie la matière au noir dans le temps de la putréfaction. Alors ils l'appellent aussi la Tête du corbeau, qui est lépreuse, qu'il faut blanchir, en la lavant sept fois dans les eaux du Jourdain, comme Nahaman. Ce sont les imbibitions, sublimations, cohobations, &c. de la matière, qui se font d'elles-mêmes dans le vase par le seul régime du feu (Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, 1787 - books.google.fr).

Argo

Dans la mythologie grecque, Argo était le nom de la monère à bord de laquelle Jason et les Argonautes naviguèrent depuis Pagases, Grèce du centre-est, port d'Iolcos, d'où ils embarquèrent pour retrouver la Toison d'or en Colchide. La source la plus complète sur ce mythe sont Les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes. Le pilote du vaisseau se nomme Tiphys, et vient de Béotie.

L’Argo fut construit, selon les variantes mythologiques, soit par Argos fils d'Arestor, soit par Argos fils de Phrixos et de Chalciope, elle-même fille d'Éétès, roi de Colchide. L’Argo disposait des dons de parole et de voyance, car il était fait de bois de chêne provenant du bois sacré de l'oracle de Dodone. L’Argo et son équipage étaient protégés par la déesse Athéna, dont une représentation est en figure de proue.

Phrixos et Hellé sont frère et sœur, fils du roi Athamas et de Néphélé (nuage en grec).

Pour échapper à leur belle-mère Ino, qui intrigue pour les évincer de la succession d'Athamas, en exigeant leur sacrifice, après avoir fair griller le blé destiné aux semailles, ce qui provoqua la famine dans le royaume, ils supplient de leur venir à l'aide Zeus qui leur envoye Chrysomallos, un bélier ailé à la toison d'or et aux cornes d'or, qui leur permet de fuir vers la Colchide. Mais pendant le trajet, Hellé tombe dans la mer et se noie à l'entrée du Pont-Euxin, qui sera rebaptisé « Hellespont » en son honneur.

La légende a donné son nom à la constellation du Navire Argo (fr.wikipedia.org - Argo (mythologie), Le carré SATOR : Perceval : Le Conte du Graal et l'alchimie, La Croix d’Huriel et le loup : La Croix d’Huriel et la Bête du Gévaudan).

La constellation de la Boussole est limitrophe de l'immense Navire Argo incluse depuis l'Antiquité par Ptolémée. Elle fut nommée en même temps que Nicolas-Louis de Lacaille démantela le navire en trois constellations, les Voiles, la Carène et la Poupe, en 1752 (fr.wikipedia.org - Boussole (constellation)).

Les uns tiraient son nom de celui du constructeur, Argos fils d'Alestor, ou d'Argos fils de Phrixos, rattachant ainsi le premier voyage dans le Pont-Euxin au second voyage qui en serait comme une réplique. D'autres l'expliquaient par les adjectifs argos « rapide » ou argos « brillant, blanc » ; d'autres par la ville d'Argos ou les Argiens qui le montaient. Il semble que "Argô" doive se traduire par « la blanche » et soit l'ancêtre onomastique de la Blanche-Nef (Les Argonautiques d'Orphée, traduit par Georges Dottin, 1930 - books.google.fr).

Sur la carte du ciel appliquée sur celle de la France, l'ancienne constellation Argo, éclatée en Carène, Voiles, Poupe et plus tard Boussole (Pyxis), se trouve en effet près de Fronsac, à la fois sur la transversale de la Croix d'Huriel et sur le segment Fronsac - Huriel, symbolisant l'oeuvre au blanc (Albedo) (La Croix d’Huriel et l’alchimie : Triple correspondance : chemin de croix, oeuvres alchimiques et voyage de l’âme).

Le Lion

La constellation du Lion croise le montant vertical de la Croix d'Huriel dans la région d'Albi, ville près de laquelle il passe.

Lion veut dire différentes choses en alchimie, c'est bien pratique. Aussi ce lion, correspondant au lion de saint Marc associé à La Cassaigne, à Venise, au corps et à Dieu.

Les Philosophes Chymistes emploient sonvent ce terme dans leurs ouvrages, pour signifier une des matières qui entrent dans la composition du magistere. En général c'est ce qu'ils appellent leur Mâle ou leur Soleil, tant avant qu'après la confection de leur mercure animé. Avant la confection, c'est la partie fixe, ou matière capable de résister à l'action du feu. Après la confection, c'est encore la matière fixe qu'il faut employer, mais plus parfaite qu'elle n'étoit avant. Au commencement c'étoit le Lion vert, elle devient Lion rouge par la préparation. C'est avec le premier qu'on fait le mercure, & avec le second qu'on fait la pierre ou l'élixir. Lorsqu'on trouve dans les écrits des Philosophes le terme de Lion employé sans addition, il signifie le soufre des Sages, soit blanc, qu'ils appellent aussi Or blanc, soit rouge, qu'ils nomment simplement Or (Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, 1787 - books.google.fr).

La Coupe

La Coupe se trouve près de l'intersection de la Croix d'Huriel, au Sud, vers Maurs et Conques.

À propos de la Coupe, Jacques Lefèvre d'Etaples (vers 1450-1536), sur qui les doctrines de Marsile Ficin et de Jean Pic de la Mirandole ont exercé une forte influence, à la fin d'un chapitre de De Magia Naturali, renvoie à Manilius, qui semble ignorer le mythe exposé par Hygin puisqu'il ne mentionne, dans ses Astronomica, ni le Corbeau ni l'Hydre et ne rattache pas la Coupe à Apollon mais à Bacchus :

Lorsque le dernier degré du vaste signe du lion monte sur l'horizon apparaît la Coupe, ciselée par l'éclat des astres. Chacun de ceux qui lui doivent leurs mœurs et leurs inclinations aimera les plaines irriguées, les rivières et les lacs ; il te mariera, Bacchus, à tes ormeaux et te disposera sur les coteaux, imitant, par ton feuillage, les chœurs ; ou, se fiant à ta propre force, il t'étendra en treilles et t'abandonnera à toi- même ; ou bien du principal cep il retranchera des provins, qu'il soutiendra avec des échalas, et dans les intervalles des plants il sèmera des légumes. Et comme les méthodes de culture varient infiniment suivant les lieux, il étudiera et suivra les usages de chaque contrée. D'ailleurs il ne ménagera pas le vin qu'il aura recueilli ; il jouira des fruits que lui donnera la vigne; il boira avec plaisir son vin sans mélange, il noiera volontiers sa raison dans son verre. Il ne se contentera pas des fruits que la terre lui fournira chaque année ; il prendra à ferme les impôts sur les denrées ; il fera commerce de marchandises, de celles surtout qui doivent à l'eau leur production et leur accroissement. Tel est le caractère de ceux qui naissent sous la Coupe, amie de tout ce qui est liquide »

Avec la référence à Manilius, l'alchimie se trouve rattachée de nouveau à Bacchus, comme dans le chapitre précédent. L'origine du lien de la Coupe avec Bacchus est précisée par Hygin, quoique seulement de façon allusive : « Quelques-uns, avec Ératosthène, affirment que cette coupe est celle dont se servit Icarus alors qu'il révélait le vin à l'humanité». L'Icarus dont parle Hygin est Icarios, «qui avait donné l'hospitalité à Dionysos lorsque celui-ci était venu sur la terre apporter aux hommes la vigne et le vin. [...] Le dieu fit présent à Icarios d'une outre de vin » ; si la coupe d'Icarios met les individus nés sous cette constellation dans la dépendance de Bacchus, c'est bien parce que ce dernier est à son origine. Dans sa Mathesis, Firmicus Maternus reprend le passage consacré à la Coupe par Manilius. Il se contente dans un premier temps de le résumer en le paraphrasant plus ou moins : «Celui qui naîtra au lever de cette constellation aimera les plaines irriguées et détournera de leur lit vers d'autres lieux les sources, les ruisseaux ou les rivières. Il aimera et cultivera les vignes ; il réussira les greffes pratiquées sur les ceps inféconds ; il taillera les plants de buis en leur donnant des formes d'animaux ; il dressera de verts portiques faits de vignes recourbées en arceaux. Il boira volontiers le vin sans mélange aucun. Si, à sa naissance, le rayon des étoiles bienveillantes est dans sa phase décroissante, il fera le négoce des marchandises liquides ». Comme chez Manilius, la Coupe est le signe de Bacchus, du vin et du liquide en général ; Lefèvre voit là un véritable «mystère» dionysiaque dont l'alchimie fournit le sens véritable, à travers l'opposition de l'humide et du sec, qu'illustre le combat d'Hercule armé d'un tison contre l'hydre aquatique. Firmicus Maternus, après avoir résumé le passage de Manilius cité plus haut, ajoute un détail qui a peut-être attiré l'attention de Lefèvre : «Si toutefois cette constellation se trouve à son coucher, sans témoignage de malveillance, celui qui est né sous son influence mourra à l'âge adulte parmi les mets et les breuvages. Si le rayon des étoiles malveillantes s'y ajoute, il mourra noyé dans un tonneau de vin ou dans un puits, ou bien il sera trouvé mort dans un fleuve, un lac, un marais, la mer, ou du moins dans une piscine ou une baignoire». L'élément liquide est vu cette fois non plus comme le lieu de la fécondité, de la vie, et de l'ivresse, mais comme celui de la mort, alors que Manilius ne mentionne que le premier aspect, positif, de l'influx de la constellation de la Coupe sur terre. Or l'hydre de Lerne est un serpent aquatique (venimeux, qui plus est) semant la désolation tant qu'il reste dans son élément (le marais de Lerne) et ne cessant de nuire qu'à sa mort, celle-ci n'advenant qu'une fois ses têtes cautérisées par le feu, ce qui était interprété dès l'Antiquité comme une métaphore de l'assèchement du marais de Lerne. On pourrait voir dans le serpent qui apporte la mort dans l'eau, comme l'a peut-être fait Lefèvre, un trait d'union supplémentaire entre la constellation de l'Hydre et celle de la Coupe, lorsque cette dernière est vue sous son aspect maléfique, mortifère, tel qu'il est détaillé par Firmicus Maternus (Letizia Pierozzi, De Magia Naturali de Lefèvre d'Etaples, Chrysopœia, Volume 5, Société d'étude de l'histoire de l'alchimie, 1996 - books.google.fr).

La Coupe se trouve entre Huriel et La Cassaigne. Huriel a bien été mis en relation avec l'élément Eau (et l'aigle, saint Jean, la lymphe ou pituite, le flegme) et La Cassaigne avec le Feu (et le lion, saint Marc, la bile, la colère). Saint Jean est aussi représenté avec une coupe d'où sort un serpent. Seulement un symbole de la tentative d'empoisonnement à son encontre ? (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Introduction).

Le symbole johannique si connu de la coupe au serpent a sûrement aussi une origine mythologique; je serais fort disposé à y voir une imitation de la ciste mystique dans laquelle était enfermé le serpent divin de certains mystères asiatiques ; le christianisme l'aurait transformée pour en faire un symbole de la présence réelle. La légende actuelle rapporte que des hérétiques voulurent empoisonner l'apôtre, qui, en bénissant le calice, fit apparaître la preuve de leur crime sous la forme d'un serpent (Georges Sorel, Le Systeme Historique De Renan , 1906 - books.google.fr).

Les miracles de saint Jean ameutèrent contre lui, nous dit le Pseudo-Abdias, les prêtres de la grande Diane d'Éphèse. Ils le traînèrent au temple et voulurent l'obliger à sacrifier. Mais saint Jean se mit en prières et soudain le temple s'écroula. Aristodème, « l'évêque des idoles », comme l'appelle la Légende dorée, ne fut pas convaincu par ce prodige. « Je croirai en ton Dieu, dit-il, si tu bois le poison que je te donnerai. — Fais ce que tu voudras, répondit l'apôtre. » La force du poison fut éprouvée sur deux condamnés qui tombèrent morts après l'avoir bu. Saint Jean sans s'émouvoir, en présence de tout le peuple, prit la coupe, fit le signe de la croix, but le poison et n'en eut aucun mal. Aristodème demeura incrédule : « Je croirai, dit-il, si tu ressuscite les morts. » Saint Jean se contenta de lui donner son manteau : « Pose-le sur eux », dit-il à Aristodème. Aristodème le fit et les morts ressuscitèrent par la vertu qui était dans le manteau de l'apôtre. Et l'apôtre baptisa Aristodème, ainsi que le gouverneur de la ville et toute sa famille et ils fondèrent une église. C'est de tous les miracles de saint Jean celui qui a été le plus célèbre au moyen âge. Il a été représenté dans presque tous les vitraux du XIIIe siècle, consacrés à saint Jean; à Bourges, à Chartres, à Tours, à Troyes, à la Sainte-Chapelle, à Saint-Julien-du-Sault (dans l'Yonne). La plupart de ces vitraux présentent une particularité intéressante, on voit très souvent Aristodème faisant préparer devant lui le poison — toujours composé de la même façon : un serviteur pile des serpents dans un mortier (Émile Mâle, Les saints compagnons du Christ, 1958 - books.google.fr).