Malgré les deux mois complémentaires de janvier et février, l'année calendaire subissait un décalage par rapport au cycle solaire et les Pontifes, qui réglaient à Rome les affaires religieuses, étaient chargés de réguler le calendrier en ajoutant tous les deux ans quelques jours supplémentaires. Ils usaient de ce privilège en fonction de leurs intérêts, pour allonger ou raccourcir le mandat des consuls, ces derniers étant élus pour une année non renouvelable. En 45 avant JC, le 1er janvier de l'an 708 AUC (ab urbe condita), Jules César impose un calendrier mis au point par l'astronome Sosigène d'Alexandrie. L'année aura 365 jours divisée en 12 mois de longueur inégale. Il la fait aussi débuter le 1er janvier. Pour réduire l'écart entre l'année calendaire et la rotation de la Terre autour du soleil, on convient d'ajouter un jour au calendrier une fois tous les quatre ans. Ce 366ème jour est introduit après le 24 février, sexto ante calendas martii. Le 366ème jour est en donc appelé bis sexto ante dont dérive le mot bissextile. Le Sénat de Rome propose que le cinquième mois de l'année (Quintilis) soit renommé Julius. L'empereur Auguste fait supprimer les années bissextiles sur une période de 12 ans pour corriger la divergence du calendrier julien et le cycle solaire. Le Sénat décide de donner le nom d'Augustus au sixième mois de l'année et de le rallonger d'un jour, afin de mettre César et Auguste sur un pied d'égalité. Pour cela, on enlève un jour à février et l'on attribue 30 jours au lieu de 31 aux mois de septembre et de novembre, ainsi que 31 jours au lieu de 30 aux mois d'octobre et de décembre.
Faste et néfaste sont deux des adjectifs définissant à Rome la "couleur religieuse" des jours. Les jours néfastes sont réservés aux dieux et (en principe) il n'est pas permis de s'y livrer aux activités profanes. En particulier, les activités publiques telles que les sessions des tribunaux et les assemblées du peuple (comices) ne sont possibles que les jours fastes (et encore, uniquement les jours fastes dits "comitiaux" pour les comices). Il ne faut pas confondre les jours fastes ou néfastes avec les jours de fête (festi) réservés aux dieux et les jours ouvrables (profesti). Cependant, tous les jours de fête publique sont également déclarés néfastes. À l'inverse, les jours fastes sont réservés aux hommes et à leurs activités. Pour les savants modernes, ces adjectifs sont construits sur le mot latin fas, qui désigne le droit divin, le droit religieux (le terme ius désigne, lui, le droit humain). Les anciens, pour leur part, les mettaient en rapport avec le verbe fari, qui veut dire "parler", et avec les "trois paroles" résumant l'activité judiciaire du préteur, à savoir do (= j'attribue un juge), dico (= je déclare le droit) et addico (= je confirme la volonté des parties).
Dans les calendriers, les jours fastes ordinaires sont marqués F tandis que les jours fastes marqués C sont ceux pour lesquels peuvent de plus se tenir les comitia (assemblées du peuple). Les jours néfastes simples sont marqués N et ceux qui correspondent à une fête publique sont notés NP. Les jours EN (endotercisi, coupés à l'intérieur) sont néfastes matin et soir, fastes l'après-midi, les jours Q.R.C.F. (quando rex comitiavit, fas ) néfastes deviennent fastes lorsque le rex sacrorum a déclaré ouvertes les comices. Enfin le 15 juin, noté Q.ST.D.F. (quando stercus delatum, fas) devient faste lorsque l'on a ôté les ordures du temple de Vesta.
Le N inversé pourrait symboliser la conjuration de l'aspect néfaste de toute chose.
Des Jours...
17 Janvier
Ante diem sextum decimum Kalendas Februarias C
Ce jour était dédié à la déesse Félicitas personnifiant la bonne fortune, le bonheur. Un temple à Rome lui était consacré, selon Cicéron et Suétone.
Notons que le bienheureuse Félicité Pricet et ses compagnes martyres, Monique Pichery, Carole Lucas et Victoire Gusteau qui donnèrent ainsi le témoignage de leur foi, à Avrillé, près d'Angers, durant la Révolution française en 1794, sont fêtées le 18 janvier. Selon Ovide, dans ses Fastes, le 17 janvier, le Soleil quitte le Capricorne pour entrer dans la constellation du Verseau (Aquarius en latin). On assiste aussi au coucher de la Lyre.
28 Janvier
Ante diem quintum Kalendas Februarias
Les Feriae Sementivae étaient une des "fêtes mobiles" du calendrier romain, dont la date était fixée par les pontifes, parfois fin janvier comme l'indique Varron. Les semailles étaient terminées ; les grains étaient dans la terre, et ils devaient germer. Pendant les jours de fêtes, les animaux et les hommes se reposaient. On invoquait Tellus (la Terre-Mère) et Cérès, incarnation de sa force productive. Selon Ovide, dans ses Fastes: on purifie le bourg, on offre les gâteaux de sacrifice annuels sur les foyers du bourg. On offre à Tellus et Cérès des grains et les entrailles d'une truie pleine pour que ces deux déesses protègent le blé contre toute attaque naturelle.
Trajan devient empereur le 28 janvier 98.
27 Février
Ante diem tertium Kalendas Martias
Tandis que l'apparition de l'hirondelle à la fin de février semble annoncer prématurément le retour du printemps, la date du 27 février est consacrée aux Equirria, fête instituée par Romulus au cours de laquelle des courses de chevaux se déroulent au Champ de Mars, annonçant aussi le mois suivant tout proche, consacré à Mars.
Des rites de purification de l'armée étaient célébrés ce jour.
Le 27 février 391, une loi générale fut publiée par Théodose dans les deux empires ; elle défendait de sacrifier aux idoles, d'entrer dans les temples : " Que personne, dit-elle, ne se souille par des sacrifices, n'immole d'innocentes victimes, ne pénètre dans les temples, ne défende les simulacres faits par la main des hommes, de peur de devenir coupable aux yeux de la loi divine et humaine. " Cela marquait la fin de l'ancienne religion.
9 Mars
Ante diem septimum Idus Martias
Le 8 mars, l'apparition de la constellation de la Couronne introduit la légende d'Ariane. Abandonnée par Thésée, qu'elle avait pourtant aidé à sortir du labyrinthe, Ariane avait vite été consolée par Bacchus-Liber. Bacchus à son tour délaissa la malheureuse, mais entendant ses plaintes, il fait d'elle la déesse Libera ; Vénus avait offert à Ariane la couronne de neuf pierres précieuses forgée pour elle par Vulcain, et qui devint, suite à une métamorphose, la constellation de la Couronne.
Les Saliens sont au premier rang des confréries ou sodalités sacerdotales qui, dans l'organisme du culte de Rome, sont chargées d'accomplir certains rites pour le bien de l'État tout entier. Ils se partagent ces fonctions avec les Luperci, les Arvales fratres, les Sodales Titii et les Fetiales. Ils l'emportent sur eux en importance, non seulement parce qu'ils sont les ministres de Mars, dieu fondateur de la cité, mais parce que le culte auquel ils président devait être, dès les commencements de Rome, le lien le plus puissant des communes, d'abord indépendantes, puis groupées dans une cité unique autour du Capitole. L'histoire légendaire rapporte l'institution des Saliens au roi Numa, comme elle lui attribue la création des Flamines, du collège des Vestales et généralement toute l'organisation de la vieille religion des Romains. Comme celle des Luperques, leur corporation se présente à nous sous la forme de deux confréries distinctes et semblables ; mais tandis que la dualité des premiers s'explique par leur origine gentilice, celle des Saliens tient à des raisons nationales. L'une des confréries représente la religion de Mars Gradivus, telle que la pratiquaient les habitants du Palatin et du Cermalus, qui furent des Latins ; et l'autre, cette même religion chez les Sabins de la Colline, qui honoraient Mars sous le vocable de Quirinus.
Les fêtes de Mars avaient lieu du 1er au 24 mars et en octobre. Celles du printemps sont de beaucoup les plus importantes, puisqu'elles s'étendent sur un mois presque entier ; celles d'automne sont une rapide conclusion qui tient dans une seule journée. Les premières avaient pour objet de mettre en mouvement (movere) les armes et les boucliers: les secondes de les rendre au repos (condere). La légende fixant au 1er mars le miracle de l'ancile tombé des nues aux pieds de Numa, c'est ce jour-là que commence la fonction pieuse des Saliens. Ils vont à la Curia du Palatin invoquer Mars et tirer de leur réduit les douze boucliers ; de là , ils se rendent à la Regia, assister au sacrifice offert par le Grand Pontife en compagnie des Vierges Saliennes et s'assurer des lances qui devaient compléter leur armement. Les calendriers désignent ce jour par Feriae Martis ou Natalis Martis ; la première manifestation publique du collège ne devait avoir lieu que huit jours plus tard, le 9 mars, qui, dans les calendriers, figure sous la rubrique : Arma ancilia movent, et qui marque en réalité l'ouverture des processions par la ville. La procession, qui est l'acte capital de leur culte, semble s'être déroulée pendant dix jours au plus, du 9 au 19 mars, date des Quinquatries et c'est le 24 que figure au calendrier le dernier épisode de la fête; ce jour-là , le Rex sacrorum mettait fin aux cérémonies en déclarant close la série des jours religiosi ouverte 1er mars.
L'ancile est un bouclier bilobé d'origine mycénienne. Numa Pompilius, fondateur de la religion romaine, en fit fabriquer onze semblables par le forgeron Mamurius Véturius. Ces 12 Ancilia étaient disposés dans la Curia Saliorum du Palatin, qui conservait aussi le bâton augural de Romulus. De station en station (Mansiones) à travers la Ville, ils réveillent les citoyens à la nécessité saisonnière de la guerre: après les frimas, l'armée peut reprendre le sentier du combat. Conduits par leur Magister, entraînés par un "premier danseur" (Praesul), et un "chantre inspiré" (Vates), les Saliens sautent sur un rythme ternaire en frappant leur bouclier avec un court bâton en psalmodiant une invocation en forme de litanies. Le soir, les anciles sont remisées et les Saliens banquettent.
En Grèce, ce jour était dédié à Adonis et à Aphrodite.
9 Avril
Ante diem quintum Idus Apriles N
Les ludi Megalenses furent instaurés en 204 av. J.-C., quand on apporta de Pessinonte à Rome la pierre qui figurait la Mère, et avaient lieu du 4 au 10 avril. Ils étaient donnés en l'honneur de la Magna Mater (Grande Mère ou Cybèle). Déesse phrygienne, Cybèle personnifiait la force productrice de la nature. Grande Mère, elle fut identifiée à Ops. Son culte fut introduit dans le monde gréco-romain au IIIème siècle av. J.-C. et comprenait des cérémonies initiatiques. On n'assistait à aucune représentation scénique. Un jour était consacré aux jeux du cirque. Selon Ovide, on assistait au coucher d'Orion le 9 avril.
19 Avril
Ante diem tertium decimum Kalendas Maias NP
Les Jeux de Cérès (Ludi Cereri), jeux de caractère plébéien, se déroulaient du 12 au 19 avril, succédant presque immédiatement aux Megalensia. Cérès est une ancienne divinité romaine de la croissance, formée sur la même racine que le verbe crescere, qui veut dire "croître". Elle patronnait la fécondité des champs. Très vite, elle sera assimilée à la Déméter grecque, dont elle reprendra les attributs, les fonctions et les légendes.
Le 19 avril, le dernier et principal jour des Cerealia, voit l'organisation de courses de chars au Grand Cirque. On jetait des noix aux spectateurs. Les chevaux sur le départ étaient répartis dans des carceres (mot latin pour "remises, enclos"). Le flamine de Cérès sacrifiait une truie, devant l'assistance vêtue de blanc. Les édiles de la Plèbe sortaient alors les statues de Cérès, Liber et Libera et faisaient un lectisterne : repas où les statues des dieux sont allongées au banquet.
Les Cerealia figurent dans le plus ancien Calendrier romain, dit " de Numa ", au 19 avril. Ils font partie d'un cycle de cérémonies agraires. L'unité du cycle est assurée par le caractère commun de magies anticipantes que revêtent toutes ces fêtes : il s'agit en toutes de promouvoir à échéance la fécondité des céréales et des troupeaux ou de se prémunir avec une avance suffisante contre les risques de la vie agricole (la rouille, conjurée aux Robigalia est surtout à craindre à partir de la floraison, laquelle est elle-même devancée par les Floralia, de quatre jours postérieurs aux Robigalia). La sauvage cérémonie des Fordicidia, l'arrachement des veaux des entrailles de leurs mères, est la véhémente préfiguration de tous les enfantements désirés, grains de l'épi ou petits des troupeaux : comme telle, la plus expressive de tout ce cycle.
La surimposition du mythe de Déméter et Perséphone à la solennité latine est absurde. Il suppose en effet un développement temporel signalé par deux fêtes distantes l'une de l'autre, correspondant l'une à la disparition, l'autre à la réapparition de Corè (qu'elle représente le grain ou la végétation). Si les Grecs, sur ce thème, avaient adopté un calendrier différent à Eleusis et en Sicile, ce réalisme fondamental dans les deux cas était sauvegardé : les Grandes Eleusinies de septembre-octobre coïncident avec l'enfouissement des semences, et les Petites Eleusinies de février-mars signalent la promesse de réapparition du grain dans l'épi en fleurs ; à Syracuse (et sans doute Agrigente), les Anakalypteria - ou Koreia - célèbrent la disparition du grain sec enfoui dans les silos (Katagôgè), les Thesmophoria, qui coïncident, mais en un sens tout différent, avec les Eleusinies d'automne, annoncent la germination de ce même grain confié à la terre (Anodos). Dans les deux cas, la période du deuil de Démèter se limite à un tiers environ de l'année, comme le spécifie déjà l'Hymne homérique. Rien de plus conforme aux rythmes de la nature. A Rome, au contraire, ni la date, qui ne coïncide avec aucune des cérémonies majeures des Grecs (et n'y saurait coïncider, puisqu'elle est anticipante, non concordante) ; ni le blocage irrationnel d'une période mythique sur un seul jour cérémoniel ; ni le partage antinaturaliste de l'année culturale en deux moitiés égales de présence et d'absence de Libera-Corè ne répondent à quelque réalité que ce soit.
Le 19 avril était ainsi également l'anniversaire du grand temple voué sur l'Aventin en 496 avant J.-C. à la triade Cérès-Liber-Libera (les correspondants latins de Déméter-Dionysos-Corè), un temple qui deviendra le centre des activités de la plèbe à Rome. En 496, le dictateur Aulus Postumius, le vainqueur du lac Régille, ayant consulté les Livres Sibyllins, originellement au nombre de neuf, apportés de Cumes, pour y chercher les moyens de conjurer la famine qui sévissait, y trouva l'ordre d'élever un temple à Cérès, Liber et Libera.
Une loi de Carséoli imposant de brûler des renards, ce même jour. On lâchait dans le Cirque des renards au dos desquels on avait attaché des torches allumées. Ovide est le seul à évoquer cette curieuse coutume. Carséoli est une ville du pays des Èques, devenue colonie latine en 302 avant J.C. Elle se trouve sur la via Valeria, conduisant à Corfinium, capitale des Pélignes, non loin de Sulmo, où naquit Ovide. Ce rite assurément magique et anticipant, était conforme à l'esprit de l'ancienne religion romaine et du cycle liturgique où s'insèrent les Cerialia.
L'état immédiatement postérieur à la fondation du temple Aventin n'est pas éleusinien. La " triade divine " ne répond point aux " Deux Déesses " des Mystères ; la priorité de Liber sur Libéra s'oppose au rôle secondaire de Dionysos ou d'Eubouleus à Eleusis. Au surplus, les caractères les plus sûrement attestés du sanctuaire romain l'éloignent doublement des vocations éleusiniennes : les " personnes divines " y paraissent encore assez indistinctes, Cérès inclinant vers Tellus, et Libéra s'effaçant presque complètement ; mais surtout le temple a un caractère plébéien semi-politique et un rôle commercial et bancaire dominant, Cérès étant en liaison avec Mercure à des fins annonaires. La couleur non purement attique du récit surimposé suppose une date non antérieure au IIIème siècle pour l' " éleusinisation " des Cerialia et suggère une influence médiate, non par la Grande-Grèce, mais par la Sicile : les Romains du Ier siècle considéraient de plus en plus volontiers la Sicile comme partie du territoire " national ". Rappelons que mythologiquement Aréthuse, qui, fuyant Alphée, bénéficia d'un passage souterrain jusqu'à la Sicile où elle fut transformée en fontaine, vit sous terre Perséphone en reine des Enfers et en témoigne à sa mère.
L'hellénisation éleusinienne des Cerialia fut aidée par l'établissement à Rome d'autres cultes de Cérès, beaucoup plus (ou peut-être intégralement) grecs de caractère, et très pénétrés de mystiques démètriennes : " mystères " féminins de la première quinzaine d'août, attestés en 216 ; ieiunium Cereris du 4 octobre, instauré par les quindécemvirs en 191 av. J.-C. Au long de plusieurs centaines d'années s'est progressivement perdu le sens de la religion des ancêtres, même si certains rites en subsistaient (et ceux de Tellus, par exemple, beaucoup plus fidèlement que ceux de Cérès). Et l'on comprend dès lors le désarroi de la pensée théologique des Romains du Ier siècle avant notre ère. La réforme religieuse d'Auguste prenait les choses en un état de détérioration avancé. Sans doute l'antique dynamisme quasi-anonyme, sans dieu ni déesse bien définis, appuyé sur le réalisme des espérances paysannes d'un calendrier à la fois rigoureux et souple (grâce aux fêtes mobiles, les feriae conceptiuae), d'indigitations qui analysaient les progrès de la végétation et les travaux successifs des hommes, aurait mieux résisté à la critique des apologistes chrétiens. Ainsi s'était perdu - un entre beaucoup, mais le plus propre à se sauver si Rome était restée fidèle à sa vocation rustique et à son sens de la terre - l'ancien culte latin de Cérès, pour avoir voulu intégrer, sans l'avoir compris, le beau mythe éleusinien de Déméter et de Corè. La plus ancienne religion qui soit perceptible chez les Latins apparaît, à l'inverse de celle des Hellènes, étrangère aux mythes. Elle n'en a besoin ni pour agir ni pour se représenter. Et il est étrange de voir, même après des siècles d'influences grecques, en pleine période classique, les Romains exclure de la parure de leurs édifices religieux les représentations d'actions divines ou héroïques (Jean Bayet, La détérioration des Cerialia par le mythe grec).
Le retour à la Terre voulu par Auguste et chanté par Virgile n'aura donc pas suffi. Le carré SATOR semble participé à cette politique, comme en témoigne le A RE PO ! (Ah, la campagne ! Par-dessus-tout !) (Perceval et le Carré SATOR).
19 Mai
Ante diem quartum decimum Kalendas Iunias C
La fête des Ambarvalia, célébrée par les Frères Arvales, semble avoir eu lieu soit les 17/19/20 ou les 27/29/30 mai.
En l'an 109, " Isdem co(n)[s(ulibus) (ante diem quartum decimum) k(alendas) lun(ias)] / [in luco deae Diae Ti. Iulius Candidus c]aecilius Simplex p[rom(agister) ad aram immolauit porcas piaculares duas luco coinquendi et operis faciundi ", et en l'an 213 " …[XIIII Kal(endas) Iun(ias) in luco deae Diae L(ucius) Armenius Peregrinus praet(or) promag(ister) ad aram immolavit porcilias piaculares] n(umero)…. Armenius Peregrinus praet(or) promag(ister) riciniatus soliatus coro/natus supra carceres ascendit et signum quadrigis vigis desultoribus misit praesedente ad creta(m) Aelio / Coerano victores palmis et coronis argenteis honoraverunt deinde Romae in domo Aeli Coerani discumben/tes ture et vino fecerunt ministrantibus pueris patrimis et matrimis quibus supra adfuerunt L(ucius) Armenius Peregri/nus praet(or) promag(ister) Cn(aeus) Catilius Severus T(itus) Statilius Silianus C(aius) Sulpicius Pollio P(ublius) Aelius Coeranus L(ucius) Caesonius Lucillus", donc le 19 mai, les frères Arvales célébraient par un sacrifice à Dea Dia. Publius Aelius Coeranus fut exilé 7 ans pour avoir participé au complot de Plautien contre Caracalla puis rappelé et comblé d'honneur par ce même Caracalla.
Notons un événement qui eut lieu à cette date aux limites de l'empire romain en 363.
Vers le VIIIème siècle avant J.C., la région de Pétra est occupée par les Edomites qui crée le royaume d'Idumée. Les Nabatéens apparaissent un peu plus tard. Au IVème siècle avant J.C., Antigone le Borgne, un des successeurs d'Alexandre essaie en vain de s'emparer, à Pétra, des richesses des Nabatéens amassées par le brigandage, l'exploitation de l'asphalte de la Mer morte, leurs caravanes qui acheminent les " aromates " de " l'Arabie Heureuse ". Ils pourront alors construire un Etat, qui va prospérer aux frontières du royaume lagide d'Égypte, du royaume séleucide de Syrie et du désert. Dans les années 66 à 63, Pompée et les armées romaines conquièrent le Proche-Orient, et créent la province romaine de Syrie. Un lieutenant de Pompée, Scaurus, s'empare de Pétra en 58. Rome en fait un royaume-client qui profite pour son commerce de l'unification du marché méditerranéen. Petra connaît son apogée et compte, selon les sources, entre 20 et 40 000 habitants. Parallèlement, des constructions somptueuses voient le jour, principalement des temples et des tombeaux. En 106 après J.C., Trajan annexe le royaume nabatéen, pour constituer la province romaine d'Arabie, avec Bosra pour nouvelle capitale et préparer les opérations militaires contre les Parthes. Au IVème siècle, Petra passe sous domination byzantine et le christianisme fait son apparition. Plusieurs églises sont fondées. Une catastrophe sismique met fin à sa prospérité : au soir du 19 mai 363, un terrible séisme, décrit par une lettre en syriaque (manuscrit Harvard 99), détruit Pétra et la plupart de villes et villages de la région. Malgré tout, Pétra survivra pendant la période byzantine, qui s'étend jusqu'à la conquête musulmane du VIIème siècle.
29 Mai
Ante diem quartum Kalendas Iunias C
Les ambarvales, ambarvalies, ou ambarvalia (du latin ambire arva, tourner autour des champs) sont une procession lustrale romaine en l'honneur de la déesse Cérès que les Frères Arvales effectuaient le 29 mai pour favoriser la récolte et contenir les fureurs du dieu Mars. C'était une fête de la purification des champs avant la maturation des céréales. Elle donne lieu à un suovetaurile c'est-à -dire au sacrifice d'un porc, d'un bélier et d'un taureau.
Les Frères Arvales étaient un collège de douze flamines spécialisés dans la célébration du culte de Dea Dia, équivalente de la déesse Cérès. Selon la tradition romaine, ce culte était le plus ancien des cultes romains, et remontait à Romulus, qui avait formé le premier collège de frères Arvales avec les fils de sa nourrice Acca Larentia.
29 juin
Ante diem tertium Kalendas Julias - F
Trois jours (il y a trois Parques) avant le 1er juillet, c'est-à -dire le 29 juin, on commémorait la reconstruction par Auguste, en 16 avant J.C. du temple de Quirinus sur le Quirinal. L'ancien temple à Quirinus avait son anniversaire aux Quirinalia du 17 février. Romulus fut divinisé et assimilé à Quirinus.
9 Juillet
Ante diem septimum Idas Julias - N
La religion romaine archaïque ne possédait aucun dieu similaire à l'Apollon des Grecs, et manquait notamment d'un dieu de la Médecine. Aussi Apollon fut-il l'un des rares dieux grecs reçus dans la Rome antique, dès le Vème siècle av. J.-C., avec des attributs n'ayant pas leur équivalent dans la religion locale traditionnelle - son fils Asclépios, lui aussi guérisseur, devint Aesculapius (Esculape) et fut reçu à Rome au début du IIIe siècle av. J.-C. Le premier temple d'Apollon fut bâti au Champ de Mars et dédié en 431 av. J.-C. En 399, Apollon et sa mère - Latone, à Rome - furent honorés lors du premier lectisternium de la cité - repas offert aux dieux, qui sont représentés couchés, de lectus, "lit", et sternere, "étendre sur le sol". Des jeux furent consacrés au dieu, les ludi Apollinares, qui devinrent annuels à partir de 208 av. J.-C. En 28 av. J.-C., après sa victoire d'Actium contre Antoine et Cléopâtre, qui s'était produite près d'un sanctuaire du dieu, l'empereur Auguste érigea un temple à Apollon dans son palais du mont Palatin.
Les ludi Apollinares furent instaurés lors de la seconde guerre punique (212 av. J.-C.). Sur une prophétie de Marcius et après consultation des livres sibyllins, pour obtenir la victoire sur Hannibal, on décide de célébrer dans le grand cirque des jeux en l'honneur d'Apollon. Apollon, dieu grec de la Beauté, de la Lumière, des Arts et de la Divination, était tout à la fois: guerrier, pasteur, purificateur et guérisseur en tant que dieu solaire. Il était aussi appelé Phébus, c'est-à -dire "le brillant". On l'honorait du 6 au 13 juillet. Par la suite, les ludi Apollinares devinrent annuels et le nombre de jours de fête passa de un à huit, puis à neuf jours (5-13 juillet).
Caprotine est un surnom que les Romains donnèrent à Junon en mémoire d'un fait singulier rapporté dans les Saturnales de Macrobe, L 1. c. 12. Après que les Gaulois eurent quitté Rome, les peuples voisins, croyant que la République étant épuisée, ils pourraient aisément se rendre maîtres de la ville, vinrent l'assiéger, sous la conduite de Lucius, dictateur des Fidénates. Il fit demander aux Romains leurs femmes et leurs filles. Les esclaves, par le conseil d'une d'entre elles, nommée Philotis, se revêtirent des habits de leurs maîtresses, et allèrent se présenter, à l'ennemi, qui, les prenant pour les Romaines qu'il avait demandées, les distribua à dans tout le camp. Elles feignirent de célébrer ce jour-là une fête, excitèrent les capitaines et les soldats à se réjouir et à boire largement. Ensuite quand ils furent ensevelis dans le sommeil, elles donnèrent le signal à la ville depuis un figuier sauvage, nommé en latin caprificus. Les Romains fondirent aussitôt sur leurs ennemis, remplirent le camp de carnage, récompensèrent le service de leurs esclaves par la liberté avec une somme d'argent qu'on leur donna pour se marier. Ils instituèrent aussi une fête à Junon, qui, en mémoire du figuier sauvage, fut surnommée Caprotine. Le jour auquel Rome fut ainsi délivrée, qui était les nones de juillet, fut appelé les nones caprotines. Plutarque et Arnobe en ont aussi parlé. La série de rites se déroulait à Rome (plus exactement à ses portes) au début du mois de juillet (quinctilis), des Poplifugia du 5 à la vilulatio victorieuse du 9, les principaux se plaçant dans la journée du 7 et la nuit suivante, les Nones Caprotines. Un rapport logique semble lier ces rites entre eux-, et, à trois jours de distance renverser expressément la " déroute " des Poplifugia en une sortie triomphante, quoique les récits anciens, et notamment ceux de Plutarque (dans les Vies de Romulus et de Camille), soient grevés d'une lourde confusion entre les gestes des Poplifugia et ceux de la nuit du 7 au 8.
Une chèvre était immolé à l'occasion, rappelant aussi une autre origine du terme " caprotine " que d'autres donnent relative à la disparition de Romulus, qui eut lieu ce jour-là , lorsque, ce prince étant hors de la ville, il s'éleva tout à coup un violent orage, accompagné d'une obscurité profonde. Il y en a qui disent que ce fut pendant une éclipse de soleil; et que ce jour a été appelé les nones caprotines, du mot "capra", nom latin de la chèvre, parce que Romulus disparut pendant qu'il tenait une assemblée du peuple près du marais de la Chèvre (Encyclopédie méthodique, 1876, Bulletin de la société Ernest Renan, Revue de l'histoire des religions, 1958, vol. 153, n° 1, pp. 119-148., Plutarque, Vie de Romulus, Chapitre 29).
Gordien III devient empereur à l'âge de 13 ans le 9 juillet 238.
8 août
Ante diem sextum Idus Augustas C
Pendant 9 jours, se déroulent les Sacrum anniversarium cereris, cérémonie anniversaire en l'honneur de Cérès, appartenant aux sacra publica en l'honneur des retrouvailles de Cérès et de Proserpine. Fête mobile selon Ovide, elle tombait au mois d'août en 216 avant J.C. lors la bataille de Cannes, livrée le 2 août 216, qui avait plongé toute la ville dans un deuil si grand qu'il fallut alors ajourner la fête à trente jours. Les femmes seules y figuraient et s'y préparaient par une abstinence de neuf jours. Habillées de blanc et parées d'une couronne d'épis, elles allaient offrir à la déesse les prémices des champs, et pratiquaient le jeûne ainsi que l'abstinence sexuelle.
Trajan meurt le 8 août 117 en Cilicie.
18 août
Ante diem quintum decimum Kalendas Septembres - C
C'était le jour anniversaire de la dédicace du temple au Divin Jules (César), et la date du décès (peut-être 326) de la mère de Constantin Ier, Hélène qui deviendra sainte.
18 septembre
Ante diem quartum decimum kalendas Octobres - C
Les ludi Romani ou magni étaient des jeux anciens, donnés chaque année en septembre, par les édiles curules. Leur origine émane de la tradition qui voulait qu'un général offrit, après une campagne victorieuse, une fête à Jupiter, dieu italique et romain, principale divinité du panthéon romain. Dieu du ciel, de la lumière diurne et des éléments (météorologie, foudre, tonnerre). On le fêtait du 4 au 19 septembre. Une grande procession, véhiculant les images des dieux, se dirigeait vers le temple de Jupiter, sur le Capitole. La procession était suivie par des courses de chars et des parades militaires. Les Ludi ont évolué dans le temps, dans leur longueur que leur contenu. Organisés par les consuls, les Ludi romani passèrent d'un jour à deux à la suite de l'expulsion des rois en - 509, puis à trois jours treize ans plus tard après la sécession de la Plèbe en 494. En - 367, leur responsabilité fut confiée aux édiles curules. En 191, les jeux avaient été déjà portés à dix jours et, à l'époque de Cicéron, à quinze du 5 au 19. Un dernier jour, le 4, fut ensuite ajouté pour honorer la mort de César. Initialement, les Jeux n'étaient pas annuels. Ils avaient été crées à la suite de la prise de la ville latine d'Apiola par Tarquin l'Ancien, en - 616 : le butin ayant été plus important que prévu, Tarquin offrit ces Jeux "qui dépassaient de loin, par leur richesse et par leur qualité, tous ceux qui avaient été donnés avant lui". On "délimita alors pour la première fois l'emplacement" du grand Cirque. Peu à peu, il devint habituel de célébrer la fin des campagnes militaires annuelles sous le nom de Ludi romani. En 322, les Ludi romani devinrent officiellement annuels.
Les Ludi romani furent souvent confondus avec les Ludi magni. Cette confusion vient du fait que les deux jeux étaient célébrés à la même période, soit séparément, soit en faisant des Ludi magni, par l'ajout de manifestations spéciales, une amélioration des Jeux romains. C'est enfin lors des Ludi romani que, le 13 Septembre jour des Ides, le magistrat le plus élevé de la cité enfonçait, dans la cella du temple de Minerve au Capitole, un clou. Ce rituel, malgré ce que suggère Tite-Live, est davantage un symbole de la destinée, de tradition étrusque, que le moyen de compter les années (TL, VII, 3).
Du 15 au 18, dans le cadre des Ludi romani, au Circus Maximus, avaient lieu des courses de quadriges (chars à 4 chevaux), exhibitions d'acrobates, de lutteurs et de pugilistes, aux frais de l'Etat. Les statues des dieux y assistaient, placées sur un pulvinar, lit de parade. Les tribunaux sont fermés puisque les juges sont en vacances pendant tout le mois de septembre pour pouvoir faire les vendanges (feriae vindemiarum).
Le 18 septembre, est né Trajan à Italica en Espagne en 53, est mort assassiné l'empereur Domitien en 96. Ce jour est marqué par la victoire de Constantin sur Licinius à Chrysopolis en 324.
En Grèce, les Mystères d'Eleusis étaient célébrés ce jour et les suivants. Ce que confime l'empereur Julien dit l'Apostat qui fut initié en 355 :
" Ce n'est point au hasard mais par des motifs fondés en raison et en réalité que les anciens ont fixé les époques de ces cérémonies. La preuve en est que la déesse elle-même a pour domaine le cercle équinoxial. Or, c'est sous le signe de la Balance que s'exécutent les Mystères augustes et secrets de Déméter et de Coré. Et c'est tout naturel. Il est juste de rendre un culte solennel au dieu qui s'éloigne, et de lui demander qu'il nous préserve de la puissance impie et ténébreuse. Aussi les Athéniens célèbrent-ils deux fois les Mystères de Déo : les Petits Mystères lorsque le Soleil est dans le Bélier, et les Grands Mystères quand il est dans les Pinces [Pour les Grecs, les étoiles de la Balance ne formaient pas une constellation en soi, mais faisaient partie du Scorpion, dont elles étaient les pinces]. J'en ai dit la raison tout à l'heure. Quant à la distinction entre les Grands et les Petits Mystères, je crois que, entre autres motifs, le plus plausible, c'est qu'il convient d'honorer plus le dieu lorsqu'il s'éloigne que lorsqu'il se rapproche. Aussi les Petits ne sont-ils qu'une sorte de commémoration, attendu que le dieu sauveur et attracteur des âmes étant, pour ainsi dire, présent, on ne peut que préluder à la célébration des rites sacrés, après lesquels viennent, au bout de quelque temps, les purifications continues et les abstinences consacrées; mais, lorsque le dieu se retire vers la zone antichthone, alors, pour la garde et le salut commun, on célèbre le plus important de tous les Mystères. Remarquez que, comme alors s'opère le retranchement de l'organe de la génération, de même, chez les Athéniens, ceux qui pratiquent ces secrets sont tout à fait purs, et le hiérophante, leur chef, s'abstient de toute génération, tant pour ne pas contribuer à la progression que pour maintenir pure et sans altération la substance finie, perpétuelle, et enfermée dans l'unité. "
28 septembre
Ante diem quartum kalendas Octobres C
Ce fut le jour de la victoire des Athéniens sur les Perses à Marathon en 490 avant J.C.
Les Mystères d'Eleusis se poursuivent.
28 Octobre
Ante diem quintum Kalendas Novembres C
Les Ludi Victoriae Sullanae se déroulent du 26 Octobre au 1er novembre. Inaugurés en 81 avant J.C. par le préteur Sextius Nonius, neveu du dictateur, et célébrés encore avec éclat sous Auguste, les Ludi Victoriae Sullanae n'existaient plus au IVème siècle.
Aujourd'hui commencent les fêtes d'Isia honorant Isis jusqu'au 3 novembre.
Bataille du Pont Milvius gagnée par Constantin sur Maxence qui périt en traversant le Tibre.
8 Novembre
Ante diem sextum Idus Novembres C
Du 4 au 18 novembre, se déroulent les Ludi Plebei, " les Jeux Populaire ", organisés en l'honneur de Jupiter par les édiles de la plèbe selon le même calendrier et avec les mêmes spectacles que les Grands Jeux du mois de septembre. Du 15 au 18, dans le cadre des Ludi Plebei, des courses de quadriges (chars à 4 chevaux), des exhibitions d'acrobates, de lutteurs et de pugilistes se déroulaient aux frais de l'Etat. Les statues des dieux y assistaient, placées sur un pulvinar, lit de parade.
L'organisation religieuse de l'espace ne vise pas seulement à situer l'homme et à le définir juridiquement par rapport à ses semblables, elle délimite aussi le monde des vivants face à celui des morts. Le sol sacré de l'Urbs ne peut être souillé par le contact des morts. Ceux-ci sont rejetés hors du pomerium. Sur ce tabou s'est peu à peu développé tout un droit funéraire qui subsistera, inviolé, en Occident, bien après la fin de la domination romaine. On peut donc être surpris, à première vue, en constatant qu'à l'intérieur même de leur ville les Romains ont maintenu l'existence d'une porte permettant la communication entre les morts et les vivants. L'idée que les morts habitent une demeure collective cachée dans le sol est très archaïque. Lors de la fondation d'une ville, on jetait dans le mundus un peu de terre natale rappelant le souvenir des ancêtres. De nombreuses cités du Latium et d'Etrurie possédaient une telle ouverture. Plutarque donnait au mundus une origine étrusque et disait qu'on y plaçait les prémices des récoltes. La bouche infernale de cet autre mundus, normalement fermée par une pierre, ne s'ouvrait que trois jours par an au monde des morts: le 24 août, veille de la rentrée de la moisson; le 5 octobre et le 8 novembre où l'on procédait aux semailles d'automne. Festus l'appelait ostium Orci, " la porte d'Orcus ". La pierre qui fermait le mundus, lapis manalis, était alors levée pour laisser libre passage aux Mânes. Ces trois jours durant lesquels le mundus béait (mundus patet), étaient sacrés. On ne devait entreprendre aucun acte officiel, engager aucune opération militaire, tenir aucune réunion politique sauf cas d'extrême nécessité. On ne pouvait même pas se marier. En effet, comme l'explique Varron, " C'est la porte des divinités infernales et néfastes qui est alors ouverte ". Or ce mundus était à Rome localisé près du temple de Cérès, mundus Cereris, dans la vallée du Circus Maximus, témoignant ainsi que les Romains unissaient dans une même dimension religieuse la terre qui reçoit la mort et la fécondité. Les rites de fondation d'une ville comme ceux qui, chaque année, doivent renouveler sa prospérité, se doivent donc d'agir sur le monde souterrain qui est le domaine des Mânes, les esprits des morts de la communauté, qui sont en général bienveillants. Si leur jus est respecté, ils restent enfermés dans leur domaine. Mais ils ont droit à des sacrifices, qui sont les mêmes que ceux offerts à Tellus, à la Terre-Mère qui les a recueillis et qui fera naître, chaque printemps, de nouvelles richesses. A Capoue, puis à Rome, Cérès a pris, peu à peu sous l'influence de l'hellénisation, la protection de cette portion de l'espace. Cette liaison entre la Terre séjour des morts et source de fécondité est précisément marquée par la date des jours d'ouverture du mundus, dates qui sont parmi les plus importantes de l'année agricole.
Une autre pierre du même nom de lapis manalis servait à la cérémonie appelée aquaelicium afin de faire pleuvoir par temps de sécheresse. Les pontifes faisaient transporter la pierre de son lieu habituel, un temple de Mars près de la Porta Capena, au Sénat, et l'on procédait à des offrandes faites à Jupiter et l'on répandait de l'eau sur la pierre.
Le 8 novembre, est né l'empereur Nerva à Narnia en 35, et fut fondée la ville de Constantinople par Constantin en 324.
Le 8 novembre 392, une loi fut publiée qui défendait absolument les immolations sous peine de mort, et tous les autres actes d'idolâtrie sous peine de confiscation des maisons ou des terres ou ils auraient été commis. Telle est le système de législation suivi contre les païens par Théodose.
8 Décembre
Ante diem sextum Idus Decembres C
Du 5 au 8, avaient lieu les fêtes de Faunalia rustica, fêtes en l'honneur de Faunus, antique divinité italique protecteur de la fécondité des hommes et des animaux, assimilé au Pan grec. Il avait un temple sur une île du Tibre.
Le 8, c'était les Tiberinalia, fêtes en l'honneur du Tibre et de Gaïa.
C'était aussi la fête grecque d'Astraea, déesse de la Justice, Astrée.
18 Décembre
Ante diem quintum decimum Kalendas Ianuarias C
Les Saturnalia étaient une fête romaine en l'honneur de Saturne. Les fables la rattachent soit à Janus roi, en compagnie de Saturne, du Latium primitif, soit à Romulus qui, en instituant la fête, aurait entendu commémorer ses propres débuts ou bien aux Kronia athéniennes. Ce qui paraît véritablement latin dans l'histoire de ses débuts, c'est la tradition qui la met en rapport avec le roi Tullus Hostilius et avec Tarquin le Superbe. Durant les trois siècles qui suivirent, les Saturnales ne furent probablement qu'un épisode des fêtes agricoles qui, commencées en automne, au moment des semailles, se prolongeaient jusqu'au solstice d'hiver. Elles succédaient aux Consualia, et elles avaient pour conclusion les Larentalia et les Paganalia ; fixée au 17 décembre, la fête religieuse ne durait qu'un jour. Les Saturnales reçurent leur organisation définitive en 217 av. J.-C., l'année même de la défaite de Trasimène, sur l'intervention des livres sibyllins. C'est à cette occasion que la croyance hellénique dans un âge d'or, auquel Kronos avait présidé chez les Grecs, se transforma au contact des choses romaines ; alors se vulgarisa la fable de Saturne, roi du Latium primitif, qui lui aurait été redevable d'une période de paix, de bonheur et de prospérité. La fête traditionnelle devenait l'image idéalisée de ce règne, embellie de tous les bienfaits dont les malheurs présents faisaient désirer le retour. Cette fête comportait un sacrifice au temple de Saturne, un lectisternium organisé par les sénateurs en personne, un repas public suivi de réjouissances populaires. La fête d'Ops tombait deux jours plus tard, ce qui eut pour résultat de faire identifier cette divinité avec Rhea Cybèle. Les Saturnales furent prolongées jusqu'aux Opalia. Lorsque César réforma le calendrier, il fit bénéficier les Saturnales des deux jours qu'il fallut ajouter au mois de décembre, lequel n'en avait jusque-là compté que vingt-neuf. Caligula en ajouta deux autres aux vacances des tribunaux, disposition qui fut confirmée par un édit de Claude ; et c'est sous Domitien que la durée totale fut fixée officiellement à sept jours. Comme aux temps anciens, elle commençait le XIVe jour avant les Calendes de janvier (17 décembre), englobait les Opalia qui tombaient le XIIème jour, et se terminait aux Larentalia, le 23 décembre. Seul le premier jour, pendant lequel on offrait à Saturne et au Genius individuel le sacrifice d'un porc, avait un caractère religieux ; les autres n'étaient pas festi, suivant la distinction formulée par Macrobe, mais feriati. Le sacrifice était offert graeco rite, le prêtre y procédant la tête découverte. Aussitôt après, la foule se précipitait par les rues en poussant le cri joyeux : Io Saturnalia ! bona Saturnalia ! Partout ces sept jours des Saturnales étaient le temps de liesse par excellence. A Rome on prenait son bain dès le matin, afin d'avoir toute liberté de banqueter jusque dans la nuit. L'on s'invitait les uns les autres à de plantureux repas qui étaient l'occasion de cadeaux échangés entre amis et connaissances. Il est vrai que les hommes seuls y participaient, mais les femmes avaient leur tour aux Matronalia, où elles s'en faisaient offrir surtout par leurs maris. Sous la République, ces présents avaient un caractère fort simple : ils consistaient en chandelles de cire (cerei) et en poupées d'argile ou de pâte, nommées sigillaria. Les empereurs se conformaient à la coutume générale, distribuant et se faisant envoyer par leurs intimes les menus cadeaux qui entretiennent l'amitié. Pour rapprocher les distances, tout le monde coiffait le pileus et les esclaves, qui avaient été admis au sacrifice du premier jour, vivaient sur un pied d'égalité parfaite avec leurs maîtres. Saturne n'était-il pas le dieu de l'âge d'or où il n'existait pas de distinction de classes, où il n'y avait pas d'esclaves et où même la propriété individuelle était inconnue ? Pour mieux rappeler ces temps, on allait jusqu'à renverser les rôles, les maîtres servant leurs esclaves à table et ceux-ci se permettant vis-à -vis d'eux une franchise de langage qui allait jusqu'à la critique de leurs travers ou de leurs vices : c'était la liberté de Décembre, pour parler comme Horace. D'autres licences encore étaient permises aux esclaves, celles notamment de pratiquer les jeux de hasard, qui en tout autre temps leur étaient interdits. L'enjeu des esclaves et des petites gens était fourni par des noix, saturnaliciae nuces, aussi indispensables à la fête que les cerei et les sigillaria.
...et des triangulations
19 mai : Cérémonie accomplie par les frères Arvales en l'honneur de Dea Dia (Cérès)lors de la pleine lune de mai.
18 septembre : Les Mystères d'Eleusis
17 janvier : Fête de la déesse Félicitas
Cérès/Déméter, déesse de la félicité
À l'origine rites purement agraires, les mystères d'Éleusis prennent rapidement une dimension plus symbolique. La légende de Déméter et Perséphone figurant l'alternance de vie et de mort dans les cycles de la nature, les mystères d'Éleusis sont interprétés comme une quête de l'immortalité ; les initiés voient probablement dans la mort l'espoir d'une renaissance dans le monde des Enfers, attendant de Déméter le don d'une vie heureuse dans l'au-delà - déesse de la Terre cultivée, elle est également une déesse de la Félicité. Si l'on en croit l'Hymne homérique à Déméter, celui qui n'a pas été initié s'évanouit après sa mort dans les ténèbres. Au contraire, " Heureux qui possède, parmi les hommes de la terre, la vision de ces mystères ! ", il connaîtra une renaissance dans le monde souterrain.[1]
29 juin : Dédicace du temple de Quirinus
28 octobre : Ludi Victoriae sullanae
27 février : Equirria en l'honneur de Mars
Les chevaux de Mars
D'origine italique Mars, à qui était consacré la fête des Equirria où l'on assistait aux courses de chevaux comme aux Ludi Victoriae Sullanae, préexista à l'introduction d'Arès dans la religion romaine. Les premières formes de son nom étaient Mavor ou Mamers (de l'étrusque Maris). Il semble avoir été à l'origine un dieu agraire et, à une époque très ancienne, il fut identifié au dieu de la végétation, Silvanus. Selon une tradition romaine, Junon l'avait enfanté sans le secours de Jupiter ; jalouse, en effet, de la naissance de Minerve, jaillie spontanément de la tête de Jupiter, Junon avait voulu à son tour concevoir seule un enfant. Elle s'adressa à Flore, déesse des jardins et des champs cultivés, qui lui donna une fleur magique dont le simple attouchement rendait une femme féconde (Ovide, Fastes). Dieu agraire, il aidait les paysans du Latium à défendre leurs cultures et leurs troupeaux. On lui avait donc consacré le loup ainsi que le pivert, annonciateur de pluie. A l'époque classique, quand Rome fut une grande puissance militaire, ce dieu du printemps, quand recommence la saison de la guerre, est devint un dieu guerrier. Il est en même temps le dieu de la jeunesse parce que la guerre est l'objet de l'activité de la jeunesse. Il était particulièrement révéré par l'armée, ce qui lui valut le surnom de Gradivus ("qui s'avance à grands pas" ou, selon d'autres, " qui fait pousser " les moissons). Romulus, fondateur et premier roi de Rome était le fils de Mars et de Rhea Silvia, appelée aussi Ilia, une des Vestales. Rhea Silvia était la fille de Numitor, roi d'Alba Longa, qui avait été déposé par son jeune frère Amulius, qui avait fait de Rhea Silvia une prêtresse pour qu'elle ne puisse pas avoir d'enfant en posture de prétendre au trône. Après la naissance des deux jumeaux Rémus et Romulus, pour écarter tout danger, Amulius les fit jeter dans un panier dans le Tibre. Ils furent recueillis et nourris par une louve sur les pentes du mont Palatin et furent ensuite découverts par le berger Faustulus et élevés par sa femme, Acca Larentia. Devenus adultes, les frères déposèrent Amulius et rétablirent leur grand-père Numitor sur le trône d'Albe. Les frères décidèrent alors de fonder une ville. Après s'être disputés à propos de l'endroit, ils choisirent finalement le mont Palatin. Romulus traça un sillon, future enceinte (Roma quadrata) et tua Remus qui l'avait franchi par dérision. Il établit un refuge sur le Capitole pour les esclaves évadés et les hors-la-loi et leur trouva des femmes en enlevant les Sabines au cours d'un festival auquel il avait invité les Sabins. Après plusieurs guerres entre les Romains et les Sabins, il y eut finalement réconciliation, avec Romulus comme roi. Il entreprit ensuite l'organisation de la ville en créant un Conseil de sénateurs, les "patres" (futurs patriciens) et une Assemblée du peuple. Selon la légende, Romulus fut emmené au ciel sur un char tiré par les chevaux de Mars et fut plus tard divinisé et identifié à Quirinus, ancien dieu de la triade archaïque précapitoline Jupiter - Mars - Quirinus : " Ainsi Quirinus, emporté par les coursiers de Mars, échappa à l'Achéron " (Horace, ODES III).
8 décembre : Tiberinalia et Faunalia rustica
9 avril : ludi megalenses cybèle
8 août : Sacrum anniversarium cereris
Le Tibre
C'est sur la rive droite du Tibre à cinq milles et en aval de Rome, que la confrérie des Frères Arvales avait son centre religieux dans le bois sacré de Dea Dia, assimilée à Cérès.
La déesse Cybèle, sous la forme de la Pierre noire de Pessinonte, fut accueillie à Rome en 204 avant J.C., l'époque de la guerre contre Hannibal, une période très sombre pour les Romains. A l'embouchure du Tibre, une foule représentant toute la société romaine assista à l'arrivée de son bateau qui s'échoua dans un banc de vase, et les efforts de tous ne parvinrent pas à le dégager. Une certaine Claudia Quinta, une jeune fille dont la réputation de chasteté était mise en doute, demanda à Cybèle de faire éclater son innocence en lui permettant de dégager toute seule le navire. Elle tire facilement avec sa ceinture le navire qui reprend sa route. Le lendemain, après accomplissement de rites et du sacrifice d'une génisse, a lieu, au confluent de l'Almo et du Tibre, un bain rituel de la statue de Cybèle, au son des flûtes et des tambourins. Puis un cortège, mené par Claudia Quinta réhabilitée, introduit par la porte Capène le char portant la déesse.
Le 8 décembre est, on l'a vu, la fête des Tiberinalia en l'honneur du fleuve et de Gaia.
28 septembre : Poursuite des Mystères d'Eleusis
29 mai : Ambarvalia
28 janvier (aux alentours, car fête mobile) : feriae sementivae
Cérès
La poursuite des Mystères d'Eleusis se joint aux Ambarvalia consacrées à Cérès ou Dea Dia et Feriae sementivae consacrées aussi à Cérès pour illustrer la productivité de la Terre-Mère.
9 mars : Arma ancilia movent
9 juillet : Ludi appollinares
8 novembre : Mundus
Proserpine
Claudien (Claudius Claudianus) (370 - 404) est peut-être né à Alexandrie. Poète de cour et mondain, auteur d'épigrammes, de poèmes épiques et de louanges, il composa d'abord en grec, sa langue maternelle. Resté païen, il fut protégé par les empereurs Arcadius et Honorius et les consuls Olibrius et Propinus. De 395 à 404, il a chanté la Rome théodosienne qu'il croyait éternelle. Avec Prudence, il est l'un des derniers grands poètes latins de l'Empire romain.
Un passage de son Enlèvement de Proserpine semble illustrer cette triangulation romaine : " Une jeune fille, unique rejeton, avait comblé les vœux de Cérès, déesse d'Henna ; Lucine n'avait pas ajouté de nouveaux dons à cette faveur, et les entrailles stériles de la déesse s'étaient reposées, fatiguées de ce premier enfantement ; mais elle s'élève au-dessus de toutes les mères, et la seule Proserpine lui tient lieu d'une nombreuse famille ; elle la chérit, elle s'attache à ses pas […] Déjà la vierge avait parcouru le cercle des années voisines de l'hymen ; déjà la flamme d'amour inquiète sa timide pudeur, et la crainte mêlée de désir agite son cœur. Son palais retentit du bruit de ses prétendants. Mars, couvert de son bouclier, Phébus, dont l'arc lance des traits inévitables, luttent pour obtenir la fille de Cérès. L'un offre en dot le Rhodope ; l'autre, Amycla, Délos et les palais de Claros […] La blonde Cérès dédaigne leurs prières, et dans son ignorance de l'avenir, craignant un larcin, confie celle qui fait sa joie aux rochers de la Sicile, rassurée par la nature des lieux. […] A peine Cérès a-t-elle caché dans cette terre isolée le gage de son amour, sans crainte désormais elle se dirige vers la Phrygie, et va trouver Cybèle, dont le front est couronné de tours. […] Depuis longtemps, du haut de l'Olympe, Jupiter contemplait ce spectacle, et ouvrait ainsi à Vénus les secrets mystères de son âme. "Déesse de Cythère, je t'avouerai le secret de mes peines ; depuis longtemps la blanche Proserpine est destinée à l'hymen du roi des Enfers : ainsi le commande Atropos, ainsi l'annoncent les oracles de l'antique Thémis. Tandis que sa mère est éloignée (le temps est venu d'accomplir nos desseins) "
18 août : Mort d'Hélène, mère de Constantin
18 décembre : Saturnales
19 avril : dernier jour des Cerealia
Des noix !
Un dicton, pas trop romain sans doute, dit qu'à la Sainte-Hélène, la noix est pleine, et le cerneau se met dans l'eau. Pendant les saturnales, on l'a vu était permis aux esclaves, de pratiquer les jeux de hasard L'enjeu des esclaves et des petites gens était fourni par des noix, saturnaliciae nuces, aussi indispensables à la fête que les cerei et les sigillaria. Le 19 avril, le dernier et principal jour des Cerealia, voit l'organisation de courses de chars au Grand Cirque, où l'on jetait des noix aux spectateurs.
Sources
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FASTAM/F1-637-724.html
http://www.quirites.org/quirinus04F08.htm
http://fleche.org/lutece/expo/fete.html
http://www.viaromana.com/antiquite/civis_le_calendrier_romain
http://www.maat.it/livello2/2009%20-%20Calendario%20antica%20Roma.html
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=-0450101
http://www.highdown.reading.sch.uk/highdown/pupil/time/Roman/dec06.htm
http://mondemeilleur.over-blog.net/article-5547761-6.html
Michel Meslin, L'homme romain des origines au Ier siècle de notre ère, Bruxelles, Éditions Complexe
Julien, empereur, Discours, V, 173, traduction Talbot, http://www.archive.org/stream/MN40011ucmf_5/MN40011ucmf_5_djvu.txt
http://www.mediterranees.net/mythes/ceres/claudien.html
[1] http://fr.encarta.msn.com/encyclopedia_761576911/%C3%89leusis_myst%C3%A8res_d'.html