Antisigma
La lettre grecque sigma a plusieurs dessins en capitale, en minuscule finale et initiale ou interne. Mais il existe aussi le sigma lunaire c. Ce sigma ressemble à notre C, mais il ne lui a pas donné naissance. Cette dernière lettre provient du G, g issu de gamma capitale Gamma. En revanche, le sigma lunaire a donné naissance à la lettre cyrillique C, qui correspond à notre S, s latin. L'antisigma est donc un signe avec la tête en bas, l'ouverture à gauche.
Claude n'a pas repris le psi grec, alors que sa valeur de /ps/ était identique. La lettre devait aussi noter le digramme bs, comme dans absolutus, obscurus. Cela prouve que la bi-labiale /b/ était assourdie au contact de la constrictive sourde /s/. L'utilité de ce signe était réduite, malgré la fréquence de cette séquence en latin.
Les lettres claudiennes ont été introduites par l'empereur Claude qui régna de 41 à 54. Le C renversé (antisigma) qui remplace BS and PS, le F retourné (digamma inversum) pour représenter le U consonantique (W/V), et le demi H ou I barré pour le son de la lettre grecque Upsilon. Ces lettres furent abandonnées après la mort de Claude. Le C renversé est utilisé comme numéral romain. Précédé de I, il vaut 500 (en.wikipedia.org - Roman numerals, en.wikipedia.org - Claudian letters).
L'antisigma est un terme de paléographie indiquant qu'il faut changer l'ordre des vers devant lesquels il est placé. Il fut inventé par Aristarque de Samothrace.
Aristarque était né, dans l'île de Samothrace, d'un père qui portait le même nom que lui. A Alexandrie, il eut pour maître Aristophane de Byzance, principal inventeur des signes que nous employons encore dans l'orthographe française, de nos accents. Aristarque devint grammairien conservateur des bibliothèques et précepteur du fils de Philométor. Malgré ses doubles fonctions de professeur et de bibliothécaire, Aristarque fut un philologue laborieux et fécond. L'un de ses disciples, Denys le Thrace, est auteur du plus ancien manuel de grammaire grecque qui nous soit parvenu. Une tradition, Aristarque donna au roi Ptolémée le conseil d'envoyer du papyrus à Rome, en d'autres termes d'autoriser l'exportation de cette précieuse denrée vers l'Italie, sans doute au préjudice de quelques autres nations de la Grèce, et particulièrement des rois de Pergame, qui organisaient alors leur belle bibliothèque. Le fils de Ptolémée-Philométor, élevé par Aristarque, fut, tout jeune encore, assassiné dans les bras de sa mère Cléopâtre par un oncle usurpateur. Aristarque avait un autre élève à la cour d'Égypte. C'est ce frère puîné de Philométor qui se décerna le titre de Bienfaiteur (Evergète II), que la haine des Alexandrins changea en celui de Malfaiteur (Kakergète). On le nomma aussi Physcon (ventru) à cause d'une infirmité qui complétait la laideur de sa personne. A tous ces titres il joignit celui de Philologue. C'est lui en effet qui, après avoir inondé de meurtres Alexandrie tout entière, chassa par centaines en exil les grammairiens, les philosophes, les géomètres, les musiciens, les peintres, les médecins, les professeurs. A la disparition de Ptolémée-Physcon, Alexandrie se repeupla bientôt de savants. Exilé dans l'île de Chypre, étant devenu hydropique, Aristarque se laissa mourir de faim à l'âge de soixante-douze ans, mort tout à fait d'actualité. L'un de ses fils fut vendu comme esclave et racheté par les Athéniens. Aristarque est surtout connu comme interprète d'Homère. La doctrine d'Aristarque avançait qu'Homère représente seul tout un âge de la civilisation et de la langue grecque. Aristarque déclarait l'allégorie contraire aux intentions du poète. Il admettait donc dans leur grossièreté souvent sublime ces fictions d'un autre âge; il ne voulait pas qu'on en fît honneur à Homère, non plus qu'on lui en fît un crime. En collaboration avec son maître Zénodote, il constitue le Canon alexandrin, liste des auteurs grecs jugés les plus remarquables pour la pureté de leur langue. La liste est toujours employée de nos jours dans l'enseignement du grec (E. Egger, Etudes sur l'antiquité, Revue des Deux Mondes, tome 13, 1846).
Parfois appelé Vertatur, c'est le signe de retournement utilisé lorsque un caractère (en plomb) était tête bêche. Il en existe plusieurs formes. La plus ancienne, attestée du temps de Plantin, est la plus répandue. Mais une autre forme, une sorte de 3 cursif à l'envers (et parfois de 3, mais cette forme était déconseillée pour éviter justement la confusion avec le chiffre) était plutôt en usage en France. Il en existe diverses autres variantes dans certains pays.
On a beaucoup écrit sur l'origine de ces signes (on leur a trouvé souvent comme origine une lettre grecque déformée). Brossard qui fait la synthèse sur la question suggère que le vertatur pourrait venir de l'antisigma et le deleatur d'un d cursif médiéval. C'est l'opinion en générale admise aujourd'hui (Jacques André, Petite histoire des signes de correction typographique).
En outre, parmi les abréviations paléographiques françaises, il y a deux signes particuliers provenant de la sténographie romaine (notes tironiennes) : les " et " en forme de 7 (qui donnent aussi et[iam]) et l'antisigma qui prendra ultérieurement la forme d'un 9, exprimant " con " (contra, conversus, etc.).
Emden, Anvers, Paris
En 1540, la comtesse Anna d'Oldenburg arrive au pouvoir. À cette date, les deux courants réformateurs se sont formés en Frise orientale : le courant luthérien et l'autre, qu'on appellera plus tard " réformé ". Emden verra cette même année l'arrivée de Jan Laski, réformateur polonais, - parent d'Albert Laski féru d'alchimie qui fut abusé par le couple John Dee et Edward Kelly -, et d'Hendrik Niclaes (vers 1500 - vers 1580) qui y fonde la Familia Caritas ou " Haus der Liebe ", une vraie société secrète. Pendant 20 ans, de 1540 à 1560, Emden sera le centre de cette secte. Niclaes partageait un rêve d'unité plus large que Laski, appelant toutes les religions à se rejoindre. Etrangement, Niclaes sera en Angleterre en 1552 ou 1553, en même temps que Laski. Ses œuvres étaient signées de ses initiales H.N. comme Homo Novus. Pour lui, l'esprit du Christ était le " Miroir de la Droiture ", titre de l'un de ses libelles. Christophe Plantin (Saint-Avertin, 1514 - Anvers, 1589) et Augustin van Hasselt ont imprimé pour Hendrik Niclaes et la Famille de la Charité. L'examen typographique conduit à attribuer une grande partie des publications en question, non pas à Plantin, mais à van Hasselt. Celui-ci en a réalisé plusieurs à Kampen, aux Pays-Bas, où il s'était installé en 1561-62 avec l'aide de Niclaes et de Plantin. L'étude du matériel typographique des deux imprimeurs confirme les indications des sources littéraires sur les liens de Plantin et de la Famille de la Charité.
Christophe Plantin publiait surtout officiellement des ouvrages catholiques romains avec les subsides du roi Philippe II d'Espagne. Il publie la Grande Bible polyglotte dont Guy Lefèvre de La Boderie (un des 9 enfants de Jacques Le Fèvre et d'Anne de Montbray, né le 9 août 1541 dans le manoir de La Boderie à Sainte-Honorine-la-Chardonne) et son frère Nicolas sont les rédacteurs. Dans le même temps, Guy produit un Dictionnaire Syro-Chaldéen, un Dictionnaire de la Langue Arabe et la double traduction hébraïque et latin d'un traité de Sévère Alexandre. Guy tomba deux fois malade, en raison de la charge de travail qu'il s'imposait. L'étude des mathématiques, de la philosophie et des langues orientales accompagne le goût de Guy pour la poésie à laquelle il consacra une œuvre estimée de son temps. Elève " esleu " de Guillaume Postel, né à Paris où à La Dolerie (Barenton dans la Manche), il cherchera comme son maître à réaliser la concordia mundi. C'est Postel qui le recommandera à Christophe Plantin.
Epitaphe de Guy Lefèvre mort à La Boderie en 1598 :
Tandisque j'ai vescu, j'ai toujours souhaité
Non d'amasser trésors, mais chercher Verité.
Digamma
Puisqu'on a parlé de digamma renversé ou digamma éolique qui notait le "v", retournons le pour entendre ce que dit Fulcanelli dans ces Demeures philosophales : Ce sceau magique révèle à l'artiste qu'il a suivi le bon chemin, et que la mixtion philosophale a été préparée canoniquement. C'est une figure radiée, à six pointes (digamma), dite Etoile des Mages, qui rayonne à la surface du compost, c'est-à -dire au-dessus de la crèche où repose Jésus, l'Enfant-Roi. Parmi les édifices qui nous offrent des roses étoilées à six pétales, - reproduction du traditionnel Sceau de Salomon, - citons la cathédrale Saint-Jean et l'église Saint-Bonnaventure de Lyon (roses et portails) ; l'église Saint-Gengoult à Toul ; les deux roses de Saint-Vulfran d'Abbeville ; le portail de la Calende à la cathédrale de Rouen ; la splendide rose bleue de la Sainte-Chapelle, etc. A Notre-Dame de Paris, la grande rosace est composé de 12 images dédoublées en 24 (Super Etoile).
Philalethe illustrata de Faust
L'alphabet osque utilisé par les Samnites (Autour de Rennes - Les Bergers d'Arcadie, Autour de Rennes - les Bergers des Abruzzes) dans sa forme la plus évoluée (IIIème siècle avant J.-C.) comprenait 21 lettres. Le F grec ou digamma est noté en forme de 8 ou d'ancile (La malédiction des anciles).
Alphabet osque