Partie XIII - La Croix d’Huriel   Tintin, Hergé et la Croix d’Huriel   
CROIX HURIEL HERGE TINTIN MOULINSART CHEVERNY

Les Hurault de Cheverny, dont le château sert de modèle à celui de Moulinsart, furent baron d'Huriel.

Jean II de Brosse (1433-1482 ou 1483), baron d'Huriel, qui participa aux victoires de Formigny et Castillon, fut nommé lieutenant général en 1452. On a parfois avancé le nom de ce dernier pour la transformation du donjon (la Toque) d'Huriel en une demeure plus agréable a habiter et pour la construction en avant de celui-ci d'une enceinte à quatre tours d'angle dont deux subsistent aujourd'hui. Son petit-fils René de Brosse vendit le 15 janvier 1514 la baronnie d'Huriel à Jacques Hurault de Cheverny, gouverneur de Blois. Dignitaires de la cour, militaires ou ecclésiastiques, les Hurault néo-conservatrice jusqu'en 1614 (www.huriel.net - La Toque).

Raoul Hurault, II. du nom, Seigneur de Cheverny, la Grange, Vibraye, Cour-sur-Loire, Baron d'Huriel, &c. Général des Finances en 1522, mourut devant Naples, au mois d'Août 1527, au Camp de M. de Lautrec, Lieutenant-Général. Son corps fut enterré dans l'Eglise des Dominicains de Padoue, d'où il fut transporté dans la Chapelle de Cheverny, par les soins du Chancelier son fils. Il fut marié à Marie de Beaune, fille de Jacques de Beaune, Baron de Samblançay, Vicomte de Tours, Chambellan du Roi sous François I., & de Jeanne Ruzé, qui survécut long tems à son mari, & ne mourut qu'en 1567 (François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire De La Noblesse: Contenant les Généalogies, l'Histoire & la Chronologie des Familles Nobles de France, Volume 8, 1774 - books.google.com, La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Jacques d’Armagnac et les Cacapétiens).

Jacques d'Armagnac, comte de la Marche, était le suzerain de Jean II de Brosse en ce qui concerne Boussac, dans cette même province.

Le département de la Creuse, formé d'une grande partie de l'ancienne province de la Marche et de quelques petits pays du Limousin, du Berry et de l'Auvergne, dépendait, avant la conquête romaine, du pays des Lemovices, et il dut à sa position sur les frontières du pays occupé parce peuple le nom de Marchia Lemovicina. Plus tard la Marche s'agrandit du pays de Combraille (pays des Cambiovicenses, Combraliœ pagus). Elle fit partie de l'Aquitaine première, et passa sous la domination des Visigoths, lorsqu'ils fondèrent le royaume de Toulouse (419). Elle suivit la fortune du Limousin et reconnut l'autorité des Francs après la victoire de Clovis à Vouillé (507). [...] Le comté de la Marche fut érigé en pairie par lettres patentes données à Paris, au mois de mars 1316, en faveur de Charles de France, comte de la Marche. Charles succéda à son frère Philippe le Long (1322), et ainsi cette pairie fut éteinte. Mais comme le même roi donna le comté de la Marche à Louis de Bourbon en échange du comté de Clermont en Beauvoisis, il fut érigé de nouveau en pairie par lettres patentes du mois de décembre 1327. Il passa dans la maison d'Armagnac par le mariage d'Eléonore, fille de Jacques de Bourbon, avec Bernard d'Armagnac, comte de Pardiac et de Castres. Leur fils, Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, comte de la Marche, de Pardiac, de Castres et de Beaufort, vicomte de Murat, seigneur de Leuze, de Condé et de Montagne en Combraille, fut l'ennemi et la victime de Louis XI. Il périt par la main du bourreau (août 1477). Le roi confisqua ses biens, et donna le comté de la Marche à Pierre II de Bourbon, sire de Beaujeu, qui avait épousé Anne de France. Suzanne de Bourbon, leur fille, porta ce domaine en dot au connétable Charles de Bourbon. Celui-ci était déjà comte de Montpensier et dauphin d'Auvergne, duc de Bourbon, d'Auvergne et de Châtellerault, comte de Clermont-en-Beauvoisis, de Forez, de Gien, vicomte de Carlat et de Murat, seigneur de Beaujolais, de Combraille, de Mercoeur, d'Annonai, de la Roche-en-Regnier et de Bourbon-Lanci. La trahison du connétable anéantit cette puissance redoutable de la maison de Bourbon. Ses biens furent confisqués en 1523. Le comté de la Marche passa à Louise de Savoie, mère de François Ier; après la mort de cette princesse il rentra dans le domaine de la couronne. (Victor-Adolphe Malte-Brun, Barba, La France illustrée, Géographie, histoire, administration et statistique, 1862 - books.google.com).

Formigny

Jacques d'Armagnac, futur duc de Nemours, comte de Castres, fils de Bernard d’Armagnac, comte de la Marche, était à la bataille de Formigny du 15 avril 1450, opposant Français et Anglais en Normandie, avec Jean II de Brosse, seigneur de Sainte-Sévère et de Boussac, comte de Penthièvre, vicomte de Bridiers (formigny.free.fr - Des combattants).

Bataille de Formigny, avec au fond Bayeux - Manuscrit XV° BNF - formigny.free.fr - Iconographie

Jacques d'Armagnac accompagnait une armée dont Charles VII avait confié le commandement à son propre gendre Jean de Bourbon, comte de Clermont, fils du duc de Bourbon et époux de Jeanne de France, nommé lieutenant-général en Basse Normandie, pour secourir Valognes qui se rendit avant son arrivée.

Le Connétable de Richemont, avec qui se trouvait le Jean II de Brosse, fit sa jonction avec le comte de Clermont qui s'était aussi porté à sa rencontre. Il trouva avec le comte de Clermont, Mgr de Castres, l'amiral de Cotivy, Mgr le grand Sénéchal, Messire Jacques de Chabannes, Joachim Rohault, Messire Geoffroy de Couvran, Olivier de Bron, Odet d'Aydie, Jehan de Rostrenen et autres chevaliers.

Parmi les autres chevaliers qui se firent remarquer dans leur combat victorieux figurent les comtes de Castres, de Laval et de Saint-Pol, Geoffroy de Couvran, Joachim Rohault, le sénéchal de Bourbonnais, le fils du comte de Boulogne, les seigneurs de Mauny, de Magny, de Chalençon, de Gamaches, Olivier de Bron, Jean de Rosvignen, Godefroy de la Tour et Olivier de Cottini (Ed. de Marcère, La Bataille de Formigny et ses conséquences (suite), Le Pays Bas-normand : société historique, archéologique, littéraire, artistique et scientifique, Juillet-Aout-Septembre 1908 - gallica.bnf.fr).

Croix de l'Aigle / Croix d'Huriel ?

La Croix de l'Aigle du Secret de la Licorne et du Trésor de Rackham le rouge a-t-elle un rapport avec la Croix d'Huriel ?

Le montant vertical de la Croix d'Huriel passe par Meaux dont un évêque fut Bossuet surnommé l'Aigle de Meaux. Mais aussi Uriel est associé à l'élément eau et à l'humeur flegme (La Croix d’Huriel, ses anges et les humeurs : Uriel en rouge et le flegme).

De cette façon, Uriel est aussi lié au Scorpion, signe d'Eau (Cancer, Scorpion et Poissons) et ainsi à saint Jean l'Evangéliste et à l'aigle, son animal fétiche.

L'astre d'Uriel, avec saint Jean, est le soleil, avec son carré magique de 6 (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 3).

Selon Jean, la foi en Jésus-Christ est une lumière qui métamorphose le croyant en être de lumière. Pour lui aussi, « c'est de la lumière que viendra la lumière. » À plusieurs reprises, dans son évangile, il le répète ou le place dans la bouche de Jésus : « Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière et vous deviendrez fils de lumière » (Jean, 1, 2-36); « Mais celui qui fait la vérité vient à la lumière afin que soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu » (Jean, 3, 19- 21); « Celui qui prétend être dans la lumière tout en haïssant son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucune occasion de chute » (Jean, 2, 8-10). La lumière sous toutes ses formes dans le texte de l'Apocalypse. [...] Il est donc tout à fait logique que l'emblème de saint Jean soit un aigle, animal céleste, solaire, aérien, dont le regard perçant est capable de fixer le soleil en face. Roi des oiseaux et oiseau des rois (on a vu qu'il était représenté sur la carte de l'Empereur), il est aussi celui des initiés, au rang desquels on peut compter saint Jean l'Évangéliste. Lorsque l'aigle déploie ses ailes, planant dans le royaume des dieux, il dessine une croix sur le bleu du ciel : « et resplendira la croix de l'Aigle. » (Pierre-Louis Augereau, Hergé au pays des tarots: Une lecture symbolique, ésotérique et alchimique des aventures de Tintin, 1999 - books.google.fr).

Il en résulte que Michel est en rapport avec l'évangéliste Luc, le Taureau, signe de Terre ; Raphaël avec Marc et le Lion, signe de Feu ; et Gabriel avec Mathieu et le Verseau, signe d'Air (Mickael Gendry, L'église, un héritage de Rome: Essai sur les principes et méthodes de l'architecture chrétienne, 2009 - books.google.fr).

Gabriel avait été associé au veau (Boeuf) et à saint Luc dans Arsène Lupin et la Croix d’Huriel : Arsène Lupin et l’ange Gabriel.

Matthieu parle simplement d'un « ange du Seigneur » qui se fait connaître à Joseph dans un rêve (Mt 1, 20 ; 2, 13. 19). Dans l'histoire de Luc, le messager se présente avec un nom et une fonction : « Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu. J'ai été envoyé pour te parler et pour t'annoncer cette bonne nouivelle » (Lc 1,19. 26ss) (Hans-Ruedi Weber, Voici Jésus l'Emmanuel: la venue de Jésus dans l'art et la Bible, traduit par Janine Philibert, 1988 - books.google.fr).

On peut en déduire que Mathieu parle de Gabriel et que le veau doit être distingué de l'animal adulte.

Uriel

Gabriel

Raphaël

Michel

Nord

Est

Sud

Ouest

Eau

Air

Feu

Terre

Aigle

Homme

Lion

Taureau

Scorpion

Verseau

Lion

Taureau

Jean

Mathieu

Marc

Luc

Soleil

Mars

Mercure

Lune

Dans le tableau de La Vierge aux Rochers, Léonard de Vinci donne à Marie un geste de la main particulier (La Croix d’Huriel et Rennes le Château : Sot Pêcheur et Par ce signe tu le vaincras 2).

La composition triangulaire, dominée par la tête de la Vierge, est magistrale. Vêtue d'une robe et d'une cape bleu nuit, elle est assise, le bras droit passé autour de l'épaule d'un très jeune enfant nu, agenouillé et les mains jointes. Au premier plan, sur sa gauche, l'ange Uriel, adossé à un coussin rouge, soutient de la main gauche un enfant plus jeune, qui bénit le premier. Pourquoi est-ce Jean-Baptiste qui bénit Jésus, comme pour le soumettre à son autorité ? Et pourquoi la Vierge tient-elle Jean-Baptiste — et non son propre fils au creux de son bras? Pour le protéger ? Ou pour le forcer à adorer Jésus ? Plus troublant encore, elle tend au-dessus de son fils sa main gauche aux doigts recourbé comme la serre d'un aigle. Enfin, l'ange tourne la tête vers le spectateur et pointe l'index droit en direction de Jean-Baptiste (Dan Brown, Da Vinci Code, 2013 - books.google.fr).

Jean II de Brosse fut seigneur de l'Aigle du chef de sa femme Nicole de Blois-Châtillon, Louis XI lui en concéda le droit de haute justice.

Jean III de Brosse, fils de Jean II, baron d'Huriel fut aussi seigneur de l'Aigle, il était l'époux de Louise de Laval, fille de Guy XIII, comte de Laval et de Montfort, et d'Isabelle de Bretagne. Jean III avait plusieurs soeurs, Hélène de Brosse, qui épousa Boniface marquis de Montferrat, et Claude, seconde femme de Philippe II duc de Savoie, dont la fille Philiberte est un possible modèle de la Joconde de Léonard de Vinci (Gaspard Thaumas de La Thaumassière, Histoire de Berry, 1689 - books.google.fr, Les sommets de la La Croix d’Huriel : Huriel).

Le fils de Jean III, René de Brosse, devient en 1523 complice du connétable de Bourbon, revolté contre le roi. Il est condamné à mort par contumace, le 13 août 1524. Il est tué à la bataille de Pavie, le 24 février 1525. La terre de l'Aigle est confisquée, et donnée par le roi a Aimée de la Fayette, puis rendue par le même roi aux enfants de René de Brosse. Jean de Brosse IV, fils et successeur de René, la terre de l'Aigle fut la récompense de l'infamie. Ce château, dont autrefois les nobles héritières devenaient les femmes des rois, fut donné avec de nouveaux titres à ce baron, mari d'Anne Pisseleu, l'une des maîtresses de François Ier, pour qu'il laissât complaisamment sa femme dans les bras de ce roi. Jean IV, peu de temps après, vendit la baronnie de l'Aigle, et des gentilshommes sans illustration remplacèrent les Fulbert, les Richer, les Engenouf et les descendants des anciens souverains de la Bretagne (J. F. Gabriel Vaugeois, Histoire des antiquités de la ville de l'Aigle et de ses environs, 1841 - books.google.fr).

L'Aigle est un des 24 sommets de la Super-étoile ou Marguerite (Super-étoile (Superstar in english) : L’Aigle, 10 juillet).

Ainsi la Croix d'Huriel ou Croix d'Uriel est aussi une Croix de l'Aigle.

Pazuzu

Pazuzu fait une apparition dans la crypte de Moulinsart (Secret de la Licorne, page 43).

Pazuzu est une divinité secondaire de la Mésopotamie du Ier millénaire av. J.-C., le roi des démons du vent. Il peut avoir un rôle malfaisant, mais est surtout connu par son aspect de divinité protectrice, servant à combattre diverses maladies, en particulier celles touchant les femmes enceintes qu'apporte la démone Lamashtu. Pazuzu a acquis une renommée à partir des années 1970 en raison de sa présence dans le film L'Exorciste et dans la bande dessinée Adèle Blan-sec ( Le démon de la Tour Eiffel, Momies en folie (Jacques Tardi, Molmies en folie, Tome 4 d'Adèle Blanc-sec, 1978 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec).

Pazuzu apparaît au Ier millénaire av. J.-C. sous cet aspect hybride : une créature à corps d'homme et à tête de "dragon-serpent" grimaçant qui tient à la fois du chien et du félin. Il est représenté sous la forme d'un génie tétraptère, avec ses deux paires d'ailes qui sont, comme ses pattes, empruntées aux rapaces. Affublé d'une queue de scorpion, son corps est le plus souvent recouvert d'écailles. Pazuzu est un démon lié aux vents maléfiques, notamment aux vents d'ouest qui sont porteurs de la peste (www.louvre.fr - Pazuzu).

Sennacherib roi des Assyriens assiégea Jérusalem au temps du roi Ezéchias. Un ange sortit de la ville et extermina 185 000 hommes de l'armée assyrienne qui leva le camp (II Rois, chap. XIX). D'habiles interprètes s'en tiennent à dire simplement que la peste ou un de ces vents pestilentiels et suffoquans qui surviennent quelques fois en Arabie fut le moyen employé pour accomplir la prophétie d'Isaïe (La Sainte Bible ou le vieux et le Nouveau Testament avec un commentaire littéral composé de notes choisies et tirées de divers auteurs anglais, Tome VI, 1777 - books.google.fr, La Croix d’Huriel et la Ligne gnostique : Quatre de chiffre).

La statue de Pazuzu du Louvre fut acquise par le musée en 1872 (Nils P. Heessel, Mesopotamian witchcraft, 2002 - books.google.fr).

La statuette du Louvre, qui le représente ainsi, porte sur les ailes l'inscription : « Je suis Pazuzu, fils de Hanpa, le roi des mauvais esprits de l'air, qui sort violemment des montagnes en faisant rage ; c'est moi ! »

L'expression : im-mar-tu "vent d'Ouest" a fait donner à ce démon par Lenormant (La Magie chez les Chaldéens, p. 48) le nom de "vent du Sud-Ouest" par lequel, depuis, il a été généralement désigné. (Études de philologie, d'archéologie et d'histoire anciennes, Volumes 1 à 3, Institut historique belge de Rome, 1934 - books.google.fr).

Ou bien : «Je suis Pazuzu, fils d'Hanpa, roi des mauvais démons lilû [vents], je partirai à l'ascension de la puissante montagne qui a tremblé ; les vents qui soufflent dessus vont en direction de l'occident ; j'ai à moi seul brisé leurs ailes. Pazuzu était apparemment à l'origine un démon vent, ce qui explique pourquoi il a des ailes. L'occident vers lequel il dirige les mauvais vents (ainsi que Lamashtu) correspond aux enfers ; en brisant leurs ailes, il neutralise leur pouvoir (Laszlo Kakosy, À propos des statues guérisseuses et d'une statue de Bès au musée du Louvre, La magie en Egypte: à la recherche d'une définition : actes du colloque organisé par le Musée du Louvre, les 29 et 30 septembre 2000, 2002 - books.google.fr).

Labartu ou Lamashtu et Pazuzu, ont été identifiés, par comparaison avec des textes et d'autres monuments, sur la célèbre plaque en bronze ciselé, avec haut-relief au revers, de la collection De Clercq. Cette pièce, considérée d'abord comme une représentation de l'Enfer chaldéen, fut reconnue, depuis Karl Frank, pour une tablette que l'on suspendait au cou des enfants afin de conjurer Labarthu, figurée en dessous dans une scène d'exorcisme (Études de philologie, d'archéologie et d'histoire anciennes, Volumes 1 à 3, Institut historique belge de Rome, 1934 - books.google.fr).

Enfin vient le cheval vert, livide, chloros, chlorotique... monté par la Mort ou la Peste (l'un et l'autre sont identiques dans la pensée du temps). Il représente la puissance active de la mort et les moyens matériels de son action, par exemple la maladie, les bêtes. Il est suivi par le Séjour des Morts, qui recueille leur œuvre. Or, l'ensemble des œuvres de la mort, il nous est dit que cela peut détruire le quart de la Terre: ainsi nous sommes encore en présence d'une limite (qui porte sur les trois derniers chevaux alors que le premier cavalier n'a pas de limites). C'est encore la présence de ce Dieu de la Genèse qui pose des limites aux puissances du chaos et de l'anéantissement, et qui sépare la lumière et les ténèbres. Bien entendu, il n'est nullement spécifié que ces fléaux frappent les « méchants » : tous les hommes y sont soumis, c'est le péché de tous ensemble et sans discrimination qui manifeste ses effets, et sur lequel, en fonction duquel, la puissance destructrice joue. Mais l'humanité continue. Et il nous a été annoncé dès le début que le Seigneur a les clefs de cette prison des morts et de la Mort (Jacques Ellul, L'Apocalypse: architecture en mouvement, 2008 - books.google.fr).

Au temps du pape Grégoire, saint Grégoire, Grégoire le Grand, pape de 590 à 604, il y eut une forte épidémie de peste, due probablement aux crues du Tibre de novembre 589. Grégoire engagea le peuple à faire pénitence et à implorer la clémence de Dieu. Au retour d'une grande procession conduite par le pape lui-même, l'archange Michel apparut environné d'une éclatante lumière au sommet du château d'Hadrien construit au IIe siècle de notre ère. Il avait un glaive ensanglanté qu'il remit dans son fourreau. Grégoire comprit qu'il avait été exaucé, le geste de l'archange signifiait que le courroux de Dieu était terminé et la peste disparut. On construisit alors une chapelle sur le lieu de l'apparition ; le château est désormais connu sous le nom de château Saint-Ange (Denis Aboab, L'ange invisible dans les trois religions monothéistes, 2008 - books.google.fr).

On rapporte ordinairement l'origine de la procession de Saint Marc au 25 avril ou Grande Litanie à la piété des papes Pelage II & saint Grégoire le grand qui l'aurait instituée suite à la peste, selon Grégoire de Tours qui l'identifie à une procession septiforme (processions partant de 7 églises de Rome pour se rejoindre en une station). La procession de la seconde année du pontificat de Grégoire, annoncée par lui-même au mois de septembre est appelée par lui-même la Grande Litanie, sans mention de sa forme. La fête de Marc ne fut fixée au 25 avril qu'au VIIIème siècle. Le pape Grégoire parle d'une procession mais en 605 ayant l'église de sainte Sabine pour lieu de sa station, celle de Grégoire de Tours date de 590 et a pour station Sainte Marie Majeure (Adrien Baillet, Les vies des saints avec l'histoire de leur culte, 1739 - books.google.fr).

Le successeur de St. Louis fut Philippe-le-Hardi, qui vint rendre grâces à Dieu, au Mont St.-Michel, de l'avoir préservé d'une peste affreuse au siége de Tunis (Jean Jacques Desroches, Histoire du Mont Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Volume 1, 1838 - books.google.fr).

L'église de la Mentorella, située au croisement entre les monts Tiburtini et les Prenestini, à une quinzaine de kilomètres de Tivoli, se trouve plus ou moins sur la même ligne droite que San Michele sul Gargano (dans les Pouilles), San Michele della Chiusa (en Piémont) et le Mont-Saint-Michel (en Normandie). Etant donné le poids du symbolisme dans la pensée de Kircher, on ne peut pas exclure qu'il ait désiré rattacher la Mentorella au culte michaélien dans le dessein d'en faire un quatrième lieu de pèlerinage situé sur l'axe géographique des trois premiers, et transformer ainsi l'église restaurée en un point de repère pour tous les peuples voisins. A ce propos il faut observer que les témoignages concordent sur le fait que la fête de la Saint- Michel à la Mentorella était célébrée avec un grand afflux de fidèles. De plus, au moment où Kircher découvre le sanctuaire et envisage sa restauration, le culte de saint Michel était en pleine réviviscence depuis quelques années, grâce à l'apparition de l'archange à l'archevêque de Manfredonia lors de l'épidémie de peste de 1656. Selon les sources, saint Michel s'était manifesté alors que le fléau ravageait le royaume de Naples, et son intervention avait marqué la fin de l'épidémie (Kircher s'était occupé de cette épidémie de peste dans son ouvrage Scrutinium pestis paru en 1658) (L'autobiographie d'Athanasius Kircher, présenté par Giunia Totaro, 2009 - books.google.fr).