Partie XII - Arsène Lupin de Maurice Leblanc   Arsène Lupin   
ARSENE LUPIN DON LUIS PERENNA MAURICE LEBLANC

Les pseudonymes d'Arsène Lupin

Radical-socialiste et libre-penseur dans sa jeunesse, Leblanc devint conservateur avec l'âge et la Première Guerre mondiale. Mais son personnage de Lupin s'inspire des milieux libertaires. Parmi les identités revêtues par Lupin, certains noms recoupent les listes des personnes impliquées dans les événements de la Commune (listes disponibles sur http://lacomune.club.fr), en particulier la liste des demandes en grâce. Suivent les noms d'emprunt de Lupin et entre parenthèse ceux des Communards s'ils diffèrent : Andrésy ou Andrézy (Andrez), Baudru (épouse Collet), Beaumont, Beauny (Bony), Berlat (Berlot), Bermond, Dubreuil, Delangle, Janniot (Jeanniot), de Laureins (Laurens), Lecoq, Lenormand (Lenorman), Limezy (Limouzy), Nicole (Nicolle), Sylvestre, Velmont (Valmont). Notons qu'un certain Lupin Jean-Marie y est mentionné (cote Bibliothèque nationale : BB 24 / 752).

Il y a aussi Paul Sernine dans 813, patronyme que l'on retrouve dans un lieu-dit de la commune de Loupia : Sernines, qui se trouve "dans" la Chapelle Saint Paul sur le plan inversé de l'église Saint Sulpice de Paris plaqué sur la carte du département de l'Aude (La Vraie langue Celtique : les communes de l'Aude, Côté Sud).

Don Luis Perenna

Don Luis Perenna (autre anagramme d’Arsène Lupin), Péruvien et « Grand d’Espagne », descendant d’une famille espagnole immigrée en France vers 1880. Identité fabriquée pour Lupin par Juan Cacérès, un attaché d’ambassade péruvien à Paris (lequel finira par le dénoncer). Source : Les Dents du Tigre (I- Don Luis Perenna : [D'Artagnan, Porthos et Monte-Christo]). Identité importante sous laquelle Lupin va servir la France à travers le monde de 1912 à 1919. Source : Les Dents du Tigre. Ce personnage de substitution se retrouve épisodiquement dans Le Triangle d’or, L’Île aux trente cercueils et La Femme aux deux sourires (fr.wikipedia.org - Arsène Lupin).

Extrait d'un entretien avec Jérôme Rousse-Lacordaire : autour d’Esotérisme et christianisme, Histoires et enjeux théologiques d’une expropriation, par Thibaut Gress, en 2009 :

La période à partir de laquelle vous abordez la question de l’ésotérisme est celle de la Renaissance, et vous abordez ce courant à travers une catégorie d’Agostino Steuco (1497-1548), ardent promoteur italien de la Contre-réforme ; la catégorie en question est la Philosophia perennis thématisée dans un célèbre ouvrage intitulé De perenni philosophia, dédié à Paul III, dans lequel il défendait la thèse suivante, à savoir que la plupart des pensées qui se développèrent sous l’Antiquité, qu’elles soient d’ordre poétique ou philosophique, sont conformes à la foi catholique authentique. Cela signifiait donc, à ses yeux, que dès l’Antiquité, la philosophie, c’est-à-dire la vérité, était pérenne. La question que je me pose est la suivante : pour quelle raison, alors que le titre de votre ouvrage porte sur l’ésotérisme, avez-vous décidé de faire porter votre étude à partir précisément de l’émergence de cette philosophia perennis, donc d’imposer le XVIème siècle comme point de départ de votre étude, et non de partir de la naissance du christianisme elle-même ?

JRL : Je suis parti de la Renaissance parce que, à la suite des travaux d’Antoine Faivre, il me semble que c’est effectivement à partir de la Renaissance – ou à partir de la fin du Moyen Age selon les catégories retenues, mais disons le dernier tiers du XVème siècle pour être précis – que ce qui s’est appelé plus tard l’ésotérisme a commencé à acquérir une certaine autonomie par rapport à d’autres disciplines, ou à d’autres domaines du savoir, ce qui ne veut pas dire que des choses qui s’y apparentent n’existaient pas auparavant, mais elles étaient intégrées dans la philosophie commune ou dans la théologie commune sans toutefois constituer un domaine spécifique.

Ficin parlait plutôt de Prisca theologia, c’est-à-dire de théologie antique. De fait, Philosophia perennis est une expression probablement formée par Agostino Steuco qui lui a donné toute sa publicité et j’évoque dans le livre les prolongements avec Leibniz ; plus tard, avec des mutations étranges, on le retrouve jusque chez les néoscolastiques du XXème siècle, mais je crois que cette expression, bien qu’il ne s’agisse pas stricto sensu d’une philosophie mais bien plutôt de quelque chose comme une théologie, rend assez bien compte de ce qui a motivé les premiers renaissants dont je parlais, c’est-à-dire dévoiler une continuité depuis la plus haute Antiquité, quasiment depuis Adam.

La philosophia perennis renaissante s’efforce d’accommoder les anciens au christianisme en vue, principalement et expressément, de le confirmer aux yeux des savants éventuellement rétifs à l’autorité de la révélation. Des dominicains qui m’ont dit : « La Philosophia perennis, c’est la pensée de saint Thomas d’Aquin ! ». Le premier qui l’utilise, c’est le Père Garrigou-Lagrange, en 1907, et c’est aussi le premier à en donner la source, à savoir Leibniz. Mais il n’a pas rappelé que Leibniz reprenait l’expression de Philosophia perennis à Agostino Steuco, ni que Leibniz n’y entendait pas tout à fait la même chose que ce qui y entendait Agostino Steuco puisque, pour Leibniz – en schématisant beaucoup –, ce qui fait la Philosophia perennis, c’est le noyau solide, permanent et récurrent des philosophies qu’il s’agit de dégager de différentes strates ou déviations qui seraient apparues. Mais quand les néo-thomistes l’emploient, c’est pour désigner quelque chose qui est un aboutissement de tout ce qu’il y avait avant, et pour lequel il n’y aurait plus besoin que de quelques réaménagements possibles dans certains points. Mais cela a duré relativement longuement ; c’est un peu ce qui sous-tend, à la fin des années 1940, même s’ils n’emploient pas l’expression, la querelle entre les Jésuites qui publiaient les Pères de l’Eglise dans les « Sources chrétiennes » et les Dominicains de la province de Toulouse, les seconds considérant qu’il était culturellement intéressant de publier les Pères de l’Eglise mais que ce n’était là qu’un état préscientifique de la théologie, puisque ce n’était qu’avec saint Thomas que la théologie devenait scientifique parce que ce dernier aurait formulé au mieux ce qui fait le fond ou la solidité de toute pensée réellement théologique – ou philosophique.

Un ouvrage d'Etienne Couvert, appartenant au cercle Augustin Barruel, accuse presque toute la pensée occidentale d’être gnostique. Pour E. Couvert, toute erreur depuis la Création du monde a pour cause la gnose. Il a reçu une réponse d’ailleurs, dans la paille et le sycomore de Paul Sernine qui tend à démontrer que cette pensée est dangereusement réductrice et que cette notion n'est qu'un mythe (www.actu-philosophia.com - Thibaut Gress, Entretien avec Jérôme Rousse-Lacordaire : autour d’Esotérisme et christianisme, Histoires et enjeux théologiques d’une expropriation, 2009).

Les forces favorables à la gnose attendirent ensuite la mort de Jean Vaquié en 1992, disparu l’année suivant la mort de Mgr Lefebvre, et celui-ci à peine enterré, lancèrent l’abbé Celier qui commença à bon compte ses dénigrements systématiques contre l’œuvre du spécialiste de l’ésotérisme chrétien par un premier brûlot qui persifflait sous le manteau contre l’œuvre de Jean Vaquié. C’est ce pamphlet qui devait servir de brouillon, dix ans plus tard, à « La paille et le sycomore », ce manuel de blocage des travaux anti-gnostiques, édité sous le pseudonyme de Paul Sernine (anagramme d’Arsène Lupin) au sein de la Tradition catholique pour mieux la subvertir (www.blogcatholique.fr - Prions l’abbé Vérité, 4 octobre 2010).