Partie IV - Techniques et sciences   Chapitre XXXVIII - Techniques   

Cet exposé porte sur les inventions apparues au tournant du siècle, c’est à dire au passage du XIXème au XXème siècle, en premier celle de l’indispensable automobile. En 1883, Delamare-Debouteville (Rouen, 1856 – Montgrimont, 1901), fils d’un filateur de coton, qui s’intéresse à la mécanique, à la linguistique, à l’ostréïculture, et au textile, et Malandin font rouler un tricycle à moteur à essence de pétrole sur la route entre Fontaine-le-Bourg et Cailly. En 1884, ils construisent deux moteurs 2 cylindres de 4 CV dont ils équipent un break hippomobile, assurant la transmission par chaîne. Un incident sur le véhicule les décourage et ils abandonnent l’application du moteur au transport routier. Leur recherche n’aura pas de postérité, et c’est Benz qui, en juillet 1886 à Mannheim, fera la première sortie sur route réussie d’un véhicule à moteur 4 temps de l’histoire.

Parmi les pionniers de l’automobile, citons Fernand Forest (Clermont-Ferrand, 1851 – Monaco, 1914) qui réalise des travaux sur le moteur à combustion interne qui en font un précurseur de l’automobile. Il construisit les premiers moteurs 4 cylindres en ligne. Les créateurs de marques comptent dans leurs rangs Albert de Dion (Nantes, 1856 – Paris, 1946) qui s’associe avec Bouton et Trepardoux pour la construction de moteurs à vapeur. En 1889, il prend un brevet pour un moteur à explosion construit par Lalande en deux versions. Il fonde l’Automobile-Club de France en 1895. Notons Alexandre Darracq (Bordeaux, 1855 – Monaco, 1931), après avoir fondé une manufacture de cycles, construit la moto Millet en 1894, et, en 1900, une automobile à 4 cylindres. Il est l’un des premiers à projeter la construction des voitures en série et fonde une école de pilotage.

Enfin Paul Panhard (Versailles, 1881 – Neuilly-sur-Seine, 1969) développa la marque automobile, qui porte son nom, créée par René Panhard en association avec Levassor, qui avaient pris un brevet pour la boîte de vitesse en 1895.

Les accessoires ont leur précurseur en Pierre Michaux (Bar-le-Duc, 1813 – Bicêtre, 1883), pour le vélocipède, créateur du pédalier pour la draisienne en 1861 et de jantes destinées à recevoir des bandages en caoutchouc plein en 1868. Pour l’auto, l’entreprise Michelin est représentée par Edouard (Clermont-Ferrand, 1859 – Orcines, 1940) qui lui a donné, avec son frère André, son prodigieux essor. André en devint gérant en 1886 et lui directeur en 1889. Leur père, Jules, était le gendre d’Aristide Barbier qui, par la femme de son cousin, miss Pugh Parker, nièce du chimiste Charles Macintosh, connaissait le secret de fabrication des balles élastiques. En 1899, la firme Michelin fournit les pneus de la voiture électrique La jamais contente qui atteint pour la première fois 100 km/h. En 1900, André crée le Guide Michelin et la série de cartes routières.

L’Italie présente une belle corrélation entre industrie automobile et nonagones. Giovanni Battista Ceirano lança à Turin son premier protoype conçu par Aristide Faccioli en 1898 au sein de l’entreprise Welleyes. Quatre mois plus tard, F.I.A.T., fondée par Giovanni Agnelli, rachetait la société à laquelle appartenait Vincenzo Lancia, fils d’un riche industriel. En 1906 F.I.A.T. devient Fiat, et, après la première guerre mondiale, sort la 501, voiture grand public, et la très rare car peu fabriquée Super Fiat. En 1951, la très polluante et irremplaçable Fiat 600 succède à la Topolino sortie fin 1936.

Vincenzo Lancia quitta FIAT et fonda sa société en 1906. Le premier modèle est une Alpha auquel succéderont d’autres lettres de l’alphabet grec. La Lambda (1922) aura beaucoup de succès et sera remplacé en 1932 par un autre modèle. Lancia sera racheté dans les années 50 par Fiat.

Milan accueillit les ateliers du français Darracq, d’abord installés à Naples, qui avait souhaité exporter son savoir-faire automobile. L’affaire n’eut pas de réussite, aussi, Darracq vendit à de financiers lombards qui créèrent l’Anonima Lombarda Fabbrica Automobili. Les ateliers du Portello sortirent la 24HP, en 1910, qui s’imposa par ses qualités techniques. En 1920, Enzo Ferrari fut recruté comme pilote de course, mais il ne brilla pas particulièrement. Il fonda en 1929 sa Scuderia qui modifiait des Alfa pour les circuits. Enzo Ferrari fit recruter Vittorio Jano qui, lui, fut un champion et qui conçut le très demandé modèle 6C 1500. Jano quitta Alfa après le demi-échec de la 8C et de la 12C. Il prit sa revanche chez Lancia après la guerre. Dans les années 50, Alfa produit avec succès la 1900, et l’internationale Giuletta, suivie de la Giulia en 1962.

Maranello (Italie – Emilie-Romagne) abrite les usines Ferrari héritières de l’Auto Avio Costruzioni fondée par Enzo Ferrari et déplacée ici pendant la Seconde Guerre mondiale. Enzo Ferrari, né en 1898 à Modène, entra comme pilote de course chez Alfa Roméo en 1920. En 1938, il quitte Alfa pour fonder l’AAC. L’usine de Maranello fut bombardée en 1944 et 1945, ce qui conduisit à la création de l’entreprise Ferrari, racheté en 1969 par FIAT. De la 125 GT à la Testarossa, de Fangio à Schumacher, les Ferrari se sont illustrées sur toutes les routes et tous les circuits.