Partie XIX - Tintin   Album   
KEKULE TINTIN AU CONGO

Plusieurs éléments de l'album de Tintin au Congo conduisent à considérer le sujet sous-jacent de l'histoire de la ville de Gand, que l'on retrouve dans les Bijoux de la Castafiore, mal orthographiée et mal située (Ghand dans les Ardennes) par un journaliste de Paris Flash. Bijoux pour bijoux, Al Capone, que Tintin combattra dans l'album suivant, fait du trafic de diamants au Congo.

1385

La ville de Gand était en révolte contre ses suzerains le Comte de Flandre (Louis II de Flandre dit Louis II de Male puis son successeur et gendre Philippe II de Bourgogne, dit Philippe Le Hardi) et le Roi de France (Charles VI) depuis 1379. La ville souffre du conflit et constate que sa révolte ne l'amène pas aux résultats escomptés. Elle risque l'anéantissement du fait de s'opposer à de tels puissants seigneurs (Charles VI est rentré en France après avoir fait le siège et pris la ville de Damme en 1385 puis pillé les environs mais Gand sait qu'il reviendra probablement l'été prochain) et cela malgré le soutien de l'Angleterre. Elle constate en outre que son état de guerre ne lui permet pas de commercer normalement ce dont profitent des villes rivales (Bruges, Damme, l'Ecluse,...). Enfin la guerre coûtait cher et faisait de nombreuses victimes. Le Duc de Bourgogne, Philippe II de Bourgogne, et le Roi de France, Charles VI, caressaient quant à eux le projet de mener une expédition pour débarquer en A cette fin, il était nécessaire que l'affaire de Gand soit réglée. Philippe Le Hardi prenait également en considération le fait que la guerre nuisait à l'économie du Pays de Flandre, qui était sien depuis peu (janvier 1384 à la mort de Louis de Male assassiné) alors que son intérêt était que la région connaisse la prospérité. Toutes les parties prenantes étant désireuses de trouver une solution, les conditions étaient réunies pour aboutir à une conclusion satisfaisante pour toutes les parties qui sera le Traité de Tournai (fr.wikipedia.org - Traité de Tournai).

Un des premiers résultats de cette paix fut l'assassinat d'Ackerman, un des grands capitaines du parti populaire. Bosche, qui n'avait pas été assez puissant pour empêcher la bourgeoisie de Gand de se soumettre, n'accepta pas la paix ; il se réfugia en Angleterre, arma un navire, devint corsaire et fit des courses afin de ruiner le commerce de la bourgeoisie française et flamande, à qui il avait voué une haine éternelle. Ainsi fut terminé le deuxième soulèvement de Gand, caractérisé par l'héroïsme de la classe ouvrière et par les trahisons et les lâchetés des aristocraties municipales des villes flamandes (Paul Lafargue, Les luttes de classes en Flandre de 1336-1348 et de 1379-1385, L'Egalité, 22 et 29 janvier 1882 - lesmaterialistes.com).

L'escadrille du canard

L'avion qui vole au secours de Tintin à la dernière planche pourrait être un Udet U-12 Flamingo, Boeing-Stearman Model 75, Junkers J9, Bréguet XIX, sur un desquels, baptisé "Reine Elisabeth", l'aviateur belge Georges Médaets rallia le Congo depuis la Belgique en 12 jours en mars 1926. Quant au logo sur la carlingue du biplan, pas grand chose à voir avec celui de la Lufthansa. On notera qu'entre la version NB et la version couleur, le canard d'origine a été un peu plus stylisé (fr.wikipedia.org - Tintin au Congo, www.forum-tintinophile.com).

Selon la chronique de Froissart, Philippe le Hardi se montre d'emblée disposé à trouver un accord en se montrant magnanime et en accordant des conditions très favorables à la ville de Gand. Cette position lui aurait été suggérée par Jean Canard, son chancelier depuis mars 1385, (ancien avocat parisien, conseiller du Roi de France et du Duc), lequel chancelier participa ensuite activement à la négociation, voire pour reprendre les termes de Philippe Le Hardi, y aurait "pris la principale part" (fr.wikipedia.org - Traité de Tournai).

Jean Canard, ou Canardi, ou Canart, né à Foulzy, actuellement situé dans le département des Ardennes, vers 1350 et mort le 7 octobre 1407, est un prélat français du XIVe siècle et du début du XVe siècle. Il est chanoine de Notre Dame à Paris, chanoine et vidame de Reims, prévôt de Saint-Donatien à Bruges et chancelier de Philippe II de Bourgogne. En tant que chancelier, il tint un grand rôle dans la négociation du traité de Tournai en 1385. Juriste réputé, docteur en droit canon et en droit civil, juriste brillant et remarqué, il occupa les fonctions suivantes : avocat au Parlement de Paris, Conseiller du Roi de France, Vidame de Reims, Chancelier de Monseigneur de Bourgogne, Evêque d'Arras, Prévôt de St-Donat à Bruges. Il fut promu évêque d'Arras par le pape d'Avignon Clément VII le 6 septembre 1392 à l'époque du Grand Schisme (fr.wikipedia.org - Jean Canard).

Les Belges sont venus ; ils ont occupé et pacifié le territoire, supprimé la traite et l'esclavage, organisé la justice, construit des routes des chemins de fer, des lignes télégraphiques, lancé des bateaux sur les rivières, ouvert des écoles, enseigné les métiers, créé des stations agricoles, bâti des hôpitaux (Le Congo à l'arrivée des Belges, 1939) (Historiens et géographes, Numéros 352 à 353, Société des professeurs d'histoire et de géographie (France), 1996 - books.google.fr).

L'action civilisatrice de Tintin, qui pacifie en effet les relations entre tribus, rejoint celle de Jean Canard.

Le miroir brisé

L'album commence par le bris du miroir, qui se trouve dans une malle dans la cabine de Tintin en partance pour le Congo, par le chien Milou voulant chasser une araignée.

Jean de Gand (John of Gaunt), 1er duc de Lancastre (6 mars 1340 – 3 février 1399) est un noble anglais et membre de la maison Plantagenêt. Il est le troisième fils du roi Édouard III et de la reine Philippa de Hainaut. Il est appelé au cours de sa vie Jean de Gand car il est né à Gand, alors en Flandre. Lorsqu’il devint plus tard impopulaire pendant les années 1370, des rumeurs circulèrent qu’il était en fait le fils d’un boucher de Gand, peut-être parce qu’Édouard III n’était pas présent à sa naissance. Jean exerce une grande influence politique au moment où son neveu Richard II accède au trône d’Angleterre et ce durant toute sa minorité. Gand est un acteur des tensions politiques qui marquent l’Angleterre à cette époque. Ayant reçu de son père de nombreuses terres, il devient l’un des hommes les plus riches de son époque. Il revendique sans succès la couronne de Castille au nom de sa seconde épouse Constance (fr.wikipedia.org - Jean de Gand).

Au-delà du drame historico-politique, toute classification par genre mise à part, il se joue dans Richard II un drame plus grandiose que celui d'un roi déposé par un usurpateur. Avec la déposition de Richard II, fils du Prince Noir, et l'accession au trône d'Henri Bolingbroke, futur Henri IV, Shakespeare a décrit un véritable « vacillement ontologique », selon l'expression de Mireille Ravassat (Richard II, La pesanteur et la grâce). L'abdication, puis le meurtre du dernier roi médiéval anglais font de Richard II la pièce de Shakespeare où s'effectue le passage d'une monarchie de droit divin, dont l'autorité était incontestée et garantie par la transcendance, à une monarchie de fait, dont l'autorité sera désormais à jamais contestable, comme dans la démocratie moderne qui verra bientôt le jour. [...]

Richard II abdiquant brise le miroir qui lui renvoie l'évidence d'un nouveau rapport universel entre le signifiant (son visage à la beauté légendaire) et le signifié (l'absolue et ordinaire humanité de la personne au-delà de son apparence royale. Le miroir brisé exprime la décomposition du pouvoir royal et de l'ordre universel, la fracture désormais séparant le système sublunaire du système céleste. [...]

Si l'on se souvient de la théorie juridique selon laquelle le souverain médiéval possédait un corps mortel (corpus naturale) et un corps mystique (corpus mysticum), éternel celui-là et transmis par hérédité à un autre corps mortel, on comprend qu'il manque à Bolingbroke ce corps mystique qui apaiserait sa conscience et dont il ne possède que les symboles. La justification théologico-politique du pouvoir consistait en effet à « transférer » le corps mystique du Christ au monarque, qui lui-même était la tête d'un corps politique (« body politic », selon la formule du juriste élisabéthain Edmund Plowden) régulant la communauté civique. La rupture entre la tête et le corps du royaume, remettant en cause la prééminence de l'Église sur le pouvoir temporel, signe donc la fin de la perpétuité de l'institution monarchique. Or il se trouve que Bolingbroke n'est pas le seul responsable de cette décapitation. Car lorsque Richard s'oppose à ses barons ou lorsqu'il confisque le fief de Jean de Gand pour financer une guerre en Irlande lui permettant de ne pas ses problèmes de politique intérieure, il fait preuve d'une conception trop absolutiste du pouvoir, mâme popur un XIVème siècle finissant. Et c'est bien ce qui le conduit à sa perte. Il a fait passer son intérêt avant celui du royaume, il a lui-même tranché les liens qui l'unissaient à ses vassaux, il a trahi le code chevaleresque et provoqué le conflit entre la sacralité du roi et sa souveraineté. Rex imago dei, le roi est l'image de Dieu, mais le roi a opposé le corps sacramentel au corps politique, la majesté à la souveraineté. Il a rompu la relation organique et mystique qui l'unissait à son peuple et faisait que le devenir passait dans le respect de la coutume. Il ne peut que provoquer la révolte (« Tous, jeunes et vieux, se rebellent», III, 2, 119) et s'exposer au jugement de ses sujets (« [être] jugé par une voix sujette et inférieure », IV, 1, 128). Il aurait dû garder sa distance fastueuse et ostentatoire (« le fastueux corps d'un roi », IV, 1, 249) et demeurer un autre radical pour son peuple, mais il renonce lui-même à son statut. L'ironie de la pièce réside donc dans le fait étrange que Richard n'est pas beaucoup moins coupable que son rival d'avoir provoqué la chute du théologico-politique : « En moi je vois un traître comme les autres » (IV, 1, 247) (Pierre Jamet, Shakespeare & Nietzsche: la volonté de joie, 2008 - books.google.fr).

On subit des "mon dieu" à chaque page de l'album Tintin au Congo.

Ce n'est pas la religion du prince qui est relaté dans ces pages, c'eût été difficile vu qu'il n'en était pas un fidèle (!), mais la position du prince face au poids du Vatican dans la politique belge (Vincent Viaene, La religion du prince : Léopold II, le Vatican, la Belgique et le Congo, 1855 - 1909, p.165). Léopold II pose tous les gestes nécessaires pour que le Vatican soit son allié dans son entreprise coloniale. Le Vatican sait qu'il n'avait pas personnellement la foi. (Vincent Viaene, p.168) Peu importe la foi pourvu qu'on ait foi dans les entreprises coloniales. Il y eut quelques discordes (Vincent Viaene, pp .170-179) mais les deux partenaires ont trop besoin l'un de l'autre pour effectuer une rupture.Le Vatican est un des alliés les plus fidèles de Léopold II. Il fallait : « accroître la famille de Notre Seigneur Jésus-Christ au Congo » (p.181), civiliser les sauvages, leur inculquer l'indispensable ardeur au travail. » La collusion entre Léopold II et l'Eglise catholique est claire dans nombre d'écrits. Du R.P. De Deken : « Dans l'œuvre de la civilisation du Congo, la croix et l'épée sont des alliées naturelles » Du R.P. Cambier : « Le rôle des Belges au Congo est semblable au drapeau national. Le rouge - couleur de sang - symbolise la force armée, le jaune signifie l'or, le commerce, le noir, c'est la soutane, la mission. » Du R.P. Dieu : « L'idéal du soldat et celui du prêtre missionnaire se ressemblent et entre leurs psychologies il y a comme une harmonie préétablie » (Le Congo de Léopold II ; Michel Massoz ; 1989 ; pp.412-413). L'Eglise catholique est donc bien sur la même longueur colonialiste et même largeur spiritualiste que le souverain du Congo et ses « valeurs civilisatrices ». Elle oublie ainsi une de ses valeurs qu'elle ne cesse de proclamer Urbi et Orbi : l'amour du prochain. Les Congolais n'en font pas partie, si ce n'est qu'après avoir été « évangélisés ». « Les missionnaires se voyaient encore et toujours confier la charge de collaborer étroitement avec l'État » (Vincent Viaene, p.185). C'est clair comme de l'eau bénite. Le rapport de la commission d'enquête fin 1905, suite à la dénonciation des abus par Casement et Morel à partir de 1903, suivi de la campagne humanitaire internationale contre la politique de Léopold II au Congo ne fit qu'accentuer la solidarité entre le souverain catholique et la papauté qui fut « sinon l'unique instance morale dirigeante à soutenir encore le Roi » (p.186). Rome fut aussi favorable à l'annexion du Congo par la Belgique en 1908. L'auteur conclut son article par une boutade, « il semble que le Pape ait fini par devenir plus « léopoldien » que le roi » (p.189) ! Faut-il en rire ? Terminer ce chapitre par une boutade, qui ne fera rire que les boutefeux ignorants, sans souligner l'indécence - et le mot est faible -, de la collusion entre le pouvoir spirituel et le pouvoir absolu d'un chef d'État, sans soulever la contradiction entre un roi chrétien pour l'image et païen pour le concubinage, c'est manquer à l'élémentaire éclairage qu'on peut demander à un historien contemporain ou... comptant pour rien (Daniel Olivier, Critique : "Léopold II, entre génie et gêne. Politique étrangère et colonisation" (Vincent Dujardin, Valérie Rosoux, Tanguy de Wilde), 2010 - books.google.fr).

Le roi Richard demande aux araignées de s'attaquer à son ennemi Bolingbroke :

Richard : - Ma bonne terre, ne nourris pas l’ennemi de ton souverain ! Ne répare pas, par tes douces productions, ses sens affamés ! mais que tes araignées nourries de ton venin, tes crapauds à la marche lourde, se placent sur son chemin et blessent les pieds perfides qui te foulent de leurs pas usurpateurs. Ne cède a mes ennemis que des orties piquantes, et s’ils veulent cueillir une fleur sur ton sein, défends-la, je te prie, par un serpent caché, dont le double dard, par sa mortelle piqûre, lance le trépas sur les ennemis de ton souverain. (Acte III, Scène II).

Les m'Hatouvou

Ceux-ci entrent en action à la fin de la première moitié de l'album.

Depuis le début du XIXe siècle, un mot dialectal du Sud-Est commença à qualifier un homme un peu nigaud et niais du terme de gandin ; on le retrouvait d'ailleurs dans gourgandin. Il connut une certaine mode dans le langage parisien, car on le mit en rapport avec le boulevard de Gand (devenu le boulevard des Italiens) qui était le lieu de rencontre des jeunes élégants de l'époque. Ainsi se développa l'appellation de gandin, pour désigner une sorte de dandy ridicule, vers 1855. Mais le mot connut un succès important lorsque Théodore Barrière, dans une de ses pièces intitulée Les Parisiens de la décadence (1855), mit sur scène le personnage de Robert Gandin. La mode était lancée et qualifia définitivement un jeune homme prétentieux et d'une élégance outrée (Gilles Henry, Petit dictionnaire des mots qui ont une histoire, 2017 - books.google.fr).

Le boulevard du Temple était surnommé "boulevard du crime", le boulevard des Italiens s'appelait alors boulevard de Gand (la ville belge) d'où le terme "gandin" pour qualifier les "m'as-tu vu ?" qui le parcouraient. C'est tout le long de cette ancienne limite de la ville que s'était établie "la vie parisienne", le "tout Paris" (Julien Barrias, Les lieux-dits de Paris: petits pièges & grands malentendus, 2003 - books.google.fr).

Le léopard

Tintin met en fuit un léopard grâce à un miroir, encore un, trouvé dans sa chaise à porteurs.

L'héraldique naissante a mis en scène un animal nouveau, fier mais cruel, un demi-lion, un presque lion, qui s'est rapidement chargé de tout l'aspect négatif du lion biblique et monastique. Cet animal c'est le léopard. Par la même, le lion proprement dit s'est trouvé purifié, justifié, valorisé. Ce fut là un coup de génie. Cette naissance du léopard emblématique dans l'imaginaire du XIIe siècle - un léopard n'ayant aucun rapport avec le léopard véritable - a été pour le lion l'occasion d'une renaissance, d'un nouveau baptême. Il est désormais prêt pour son sacre définitif comme roi des animaux. [...]

Le léopard héraldique n'est qu'un lion figuré dans une position particulière : la tête toujours de face et le corps généralement horizontal C'est surtout cette facialité qui fait sens : dans l'iconographie zoomorphe du Moyen Age elle est presque toujours péjorative. Parce qu'il a la tête de face alors que le lion l'a de profil (c'est du reste là l'essentiel de leurs différences) le léopard est donc un mauvais lion. L'origine technique de ce léopard héraldique est liée à l'évolution des armoiries des Plantegenêts dans la seconde moitié du XIIe siècle. [...] C'est Richard Cœur de Lion qui le premier utilisa les armoiries à trois léopards reprises par tous ses successeurs (Henri II a peut-être déjà eu un écu à deux léopards), et que jusqu'au milieu du XIVe siècle, dans tous les textes, ces animaux conserveront ce nom de léopards. Mais, à partir de cette date, les hérauts d'armes au service des rois d'Angleterre commencent à éviter ce terme et lui préfèrent l'expression lions passant guardant (lions horizontaux, la tête de face), qui s'impose définitivement sous Richard II. [...]

A cette étrange substitution terminologique des causes à la fois politiques et culturelles. En pleine guerre franco-anglaise, les hérauts français multiplient les railleries et les attaques contre le léopard Plantegenêt, mauvais lion, animal bâtard, fruit de l'accouplement de la lionne et du mâle de la panthère, le pardus des bestiaires latins. Toute la littérature zoologique depuis le XIIe siècle dresse en effet du léopard un tableau très défavorable. Cet animal est également devenu la figure péjorative par excellence dans les armoiries attribuées à des personnages littéraires ou imaginaires (créatures mythologiques, vices personnifiés) ou bien ayant vécu avant l'apparition des armoiries (figures bibliques, héros antiques) ( Michel Pastoureau, Quel est le roi des animaux ?, Le monde animal et ses représentations au Moyen-Age (XIe-XVe siècles): actes du XVème Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, Toulouse, 25-26 mai 1984, 1985- books.google.fr).

Hergé ose dans la bouche de Tintin, en 1931, cette définition ridicule d'un petit pays qui joue les grandes puissances coloniales au cœur de l'Afrique: « La Belgique est... ce qu'on appelle... un léopard! ». Hasard ou prémonition ? L'animal est aujourd'hui en voie de disparition. Plus sérieusement, Frédéric Soumois posait la question, dans son Dossier Hergé, de savoir si ce léopard n'incarne pas « la Belgique avec son roi Léopold », qui était « plus que probablement un animal dangereux. » Colette Braeckman rappelait dans Le dinosaure cette phrase de Stanley, à propos des projets d'exploitation de la colonie par Léopold II : « Le roi est d'une voracité incroyable». Et sile léopard belge de Tintin au Congo masquait une flèche contre la politique coloniale de Léopold II ? La dénonciation des hypocrisies humaines est partout sous-jacente dans l'œuvre d'Hergé, analysait le tintinologue Bernard Spee. Dans l'ombre du safari colonial de Tintin au Congo se dessinerait alors un réquisitoire insoupçonné contre les abus de pouvoir, où « Messire Léopard », le roi des Belges, serait à mettre dans le même sac que celui des Babaoro'm (Daniel Couvreur, Alain De Kuyssche, Tintin au Congo de papa, 2011 - books.google.fr).

Ici, le roi nègre porte les insignes d'une royauté ridicule - chapeau haut-de-forme, col dur et plastron sans chemise, gants blancs, manchettes aux chevilles, breloques diverses, monocle, sceptre-ombrelle, trône formé d'un empilement de caisses d'exportation -, qui ne font que faire davantage ressortir la nudité du corps et, symboliquement, la nullité de l'esprit. [...] Cette représentation sera reprise quasiment trait pour trait dix ans plus tard par Hergé, dans Tintin au Congo, pour figurer le roi de tribu des M'Hatuvu et son armée « entraînée et équipée à l'européenne », avec une vieille pétoire sur roulettes en guise d'artillerie lourde Richard Glasnier, L'étranger dans l'affiche publicitaire française (1880-1920), Le barbare, l'étranger: images de l'autre : actes du colloque organisé par le CERHI, Saint-Etienne, 14 et 15 mai 2004, 2005 - books.google.fr

Les Babo'o'rom seraient ainsi parodiquement anglais.

Saint Christophe est une merveilleuse île qui a d'ailleurs été le berceau des Antilles françaises. La France cède Saint-Christophe à la Grande-Bretagne par le traité d'Utrecht en 1713 qui met fin à la guerre de Succession d'Espagne. Elles obtiendront progressivement l'indépendance après 1967. Les ressources de Saint-Christophe proviennent de l'agriculture, surtout la canne à sucre et ses dérivés (sucre, mélasse, rhum). Depuis peu du tourisme, des banques offshore et de casinos virtuels via Internet (fr.wikipedia.org - Saint-Christophe (île), www.affiches-de-france.com).

Encore que le baba au rhum est un gâteau inventé pour le roi de Pologne Stanislas Leczinsky au XVIIème siècle.

Mais le mot "rhum" est attesté en français sous la forme rum en 1687, emprunté à l'anglais rum, lui-même attesté en 1654, d'origine obscure. Il pourrait provenir d'une abréviation d'un mot du dialecte du Devon « rumbullion » ou « rumbustion », qui désigne une bagarre. Cet alcool issu de la canne à sucre ou de mélasses est produit par fermentation puis distillation (fr.wikipedia.org - Rhum).

This name Rumbolium seems to be one of the many variations of Rumbullion. Others include Rambullion, Rombullion and Rambullium, all spelt with either one "1" or two. This is a very ancient name indeed, and one of the first gooseberries to receive a varietal name was called Rumbulion, and is one of about half a dozen varieties mentioned in Batty Langley's Pomona, published in 1729. In later years two other varieties were given this name, the Red Rumbullion and the Green Rumbullion. Turning to the raspberry, here again we find that one of the earliest names given to a type, it may not even have been a variety, was Rambullion. Thomas Hitt, in his Treatise on Fruit Trees, published in 1757, writes of raspberries, "I am only acquainted with four kinds, except the flowering sort, viz. the common small red and white, the other two sorts are much larger, of the same colour and are called rombullions". [...]

The origin and signifiance of this name is hard to find. The dictionaries usually only give such information as "Rumbullion or rum-bowling — a sailor's name for grog". Bunyard, however, says that the word originally meant a rogue or rascal. Shakespeare uses the word rampallian in Falstaff's speech in Henry IV, Act II, Sc. I: "Away you scullion ! you rampallian ! You fustilarian ! I'll tickle your catastrophe." (The Fruit Year Book, Numéro 6, 1952 - books.google.fr).

Henri IV est le successeur et assassin de Richard II.

Dissensions entre m'Hatouvou et Baba'o'rom

Le traité de Tournai mécontente les Anglais.

Lorsqu'un message de Jean Bourchier avait apporté à Londres la nouvelle du mouvement dirigé par Jean de Heyle, immédiatement suivi des conférences de Tournay, l'opinion publique s'était vivement émue de ces événements qui allaient séparer de l'Angleterre ses plus anciens et ses plus utiles alliés. Les conseillers de Richard II s'alarment eux-mêmes : cherchant à réparer les malheurs de leur imprudente négligence, ils envoient, le 8 décembre 1385, dans les ports de Douvres et de Sandwich, l'ordre de préparer des navires pour Hugues Spencer et Guillaume deDrayton, chargés par le roi de conduire en toute hâte un corps d'hommes d'armes et d'archers dans sa bonne ville de Gand :ad proficiscendum versus vïllam nostram de Gandavo cum omni fedinatione qua fieri poterit. Il est trop tard; avant que ces ordres soient exécutés, d'autres nouvelles reçues de Gand annoncent la conclusion de la paix, et dès le 20 décembre, Hugues Spencer et Guillaume de Drayton, au lieu de se rendre en Flandre, se dirigent vers les frontières de l'Ecosse. Il ne restait aux Anglais qu'à accuser les Gantois, dont ils avaient les premiers méconnu le dévouement, d'avoir trahi leurs serments et leurs devoirs, et Walsingham se contente de dire que les Flamands se montrèrent inconstants et légers, selon la coutume de leur nation, en prouvant qu'il leur était impossible de demeurer longtemps fidèles à leurs engagements vis-à-vis de leurs seigneurs ou vis-à-vis de leurs amis (Joseph Marie Bruno Constantin Baron Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, Tome 3, 1874 - books.google.fr).

Le sorcier Babo'o'rom veut se débarrasser de Tintin, devenu chef de son peuple, en le faisant chasser" par les m'Hatouvou. Ceux-ci sont insultés dans une missive et traités de "poules mouillées".

L'expression "een quaet kiekin broedde" fut entendue à Ypres en révolte après la mort du duc Charles le Téméraire en 1477.

"bad chicken was brooding" as linked to the expression 'Bad egg, bad chick' ('Quaet ey, quaet kuke' or 'malum ovum, mala gallina'), was a common proverb in the Middle Age. The phrase is attested in the oldest Middle Dutch proverb collection. It meant that wicked people were hatching a malicious plan. They ‘were brooding on’ subversive plans that had to remain hidden from the authorities, until they could take action and openly call for a strike in the textile industry (Jan Dumolyn and Jelle Haemers, A bad chicken was brooding : subversive speech in late medieval Flanders, Past & Present No. 214, 2012 - www.jstor.org, blog.oup.com).

Ouroboros

La structure en anneau de la benzine était pour Kekulé une périphrase de son rêve d'un serpent mordant sa queue.

Sous le signe de la théorie du benzène qui s'appuie, comme le remarque Kekulé, sur tous les faits connus alors, les connaissances relatives aux composés aromatiques s'accumulèrent en quantité croissante. Il s'agissait plus que d'un entassement. La théorie jetait la lumière sur l'essence, sur le caractère peut-on dire, de la substance-mère d'où dérivent bien au-delà de 100.000 composés, parmi lesquels se trouvent des produits naturels des règnes animal et végétal. C'est au début de 1864 que Kekulé avait esquissé et jeté sur le papier sa théorie du benzène. «Elle demeura, dit-il, environ un an couchée dans mes notes, avant que les belles synthèses d'hydrocarbures aromatiques de Fittig et Tollens me poussent à la publier». Vingt-cinq ans plus tard Kekulé racontait le rêve qu'il avait fait à Gand dans son appartement de célibataire (Revue des questions scientifiques, Volume 137, 1966 - books.google.fr).

Je tournai ma chaise vers le feu et tombai dans un demi-sommeil. De nouveau, les atomes s'agitèrent devant mes yeux [...] De longues chaînes, souvent associées de façon plus serrée, étaient toutes en mouvement, s'entrelaçant et se tortillant comme des serpents. Mais attention, qu'était-ce que cela ? Un des serpents avait saisi sa propre queue, et cette forme tournoyait de façon moqueuse devant mes yeux. Je m'éveillai en un éclair. August Kekulé von Stradonitz, fondateur de la chimie du carbone, ou chimie organique, était non seulement un grand rêveur, mais aussi un récidiviste. Déjà, en 1858, la structure des molécules organiques lui était venue en rêvassant. En 1865, c'est en somnolant devant un feu qu'il " voit " celle, cyclique, du benzène. On comprend mal que les universités allemandes n'aient pas aussitôt institué des cours obligatoires de sieste créative - avec travaux pratiques puisque apparemment la découverte onirique réclame un certain entraînement. (sommeil.univ-lyon1.fr).

Cependant les historiens débattent encore la vérité de cette histoire ; certains croient que Kekulé l’aurait inventée lorsqu’il l’a racontée en 1890 pour masquer un emprunt à des prédécesseurs comme Lodschmidt qui publia en 1861 la représentation du benzène sous forme de cycles (fr.wikipedia.org - Friedrich August Kekulé von Stradonitz).

Le tome XXII de l'année 1912 de la Revue des questions scientifiques de la Société scientifique de Bruxelles consacre une quarantaine de pages à la notion de valence, et en premier à la valence du carbone. L'importance de la tétravalence du carbone a été affirmée par Kekulé (P. Bruylants, la valence, Revue des questions scientifiques, Tome XXII, Société scientifique de Bruxelles, 1912 - archive.org).

Friedrich August Kekulé (plus tard Kekulé von Stradonitz), né le 7 septembre 1829 à Darmstadt et mort le 13 juillet 1896 à Bonn, est un chimiste organicien allemand célèbre pour la découverte de la tétravalence du carbone et la formule développée du benzène. En 1858, Kékulé fut nommé professeur à l'université de Gand où il resta pendant huit ans, et attira de nombreux étudiants dans son laboratoire. Il fut élu. en 1864 membre associé de l' Académie royale de Belgique. où son influence fut considérable (fr.wikipedia.org - Friedrich August Kekulé von Stradonitz).

En 1860, le chimiste allemand Auguste Kekulé (1829-1896) publie un article « Faits pour compléter l'histoire de l'acide salicylique et de l'acide benzoïque » dans une livraison du Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Si l'Allemand publie dans une revue belge, c'est qu'il est à cette époque professeur à l'Université de Gand, et s'il publie en français, c'est parce qu'il enseigne en français. Dans son article, Auguste Kekulé propose une distinction qui sera très utile pour les chimistes. Parmi les toujours plus nombreuses substances extraites des êtres vivants, il sépare les « corps gras » et les « corps aromatiques ». [...]

L'hypothèse de Kékulé sur les trois doubles liaisons alternées avec trois simples liaisons dans une structure hexagonale du benzène se révèle la bonne aujourd'hui (Jean C. Baudet, Les plus grandes erreurs de la science: A l'origine des plus importantes découvertes scientifiques, 2015 - books.google.fr).

Les numéros de Mars et de Mai de l'année 1930 de la Revue des questions scientifiques, combinés en un volume, rassemblent une série d'articles sur le Congo belge (Le Congo Belge et les sciences) publié à l'occasion du centenaire de l'indépendace belge. Une carte séparée administrative du Congo Belge et de ses voies de communication l'accompagne comme "supplément à la Revue des questions scientifique, mars-mai 1930."

L'ouroboros de Tintin au Congo souhaiterait prendre du bicarbonate pour digérer Milou.

La méthode de préparation de l'acide homophtalique que nous avons suivie est décrite dans Organic Syntheses. Dans un ballon pyrex à fond rond et col large de 500 cm3, surmonté d'un réfrigérant ascendant, on introduit 100 g de nitrite homophtalique finement pulvérisé et 100 cm3 d'acide sulfurique à 50 %. On chauffe le mélange au bain-marie pendant 12 heures. On verse sur 300 cm3 d'eau glacée, filtre sur buchner et sèche à l'air. L'acide homophtalique ainsi obtenu est légèrement coloré (brun clair) (90 g, Rdt. : 80 %). On le recristallise par dissolution dans de l'eau bouillante, traitement à la norite, filtration à chaud et refroidissement du filtrat dans un bain de L'acide ainsi obtenu est incolore. F. : 185-188°. Cette méthode de préparation fort simple permet d'obtenir de l'acide homophtalique avec de très bons rendements. [...]

ESSAIS D'ESTÉRIFICATION DE L'ACIDE HOMOPHTALIQUE EN PRÉSENCE D'ACIDE SULFURIQUE : Dans un ballon pyrex à fond rond de 250 cmo, surmonté d'un réfrigérant ascendant, on introduit 18 g d'acide homophtalique (1/10 mol.) 100 cm3 d'alcool éthylique absolu et quelques gouttes d'acide sulfurique concentré. On chauffe au bain-marie pendant 12 heures : on distille ensuite l'alcool en excès, remplace l'alcool par du benzène et traite par une solution aqueuse saturée de bicarbonate de sodium pour éliminer l'acide homophtalique qui n'a pas réagi et l'acide sulfurique ajouté au début de la réaction. On lave ensuite à l'eau et distille le benzène. On obtient un produit cristallisé, incolore (F. : 110-115° ; Rdt. : 40 %). C'est le monoester homophtalique, terme intermédiaire de passage de l'acide homophtalique au diester. Tous nos essais d'estérification effectués dans ces conditions nous ont conduit à l'obtention du monoester homophtalique à l'exclusion du diester. (Journal des recherches du Centre national de la recherche scientifique, Volume 6, 1954 - books.google.fr).

Le combat contre l'ouroboros se termine justement sur un fleuve, en pirogue, où les pagayeurs chantent : "U-élé, U-élé, U-élé, ma-li-ba, ma-ka-si". Peut-on voir une assonance volontaire entre uélé et Kekulé ?

L'éponge

Tintin se débarrasse d'un léopard apprivoisé en lui faisant avaler une éponge et en le faisant boire de l'eau.

Professor J. Dover Wilson has called Richard II "a Tudor passion play," a description which fits in with the frequent references to Scripture by which Shakespeare achieves its particular tone and atmosphere. Some of Richard's speeches are lamentations on the fall of princes, a recognition of the mortality of man and of the peculiar vulnerability of those called to high estate, which read like transmutations of Lydgate's Fall of Princes or of A Mirror for with the medieval conception of tragedy as a fall from greatness into misery. But the scriptural references are mainly designed to emphasize the sin of rebellion against an anointed king, and they show that Shakespeare was steeped in the teaching of the Homilies, with whatever reservations he may have had about it. Richard compares his treacherous friends to Judas and those who show an outward pity at his fall to Pilate. He imagines that Bolingbroke will tremble at his sin; he boasts that the deputy elected by the Lord cannot be deposed by the breath of worldly men, that angels will fight on his side, and that the unborn children of the rebels will be struck by pestilence. Bolingbroke, for having broken his oath of allegiance, is damned in the book of heaven. England, rent by civil war, will be called Golgotha. The Bishop of Carlisle warns Bolingbroke not to set house against house; and Bolingbroke himself compares Richard's murderer to Cain. In prison Richard meditates on two Gospel texts. Richard's own biblical references are an appeal for Christian compassion. It is possible, indeed, that Shakespeare had in mind the whole problem of charity and pity; but Professor Peter Alexander, who makes this suggestion in Shakespeare's Life and Art, goes on to complain that : "the fallen king's insistence on his own position ... is incompatible with the self-forgetfulness which is as essential to the tragic as to the Christian hero. For this is not the waking as from a dream of some disinterested heart to the self-seeking of society, but the long lament of one who gave short shrift to a dying Gaunt; and this contrast between Richard's indifference to others and exquisite sensibility for himself makes tragedy impossible (The Complete Signet Classic Shakespeare: General Editor: Sylvan Barnet, 1972 - books.google.fr).

Shakespeare fait allusion au diable dans la Méchante Femme mise à la raison (La Mégère apprivoisée, The Taming of the Shrew), où l'un des Acteurs demande un peu de vinaigre pour faire rugir le Diable. Car l'éponge trempée de fiel & de vinaigre, qui avoit servi à la représentation de la Passion (Shakespeare traduit de l'anglois: Richard III; Henri VIII, traduit par Pierre Le Tourneur, 1781 - books.google.fr).

L'église Saint-Michel à Gand, dont nous avons aperçu le chevet du quai des Dominicains, est un édifice de sombre aspect, à la tour tronquée. Le régime républicain en avait fait le temple de la Raison. Sa flèche devait avoir une hauteur de quatre cents pieds. Ceux que la chose intéresse en pourront voir un modèle au musée archéologique. Burckhardt estime, non point à tort, qu'on peut se consoler de l'abandon de ce projet. La question de l'achèvement de la tour fut d'ailleurs posée durant le XVIIe siècle. En 1652 et en 1662, deux artistes, Gilles Bonjours et Liévin Cruyl, tracèrent des plans assez ingénieusement adaptés à sa physionomie générale. Tous deux conçus en style ogival tertiaire offraient assez d'élégance, particulièrement celui de Cruyl. Une gravure nous en est communiquée par M. l'abbé Lippens. Un impôt spécial était perçu encore au XVIIIe siècle pour la réalisation du projet. Commencée en 1445, l'église ne manque pas de valeur. Son vaisseau, divisé en trois nefs par des colonnes cylindriques en pierre blanche ; sa voûte de briques à réseau blanc, forment un très bel ensemble. Les chapelles du chœur et celles des nefs latérales sont décorées de toiles dont les plus anciennes ne sont pas antérieures au XVIIe siècle. La mieux connue est le Crucifiement de van Dyck, le fameux « Christ à l'éponge », dont le musée de Bruxelles possède l'esquisse en grisaille datant de 1629, donc, très proche du retour de son auteur d'Italie. La peinture a gravement souffert ; dès le XVIIIe siècle, on l'envisageait comme irrémédiablement perdue. Bolswert dans la belle estampe qu'il nous en a laissée, fut contraint, après un premier tirage, de modifier un détail, choquant aux yeux des marguilliers : la main de saint Jean posee sur l'épaule de la Vierge. Les épreuves antérieures à ce changement sont nécessairement des plus rares (Henri Hymans, Gand et Tournai, Les Villes d'art célèbres, 1906 - books.google.fr).

Antoon van Dyck, Crucifiement ou "Christ à l'éponge" (1630), église Saint Michel, Gand

Antoine van Dyck, né le 22 mars 1599 à Anvers et mort le 9 décembre 1641 à Blackfriars, près de Londres, est un peintre et graveur baroque flamand, surtout portraitiste, qui a été le principal peintre de cour en Angleterre, après avoir connu un grand succès en Italie et en Flandre (fr.wikipedia.org - Antoine van Dyck).

31 mars à Kalabelou

Tintin rencontre Gibbons, anglo-saxon qui a un nom de singe (critique du darwinisme ?), un 31 mars à Kalabelou.

Un presque homonyme, Edward Gibbon, auteur de The decline and fall of the roman empire, était affligé de la goutte comme le roi Louis XVIII (Richard Gordon, Great Medical Disasters, 2001 - books.google.fr).

Louis XVIII essayant les bottes de Napoléon et préparant la campagne d'Espagne, caricature anglaise de George Cruikshank publiée le 17 février 1823 - fr.wikipedia.org - Louis XVIII

Ferdinand Allard (ou Fernand Allard), né le 31 mars 1878 à Châtelineau (Belgique) et décédé le 26 mars 1947 à Louvain (Belgique), est un prêtre jésuite belge, missionnaire au Congo. Il est connu pour son action dans la mission du Kwango et pour les fonctions de gouvernement qu'il occupa au sein de cet Ordre au Congo belge. Le 18 novembre 1906, Allard est le premier belge à être ordonné prêtre au Congo (fr.wikipedia.org - Fernand Allard).

Mais Kalabelou peut-être une déformation de Calibalou.

Ainsi dormez tranquille, quand la goutte ne vous tourmentera pas, et ne cessez jamais de répéter avec moi : Vivent le Roi et la Charte constitutionnelle ! Je viens d'avoir une bien singulière visite, c'est celle d'un capitaine de vaisseau nègre, nommé Calibalou, qui vient à Paris pour y faire la Traite des blancs. Cet homme, au nez camard et à la peau d'ébenne, parle passablement français pour un habitant de la côte de Guinée, qui n'a étudié notre langue que dans les journaux. Il m'a fait part de sa mission qui m'a d'abord paru fort impertinente; mais j'ai fini par trouver dans son récit l'excuse bien naturelle de son erreur. Calibalou est la plus forte tête de nègre du royaume d'Ardra [au Bénin actuellement] ; il y a bientôt un an qu'un vaisseau français se perdit corps et biens dans le golfe de Saint-Thomas; les débris les plus légers sont les plus faciles à sauver du naufrage; une petite cassette, contenant la collection du Journal des Débats, fut jetée à la côte et remise entre les mains du savant Calibalou, qui se mit en tête de déchiffrer ces feuilles écrites dans un langage qui lui est inconnu. Il y parvint en moins de deux mois et fit à ce sujet un mémoire qu'il lut à l'académie d'Ardra, où il ne pouvait manquer de produire une grande sensation. Calibalou révélait à ses compatriotes l'existence de la terre européenne, qu'ils ne soupçonnaient pas, laquelle était habitée parune race d'hommes de couleur blafarde, dont les princes du pays faisaient en ce moment un très-grand commerce, et sur laquelle on pouvait établir des spéculations avantageuses. Calibalou prouva, par différentes citations des feuilles qu'il avait traduites, qu'il importait surtout aux intéréts de S. M. noire d'établir un comptoir d'esclaves dans un petit pays situé entre le 49°, et 55° degré de latitude, dont la population entière était à vendre. Le roi d'Ardra, plein de confiance dans les lumières de son ministre Calibalou, fit aussitôt armer un vaisseau, dont il lui confia le commandement (LE GOUTTEUX. Pot-pourri politique, critique, moral et littéraire) (Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, Volume 2, Partie 1, Numéros 5 à 23, 1815 - books.google.fr).

Le Golfe de Saint Thomas (golfe de Guinée) rencontre le nom de l'agent d'Al Capone qui poursuit Tintin depuis le début de l'album : Tom, c'est ainsi que Gibbons l'appelle. Les Portugais découvrent l'île de Sao Thomé un 21 décembre 1470, fête du saint.

Si Calibalou est ambassadeur fictif du royaume d'Ardra, un personnage historique, Dom Garcia Baptista, fut envoyé comme ambassadeur du royaume de Kongo auprès du roi d'Espagne Philippe III.

En 1607, Alvare II, roi du Kongo de 1587 à 1614, envoya une ambassade au pape Paul V ainsi qu'à Philippe III, roi d'Espagne et du Portugal. Il adressa à ce dernier une série de demandes concernant, entre autres, l'envoi des religieux pour des religieux pour l'Eglise de son pays, le respect de son autorité par l'évêque du Kongo (probablement portugais) par une séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'envoi des jeunes filles blanches pour épouser des Noirs en guise d'alliance et la possibilité de libérer ses sujets faits esclaves sur l'île de San Tomé. [...] Le Conseil des Indes occidentales d'Espagne et du Portugal fut réuni à Madrid le 31 mars 1607 pour délibérer à ce sujet. [...] La demande nous montre que l'Espagne et le Portugal contrôlaient la traite au Kongo et que l'île de S.Tomé était déjà un lieu de transit pour les esclaves qui devaient ensuite être embarqués pour les Amériques. Il est aussi étonnant de voir que même le roi du Kongo se laissa influencer et adopta le terme dégradant de «pièces» pour désigner ses sujets faits esclaves. Avec la traite négrière, le roi du Kongo était confronté à des problèmes d'un genre nouveau causés par ses partenaires européens (Roger Buangi Puati, Christianisme et traite des noirs, 2007 - books.google.fr).

Le Nain jaune, ou Journal des arts, des sciences et de la littérature, est un journal satirique paru du 15 décembre 1814 au 15 juillet 1815. Ses rédacteurs, Cauchois-Lemaire, Étienne, Étienne de Jouy, Harel, Merle, Dirat s'en prenaient aux tenants de l’Ancien Régime en les désignant sous le terme de Chevaliers de l'Éteignoir. Sous les Cent-Jours, le journal soutient Napoléon et se moque des revirements de carrières en inventant l'Ordre des Girouettes. Le Nain jaune est supprimé sous la seconde Restauration. Cauchois-Lemaire publie Fantaisies politiques pour protester contre cette suppression arbitraire, puis ressuscite en septembre 1815 Le Journal des arts, lui aussi supprimé au bout de quelques semaines. Il s'exile alors en Belgique et rédige Le Nain jaune réfugié en 1816. Ouvertement dirigé contre Louis XVIII et Decazes, il doit lui aussi s'interrompre à la fin de l'année. Au Nain jaune succède Le Nain tricolore en 1816 à Paris. Ses auteurs et éditeurs, Émile Babeuf, Pierre Joseph Spiridon Duféy de l'Yonne, Laurent Beaupré et Georges Zenowietz sont condamnés à la déportation en 1816 (fr.wikipedia.org - Le Nain jaune (journal)).

Le 31 mars 1814 a lieu la signature de la capitulation de Paris à deux heures du matin ; les alliés y entrent à onze heures ; L'empereur Alexandre et le roi de Prusse entrent dans Paris suivis d'une masse armée d'environ soixante mille hommes : les boulevards sont garnis de peuple; on les voit défiler dans un morne silence. Napoléon 1er est au château de Fontainebleau. Le 1er avril 1814, le Sénat nomme un gouvernement provisoire, présidé par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Le lendemain, le Sénat déclare « Napoléon Bonaparte et sa famille déchus du trône, le peuple français et l'armée déliés du serment de fidélité ». Le 3 avril 1814, le Corps législatif vote à son tour la déchéance (www.napoleon-empire.net - Chronologie 1814, François Rittiez, Histoire de la restauration ou précis des règnes de Louis XVIII et Charles X, Tome 1, 1853 - books.google.fr).

Lors du retour de l'île d'Elbe, le 19 mars 1815, Louis XVIII prit le chemin de l'exil vers l'actuelle Belgique, à Gand.

On a donc lieu d'espérer que le voeu de la grande majorité des Français, si bien exprimé par ce mot des bons Parisiens : Rendez-nouS notre Père de Gand, recevra bientôt son ëxécution. Le Gouvernement patriarchal a été le principe et le modèle des Gouvernemens monarchiques; les Peuples de la Palestine appelaient le Roi, Abimelech, c'est-à-dire, mon père le Roi ; c'est ce qu'établit parfaitement Bossuet dans sa politique, en démontrant la supériorité du Gouvernement paternel monarchique sur tous les autres. Il est bien prouvé, surtout par le dernier essai que les Français viennent d'en faire, que rien n'est moins convenable à un grand pays, qu'un Gouvernement républicain qui exige beaucoup d'activité dans le pouvoir exécutif (Pierre-François Moreau de Bellaing, Observations sur quelques écrits publiés dans la Belgique : par lesquels on propose de dépouiller le Roi de France d'un tiers de ses possessions, pour en agrandir les Royaumes voisins, 1815 - books.google.fr).

Une publication comparable au Nain jaune et belge a pu inspirer les auteurs des albums de Tintin : Les Euménides. Publié à Bruxelles, à dates irrégulières, de 1837 à 1839, ce journal dirigé par un ancien militaire, Philippe Michaels, se présentait comme un pamphlet périodique fustigeant les puissants du jour (nonagones.info - Arcadie Claret).

Venredi saint : un autre 31 mars, le 31 mars 1385

Le jour de pâques 1385 fut le 2 avril. Le 31 mars est donc le vendredi saint.

Pâques tombait le 2 avril 1385. Les deux mariages (celui de Jean sans Peur avec Marguerite de Hainaut et celui Marguerite de Bourgogne avec Guillaume de Hainaut) avaient primitivement été fixés à la mi-carême; à la date du 19 février 1385, ils furent reportés au mercredi d'après la Quasimodo (Cartulaire des comtes de Hainaut, t. II, p. 356-357) (Chroniques de Jean Froissart, publiées pour la Société par Siméon Luce, 1869 - archive.org).

Le besoin irrépressible de voir l'hostie, sans cesse et partout, semble au moins montrer que, pour la majorité des fidèles, le sacrement dans la messe ne suffit plus désormais à imposer vraiment la présence divine. Mis à part cette exaltation théâtrale du Corpus Christi et malgré les réflexions des théologiens, ce sont d'ailleurs moins les aspects strictement sacramentels de l'eucharistie - la consécration et la communion - que ses aspects sacrificiels qui semblent alors retenir l'attention des fidèles. C'est le vendredi saint plus que le jeudi saint, la croix plus que la Cène qui les attirent surtout. Dans les ouvrages liturgiques, l'élévation de l'hostie - mot qui désigne étymologiquement, ne l'oublions pas, la « victime » innocente du sacrifice - est du reste très souvent assimilée à l'élévation de Jésus sur la croix. Toute l'iconographie témoigne de cette dimension sacrificielle, de l'Agneau mystique de Gand aux modestes gravures, où les blessures du Christ sont rehaussées de couleur rouge, en passant par les innombrables Flagellations et Crucifixions qui ornent les églises et les chapelles privées (Jacques Le Goff, René Rémond, Histoire de la France religieuse: Du christianisme flamboyant à l'aube des Lumières, 1992 - books.google.fr).

Au XIVe comme au XVe siècle, il n'est question que d'hosties qui se mettent à saigner doigts d'un juif ou d'un prêtre sceptique, ou encore des prodiges accomplis par telle ou telle goutte du Précieux Sang, que ce soit à Bruges ou à Wilsnack, en Brandebourg. (Histoire du christianisme des origines à nos jours: Un Temps d'épreuves (1274-1449), Volume 6, 1990 - books.google.fr).

Frères Van Eyck, Le retable de l'agneau mystique (1425-1432), détail, cathédrale Saint Bavon, Gand - daredart.blogspot.com

C'est sur les dates de naissance des deux frères que l'imagination des historiens s'est donné carrière ; à propos de Jean, surtout, que Sandrart et Descamps font naître en 1370; Crowe et Cavalcaselle, vers 1382-1386; Ruelens, en 1385 ; Villot, en 1390 ; Waagen, en 1396 ; le chanoine Carton, entre 1396 et 1400. Pour le moment, tenons-nous en aux dires de Carel Van Mander, qui place la naissance d'Hubert vers 1366, celle de Jean « un certain nombre d'années plus tard » (E. Durand Greville, Hubert et Jean van Eyck, 1910 - books.google.fr, Autour de Rennes le Château : Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique).

Charles Ruelens (Sint-Jans-Molenbeek, 21 mai 1820 - 8 décembre 1890), homme de lettres et peintre durant ses loisirs, sera assistant en 1840, puis conservateur à la Bibliothèque royale de Bruxelles en 1873. Il est un acteur de la fondation de la Société royale belge de géographie à Bruxelles, et est à l'initiative des Conférences internationales de Géographie, en 1869 (kaga.anet.be).